Britannicus - Jean Racine - E-Book

Britannicus E-Book

Jean Racine

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Beschreibung

Découvrez la tragédie classique "Britannicus" de Jean Racine, une œuvre magistrale qui explore les méandres du pouvoir et de la manipulation au sein de la cour impériale romaine. Plongez dans un univers de complots, de passions et de trahisons où les enjeux politiques se mêlent aux histoires d'amour tragiques. L'intrigue se déroule à la cour de l'empereur Néron, où les rivalités et les luttes de pouvoir font rage. Britannicus, le fils légitime de l'empereur, est écarté du trône par Agrippine, sa mère manipulatrice, et Néron lui-même. Les jeux d'influence et de séduction se déploient, révélant les vices et les passions des personnages. Jean Racine, avec sa plume incisive et poétique, nous offre un récit haletant où se mêlent ambition, désir et trahison. Les personnages complexes et les dialogues ciselés captivent le lecteur, le plongeant au cœur des intrigues politiques et des drames intimes. "Britannicus" est une pièce maîtresse du théâtre classique français, où le conflit entre le devoir et la passion, entre la raison et les pulsions, est exploré de manière saisissante. Racine nous offre une réflexion profonde sur la nature humaine et les conséquences dévastatrices du pouvoir absolu.
Plongez dans cette tragédie captivante et laissez-vous emporter par la prose élégante et le suspense envoûtant de Jean Racine. "Britannicus" est une lecture incontournable pour tous les amateurs de théâtre, offrant une expérience théâtrale intense et une exploration profonde de la nature humaine.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Jean Racine était un écrivain et dramaturge français du XVIIe siècle, considéré comme l'un des plus grands maîtres du théâtre classique français. Il est surtout connu pour ses tragédies comme "Andromaque", "Phèdre" et "Britannicus". Il a également écrit des pièces historiques telles que "Bérénice" et "Esther". Racine a exercé une grande influence sur la littérature française et est encore célébré aujourd'hui pour sa maîtrise de la langue, sa puissance émotionnelle et sa capacité à explorer les thèmes universels de l'amour, de la jalousie et de la politique.

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Britannicus

Jean Racine

– 1670 –

 

 

A MONSEIGNEUR

LE DUC

DE CHEVREUSE,

 

 

Monseigneur,

Vous ſerez peut-être étonné de voir votre nom à la tête de cet ouvrage, & ſi je vous avois demandé la permiſſion de vous l’offrir, je doute ſi je l’aurois obtenue. Mais ce ſeroit être en quelque ſorte ingrat, que de cacherplus long-tems au monde les bontés dont vous m’avez toujours honoré. Quelle apparence qu’un homme qui ne travaille que pour la gloire, ſe puiſſe taire d’une protection auſſi glorieuſe que la vôtre ?

Non, MONSEIGNEUR, il m’eſt trop avantageux que l’on ſache que mes amis mêmes ne vous ſont pas indifférens, que vous prenez part à tous mes ouvrages, & que vous m’avez procuré l’honneur de lire celui-ci devant un homme dont toutes les heures ſont précieuſes. Vous fûtes témoin avec quelle pénétration d’eſprit il jugea de l’économie de la pièce, & combien l’idée qu’il s’eſt formée d’une excellente Tragédie, eſt au-delà de tout ce que j’ai pu concevoir.

Ne craignez pas, MONSEIGNEUR, que je m’engage plus avant ; & que n’oſant le louer en face, je m’adreſſe à vous pour le louer avec plus de liberté. Je ſais qu’il ſeroit dangereux de le fatiguer de ſes louanges. Et j’oſe dire que cette même modeſtie qui vous eſt commune avec lui, n’eſt pas un des moindres liens qui vous attachent l’un à l’autre.

La modération n’eſt qu’une vertu ordinaire, quand elle ne ſe rencontre qu’avec des qualités ordinaires. Mais qu’avec toutes les qualités, & du cœur & de l’esprit ; qu’avec un jugement qui, ce ſemble, ne devrait être le fruit que de l’expérience de pluſieurs années ; qu’avec mille belles connoiſſances que vous ne ſauriez cacher à vos amis particuliers, vous ayez encore cette ſage retenue, que tout le monde admire en vous : c’eſt ſans doute unevertu rare en un ſiècle où l’on fait vanité des moindres choſes. Mais je me laiſſe emporter inſenſiblement à la tentation de parler de vous. Il faut qu’elle ſoit bien violente, puiſque je n’ai pu y réſiſter dans une Lettre où je n’avois autre deſſein, que de vous témoigner avec combien de reſpect je ſuis,

 

MONSEIGNEUR,

 

 

Votre très-humble, très-obéiſſant &très-fidèle ſerviteur, RACINE.

PRÉFACE

 

Voici celle de mes Tragédies que je puis dire que j’ai le plus travaillée. Cependant j’avoue que le succès ne répondit pas d’abord à mes espérances. À peine elle parut sur le théâtre, qu’il s’éleva quantité de critiques qui semblaient la devoir détruire. Je crus moi-même que sa destinée serait à l’avenir moins heureuse que celle de mes autres tragédies. Mais enfin il est arrivé de cette pièce ce qui arrivera toujours des ouvrages qui auront quelque bonté : les critiques se sont évanouies, la pièce est demeurée. C’est maintenant celle des miennes que la cour et le public revoient le plus volontiers. Et si j’ai fait quelque chose de solide, et qui mérite quelque louange, la plupart des connaisseurs demeurent d’accord que c’est ce même Britannicus.

À la vérité, j’avais travaillé sur des modèles qui m’avaient extrêmement soutenu dans la peinture que je voulais faire de la cour d’Agrippine et de Néron. J’avais copié mes personnages d’après le plus grand peintre de l’antiquité, je veux dire d’après Tacite, et j’étais alors si rempli de la lecture de cet excellent historien, qu’il n’y a presque pas un trait éclatant dans ma tragédie, dont il ne m’ait donné l’idée. J’avais voulu mettre dans ce recueil un extrait des plus beaux endroits que j’ai tâché d’imiter ; mais j’ai trouvé que cet extrait tiendrait presque autant de place que la tragédie. Ainsi le lecteur trouvera bon que je le renvoie à cet auteur, qui aussi bien est entre les mains de tout le monde ; et je me contenterai de rapporter ici quelques-uns de ses passages sur chacun des personnages que j’introduis sur la scène.

Pour commencer par Néron, il faut se souvenir qu’il est ici dans les premières années de son règne, qui ont été heureuses, comme l’on sait. Ainsi, il ne m’a pas été permis de le représenter aussi méchant qu’il l’a été depuis. Je ne le représente pas non plus comme un homme vertueux, car il ne l’a jamais été. Il n’a pas encore tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs ; mais il a en lui les semences de tous ces crimes. Il commence à vouloir secouer le joug ; il les hait les uns et les autres, et il leur cache sa haine sous de fausses caresses : factus natura velare odium fallacibus blanditiis. En un mot, c’est ici un monstre naissant, mais qui n’ose encore se déclarer, et qui cherche des couleurs à ses méchantes actions : Hactenus Nero flagitiis et sceleribus velamenta quoesivit. Il ne pouvait souffrir Octavie, princesse d’une bonté et d’une vertu exemplaires : fato quodam, an quia proevalent illicita ; metuebaturque ne in stupra feminarum illustrium prorumperet.

Je lui donne Narcisse pour confident. J’ai suivi en cela Tacite, qui dit que Néron porta impatiemment la mort de Narcisse, parce que cet affranchi avait une conformité merveilleuse avec les vices du prince encore cachés : Cujus abditis adhuc vitiis mire congruebat. Ce passage prouve deux choses : il prouve et que Néron était déjà vicieux, mais qu’il dissimulait ses vices, et que Narcisse l’entretenait dans ses mauvaises inclinations.

J’ai choisi Burrhus pour opposer un honnête homme à cette peste de cour ; et je l’ai choisi plutôt que Sénèque. En voici la raison : ils étaient tous deux gouverneurs de la jeunesse de Néron, l’un pour les armes, et l’autre pour les lettres. Et ils étaient fameux, Burrhus pour son expérience dans les armes et pour la sévérité de ses mœurs, militaribus curis et severitate morum ; Sénèque pour son éloquence et le tour agréable de son esprit, Seneca proeceptis eloquentioe et comitate honesta. Burrhus, après sa mort, fut extrêmement regretté à cause de sa vertu : Civitati grande desiderium ejus mansit per memoriam virtutis.

Toute leur peine était de résister à l’orgueil et à la férocité d’Agrippine, quoe cunctis maloe dominationis cupidinibus flagrans, habebat in partibus Pallantem. Je ne dis que ce mot d’Agrippine, car il y aurait trop de choses à en dire. C’est elle que je me suis surtout efforcé de bien exprimer, et ma tragédie n’est pas moins la disgrâce d’Agrippine que la mort de Britannicus. Cette mort fut un coup de foudre pour elle ; et il parut, dit Tacite, par sa frayeur et par sa consternation, qu’elle était aussi innocente de cette mort qu’Octavie. Agrippine perdait en lui sa dernière espérance, et ce crime lui en faisait craindre un plus grand : Sibi supremum auxilium ereptum, et parricidii exemplum intelligebat.

L’âge de Britannicus était si connu, qu’il ne m’a pas été permis de le représenter autrement que comme un jeune prince qui avait beaucoup de cœur, beaucoup d’amour et beaucoup de franchise, qualités ordinaires d’un jeune homme. Il avait quinze ans, et on dit qu’il avait beaucoup d’esprit, soit qu’on dise vrai, ou que ses malheurs aient fait croire cela de lui, sans qu’il ait pu en donner des marques : Neque segnem ei fuisse indolem ferunt ; sive verum, seu periculis commendatus retinuit famam sine experimento.

Il ne faut pas s’étonner s’il n’a auprès de lui qu’un aussi méchant homme que Narcisse. Car il y avait longtemps qu’on avait donné ordre qu’il n’y eût auprès de Britannicus que des gens qui n’eussent ni foi ni honneur : Nam ut proximus quisque Britannico, neque fas neque fidem pensi haberet, olim provisum erat.

Il me reste à parler de Junie. Il ne la faut pas confondre avec une vieille coquette qui s’appelait Junia Silana. C’est ici une autre Junie, que Tacite appelle Junia Calvina, de la famille d’Auguste, sœur de Silanus, à qui Claudius avait promis Octavie. Cette Junie était jeune, belle, et, comme dit Sénèque, festivissima omnium puellarum. Son frère et elle s’aimaient tendrement, et leurs ennemis, dit Tacite, les accusèrent tous deux d’inceste, quoiqu’ils ne fussent coupables que d’un peu d’indiscrétion. Elle vécut jusqu’au règne de Vespasien.

Je la fais entrer dans les vestales, quoique, selon Aulugelle, on n'y reçût jamais personne au-dessous de six ans ni au-dessus de dix. Mais le peuple prend ici Junie sous sa protection. Et j'ai cru qu'en considération de sa naissance, de sa vertu et de son malheur, il pouvait la dispenser de l'âge prescrit par les lois, comme il a dispensé de l'âge pour le consulat tant de grands hommes qui avaient mérité ce privilège.

PERSONNAGES

Néron, empereur, fils d’Agrippine.

Britannicus, fils de l’empereur Claudius.

Agrippine, veuve de Domitius Enobarbus, mère de Néron, et, en secondes noces, veuve de l’empereur Claudius.

Junie, amante de Britannicus.

Burrhus, gouverneur de Néron.

Narcisse, gouverneur de Britannicus.

Albine, confidente d’Agrippine.

Gardes.

 

La scène est à Rome, dans une chambre du palais de Néron.

ACTE PREMIER.

 

Scène PREMIERE.

AGRIPPINE, ALBINE.

Albine

Quoi, tandis que Néron s'abandonne au sommeil,Faut-il que vous veniez attendre son réveil ? Qu'errant dans le palais , sans suite & sans escorteLa mère de Céfar veille feule à fa porte ? Madame , retournez dans votre appartement.

Agrippine.

Albine , il ne faut pas s'éloigner un moment. Je veux l'attendre ici. Les chagrins qu'il me cause M'occuperont allez tout le temps qu'il repose. Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré, Contre Bricannicus Néron s'est déclaré. L'impatient Néron cesse de se contraindre ; Las de se faire aimer, il veut se faire craindre. Britannicus le gêne, Albine ; & , chaque jour. Je sens que je deviens importune à mon tour.

Albine.