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Le Yiddish est la principale langue utilisée au cours du dernier millénaire par les Juifs ashkénazes, c'est-à-dire les groupes juifs établis en Allemagne et en France depuis le temps de Charlemagne, en Bohême, en Pologne, en Lituanie, en Ukraine, et dans d'autres contrées de l'Europe orientale ...

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341005333

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Bluraz/Shutterstock

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Yiddish

Introduction

Le yiddish est la principale langue utilisée au cours du dernier millénaire par les Juifs ashkénazes, c’est-à-dire les groupes juifs établis en Allemagne et en France depuis le temps de Charlemagne, en Bohême, en Pologne, en Lituanie, en Ukraine, et dans d’autres contrées de l’Europe orientale à partir du XIIIe siècle, ou en Hollande et en Italie du Nord au XVIe et au XVIIe siècle. C’est aussi la langue des nouvelles communautés ashkénazes dans le monde entier depuis que les migrations des Juifs d’Europe orientale les conduisirent notamment en Europe occidentale, en Amérique du Nord et du Sud, puis en Israël, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.

Le yiddish a fait l’objet de plusieurs appellations en différentes langues et dans la bouche de divers groupes de Juifs. Des textes anciens le nomment taytsh (« allemand ») ou déjà yidish (« juif »). De vieilles sources rabbiniques en hébreu parlent de « langue d’Ashkénaz », c’est-à-dire langue d’Allemagne. Ivretaytsh désigne le langage archaïque employé pour traduire des textes religieux. Les scientifiques ont souvent employé la dénomination « judéo-allemand », parallèlement à « judéo-espagnol », etc. Ces expressions rendant mal compte de la spécificité des langues juives, les linguistes leur ont progressivement préféré « yiddish », « judezmo », etc. Dans leurs thèmes, mais aussi dans les formes qu’ils privilégient, littérature et théâtre reflètent l’aspect composite propre au yiddish. À leur manière, ils constituent la mémoire, d’une étonnante richesse d’invention, des tribulations et des drames qui ont touché, tout au long de l’histoire occidentale, la branche askhénaze du peuple juif.

1. Langue

De toutes les langues juives, le yiddish est celle qui a connu la plus large expansion géographique ; aucune autre n’a été parlée par un nombre aussi important de personnes, en valeur absolue ou relative : onze millions (soit les deux tiers de tous les Juifs du monde) à la veille de la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi la seule langue juive, hormis l’hébreu, qui ait atteint un tel degré de développement, puisqu’elle permet d’exprimer tous les contenus du style de vie et de pensée traditionnels, mais aussi de véhiculer le discours politique, scientifique ou littéraire des temps modernes.

Au cours du dernier demi-siècle, plusieurs facteurs contribuèrent à affaiblir la position du yiddish. Le génocide perpétré par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale a anéanti plus de la moitié des populations qui le parlaient, et bouleversé pour les survivants les conditions de la transmission. L’assimilation linguistique – largement volontaire, mais aussi encouragée, voire forcée dans certains pays – en a éloigné les générations juives nées après la guerre. Mais le yiddish est toujours transmis en tant que langue maternelle au sein de certaines communautés, notamment en Amérique du Nord et en Israël, et il est très répandu, comme deuxième langue, parmi les Ashkénazes de tous les pays.

• Fusion et différenciation

La vie juive traditionnelle, axée sur l’application des préceptes religieux, constitue un système culturel spécifique, complet et cohérent, qui ne saurait fonctionner en utilisant telle quelle une langue d’emprunt. L’hébreu ayant perdu son caractère de langage parlé dès avant l’ère chrétienne, d’autres langues juives, nées de sa fusion partielle avec celles de populations avoisinantes, l’ont remplacé dans cette fonction. La première fut le judéo-araméen, qui rejoignit plus tard l’hébreu comme langue réservée aux études, à la liturgie et à l’écrit en général. Par la suite, l’origine de toute langue juive peut être schématiquement décrite comme le résultat de la fusion de trois sortes de matériaux : (a) des éléments de l’hébréo-araméen toujours vivants dans les domaines cités ci-dessus ; (b) des éléments de la langue (ou des langues) des populations environnantes ; (c) des vestiges d’un parler juif antérieur, apporté depuis d’autres pays au fil des migrations.

Dans le cas du yiddish, qui apparaît vers le XIe siècle dans les communautés juives de la Rhénanie, la composante (b) est représentée d’abord par différents dialectes allemands au Moyen Âge et, plus tard, avec le déplacement vers l’est du centre de gravité des Ashkénazes, par les langues slaves, notamment le polonais, l’ukrainien et le biélorusse. Dans la composante (c) entrent pour l’essentiel deux langues judéo-romanes, l’une à base de français, l’autre à base d’italien. Pendant le XIXe siècle, le yiddish a également assimilé beaucoup du vocabulaire dit international, surtout composé de mots néo-grecs ou néo-latins couramment employés dans la terminologie politique, technologique ou scientifique.

La fusion de ces composantes est un processus long et complexe, qui implique des opérations de sélection sur le patrimoine des langues sources et des changements concernant tous les aspects du yiddish, qu’ils soient d’ordre phonétique, sémantique, morphologique ou syntaxique. Ainsi, tous les mots des langues sources ne sont pas nécessairement familiers au groupe juif où le yiddish est en train de se former. Au sein même du vocabulaire connu, certains mots sont inutiles et d’autres rejetés à cause, par exemple, de leur forte connotation chrétienne.

Le traitement phonétique du vocabulaire adopté est semblable pour toutes les composantes : qu’elle figure dans un mot provenant du moyen-haut allemand, de l’hébreu ou du slave, chaque voyelle subit toujours la même évolution. Le changement sémantique affecte la plus grande partie du vocabulaire emprunté aux langues sources, mais est particulièrement frappant dans les très nombreuses expressions concernant des aspects de la vie traditionnelle : praven tish (un mot d’origine slave et un autre d’origine allemande ; la signification littérale en est « célébrer table ») désigne en fait le comportement du rabbi hassidique lorsqu’il dispense son enseignement ; tsholnt (d’origine française ancienne, « chaud ») nomme un plat sabbatique préparé dès la veille pour tenir compte de l’interdiction d’allumer le feu le jour de repos.

Le trait le plus typique de la fusion opérée en yiddish se trouve dans la flexion verbale ou nominale, qui s’applique indistinctement aux différents mots, quelle qu’en soit l’origine : des racines étymologiquement hébraïques ou slaves se conjuguent à l’aide de désinences d’origine germanique ; des noms de souche romane ou allemande ajoutent au pluriel des suffixes de forme hébraïque.

Toujours sur le plan grammatical et morphologique, on remarque de nombreux mots empruntés à l’hébreu qui ont changé de genre et parfois aussi de forme plurielle : shabes (« sabbat ») devient masculin et prend la forme shabosim au pluriel ; mikve (« bain rituel ») et matbeye (« pièce de monnaie »), qui deviennent féminins. Le yiddish ayant conservé les trois genres grammaticaux de l’allemand pour les noms, beaucoup de mots venus de l’hébreu, où il n’y a que deux genres, se sont vu imposer le neutre.

Par ailleurs, on trouve en yiddish des mots qu’on cherchera en vain dans les langues auxquelles ils semblent empruntés : khaleshn (« s’évanouir ») procède évidemment de la racine hébraïque signifiant « faible, faiblesse », mais son sens yiddish semble inspiré par un ancien verbe allemand aujourd’hui disparu ; l’allemand a donné au yiddish le nom kenig (« roi »), mais c’est sur le modèle hébreu qu’on a créé un verbe kenign (« régner ») ; unterzogn (« souffler des mots à quelqu’un ») a ce sens en yiddish grâce à deux éléments germaniques qui ont été unis selon le modèle d’un verbe slave.