2443 milliards de dollars par an, pour tuer civils et militaires ! - Bernard Bordas - E-Book

2443 milliards de dollars par an, pour tuer civils et militaires ! E-Book

Bernard Bordas

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Beschreibung

Récit autobiographique, cet ouvrage retrace l’enfance de Bernard Bordas durant la Seconde Guerre mondiale, marquée par l’exode, les bombardements, les privations, et les évacuations répétées. Son parcours illustre l’évolution d’un jeune plongé dans le chaos vers un militant engagé pour la paix et l’éducation populaire. Influencé par le scoutisme et son idéal pacifiste, il s’investit dans les Maisons des Jeunes et de la Culture, devenant directeur et animateur infatigable. Il défend une société solidaire, laïque, citoyenne, résolument tournée vers la culture pour tous. À travers son récit, il dénonce les logiques guerrières et plaide pour un meilleur usage des ressources au service de l’humain. Son engagement profond s’inscrit dans la continuité des valeurs de la Résistance.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bernard Bordas, écrivain engagé, utilise sa plume comme une arme pour éveiller les consciences et dénoncer les dérives politiques. "2443 milliards de dollars par an, pour tuer civils et militaires !" naît d’une révolte profonde face à un monde en régression, gangréné par le consumérisme et l’individualisme. Ce texte est un cri d’alerte contre le gaspillage humain et moral orchestré par les gouvernants.

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Seitenzahl: 91

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Bernard Bordas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2443 milliards de dollars par an, pour tuer civils et militaires !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Bernard Bordas

ISBN : 979-10-422-7117-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2443 milliards de dollars

C’est l’argent dépensé par tous les pays du monde pour entretenir une armée !

 

Un peu de bon sens…

 

Et si l’on dépensait cette somme pour

la paix ?

 

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

Le livre que vous tenez entre vos mains est une histoire de vie. L’une des originalités de ce texte est qu’il articule situation personnelle, structure sociale et différents moments politiques. À travers ce récit, l’auteur nous narre sa traversée, enfant, de la Seconde Guerre mondiale, son engagement pour la paix à la préadolescence, via un grand mouvement de jeunesse, ses apprentissages professionnels interrompus et son entrée dans la grande maison de l’éducation populaire à un moment clé de son histoire de l’après-guerre, dans les années 45-50 du siècle précédent. La modestie de l’auteur en aurait-elle souffert, Bob Bordas est l’un des contributeurs majeurs de cette aventure éducative visant à réconcilier la culture et le peuple ou autrement dit, selon la formule de Guéhenno « rendre la raison populaire ». Avec ténacité, dans des conditions de vie parfois difficiles, en homme d’action et de réflexion, ce directeur de Maison des Jeunes et de la Culture (MJC), ce pionnier, a écrit au quotidien une des grandes pages de l’éducation populaire.

Après le temps professionnel vient un autre temps, d’autres engagements. Un temps où la politique se fait en direct, parmi les partisans-artisans de la gauche de gauche, mais l’esprit en éveil en homme de conviction, homme non inféodé. À ce stade, me vient une réflexion de Roger Vailland : Se conduire en politique, c’est agir au lieu d’être agi, c’est faire l’histoire, faire la politique au lieu d’être fait, d’être refait par elle, c’est une manière de se comporter, une action qui se décompose en une série bien déterminée d’actions.

Ce témoignage, ces réflexions d’un « vieil homme », c’est un cadeau pour l’avenir.

Merci Monsieur. Merci « BOB ».

 

Luc Sanguinéde

Consultant – Formateur en Recherche-Action

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Première partie

La guerre

 

 

 

 

 

 

Bernard Bordas, dit « Bob », né le 16 mars 1932 à Pierrefitte-sur-Seine (93), fils d’une mère catholique pratiquante et d’un père communiste militant qui a subi un exode en 1940 et deux évacuations vers « la zone libre » après les bombardements de 1941 et 1942 à Boulogne-Billancourt.

 

L’exode

 

La vie nous souriait malgré les évènements qui se dessinaient. La guerre fut déclarée le 3 septembre 1939. Notre père, du fait de sa profession (constructeur de fours), fut mobilisé comme « affecté spécial » en mars 1940, cela signifiait qu’il restait à Boulogne, à la disposition de l’armée pour réaliser des travaux de fumisterie.

Nos parents décidèrent de nous mettre en sécurité avec mon frère Jacques, chez la sœur aînée de notre mère, « la tante Germaine » qui habitait une grande propriété à Asnan dans la Nièvre.

Le souvenir de la guerre 14/18 et l’intoxication de la population par la propagande « Paris va être mis à feu et à sang » eurent pour effet de jeter sur les routes de France la population vers un improbable abri, en direction du sud. Ce fut l’exode.

Nos parents quittèrent Paris début 1940. La Delaunay-Belleville, notre voiture, chargée au maximum avec comme passagers : notre mère, notre père, notre frère Michel, le cousin Daniel, Jacotte avec son bébé de 15 jours (Jacotte était l’épouse de l’agent de police locataire du pavillon de Pierrefitte), l’oncle Marcel (ancien combattant de la guerre 14/18) et la tante « Fifine ».

Sur les routes, les civils descendaient vers le sud avec les soldats français fuyant le front. « C’était la débâcle. » Ce fut sous un préau d’école à Joigny parmi d’autres réfugiés que les occupants de la Delaunay passèrent leur nuit d’exode. Le lendemain, sur la route entre Auxerre et Clamecy, les avions italiens mitraillèrent les colonnes de réfugiés et de militaires. Nos parents et la famille s’éparpillèrent dans les champs pour échapper au mitraillage. Enfin, le village d’Asnan apparut, mais un dernier obstacle restait à franchir ! Une barricade faite de matériel agricole gardée par quelques soldats français peu convaincus de son utilité.

Deux jours après l’arrivée de nos parents, un bataillon de l’armée française en déroute vint se mettre à couvert sous les arbres de la Grande Allée. À plusieurs reprises, les avions allemands survolèrent la propriété. Bientôt, les motards à la tête de mort précédèrent les troupes de la Wehrmacht, les granges de la propriété furent réquisitionnées pour abriter une compagnie de soldats allemands.

À la demande de la « Kommandantur », toutes les armes furent déposées en mairie et une liste de tous les hommes valides fut établie.

Paris ayant été déclarée « ville ouverte », il était possible à nos parents de regagner la Capitale. Après bien des démarches et la réquisition de la Delaunay-Belleville, notre père et notre oncle reçurent un laissez-passer pour retourner aider nos grands-parents qui s’occupaient de l’entreprise. Leur retour sur la Capitale se fit à pied en trois jours.

À Boulogne, la situation de notre père devenait délicate, car le communiste, bien connu, Jacques Doriot (député communiste de Saint-Denis) après avoir effectué un virage à 180°, devint un véritable leader fasciste et un grand collaborateur. Il créa la LVF (Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme). Notre père ne voulant pas travailler pour l’organisation TOD dut vivre de petits chantiers et se faire oublier.

À Asnan, la vie s’écoulait remplie d’inquiétudes, les nouvelles étaient rares.

La Campagne de Russie devenant désastreuse pour les Allemands, la Compagnie fut envoyée sur le front de l’Est début 1941 et le village délivré de sa présence.

 

Le 3 mars 1941

 

Le 3 mars 1941, vers 21 h, les sirènes annoncèrent une alerte sur Boulogne. De la chambre de nos parents, un spectacle grandiose s’offrit à nos yeux. Tout était lumineux comme en plein jour, une multitude de parachutes éclairants transperçaient la nuit. Notre mère avait peur, elle suppliait papa de descendre aux abris : « Le pavillon, c’est une aiguille dans une botte de foin », disait notre père !

Au même instant, une déflagration terrible nous couchait sur le plancher.

Le pavillon trembla et toutes les vitres se brisèrent. Abasourdis, hébétés, nous avons mis plusieurs minutes à reprendre nos esprits, il y avait de la poussière partout. Après un long silence, des cris s’élevèrent des rues voisines.

Avec notre père, nous partîmes voir ce qui se passait. C’était un spectacle de désolation. Je me souviens d’un monsieur décapité qui se balançait au fer forgé de son balcon. Cette image, je la vois encore. Des gens courraient dans tous les sens, les pompiers, les ambulances se croisaient dans un va-et-vient incessant. Partout, la colère submergeait les gens, l’aviation anglaise n’avait détruit qu’une partie des usines Renault occupées par les Allemands : 600 morts furent dénombrés.

 

Riom-ès-Montagnes

 

Après ce terrible bombardement, la ville de Boulogne décida d’évacuer tous les enfants sinistrés vers des régions plus calmes. Ce fut un long voyage dans des wagons en bois, accompagnés par des dames de la Croix-Rouge. Jacques et moi sommes arrivés la nuit sur la place d’une petite ville à Riom-ès-Montagnes dans le Cantal, où attendaient les familles d’accueil.

Chaque famille prenait un enfant, notre tour arriva. Sentant la séparation proche, je fondis en larmes, je ne voulais pas être séparé de mon frère. Deux charmantes dames, Madame Sabatier et Madame Refouvelet acceptèrent de nous prendre tous les deux, chacune une semaine. Madame Sabatier était la femme du boucher, Madame Refouvelet était épicière, son mari était transporteur, les deux magasins étaient mitoyens.

Après un bon bain et un grand bol de soupe (il y avait autant de Cantal que de bouillon), nous avons fait connaissance des deux enfants : Maurice et Michel ainsi que de leur père Monsieur Sabatier. Dans un grand lit, « chromé », nous nous sommes endormis. C’est l’horloge de l’Église qui nous réveilla tard, je crois.

À midi, tous les six autour de la table, nous nous sommes restaurés ébahis devant une masse de victuailles : des entrecôtes larges comme deux mains, des légumes à foison, des chabichous et des gâteaux à nous rendre malades, nous qui à Boulogne étions rationnés. (50 g de pain par jour et par personne, 100 g de viande tous les deux jours, etc.) Ici à Riom, les tickets de rationnement n’avaient qu’une valeur symbolique !

La famille Sabatier était très croyante : tous les soirs, avant d’aller nous coucher, nous devions faire la prière ! Madame Sabatier se mit en tête de nous apprendre les prières et de les compléter en nous envoyant au catéchisme… Tout cela en accord avec notre mère qui était bien contente, elle qui n’avait pu se marier à l’Église et qui l’a toujours regretté. Le dimanche, la messe était obligatoire !

Maurice et Michel étaient louveteaux à la meute de Riom. Les frères Bordas devinrent louveteaux eux aussi. Le jeudi et le dimanche étaient les jours de sortie. Ils nous donnèrent bien des occasions de découvrir les environs, les champs de narcisses à perte de vue, un immense plateau d’où s’écoulait une magnifique cascade, de nombreux jeux de piste nous menaient au volcan qui dominait Riom, il n’avait plus de secret pour nous.

Après une période d’initiation, le jour de la « promesse » arriva, un moment d’intense émotion où nous promettions de respecter la loi « scout », d’être de bons catholiques, de faire une bonne action chaque jour et de militer pour la paix.

Toutes ces aventures nous faisaient oublier un peu l’absence de nos parents. Les lettres étaient rares et nous ne connaissions pas la date de notre retour à Boulogne.

Nous fûmes baptisés le 20 juin, je crois. Pour cet évènement, Madame Sabatier organisa une véritable fête.

Vers le mois de juillet, notre mère réussissait à obtenir un laissez-passer pour venir nous voir. Sa visite nous parut bien courte et nous savions maintenant que le retour se ferait seulement pour la rentrée scolaire.

À la mi-septembre, bien contents, nous repartions par le train pour Paris, laissant avec un peu de tristesse notre deuxième famille.

 

Le 4 avril 1942