À l’aube du renouveau - Frédérique Jahier - E-Book

À l’aube du renouveau E-Book

Frédérique Jahier

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Beschreibung

Caroline, brisée par des violences familiales insoutenables, fait un choix radical : fuir, tout quitter, et plonger dans l’inconnu. Sous le soleil éclatant de Sète, elle croit enfin pouvoir reconstruire sa vie, loin des ombres qui la hantent. Toutefois, alors que tout paraît s’apaiser, le passé, impitoyable, refait surface, déclenchant une spirale d’événements où tragédie et lueur d’espoir s’entrelacent. Pour toucher enfin au bonheur qu’elle n’a jamais cessé de rêver, Caroline devra affronter des épreuves d’une intensité rare, s’accrochant à cette force intérieure qui, contre vents et marées, continue de la faire avancer. Un roman bouleversant qui interroge la résilience, le courage et la quête de lumière dans les ténèbres.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Frédérique Jahier se distingue par une écriture mêlant imagination et émotion, où chaque récit prend vie au fil de son inspiration. Avec passion, elle invite ses lecteurs à partager le plaisir qui anime sa création.

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Seitenzahl: 464

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Frédérique Jahier

À l’aube du renouveau

Roman

© Lys Bleu Éditions – Frédérique Jahier

ISBN : 979-10-422-5541-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Le soleil allait bientôt se lever, Caroline descendait doucement l’escalier qui la menait de sa chambre au salon. Elle n’en pouvait plus de cette satanée vie, elle voulait vivre heureuse et ne plus subir les assauts répétés de son frère, celui que son père avait amené un jour alors qu’elle n’avait que huit ans et lui douze, déjà à l’époque, il était constamment en proie à des délires sexuels et il lui répétait inlassablement qu’il voulait la violer comme une vulgaire prostituée.

Elle quittait son lit définitivement, s’habilla d’un jean propre et d’une chemise blanche qui lui couvrait ses bras pour ne plus voir les traces de coups portés par son père et son frère, s’appliqua une légère touche de crème teintée et rosissait ses lèvres d’un brillant nacré.

Elle repensait à son père qui avait eu une liaison avec une femme un peu plus âgée que lui et qui, lui avait-elle dit, était tombée enceinte, mais ne l’avait su qu’une fois leur liaison terminée. Cette femme en venant de se suicider avait laissé une lettre confirmant ses dires juste avant son geste fatal pour lui laisser cette encombrante petite personne qui lui servait de frère. Bien évidemment, les services sociaux n’avaient jamais envisagé la possibilité de faire des tests pour vérifier la vérité sur cette paternité et avaient octroyé la garde de cet enfant à ce soi-disant père de substitution. Il ne ressemblait en rien physiquement à son paternel, mais celui-ci ayant toujours voulu un fils, se chargea très vite de le reconnaître comme tel et il devint l’enfant chéri de son papa. Sa mère, en femme soumise et semblant très amoureuse de son mari, se montra une mère particulièrement attachée à ce fils adoptif durant les deux années qui suivirent puis elle mourut subitement. Ce fut alors un calvaire pour Caroline qui plongeait alors dans ses études et ses devoirs pour oublier l’enfer qu’elle vivait à la maison.

Dès son arrivée, les hormones de Yohan le trahissaient déjà par ses envies de découverte de sexe, il ne parvenait pas et ne voulait pas s’arrêter de harceler Caroline. Alors qu’elle prenait sa douche, il voulait la voir nue, lui volait des baisers, ce qui la révulsait. Elle était toujours parvenue à se défendre et éviter le pire, mais aujourd’hui, elle ne le supportait plus. La veille, il l’avait encore touchée par inadvertance et Caroline l’avait frappée si fort que son père l’avait presque assommée par ses coups tant il était fier de ce fils qui lui rapportait un salaire tous les mois. Ils s’empiffraient ensemble chaque soir de boissons alcoolisées. Ils partageaient tous les deux leurs bières et leurs boissons anisées de bon marché. Ce qui contribuait à la maltraitance de Caroline qui subissait quotidiennement les coups de son père depuis que sa mère n’était plus là. Elle ne pouvait même plus voir sa Nanny, sa grand-mère qu’elle aimait tant, qui la réconfortait de son mieux quand ça n’allait pas, ce qui était d’ailleurs souvent le cas, mais son père refusait qu’elle aille lui rendre visite. Elle pensait souvent à un départ loin d’ici, mais elle n’avait pas encore eu le courage de s’émanciper. Elle se rappelait les balades avec sa mère sur les bords de Loire ; les goûters, assises toutes les deux sur un banc où après avoir été acheté un éclair au chocolat, son gâteau préféré, elles regardaient le fleuve bouger. Ces petits moments d’intimité se faisaient toujours en cachette de son père qui estimait qu’un sandwich au camembert était moins coûteux. Si avec l’imprudence de son âge, elle dévoilait ses sorties et ses en-cas, alors elle entendait plus tard les bruits de gifles que sa mère endurait, elle se cachait les oreilles alors pour ne pas écouter sa mère pleurer et se faire traiter de tous les noms par son mari. Il lui reprochait l’argent dépensé en nourriture pour sa fille.

« Tu ne rapportes rien, mais par contre tu dépenses mon argent durement gagné dans des conneries, disait-il, tu ne sers à rien, même le ménage est mal fait ici, comme tout ce que tu fais d’ailleurs, tu ne sais rien faire, même ta morveuse, tu l’as ratée, elle est toujours dans tes jambes, heureusement que mon Yohan rehausse cette famille, sinon, je n’ai plus qu’à me pendre tellement tu es ignorante de tout. Quelle sorte d’éducation tu as eue pour être aussi débile, pauvre fille, tu n’es qu’une plante verte qui sert de décor. »

Caroline entendait tout et répétait mot pour mot tout ce que son père disait en se regardant dans le miroir de la salle de bains si bien qu’un jour, son frère la vit faire et lui répéta tout, ce qui le mit dans une rage folle et il lui cassa le bras qu’elle mettait en défense par-dessus sa tête. Il lui fit promettre de ne rien dire aux médecins de l’hôpital sinon il lui casserait l’autre bras ainsi que ses deux jambes. L’enfant alors âgée de 9 ans, à l’époque, n’avait rien dévoilé, surtout qu’après ses paroles, il mit deux allers-retours à sa mère pour, l’accusa-t-il, avoir fait apprendre ses paroles à sa fille pour mieux se moquer de lui. Yohan savourait ces violences et riait aux éclats à chaque coup donné.

« Tu l’as mérité celle-là et celle-là aussi », lançait-il moqueusement, que ce soit à l’adresse de la mère ou de la fille.

Il annonçait toujours à Caroline :

« De toute façon, on se mariera quand on sera grands et je te ferai plein d’enfants et tu m’obéiras, tu y seras bien obligée sinon je te taperais plus fort encore que papa le fait sur ta mère ou sur toi, tu verras. »

Caroline répondait :

« On ne se marie pas entre frère et sœur, on me l’a dit et jamais je ne me marierais avec toi, je te déteste. »

Il lui donnait des gifles jusqu’à ce que sa mère intervienne et l’emmène passer la nuit chez sa grand-mère. Alors Yohan disait à sa mère :

« Emmène-la chez ta mère et c’est toi qui prendras quand tu rentreras parce que je vais le dire à papa. » Caroline ne voyait pas ce qui se passait quand elle partait chez sa Nanny, mais quand elle rentrait le lendemain, elle voyait les bleus sur les bras et les jambes que sa mère cachait sous des vêtements amples et longs, même en été.

Quand sa mère fut décédée, ce fut à Caroline de prendre les rênes de la maison, elle devait faire le ménage, la cuisine et étudier, elle arrivait avec peine, à tout concilier, son père buvait de plus en plus et initiait son fils à en faire autant. Durant ses beuveries, ils finissaient par s’endormir jusqu’au lendemain, ce qui lui laissait un moment de répit. Elle pouvait alors sortir un peu voir des amis qu’elle ne gardait jamais très longtemps sans que le père ou le fils l’apprenne. Ces petits instants de bonheur la réconfortaient un peu sans pour cela oublier le jour où elle réussirait à s’éloigner du joug paternel. Elle prenait quand même régulièrement des coups parce que le repas était trop chaud ou trop froid, le lit n’était pas bien fait, il y avait de la poussière sur les meubles, tout était prétexte à des coups que Caroline ne parvenait plus à esquiver. Elle finissait, tout comme sa mère, par ne porter que des pantalons et des chemises ou des pulls à manches longues pour ne pas montrer la trace des coups portés. Elle en avait trop honte.

Caroline, du haut de ses 25 ans, avait quand même réussi brillamment son bac et se distinguait d’un DUT en information communication. Elle avait réussi à trouver un emploi à temps partiel d’hôtesse d’accueil dans une banque, ce qui lui avait permis de mettre un peu d’argent de côté en plus de l’argent qu’elle devait donner à son père pour payer son logis et son couvert lui disait-il. Elle n’envisageait pas l’avenir sous de bons auspices en restant sur Orléans, ville qui l’avait vu naître, mais qui l’avait vu aussi tellement souffrir. Elle ne pouvait pas déménager dans un appartement, son père et son frère la retrouveraient très vite et lui feraient payer cher son indépendance. Elle devait partir loin.

Avec sa petite Ford fiesta qu’elle venait de faire réviser, elle se décidait à faire le grand saut dans l’inconnu. N’importe où pourvu qu’on ne la retrouve pas. Elle n’avait plus de famille si ce n’est ce père, alcoolique et violent et ce frère incestueux qu’elle ne pouvait plus supporter.

N’oubliant rien de ses papiers, sa carte bancaire, sa carte vitale, son chéquier dans son sac à main, un sac cabas contenant ses vêtements préférés ainsi que quelques produits de beauté et de toilette. Elle laissa son portable habituel éteint sur sa table de chevet, elle ne voulait plus rien rapporter d’ici. Le nouveau, acheté la veille, ne comportait aucun numéro, il était prêt à accueillir les coordonnées de ses futurs amis qu’elle était sûre de rencontrer bientôt. Après avoir achevé de se préparer pour le grand saut dans l’inconnu, Caroline se faufila doucement hors de sa chambre, son sac à main sur l’épaule et le cabas dans l’autre main, elle s’arrêta un instant devant la chambre de son père puis devant celle de son frère pour s’assurer qu’ils dormaient bien. Leurs ronflements respectifs la rassurèrent et elle put emprunter l’escalier qui menait au rez-de-chaussée. Après avoir traversé le salon, elle ouvrit doucement la porte d’entrée, fit rentrer les 2 chats, Bernard et Bianca, leur caressa doucement la tête à chacun pour leur dire adieu puis referma doucement la porte pour se faufiler jusqu’à sa voiture. En chaussettes, elle enfila rapidement sa paire de baskets laissée dans l’auto, mit le contact et partit sans se retourner.

Elle traversa Orléans pour arriver jusqu’à l’autoroute où elle décida d’aller vers le Sud, peu importe, où elle s’arrêterait, mais toujours le plus loin possible de son père et de Yohan. Elle alluma son nouveau portable pour se convaincre encore qu’elle avait raison de s’évader de ce cauchemar permanent.

Les kilomètres défilèrent et il était déjà 10 h 30 à son arrivée à Clermont-Ferrand. Elle s’arrêta à une station-service pour faire le plein d’essence de sa voiture et se remplir un peu l’estomac d’un croissant et d’un café. Il fallait continuer, on était encore trop près de son enfer, elle voulait du soleil, et la mer qu’elle n’avait encore jamais vu. Ses parents ne partaient jamais en voyage, son père jugeait ces dépenses superflues et inutiles. Elle se regardait dans le rétroviseur et apercevait sa joue légèrement bleuie adoucie par le maquillage et son nez avait encore saigné sans qu’elle s’en aperçoive. Ses cheveux châtains bouclés lui arrivaient au milieu du dos et ses yeux noisette étaient encore gonflés de ses pleurs nocturnes, mais c’était terminé, dorénavant elle serait heureuse, elle se promit d’y parvenir. Elle ne distinguait jamais les regards admiratifs que sa présence engendrait, des femmes l’admiraient ou la jalousaient et les hommes succombaient, elle ne s’en rendait pas compte. Aujourd’hui, plus que jamais, elle était bouleversée d’avoir réussi à partir. Elle s’étonnait de son audace. On était un mardi d’avril, et la route n’était pas très encombrée. Les ponts de mai allaient bientôt arriver, tout était tranquille, elle était sereine.

En tout début d’après-midi, elle découvrit Sète, une petite ville qui, avec ses canaux qui se jetaient dans la mer, était tout à fait ravissante. Elle décida de s’y arrêter. Il était déjà 13 h 30, elle s’arrêta dans un parking souterrain pour, se dit-elle, aller manger un morceau dans une petite brasserie près de là. Elle put voir la mer pour la première fois et c’était fabuleux d’entendre enfin le bruit des vagues. Un gros bateau attendait ses passagers pour la nuit, elle apprit plus tard que c’était un thonier puis, plus grand encore, comme elle avait pu le voir à la télévision, un ferry en partance pour l’Algérie embarquait ses passagers avec leurs voitures qui s’engouffraient dans sa grosse bouche, comme un gros poisson qui les avalait se dit-elle. Elle pensa alors que c’était ici, qu’elle poserait ses valises et que commencerait son nouveau départ. Fini les coups et les humiliations de son père et de Yohan, elle vivrait comme bon lui semble et oublierait son passé, de Mathias aussi, son amour d’enfance qui la trompait sans vergogne et la frappait lui aussi quelquefois quand elle ne voulait pas faire l’amour. Ainsi que tous ceux qui l’avaient fait souffrir. Désormais, c’est elle qui déciderait de tout, sa vie, ses amours, ses amis, tout était en route pour le changement et rien ne pouvait plus l’arrêter. Elle avait tellement de choses à penser, à savourer sa toute nouvelle destinée qu’elle en oublia de manger.

Tout d’abord, elle devait trouver un endroit pour dormir et surtout trouver un emploi rapidement, ce qui contribuerait, pensait-elle à rendre plus facile l’obtention d’un petit appartement meublé. L’argent qu’elle avait sur son compte en banque lui permettait de prendre un hôtel pour quelques jours et elle pourrait toujours acheter quelques victuailles qu’elle apporterait discrètement dans sa chambre d’hôtel, ce qui empêcherait trop de dépenses si elle se rendait au restaurant quotidiennement. Elle devait également garder de l’argent pour payer une avance de loyer qu’on lui demanderait sûrement.

Elle dénicha un petit hôtel dans le centre de Sète, qui n’était pas trop cher, surtout en cette saison où les touristes n’étaient pas encore arrivés. Elle pouvait garer sa voiture qu’elle alla chercher pour aller sur le parking prévu à cet effet. Le petit déjeuner était compris dans le prix de la chambre, ce qui l’arrangeait bien. Dès son arrivée, elle trouva la chambre très sympathique et surtout fort agréable. Juste un lit, une armoire, un bureau et une chaise la meublaient. Quelques tableaux maritimes accrochés au mur pour le décor. Une salle d’eau avec évier, douche et toilettes complétait les lieux. Elle ne pouvait trouver mieux, se dit-elle. Elle se déshabilla, prit une douche et se vêtit à nouveau en jean et troqua sa chemise contre un tee-shirt, car le temps était clément et doux. Tant pis pour les marques de coups, elle ne connaissait personne, elle n’aurait donc pas à se justifier.

Elle profitait du calme qui régnait dans la ville pour se promener tranquillement et découvrir Sète et ses canaux. Elle était impressionnée par ces ponts qui faisaient attendre les voitures à leurs entrées ou à leurs sorties par des feux tricolores, pour laisser passer les bateaux. L’air était sec et iodé, ce qui amenait un peu de chaleur dans son cœur meurtri. Elle comprit alors que ses blessures commenceraient à s’atténuer et elle pourrait enfin oublier le passé.

Elle arrivait sur le port quand elle sentit qu’on l’attrapait par le bras et qu’on l’attirait près d’un mur où on lui mit une main sur la bouche, en lui disant :

« Ne criez pas, je suis de la police, c’est dangereux ici, retournez en haut, vous les touristes, vous ne savez pas lire les pancartes, c’est interdit ici, il y a plein de dealers et plein de gens pas du tout fréquentables, et là, on est en opération pour les prendre en flagrant délit, vous allez tout faire foirer ».

Caroline dit oui de la tête et il put la lâcher. Elle regardait cet homme, brun, ténébreux, beau et élégant et son cœur se mit à battre la chamade. Il était si attirant avec ses cheveux bruns, ses yeux noirs et ce corps si musclé, un nez aquilin et une bouche pulpeuse. Elle n’était pas très grande, mais élancée et menue, sa tête lui arrivait à l’épaule. Quand il la vit avec ses yeux remplis de larmes, fatiguée et sa joue bleuie de la veille, son nez rouge et griffé. Il eut envie de la serrer dans ses bras et de la réconforter. Il se dit alors que c’était sans doute une femme battue par son mari. Mais alors que ses pensées se bousculaient, Caroline se remit très vite et lui lança :

« Mais pour qui vous vous prenez, je ne suis pas une touriste, j’arrive aujourd’hui même pour vivre ici et si j’avais vu les pancartes, je ne serais pas là, il faudrait qu’on puisse les voir pour ne pas entrer ici et puis, faire partie de la police ne vous donne pas le droit de me sauter dessus. »

Tout d’un coup, une pluie de coups de feu s’abattit tout autour d’eux, Caroline se mit à crier et alors, le beau brun ténébreux la tint dans ses bras puis appela du renfort pour la faire sortir de ce guêpier. Bientôt, ce fut le silence, Caroline se retrouva dans une ambulance. Elle demanda si elle avait eu un accident puis, petit à petit, elle se souvint de tout et se mit à rougir de honte. Le beau brun (elle l’avait surnommé comme ça) la regardait avec un sourire moqueur. Elle réalisa qu’elle était tombée dans ses bras, un malaise de stress et de fatigue ou de peur l’avait terrassé.

« Ça y est, vous êtes revenue parmi nous, vous vous sentez mieux », lui dit-il.

Alors qu’elle se réveillait complètement, il continua :

« On a fouillé dans vos affaires pour savoir qui vous étiez, mademoiselle Caroline Duchênes, vous n’êtes pas d’ici, mais d’Orléans. Un agent est en train de téléphoner chez vous, ne vous inquiétez pas, votre famille va sûrement vous contacter.

— Non, je ne veux pas retourner à Orléans s’écria-t-elle, mon frère va finir par me violer et mon père va encore me frapper, non, je ne veux pas que vous préveniez ma famille. Qui vous a donné l’autorisation d’appeler chez mon père, et où avez-vous eu ses coordonnées ?

— Inspecteur Florent Barny, police judiciaire, section de recherches, vous étiez évanouie et il fallait bien trouver qui vous étiez et ce que vous veniez faire ici. Il fallait absolument prévenir votre famille, et puis vous n’avez plus l’âge de faire des fugues, et vous savez, on fait partie de la police et votre adresse est sur votre permis de conduire, c’est assez facile de retrouver les coordonnées de votre père. »

Elle eut envie de le gifler, un de ses collègues s’approcha :

« Inspecteur François Laroche, vous avez porté plainte contre votre père et votre frère au moins, vous avez une attestation médicale pour vos coups et que faites-vous ici à Sète ?

— Bien sûr que non, je n’ai pas d’attestations, vous êtes des hommes et quand on voit ce que vous faites pour les femmes battues, on n’a pas envie de vous demander de l’aide, regardez votre collègue, il a déjà un a priori sur les touristes, ça me laisse imaginer ce qu’il pense des femmes. Et moi, c’est mon père et mon semblant de frère, je ne sais même pas s’il est mon frère d’ailleurs, qui m’ont fait ça, alors excusez-moi de ne pas avoir confiance en la police et encore moins en la justice et je pense avoir le droit, à mon âge de circuler où je veux sans me justifier, même ici, à Sète. »

Sur ces derniers mots, elle se mit à sangloter.

« Je vous interdis de dévoiler où je me trouve à qui que ce soit et encore moins à ma pseudo-famille, je sais que j’en ai le droit et pour moi, la discussion est terminée, j’ai des choses à faire, je dois partir. »

Elle se leva, mais sa tête tournait encore et elle dut se rasseoir. Florent, avec un sourire moqueur, lui demanda si elle voulait qu’il la raccompagne quelque part. Devant son refus, il alla allumer une cigarette la laissant avec les pompiers qui lui demandèrent si elle voulait aller à l’hôpital et là elle se souvint qu’elle n’avait rien mangé depuis Clermont-Ferrand et il était déjà plus de 17 h, elle avait juste faim. Ce qu’elle leur confirma. Un des jeunes pompiers la fit asseoir et alla lui acheter un sandwich au jambon et une part de flan nature. Lorsqu’il revint avec ces achats et devant le sourire ravi de Caroline, Florent jeta un regard noir au jeune pompier qui ne devait pas être âgé de plus de 18 ans et qui devint rouge de confusion devant l’inspecteur. Il sortit rapidement de l’ambulance.

Le médecin appelé par les pompiers, lui prit la tension et la rassura :

« Vous êtes très fatiguée, jeune dame, il faut vous reposer, la tension est basse et beaucoup d’émotions ces derniers temps visiblement, une bonne nuit de sommeil, une bonne journée de repos et il n’en paraîtra plus. »

Un agent en tenue vint voir l’inspecteur Barny et avec un grand sourire il lui confirma que le père et le frère de Caroline prendraient la route le matin suivant et qu’ils viendraient la récupérer dans la journée du lendemain. Ils voulaient savoir si elle allait bien et surtout que les agents la retiennent bien, car elle était en dépression et ils devaient veiller sur elle.

Caroline n’en revenait pas, elle ne voulait surtout pas de sa famille.

« Je n’ai pas fait tout ce chemin pour échouer à l’arrivée, je vous interdis de leur dévoiler où je me trouve, rappelez-les et dites-leur que je ne veux plus les voir. »

Caroline sanglotait et elle s’apprêtait à descendre du camion quand encore des bras vigoureux la retinrent pour l’allonger sur le sol en lui disant de ne plus bouger. Le médecin ferma rigoureusement la porte et vint s’allonger à côté d’elle en mettant son bras sur elle pour la protéger. Une flopée de balles retentissait encore une fois et là, elle vit Florent Barny sortir son revolver de sa ceinture derrière son jean et viser par la porte du passager avant laissée entrouverte. Il se glissa sur le siège conducteur et démarra en trombe jusqu’à la route, il s’arrêta subitement pour tirer sur deux hommes qui ne savaient plus d’où venaient les balles, ils essayaient en vain de s’échapper, pour finalement, lâcher leurs armes et mettre leurs mains en l’air. Des policiers vinrent alors les arrêter et les menotter. Florent descendit de l’ambulance et alla à la rencontre des tireurs, sa brigade arrivait également et plusieurs hommes étaient regroupés entre eux, bien menottés et sous bonne garde policière.

« Allez bien voir partout qu’il ne reste personne et ramenez-moi tout ça au poste », s’écria un policier en civil, un homme d’environ 40 ans, blond, assez charmeur lui aussi avec des yeux bleus, trapu mais musclé. Il se dirigea ensuite vers l’ambulance où le médecin et Caroline se regardaient, hébétés de ce qui venait de se passer. Le médecin avait toujours son bras sur l’épaule de Caroline qui ne s’en était même pas rendu compte.

« Vous allez bien, Messieurs dames ? leur demanda le policier, commandant Lionel Rodier. Désolé pour ce petit remue-ménage, mais vous allez bientôt pouvoir rentrer chez vous.

— Mais vous êtes complètement fou, vous avez failli nous tuer, répliqua Caroline en larmes, je croyais avoir trouvé la paix et je trouve une ville en guerre, assiégée, désolée, Monsieur, mais j’en ai plus qu’assez, je ne veux plus vous voir, ni vous ni vos copains flics, je pars, je n’ai rien à me reprocher moi, et je ne veux pas servir de chair à revolvers et à fusils pour vous ou vos ennemis et je vous interdis encore une fois de dévoiler à ma famille où je suis. »

Médusé, le Commandant Rodier ne savait plus quoi dire et la laissa partir, elle n’avait pas vu que son jean avait été déchiré et son tee-shirt était taché de sang, elle s’était égratigné le bras et l’épaule quand les bras musclés l’avaient clouée au sol. Le médecin s’en aperçut et la retint en lui tenant la main.

« Attendez, je vais vous désinfecter tout ça et vous ne pouvez pas rentrer dans cet état, je vais vous raccompagner ensuite, ma voiture est juste là.

— Mais je ne peux pas rester là et vous êtes gentils, je vais repartir à pied, j’espère que ma balade jusqu’à mon hôtel sera plus calme. »

Le médecin qui prenait toujours sa main bien serrée dans la sienne fut trop tenté et lui donna un baiser sur le front. Caroline le regarda, étonnée de ses grands yeux noisette, puis voyant le visage en colère de Florent, se dégagea puis lui sourit en le suivant jusqu’à l’ambulance où il la désinfecta. Elle le suivit ensuite jusqu’à sa voiture où elle s’installa sur le siège passager puis il démarra jusqu’au centre-ville de Sète. Ils se garèrent sur le parking de l’hôtel qu’elle lui avait indiqué et le médecin la laissa descendre de voiture.

« Je serais enchanté de vous inviter à dîner ce soir, c’est bon pour vous ? Je suis Alain Delors, je ne me suis pas encore présenté et j’aimerais beaucoup que vous acceptiez, en tout bien, tout honneur bien évidemment. Vous me faites penser à ma petite sœur, et je crois que nous allons bien nous entendre, je ne vous drague pas, soyez-en certaine, je n’aime les femmes que comme amies, car comme compagnie amoureuse, je préfère nettement le genre masculin, si vous voyez ce que je veux dire. »

Caroline se mit à rire, nerveusement. C’est vrai que ce petit bonhomme était tout juste plus grand qu’elle de 2 ou 3 centimètres, qu’il était chauve, avec des yeux ronds et un peu globuleux derrière des lunettes rondes également, le tout dans un corps bien en chair. Il n’avait pas l’air d’un pervers et avait plutôt un genre sympathique. Elle accepta et ils se donnèrent rendez-vous à 19 h 30 à l’accueil de l’hôtel.

Après avoir repris une douche, sécher ses cheveux et se maquiller un peu les yeux et les joues pour masquer les bleus de la veille ainsi que les griffures sur son nez, Caroline ne se doutait pas un instant de sa beauté naturelle. Elle opta pour une jupe longue colorée dans les tons orangés ainsi qu’un tee-shirt du même ton uni et elle mit des petites sandales à talon. Alain l’attendait déjà, assis dans un fauteuil du salon de l’accueil de l’hôtel.

« Je vous emmène dans un petit bar restaurant à une vingtaine de kilomètres d’ici. Il n’y a que des habitués et le week-end, un chanteur vient y mettre de l’ambiance, celui de cette année est nouveau et je ne l’ai pas encore vu ni entendu. Celui de l’an passé m’a beaucoup plu et nous avons vécu une véritable histoire le temps d’un été et le voilà parti pour d’autres horizons, je l’ai attendu indéfiniment pour finir par me dire qu’il était véritablement parti. Le prochain sera peut-être meilleur, mais j’en doute, car José, c’était son prénom, était trop beau pour moi, d’ailleurs, je n’étais pas le seul homme dans sa vie, et il avait aussi quelques femmes, mais mon statut de docteur lui apportait sans doute un soutien financier non négligeable.

— Vous avez sans doute beaucoup souffert, répondit-elle. Mais dites-vous bien que ce n’est que partie remise, comme disait ma grand-mère : la fin d’un amour donne la vie à un autre, il ne faut pas désespérer. »

Après avoir échangé des banalités, ils arrivèrent sur un grand parking ou quelques voitures étaient déjà garées. Des pins, des platanes, mais aussi des oliviers s’étendaient harmonieusement dans un décor méditerranéen. Une grande allée bordée de lauriers menait jusqu’au restaurant. Des tables étaient dressées dehors, mais le temps, trop frais pour cette saison, n’attirait que très rarement des clients. Ils entrèrent dans une salle où une petite estrade centrale faisait son apparition. La batterie sans son batteur, un piano électrique sans son pianiste et quelques micros attendaient les musiciens et le chanteur.

Une femme rousse entre deux âges vint à leur rencontre et donna 3 bises à Alain puis 3 bises à Caroline pour leur souhaiter la bienvenue.

« Je te présente Lucinda, la Patronne du Tonio’s bar, et celui qui est derrière son comptoir est Tonio, le Patron, mais aussi le mari de cette charmante dame. Voilà aussi Ming et Ahmine, nos charmants vigiles qui sont présents chaque jour ici, pour que tout se passe pour le mieux pour nos clients et pour les patrons. Et voilà, je vous présente à tous Caroline qui a décidé de vivre dans notre formidable région, elle est arrivée aujourd’hui. »

Tous vinrent serrer la main à Alain puis claquer la bise à Caroline. Tonio était plutôt petit, brun aux yeux noirs avec un ventre déjà bien développé. Ming était un ressortissant chinois aux cheveux mi-longs attachés en queue de cheval, pas très grand, lui non plus, mais on sentait les muscles saillir sous sa chemise blanche où un gros collier avec une tête de serpent nous fixait sur le devant de sa poitrine. Ahmine était un immigré tunisien, grand, élancé et musclé lui aussi malgré son apparence menue. Tous deux avaient leurs papiers en règle et logeaient chez Lucinda et Tonio dans des chambres au premier étage de l’établissement.

Le repas fut simple avec une salade de tomates et charcuteries diverses, un steak avec des frites fraîches et en dessert une bonne tarte aux pommes maison. Caroline avait passé une très bonne soirée en compagnie de gens qu’elle jugeait sincères et francs et déjà, elle savait qu’elle pourrait compter sur Alain et qu’il serait un ami sincère. Ils rentrèrent vers 23 h, s’échangèrent leurs coordonnées en se promettant de se revoir très bientôt.

Caroline rejoignit sa chambre et s’endormit en un clin d’œil pour ne se réveiller que le lendemain vers 9 h 15.

Chapitre 2

Après avoir pris une douche, Caroline descendit prendre son petit déjeuner composé d’un café noir, d’un croissant, d’un yaourt, d’un fruit et d’une tartine beurrée. Elle se décida à aller à Pôle emploi pour essayer de dénicher rapidement un emploi, ce qui lui permettrait de s’établir définitivement, et elle pourrait trouver un petit meublé.

Elle arriva à l’agence, se dirigea vers l’agent d’accueil qui lui remit un ticket pour un premier contact avec un Conseiller. Une employée vint la recevoir. Avant de commencer, Caroline se rappela qu’elle avait oublié de démissionner de son emploi d’Agent d’accueil bancaire à Orléans, son interlocutrice lui fit faire sa lettre de démission qu’elle s’empresserait d’envoyer sitôt sortie de l’agence, puis elles concoctèrent ensemble un CV. La dame était charmante elle aussi, et lui dit qu’elle était confiante, car Caroline avait de bonnes qualifications. Ce qui gênait, c’est qu’elle n’avait pas encore d’adresse fixe et qu’il lui en faudrait une pour postuler rapidement. Elle lui proposa tout de même quelques postes de conseillères de vente sous contrat déterminé puis une annonce apparue, on recherchait d’urgence une Assistante documentaire pour travailler dans une bibliothèque. Il fallait postuler rapidement, car la place devait être honorée dès le lundi suivant. Caroline adorait la lecture et elle connaissait quelques auteurs, outre ceux qu’elle avait connus alors qu’elle étudiait, elle avait adoré Emile Zola et Victor Hugo, mais elle aimait aussi quelques romans policiers et quelques thrillers qu’elle s’achetait régulièrement. Ce qui pouvait être utile pour le poste recherché. La Conseillère Pôle Emploi l’aida à rédiger sa lettre de motivation et envoya son CV directement de son bureau vers la bibliothèque via Internet et ses courriels.

Caroline s’apprêtait à écrire d’autres lettres de motivation pour les employeurs recherchant des Conseillers de vente quand son téléphone vibra. Elle répondit et elle fut surprise, car l’appel venait justement de la bibliothèque pour lui proposer de la voir l’après-midi même. Elle accepta son rendez-vous pour 15 h puis elle continua ses lettres tranquillement. Elle les faisait voir à la conseillère pour avoir son approbation et elle lui apprit qu’elle avait déjà un rendez-vous pour l’après-midi même à la bibliothèque. La Conseillère ne fut pas étonnée et l’encouragea à y aller sans modestie. Elle était sûre que ce poste était fait pour elle.

Midi sonna à la cloche de l’église toute proche de là et les portes de l’agence allaient bientôt fermer, elle envoya avec l’ordinateur de l’agence ses dernières demandes par mail, remercia le personnel de s’être si gentiment occupé d’elle et ressortit. Elle envoya directement sa lettre de démission en recommandé par une agence de la Poste tout près, ouverte pendant la pause méridienne. Le soleil était à son zénith, l’air était tiède et elle pouvait prendre une collation en terrasse, elle dégusta une salade composée et finit son repas d’un café gourmand, elle se sentait terriblement bien, relaxée de ne plus dépendre de personne.

15 h arrivait et elle se rendit à son rendez-vous. Une femme assez autoritaire et très froide la reçut dans son bureau. Elle avait les cheveux blancs comme neige et paraissait un âge assez avancé, ce qui étonna Caroline, car elle pensait avoir à faire à une retraitée, c’était une femme très élégante, elle avait dû d’ailleurs être très belle dans sa prime jeunesse, car ses yeux bleus la scrutaient avec une grande douceur malgré un premier aperçu nettement décevant. On devinait dans son regard une souffrance ou un regret pas tout à fait évacué. Elle attendait les questions qui ne venaient pas encore, l’examen de la femme la pétrifiait un peu. Puis, une autre femme, plus jeune, mais dans la force de l’âge, avec un chignon sur la tête, aussi brune que l’autre était blanche avec des yeux gris-vert, vint s’asseoir autour du bureau.

« Mademoiselle Duchesne, lui dit la dernière arrivée, je suis Laurence courtois, la bibliothécaire et Madame Guillard, notre Directrice des Relations Humaines, nous avons du mal à trouver une personne pour ce poste et je dois dire que même en interne, il n’intéresse pas grand monde, votre candidature nous a vivement interpellés, car votre CV est très intéressant, néanmoins, nous sommes quand même un peu choqués de voir que vous vivez à l’hôtel, pouvez-vous nous en expliquer la raison si ce n’est pas indiscret, nous ne voulons pas perdre de temps avec une personne instable, nous sommes désolés de vous parler crûment, mais il est important, pour nous, de savoir si la personne que nous engageons est fiable. »

Et Caroline expliqua son calvaire depuis les années passées avec son père et son frère, sa mère décédée et son goût pour les études, elle aurait voulu aller plus loin, mais son père et surtout son frère ne lui laissaient aucun répit, elle avait choisi la fuite la veille, pour laisser son passé derrière elle et ne plus croiser des personnes ou des endroits qui lui rappelait son passé. Elle voulait prendre un petit appartement meublé sitôt qu’elle aurait un travail. Elle avait tout raconté sans honte et se sentait soulagée de pouvoir parler de son calvaire. Elle était honnête et droite et n’oubliait pas de le rappeler.

Les deux personnes se consultèrent d’un regard et continuèrent leur discussion sur des sujets plus professionnels, puis l’entretien se terminait et ils laissèrent Caroline dans un petit bureau pendant qu’elles délibéraient pour savoir si elle était embauchée ou pas. Elles revenaient environ 10 minutes plus tard pour la ramener au premier bureau, tout d’abord, elles félicitèrent Caroline de sa franchise et lui proposèrent l’offre de sa vie. Elle commencerait le lundi suivant avec des horaires fixes, de 8 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30, puis, le vendredi, elle partirait une heure plus tôt, elle bénéficierait de chèques restaurant à des prix très compétitifs, et de journées RTT, en raison d’une journée toutes les 3 semaines, puis de 2 semaines en plus des congés auxquels elle avait droit, mais à prendre uniquement hors des périodes de congés scolaires. On lui ferait signer un contrat de 3 mois renouvelables, puis en fonction de sa compétence au travail, cet emploi pourrait devenir un CDI. Madame Guillard allant même lui conseiller une petite agence immobilière tout près de la bibliothèque afin qu’elle puisse trouver le logement désiré et bien sûr, elle pouvait y aller de sa part sans problème.

Caroline n’en revenait pas, elle avait un job alors que la veille, elle partait à l’aventure, sa propre grand-mère, Nanny, décédée de chagrin peu de temps après sa fille, serait très fière d’elle, pensait-elle. Elle parcourait les quelques mètres qui la séparaient de l’agence immobilière quand son téléphone vibra à nouveau. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit Commissariat de Sète affiché sur son portable ! Elle n’avait pas donné son numéro, mais, quand ils avaient fouillé dans ses affaires, la veille, ils avaient dû le noter quelque part. Elle décrocha et en disant « allo », l’interlocuteur se présenta :

« Ici commandant Lionel Rodier, Madame Duchênes, on s’est aperçu hier, sur les docks, il faudrait que vous passiez au Commissariat aujourd’hui pour faire une déposition pour les arrestations d’hier et voir si vous voulez porter plainte contre ces malfrats qui vous ont fait vivre un calvaire le jour de votre arrivée à Sète, mais je veux vous rassurer, Sète est une ville assez calme d’habitude. Et puis votre famille est là pour vous ramener chez vous.

— Je ne veux pas porter plainte et je ne veux pas voir ma famille, vous pouvez leur dire de retourner sur Orléans, je viens de trouver un travail et je ne veux pas rentrer et encore moins avec eux, c’est clair pour vous ? Je croyais que vous aviez compris, donc, non, je ne viendrais pas, j’ai autre chose à faire. Je n’y suis pour rien si vous jouez à la guerre pendant que je me promène.

— Vous devez quand même venir signer votre déposition, c’est obligatoire et nous sommes là pour vous protéger s’il se passait quelque chose dans notre commissariat, mais vous savez, les personnes violentes se tiennent souvent très bien devant des policiers.

— Eh bien, vous ne connaissez pas ma famille, Monsieur Rodier et il y a bien longtemps que je n’attends plus rien de la police. Non, je refuse de venir, ne m’attendez pas.

— Je vous ai dit que c’était obligatoire, on ne va pas vous mettre en garde à vue parce que vous refusez de venir faire une déposition quand même ? Vous devez venir et en même temps, je vous rappelle que vous étiez dans une zone interdite, on peut vous verbaliser pour ça.

— C’est ça et maintenant, au lieu de vous excuser, vous me menacez, mais qui êtes-vous donc, Monsieur, pour faire ce genre de chose ? C’est un abus de pouvoir tout simplement. Et non, je ne veux pas me déplacer, vous n’avez qu’à la signer à ma place, cette déposition.

— Mais, je ne peux pas la signer pour vous, Mademoiselle, et je fais mon travail moi. C’est à vous de venir pour signer cette fichue déposition. C’est la loi et c’est obligatoire.

— Et moi, je vous dis que je ne veux pas venir et je ne vous dirais pas où je dors, vous risqueriez de recommencer à jouer à la guerre. Je ne veux pas mourir maintenant.

— S’il vous plaît, mademoiselle Duchêne, on est vraiment désolés pour tout ce qui vous est arrivé hier, on vous l’a dit, mais j’ai besoin de votre déposition. Il en va de l’arrestation de trafiquants de drogue, alors pouvez-vous venir s’il vous plaît ? »

Caroline hésitait encore et elle avait déjà oublié la présence de son père et de son frère. Voyant qu’elle était en train de fléchir. Le commandant Rodier appuya sa demande :

« Vous pouvez être là vers quelle heure ? C’est important que vous soyez présente pour signer cette déposition. »

Caroline soupira puis accepta.

« OK, j’arrive, je serais là dans 30 minutes environ, se souvenant subitement que ses parents étaient présents au commissariat, dites surtout à ma famille de repartir très vite, je ne veux pas la voir.

— Ce sera fait, ne vous inquiétez pas. »

Caroline prit son temps pour arriver, elle laissa un message à Alain Delors, son nouvel ami médecin, pour qu’il vienne la chercher, au commissariat s’il le pouvait, car elle avait laissé sa voiture au parking de l’hôtel, le soleil et les températures clémentes l’avaient incité à se déplacer à pied. Elle lui dit également qu’elle venait de décrocher un job et elle voulait tout lui raconter.

Elle arriva au commissariat une bonne demi-heure plus tard et de suite, elle reconnut son père, rouge de colère et son frère également en rage. Elle ne put reculer ni hurler, ils étaient là, devant elle à l’attendre de pied ferme. La claque magistrale que son père lui donna en premier l’envoya s’asseoir sur le côté du banc sur lequel des personnes attendaient pour porter plainte, elles s’étaient soudainement levées pour ne pas prendre de coups. Un coup de pied de son frère dans les côtes la fit tomber par terre et sa respiration en fut coupée. Son père se rapprocha encore pour lui donner deux gifles en aller-retour tandis que son frère lui tirait les cheveux pour la relever. Aussitôt, des policiers sortirent de partout pour arrêter ces énergumènes en furie, le commandant Rodier, lui-même, accourut vers Caroline pour essayer de la relever, au moment où Florent sortit de son bureau, blanc comme neige et Alain Delors ouvrait la porte du commissariat en même temps. Des coups furent portés de part et d’autre, une véritable bagarre dans le commissariat éclatait, des policiers durent venir en renfort pour maîtriser les deux hommes qui continuaient à insulter et se débattre. On arriva quand même à les menotter, mais les deux hommes vociféraient et frappaient quand même.

Quand les deux hommes furent maîtrisés et menottés directement par Florent Barny et François Laroche, assistés de policiers, Alain alla près de Caroline pour constater ses blessures. Le père et le fils furent emmenés directement dans une cellule. Le nez de Caroline saignait à nouveau, sa joue déjà meurtrie se mettait à saigner également et ses cotes lui faisaient terriblement souffrir. Elle ne sentait plus son cuir chevelu, elle était sûre que son frère lui avait arraché une partie de son crâne. Sa respiration était saccadée. Une femme blonde et élégante arriva également. Elle demanda à Florent et François, également présent, d’emmener Caroline en salle de pause. Là où elle serait au mieux pour reprendre ses esprits. Florent attrapa Caroline avec une main sur sa nuque et l’autre sous ses jambes et la porta dans ses bras directement là où la femme blonde l’avait décidé.

Caroline ne maîtrisait plus rien, ses larmes coulaient, elle ne pourrait jamais être en paix, elle voulait en finir, rejoindre sa mère et sa grand-mère et ne plus subir ces assauts de violences qui n’en finissaient pas. Sa tête penchée sur l’épaule de Florent, elle n’arrivait plus à s’arrêter de pleurer. Quand elle fut installée, Alain lui prit la main et la rassura, tandis que la femme blonde s’approchait d’elle et demanda à ce que tout le monde parte pour la laisser reprendre ses esprits.

« Je m’appelle Virginie Michaud, je suis inspectrice dans la brigade de recherches du commissariat, j’ai entendu parler de vous hier, et aujourd’hui, je comprends pourquoi vous êtes partie de chez vous, vous en avez le droit et eux, même s’ils sont votre père et votre frère, ils n’ont aucun droit sur vous et surtout pas celui de vous frapper, il y a des tas de témoins et vous devez porter plainte, on va vous écouter et on va vous protéger, ils devront rendre des comptes devant la justice.

— Vous avez raison, madame Michaud, lui répondit Alain, mais avant, il faut que je m’occupe de ses blessures, la joue a besoin d’être désinfectée et je dois lui bander les côtes qui ont l’air de la faire souffrir ainsi que son cuir chevelu qu’elle n’arrête pas de toucher.

— Bien sûr Docteur, je vais chercher ce qu’il faut, faut-il appeler une ambulance pour la déposer à l’hôpital ?

— Pas d’ambulance pour le moment, je vais l’examiner avant. Pouvez-vous aller jusqu’à ma voiture, j’ai ma trousse de soins à l’intérieur, c’est la Volvo V40 Blanche garée sur le parking juste en face, je vous donne les clefs. »

Virginie approuva de la tête et sortit doucement de là, elle demanda à un jeune policier de bien vouloir interdire l’accès de la salle jusqu’à ce que les gens de l’intérieur soient ressortis.

Pendant ce temps, le commissariat était en ébullition, jamais on n’avait vu un tel chahut, un père et son fils se déchaîner à ce point sur une femme qui était en plus un membre de leur famille. Les deux hommes étaient à présent sortis de leurs cellules pour être interrogés dans le bureau du commandant Rodier, Florent et François se retenaient de les frapper, car ils ne pouvaient pas tolérer que des femmes soient battues par des hommes. Hier encore, ils avaient eu du mal à la croire quand elle se disait battue par son père et son frère, mais ils venaient d’avoir un aperçu de cette violence et ils n’en revenaient pas.

« Messieurs Duchênes, commença le commandant, vous…

— Je n’en ai rien à foutre de vous, je ramène ma fille et c’est tout lui coupa la parole Patrick Duchênes, et puis, c’est pas toi qui va venir faire le ménage chez moi, et la cuisine, on bouffe comment si elle ne la fait pas, la merdeuse ?

— Elle va voir, cette saloperie, ce qu’elle va prendre quand on sera à la maison, répliqua le fils.

— Taisez-vous maintenant, leur ordonna le Commandant, vous n’êtes pas en état de me répondre, vous êtes ivres, je vous mets en cellule de dégrisement et ensuite, si vous vous souvenez de ce que je vous dis, vous serez en garde à vue, vous pouvez faire appel à un avocat et si vous n’en avez pas, un vous sera désigné d’office. Qu’on m’emmène ça hors de ma vue, je ne les supporte plus.

— Non, mais pour qui il se prend, celui-là ? Attends un peu, connard, tu veux la sauter ma fille hein, elle te plaît si fort que ça pour que tu la défendes comme ça, on a encore le droit de foutre des raclées à nos mômes quand ils font des conneries non ? C’est pas interdit par la loi, ça, et ce n’est pas une espèce de con de flic comme toi qui va m’en empêcher. »

Et d’un coup, il lui balança un coup de poing, sans que ses mains soient détachées de ses menottes. Lionel ne put éviter le coup et le reçut en pleine mâchoire, aussitôt, il lui fit une clef d’étranglement et le mit par terre pendant que Yohan se mettait à rire.

« Il a mis un pain au flic, bravo, papa, t’es le plus fort. »

Florent Barny et François Laroche les firent sortir du bureau illico presto et les ramenèrent directement en cellule sans ménagement malgré leurs cris de protestation.

Une heure plus tard, le commandant qui ne semblait pas blessé par le coup porté rassembla ses inspecteurs et leur dit : « 2 grammes 8 pour le père et 2 grammes 2 pour le fils, ils peuvent dégriser jusqu’à demain matin, je ne le crois pas, comment peuvent-ils faire autant de kilomètres avec autant d’alcool dans le sang ? Faites-moi un rapport détaillé de ces deux-là et qu’on me le ramène aussi vite que possible. »

Pendant tout ce temps, Caroline était avec Alain et ne s’arrêtait plus de pleurer, Virginie avait amené la trousse du médecin et celui-ci l’examinait attentivement. Heureusement, les coups étaient plus impressionnants que graves, les côtes n’étaient ni fêlées ni cassées, le nez et la joue saignaient parce qu’ils étaient encore fragiles des derniers coups reçus. Les nerfs étaient à vif et si on n’y prêtait pas garde, elle risquait de faire une dépression. Virginie lui fit part de l’arrestation de son père et de son frère en lui certifiant qu’ils allaient sans doute être condamnés pour ce qu’ils venaient de faire. Dès qu’elle se sentirait un peu mieux, elle pourra aller déposer sa plainte et aussi signer le compte rendu de la veille. Alain lui proposa de rester avec elle jusqu’au lendemain en l’invitant même à dormir chez lui, le soir, ce qu’elle accepta sans hésitation. Virginie lui apporta un verre d’eau et l’aida à arranger sa tenue, heureusement, rien n’avait été déchiré, seulement quelques taches de poussières quand elle était tombée. Elle se fit accompagner également dans les toilettes afin de se mettre un peu d’eau sur le visage pour se rafraîchir. La honte ne la quittait pas et quand elle arriva dans le bureau du commandant Rodier, elle était devenue rouge pivoine. Elle reconnut François Laroche et Florent Barny, tous deux étaient aussi blancs qu’elle était rouge. Le Commandant la fit s’asseoir et lui proposa, lui aussi, un verre d’eau ou autre chose si elle le désirait. Entourée de Virginie et d’Alain, ils lui tenaient la main chacun d’un côté et elle se sentait un peu rassurée par leur présence. Alors, le commandant débuta.

« Madame, ce que vous venez de subir est inacceptable et inadmissible, votre père et votre frère sont en cellule de dégrisement et ensuite, ils seront placés en garde à vue, je ferais mon possible pour les renvoyer chez eux afin qu’ils soient jugés sur Orléans. Votre père est âgé de 63 ans et est en retraite depuis 2 ans de la Chaudronnerie Papin de Saint-Jean-de-la-Ruelle dans le Loiret, un arrangement a été conclu pour le laisser partir plus tôt en retraite parce qu’il s’enivrait sur son lieu de travail, l’entreprise a bien voulu financer ses points de retraite manquants pour qu’il puisse partir plus tôt. Florent se mit à soupirer tandis que François secouait la tête en signe de dépit. Votre père a vu son permis être annulé l’an dernier pour conduite en état d’ivresse et bagarre sur la voie publique envers un groupe de jeunes qui écoutaient de la musique trop forte à son goût. Caroline écarquillait les yeux, car elle ne connaissait pas ce compte-rendu et son étonnement n’échappait à personne.

— Mais il continuait à conduire, tous les jours, il allait au bar du quartier “Le Narval”, s’écria Caroline, et il nous avait dit que son service à la chaudronnerie s’arrêtait et qu’il le mettait en retraite, jamais il ne nous a dit que c’était un arrangement ! Quelle honte, mon dieu, que j’ai honte !

— Vous n’avez pas à avoir honte, c’est lui le seul Responsable de tout ça et vous avez tout notre soutien. Votre frère, Yohan Duchêne âgé de 29 ans, travaille chez Uniprix, petit commerce de quartier à Orléans, où il est manutentionnaire. Lui aussi, il a été arrêté pour conduite en état d’ivresse, il a pu récupérer son permis, le mois dernier et il doit paraître prochainement au tribunal pour attouchements sexuels sur une jeune fille de 16 ans et tentative de viol sur une femme de 22 ans. Je suppose que vous ne connaissiez pas non plus ces faits.

— Bien sûr que non, je ne les connaissais pas. Je ne veux plus les voir, plus jamais de ma vie. Et ma maman, elle est bien morte d’une rupture d’anévrisme ou bien elle a été empoisonnée ou violée ou je ne sais pas quoi d’autre par ces deux-là puisqu’elle aussi a pris des coups, la pauvre, elle n’a jamais voulu quitter mon père, on aurait été si heureuses toutes les deux ? Et là encore, elle s’écroula en sanglots. Non, je ne veux plus les voir, puis se levant, elle voulait à nouveau partir et lâcha, je vais rejoindre ma grand-mère et ma mère, je n’ai plus aucun avenir, ma famille, celle que j’aimais n’est plus de ce monde, alors je vais les rejoindre ».

Aussitôt, Alain la berça comme un bébé et lui dit doucement :

« Tu sais bien que tu es comme ma petite sœur, tu viens de trouver un travail, tu vas bientôt trouver un appartement et en attendant tu vivras chez moi. Ne t’inquiète pas, je suis là et je ne te lâcherais pas. » Virginie la prit dans ses bras et la berça elle aussi :

« Non, vous êtes une jeune femme très belle avec plein de qualités, vous avez la vie devant vous, et elle commence à vous sourire, c’est votre chance, une grande délivrance, vous y arriverez, j’en suis sûre et certaine, ces deux-là ne méritent pas que vous mouriez pour eux, croyez-moi. »

Florent la regardait tendrement et avait une envie folle de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, la dorloter et la rassurer, il ne savait pas ce qu’il lui n’arrivait. Il tenait rarement une idylle plus d’une semaine et là il était sous le charme d’une jeune femme qu’il ne connaissait qu’à peine. En plus, il n’aimait que les blondes aux cheveux courts et aux yeux bleus, comme Virginie qu’il draguait ouvertement quand il n’avait personne d’autre à draguer, il avait eu d’ailleurs plusieurs relations avec elle, mais c’était purement sexuel, il n’y avait pas de sentiments et là, aujourd’hui, son ressenti était différent, il ne comprenait vraiment pas ce qu’il lui arrivait. Cette fille n’était même pas son type, avec ses cheveux longs châtains et ondulés et surtout ses yeux dont on ne savait pas s’ils étaient marron foncé, marrons clairs ou verts, tout dépendait du temps qu’il faisait ou de son humeur, et là, c’était plutôt des yeux noirs qui le fixaient. François ne savait plus trop quoi penser, la veille, il l’avait pris pour une fille délurée et il avait devant lui une petite fille fragile qu’on avait envie de consoler.

Le commandant reprit :

« Vu tous ces événements, et votre état actuel, je vous propose de préparer mon compte rendu d’hier et l’enregistrement de votre plainte et vous reviendrez plus tard pour les signer, quand vous vous sentirez mieux, qu’en dites-vous ? »

Caroline acquiesça et se leva avec l’appui d’Alain. Ils sortirent doucement du bureau pour se diriger vers la voiture. Ses jambes étaient en coton, Alain lui proposa d’aller chercher ses affaires à l’hôtel directement. Elle accepta, se rendit à l’hôtel pour récupérer ses affaires et payer sa note. Elle ne savait plus l’heure qu’il était, elle voulait dormir pour ne plus se réveiller. Elle s’écroula dans les bras d’Alain sitôt arrivée chez lui et après une grosse crise de larmes, s’endormit sur son canapé pendant deux bonnes heures.

Il était trop tard pour aller à l’agence immobilière que Madame Guillard lui avait conseillée, les jambes endolories, les côtes un peu douloureuses et les yeux encore gonflés de larmes, Caroline s’en remettait doucement. Alain était assis à la table de la salle à manger en train de travailler sur son ordinateur portable. Son appartement était à l’image d’Alain, salon en cuir marron clair, une petite table basse munie d’un vase, d’un cadre photo représentant une jeune fille brune souriante tenant un cheval blanc par la bride entourait un canapé et deux fauteuils. Plus loin, une commode en bois clair se tenait contre le mur et au-dessus un miroir de même longueur agrémentait la pièce. Une table ronde entourée de quatre chaises complétait l’ensemble. Quelques bibelots sur le meuble, une grosse plante verte et un bouquet de fleurs séchées finissaient d’embellir l’ensemble. Deux grandes baies vitrées donnaient sur un petit jardin fleuri. Deux gros lauriers roses séparaient le chemin vers le garage attenant à la maison.