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Alma, une militaire dévouée, part en mission pour quatre mois, laissant derrière elle Agatha, une jolie professeure, sans aucun moyen de communication. Refusant de laisser la distance briser leur lien, Agatha se résout à lui écrire des lettres, témoins vibrants de leurs pensées, de leurs espoirs et de leur amour. "À travers un écran" explore avec profondeur la force des sentiments face à l’absence, exaltant l’amour et la résilience. Cette œuvre poignante, véritable hymne à l’espoir, interroge sur notre capacité à aimer et à croire à nouveau, même après les épreuves les plus sombres.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Reconnue pour son dynamisme et son énergie débordante,
Agatha D. est professeure de SVT et adjointe en lycée. Son histoire d’amour inspire son écriture épistolaire, où elle mêle habilement réalité et fiction, offrant une exploration poignante des relations humaines et des émotions profondes.
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Seitenzahl: 436
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Agatha D.
À travers un écran
Roman
© Lys Bleu Éditions – Agatha D.
ISBN :979-10-422-6253-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À A. sans qui cet écrit n’existera pas.
À tous ceux qui m’ont entendu trop de fois
parler de toi lors de ces fameux quatre mois.
À Octave et assimilés qui se reconnaîtront.
Cher lecteur, te voici embarqué dans une conversation épistolaire entre nos deux protagonistes. Et c’est ainsi que je vais te raconter l’histoire d’Alma et Agatha, les A2 qui s’étaient toutes deux promis de ne plus jamais ouvrir leurs cœurs et qui se sont laissé, malgré elles, attraper par leurs sentiments… (Oupsi dirons-nous.)
Alors qu’elles pensaient toutes les deux qu’un écran les séparant ne pourrait pas le leur permettre.
Cher lecteur, c’est ainsi que je te laisse découvrir leur histoire et t’en souhaite une belle traversée.
L’écriture et la mise en page de cet écrit appartiennent à l’auteure et le récit appartient à ses protagonistes, car il est volontairement inspiré d’une histoire vraie et sincère issue d’un amour véritable, pur et authentique.
Toute ressemblance avec des faits réels d’une rencontre improbable entre une jolie prof et une lieutenante-colonelle est voulue.
En ce sens, des événements à caractère sexuel ne sont pas lisibles par le jeune lecteur.
Classe de Madame D.
Dictée du mois de janvier 2024,
Ce roman pourrait commencer par « Deux cœurs brisés ne se retrouveront jamais », ou une pièce de puzzle carrée dans un environnement rond fout le bazar comme jamais.
Mais je suis certaine que deux âmes sœurs se retrouveront, cassées ou pas.
Alma
Militaire de carrière
Belle blonde
Maman de deux adolescents
A décidé de ne plus ouvrir son cœur
Agatha
Explosée par la vie
Extra-terrestre identifié
Handicapée
Prof de SVT et adjointe
Étudiante en Master 2
Ancienne religieuse
S’est promis de ne plus ouvrir son cœur
Cette histoire commence donc bêtement alors qu’Agatha surfe sur une application de rencontre amicale en disant vouloir parler à des femmes et qu’Alma y avait simplement indiqué qu’elle voulait discuter entre mamans (ce propos n’est pas celui écrit dans le profil initial à la virgule près, car Agatha le fait de mémoire).
Agatha ne le saura jamais, mais ce bête message envoyé « Permettez-moi de vous dire, même si je n’ai aucune chance n’étant ni de votre génération, ni maman, que vous êtes jolie, car un compliment n’a jamais fait de mal à personne » allait engendrer tant d’échanges ensuite, ainsi que cette histoire qui allait les bouleverser toutes les deux…
La mémoire d’Agatha, votre fidèle rédacteur, ne se souvient pas exactement des propos qui en ont suivi, car pour elle, cet échange n’était que purement amical sans plus, sans moins, et elle ne s’attendait certainement pas aux événements qui allaient suivre… Que cette Alma d’un département complètement opposé au sien réponde et que de nombreux échanges s’ensuivent, avec des heures passées à échanger dans cette année où elle n’avait ni le temps ni l’énergie…
Cher lecteur ou lectrice, c’est avec cette accroche que je te laisse découvrir leur histoire, celle de deux cœurs brisés qu’un jour la Providence a mis sur le même chemin.
Tout comme l’introduction le montrait, les premiers échanges ne furent pas d’un intéressant à toute épreuve, ne liant que peu cette femme de quarante ans et l’autre de vingt-huit ans en face, tant et si bien qu’Agatha qui d’habitude prend en capture d’écran les premiers messages d’une conversation avec une nouvelle personne ne l’avait pas fait avec Alma. Ce n’était pas foncièrement le but, car Agatha parlait à d’autres personnes et Alma ne voulait pas de relation de quelque nature que ce soit… Et puis, dès le début, le tempérament d’Alma s’était fait sentir, quand elle avait ouvertement critiqué les professeurs et leur fainéantise alors même qu’Agatha venait de lui dire qu’elle exerçait cette profession par choix et un tant soit peu par passion (comme elle le dira plus tard, elle en avait pris plein son grade pour pas un rond à ce moment-là). Avec le recul, Agatha se dit que déjà là, il y avait un red flag évident, mais elle a continué à parler à cette femme sans soucis, car son cœur, le meilleur de ses conseillers en règle générale, ne lui disait pas d’arrêter. Alors, Agatha vit peut-être parfois dans un monde de bisounours, même si elle se méfie de plus en plus vis-à-vis de son passé…
Ce fut donc Agatha qui avait été à l’incitative des échanges, mais ensuite ce fut Alma qui la recontacta. Et au mois de décembre 2023, ce fut le temps des premiers échanges de photos suivis d’un essai de masturbation commune à distance sans trop grand succès à la demande d’Alma (et oui, quand il n’y avait pas de sentiments, ça ne marchait pas dès le début… En tout cas pour Agatha ça ne marche pas si pas de « relation » et elle découvrira ensuite qu’il en était un peu de même pour celle qui deviendra sa dulcinée). Et pas à pas de nombreux échanges s’en suivirent, puis il y eut un long temps de disparition d’Alma, mais qui ne perturba pas Agatha bien trop occupée à aménager dans sa nouvelle demeure et à préparer un master 2 en sus de deux emplois…
Lors de la seconde semaine de vacances de décembre, Alma la recontactera et s’en suivra de nombreux échanges… de plus en plus fréquents, longs et intimistes… Même si Alma disait toujours qu’il fallait qu’Agatha laisse sa porte ouverte à une autre demoiselle qui pourrait se proposer, elle se dévoilait pas à pas, et Agatha en remerciait le Seigneur chaque jour, mais elle commençait à comprendre que quelque chose se passait sans savoir le nommer… En fait, elle ne voulait pas le nommer, car pour elle des sentiments ne se développaient pas en distanciel, mais qu’en réel. L’intellectuelle qu’elle était ne pouvait en penser autrement, elle se fera bien avoir, tient !
Puis il y eut des temps de plus en plus sympathiques de jouissance mutuelle par écrans interposés (pas forcément en live comme aimait le dire Alma et pas forcément sexuel comme le disait Agatha) et Agatha savait que pour que ce stade arrive, c’était que la blondinette lui faisait un effet bien plus grand que sur son simple corps… Elle savait aussi que les pensées ne devaient pas descendre au cœur, car assez vite, Alma mettra sur le tapis le côté virtuel… Demandant si cela était dérangeant, car elle ne « voulait pas de rencontre » et disant même que si quelqu’un se présentait dans la vie d’Agatha, Alma s’éclipserait. Agatha ne voyait pas là-dedans un inconvénient, car était-elle vraiment prête à faire confiance et à se « casser » rien n’en était moins sûr… Elle avait tant encaissé ces dernières années et venait de retrouver une certaine stabilité dans sa vie, qui restait bien mouvementée entre Master, maison en travaux et deux boulots. Mais Alma se connectait de plus en plus souvent, de chez elle et de chez sa sœur, avec ses enfants… (Agatha se sentait même mal, car elle l’avait gardée sur l’appli un soir où elle regardait un film avec ses enfants, mais elle aimait l’avoir « avec elle ».) Agatha commençait à comprendre qu’elle ne la laissait pas de marbre, bien loin de là, mais sur cette appli on ne sait jamais, peut-être qu’elle se connectait ainsi avec d’autres aussi. Mais déjà, elle sentait que cette relation n’était pas tout à fait comme les autres… Alma annonçait qu’Agatha était belle et désirable et Agatha ne pouvait aimer que ça, mais la jouissance sexuelle, bien que sympathique, ne l’était pas que… Et c’est là qu’Alma avoua qu’au départ, elle avait trouvé la professeure bien trop sage et qu’elle aimait qu’elle ait cassé sa carapace… Pas à pas… Maintenant le feeling était là, et quel punaise de feeling. Elle avouait aimer jouir avec Agatha et le fait qu’elles parlent ensemble. Elles passaient de longues soirées ensemble via écrans interposés et elles kiffaient ça. Et elles commençaient à se donner des rendez-vous sur l’application, pas à pas une relation se créait et des détails de vie se partageaient. Elle était la maman de deux L, une fille de seize ans et un garçon de quatorze, elles échangeaient sur leur passé compliqué avec des exemples plus que personnels, pas à pas elles se livraient alors que toutes deux voulaient au départ se protéger. Agatha aimait la ravissante blonde de douze ans, son aînée, et Alma aimait Miss Boobs comme elle la nommait, car Agatha avait des airbags en 110 d. Mais Alma redisait à quel point elle ne voulait pas de rencontre, qu’elle voulait rester seule suite à son divorce d’il y a quatre ans maintenant, mais avouait qu’elle se masturbait seule ou avec Agatha et qu’elle aimait mieux en sa présence. Elle avait un attrait réel pour la jeune professeure également étudiante, mais ne croyait plus en l’amour, dans le couple et autres assimilés… Elle annonçait également qu’une vie à distance, tel le film « l’étudiante », n’était pas viable. Agatha avouera avoir regardé ce film, voulant comprendre, et alors combien de couples vivent à distance, elle ne voulait pas penser à ça et Alma disait pas de relation, mais y pensait par ses remarques… À la fois, Ange et Démon, perturbant pour la professeure.
Agatha avait cependant noté un message d’Alma « Fais ce que tu veux, on se retrouvera toujours » qui trahissait un peu un semblant de sentiments… Elle partageait également les moments passés avec sa sœur, ses neveux et nièces, ses enfants, son passé… Celle qui ne voulait pas se livrer le faisait pas à pas et sur tous les aspects qui font sa vie et ça plaisait à Agatha, il faut l’avouer. Et Agatha avoue que ça la faisait craquer. Un peu. Un tout petit peu. Cependant, elle savait que ça ne resterait que par écrans interposés, mais cette parenthèse enchantée lui plaisait de plus en plus. Mais Alma doutait sur ce point, elle redisait souvent « tiendras-tu à ce que je sois que ton petit plaisir virtuel ? » Mais déjà là, elle n’était pas qu’un plaisir, car si tel était le cas, ce ne serait que jouissance et les moments de jouissance étaient bien minoritaires par rapport aux moments cocooning et partage réciproque de moments de vie.
À la rentrée de janvier, Alma et Agatha échangeaient au moins trois fois par jour, matin, midi et soir… Alma avait le don d’envoyer des coucous réguliers, qui faisaient sourire Agatha, qui découvrit ainsi qu’on pouvait s’envoyer des messages hors connexions sur cette appli. Elle usait également d’un mot fort de sens « ma chérie » renvoyant à l’être tendrement aimé… Jusqu’au jour où Agatha lança les mots « notre relation me perturbe », car de fait, Alma qui ne voulait rien de rien, envoyait un bonjour au petit matin, un coucou au midi, un « je suis rentrée au soir » et utilisait un mot fort pour les oreilles d’Agatha « ma chérie ».
Et puis est arrivée la vraie première soirée cocooning (le 7.01.24) en mode on se pose à deux dans un lit et on discute de tout et de rien comme deux copines. Et c’est là qu’Alma a avoué avoir pas mal vadrouillé, car son papa était militaire, avoir des attaches dans le Var, car ses parents y ont acheté une maison, avoir vécu trois années dans le Nord, collégienne, et aimer qu’on lui en parle, être ingénieure… Avoir eu sa fille à vingt-quatre ans et son garçon deux ans après (n’avoir qu’eux et sa sœur, elle aussi maman divorcée de deux enfants proches en âge des siens, divorcée et être très famille et catholique) et ne pas avoir été en couple depuis son divorce, fin selon ses propres mots « ne pas avoir eu de miss à elle ».
Et elle a enfin répondu à la question qu’Agatha lui avait posée : pourquoi les femmes ?
C’est aussi ce soir-là qu’Agatha fut en totale confiance afin de lancer le boulet de canon absolu après la question « as-tu déjà eu des mecs ? » de « j’ai été abusée dans mon enfance et n’ai jamais voulu de baise avec un homme, car je n’aime pas ça » et Alma a eu le réflexe ultime d’un amour immense de dire « je te prends dans mes bras même si tu es nue ». Peut-être est-ce à ce moment-là de communion ultime qu’Agatha est tombée finalement amoureuse de la militaire… Alors qu’elle ne voulait pas s’exposer – encore moins avec une femme – et avait mis des barrières à son cœur… Et quelles barrières ! Mais elle avait signé avec Alma pour un no joker, no tabou, alors elle avait acté… Ce soir-là, alors qu’Alma la disait dans ses bras, elle la sentait vraiment là, comme l’amante qu’elle était, mais aussi comme la confidente qu’elle voulait… Elles finiront cet échange sur un « j’essayerai d’être ton petit bonheur virtuel » d’Alma, mais quand Agatha dira « et même si Madame l’indépendante veut personne dans sa vie un peu de tendresse ça ne tue personne », Alma répondra « tendresse à distance » et Agatha comprit qu’elle avait des barrières autour de son cœur qu’elle-même ne saurait détruire… C’était ainsi. Et Alma rappelait qu’elle avait peur de fuir. Elle fuira sûrement un jour, Agatha le savait, mais elle avait envie de profiter de ces instants qui lui faisaient tant de bien. Alma acta que n’ayant pas de véritable amie à part sa sœur à cause des déménagements fréquents liés à la profession de son papa, elle se confierait dorénavant à Agatha. Elle ne voulait pas se livrer pour ne pas avoir de failles et ne pas se « mettre en danger », mais pas à pas la carapace cassait… À défaut d’amoureuses, elles étaient déjà confidentes, c’était indéniable…
Agatha dira qu’elle pourrait penser à d’autres demoiselles, et Alma répondra « non, tu me combles ». Alma était jolie comme un cœur, elle aurait pu avoir vraiment qui elle voulait et ses mots résonneront donc longtemps dans le cœur d’Agatha qui, de plus, ne se sentait pas vraiment jolie. Elle se demandait bien comment elle, jeune prof, ancienne religieuse, pouvait combler une femme de cette envergure qui pourrait avoir qui elle veut dans sa vie et dans son lit. Mais elle aimait « ses mots, ses attentions, leur complicité et ses boobs », pas à pas Agatha devenait un peu plus que Miss Boobs…
Cette soirée se termina sur un « Je serai ta confidente à distance, celle avec qui tu peux te caresser autant que tu veux » et pétard entre elles, ça, ça matchait bien, neuf sur une soirée tout de même, jamais Agatha n’avait connu cette réaction de son corps et de son cœur, mais elle savait que bien que la jouissance physique existait quand Alma était là, c’était bien plus que cela. Bien plus… Et pour l’ancienne religieuse admettre cela et l’aimer c’était compliqué, mais le cœur a ses raisons que le corps ignore.
Agatha redemandera l’exclusivité de la communication, car pour elle ce n’était pas une option, mais pour Alma oui, ce soir-là ce fut acté, Alma disant qu’elle sentait que pour la prof cela était important, car elle en parlait souvent. Et le lendemain au petit matin, Agatha avait le premier coucou du matin, celui qui la faisait sourire à coup sûr. Celle qui ne voulait que du virtuel pensait à elle au petit matin, tiens, tiens.
D’autres échanges ont suivi, de plus en plus intimistes et collés serrés… Arrivant à des confidences sur leurs conquêtes respectives (qui de toutes les façons faisaient peine à voir, entre l’ancienne religieuse qui n’ouvre que peu ses cuisses et son cœur et la maman qui ne va pas à droite et à gauche de toutes les façons, privilégiant ses « petits » comme Agatha aimait les nommer). Elles se disaient à demi-mot qu’elles se désiraient, mais que le virtuel et les écrans les séparaient par une demande d’Alma et une acceptation totale d’Agatha. Mais quand Alma était dans le coin, son cœur faisait boom boom et sa chatte explosait de désir, giclant comme jamais auparavant… Cependant ce jour-là, Alma posa ces mots : « Tu me diras si un jour tu as une conjointe, d’ici là je suis là. » Agatha n’était pas ainsi, elle ne donnait pas ses cuisses et son cœur à deux personnes en même temps, c’était impossible ! Agatha lui répondit juste qu’elle lui souhaitait tout le bonheur du monde, car c’est une belle personne, ce à quoi Alma répondit de la même façon… Elles s’aimaient, mais ne savaient pas encore se le dire/écrire… Et Alma clôtura en disant qu’elle n’avait pas envie de laisser quelqu’un rentrer dans sa vie, car elle voulait sa liberté, ne voulait plus se prendre la tête et était épanouie ainsi et ne croyait plus en l’amour… Agatha ne comprenait pas, à quarante ans, renoncer à l’amour c’est dur… Agatha lui dira pour la première fois que quelqu’un(e) quelque part l’aimera. Dans son cœur, même si elle n’ose pas l’avouer, elle pensait déjà à demi-mot que ce serait peut-être elle… Et Alma lui rétorqua qu’elle est une belle personne dedans et dehors… Et le cœur d’Agatha fondit encore une fois… Et les confidences sur son passé qui suivirent n’aidèrent pas. Alma était un cœur blessé et Agatha avait une seule et unique envie : l’embrasser et la rassurer, la serrant contre elle plus que jamais !
Et là à la fin de la conversation, Alma écrivit les mots qu’Agatha attendait : « Je veux continuer à te parler souvent si toi tu veux… Désolée, mais je me suis protégée ». Et avec son passé, Agatha ne pouvait qu’entendre ces mots raisonner et se dire que le chemin serait long pour qu’Alma se laisse un tant soit peu aimer… Mais Agatha était sûre d’avoir quelque chose à faire dans la vie d’Alma bien rangée. Elle avait cependant laissé ouverte une brèche petite certes, mais elle était là… Et bien plus que jamais malgré la distance en centaines de kilomètres, Agatha rêvait de prendre dans ses bras Alma. En avouant avoir été Sœur Agatha, elle se livrait plus que jamais, mais elle lui faisait confiance, son passé était sombre et c’était peu dire (même si votre narratrice ne dévoile ici volontairement pas tous les détails de la vie d’Alma), mais son avenir serait lumineux, elle le voulait pour elle, comme elle disait plus une intelligence du cœur qu’intellectuelle, elle l’aimerait cette têtue lieutenante-colonelle et ce bien que l’armée l’avait aimée avant elle.
Agatha dira à Alma : « Je pense honnêtement que tu as besoin de quelqu’un qui t’aime et qui te montre que tu n’es pas qu’un bout de chair, que tu peux être aimée et jouir en même temps, mais parce que TOI tu l’as décidée. » Agatha voulait essayer de combler ce manque d’amour qu’Alma avait d’abord envers elle-même. Elle lui disait lire en elle, pétard qu’est-ce qu’elle la comprenait, un livre ouvert de bonté.
Le lendemain, Alma demandera à Agatha si elle voulait toujours lui parler après tout ce qu’elle avait avoué de son passé et de ses pensées. Quelle question ! Bien sûr, plus que jamais ! Mais Agatha comprendra là le manque de confiance d’Alma, elle avait peur qu’on la rejette et en quelque sorte d’un abandon alors que c’était elle la victime dans cette histoire, elle n’avait rien fait de mal, elle était juste une femme meurtrie de quarante ans, mais qui l’espace d’un instant était redevenue l’ado apeurée et ça Agatha ne pouvait le supporter… Elle n’avait jamais rien fait de mal ! JAMAIS ! Elle ne savait pas où cette histoire les amènerait, mais ce dont elle était sûre c’est que cette femme ne devrait plus jamais douter d’elle, qu’elle était une belle personne et qu’une de ses missions serait de lui rappeler malgré les mille et une occupations de sa vie entre master, maison en travaux et deux boulots, Alma était rentrée par la fenêtre, elle ne ressortira pas ainsi de son cœur et de sa vie même si elle ne voulait être qu’un fantasme dans la vie d’Agatha, elle avait fait exploser des murs que seule elle pouvait et une chose était sûre, Agatha était éprise de cette femme. Même si son côté catholique ne voulait pas l’avouer.
Et c’est à partir de là qu’elles parleront à demi-mot d’attachement… Sentant au fond de leurs deux cœurs qu’elles l’étaient déjà… Alma dira même « tu as raison, faut pas que je m’attache », et « il faut que je me calme ». Là déjà les sentiments la dépassaient… Et dès ce moment ; elle dira qu’Agatha va finir frustrée et qu’elle n’aime pas ça. La maman apparaissait… Et après qu’Agatha lui ait répondu qu’avec tout ce qui s’était partagé, elles ne ressortiraient pas de ces échanges comme de vulgaires inconnues, Alma dira « Il ne faut pas que tu t’attaches alors » comme si c’était si simple… Pouvait-elle seulement penser ces mots après tout ça ? Rien n’en est moins sûr. Agatha dira « si on s’attache, on avisera » (même si le si était quasi de trop déjà, elle était attachée de son côté et ne voulait pas encore se l’avouer donc de là à l’avouer à une tierce personne…) et Alma répondra qu’elle ne veut rien aviser… Le ton était clair, Agatha savait. Alma ajoutait qu’elle avait peur que ça finisse en clash (spoiler elle a réussi…), mais Agatha dans l’accueil absolu de ses volontés répétait inlassablement « laisse-toi aimer » et là arrive Saint Augustin et ses trois sens du mot aimer… À demi-mot, elles se le disaient déjà, mais via leur mot d’intellectuelles qui ne devaient pas s’attacher… Et là arrivèrent les mots qu’Agatha n’oubliera jamais « je préfère le sexe romantique à celui sans sentiments, pour moi c’est un échange ». Alma avait résumé en quelques mots ce que le corps d’Agatha pensait en sa présence, sexuelle, mais pas que… Et de cette discussion elles acteront qu’elles seront exclusives, rien qu’elles deux… Mais Alma demandera qu’elle reste ouverte à d’autres demoiselles, c’était mal connaître l’énergumène Agatha ; ce sera elle et elle seule… Un choix (si tant est que ce mot soit approprié, car Agatha ne sentait pas réellement avoir fait un choix) était fait. Alma était dans un mégacontrôle, mais les sentiments, ça ne se contrôle pas et Alma disait que perdre le contrôle lui fait perdre ses moyens, ce sera peu dire… Elle avait des schémas ancrés tellement profonds, il sera difficile, voire impossible de les enlever… Mais ce soir-là, elle dira le premier « je t’aime ». Elle laissait un tant soit peu son cœur s’ouvrir et les sentiments d’Agatha vibreront à ces simples mots, jamais entendus par le passé : Je t’aime. Elle se demandait encore bien comment quelqu’un de si bien pouvait l’aimer, elle qui n’avait rien à offrir et ne se sentait pas belle… Mais elle attrapait au vol, une jolie blonde disait l’aimer et elle n’avait pas le droit de la contredire.
Agatha, bien qu’elle disait que les sentiments ne se créeraient qu’en réel se faisait avoir à son propre jeu, l’ingénieure blondinette en aéronautique, commençait à prendre une part de son cœur… Elle ne s’accordait pas le fait d’utiliser des mots doux ou de parler d’Alma à sa « sœur », car dans ce cas, cette relation serait réelle et empreinte de sentiments et Alma n’en voulait pas… Et puis, elles avaient toutes deux mis des protections autour de ce bel organe nommé cœur et pour les faire sauter il en faudra du temps… Elles aimaient se retrouver, parfois à la volée, étant donné leur emploi du temps de folie, sourire ensemble, mais aimer est un vaste mot…
Elles se quitteront ce soir-là sur « je ne veux pas jouer avec toi ou te blesser » d’Alma, ce qu’elle fera ensuite cependant… Punaise de sentiments.
Alma avait peur de la pression et de fuir… mais fuir qui, quoi… Elle lui demandait de protéger son cœur et de le garder pour quelqu’un d’accessible, mais Agatha était entière, si elle éprouvait des sentiments, la porte était ouverte et elle se refermerait sur une et unique personne… Et dans la situation présente, c’était elle, elles avaient joué un peu et Alma avait gagné cette place sans même la demander. Alma prévoyait l’avenir : une fuite de sa part, et qu’Agatha serait blessée, elle ajoutait « c’est toujours celle qui reste qui morfle », Agatha n’en était pas sûre du tout… En amour, les deux vivent la passion et les deux souffrent à la fin, quel que soit celui qui part.
Agatha le sentait, elle fuyait la relation car source de souffrance et le bonheur, car elle risquait l’abandon…. Et Agatha laissera ici, l’air de rien une adresse mail, car Alma ne voulait pas d’un numéro de téléphone et Alma glissa à demi-mot ce qu’Agatha avait déjà compris, « Je suis militaire » et « Je bouge tous les deux à trois ans, alors pour trouver quelqu’un qui accepte, et qui comprenne les contraintes d’horaires complètement farfelus, à part un militaire (ce que j’ai fait, lol) il faut se lever tôt, mais je me lève déjà tôt… mdr » et que l’armée c’était un monde à part, qui ne matchait que peu avec les personnes qui n’aiment pas le contrôle ou prendre une décision assez vite. Agatha avec sa précédente vie religieuse comprenait, vivre avec sa vie en paquetage sans attaches, seule… ça ne lui faisait pas peur, mais Alma ne le comprenait pas… Et puis Agatha avait déjà réfléchi à cette vie, pour elle-même, il y a des années, bouger ne lui faisait pas peur, les ordres à la con non plus, mais pour faire comprendre ça à Alma, bon courage. Ce serait sûrement un échec de mission, mais mission acceptée.
Le lendemain, elles parleront du job d’Alma, de sa fille et de ses études et très sérieusement d’avenir potentiel commun toujours sous la forme de l’humour, mais tout de même, et Alma répétera qu’elle a peur de fuir, comme un credo inlassable… Agatha lui répondra qu’elle pensait qu’elle fuirait quand elle aura des sentiments pour ne pas souffrir, et Alma répondra « exactement, mais c’est toi qui souffriras ». Elle avait prévu la suite, mais ne le savait pas encore… Agatha avait, elle aussi, prévu l’avenir en disant « et puis si tu fuis, tu reviendras peut-être, tu as encore quarante ans de vie, on verra ». Elle ne savait cependant pas encore à quel point, elle souffrirait de cette fuite… Cela relevait d’une hypothèse, pas d’une fatalité encore… Mais Agatha conscientisait aussi qu’elle était blessée et avait un job exigeant, de militaire, de maman et de femme… Mais malgré cette peur de s’engager, elle était encore là, elle avait peur de sa fuite, mais elle aimait être avec elle. Et Agatha, comme à son habitude de vie, voulait garder le verre à moitié plein, pas vide. Les lunettes de l’espérance, et elle sentait que cette jolie mili en valait le coup, pas à pas, elle faisait aussi sa place dans son cœur et ça elle ne le contrôlait pas.
Cet échange fut le début des premiers doutes. Agatha, très entière, avait demandé à une de ses amies comment gérer la relation avec un militaire, car Alma annonçait que pour vouloir vivre avec un militaire il fallait se lever tôt et que cependant elles se levaient déjà tôt, l’une par volonté et l’autre pour travailler sur son master. C’était un de ses arguments phares pour ne pas créer de relations…
Et c’est donc ainsi qu’un lundi soir tout a basculé quand Agatha a dit que cette relation la perturbait et qu’Alma a répondu ne pas vouloir prendre de décision. Agatha l’avait bousculée, ce n’était pas son but, mais il le fallait et pour une fois, c’était elle qui posait les questions de sentiments même si elles ne s’attendaient pas à des sentiments si tôt, si vite, si intenses… Alma a eu peur… Juste une peur provenant du fond des entrailles… Elle ne voulait pas d’une vraie relation et disait qu’elle sentait qu’Agatha si, Alma ne voulait que d’une simple complice. Agatha rappela simplement que plus elles se parlaient, moins la relation ne serait que « pour se lâcher » et Alma acquiesça. De plus, avec tout ce qu’elles s’étaient partagé, elles n’étaient et ne seraient plus jamais de simples inconnues… Bref, elles étaient dans un cul-de-sac… Et aucune d’entre elles ne voulait prendre de décision, mais il fallait poser des mots dans ces deux vies à mille à l’heure qui étaient les leurs et dans lesquelles elles prenaient le temps de se parler, car toutes deux en avaient envie.
Le lendemain soir, elles ont toutes deux fondu en pleurs quand Alma dira son premier au revoir… Il aurait pu être le seul, mais ne le sera pas. Alma commença son propos (annonçant déjà l’issue) par « Tu me fais culpabiliser là, je vais moins venir si ton boulot en pâtit ». Agatha lui répliqua de ne pas trouver d’excuses pour fuir et Alma répliquera qu’elle le devrait forcément. Agatha demanda pourquoi cette fuite « obligatoire », mais n’aura jamais de réponse à sa question… Elle ne savait pas ce qu’elle voulait… Agatha elle le savait, elle la voulait elle, et ce même en épistolaire. Une relation ainsi était rare et elle ne voulait pas la perdre… La mili qui disait devoir prendre des décisions rapides était bien moins sûre de ce qu’elle voulait, alors que la professeure, bien que bousculée par ses sentiments naissants, le savait… Elle redisait qu’il n’y aurait pas plus, jamais, mais Agatha le savait ça elle l’avait dit déjà moult fois… Mais Alma avait peur d’un mur que seule elle construisait… Elle rappelait qu’Agatha serait blessée à terme (ce fut le cas et alors), Agatha était bien plus forte qu’Alma ne le comprendrait jamais. Elle avait vécu tant de déceptions dans sa vie qu’une de plus ou une de moins, ça ne lui faisait pas peur et son cœur lui disait de suivre cette relation avec cette femme, quelle qu’en soit l’issue finale…
Son premier au revoir fut celui-ci : « Je te laisse partir pour ne pas te blesser parce que tu voudras plus et que tu me consacres trop de temps », ce qui brisa le cœur d’Agatha en mille et un morceaux… Elle acceptait ses conditions et utilisait son temps comme elle le souhaitait. Agatha lui répondra plein de larmes qu’elle ne la protégeait pas en faisant ceci, qu’elle avait son temps et qu’elle savait où la retrouver au cas où et qu’elle avait le droit au bonheur et à quelqu’un qui la considérait vraiment. Elle ajouta : « Je ne sais pas si je dois l’écrire, mais au point où on en est : je n’ai pas perdu mon temps, tu es une belle personne et quoi que tu veuilles, tu gardes une place dans le cœur d’une certaine prof. » Ces mots seront véridiques bien plus longtemps que ce simple soir, et ça, Agatha le conscientisait déjà. Alma lui répondra juste « merci toi aussi », d’une froidure ultime. Mais Agatha comprendra ensuite que plus les mots d’Alma étaient froids, militaires et courts, plus c’était synonyme de moments où Alma était perturbée et ne savait poser mots… Un simple « ok » ayant parfois plus de sens que mille et une phrase dans ses échanges…
Agatha ajoutera : « Promets-moi que tu te laisseras aimer même si ce n’est pas par moi ? » Agatha voulait son bonheur, même si celui-ci était peut-être synonyme de son absence et qu’Alma aille dans les bras d’une autre. Elle pesait ces mots, même si elle aurait préféré que ce soit dans ses bras, elle l’aimait déjà tellement que son bonheur fut ce qui importait le plus.
Auquel sa dulcinée répondit « je n’en sais rien », cœur de pierre… Elle l’avait fermé et pour en trouver la clé ce serait une histoire longue et compliquée… Il faudra du temps, de l’énergie et beaucoup d’amour.
Agatha ajoutera « et tu as tort, ce n’est pas celui qui reste qui souffre/souffrira », car elle sentait que dans cet au revoir, elles souffraient et souffriraient toutes deux.
Réponse d’Alma, toujours si courte et compliquée pour elle : « Je sais. »
Elles souffraient toutes les deux, et Alma restait sur sa position… Elle avait peur de ses sentiments et Agatha la sentait mal, elle ne voulait pas en ajouter malgré les larmes. Elle lui dira ne plus voir clair et la laisser revenir si elle voulait une part de bonheur.
Alma répondra qu’elle préférait la quitter aujourd’hui que demain, car plus le temps passera plus elle aura de la peine suite à sa fuite, mais qu’elle était désolée de lui faire de la peine, un vrai « je t’aime moi non plus… ». Agatha, énervée et fatiguée, répondra : « Tu fuis tes sentiments, pas moi, tu fuis le bonheur, pas moi, et tu te blesses aussi toi, tu fuis ton propre cœur pas le mien et ça je l’ai compris bien tôt aussi. » Alma fuyait son bonheur, ses sentiments et non pas la personne en face d’elle. Elle avait un cœur blessé d’une puissance infinie et elle se cachait derrière le fait de vouloir protéger non pas sa propre personne, mais celle d’Agatha.
Quand Alma lui souhaita une belle nuit (comment pouvait-elle être belle après ceci ?), Agatha lui répondit qu’elle ne dormira pas ou peu, et Alma répliqua un peu pour se dédouaner « Tu vois que je ne suis pas quelqu’un de bien donc, fuis-moi » ce qui eut le don d’énerver la jeune prof qui n’avait jamais pensé ça, et comment celle qui faisait déjà battre son cœur pouvait-elle penser ça ? Elle répondit donc : « Je n’ai jamais dit ça, tu es quelqu’un de bien !!!!!!! Tu te dévalorises et c’est comme pour les petits. Arrête de croire que tu n’es pas une belle personne. »
Alma clôturera par : « Tu trouveras quelqu’un de bien (Agatha n’avait qu’une envie : répondre oui toi !), je te le souhaite de tout mon cœur, je suis désolée du mal que je te fais (déjà fait, ma belle). Je t’embrasse. Prends soin de toi. » Agatha ne pouvait même pas lui en vouloir, fin, pas totalement, car même dans un au revoir déchirant, elle disait « je t’aime » avec ses mots… Elle l’embrassait et voulait qu’elle prenne soin d’elle. Elles s’aimaient et ne savaient pas vraiment se quitter… Un au revoir au goût de se revoir…
Mais la tête d’Agatha était en mode surchauffe, comment dire je t’embrasse à quelqu’un que tu quittes ! Elle répondit donc « tu es quelqu’un de bien, mais tu veux l’entendre que de la bouche de tes ados et de ta famille. Fais gaffe à toi dans cette semaine de fou et ouvre ton cœur. Tu sais où me trouver si l’envie t’en prend ». Agatha laissait la porte ouverte à celle qui la fermait à coup de pied monumental. Elle ajouta « et tu as dit que tu ne m’interdisais pas de t’aimer alors je suis peut-être complètement folle, mais je continuerai, car tu le mérites même si tu ne le crois pas » (votre narrateur qui écrit ceci le deux mars se dit que c’est encore tellement d’actualité ! Son cœur souffrait, que dis-je, leurs cœurs souffraient en unisson). Elle s’excusait pour Agatha, mais elle lui disait qu’elles étaient perdantes toutes les deux, elle voulait une confidente et amante virtuelle, Agatha l’acceptait, Alma entendait une demande de « vraie » relation, mais Agatha la voulait elle dans sa configuration ni plus ni moins… Mais il y avait sentiment. Et Alma essayait de se convaincre que se quitter était mieux que tout. Mais Agatha redira qu’une jolie prof l’attendra à l’autre bout de la France, même quand elle la quittait, elle l’aimait… Putain de sentiments, franchement…
Agatha renverra des messages redisant ses volontés, que l’épistolaire elle aimait ça, elle est allée la rechercher, elle la têtue et chiante lieutenante-colonelle qui avait fui. En plus, avec les cours à distance à cause de la neige, Agatha avait le temps de ressasser et d’envoyer des messages à cette jolie blonde. Elle la sentait déjà connectée en lien plus que jamais et ne s’expliquait déjà pas ce lien fort, puissant, invisible même dans la fuite. Elle lui proposa une soirée cocooning sans prise de tête, Alma ne viendra pas, mais elle lui enverra des messages d’amour, sensuels comme jamais. Elle avait envie qu’elle se détende dans ses bras, même si son corps n’y arrivait plus, car elle n’était plus là… Ses sentiments étaient liés à son corps et l’inverse était vrai… Elle souffrait de son absence et sentait, elle ne sait pas pourquoi que l’inverse était vrai…
Et puis Dieu est sacrément tordu dans cette histoire, car alors qu’Alma fuyait en disant d’aller dans les bras d’une autre, réapparition inopinée pour Agatha d’une personne qui lui avait plu des mois avant via l’application, mais aucune possibilité, car son cœur était pris, même si Alma répétait qu’elle devait laisser la porte ouverte, il le serait pris à jamais un peu tout du moins par une belle blonde et il ne serait pas honnête pour aucune des trois parties de se lancer dans ceci… Et une collègue dira par messages interposés de sa relation personnelle « Aimer c’est parfois souffrir un peu, aimer c’est accepter de ne pas tout contrôler et être parfois vulnérable. Mais ça en vaut la peine » elle ne savait pas la situation qu’Agatha était en train de vivre mais ça raisonnait tellement pour Agatha…
Le lendemain, Agatha aura le droit à un simple « ça cogite » si elle savait que ces mots les tiendraient pendant six mois… (le temps des échanges ajouté à l’Opex) et Agatha aura le droit aussi au premier « si on ne se revoit pas ». Dans la tête d’Agatha, ces mots ne pouvaient résonner, car elle croyait en la Providence et en un Dieu miséricordieux, IL les remettrait sur la route l’une de l’autre, elle en était convaincue. Agatha finira par un message en disant « soit tu me dis que tu ne veux rien de rien et je m’en vais, mais suis certaine qu’on se retrouvera, soit tu veux de cette relation épistolaire, n’ai pas peur du mur et tu as le droit au bonheur même relatif ». Elle recevra en retour, un « je ne veux rien de rien, tu peux arrêter, bises ». Elle aurait peut-être dû s’en arrêter là, mais Agatha a répondu qu’elle arrêterait de l’embêter et qu’elle la remerciait de tous ces échanges et moments passés, qu’elle lui souhaitait le meilleur du monde et qu’elle était une belle personne. Elle était blessée de devoir la laisser, mais il fallait respecter ses volontés.
Alma lui répondra qu’elle la remerciait également, qu’elle lui souhaitait tout le bonheur du monde et qu’elle l’embrassait pour la dernière fois, qu’elle était désolée de lui avoir donné de faux espoirs (mais aucunement ma belle). Agatha dira au revoir et rappela qu’elle était convaincue de la recroiser. Réponse d’Alma : « Ce n’est pas impossible. » Comment deux cœurs ainsi connectés ne le pourraient pas, elles s’aimaient c’était indéniable, mais le mode Roméo et Juliette était usant…
Agatha lui rappela qu’elle savait où la trouver, qui elle était et qu’elle était une belle personne. Elle rappela son adresse email et Alma dira « ici plutôt », mais Agatha rappela que son cœur et sa porte (virtuelle) étaient ouverts et lui demanda de prendre soin de ces « petits » pour elle. Et c’était reparti pour une conversation épistolaire après un sourire décroché. Alma répondit qu’elle n’avait pas fui ni bloqué la jeune prof sur l’appli (pas faux, spoiler elle le fera, pas le blocage, la fuite bien plus définitive). Elles resignèrent donc pour une parenthèse épistolaire virtuelle en se disant cependant qu’elles avaient des sentiments (d’abord Alma puis Agatha) et Agatha rajoutera « ne me demande plus jamais d’ouvrir ma porte à je ne sais quelle demoiselle ». Alma essayera tout de même de mettre de la distance en disant qu’elle viendra moins, mais elles n’y arriveront pas ou peu.
Ce qui sera acté, car le week-end qui a suivi elles n’ont eu que peu d’échange, Alma mettait ses limites et ses réserves, mais elle était là… Elle parlait d’Arras, drôle de coïncidence, car Agatha n’y était plus, mais voilà, why not. Elle avait peut-être recherché des informations sur la jeune prof… Agatha remettra des mots sur ce qu’elle veut, Alma la remercia juste et ainsi la distance des mots, mais pas des cœurs était posée.
Le dimanche, elles se retrouveront pour un moment détente qui fait du bien, thé et madeleine à distance. Le genre de moment cocooning qu’elles apprécient et c’est pendant ce moment cocooning qu’Alma a avoué partir en mission et ça Agatha ne l’avait pas encore conscientisé. Elle avouait être partie dans des pays en guerre loin de ses enfants, et là, Agatha comprit que ce cœur était blindé. Ce n’était pas une porte, mais une en béton armé qu’il faudrait passer… Elle partageait la dureté de la mission « pas en mode colonie » et laissait ses enfants à papi, mami ou leur père quand ils étaient ensemble. Et elle annonça la nouvelle : « Je pars bientôt. » Agatha ne put s’empêcher de demander : « Quand ? » La réponse qu’elle ne conscientisait pas encore, « février », et on était fin janvier, soit entre quinze jours et un mois… Et ce pour trois à quatre mois. Agatha ne pensa qu’à une seule et unique chose : ses prières, il fallait qu’elles l’accompagnent. Elle demanda donc l’autorisation de prier pour elle, demande acceptée par Alma. Mais Agatha ne conscientisait pas encore tout ce que cela engageait… Toute la réalité de ce quinzième départ d’Alma en OPEX, mais le premier pour elles deux…
Alma remettra sur le tapis que ces Opex n’étaient pas compatibles avec une vie de couple « normale ». Mais en même temps, Agatha n’était pas « normale », sa vie ne l’avait jamais été, alors au diable la normalité.
Et alors que d’habitude elles se donnaient des rendez-vous pour se retrouver, cette fois-ci Alma dit « ma vie est faite de possibilité, fais ta vie, ne m’attend pas », la distance était posée. Et Agatha demandera si elle était OK pour le crush d’ado qui ne durerait pas une vie. Agatha lui dira que ce qui l’embête, c’est qu’elle ne pense pas qu’au sexe, et ça c’est compliqué à entendre pour Alma, ce serait bien plus simple sans sentiments… Alma était cependant un peu accro, car le lendemain lorsqu’Agatha ne prononça mot durant ces quatre kilomètres, entre la gare et sa maison, elle fut surprise. Alma était taraudée par ce trop-plein de sérieux qui s’instaurait entre elles… Alma est quelqu’un de passionné, qui s’implique, et là Agatha la sentait plus froide, plus distante… Et après quelques messages du matin le surlendemain, une désinscription de l’application sur un « je coupe, bisous, bonne journée ». Un départ, comme elle le dira ensuite, de « j’enfonce une porte », fin, je la défonce, je fuis lâchement, totalement sans te dire au revoir sans même le dire à demi-mot, mais je fuis en t’aimant… Car en se désinscrivant totalement, cela voulait dire pour Agatha aucune façon de la recontacter, mais cela voulait dire aussi qu’Alma aurait pu simplement la bloquer ou la ghoster, mais elle avait tout enlevé donc elle ne pourrait pas contacter d’autres femmes… Elle avait clôturé aussi cette possibilité.
Agatha vivra ce départ douloureusement se demandant si elle avait bien fait de lui reparler, qu’est-ce qu’elle avait pu faire de mal ou de maladroit… Qu’est-ce qui avait fait que cette femme avait dû partir ainsi ? Elle qui ne voulait pas la blesser, qui fuyait sans crier gare… Peut-être que quelque chose la taraudait en sus de cette relation dans sa vie privée, peut-être qu’Agatha ne la reverrait jamais, surtout qu’elle l’avait laissée sur une bête histoire de places assises dans le métro. Mais Agatha le sentait, ce n’était pas un adieu, mais bel et bien un « nous revoir », son cœur lui disait. Elle attendra cette jolie blonde en se connectant chaque matin et chaque soir dans le train comme elle le faisait précédemment et peut-être qu’un jour elle aurait le clin Dieu qu’elle aimerait.
Et ce fut ainsi qu’Alma posa le premier « au revoir » et une première fuite.
Comme dit précédemment, Agatha se connectait tout de même sur l’application en espérant la croiser, aux heures de leurs rencontres habituelles…
Bête comme idée, car elle n’avait plus de profil, mais pourquoi ne pas simplement la bloquer ; pourquoi quitter totalement l’appli, donc ne plus parler à personne… Ce n’était pas contre elle, mais contre ses sentiments, Agatha le sentait et s’en voulait de ne pas l’avoir rassurée. Maintenant, plus moyen de toutes les façons elle n’était plus là… Elle faisait sa vie sans elle… Et vient ce moment. Alors qu’elle avait disparu du mardi, le vendredi, elle fit son retour sur l’appli. Mais le retour, le plus what the fuck de toute l’histoire de l’appli. Car, Agatha a mangé chez ses amis et est rentrée tôt, car fatiguée. Elle a hésité à rallumer l’appli, ce qu’elle fit. Et qui dit vendredi soir dit beaucoup de connectés donc de contact en mode « coucou » sur cette application. Et alors, qu’elle se brossait les dents, une femme la contacte. Elle ne regarde pas le pseudo (elle aurait dû) et là elle répond juste « coucou comment ça va ? ». Réponse de son interlocutrice : « Bof. » Agatha est interpellée, et là elle comprend, c’est Alma, quelle abrutie ! Elle ne l’a pas compris avant. Et Alma repart… Mais elle se dit finalement que revenir n’est pas une belle idée, car elle a blessé Agatha, oui elle l’a blessée, mais elle est tellement heureuse de ce retour. Et Alma réannonce qu’il est arrivé ce qu’elle avait prévu oui, mais non, car elle est revenue. Agatha, qui avait réfléchi pendant son absence, lui donnera son vrai prénom, celui de baptême, pas celui utilisé sur l’appli. Bien que ça la mette en « danger », elle souhaitait qu’elle l’ait. Elle lui faisait confiance, et si une chose ressortait bel et bien de ces quelques jours de disparition, c’était bien qu’Agatha, plus que jamais, voulait de cette attachiante dans sa vie, d’une façon ou d’une autre.
Et Agatha lui dit de revenir quand elle sera prête. Réponse : « je ne le serai peut-être jamais », suivi d’un « ton cœur te le dira » lancé par Agatha, suivi d’une réponse courte et efficace « mon cœur… ». Encore une fois, elle était tiraillée entre son cœur et sa tête… Et plus le message était court, plus elle doutait…
Agatha savait qu’elle combattait avec ses sentiments… mais elle est revenue dans la soirée et elle la rassura en disant qu’elle ne lui en voulait pas, elle avait été blessée, mais l’aimait… La réaction d’Agatha à son retour lui a paru froide… Elle a dû partir, mais promis de se reparler le lendemain en annonçant qu’elle était loin d’être parfaite et qu’Agatha était proche de la perfection… Elle demanda avant de partir un rappel de mail pour en envoyer un, elle faisait une avancée énorme… Agatha lui rappelait son prénom de baptême, qu’Alma trouva joli, et elles se quittèrent là-dessus.
Plus tard, Alma disait qu’elle était contente que la jolie prof ne lui en veuille pas du tout (c’était pas tout à fait le cas, mais passons), elle venait sur le site pour se lâcher et elles avaient parlé trop sérieusement. Elle avait pris peur (non sans blague…), elle voulait parler cul, et Agatha pas que… donc Agatha lui rappelait que mettre des mots sur des sentiments était parfois nécessaire et qu’elle avait le droit au bonheur. Agatha aurait même dû dire qu’elles avaient le droit au bonheur, toutes deux…
Alma voulait reprendre, mais reprendre quoi au juste… Pour Agatha, il n’y avait pas eu de vraie pause, fin pas dans ses sentiments en tout cas. Allez go, c’était reparti pour un tour. Et quel retour !
Elles actaient qu’elles seraient donc confidentes et amantes virtuelles. Et là, Agatha lui posera quelques questions pour Alma d’abord, mais elle avoue avoir eu plaisir à lire ses réponses :
Que ressens-tu quand tu penses à moi ?
Pourquoi reviens-tu ?
Qu’attends-tu ?
Aimes-tu être avec moi ?
Agatha se disait en quelque sorte que la faisant réfléchir ainsi elle se poserait les bonnes questions (bien qu’elles fussent venues intuitivement) et qu’elle saurait ce qu’elle veut. Mais finalement, non…
Alma répondra dans la soirée du samedi par un long et sympathique mail qui reflétait ses sentiments, mais aussi sa dualité entre son engagement dans cette relation et sa peur énorme d’engagement…
Elle redira à quel point elle aimait être le fantasme de la professeure et qu’elle l’aimait et lui redisait à quel point elle était une belle personne. Ces mots toucheront le cœur d’Agatha forcément et elle lui répondra longuement. Elles s’aimaient, c’était indéniable… Ce week-end-là, le nombre de mails fut explosé, elles se confiaient pas à pas et aimaient être ensemble. Elles se rapprochaient de plus en plus, et Agatha aimait ça. Alma ouvrait son cœur et parfois ses cuisses il faut l’avouer… Mais avant tout, elle avait passé le cap des mails, au début sans notifications puis avec. Elle répondait à sa dulcinée, elles aimaient se contacter, elles aimaient être ensemble… Ce lien était tellement fort, tellement intense… À double tranchant entre sexe, confidence et amour infini… Agatha le savait, ça ne durerait pas d’une part, car Alma allait partir en mission à l’étranger, et d’autre part, car pas à pas elle sentait qu’Alma reprenait peur… Agatha sentira le besoin de lui écrire tout son amour par un long mail, écrit d’une traite comme bien souvent et avec son cœur :
Mon amour,
Je sens tes doutes et tes inquiétudes, alors je reprends la plume.
Tu sais, aimer ce n’est pas posséder, aimer c’est un acte gratuit, pur, sincère.
Aimer c’est vouloir le bien d’un autre, parfois même plus que le sien, aimer c’est savoir dire je t’aime avec des mots et avec des actes.
Aimer c’est savoir se dire bonjour, au revoir, pardon et à bientôt.
Aimer c’est fort et déstabilisant à la fois.
Aimer c’est être sur un petit nuage et ne plus savoir respirer.
Aimer c’est quand l’autre te fait pleurer de ses mots et qu’il s’en veut. Aimer c’est penser à l’autre alors qu’il n’y a pas de raison. Aimer c’est savoir dire que je suis faible, mais savoir aussi que l’autre me relèvera. Aimer c’est aimer l’autre pour ce qu’il est entièrement et ne pas vouloir le changer. Aimer c’est l’accepter dans ses forces, ses choix, mais aussi ses faiblesses et être heureux pour lui et le féliciter de ses réussites.
Aimer ce n’est pas une question d’argent ni de temps. Un véritable amour peut attendre, si ce n’est que sexuel ou intéressé, celui-là n’attend pas.
Alors je sais que tu n’es pas prête à entendre tout cela, je sais aussi que tu ne veux rien (et je l’accepte), mais cet amour, je peux me tromper, il est là.
Celui sincère qui ne compte pas ni en temps ni en obligations, celui qui attendra. Celui qui fait battre nos cœurs et emmerde (pardon pour les mots) nos cerveaux intelligents et raisonnés.