Accident de Noël - Laetitia Paillard - E-Book

Accident de Noël E-Book

Laetitia Paillard

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Beschreibung

Et si le Père Noël s'écrasait un jour sur le toit de votre maison ? C'est exactement ce qui vient d'arriver à Lisa. Comment cette jeune maitresse d'école va-t-elle réussir à se sortir de cette situation pour le moins saugrenue ? Elle va néanmoins pouvoir compter sur l'aide d'une classe de Ce2 survoltés, d'un vieux voisin grincheux, d'une maman dépressive, d'un ado en crise, d'un enfant muet, d'un chien mollasson et d'un vétérinaire aux yeux tendres. Pas sûr que cette fine équipe réussisse à sauver Noël...

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Seitenzahl: 128

Veröffentlichungsjahr: 2024

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À mes parents, qui ont su garder leurs âmes d’enfants…

Enfin, il neige…

Comme chaque année, j’attends ce moment avec impatience : Les premiers flocons ! Ils arrivent toujours comme ça, sans prévenir, timides et délicats, quand on s’y attend le moins.

Je les regarde tomber sans bruit, depuis la fenêtre de ma chambre d’hôpital.

Il est trois heures du matin et je ne dors pas. C’est calme. Juste les quelques pas des infirmières dans le couloir qui font leur ronde.

Je continue à regarder la neige qui tourbillonne dans la lumière des lampadaires. Je suis hypnotisée et peu à peu, je me souviens… Un an déjà, presque jour pour jour, que c’est arrivé.

Un an déjà que ma vie a définitivement changé. Tout avait commencé de la même manière que cette nuit : Quelques simples flocons de neige. Qui aurait pu imaginer ou même croire ce qui allait se passer alors ? Qui aurait pu prédire le plus incroyable des accidents…

Un accident de Noël…

Sommaire

Première neige

L’accident

Bienvenue Père Noël

Chasse aux cervidés

Un jeune curieux

Mise au point

Une fine équipe

Visite surprise

Mauvaise Journée

Opération commando de Noël

Préparatifs

Jour de fête

Noël avant l’heure

Les Adieux

Un beau rêve

Première neige

Enfin, il neige ! Comme chaque année, j’attendais ce moment avec impatience : Les premiers flocons. Ils arrivent toujours quand on s’y attend le moins, comme ça, sans prévenir…

De retour de la boulangerie je sens la magie qui commence. Au départ, je n’en suis pas vraiment sûre : ai-je bien vu ? Il faut dire que ces petites choses sont particulièrement discrètes.

Il n’y en a d’abord seulement deux ou trois, puis de plus en plus. Arrivée au niveau du parc, il y en a déjà des milliers qui virevoltent dans le vent. Les enfants qui jouent poussent soudain de grands cris : « Regardez ! Il neige ! » Et ils se mettent à sauter dans tous les sens comme des petits fous ! J’en ferais bien autant, mais les fameux petits fous me prendraient, à n’en pas douter, pour une grande folle ! A vingt-cinq ans, il y a des choses qui ne se font plus, c’est bien dommage !

Alors, je me contente de lever la tête vers le ciel, pour recevoir les flocons en plein visage. Tout doux, tout froids. J’essaie même d’en attraper quelques-uns. A peine le temps de contempler leur beauté, qu’ils ont déjà disparu dans le creux de ma main. C’est rageant ! Mais ce mystère fait partie de la magie. Et ça ne m’empêche pas de recommencer encore et encore, juste pour le plaisir d’essayer de posséder un trésor…

Il est seize heures. Je suis rentrée à la maison depuis un bon quart d’heure maintenant. Rien de tel qu’un bon chocolat chaud pour fêter l’arrivée de la neige, sans oublier une délicieuse brioche au sucre qui me narguait sur le présentoir de la boulangerie. Elle me ferait presque oublier sa désagréable propriétaire !

— On est gourmande, à ce que je vois ! Allez, c’est vrai qu’il n’y a pas de mal à se faire plaisir, surtout quand on est aussi mince que vous !

De quoi je me mêle ? Oui, je suis gourmande et alors ? Qu’est-ce qu’elle peut m’agacer cette madame Mitron ! Toujours un commentaire à faire sur quelque chose ou quelqu’un ! Et patati, et patata… Il ne faut vraiment pas être pressée quand on va chercher son pain ! Cette fois-ci, c’était au tour du nouveau vétérinaire d’alimenter les potins de la boulangère.

— Il a ouvert son cabinet la semaine dernière. Il vient à peu près tous les deux jours. Ça se voit qu’il vient d’la ville ! Il est très bien habillé et très poli. Et bel homme avec ça ! Mais il n’a pas l’air d’être marié par contre. C’est bizarre, il doit bien avoir dans les vingt-cinq, trente ans.

Et alors, moi aussi j’ai vingt-cinq ans ! On a le droit d’être célibataire quand même ! Peut-être que comme moi, son métier le passionne tellement qu’il n’a pas le temps de tomber amoureux.

— Mais, il a une espèce de chien pas très beau, qui n’a pas l’air très malin en plus, il l’attache devant avant d’entrer. La bestiole reste là, sans bouger, comme si elle était complétement idiote !

Elle est simplement obéissante, cette brave bête, son maître est vétérinaire, non ?

— Enfin, toujours est-il, qu’il n’est pas très bavard, un peu comme vous, finalement !

Elle finit sa phrase en éclatant de rire. C’est sûr qu’avec elle, on n’a pas vraiment l’occasion d’en placer une, ni vraiment l’envie d’ailleurs !

Bref, tout ça ne va pas m’empêcher de déguster ma briochette ! Mmmm, quel délice ! Il n’y a pas à dire : Le boulanger est aussi doué pour ses viennoiseries, que sa femme pour les commérages.

Je me rapproche de la fenêtre pour continuer à profiter du spectacle. La neige s’est intensifiée. Les flocons sont énormes. On dirait presque des morceaux de coton volant en l’air après une bataille de polochon. Le paysage commence à devenir blanc. « Tout s’étouffe et s’emmitoufle » comme le dit le poème.

Tiens, voilà les enfants qui filent en courant. Que se passe-t-il ? Ah, Je comprends. Monsieur Paul vient de sortir accompagné de son balai. La bête noire des gamins du village. D’ailleurs, ces derniers prennent un malin plaisir à le mettre en rage.

Monsieur Paul, c’est mon voisin. Nos deux maisons côte à côte, ont une vue magnifique sur le parc. Je ne sais pas son âge, mais il doit avoir dans les soixante-dix ans. Que faisait-il comme métier avant ? Je n’en ai aucune idée. A l’inverse de Mme Mitron, il n’est pas très causant, c’est le moins qu’on puisse dire ! Il est même, comment dire, un peu bourru. Oui, c’est ça. Il ne travaille plus en tout cas, et il passe son temps libre dans le parc à houspiller les gens qui ne respectent pas les règles, à ramasser les branches mortes, à arroser les plantes, même, quand les employés communaux sont trop occupés.

La spécialité de Mr Paul : faire de magnifiques tas de feuilles mortes, presque tous de taille identique, qu’il aligne méticuleusement sur le bord de la route, bien en vue de sa maison.

La spécialité des enfants : faire des concours de sauts dans les tas de feuilles de Mr Paul ! Il faut dire que c’est tentant !

C’est à ce moment-là que le « sorcier maléfique » comme ils le surnomment, sort en agitant son balai et en râlant après les chenapans qui détalent tels des lapins dans toutes les directions en se moquant de lui. Il est vrai qu’il n’a jamais réussi à en attraper un seul, même pas un petit ! Etrange, non ? Pas tant que ça !

Je l’aime bien, moi, ce vieux grigou. Ce petit manège m’amusant beaucoup, je l’ai souvent observé. Un jour, j’ai vu notre bonhomme qui regardait les saboteurs de tas de feuilles derrière la vitre. Je me suis dit que cette fois, il les avait pris sur le fait et qu’il allait bien leur faire peur !

Mais bizarrement, il a attendu que les enfants aient complétement détruit son travail avant de prendre son balai. Puis, il lança un dernier regard sur eux et, j’en suis sûre, je n’ai pas rêvé, un grand sourire illuminait son visage. J’en suis venue à me demander s’il ne faisait pas tous ces tas de feuilles exprès pour que les enfants se roulent dedans !

Avec moi, il a toujours été très gentil, même s’il garde son air un peu renfrogné, juste pour les apparences. Un jour que je le saluais, je lui ai dit qu’il pouvait m’appeler Lisa. Du coup, il m’appelle « Mademoiselle Lisa ». J’ai trouvé ça charmant, alors, je me suis mise à l’appeler « Monsieur Paul ». On se sent un peu plus comme des voisins depuis.

Bon, ce n’est pas tout ça, mais j’ai du travail ! Il faut que je m’occupe de mes petits loups, moi. Ils vont être excités comme des puces si cette neige tient jusqu’à lundi ! C’est un véritable événement, la neige, pour mes petits élèves ! Ils ont les yeux qui brillent. Déjà qu’on est à une semaine des vacances de Noël, cette fois, ils vont s’imaginer que le Père Noël sera là demain ! Cela ne va pas être facile de les faire patienter.

Tiens, si on faisait des guirlandes en flocons de neige pour décorer le sapin de la classe ? Allez, je me lance. Je vais chercher des modèles et en découper quelques-unes d’avance, pour qu’on en ait suffisamment. Au boulot Lisa !

L’accident

Oh là là… Les travaux manuels ! Heureusement que je n’ai pas des élèves de maternelles !

Je suis persuadée que mes Ce2 réussiront mes guirlandes mille fois mieux que moi ! D’autant que je viens de me réveiller sur l’une d’elle. D’ici à ce que j’aie un gros flocon dessiné sur la joue droite… Enfin, de toute manière, il n’y a personne pour me voir, c’est l’avantage d’être célibataire !

Il fait déjà nuit ! Il est temps de fermer mes volets.

Incroyable ! C’est une véritable tempête de neige dehors ! Je ne sais pas pendant combien de temps j’ai dormi, mais tout est déjà blanc ! D’ici demain, il y aura au moins cinq à dix cm au sol ! C’est tellement beau…

Bon, je crois qu’il est temps d’aller se coucher ! Mes guirlandes, contrairement aux vrais flocons, ne risquent pas de fondre et attendront bien demain.

« BOUM »

Mon Dieu, c’était quoi, ça ? On aurait dit un tremblement de terre !! Tout vient de trembler dans la maison. Je fais quoi ? Je me colle sous une table, je sors ? Je crois que je panique juste un petit peu. On va se calmer, là. On respire un grand coup et on réfléchit… Ça n’a duré que quelques secondes. Et le bruit venait plutôt du toit, comme si quelque chose venait de s’écraser sur ma maison.

Quelle heure est-il au fait ? 1 h 00. Je vais descendre. De toute façon, je suis déjà en bas du lit ! Rien d’anormal dans la maison…

Allez, Je prends mon courage à deux mains et je tente une sortie pour y voir plus clair. Façon de parler ! Il fait nuit noire dehors et ce n’est pas franchement très rassurant…

J’avance dans l’allée. Mais… On dirait qu’il y a quelqu’un qui s’approche. Oh misère… J’aurais dû me munir d’une arme. Je ne sais pas, moi, un parapluie, une poêle à frire, une raquette de tennis…non, c’est vrai, je ne joue pas au tennis…

Ça y est, je commence à m’habituer à l’obscurité. Il y a vraiment quelqu’un… Un homme, on dirait… assez costaud… avec un manteau rouge… Quoi ? Non, c’est une blague ? Me voilà en face… du Père Noël ? C’est une caméra cachée, ce n’est pas possible ! Le Père Noël, dans mon jardin, à une heure du matin… Je n’ai pas dû me réveiller, finalement, je nage en plein rêve !

— Oh ! Quelle chute ! Heureusement que votre toit n’est pas trop pentu, l’atterrissage aurait été un peu plus compliqué, si on estime que celui-ci était simple, d’ailleurs. Enfin, tout est une question de point de vue ! Oh, pardon, excusez-moi, ce choc m’a fait oublier la politesse, je crois ! Bonjour, Mademoiselle, je suis vraiment désolé pour le dérangement ! J’espère ne pas avoir fait trop de dégâts sur votre toiture !

— Ma toiture ? Des dégâts ? Mais avec quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Qui êtes-vous ?

— Je suis étonné que vous ne me reconnaissiez pas ! Je suis pourtant assez célèbre ! Enfin, je me présente : Santa Claus. Mais on m’appelle plus communément, Père-Noël. C’est l’appellation que je préfère, d’ailleurs ! J’ai bien peur d’avoir eu un léger accident de traineau. Votre toit a amorti ma chute. Je ne sais vraiment pas ce qui est arrivé, je dois dire. Les rennes sont d’habitude très prudents et les elfes avaient particulièrement bien vérifié le traineau ce matin. Vraiment, je ne comprends pas. Mais il y a toujours une explication de toute façon.

— Attendez une minute… Vous vous moquez de moi ? Un traineau ? Le Père-Noël ?

Bon d’accord, je suis d’un naturel assez naïf et j’ai beaucoup d’imagination. Mais là, il ne faut vraiment pas exagérer !

— Bon, écoutez, c’était très drôle (quoi qu’un peu angoissant tout de même) mais il est une heure du matin et j’aimerais aller me coucher, alors…

— Je suis vraiment désolé ! Je vais voir si mon traineau fonctionne et je ne vous dérange pas plus longtemps. Au revoir, Mademoiselle !

Incroyable ! Le voilà qui commence à contourner ma maison ! Il ne va quand même pas pousser le bouchon en faisant semblant de chercher un traineau fantôme ? On dirait bien que si !

De plus en plus bizarre, voilà que ce vieux bonhomme commence à tituber, à faire des zigzags au milieu de l’allée. Il s’écroule par terre, les fesses dans la neige. Il faudrait quand même que j’aille l’aider, non ? Mais, je viens de m’apercevoir qu’il saigne au niveau du front. Je ne l’avais pas remarqué avant, la blessure était cachée sous sa capuche.

Bon, état des lieux : Il est une heure du matin, je vis seule et je n’ai même pas un caniche pour me protéger. Mais je ne vais tout de même pas laisser cet énergumène agoniser devant ma maison ?

— Allez, venez, je vais vous aider. On verra plus tard pour cette histoire de traineau. On va d’abord se mettre au chaud et s’occuper de cette blessure.

— Vous êtes bien aimable ! Merci beaucoup !

Ouh la ! On peut dire que le monsieur n’est pas vraiment léger, mais j’arrive tant bien que mal à rentrer à l’intérieur et à installer notre homme sur le canapé.

La blessure n’est pas trop grave. On nettoie tout ça avec un peu de désinfectant, on ajoute un petit pansement et le voilà comme neuf !

— Bon ! Trêve de plaisanterie ! Qui êtes-vous et où habitez-vous ?

— Je vous l’ai dit ! Santa Claus et je vis en Laponie. — Vous avez bu ?

— Bien sûr que oui ! Comme avant chaque sortie, Mère Noël me prépare toujours un bon thermos de chocolat chaud pour tenir toute la nuit.

D’ailleurs, avec toutes ces émotions, je dois dire qu’il serait le bienvenu. Mais avec cet accident, je doute que je le retrouve intact !

— Bon, un chocolat, je peux encore vous en préparez un.

— C’est vrai ? Oh, ce serait adorable !

— Je reviens tout de suite.

Adorable, je ne sais pas, mais il fallait que je m’éloigne un peu pour réfléchir… Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ? Appeler la police ? Il n’avait vraiment pas l’air méchant, mais si c’était un malade d’Alzheimer qui s’était perdu ? Ou simplement un SDF qui aurait inventé cette histoire pour trouver un toit pour la nuit ? De toute façon, il ne pouvait pas rester là !

— Au fait ! Je pense qu’il serait préférable de cacher le traineau ! Si jamais un enfant le voyait ainsi, il pourrait penser que Noël est en péril ! Oh, merci ! Ce chocolat semble excellent !

— De rien. Vous allez aussi me faire croire que votre « traineau » a élu domicile dans mon jardin ? De mieux en mieux !

— J’ai été éjecté au moment où il touchait le toit, je n’ai donc pas vraiment vu où il atterrissait, mais je pense qu’il est tombé derrière la maison, effectivement !

— Oui, bien sûr ! Là, en ouvrant la fenêtre, je vais voir apparaitre le traineau rouge avec ses grelots, les coussins en fourrure et les rennes avec Rudolphe et son nez rouge !