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Rentrée scolaire 1867 à Barano d'Ischia. Le conseil municipal n'a pu n reporter l'échéance plus longtemps, une institutrice est envoyée par le ministère de l'Instruction afin de créer l'école des filles. Serafina Baldani débarque de Florence, la nouvelle capitale de l'Italie presque unifiée, pour enseigner aux fillettes à lire et écrire, et à promouvoir la langue italienne, là où l'on ne parle que le dialecte. Il faut "fabriquer des Italiens" ! Ada et Teresina ont sept ans désormais et vont inaugurer la nouvelle classe. Mais pour Serafina, les choses en sont pas simples : il faut se battre pour faire changer les mentalités. Pour Ada, enfant sous tutelle de l'orphelinat, l'école est un havre où elle se sent en sécurité. Pendant ce temps, les troupes de Napoléon postées à Rome pour défendre les intérêts pontificaux constituent un dernier rempart à l'unification de l'Italie.
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Seitenzahl: 292
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Le cartable au rebut
éparpille ses trésors dans son cadre en bois clair
l’ardoise est brisée
la touche disparue
un abécédaire baille définitivement
On devine
le balbutiement d’une main
elle renvoie en écho
la voix qui anônnait
s’enhardissait
Colette Nys-Masure1
Feux dans la nuit
1 Merci à toi Colette, tu as été la première professionnelle de l’écriture à croire en ma capacité. Lors des ateliers d’écriture que tu animais à Chatou en 2013 et 2014, tu débarquais guillerette de Belgique ! Tu m’as fait cette belle dédicace sur ton livre de poèmes inspirants, Feux dans la nuit : « en connivence ».
Les personnages principaux en 1867
Les personnages principaux en 1895
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Épilogue
Il Muro dei Migranti La Corricella à Procida
Bibliographie
Petite chronologie de l’unification italienne
Ischia, royaume d‘Italie
Les Martino, de la Contrada Rosanovella :
Chiara Lombardi, 35 ans
Rafaele Martino, dit Rafajèle, 54 ans
Maria Adelaide, dite Ada, 7 ans
Les Conte, de la Casa Conte
Grazia Lombardi, dite Graziella, 45 ans
Francesco Conte, dit Ciccio, 42 ans
Leurs enfants :
Rosa, dite Rósina, 20 ans,
Raffaele, dit Filuccio, 13 ans
Michele, dit Lino, 11 ans
Maria Teresa, dite Teresina, 7 ans
Rocco, 4 ans
Le chat de gouttière Garibaldi, Gari
Les Balestrio, de la Contrada Rosanovella
Giuséppina Lombardi, sœur de Chiara, 37 ans
Leonardo dit Lùnardo Balestrio, 64 ans
Leurs enfants :
Luigi, dit Gino, 15 ans
Francesca, dite la Cecchina, 10 ans
Caterina, 5 ans,
Chez Rachèla et Domenico, du café
Lenù, 7 ans
Les personnalités
Serafina Baldani, 23 ans, l’institutrice et Anita, sa chienne fox-terrier
Enrico Baldani, 27 ans, journaliste, frère de Serafina
Giuseppe Conte, dit Don Pèppe, le curé
Docteur Antonio Cortese, le médecin
Vito Nicola Buono, l’instituteur
Angelo Migliaccio, le maire
Luigi Manzi et Cornelio
Eugène Herbez, le précepteur de Cornelio
Sœur Anna, 33 ans
Si ce récit est inspiré par les circonstances de la vie des aïeux de l’auteure, la mise en scène, les paroles et gestes prêtés aux personnages sont de la fiction. Sont soulignés leurs diminutifs.
Rue Joinville, Philippeville, Algérie
Les Conte
Le Nonno Ciccio, 70 ans
La Nonna Graziella (Grazia), 73 ans
Ròsina, 48 ans
Ses enfants : Nicola, 17 ans et Lucia, 14 ans
Teresina, 35 ans
Ses enfants : Creszenzo, 15 ans, Francesco, 14 ans, Lucia, 11 ans, Salvatore, naît à la fin du livre.
Ada, 35 ans
Giosué, le nouveau mari d‘Ada
Les filles d’Ada : Gracia, 13 ans; Anna, 6 ans, Zina, 4 ans, Nonore, 2 ans
Les enfants n’apparaissent pas tous mais ils sont en arrière-plan, ils passent et écoutent des bribes du récit.
16 rue Joinville, Philippeville, Algérie Décembre 1895
Nonno Ciccio
Tu veux donc connaître la suite de l’histoire, petite ! On en était où déjà ? Ah oui, quand le Garibaldi il était reparti d’Ischia où il avait fait sa cure thermale. Eh bien nous, on était tout chamboulés, hein Grazia. Le rencontrer, en chair et en os, et même qu’on lui avait parlé. Tu te souviens quand les enfants s’étaient perdus et qu’ils s’étaient retrouvés à la Villa Zavotta avec ses fils, au Garibaldi. Et son assistant qui était raide comme un bon soldat, comment il s’appelait déjà ?
Nonna Graziella
Hum, ah oui, le grand toujours avec lui, ce n’était pas Basso ? Il était rigolo, un peu timide et gentil, et quand il nous avait ramené les enfants au figuier, quel soulagement, mamma mia, je l’aurais embrassé !
Nonno Ciccio
Si on n’était pas là, Grazia et moi à se le raconter encore aujourd’hui, on n’y croirait pas. On se dirait : j’ai rêvé. Et on s’y était presque attachés, en un mois seulement qu’il est resté en cure, le Garibaldi. C’est comme si on le connaissait depuis plus longtemps. Et puis il y a ce que les femmes ne nous en ont peut-être pas tout dit. Elles en avaient toutes le béguin !
Nonna Graziella
Eh, qu’est-ce que tu dis là ? Tu vas nous faire passer pour des femmes de mauvaise vie ! Si la Giuséppina elle était là, elle te remonterait les bretelles ! Il nous a appris plein de choses, le Garibaldi, mais rien que nos maris auraient pu nous apprendre en s’appliquant davantage. Il était bien intéressant, un grand monsieur, et bien touchant aussi, avec toute sa souffrance qu’on sentait bien, nous les femmes, et pas que les rhumatismes. Il avait besoin qu’on l’écoute et qu’on le chouchoute, ça c’est sûr. Mais on n’a rien fait de mal, la madonna en est témoin !
Nonno Ciccio
Hum hum. D’accord, d’accord. T’énerve pas, Graziella, c’était une plaisanterie. Bref. Donc, après, on a guetté des nouvelles de lui dans le journal. C’était soit le maire soit l’instituteur qui lisait et nous traduisait en dialecte. Alors on a su que notre nouvelle capitale, elle changeait tout le temps. On ne savait même plus ce que c’était. Avant l’unification, la capitale du Royaume de Naples, ça avait toujours été Naples. Après, celle du Royaume d’Italie, ça a été Turin, ce qui montrait bien que c’était les Piémontais au pouvoir, et que nous, on était que menu fretin. Ça aurait pu rester Naples pour tout le monde, non ?
Nonna Graziella
Moi je me souviens que le Garibaldi quand il était chez nous, il voulait que Rome soit rattachée à l’Italie pour être la capitale. Et qu’il n’en démordait pas que c’était au Pape de laisser ses terres au peuple italien. Parce que Rome à ce moment-là, c’était toujours au Pape, et même toute une grande région autour. Il ne voulait rien lâcher le Pape, même si je le respecte, moi je dirais que des terres il en avait assez. Et ce sont les troupes de Napoléon III qui le protégeaient en plus de son armée à lui. Mais y en a beaucoup qui en avaient marre de tout ça.
Nonno Ciccio
Juste après le départ du Garibaldi de chez nous, il y a eu la convention de septembre. En 64 donc. Un sacré bazar. Il était prévu que les troupes françaises partent de Rome qu’elles protégeaient mais en échange, le Napoléon il a exigé de Victor Emmanuel de prendre le relais pour protéger Rome et le Pape. Pour rassurer les Français qui se mêlaient un peu de ce qui ne les regardaient pas, mais qui avaient des troupes nombreuses, la capitale a été transférée de Turin à Florence : c’était plus central et ça devait arrêter ceux qui rêvaient de Rome comme capitale de rêver. Non, Rome ne serait jamais capitale puisque c’était Florence, et que Florence, c’est déjà plus au centre que Turin. Monseigneur Romano notre évêque s’est un peu détendu à ce moment-là, car le Garibaldi, il le portait pas dans son cœur. Je me souviens d’un sermon à la Cathédrale un peu après son départ d’Ischia, au Garibaldi, où l’évêque il avait tempêté en levant le doigt au ciel comme pour conjurer la foudre, contre ceux qui voulaient prendre ses terres au Saint-Père et que Rome, c’était au Pape et que personne ne veuille dire le contraire.
Nonna Graziella
Nous, avec la Giusepinna et la Chiara, quand le Garibaldi il est parti, ça nous a fait tout bizarre. On allait et venait comme désœuvrées, alors que le travail ne manquait pas. On avait passé presque un mois à transbahuter notre carriole à glaces sur le chemin entre la maison et Casamicciola, là où les visiteurs de Garibaldi se pressaient pour le voir. On a gagné quelques beaux ducats, on était contentes, ça a bien rattrapé les commandes qu’on avait en moins pour filer le lin. Alors après, on a continué à en faire un peu, de la glace, surtout la Chiara que ça occupait, et on s’est même installées sur la place à Barano avec la carriole, mais personne ne voulait nous en acheter. « On n’est pas des riches de la ville », nous disaient les gens du village. On aurait eu plus de succès vers Maronti, où il y a plus de passage, avec les sources chaudes, ou bien vers Nitrodi, mais on n’avait plus envie. Alors, on a décidé de rendre la carriole à glaces. Et la vie a repris presque comme avant. De plus en plus de taxes, de moins en moins de commandes. J’ai dit presque comme avant, parce que souvent, on en parlait, de ce que le Garibaldi nous avait dit, et même les enfants ça leur a donné de la curiosité, ils posaient des questions. Et puis en 66, il y a eu la guerre. C’est là que l’Italie a récupéré Venise, mais pour nous ça ne changeait pas grand-chose. Mais les enfants ils se sont plus intéressés à l’école.
Nonno Ciccio
Intéressés à l’école, c’était pour les garçons bien sûr. Pour les filles, c’était plus compliqué, car il n’y avait pas d’écoles pour elles à Barano. On ne savait pas bien à quoi ça servirait, une école pour les filles, et ça nous demandait de payer encore pour les locaux et pour le salaire d’une institutrice. Alors ça a été repoussé d’année en année. Et puis l’inspecteur royal qui faisait le tour de l’île de bourg en bourg, a montré du doigt Barano et le maire, l’Angelo, un brave maire au demeurant, il n'a pas pu risquer encore des remontrances. Alors, le conseil municipal a voté pour l’ouverture de la classe des filles à la rentrée d’après. Ils ont décidé de faire des travaux dans une salle à côté du presbytère de l’église San Rocco. Et on nous a annoncé qu’une jeune institutrice nous serait envoyée de Toscane, pour la rentrée 1867.
Nonna Graziella
Oui, et voilà qu’un jour a débarqué une grande femme aux cheveux un peu blond roux, une jeune bien mise du Nord. Elle est restée seulement trois années d’école, mais on s’en souvient encore, de la Serafina. D’ailleurs, on l’a revue il n’y a pas longtemps à Philippeville, mais c’est une autre histoire. Tout le monde a eu le béguin pour elle, les enfants et les hommes, et même les femmes. Elle nous a appris plein de choses à nous les femmes et même du français qui était plus mon rêve que l’italien. Et ça tombait bien qu’elle soit affectée au poste de Barano à ce moment-là, car c’était juste le moment où les filles, notre Teresina et Ada, la petite de Chiara, avaient sept ans et devaient aller à l’école pour deux ans, comme tous les enfants à l’époque. J’ai encore le souvenir gravé de quand elle est arrivée, la Serafina. On l’a logée à la Casa Conte, dans l’un des appartements attenants à la grande maison. Alors, pour sûr, qu’on l’a bien connue. Tu te rappelles, Ciccio ?
Nonno Ciccio
Eh oui, que je me rappelle. Une bien belle jeune dame, cette Serafina. Et douée avec les petites, ça c’est sûr. Et avec nous aussi. Un vent d’air frais qui venait du Nord mais aussi de la Suisse et même de la France. Elle nous parlait de la paix, de l’Europe. Et son Victor, tu sais le Hugo ? Ça nous a fait un peu comme le Garibaldi. Elle, la Serafina, elle nous a parlé de liberté aussi, et aussi d’unité, mais elle était moins, comment dire ? Enfin, plus douce. Elle expliquait bien les choses. Et nous les maris on était plus tranquilles.
Nonna Graziella
Et nous les femmes on était moins tranquilles ! Mais le Garibaldi il avait bien préparé le terrain de l’école des filles. Une sacrée aventure pour notre Teresina et pour Ada. Et aussi Rósina, qui y a été mêlée de près. D’ailleurs, petiote, tu pourrais les interroger elles aussi, elles doivent se souvenir, les petites, elles avaient une dizaine d’années quand elle est repartie, la Serafina.
Nonno Ciccio
On va essayer de te mettre tout ça dans le bon sens, petiote, pour que tu puisses raconter comme tu voudras après. Grazia, démarre donc par l’arrivée de la Serafina, tu sais quand on l’a vue pour la première fois avec son grand chapeau – pour se protéger du soleil du Sud, qu’elle nous a dit.
Nonna Graziella
Mais non, toi tu n’étais pas là pour son arrivée, c’est moi qui l’ai accueillie avec les enfants !
Nonno Ciccio
Bon, c’est que je l’ai tellement entendue cette histoire que je crois que j’y étais. Et puis je vieillis ! J’arrête de radoter. Je vous laisse, allez, je vais acheter le pain pour le dîner. Je passe chez Ada lui proposer de venir demain matin, si elle veut bien raconter un peu ses souvenirs de classe. Tiens, eh bien la voilà justement, avec les pitchounes. Toi aussi tu es là ma Rósina. Bonjour mes jolies petites, venez donc embrasser votre Nonno. Bacci mes trésors.
Ada
Les filles, dites bonjour à Nonna aussi. Rósina est passée me dire que vous en étiez à raconter l’école. Alors je suis venue dire ce dont je me souviens, si ça interesse notre filiote. J’étais petite encore quand Serafina est arrivée à Barano, seulement sept ans. J’ai adoré l’école avec elle !
Nonno Ciccio
J’en m’en allais justement, je vous laisse, mes filles. À tout à l’heure ! Au fait ne m’attends pas trop tôt, ma Graziella, je m’arrêterai au café jouer un peu à la scopa.
Rósina
Moi je m’en rappelle bien, j’avais presque vingt ans ! Je garde dans mon cœur cette période. On croyait encore qu’on pourrait rester à Barano, même si plusieurs familles avaient déjà migré vers Philippeville et Stora. Je me souviens que les femmes n’avaient plus de commandes pour le filage. La Serafina, elle m’a proposé très vite de travailler un peu à l’école avec elle, et m’a donné un petit quelque chose pour me dédommager. Ça nous a sans doute un peu prolongé la vie à Barano. C’était vraiment intéressant, j’ai appris plein de choses. Par exemple, à lire un peu avec les petites.
Ada
Vous vous souvenez quand elle est venue nous rendre visite ici il y a quelques années. Il y a au moins un quart des filles de la classe qui se sont retrouvées à Philippeville !
Nonna Graziella
Elle était encore belle, la signorina. Toujours ses boucles de cheveux dorés qui ressortaient de son chignon. Elle avait le même geste que quand elle était toute jeune, les remonter avec une épingle en corne, parée d’arabesques dorées, dans sa coiffe.
Rósina
Tu te souviens de son épingle, tu as une mémoire incroyable. C’est vrai, je m’en souviens aussi maintenant que tu le dis. Elle ne l’avait pas perdue en plus de vingt ans !
Nonna Graziella
C’était l’épingle de sa grand-mère, elle y tenait beaucoup. En tout cas, nos filles, Teresina et toi Ada, vous en avez bien profité de ses cours. Et puis nous aussi. C’est un peu grâce à elle que j’ai eu le courage de dire oui à partir de chez nous pour venir ici, à Philippeville.
Rósina
Maman, ça faisait longtemps que tu avais envie d’apprendre le français, c’est comme si tu sentais qu’on devrait partir un jour. Et puis le courage, tu n’en as jamais manqué.
Nonna Graziella
Tu es mignonne, ma fille. C’est vrai pour le français. Mais ton père en parlait souvent, de partir, surtout lorsque je me plaignais un peu de manquer de moyens pour vous élever. Les salaires de Philippeville on les connaissait par ceux qui déjà étaient partis en laissant leur famille et revenaient après leur mission terminée. Il y avait les pêcheurs, bien sûr, mais aussi certains qui partaient pour des travaux, construire une route, l’hôpital, les écoles justement. Philippeville se construisait à cette époque-là.
Rósina
Mais pourquoi Papa n’est pas parti à ce moment-là, en 1867 ou 68 ? Pourquoi est-ce qu’il a encore attendu ?
Nonna Graziella
Pour ton père, c’était important que notre famille reste ensemble. Il y est pourtant allé avant pour repérer, mais ça c’était après l’accident, je ne peux pas en parler, ça me fait toujours un coup, là, au cœur, d’y penser. Alors il est parti. Moi je dirais même qu’il a fui. Mais il est revenu peu de temps après et a embarqué tout le monde. Mais c’est une autre histoire. Je vous laisse un peu raconter encore mes chéries. Moi je vais mettre la soupe à chauffer. J’en ai fait aussi pour Teresina, avec son gros ventre, elle peut quasiment plus bouger. Venez mes pitchounettes, on rentre, il commence à faire froid. Anna, Zina, Léonore, vous m’entendez, venez avec Nonna, on rentre, vous allez manger la soupe. Et on se retrouve tout à l’heure mes grandes.
Ada
Moi je ne pourrai vraiment raconter qu’à partir de mes huit ans, je n’ai pas trop de souvenirs avant, tout est flou. Mais commence, toi, Rósina, tu l’as bien connue, la Serafina. Vous aviez le même âge. Et on pourra continuer l’histoire demain, il est déjà tard !
À bord du vapeur postal Zwavo di Palestre
Mercredi 25 septembre 1867
Gisant sur l’étroite couchette du vapeur, Serafina Baldani perçoit la déflagration des vagues sur son flanc. Le doux ondoiement qui la berçait hier soir, la plongeant dans un profond sommeil, a laissé place à un roulis énergique. Elle n’entend plus le souffle continu de la turbine, englouti dans le tohu-bohu de la tempête. Elle soulève une paupière. Une lueur douceâtre émane du hublot, nimbant l’écrin de bois verni de la cabine. L’estomac de la jeune femme se soulève. Manger quelque chose. Poser les deux pieds sur le plancher de bois sombre et se lever. Elle retombe sur le matelas, se relève en s’agrippant à une niche fichée au plafond bas, passe un filet d’eau saumâtre sur son visage, fait une brève toilette en se tenant à la poignée installée à cet effet et s’habille – toujours ce fichu corset qui nécessite deux mains, les hommes n’ont pas ce souci, eux ! Elle enroule sa natte blonde sous son chapeau de paille - le chignon sera pour plus tard - remonte le store vénitien gris perle qui tamise une chétive clarté et le redescend brusquement devant une vague qui s’écrase sur la lucarne. Enfin, en deux pas qui tanguent, elle bascule sur la porte de la cabine et en abaisse la poignée pour rejoindre la salle à manger.
Un aboiement strident la tire de son engourdissement nauséeux. Anita ! La petite chienne, coincée dans l’angle de la chambre, recule encore dans le mur, les yeux aimantés sur sa maîtresse. Serafina l’appelle et la blottit dans son bras sans lâcher la poignée. L’embardée suivante du vapeur postal le Zwavo di Palestre, qui assure la liaison Gênes-Naples, propulse Serafina et le fox-terrier dans l’étroit couloir desservant les cabines de première classe. Elle se retient à la paroi et se trouve face à un homme de belle stature à l’imposante barbe grisonnante, chevelure abondante impeccablement peignée. Derrière lui, un garçon d’une dizaine d’années.
"Difficile de tenir debout, ce matin, Signorina. Puis-je vous aider ?
- Merci, je tentais de rejoindre la salle pour déjeuner. Je devrais y arriver, en me tenant à la rampe.
- Nous aussi nous y rendons. Mon fils Cornelio a très faim. Mais vous n’êtes pas dans le bon sens, signorina. Allons-y ensemble."
Dans le restaurant, les tables et les banquettes sont solidement arrimées au sol, les plateaux entourés d’une bordure de zinc surélevée. Serafina se glisse sur l’un des sièges et dépose le fox-terrier tremblant à ses pieds sur la moquette velours carmin. Elle sourit au jeune Cornelio qui s’installe à la table d’à côté.
- Pouvons-nous nous asseoir à cette table, Signorina ? Je me présente : Luigi Manzi, à votre service durant ce voyage un peu chahuté par les caprices météorologiques.
- Oui, faites, je vous en prie, mais il faut que je puisse vite avaler quelque chose, car mon estomac est au bord du gouffre !
Luigi Manzi hèle le serveur.
- Voici, Signorina, vous allez pouvoir commander ! Avez-vous embarqué à Civitavecchia hier soir ? Je ne vous ai pas aperçue parmi les passagers.
- Civitavecchia ? N’avez-vous pas peur de transmettre le choléra ? il paraît que l’épidémie est sévère dans cette région.
- C’est vrai, mais on ne peut arrêter l’économie de tout un pays, de toute la Méditerranée même, où les flux de marchandises sont incessants, pour cause de choléra. D’ailleurs, si je l’avais attrapé, je serais déjà à l’agonie. On a une solide constitution chez les Manzi !
- Pour répondre à votre question, je n’ai pas embarqué à Civitavecchia mais à Livourne. Je suis en route pour mon premier poste d’institutrice. Je prendrai un thé bien noir, avec une goutte de lait, dit-elle au serveur.
- Et moi un café long, et un chocolat chaud pour le garçon. Et du pain, du beurre, confiture, et des croissants si vous avez, ajoute Luigi Manzi en se frottant le ventre. Ah, j’oubliais, préparez donc aussi un café bien allongé pour Monsieur Eugène qui ne va tarder à arriver.
- Je m’arrête à Ischia, mon poste se trouve dans un petit bourg un peu en hauteur, où j’aurai comme mission d’ouvrir une classe pour les filles. Et vous ?
- Eh bien, nous descendons aussi à Ischia, avec Cornelio et Eugène, son précepteur. Avec ma femme et mes enfants, nous sommes installés à Civitavecchia, pour les affaires, disons dans l’anisette. Mais je suis natif du bourg de Casamicciola à Ischia, où je gère quelques établissements, hôtel et thermes. Je vais y rester une quinzaine de jours pour la fin de la saison estivale.
- L’anisette ? La Sambuca ?
- Vous connaissez ? Ma Sambuca est connue par une jeune institutrice livournaise, je suis flatté !
- J’habite Florence, Signor Manzi, et mon père en sert souvent à ses invités après les repas un peu copieux. J’y ai goûté et apprécié ses vertus digestives. Et vous, jeune Cornelio, vous accompagnez donc votre père.
- Oui, Signorina, répond le garçon. Je préfère me joindre à ses déplacements lorsque c’est possible, et j’aime beaucoup l’île d’Ischia.
- Je ne m’y suis jamais rendue, mais j’ai regardé la carte : cette île semble très bien placée. Proche de Naples, une ville dont la réputation de rayonnement culturel atteint même les provinces du Nord. Et un climat doux en hiver, d’après ce qu’on m’en a dit.
Un grand jeune homme aux cheveux châtain bouclés s’est approché de la table. Précipité sur le côté par une vague plus profonde, de son long bras il s’est rattrapé à la coque, au-dessus de la tête de Serafina. Le serveur baisse la tête pour déposer les commandes alors qu’Eugène recouvre son équilibre.
- Signorina Baldani, je vous présente Eugène Herbez, le précepteur de Cornelio, dit Luigi Manzi.
À la Casa Conte
Ce matin-là, à Barano d’Ischia, c’est le branle-bas de combat à la Casa Conte. L’Angelo, le maire, est venu en personne prévenir Grazia Conte de l’arrivée imminente de l’institutrice, qui logera à côté de chez eux. Grazia met donc les dernières touches à l’appartement mis à la disposition de la jeune femme. Chiara et Giuséppina, les cousines de Grazia, sont venues l’aider. Le ménage minutieux effectué, c’est un ballet incessant de linge et de vaisselle, qui apporte le nécessaire depuis la Casa Conte, à travers le jardin, par l’arrière.
- J’ai coupé des roses dans le fond du jardin, quel vase puis-je prendre ? demande Rósina, la fille aînée de Grazia.
- Nous aussi on a fait un bouquet, rajoutent Teresina et Ada, sept ans, des pâquerettes à la main.
- Moi aussi, babille Rocco, montrant des corolles à la courte queue.
- Prenez des vases dans le buffet, à la maison, les enfants, demande Grazia. C’est du travail tout ça, mais je suis contente de ces quelques lires mensuelles de loyer qui vont améliorer notre quotidien, merci mes cousines !
- Et merci à nous, Maman, on aide bien aussi, rajoute Teresina.
- Oui merci à vous les enfants !
- Et tu dis « des lires » maintenant, et plus « des ducats » ? la taquine Giuséppina.
- Oui, et pour le vin, Ciccio ne se gratte plus la tête quand un marchand lui parle en « hectolitres » à la place de « tonneau ». C’est le progrès !
- C’est le progrès qu’on nous taxe de plus en plus, et qu’on veuille nous faire parler une langue du Nord ? Vous, encore, vous avez la chance d’avoir cet appartement à côté de votre maison.
- Arrête, Giuséppina, on n’y peut rien de toute façon, intervient sa sœur Chiara. Et au fait, elle t’a répondu pour la pension, la nouvelle institutrice ?
- Oui, elle voudra déjeuner avec nous. Ça aussi c’est bien. Des légumes, on n’en manque pas. Et le poisson non plus. Pour la viande, en revanche, c’est pas tous les dimanches qu’on peut en cuisiner. Même nos lapins ils ont augmenté de prix, parce que tout avait augmenté. Heureusement, la taxe sur la mouture du grain a été supprimée. Ils n’ont pas intérêt à la remettre, sinon c’est la révolution, ou bien on meurt de faim, comme ils veulent.
- Au fait, ça en est où, Grazia, le rachat de la Casa Conte par la région à l’évêché ? demande Giuséppina. Si vous n’avez plus à verser toute cette marchandise à l’évêque, vous allez un peu mieux vivre.
- Tu nous vois arrêter de donner ce qu’on a versé depuis au moins trois cents ans à l’Évêque d’Ischia ? Je ne me regarderais plus en face. C’est lui qui sauve nos âmes et celles de nos morts ! On verra ce que Ciccio et ses cousins voudront faire. Et on a quand même Raffaele et Lino qui sont en âge de travailler. Ils sont nombreux les cousins Conte qui se nourrissent de l’exploitation viticole, une fois prélevées les taxes et ce qu’on doit à l’évêché. Bon, allez, tout est prêt, venez donc boire un café à la maison ! »
À bord du vapeur postal Zwavo di Palestre
« Désolé, Signorina, c’est une entrée en matière quelque peu acrobatique, dit Eugène à Serafina. Enchanté !
- La signorina Baldani s’arrête à Ischia, comme nous. Elle va ouvrir l’école des filles à Barano.
- C’est formidable, Signorina, et surtout très courageux, répond le jeune homme en prenant place aux côtés de Cornelio.
- Courageux ? demande Serafina en riant. Elle sort un éventail de sa sacoche.
- Oui, vous aurez au moins cinquante enfants auxquels enseigner. Moi, avec un seul, dit le jeune homme, en désignant le jeune Cornelio d’un geste affectueux du menton, j’y parviens difficilement. Préparer les leçons, maintenir son attention, vérifier ses acquisitions… Et pourtant, il est de bonne volonté !
- Eugène, ne découragez pas cette jeune demoiselle avant même qu’elle n’ait démarré !
- Oui, pardon. Je voulais surtout témoigner de mon admiration pour mes collègues de l’enseignement public.
- Et qu’enseignez-vous à Cornelio, Monsieur Herbez ? demande Serafina, sans regarder le jeune homme.
- Je lui parle en langue française, et nous enchaînons avec des cours de latin, d’arithmétique, géométrie, géographie, histoire… J’ai mon programme que j’adapte en fonction des centres d’intérêt de l’enfant. J’ai la chance, grâce à son père, merci Signor Manzi, de pouvoir acheter autant de documentation que j’estime en avoir besoin.
- J’ai le même objectif que vous, reprend Serafina, susciter une dynamique de curiosité dans la classe, afin que les apprentissages soient aisés pour les fillettes. Oh, avez-vous remarqué que la tempête semble s’apaiser ? J’en profite pour boire ma tasse de thé ! Et comme il s’agira pour elles de leur première année d’école, mon ambition est qu’au bout des deux années, lorsqu’elles la quitteront, elles aient acquis le déchiffrage de la lecture et sachent signer et écrire des éléments simples de la vie courante. En revanche pour ce qui est de la documentation, je crains d’être soumise aux contraintes budgétaires de la municipalité.
- Cela est très honorable et me semble une belle méthode, répond Luigi Manzi. Et où avez-vous appris votre beau métier, Signorina ? À l’école pour les futurs enseignants à Florence, notre nouvelle capitale ?
- Oui, j’y ai étudié plusieurs années. Et vous, Monsieur Herbez, où avez-vous étudié ? De quelle région de France venez-vous ?
- Ah moi, je viens de Nyon, dans le canton de Vaud en Suisse. J’ai étudié à Genève, la théologie d’abord, pensant devenir pasteur. Et puis, je n’étais plus sûr de rien, alors j’ai accepté de prendre quelques années au service de l’éducation de ce jeune garçon prometteur.
- J’y pense, Signorina, à Florence, vous aurez peut-être croisé notre héros national Giuseppe Garibaldi, qui vient d’y faire un séjour remarqué ? Héros national ou bien, selon les points de vue, l’homme le plus imprévisible et faiseur d’ennuis qui soit ?
- Vous aurez sans doute compris, d’après le nom que j’ai donné à ma chienne, Anita, que mon cœur penche pour la première hypothèse. Même si depuis quelque temps, Garibaldi a le don d’exacerber les tensions politiques.
- Anita, oui, comme la première épouse bien-aimée du grand homme.
- C’est cela ! Oui, je l’ai croisé une fois durant son séjour à Florence. Mon frère Enrico est journaliste politique et m’a invitée à l’accompagner pour l’interviewer. Mais nous l’avions rencontré quelques jours seulement auparavant à Genève, au Congrès de la Paix, où il avait donné une conférence de presse à de nombreux journalistes. Et je l’ai revu à un endroit inattendu avant-hier, en gare de Florence. Je faisais la queue au guichet pour prendre mon billet de train pour rejoindre Libourne et voici qu’un attroupement bruyant s’approche en vociférant : « À Rome ! ». Il était là, entouré de ses hommes, prêt à prendre le train vers le sud, Orvieto je crois.
- Oh, Signorina, c’est passionnant. Mais êtes-vous au courant de ce qu’il lui est arrivé hier ? Peut-être pas, comme vous étiez déjà sur le bateau. Racontez-nous d’abord ce qu’il vous a dit lors de l’interview. Comment allait-il ? Nous sommes de vieux compagnons de route, vous savez, lui et moi.
- Il semblait bien se porter. Pour un homme de soixante ans, il dégage une énergie étonnante. Pardonnez-moi, dit-elle à Luigi Manzi, je ne connais pas votre âge et je ne veux pas…
- Pas de souci, Signorina, je marche vers les soixante printemps également. Je suis l’heureux père de plusieurs jeunes enfants. Saviez-vous que notre Giuseppe, enfin, Garibaldi, s’est mis en ménage, à Caprera, avec une très jeune femme, celle qui s’occupait de ses petits-enfants ? Et qu’ils ont une fille de quelques mois ?
- J’en ai entendu parler, mais nous ne l’avons interrogé que sur les aspects politiques de son action et non sur sa vie privée… Son mot d’ordre est devenu presque un refrain, « À Rome, à Rome ! », pour mobiliser les troupes de volontaires d’un peu partout à se mettre en route vers la ville qui manque à l’Italie pour compléter son unité.
- Tu te souviens, Papa, demande Cornelio, on l’avait invité à la maison, Garibaldi, à Casamicciola quand il était en cure ?
- Oui, quels bons moments passés avec cet homme exceptionnel. Mais il manque parfois de jugement politique. Tout feu tout flamme, il veut passer en force.
- Tu te souviens, je lisais « Un voyage en ballon » de Jules Vernes.
- Bravo Cornelio, l’encourage Serafina.
- Avez-vous lu le communiqué de la Gazette Officielle, il y a quelques jours, où le gouvernement de Rattazzi prévient que si quelqu’un s’avisait à violer les traités internationaux, le gouvernement ne le souffrirait à aucun prix ? Il s’agissait bien sûr de la convention de septembre 1864 négociée avec Napoléon III, qui protége les intérêts pontificaux et donc Rome !
- Oui, bien sûr, et c’était en réponse aux articles d’incitation à la révolte parus dans La Réforme à l’attention du peuple de Rome, l’autre dans L’Italie, à l’adresse des patriotes italiens.
- Ce qui est incroyable, note Eugène, c’est que Rattazzi, en tant que chef du gouvernement, l’ait laissé faire comme si lui et ses hommes étaient complices. C’est ce qui s’était passé aussi à Aspromonte en 1862, non ?
- Oui, c’est un scénario bien connu qui se joue entre Garibaldi et le gouvernement italien, depuis des décennies, dit Luigi Manzi. Un jeu de dupes. On lui fait crédit lorsqu’il peut être utile, puis on se rétracte avec des cris de vieille fille outragée dès que les cours européennes font mine d’ouvrir un œil pour maintenir les intérêts de Pie IX.
- On ne verrait pas cela en Suisse, dit Eugène. La parole est la parole, on ne fait pas semblant d’une chose pour se rétracter après.
- Pardon, Signor Manzi, reprend Serafina, mais vous avez éveillé ma curiosité. Qu’avez-vous donc appris hier concernant Garibaldi ? Ça se serait passé depuis son départ de Florence ?
- Oui, regardez, j’ai acheté le journal d’hier soir à Civitavecchia avant d’embarquer, dit Manzi en le lui tendant.
- 24 septembre 1867, lit Serafina. Oh non ! dit-elle, en parcourant l’article. Il a été arrêté à Sinalunga, avec del Vecchio et Basso, ses compagnons. Ha ha, ça, c’est bien lui, poursuit-elle : « Vous me concéderez au moins de prendre un bain, a-t-il déclaré. Pendant qu’il procédait à un long bain, la foule s’est attroupée sur la place du village pour menacer les soldats piémontais. » Mais où se trouve-t-il donc à cette heure ?
- Sans doute a-t-il été conduit dans une place forte, pour marquer le coup. Mais là où il en est de sa détermination à en découdre avec ceux qui empêchent Rome de devenir ce que d’après lui, elle est par essence, c’est-à-dire la capitale de l’Italie unifiée, il ne se laissera pas enfermer très longtemps, j’en suis sûr.
La petite chienne Anita, qui s’était couchée devant son bol d’eau, la truffe constellée de miettes de brioche, se manifeste en jappant.
- Moi, j’aime bien que ce soit Florence la capitale, la ville est devenue très vivante ! dit Serafina. Mais je comprends les enjeux de l’unification pleine et entière de notre pays et souscris au désir que Rome soit rendue aux Italiens. Tout ceci est bien passionnant, Messieurs, mais je vais devoir faire faire un tour de ponton à cette coquine, puis ranger mes affaires, nous approchons de l’heure d’arrivée prévue à Ischia.
- Oh, puis-je la promener pour vous, signorina ? demande Cornelio.
- Avec plaisir, Cornelio, tiens, voici sa laisse, et un petit sac pour ses besoins au cas où. Anita, on se retrouve tout à l’heure !
- Au fait, Signorina, demande Luigi Manzi, savez-vous comment vous serez logée à Barano ?
- Oui, la commune m’alloue un appartement à la Casa Conte. La famille Conte m’offre aussi la possibilité de la demi-pension, le midi, que je vais prendre, pour déjeuner plus rapidement.