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Ãine, contrainte à l’amour ! est un réseau d’intrigues liées à une Bretonne originaire de Quimper. Cette dernière se retrouve plongée dans une bataille intense pour façonner sa personnalité, malgré sa dépendance au sexe. Affronter les périples de l’existence et poursuivre le bonheur représentent déjà des défis exigeants, mais ces défis prennent une dimension accrue lorsque le destin semble se dresser contre elle. Peut-on définir sa propre identité en l’absence de liberté ? Cette question trouve son écho dans les récits captivants de Ãine.
À PROPOS DE L’AUTEUR
Thibaud Perraud harmonise avec brio son engagement professionnel et son dévouement pour l’écriture. Au cœur de cette conciliation, Ãine, contrainte à l’amour ! émerge comme un véritable témoignage de maturité artistique. Ce livre incarne une fusion habile entre les expériences personnelles de l’auteur et les vastes horizons de son imagination.
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Seitenzahl: 689
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Thibaud Perraud
Illustrateur : Nicolas Huot
Ãine, contrainte à l’amour !
Roman
© Lys Bleu Éditions – Thibaud Perraud
ISBN : 979-10-422-0296-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma cousine et meilleure amie…
Qu’est-ce que cette petite fille ressemble à sa maman ! Votre fils a vos yeux ! De qui tient-il ses talents d’artiste ? Y a-t-il eu des antécédents de problèmes cardiaques dans votre famille ? Comment expliquer qu’un bébé noir soit né dans une famille blanche ? La génétique, peut-être…
La génétique ! Quelle loterie aléatoire ! L’hérédité programmée par mère Nature, transmettant au travers des générations, certaines caractéristiques physiques, ou tares congénitales. N’est-ce pas injuste qu’un malheureux gène vienne décider de votre destin ? vous condamne malgré vous à devoir gérer toute votre vie une pathologie, quelle qu’elle soit ?
Comment suis-je censée commencer mon récit ? Par mon apprentissage ? Dois-je résumer l’ensemble des expériences et des phases transitionnelles ? Partagée entre la crainte que nous inspire dès le plus jeune âge la vindicte sociale, éducative et religieuse. Tous ces conseils sur ce qu’il faut, ou ne faut pas faire, avec en filigrane, façon leitmotiv : c’est mal ! Mais cela évidemment en parfaite contradiction avec les images que nous distillent la société de consommation, le cinéma, la télé et, plus tard, internet. Comment s’y retrouver… ? Personnellement, guidée par ma curiosité et mes désirs, j’ai simplement suivi mon instinct.
Alors comme beaucoup d’autres, j’ai joué au docteur. Je me suis laissé entraîner par les cousins et cousines un peu plus âgés. J’ai embrassé et câliné des copines de classe, venues dormir à la maison. Et j’ai allumé quelques amis de mon frère aîné. Je devais avoir onze ans, je crois, lorsqu’allongée sur mon lit, poussée par mes fantasmes et le feu au ventre, je découvrais seule, et sans vraiment savoir ce que je faisais… la masturbation. Je m’offrais ce jour-là, une magnifique inflammation, mon premier orgasme, et manquant d’informations, ne sachant pas ce que j’avais provoqué, l’un des plus gros coups de flip de ma vie d’enfant ! Paradoxalement, cela ne m’empêchait pas de recommencer… souvent !
Je suis née dans une famille aisée, au début des années 80, et on m’affubla du prénom de Guerlonne. Bretonne du Finistère Sud, je grandis en milieu rural, entre ville et mer. Encore aujourd’hui, je réalise la chance d’avoir toujours vécu dans un cocon confortable et sécurisé. Ayant évolué entre un frère de cinq ans plus âgé et un autre de trois ans mon cadet, j’appris très rapidement que la solitude serait ma meilleure alliée. Toujours un peu à part, souvent seule, je devins vite une enfant de la télé. J’y puisais une forme d’enseignement, piochant çà et là des valeurs qui venaient compléter mon éducation. Il y avait aussi l’école bien sûr, et les bonnes manières rabâchées par nos parents : « on pose les mains sur la table et on se tient droit ! », « on ne dit pas simplement bonjour, au revoir, ou merci, on dit bonjour Monsieur ou Madame ! », etc. Avec le temps, on se structure, on tente de trouver son équilibre entre le « ça », le « surmoi » et le « moi ». Il faut à toute force rentrer dans le moule, ou dans le rang, sauf que… très tôt, je compris que je n’avais rien d’ordinaire. Mais cela prit du temps, quelques expériences… non, soyons honnêtes, beaucoup d’expériences, et l’intervention de ma meilleure amie pour qu’enfin je le comprenne.
Il est important, je pense, de dresser ici un tableau général de mon cadre familial. Mon père tout d’abord, un homme posé et presque toujours d’humeur égale, aimant amuser la galerie à la moindre occasion. Grand et bien bâti, il nous couvrait de son affection du haut de son mètre quatre-vingt-cinq. Lorsque nous étions petits, il nous apparaissait comme un gentil géant bienveillant et drôle, à ne pas trop chatouiller tout de même ! Comme tout le monde, il avait ses limites. Nantais d’origine, il s’installa dans le Finistère à l’âge adulte pour des raisons professionnelles. Expert en bâtiments et véhicules, auprès des compagnies d’assurances, il finit par monter son propre cabinet d’expertises. Étant plus affectueux et proche de nous que notre mère, je devins vite la petite fille à son papa. Nous avions notre façon de communiquer, nos rites, nos habitudes. Entre autres choses, les mardis soir cinéma, où lovée dans ses bras sur le canapé, nous suivions religieusement les films de la dernière séance.
Ma mère à présent. Marie-Jane Duarrep, née O’Railly. Comment vous dire… en deux mots : catholique, Irlandaise ! Je lui devais mon type celte. Élevée dans la plus stricte discipline traditionnelle d’Irlande, elle avait débarqué en France à l’âge de dix-huit ans, pour être jeune fille au pair, dans le manoir d’un industriel nantais. Puis elle avait fini mariée au fils aîné de la famille, Thymoté Duarrep. Nous la surnommions affectueusement la reine mère, mais avions tout intérêt à filer droit lorsqu’elle haussait le ton ! Mon père étant athée, il lui fut difficile de nous maintenir très longtemps sous le joug de l’endoctrinement catholique. Nous fîmes tout de même l’intégralité de notre scolarité dans des écoles privées, et étions tous les trois, baptisés, confirmés et communiant ! D’autres contingences régissaient notre quotidien, gare à celui qui voulait esquiver les repas dominicaux ou les fêtes traditionnelles, comme la messe de minuit par exemple ! Deux exceptions venaient heureusement contrebalancer cela : nous avions le droit de fêter Halloween, et surtout… la saint Patrick ! Seul jour de l’année où notre mère nous apparaissait bien différente. Faites absorber la bonne quantité d’alcool à une catholique irlandaise, et vous obtenez : une bigote sans filtre ! Et là, attention ! Ça danse, ça gigote et ça se lâche grave ! Ça vous exécute des chorégraphies de danse irlandaise et ça vous entraîne à la suivre ! Ça vous raconte des anecdotes familiales hilarantes durant des heures comme si vous assistiez à un vrai one-woman-show ! Ce fut d’ailleurs lors d’une de ces soirées que nous levions le voile sur le mystère qu’entourait la conception de mon frère aîné Christian. Hou ! La vilaine fille s’était mariée enceinte. Cela peut passer pour ordinaire et sans conséquences aujourd’hui, mais pour une famille d’Irlandais extraconservateurs dans les années soixante-dix, c’était le summum du déshonneur ! Je compris également pourquoi nous n’avions plus jamais eu de contact avec la branche irlandaise de la famille ! Bref, en résumé, elle nous serrait la visse ! Mais à sa décharge, il faut reconnaître que nous n’étions pas des enfants faciles.
À commencer par moi, car à l’âge de quatre ans, par exemple, je développais une curieuse aversion envers le textile, il suffisait de me perdre de vue une minute pour me retrouver toute nue ! Dans l’intimité de notre foyer, cela n’était pas bien grave, mais cela devenait beaucoup plus ennuyeux lorsqu’il nous arrivait de sortir en société. Un dimanche par mois, nous fréquentions un restaurant huppé de la région nommé « L’Hermitière », ce genre de restaurant que fréquente le gratin quimpérois. Le genre de restaurant où des serveurs, tirés à quatre épingles, vous apportent vos assiettes sur des plateaux d’argent. Je pense que jusqu’à leurs regrettées disparitions, Guy Lux et Léon Zitrone, de passage dans le Finistère, n’ont jamais pu oublier la vision de cette enfant rousse, traversant le restaurant en courant, complètement à poil !
Des années plus tard, Christian fit bien pire. Devant se rendre à une soirée avec des potes, il confectionna pour l’occasion une fournée de space cakes bien chargés. Les laissant refroidir sur la gazinière, le temps d’aller se préparer, il n’entendit pas ma mère rentrée. Cette dernière, apercevant ces sympathiques petits cakes, se dit que cela serait l’encas idéal à manger en buvant son Earl Grey. Lorsque Christian découvrit, avec horreur, notre mère se régalant d’un de ses gâteaux, il embarqua bien vite le reste de sa fournée et sortit rapidement de la maison pour attendre notre père au bout de l’allée. Quand ce dernier arriva, surpris de voir Christian lui faisant de grands gestes, il s’arrêta et mon frère sauta sur le siège passager en disant : « papa, j’ai fait une grosse connerie ! » Et lui relata l’histoire. Mon père avait beau être un gentil, on touchait là, une de ses limites. Il confisqua le reste des cakes et consigna Christian dans sa chambre. Se rendant ensuite auprès de ma mère, il la trouva détendue et même un peu guillerette. Elle lui dit tout de même :
— Je me sens bizarre, je me demande si je ne couve pas quelque chose.
Et lui de répondre :
— Oh, alors si tu ne te sens pas très bien, tu devrais peut-être aller t’allonger.
Elle fit une nuit de presque douze heures. Merci, Christian, pour cette soirée, où nous dûmes supporter un interminable sermon sur les méfaits de la drogue durant plus de deux heures !
Passons à présent au p’tit frère, Jérémy dit Mandrack, spécialisé dans les disparitions spontanées. Nous avions à cette époque un chiot de marque épagneul nommé Loustic, et c’est Jérémy, âgé alors de cinq ans, qui insistait pour tenir sa laisse. Un jour, nous parcourions la grande braderie annuelle quimpéroise en famille, quand soudain : plus de Jérémy, plus de Loustic ! Affolement général, lancement des recherches, et bientôt l’info se répandit comme une traînée de poudre à travers tout le vieux Quimper. Elle se répandit même si bien et si vite, que rapidement quelqu’un vint nous rapporter que dans une supérette en face des halles, on avait repéré un petit garçon avec un chiot. Les employés, trouvant étrange de voir cet enfant se promener seul, avaient eu la présence d’esprit de ne pas le laisser repartir. En nous rendant sur place, gros soulagement parental, et hilarité générale devant le spectacle du bout de chou tenant toujours le chiot en laisse, et remplissant consciencieusement son petit caddy de toutes les sucreries qui lui tombaient sous la main. À la suite de cet évènement, lors des sorties du même genre, Jérémy tenait toujours Loustic au bout de sa laisse, et ma mère, Jérémie au bout de la sienne !
Mais ceci n’est qu’un bref échantillonnage de la montagne de bêtises que nous avons pu perpétrer. Sans oublier les bagarres, les plaies, les bleus, les bosses, car ils étaient légion ! Un jour, je tirais les cheveux de Christian si fort qu’il en saigna du nez ! Cela devint tellement contraignant pour nos parents qu’ils décidèrent d’engager une baby-sitter, enfin trois pour être exact. Car la première démissionna au bout de quinze jours, après qu’un tabouret lui soit tombé sur la tête, alors qu’elle longeait l’escalier. Comment, par qui, et pourquoi ? Mystère ! La seconde a tenu presque un mois, mais prit vite la fuite après avoir esquivé d’extrême justesse, une paire de ciseaux de couturière, lancée de main de maître par Jérémy ! La troisième, au bout de deux jours, eut un malheureux accident, atterrissant dans une haie avec son vélomoteur, sans jamais comprendre comment les câbles de ses freins avaient pu se desserrer tous les deux en même temps. Chapeau bas Christian !
Voilà grosso modo l’ambiance dans laquelle j’avais grandi. En vous relatant ce bref condensé et en pensant à la quantité d’autres sottises que mes frères et moi avions pu commettre, je réalise avec un certain effroi la chance que nous avons eu de ne pas provoquer de catastrophes aux conséquences dramatiques. Et plus de chance encore que nos parents n’en aient jamais appris le quart.
Terminons-en avec moi, la nature me dota d’une mémoire elliptique, qui me simplifia bien la vie durant ma scolarité. Et dès la puberté d’un ravissant petit corps, d’un esprit aventureux, et d’une imagination fertile. J’aimais lire, j’aimais le cinéma tous styles confondus et un petit faible pour les comics. Je ne m’imposais pas d’œillères, et m’intéressais à tout. Il en était de même avec mes activités extrascolaires dont je changeais chaque année. C’est ainsi que je m’essayais à peu près à tous les sports (danse classique et moderne, gym, équitation, escrime, basket, sport de défense… etc.) Je n’en négligeais pas pour autant mon intellect ou ma fibre créatrice, ainsi je fis du théâtre, les beaux-arts, du solfège, du piano et du chant. Ma mère, à cause de cela, me surnomma à l’époque, « bougeotte » ! Je crois simplement que je me désintéressais rapidement d’une activité, dès le moment où j’avais appris à la maîtriser. En fait, je me donnais un mal fou pour être la plus occupée possible, car souvent dans la lune, systématiquement mes songes, fussent-ils endormis ou éveillés, me ramenaient vers un seul et unique sujet, le sexe ! Pourquoi cette obsession, ces fantasmes, cette manie de considérer, ou plus exactement, de jauger chaque personne rencontrée comme un ou une partenaire potentiel ? Et pourquoi une telle soif d’expérience ? Cela tint du miracle, mais contre toute attente, je ne perdis ma virginité qu’à dix-huit ans, toutefois, dans quelles conditions ? À quinze ans, je vécus un moment charnière de mon apprentissage. Il me sera difficile de vous narrer cela, et celles qui suivront, sans me montrer graveleuse, je tâcherais néanmoins de m’exprimer le plus poétiquement possible.
Je fréquentais alors un garçon de ma classe, vaguement mignon et malléable à souhait. Je m’étais encombrée de lui, plus par commodité, pour décourager les autres prétendants, que parce que je nourrissais de véritables sentiments à son égard. Il se nommait Hugues, au physique commun, il savait se montrer d’une compagnie agréable. Il m’avait invité un mercredi après-midi. Je me souviens que nous étions presque en été, et le temps était superbe. La propriété de ses parents, située à une dizaine de kilomètres de Quimper dans un village du nom de Plonéis, était une magnifique bâtisse de style néo-breton devant dater des années soixante. Elle était entourée d’un hectare de terrain boisé. Peu de temps après mon arrivée, Hugues me suggéra de nous isoler, hors de la présence et de la curiosité de ses deux sœurs. Je me souviens de la pensée que j’eus à ce moment : « nous y voilà, pourvu qu’il ne cherche pas à aller trop loin ! ». Je le suivais docilement à l’extérieur, il avait dressé une tente igloo, dissimulée derrière un bosquet de sapins, au fond du parc. Ses intentions étaient parfaitement claires et préméditées à en juger par l’édredon et les coussins qu’il avait pris soin d’y installer. Un vrai petit nid d’amour. À peine entré et la porte zippée, il m’embrassa et avec empressement, non sans une certaine dextérité, me mit entièrement nue. Je me souviens également de l’excitation qui s’empara de moi et du trac surtout. Naturellement, je n’en étais pas à mon coup d’essai, sans jeu de mots. Attouchements, fellation, cunnilingus… Mais lorsqu’il me délaissa pour se dévêtir à son tour, je ne sus comment me comporter. Devais-je l’aider à se déshabiller ? Restée là, plantée un peu stupidement, je m’inspirais d’une scène de film qui m’avait, je ne sais pourquoi, plus qu’une autre, assez séduite. À cette époque, j’avais la sale habitude d’aller fouiner dans la chambre de Christian dès qu’il avait le dos tourné. J’y avais déniché, outre des magazines spécialisés, une jolie collection de films érotiques et pornos. Un vrai mode d’emploi pour une fille comme moi ! Alors, lui lançant un regard provoquant, à genou, les cuisses légèrement écartées, je me mis à me masturber doucement d’une main, me caressant les seins de l’autre. Quand il s’en aperçut, il se figea ! Tout d’abord, il tenta de soutenir mon regard, mais n’y parvint pas. Ses yeux fixèrent alors les mouvements de ma main sur mon sexe. Il y avait une forme de fascination dans son regard. Pendant que je poursuivais mon exhibition, je me laissais progressivement prendre à mon propre jeu, je fermais les yeux et m’abandonnais lentement, laissant échapper de petits gémissements de plaisir. C’est en rouvrant les yeux que je compris à son regard, une chose qui m’avait jusqu’alors totalement échappée. Je n’avais plus devant moi, un adolescent orgueilleux et déterminé, mais un petit garçon perdu, dépassé par mon assurance ! Jusqu’à cet instant, j’avais toujours pensé qu’une femme devait être passive, voire soumise à l’homme (merci Disney), mais là, sous cette tente, je n’étais plus la proie sacrificielle livrée au machisme primaire… euh… non, je l’ai pensé différemment : je ne suis plus la petite amie consentante et docile, mais la détentrice d’un pouvoir infiniment puissant ! Une succession d’idées se bousculaient dans ma tête, comment pourrais-je utiliser ce pouvoir tout neuf ? Enfin, puisque j’avais le contrôle, et que cette domination m’assurerait de sa servilité, je décidais de tenter une expérience qui, depuis un moment, me trottait dans la tête. Je m’arrêtais soudainement, mettant fin à son calvaire, je m’approchais de lui et l’embrassais. Puis d’une voix qui se voulait sensuelle, je lui murmurais : « allonge-toi ! » Sans un mot, il obtempéra, agenouillé à côté de lui, je le gratifiais de petits baisers sur son ventre en descendant jusqu’à son petit membre turgescent, dur, et si mouillé qu’un filament de liquide séminal allait de son gland à sa cuisse. Après avoir essuyé de la main cette mouille disgracieuse, je fis fondre sur lui une bouche gourmande. Je prenais comme récompense chacun de ses soupirs, pendant qu’il me caressait maladroitement les fesses. Je m’interrompais un instant, lui saisit la main, lui lécha le majeur, le lubrifiant abondamment, puis je lui murmurais à nouveau à l’oreille : « je vais continuer à m’occuper de toi, mais je vais me rapprocher, je veux que tu glisses ton doigt entre mes fesses et que tu me pénètres très doucement ! » Il se contenta d’acquiescer. Je me repositionnais pour lui faciliter l’accès, puis repris ma fellation. Je le sentis s’acquitter de sa mission avec précaution, doucement, mais sûrement, son doigt entrait en moi de plus en plus loin, se retirait et revenait gagnant chaque fois en profondeur. Qu’il est compliqué de se concentrer sur une tâche et un ressenti en même temps ! Je tentais de maintenir un rythme à ma fellation, mais je me sentais m’ouvrir, me détendre et prendre du plaisir à son doigté anal. Ma respiration se fit haletante, mon partenaire, de plus en plus adroit, commençait à s’amuser des sensations qu’il me procurait, du bout de l’index, il venait effleurer mon sexe trempé. Il retira son majeur, vint le lubrifier à cette source, pour ensuite cruellement, le réintroduire plus rudement en moi ! Se réjouissant du sursaut de plaisir presque douloureux qu’il me provoquait. Il reprenait confiance, gagnait en assurance. Comment lui demander de me prendre sans lui abandonner le pouvoir ? Je devais être sûr de moi, autoritaire et crue dans mon langage, le choquer pour le déstabiliser ! Et merde, à la poésie ! Alors, me dérobant à lui, droit dans les yeux : « je veux que tu m’encules, fais ça bien, va doucement, ok ? » Ses yeux en brillaient, pour la première fois de sa vie, il allait pénétrer une femme, et cette pensée le transportait littéralement ! Je me positionnais, cambrant mes reins, faisant saillir ma petite croupe blanche. Me caressant, plus pour me prémunir d’un dépucelage accidentel que pour me donner du plaisir, je le sentis se présenter et me pénétrer doucement. Soudain, il se produisit une chose curieuse, Hugues perdit le contrôle, la maîtrise totale de son propre bassin, et fut pris de soubresauts convulsifs, comme un chien en rut. J’en ressentis également les effets, cela ne dura qu’une quinzaine de secondes, mais nous avions un accouplement sauvage, bestial et primitif ! Il jouit violemment et la première saccade en moi me déclencha un orgasme fulgurant, puis il se retira et je sentis les suivantes s’écraser sur mes fesses. Aujourd’hui encore, je cherche mes mots pour décrire la puissante vague de plaisir qui me laissa pantelante, le souffle court, couchée à plat ventre, et cherchant à rassembler mes esprits. Hugues n’était pas plus loquace, et nous restâmes silencieux de longues minutes. Quand enfin nos regards se croisèrent de nouveau, je lus dans le sien de la honte et de la culpabilité. « allez, Guerlonne, reste sûre de toi, ne lui montre pas que tu es aussi déboussolée que lui ! me dis-je ».
Je compris quelque temps plus tard qu’Hugues n’assumait pas ce qui s’était passé. De toute évidence, il était trop immature pour comprendre l’importance d’une telle expérience. Je lui avais procuré son premier orgasme et sa première éjaculation, ce qui l’avait passablement perturbé ! Il préféra se détourner de moi, plutôt que d’en discuter. Lâche !
Elles furent nombreuses mes expériences durant l’adolescence, mais un peu frustrantes aussi. J’avais fréquenté pas mal de filles, et de garçons également, mais toujours des jeunes de mon âge, inexpérimentés et maladroits pour la plupart. Il me fallait autre chose, des gens d’expériences ! J’avais fini par mettre un mot sur ce que j’étais, « bisexuelle » ! Je me découvrais des schémas comportementaux bien définis. J’aimais soumettre, dominer mes partenaires masculins, mais à l’inverse, j’éprouvais du plaisir à me faire dominer par les femmes, enfin les filles pour l’instant. Sauf qu’en la matière, j’en étais toujours au stade du fantasme et de l’autostimulation ! Il me fallut attendre la majorité et cette forme de liberté que procure le permis de conduire et mon premier véhicule, pour aller au-devant de l’aventure. J’avais entendu parler d’un bar tenu par un couple lesbien. Où, sinon dans un tel endroit, pourrais-je trouver une partenaire plus âgée ? Mais comment y aller ? Seule ou accompagnée ? Et avec qui ? Je ne faisais pas étalage de mes penchants sexuels à tout le monde, encore moins à ma famille ! Un homme ne serait pas forcément le meilleur choix, fût-il gay. Une copine impliquerait l’une de mes maîtresses, comment le prendrait-elle si je faisais une rencontre et que je la plantais là ? Ma meilleure amie ? Sûrement pas, elle essaierait de m’en dissuader.
Il me semble important, puisque je parle d’elle, de faire une parenthèse. Depuis l’âge de douze ans, nous ne nous quittions presque jamais. Elle était la sœur que je n’avais jamais eue, la sœur incestueuse. Contrairement à la plupart de mes camarades, Nolwenn avait été la seule à avoir fait le premier pas. Depuis toujours, elle avait un certain talent pour jauger autrui. Plutôt intuitive, elle dévorait les livres de psychologie, en commençant par les fondamentaux, les comportementalistes, les bouquins sur la connaissance de soi, l’interprétation des rêves, l’ethnologie, la sociologie, etc. Nous avions suivi toute notre scolarité ensemble, depuis notre rencontre jusqu’au bac ! Fille unique d’un père ouvrier et d’une mère femme au foyer, elle n’était ni gâtée ni surprotégée.Contrairement à la mienne, saroute était toute tracée, et le bac en poche, elle avait tout naturellement intégré la fac de psycho !
Je confiais mon dilemme à l’un de mes cousins, dont j’étais très proche. Bisexuel également, nous nous confiions nos secrets respectifs. Il se nommait Vianney, et était âgé de deux ans de plus que moi. Lui, il serait la personne idéale pour venir avec moi, malheureusement, il habitait Nantes et n’avait pas de voiture. Mais il me confia qu’il connaissait plusieurs endroits sur Nantes : bar, parking, discothèques, qui serait un meilleur choix pour moi, car Quimper et ses environs étaient un microcosme, à trois cents kilomètres, je serais plus à l’abri d’un commérage éventuel. L’argument étant massue, je planifiais donc un week-end avec Vianney, ce qui ne surprit personne, notre complicité étant de notoriété familiale. Je préparais une petite valise dans laquelle je rangeais tout le nécessaire afin de m’apprêter au mieux pour notre sortie. Il fallait que je sois sublime, irrésistible, tout en paraissant plus que mon âge. Je devais attirer à moi un panel de prétendantes afin d’avoir le choix et sélectionner la meilleure partenaire. Après avoir soutiré un peu d’argent à mon père, de quoi passer un bon week-end, je pris la route, toute excitée de vivre une expérience fantastique ! Dieu que mon esprit a pu vagabonder durant ces trois cents kilomètres, au point que j’en frôlais l’accident à deux reprises pour cause d’inattention.
Tirer des plans sur la comète ! Durant cette petite villégiature, cette expression allait prendre tout son sens ! À mon arrivée, après avoir salué tout le monde et bu un café, le temps d’une mise à jour des infos de « radio famille », je m’isolais avec Vianney dans sa chambre. Avec un enthousiasme que je jugeais exagéré, il m’annonça :
Et comme dans ce milieu, ils comprennent et respectent le sens du mot « non », respectueux ! Je dodelinais de la tête.
Je retirais mon combi-short, et m’amusa de son regard sur mon corps. Je finissais de m’habiller, ajustais mon décolleté, laissant apparaître, en plus de la naissance de mes seins, une petite croix celte en or. J’enfilais une paire de ballerines blanches et un joli bracelet de cheville ! Vianney me regardait d’un air hébété.
Une bonne partie de la soirée, nous parlions de ce que nous voudrions vivre le lendemain, Vianney aussi, avait ses projets. Il espérait revoir un beau blond d’environ trente ans avec qui, disait-il, avoir vécu des moments intenses.
Que la journée du samedi nous parut longue ! Nous avions toutes les peines à masquer notre fébrilité. La version officielle était que nous devions aller boire un verre, dîner en ville et finir en boîte. Vers dix-huit heures, nous commencions à nous préparer. J’étais fière de mon maquillage, j’avais souligné mes yeux d’un trait noir, un fard a paupière havane, mettait en valeur ma cascade de boucles rousses et sublimait le vert de mes iris. Vianney pour sa part était resté classique, jeans noir, chemise blanche, petit pull au col en v, manches retroussées, et converses aux pieds. À dix-neuf heures trente, nous prenions la route, direction la rue piétonne de Saint-Jean De Mont, où nous avions prévu de dîner d’un kebab. J’étais impatiente, j’aurais voulu foncer à toute allure, mettre le moins de temps possible pour y arriver. Je savais ma voiture rapide, mais je devais me contraindre à ces maudites limitations de vitesse. C’était une Citroën CX GTI turbo ayant appartenu à mon père, une série spéciale Prestige, grise métallisée, une péniche de cinq mètres de long et de presque deux tonnes. Le jour où il avait voulu en changer, je l’avais convaincu… non, supplié, de la garder pour moi, et déployé toutes mes ruses d’adolescente pour arriver à mes fins ! Mon pauvre papa, si tu savais que le premier homme que j’ai appris à manipuler c’était toi ! Arrivés sur place, nous dégustions notre kebab, assis face à la mer, dans un étrange silence. Comme si chacun méditait sur la suite de la soirée, admirant le coucher du soleil, inéluctable compte à rebours annonçant l’échéance de notre attente. Nous récupérions la voiture et Vianney me guida le long du front de mer, jusqu’à une plage nommée les Salins. Il était environ vingt-deux heures, la nuit était tombée, l’une de ces nuits d’été chaude et claire. Je m’engageais dans une allée goudronnée, mangée par le sable et les ornières. Partout de chaque côté, de part et d’autre des voitures étaient stationnées. C’était le seul chemin d’accès à la plage, menant à un grand parking, séparé de la mer par une large bande de dunes. Je distinguais brièvement dans le faisceau de mes phares, les ombres des occupants, dans les habitacles obscurs, seuls ou à deux.
Où était mon Vianney ? J’avais à présent un garçon étrangement différent, assis à côté de moi. Il guettait fébrilement l’entrée du parking, et quelques secondes seulement s’écoulèrent quand nous vîmes arriver la voiture bleue. Elle roulait au pas, et vint stationner non loin de nous. La lumière se fit brièvement dans l’habitacle quand le chauffeur ouvrit sa portière, puis il s’adossa à son véhicule et alluma une cigarette.
Je me souviens m’être fait la réflexion, qu’en effet le blond était bel homme. Ils discutèrent un moment, mais je ne percevais rien de leur conciliabule. Un instant, je compris qu’il était question de moi, car ils me regardèrent en même temps, puis le blond jeta sa cigarette et remonta dans sa voiture. Vianney se tourna vers moi et les mains en avant, il fit un geste qui devait signifier, « attends, ne t’inquiète pas ». « Bon, me dis-je, je vais avoir droit à un spectacle cochon gay en ombre chinoise ! » Mais au lieu de cela, le blond mit le contact et démarra. « QUOI ? » m’écriais-je alors en sautant de ma voiture. Je tentais de leur courir après en faisant de grands signes, mais il était trop tard, ils avaient déjà disparu dans le chemin d’accès. Je restais quelques secondes figée de stupéfaction, quand soudain une voix derrière moi me fit sursauter. « Bonsoir ! », je me retournais d’un bloc pour me retrouver face à une vision surréaliste. Là, à deux mètres de moi à peine, se tenait un individu gigantesque, un colosse au physique de rugbyman. Brun, les tempes grisonnantes, vêtu d’un jeans et d’une chemisette à carreaux, dont les manches courtes laissaient apparaître des bras larges comme deux fois mes cuisses. Un torse puissant et des épaules de taureau. Il s’était matérialisé derrière moi comme sorti de nulle part, et mon premier réflexe fut de chercher d’où il pouvait bien venir, qu’elle question stupide vraiment à cet instant ! « Vous voulez de la compagnie, mademoiselle ? » Ma gorge s’était soudain asséchée, j’ignore quelle expression affichait mon visage. Je déglutis avec peine, mais allez savoir pourquoi, j’étais statufiée sur place. Était-ce la surprise ou la carrure impressionnante de cet homme qui me laissait figée de la sorte ? Il fit deux pas pour me rejoindre, « sauve-toi Guerlonne, bouge ! Tentais-je de me raisonner », mais rien, aucune réaction. « Tu es drôlement jolie, fillette ! dit-il » Fillette ! Il y a des mots comme ça, on ne sait pourquoi, qui s’impriment dans votre esprit à jamais. Sans doute prit-il mon manque de réaction pour un consentement tacite, car sa main s’approcha de mon visage. Je ne pourrais jamais effacer de ma mémoire cette énorme paluche me caressant doucement la joue, puis descendre sur mon décolleté pour s’attaquer adroitement au déboutonnage de ma robe. Il fit une pause, et sa main glissa lentement à l’intérieur jusqu’à mon sein droit. Il le tâta délicatement comme pour en évaluer la fermeté, et du pouce en taquina le téton. Comment décrire l’émotion qui fut la mienne durant ces instants ? L’adrénaline se ruait dans mes veines, je haletais comme essoufflée, mon cœur cognait si fort dans ma poitrine qu’il me semblait vouloir s’en échapper ! Et ce conflit intérieur, cette fureur contre moi-même, mes pensées fusaient dans toutes les directions, et mon corps traître infâme, qui me refusait obstinément toute obéissance ! Méthodiquement, il avait repris le déboutonnage de ma robe, et bientôt en écarta les pans pour jauger ma silhouette. Puis il me saisit comme si je ne pesais rien, et me déposa sur l’aile avant gauche de ma CX, j’étais pantelante, je me sentais minuscule et fragile dans ses bras, le visage inexpressif fixé sur le sien. Il me souleva le menton pour déposer un court et chaste baiser sur mes lèvres, puis exerçant une légère pression sur mes épaules, m’incita à m’allonger en travers de mon capot. Mon esprit à nouveau voulut résister, mais mon corps refusa et s’allongea de lui-même. Le regard à présent vers les étoiles, je sentis sa main monstrueuse caresser ma poitrine, mon souffle se fit plus rapide encore. Lorsqu’il délaissa mes seins pour glisser sur mon ventre, je crus défaillir. Doucement, il écarta mon string et glissa un doigt sur mes lèvres. Je sentis une légère brise sur mon intimité et me découvrais trempée comme jamais ! Comme si une partie de mon identité se désolidarisait, un dialogue insolite s’engagea dans mon esprit entre moi et… ben moi ! « Mon dieu que cet homme est la parfaite incarnation de la masculinité ! Tu es conne ou quoi ! Tu ne vois pas ce qui se passe là ! Ce type est monstrueux ! Mais quelle puissance, quelle force tranquille, quelle maîtrise de lui-même ! Oh ! Bon sens, Guerlonne, réagis merde ! » Mais rien… Je restais obstinément passive à ce qu’il m’arrivait. J’entendis un petit couinement aigu et sentis une langue experte s’attaquer à mon clitoris. C’était moi ? C’était moi qui avais émis ce couinement ? Oui, c’était bien moi ! Oh, mon dieu, ce que j’aimais ce qu’il me faisait, que je trouvais ça bon ! À nouveau un petit cri dans un souffle lorsque je sentis son doigt commencer à pénétrer mon sexe. Sans même l’avoir voulu, j’avais relevé les jambes, et mes talons, débarrassés de mes ballerines, reposaient à présent de part et d’autre de sa tête. Je sentais sa barbe naissante griffer l’intérieur de mes cuisses, alors que je me délectais de la sarabande que dansait la pointe de sa langue ! Mais mon conflit intérieur explosa de plus belle ! « Putain, Guerlonne, atterris, reprends le contrôle ! » Le son d’un moteur me fit ouvrir les yeux, une voiture pénétrait sur le parking. Un instant, je souhaitais qu’il s’agisse de Vianney et de son ami, mais non, celle-ci était blanche. Elle s’approcha, ralenti à notre hauteur, puis repris un peu de vitesse, fit demi-tour et repartit par le chemin d’accès. « Ouf ! pensais-je, si un autre homme s’était attaqué à moi j’étais fichu. Oui, c’est ça ! Parce que là tu maîtrises peut-être, pauvre pomme ! Mais c’est tellement bon ce que je ressens ! Tellement bon ce qu’il me fait ! » Un bruit de voiture à nouveau, je relevais la tête, mais cette fois ce furent cinq véhicules qui entrèrent et vinrent se stationner à distance raisonnable de nous. Enfin raisonnable… suffisamment près pour ne rien rater du spectacle ! Je distinguais dans les habitacles, les ombres anonymes et inquiétantes de ces voyeurs ! « Voilà ma fille, tu es dans de beaux draps maintenant ! pensais-je, arrête tout, tout de suite ! Mais comment ? » Soudain, deux phrases résonnèrent dans mon esprit : « Tu aimes dominer les hommes ! » Puis la voix de Vianney : « Ils sont respectueux dans ces endroits, ils comprennent le sens du mot non ! »… Mais oui ! C’était ma chance, et c’était maintenant ou jamais, si je ne voulais pas finir dans un remake hardcore de la belle et la bête ! À ce moment précis, mon colosse m’empoigna les chevilles, me fit pivoter de quatre-vingt-dix degrés pour m’amener vers l’extrémité de mon capot. Puis il replongea de plus belle entre mes jambes, alternant avec sa langue, titillement de mon clitoris et pénétration. De plus en plus délicieux ! Mais le temps était venu, enfin je m’ébrouais et je retrouvais un peu de mon self-control. Prenant appui sur ma main gauche, je me redressais, et de la droite glissée sous son menton, je lui relevais doucement la tête pour l’embrasser à pleine bouche. Je crains un moment qu’il eut mauvaise haleine, mais non, le goût de son baiser était neutre. Je n’y décelais que celui de ma propre féminité et le lointain relent de chlorophylle. Je sentis dans son baiser toute la fougue de son désir, et j’ignore pourquoi, mais j’eus envie à cet instant de lui offrir ma virginité. Ayant toujours abordé la vie avec philosophie, sachant extraire le positif des situations, même les plus catastrophiques, je me dis, après tout, pourquoi pas lui ? Pourquoi pas maintenant ? Cet homme mûr et charismatique me plaisait, j’en prenais pleinement conscience. « Ok, Guerlonne, ce sera ce soir, ce sera avec lui, mais ne fais pas n’importe quoi. » Il continuait à m’embrasser, mais ses mains s’affairaient ailleurs. J’entendis le cliquetis de sa ceinture, puis le zip de sa braguette, et enfin comme le bruit d’un papier de bonbon qu’on déchire, un préservatif ! Bien sûr, il se préparait à me prendre, alors je fis glisser ma bouche sur sa joue, y déposant de petits baisers, à nouveau le contact de ma peau délicate sur cette barbe naissante, quelle sensation vraiment ! J’approchais enfin ma bouche de son oreille et lui chuchota d’une voix presque infantile :
Il eut un mouvement de recul et me fixa droit dans les yeux, me jetant un regard incrédule, cherchant à savoir si je bluffais.
Je lui lançais un regard coupable, ce genre de regard que vous lancent les enfants quand ils sont pris en faute, puis j’inclinais affirmativement la tête. Il voulut reculer, mais le saisissant par son membre, je le ramenais lentement vers moi.
Il me rallongea doucement, repris son cunnilingus pour que je sois bien lubrifiée et excitée, tout en se masturbant afin de bien maintenir son érection. Je m’abandonnais au plaisir, résignée et presque rassurée de mon sort. J’ignorais pourquoi, je me sentais en sécurité entre ses bras. Il alterna, caresses, doigté, recaresses, il me semblait être partout, en moi, sur moi, et comme c’était bon, comme je me sentais bien ! Impatiente, je n’avais plus qu’un souhait, le sentir me pénétrer, qu’enfin il me prenne ! Il faut se méfier des vœux, surtout quand la minute d’après, ils se réalisent ! Nous y étions, je sentis son membre se présenter et lentement commencer son impitoyable progression. Oh, mon dieu, cette douleur ! Je me mordis l’index pour ne pas crier, je sentais bien qu’il faisait attention, qu’il prenait son temps, mais… oh mon dieu cette douleur ! Il entamait un va-et-vient lent, entrant à chaque retour un peu plus loin, et je sentais ma bête me remplir toute entière. Puis cela s’accéléra, la douleur toujours présente, peu à peu, se fit plus diffuse, et bientôt un plaisir nouveau la surpassa. J’en gémissais de bonheur, comme elle me paraissait énorme cette verge d’homme, de vrai homme ! Cela se poursuivit, et mon plaisir montait, montait encore. Je sentis sa main sur mes seins, mais quelque chose n’était pas normal, il me tenait par les hanches, combien avait-il de mains ? J’ouvris les yeux et découvris un gnome chauve, petit et ridé qui se masturbait d’une main et me caressait de l’autre. J’aurais dû en éprouver du dégoût, mais au lieu de cela, bizarrement, j’en ressentais un petit plaisir supplémentaire. Quand mon partenaire, occupé à s’appliquer, se rendit compte de sa présence, je le vis froncer les sourcils, mais avant qu’il ait le temps de chasser l’intrus, je lui signifiais d’une halte de la main de ne pas intervenir. Puis je refermais les yeux pour ne pas lire dans son regard un reproche ou une quelconque réprobation. Rejetant ma tête en arrière, relevant les bras, je leur abandonnais mon corps. Ma bête me besognait encore et encore, mais j’imaginais les regards de dégoût qu’il devait lancer au gnome, qui jouait avec mon sein droit, pendant que sa bouche tétait avidement le gauche ! C’était bon, on me baisait, on m’avilissait et j’en étais comblée. Soudain ma bête lâcha mes hanches, me releva les jambes, ainsi gagna quelques millimètres de pénétration, et je subis un pilonnage presque brutal qui m’arracha des cris sauvages. Je compris alors que ma bête me punissait pour le gnome. Comme tu devais être en fureur ma bête pour me punir ainsi, faisant fi de toutes précautions et d’égards ! Je devinais ta pensée : « Ah ok, alors tu veux faire ta pute, attend je vais te baiser comme une pute ! » Loin de me déplaire, cela me mit à fleur de peau, et je sentis bientôt un véritable tsunami de jouissance m’emporter, un plaisir fort qui à son point culminant me provoqua un spasme brutal. Mon corps s’arque bouta violemment, ma main saisit une poignée des rares cheveux du gnome, écrasant son visage contre mon sein, pendant que tout le parking résonnait d’un râle puissant de plaisir ! Je ne sais combien de secondes s’écoulèrent avant que je reprenne mes esprits. Je repoussais plus brutalement que je ne l’aurais voulu le gnome que j’avais manqué d’étouffer. Il recula, se rajusta et partit sans demander son reste. Je sus en découvrant plus tard une tache blanchâtre sur l’aile de ma voiture, qu’il n’était pas parti frustré. Ma bête s’était retirée et se tenait debout, essoufflée. Quel spectacle devais-je offrir ? Nue et pantelante sur le capot de ma voiture maculé de sang, j’en avais même sur les cuisses. Ah, elle était belle la déesse ! Croisant le regard de mon amant, je fus troublée par ce que j’y lus, il avait l’air désolé. Je haletais, à bout de souffle, lui aussi d’ailleurs, et des gouttes de sueur perlaient à son front. Péniblement, je me redressais, prenant appui sur mes mains. Il semblait ne savoir quoi dire. Il retira son préservatif, je remarquais qu’il n’avait pas joui, car le réservoir était vide. Il se rajusta et enfin me dit :
Mes yeux s’embuèrent d’un coup, me pliant en trois, la tête dans les genoux, les bras autour de mes jambes, je fus prise d’un sanglot irrépressible. Comme tu as dû culpabiliser à cet instant, ma bête, car tu restas plusieurs secondes, ne sachant que faire. Enfin je t’entendis t’approcher et délicatement me relever le menton avec deux doigts, puis tu as essuyé mes larmes, et tu as dit :
Je lui sautais au cou pour fondre en larme de plus belle, inondant son épaule. Quelle confusion de sentiments, quel vertige, partagée entre la honte, la joie et la douleur de mon sexe, mais que son étreinte me fut douce et rassurante. J’entendis des pas approcher, et le sentis faire un mouvement du bras, l’accompagnant d’un claquement de doigts. Un charognard avait tenté sa chance, pensant pouvoir picorer les restes de la bête, mais d’un seul geste il l’avait éconduit ! Audiard disait vrai : quand les hommes de cent vingt kilos parlent, ceux de soixante les écoutent !
Il s’exécuta, revint me prendre délicatement dans ses bras, je passais les miens autour de son cou, et il me porta jusqu’à la mer. Comme j’ai aimé être dans les bras de ma bête, je me sentais petite et fragile, et j’adorais ça ! Sans que cela semblât le fatiguer le moins du monde, il m’emporta pour me déposer délicatement à l’orée des vagues, s’assurant que j’étais suffisamment solide sur mes jambes.
Alors je m’enfonçais dans la noirceur des eaux, jusqu’à en être totalement immergée. Je fis quelques brasses, deux ou trois plongeons, et enfin regagnais le sable. Mon colosse m’attendait sagement assis, je me secouais, j’étreignais mes cheveux puis je vins à lui, m’agenouillant à ses côtés.
Je l’embrassais, et cette fois ce fut mon tour de le faire s’allonger. Je voudrais vous poser une question, mais j’ai impérativement besoin que vous y répondiez avec la plus grande franchise, s’il vous plaît !
Je l’embrassais de nouveau, tout en débouclant sa ceinture, puis j’ouvris son jeans, en empoignant les côtés ainsi que l’élastique de son caleçon. Il se cambra pour me faciliter la tâche. Il connaissait mes intentions, et cela l’avait instantanément excité à la façon de jaillir de son sexe, presque comme un ressort. Je le masturbais un peu, mais très vite ma bouche impatiente s’en empara ! Je m’appliquais sur cette délectable friandise, voulant à toute force me montrer à la hauteur. Je fus distraite un instant, apercevant du coin de l’œil, une silhouette apparaître au sommet de la dune, je crus reconnaître Vianney. L’intrus resta nous observer un instant, puis disparu et je pus à nouveau me concentrer sur ma fellation. Aux soupirs d’aisances que manifestait mon colosse, je sus que mon but serait très vite atteint. Et en effet, deux à trois minutes plus tard, je l’entendis bloquer sa respiration, se contracter, puis se relâcher. J’avalais alors consciencieusement le déferlement saccadé de sa jouissance. Lorsque je me relevais, très fière de moi, il me dit :
À cet instant, j’aurais pu le jurer, je ressentais des sentiments pour cet homme, mais cette rencontre devait rester une parenthèse sans lendemain, ainsi l’avais-je décidé. Ce bain de mer avait tout effacé d’un coup, tout le négatif pour ne laisser qu’une pensée claire et déterminée. La vision d’un avenir aux possibilités infinies, une vie de luxure et d’expériences variées. Si j’avais été capable de cela ce soir, alors j’étais capable de tout ! Allongée sur lui, sa main caressant mon dos, bercée par le bruit des vagues, défilait sur l’écran noir de mes paupières closes, le film des prochaines aventures de Ãine ! J’allais créer ma légende, devenir une rumeur, un fantasme, un rêve que caresseraient tous les libertins ! Une abstraction à laquelle on ne croit qu’à moitié tout en espérant secrètement la rencontrer un jour. Soudain il mit fin à ma rêverie :
Lorsque nous approchâmes de ma CX, il eut un moment d’hésitation, car il avait perçu l’ombre d’une présence sur le siège passager.
Vianney sauta de son siège quand ma bête me déposa délicatement sur mon capot.
Et sur un dernier baiser, ma bête disparue dans les bois. Un peu penaud, Vianney attendait la fin de notre effusion, sans oser prononcer la moindre parole. Puis il me tendit ma robe, mes ballerines et enfin mon string. Je le gardais à la main, car mon sexe me faisait toujours un peu mal, et j’eus peur qu’il vienne accentuer la gêne. Finissant de boutonner ma robe, je m’installais au volant, imité par Vianney, et mis le contact. Lorsque je lançais le moteur, il me demanda :
Cette fois je ne répondis pas et démarrai sans lui jeter un seul regard !
La semaine qui suivit, je restais enfermée dans ma chambre. Je me répétais que j’allais bien, j’évitais mes amies, surtout Nolwenn, et j’évitais Vianney. De temps en temps je répondais à ses SMS, toujours laconiquement : « Oui ça va ! » ; « Non, je n’ai rien à raconter ! » ; « Non, je ne suis pas fâchée ! »… etc. Je passais mon temps sur mon ordinateur, me créant des profils sur les réseaux de rencontres libertins. Je m’amusais à provoquer les pervers, mais tenais également des dials plus sérieux avec les contacts que je jugeais pouvoir devenir de potentielles rencontres. Ãine était née, et avait comme photo de profil la meilleure illustration que je pus trouver de la divinité celte. J’imaginais mon alter ego en super héroïne du libertinage, déesse des frustrés, des pervers de tout bord et autres voyeurs. Mais d’avoir voulu esquiver Nolwenn, j’avais, sans le vouloir, attisé sa curiosité. Alors que j’avais prié mes frères de faire barrage à toutes intrusions éventuelles, elle sut feinter et fit irruption dans ma forteresse de solitude ! Lorsqu’elle pénétra dans ma chambre, j’étais en plein dial, et malgré ma surprise je rabattais l’écran de mon ordi portable comme un réflexe. Nous restâmes nous observer un moment, puis elle referma la porte et vint s’asseoir sur mon lit.
Fillette ! Allons bon j’avais bien besoin de ça, comme si le souvenir de ma bête n’était pas assez tenace ! En plus elle abusait, on avait le même âge ! Je me résignais et lui racontais toute l’histoire dans les moindres détails. J’ajoutais également le récit des quelques expériences passées et lui confiais mes intentions à venir. Elle se leva, fit les cent pas dans la pièce semblant réfléchir, me jetant par instant de brefs regards, et enfin :