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Détenu dans une prison secrète, Edward Shelton, un ancien criminel, se voit confronté à un danger terrifiant : sa ville natale est menacée par un poison mortel et il est le seul à pouvoir l’arrêter. Incertain du sort de ses amis, il doit s’échapper avant qu’il ne soit trop tard. Sans communication avec le monde extérieur, Edward se demande s’il pourra agir à temps pour éviter le désastre imminent.
À PROPOS DE L'AUTEUR
C’est à la lecture de Le Horla de Guy de Maupassant que
Théo Couturier découvre sa vocation d’écrivain. Cette œuvre lui inspirera son propre ouvrage, la saga "Antidote", résultat de plusieurs années de travail, dont le premier tome parut en 2019 aux éditions Le Lys Bleu.
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Seitenzahl: 392
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Théo Couturier
Antidote II
Roman
© Lys Bleu Éditions – Théo Couturier
ISBN : 979-10-422-2520-9
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— Ça fait presque un an, mec, tu ne nous as toujours pas raconté comment t’es arrivé dans ce trou… au fond on ne te connaît presque pas… tu ne vas pas me faire croire que tu n’as pas d’histoire !
Tu es très réservé, tu nous parles, mais c’est assez rare… et c’est à peine si tu manges…
— Qu’est-ce que t’en as à faire si je mange, ça te pose un problème !?
— Mec je ne veux pas de problèmes d’acc, c’est juste que tu m’inquiètes c’est tout, et avec André, on se demande pourquoi t’es là.
— Pff… vous n’avez vraiment rien de mieux à foutre…
— Putain, mec steuplait !
— Pff… tu sais quoi… tu me fais tellement pitié que je vais te la raconter mon histoire, ça changera de vos histoires de merde, celles que vous vous racontez dans votre tête comme des schizos pour pas vous sentir trop seuls. Mais écoutez bien parce que j’vais pas la raconter deux fois !
Bon… par où commencer… j’étais… dealer avant toute cette merde… j’étais solitaire et les gens me craignaient et… j’avoue que j’aimais ça.
Je ne pensais qu’à faire le plus de mal possible autour de moi… Peut-être pour me venger de ce monde qui m’a traîné dans la boue depuis que je suis gosse. Malgré ce long et houleux passage de ma vie, rempli de haine et de solitude, j’ai réussi à me faire un ami… un flic qui avait pour but, à la base, de me traquer… Mais qui m’a finalement aidé à sortir de la merde dans laquelle je me trouvais.
Ensemble, on a vécu des aventures extraordinaires, des moments de rigolade, de tristesse, de sincérité…
On a rencontré des gens… des psychopathes complètement tarés, mais aussi des gens avec le cœur sur la main, prêts à se sacrifier pour des gars qu’ils ne connaissaient même pas…
Je n’oublierais jamais ces moments…
J’ai, par la même occasion, rencontré ma femme, Janet… la personne la plus gentille, la plus belle, et la plus intelligente qui existe sur cette foutue planète… Et c’est avec cette famille que nous avons décidé d’éradiquer le mal qui rongeait cette ville…
Ce fut incroyable, mouvementé et assez inattendu… mais on avait réussi… enfin c’est ce qu’on croyait…
Toute cette histoire nous a mené à une seule chose… un carnet… Un carnet qu’on avait récupéré au prix de nombreux sacrifices. On pensait, après tout ça, être enfin en sécurité… mais… on s’est complètement plantés…
Ce carnet nous a fait prendre conscience que cette histoire de merde ne faisait que commencer… et on a fini par se retrouver tous autant que nous étions, dans une merde plus profonde encore… pourtant, le but de l’auteur de ce carnet n’était pas de nous piéger…
Il avait été écrit par un homme ayant vécu ici, en tant que prisonnier puis garde, ce carnet lui servait de journal de bord, mais il était bien plus important que ça.
Il notait les moindres failles de cet endroit, il le décrivait comme l’antre du monstre qui avait tout manigancé depuis le début, celui qui tirait toutes les ficelles, celui qui manipulait le moindre pion…
Mais le porteur de ce carnet avait écrit quelque chose, quelque chose de terrible qui me restera toujours en tête… ce quelque chose qui nous a fait foncer tête baissée dans cet endroit de merde… il avait griffonné, avec une écriture moins soignée que sur ses autres écrits, comme s’il tremblait de terreur :
« Cher journal… je vous écris encore une fois aujourd’hui, car j’ai reçu la plus horrible des nouvelles. Le patron m’ordonne de tuer mon fils, celui pour qui je me bats tous les jours pour rester en vie.
Évidemment, je lui ai dit que je préférais que l’on m’exécute à la place, mais il m’a annoncé que ma mort causera alors des milliers de pertes humaines…
Nous sommes le douze juillet, il est dix-neuf heures et à partir de ce jour, chaque année que mon fils passera à respirer, une ville sera purgée de tous ses habitants… et la première ville à être condamnée dans un an est… Drylon City…
La ville où j’ai passé toute mon existence… je suis coincé… je ne peux pas faire une telle chose, mais mon “égoïsme” tuera des milliers de gens…
Bien que ce ne soit pas mon souhait, je lui ai demandé si j’avais des hommes sous mes ordres pour accomplir cette tâche à ma place, il m’a répondu que l’Indien Indra Sayoké se joindra à nous comme il l’avait prévu.
Je lui ai ensuite demandé des masques pour ne pas que mon fils puisse apercevoir nos larmes ni mon visage avant de rendre son dernier souffle… mon but secret n’est évidemment pas de tuer mon fils, mais de lui faire parvenir ce journal… »
Quelques pages après ou quelques jours si vous préférez, il écrit que son commanditaire lui a indiqué le jour, la date et l’heure du lieu où il aura l’occasion de tuer son fils.
Il s’agissait d’une salle de concert…
Mais l’homme avait fait une erreur en lui indiquant ces informations, lui permettant à lui, la veille de faire boire ses soldats comme pour fêter leur victoire avec anticipation, mais surtout, pour qu’ils soient beaucoup moins vifs.
Il ne devait pas paraître trop louche, et passa pour la pire des ordures devant son fils juste pour lui donner ce carnet.
Même s’il finit par tuer Indra Sayoké avant de mourir, au moment où son fils fut menacé… et même si ce fils l’avait assassiné froidement comme il l’avait malheureusement pressenti.
Son plan s’était déroulé à merveille, le destin de milliers de gens était maintenant entre les mains de son fils et ce fils… C’est moi…
Il avait tout sacrifié pour qu’on ait enfin ce carnet entre nos mains et c’est à ce moment précis que tout est parti en vrille…
Une fois ce carnet remis entre nos mains, on a fait les cons…
Ce carnet nous a menés dans la gueule du loup.
Il nous avait pourtant mis en garde… il l’avait écrit noir sur blanc, se précipiter nous mènerait droit en enfer, mais… on en a fait qu’a notre tête… voulant jouer les justiciers, pensant que tout était gagné d’avance… Nous étions invincibles !
Nous étions trois, moi, mon frère d’armes, et ma femme.
Apprenant la nouvelle d’un nouveau danger imminent, un ami nous a rejoints, Malcolm…
Après avoir suivi les instructions du carnet, on a trouvé la base du grand méchant loup.
On s’est retrouvés alors face à une sorte d’énorme bunker souterrain au milieu de nulle part où un mec gardait la trappe d’entrée.
Maintenant que nous étions là, il était trop tard pour reculer.
Je crois qu’il y avait bien une dizaine de mises en garde dans le carnet, nous prévenant de ne surtout pas entrer à l’intérieur de ce bunker sous peine de ne plus jamais en sortir, comme lui, autre fois.
Autant dire à un gosse de ne pas toucher aux gâteaux tout chauds que sa mère vient de poser sur la table !
Il devait se douter qu’on n’en ferait qu’à nos têtes.
Il avait noté dans ce fichu carnet que si notre plan était déjà établi et qu’on était décidé à tout prix et en connaissance des risques d’investir le bunker, que ce gars, à l’entrée était la clef, et qu’il n’ouvrait cette trappe qu’une fois qu’il avait entendu le mot de passe.
Peu importe qui le prononce, il est là pour ouvrir dès qu’il entend ce mot.
Je ne sais pas ce que nous pensions trouver là-bas, mais on a fini par réciter le mot de passe, ce qui comme prévu, nous a ouvert l’accès au sous-sol.
Tout nous a paru trop facile.
On venait de pénétrer dans la base du plus gros enfoiré de la terre tranquillement, juste à l’aide d’un mot de passe. On devait rester vigilants.
On est alors descendu plus bas, de façon à atterrir dans une grande salle où il n’y avait aucune âme qui vive, ressemblant à une grande bibliothèque.
On pensait être rentré incognito, mais un mec balèze et assez grand avec une grosse barbe, sorti de nulle part, nous a interpellés.
Il nous a demandé si nous avions conscience de l’endroit où nous étions.
Comprenant tout de suite que des inconnus étaient entrés dans sa demeure. Il se mit à siffler ce qui eut pour effet de faire sortir une trentaine d’hommes qui se dirigèrent vers nous, et nous encerclèrent.
Son regard s’est alors assombri. Il nous a regardés avec un air vraiment sérieux et nous a dit un truc du genre :
« Vous savez que vous venez d’entrer en enfer au moins ?
Je me présente, Sieg Monson, et ici c’est moi le patron ou plutôt… le diable ! »
On s’est tous regardé, sans trop comprendre la situation… Dans n’importe quelle situation cette réplique nous aurait fait bien marré, mais là c’était plutôt flippant.
Le fameux patron ordonna à ses hommes de nous pointer avec leurs armes, puis il nous a demandé de mettre toutes nos armes à terre.
Évidemment on l’a écouté, on n’avait pas tellement le choix.
On était debout devant lui, cet homme a l’air sinistre, étrange et lunatique, entouré par une trentaine d’hommes.
Il nous observait, calmement puis, d’un coup lança à ses hommes : « je dois le trouver ! »
Je me demande bien, à cet instant, ce qui avait pu mal tourner, on avait pourtant suivi les instructions du cahier, mais on avait merdé c’est évident…
Et je me rendais compte à présent de l’erreur monumentale de ne pas avoir écouté les avertissements de mon père…
Il s’est avancé d’abord vers Malcolm pour lui demander :
« Bon, je t’explique petit, je me fous de qui vous êtes, mon but à moi est de trouver quelqu’un, quelqu’un de digne… c’est tout ce qui compte pour moi… après le reste, vos potes, qu’ils soient morts ou vifs ça m’importe peu. Es-tu… un mec digne toi ?
— Allez vous faire foutre !
— Tu sais quoi, toi je t’adore, devine ce que je vais faire de toi ! Devine, devine !
— Je ne sais pas moi…
— Je veux te laisser la vie sauve, c’est toi mon gars le plus digne d’entre nous ! »
Il a ensuite sorti un couteau et lui a planté dans la joue…
La lame a traversé sa joue et est ressortie de l’autre côté…
Malcolm était toujours debout avec le couteau qui le transperçait… et avec courage, il ressortit la lame, mais sa bouche était à moitié arrachée, il perdait beaucoup trop de sang…
Il s’est alors agenouillé, n’arrivant plus à sortir un mot, juste quelques gargouillis sanguinolents, alors que le patron le regardait en tendant sa main.
C’est là qu’un de ses hommes lui a donné un marteau.
D’un air satisfait il l’a regardé et tout ce que ce putain d’enfoiré a dit ensuite, c’était :
« J’avais une théorie selon laquelle un mec qui ne pensait pas crever rapidement, souffre encore plus quand il agonise… nan, bah… oublions ça, c’est des conneries… par contre, son regard change ! »
Et il a donné un coup de marteau dans le crâne de Malcolm qui est tombé net… ne laissant… qu’une flaque de sang, coulant jusqu’à nos pieds… J’étais à la fois énervé, choqué et apeuré…
« Quelqu’un peut lever le corps de là par contre et nettoyer le sol aussi ! Un marteau en pleine gueule c’est bien beau, mais après le sol est dégueulasse ! » a ajouté ce demeuré.
« Et, toi… je lui dis, tu vas le payer connard ! »
J’ai sorti un couteau que j’avais gardé dans ma chaussure, bien décidé à l’égorger, là, sur place et malgré sa meute autour de lui, mais avec une vitesse phénoménale il s’est baissé pour esquiver mon arme et s’est relevé pour me mettre un coup de tête dans le menton, ce qui me mit directement à terre.
Il redevient soudain très sérieux, mais arbore tout de même un sourire de satisfaction :
« Pour être honnête, je ne veux même pas vous tuer, ça ne m’est pas vraiment utile, mais comme je l’ai dit juste avant, mon but est de trouver quelqu’un de digne ! Prêt à passer la vie des autres avant la sienne ! Et je crois qu’on a un candidat ici même, lui, c’est lui que je veux ! Je veux le garder, il me plaît ! Le prince charmant borgne ! Mettez-le en taule et tuez les autres ! »
Me faisant traîner jusqu’à la prison, lui criant que je le tuerai, il finit par me jeter ici, je le suppliais d’épargner mes amis, mais tout ce que j’eus en retour, ce fut l’écho de deux coups de feu traversant le couloir… tout ça, parce que mes amis m’ont suivi…
Alors voilà comment je suis arrivé ici, tu es content ?
— Je… je ne sais pas quoi dire et… j’avoue avoir un peu de mal à te croire…
— Est-ce que tu as entendu parler de moi, est-ce que tu sais au moins qui je suis espèce d’enfoiré !?
Je suis Edward Shelton, ce carnet était à mon père, et mes amis sont morts pour ça, je les considérais comme mes frères et la femme, c’était l’amour de ma vie, putain ! !
— Ouais ça va, j’te crois… mais… bien que personne ne puisse confirmer ton récit incroyable, nous aussi on a une putain d’histoire…
— Euuh… comment vous dire, je n’en ai rien à foutre de vos putains d’histoires ! Mon unique but est de sortir d’ici pour tuer l’enfoiré qui dirige cet endroit… et tout ça, avant un an pour sauver ma ville.
— Nan, mais sérieux… si ce que tu me dis est vrai, tu es arrivé ici, car tu y es allé tête baissée… tu étais armé en plus ! Et maintenant même si tu arrives à te barrer de ce trou, que crois-tu faire de mieux…
La rage remonte en même temps que les souvenirs de tout ce que j’ai perdu… je le prends par le col et le plaque contre le mur.
« C’est quoi ton but à toi ? Tu crois vraiment que je vais suivre les conseils d’un vieux décrépi avec les dents plus pourries que la mort elle-même ? Hein ?!
— Je… je ne disais pas ça en mal… mais regarde nous Shelton… on est tous des vieux décrépits comme tu dis… à trois dans une cellule qui n’a de la place que pour mettre les trois grilles au sol qui nous servent de lit… regarde donc nos barbes pas rasées depuis presque un an… tu sais pourquoi ils nous rasent la tête et pas la barbe ? Pour pouvoir nous reconnaître quand ils nous prennent pour aller en salle torture et la barbe c’est pour que l’on constate par nous même le temps que nous avons passé ici autrement dit, la durée infinie de notre soumission… tu sais que ça fait presque un an que tu es là parce que tu comptes tous les jours que tu passes dans cet enfer, mais… peut être que tout est faux… et peut être que ta ville a déjà sombré…
— C’est stupide, ils nous reconnaîtraient mieux sans barbe, moi ma théorie c’est qu’ici il n’y a aucune logique, aucune justice aucune raison et que tu n’es qu’un vieux fou pessimiste !
— Appelle-moi comme ça si tu veux, mais tu sais aussi bien que moi que je suis plus réaliste que pessimiste, même si les deux vont de pair. »
Alors que nous sommes en pleine dispute, c’est le troisième prisonnier, un peu plus jeune que nous, qui nous interpelle.
« Stop les gars ! À quoi ça vous sert de vous disputer ? Shelton, si une ville va disparaître, il faut qu’on sorte au plus vite pour la sauver !
— Qu’est-ce que tu veux faire, il reste un peu plus de trois mois pour sortir de la !
— Et alors, rester là blasés, et ne rien dire pendant presque un an, ça a changé les choses ?
— T’as une grande gueule toi en fait !
— Tu sais, ce genre d’info, ce n’est pas après presque un an de silence qu’il faut la balancer ! Ça fait bien longtemps qu’on aurait dû le savoir ! Parce que, grâce à toi, on a une chance de sortir d’ici.
— Comment ça ?
— Si ton père a été prisonnier ici puis garde, il doit sûrement y savoir des choses sur cette prison et comment en sortir…
— Peut-être… mais je n’ai pas eu le temps de lire le carnet entièrement…
— Où est-il maintenant ce fameux carnet ?
— Un garde me l’a pris quand on a été capturé…
— Il est peut-être dans la salle des objets trouvés. Quand on arrive ici on passe tous par cette salle, ils balancent nos affaires dans des boîtes, je ne sais pas pourquoi, mais je me souviens de ça… on peut y arriver Shelton !
— C’est quoi ton nom à toi déjà ?
— André et ce vieux croûton derrière moi c’est Terry. »
Les dix minutes suivantes sont très silencieuses, tous les trois assis sur la grille qui nous sert de lit. Soudain, le vieux Terry s’exclame, comme un éclair de génie :
« Hey les gars ! J’ai une question, si on chope le carnet, c’est qu’on est dehors alors autant se barrer !
— Ah oui et tu la fais comment ton affaire ? Tu vas me dire que tu as un moyen de trouver la sortie, esquiver les gardiens, et te barrer ni vu ni connu ?
— J’en sais rien moi…
— J’ai une question pour vous, quel est le seul moment où notre grille s’ouvre ?
— Pas pour manger, ils nous filent les repas via le trou dans la grille et pas non plus pour aller aux chiottes vu qu’y en a ici, aussi dégueulasses soient-ils… Alors c’est pour nous couper les cheveux !
— Ouais, un coiffeur et deux gardiens rentrent dans la cellule. Et c’est à ce moment-là qu’il faut frapper !
— Je ne sais pas pourquoi, mais je sens la merde arrivée…
Trois semaines ont passé et on a pu mettre à profit ce temps pour préparer notre plan.
Le but étant de récupérer le carnet de mon père qui pourra sûrement nous faire sortir de cet enfer… Une petite lueur d’espoir aussi infime, soit-elle…
Le plan consiste à mettre les gardes hors d’état de nuire avec les moyens du bord, c’est à dire pratiquement rien… mais pratiquement ne veut pas dire qu’on n’a rien.
C’est le début de la matinée, comme chaque début de mois, on entend les gardes taper aux grilles des prisonniers une à une en criant :
« Coiffeur ! Restez au fond de la cellule, les mains en l’air, ne bougez plus ! »
Une fois à notre tour, on écoute les consignes sans rien dire.
André est le premier à passer, un coup de tondeuse et c’est terminé, vient ensuite le tour de Terry. Je passe le dernier, m’assois sur la chaise prévue à cet effet et parle au coiffeur.
« Excusez-moi, mais je fais juste mes lacets avant de commencer !
— Grouille-toi ! » me répond l’un des deux gros gaillards armés d’une petite mitraillette.
Je jette un œil sur mes deux coéquipiers avant de me pencher.
Tout le monde est en position, comme prévu… Le plan est très risqué, mais on n’a pas d’autres choix…
Je décroche ma jambe artificielle, je la prends en main et donne un coup dans le nez du coiffeur derrière moi, il s’écroule à terre.
Je lance ensuite la jambe à André qui fracasse le molosse avec.
Le second garde pointe sa mitraillette sur lui, mais Terry se jette dessus, s’accroche à sa taille et le plaque au sol, malgré la différence de poids, et André l’assomme avec ma jambe.
Bon, le plus compliqué est fait, c’est un miracle qu’on s’en soit sortis, mais la surprise a fait son effet.
André me rend ma jambe que je rattache, on fouille les poches des gardiens et on retrouve les clefs et je sors de la cellule, seul.
Seul parce qu’à plusieurs c’est bien trop risqué, mon but premier est de trouver le carnet de mon père.
Je pense que Terry et André seront plus en sécurité dans la cellule qu’avec moi, mais j’espère tout de même pour eux que les mecs ne vont pas se réveiller tout de suite.
Je place les gars qu’on a mis ko à l’extérieur de la cellule, au cas où ils se réveillent, mais aussi au cas où quelqu’un viendrait à passer par la…
Je ne sais pas trop pourquoi encore, mais le patron, Sieg, me veut en vie, sûrement pour me voir souffrir, ce qui fait de moi un prisonnier intouchable, ou du moins à ne pas abattre, tant qu’il n’a pas donné l’ordre de me tuer.
Je ne connais pratiquement rien de mes compagnons de cellule, à part qu’ils sont arrivés dans cette merde avant moi, j’avoue que c’est un peu de ma faute si je ne connais pas leur histoire, je les ai envoyés chier à chaque fois qu’ils voulaient me la raconter, mais je crois que André et Terry se connaissaient avant d’arriver ici…
En tout cas, à mon plus grand étonnement, André m’a expliqué quel chemin emprunté pour aller dans la salle des objets trouvés et par où passer sans être repéré.
Après bien 10 minutes de marche dans un long couloir où je ne croise personne, je finis par me retrouver devant une porte qui, d’après la description qu’on m’a donnée, doit être cette fameuse salle des objets trouvés.
J’ouvre tout doucement la porte et je ne suis pas seul.
La pièce est constituée de grandes tables avec des objets en tout genre. Mais il y a un mec… il est là à fouiller dans les affaires.
Il n’a pas l’air de m’avoir vu, mais je n’arriverais pas à chercher en restant caché, alors je tente le tout pour le tout.
« Hey ! Vous… vous cherchez quelque chose ? » Le gars se retourne en sursaut et me répond :
« Merde ! Mec steuplait ne dis pas au patron que je suis là !
— Pas de soucis, mais à condition que tu ne lui dises pas que je suis là non plus. On ne s’est jamais vu OK ?
— Aucun souci, marché conclu ! »
Il s’approche de moi et me serre la main.
« Moi c’est Bran, tu es nouveau ?
— Pas vraiment… »
C’était un jeune homme d’une trentaine d’années à la tenue décontractée, des cheveux bruns bouclés, et l’air propre, en tout cas plus que moi.
« Tu cherches quelque chose ?
— Tu sais, si je travaille pour ses connards aujourd’hui, c’était pour protéger ma famille… ma vie contre la leur, c’était le deal en tout cas… et… j’ai… entendu des rumeurs… quelqu’un m’a dit que le patron aurait parlé de mon cas et aurait mentionné le nom de ma fille, et sans que mon interlocuteur n’en soit sûr, il l’aurait entendu dire qu’elle était ici, en prison… si c’est le cas, elle ne survivra pas à cet enfer et on m’aurait menti depuis tout ce temps… alors je cherche, dans toutes ces merdes le moindre indice que je n’espère pas trouver, m’indiquant qu’elle est là…
— Merde je suis désolé, je ne te dérange pas, je te laisse chercher. »
Je vais alors de mon côté, espérant qu’il ne me pose pas de questions, et fouille à mon tour dans ce bordel.
Il y a bien une centaine d’objets en tout genre, des armes, des vêtements, des accessoires, des jouets, des livres, et par chance, tout est un minimum trié.
Je réussis à trouver l’endroit où ils rangent les livres et après quelques minutes, je finis par trouver mon bonheur !
« Bingo ! Je l’ai enfin retrouvé ! »
Le journal de mon père est enfin entre mes mains. Je l’ouvre, et cherche la bonne page grâce au sommaire qu’il a mis en première page. Je trouve le moment où il parle de cet endroit maudit, lis rapidement jusqu’à, enfin trouver la bonne page et le bon passage.
« Cet endroit est un véritable labyrinthe des enfers, et si vous y êtes emprisonnés ça ne va pas être simple d’en sortir. Pas simple, mais possible. Ce lieu est rempli de connards armés jusqu’aux dents et, bien que je travaille dans cet environnement de merde avec comme collègues des gens qui n’ont pour la plupart que dalle dans le cerveau, il m’arrive de me faire des amis.
Je connais la personne idéale qui pourra vous aider pour votre évasion. C’est un homme qui a vécu un peu la même histoire que moi et qui m’en doit une. Bruce.
C’est un gars bien… il fait ses rondes dans le quartier nord le lundi, mardi et jeudi matin, et le sud le mercredi et vendredi après-midi. Si vous voyez un petit gars brun patrouiller dans le coin, appelez-le par son nom et dites-lui que Philippe Shelton demande qu’on lui rembourse sa dette.
Ça devrait le faire, enfin j’espère pour vous en tout cas… »
J’ai les infos que je cherchai.
Je ne peux pas laisser un tel livre ici, ce serait trop risqué vu que c’est la seule avance que j’ai sur Sieg. Je le prends alors avec moi, et pars en courant, je dois me dépêcher d’arriver dans la cellule avant que les deux gaillards se réveillent sinon je crains pour la vie de mes compagnons de cellule.
« Bonne chance pour ta fille !
— Merci ! »
J’ouvre la porte et cours comme jamais je n’ai couru auparavant malgré ma jambe en plastique.
Je dois maintenant retrouver mes coéquipiers et nous sortir de là grâce à l’aide de Bruce !
Dans ma précipitation, je trébuche et m’étale sur le sol.
Le carnet se met alors à voler et tombe à quelques mètres de moi. Je regarde alors derrière moi et me retrouve en tête à tête avec les deux gaillards qui accompagnaient tout à l’heure le coiffeur, qui ont dû me faire un croche-pied… je ne les avais pas vus évidemment.
« Tiens, tiens, tiens ! Mais ne serait-ce pas notre très cher ami ? »
L’un d’eux me prend alors par le col et me plaque contre le mur.
« Tu avais bien préparé ton coup, on n’a même pas vu avec quoi tu nous as tapés, mais tu vas nous le dire pas vrai, et nous le donner tout de suite !
— C’est marrant, vous avez de jolies balafres ça n’a pas dû faire du bien, même pour les molosses que vous êtes !
— Mauvaise réponse ! »
Ils se mettent alors tous les deux à me frapper chacun leur tour, jusqu’à ce que je tombe en sang par terre…
Mais même après ça, je me prends une pluie de coups de pied, m’empêchant même de respirer pendant quelques instants. Je n’en peux plus, je suis au sol, je glisse dans mon sang, je rampe pour éviter un maximum de coup. Mais après m’être pris une énième raclée, je crache du sang et pose ma tête contre le sol.
« Tiens, mais regarde-moi ça ! Pourquoi il avait ce truc avec lui à ton avis ? »
Merde ! Il a le carnet de mon père ! Je n’ai plus le choix, je réunis les dernières forces qu’il me reste et fonce sur lui en le serrant par la ceinture
« Nan, pas deux fois ! »
Il me donne un coup de genou dans le ventre et un coup de coude dans le dos et je m’écroule…
Je suis complètement paralysé.
« Apporte ce carnet au boss, ça pourrait être important, surtout que ce mec a pris des risques pour se le procurer ! Moi je me charge de le ramener dans sa cellule ! »
Pendant que l’un part avec le carnet, l’autre m’attrape par le col alors que je suis toujours au sol et me traîne jusque dans ma cellule où je retrouve mes camarades également amochés.
Je rampe jusqu’à ce qui me sert de lit et commence à dormir, l’épuisement étant à son maximum.
À mon réveil, c’est André qui m’interpelle le premier, couvert de blessures et de bleus.
« Alors ? Mission réussie ?
— Oui… on peut dire ça… j’ai trouvé qui est l’homme qui peut m’aider, mais on n’a plus beaucoup de temps… Dis-moi, quel jour on est ?
— Hum… d’après ton étrange calendrier vendredi.
— Et on est l’après-midi…
— Oui je pense… vu qu’on a mangé.
— Bien ! Tout est OK alors !
— Euuh… je t’avoue que je ne comprends pas trop là. Où tu veux en venir exactement ?
— Laisse tomber, je te dis que tout va bien ! »
Je me précipite vers les barreaux de la cellule et y colle ma tête à la recherche d’un éventuel petit gars avec les cheveux bruns… Ça ne doit pas être compliqué vu le peu de personnes qui passe par ici… Et après quelques minutes d’observation et de concentration… Bingo ! Je pense avoir trouvé ce fameux Bruce. Je l’appelle assez discrètement au départ, à la limite du chuchotement, mais quand je vois qu’il ne m’entend pas ou qu’il m’ignore, j’augmente le son de ma voix.
À force d’user ma voix pour rien, je commence à perdre patience.
« Bruce, tu m’entends ou quoi ?! Amène-toi ! »
Il décide d’enfin se bouger, mais tout ne se passe pas comme prévu.
Il s’approche de moi, m’attrape par le col à travers les barreaux et me serre contre la grille.
« Je ne sais pas où tu as entendu mon nom, mais si tu continues à le gueuler sur tous les toits… »
C’est à peine si j’arrive à répondre avec mon visage collé contre la grille, mais je parviens à sortir les mots nécessaires.
« Shelton… veut… que tu règles ta dette… »
Après avoir entendu ses mots, il reste figé et me relâche soudainement. À voir à sa tête, on dirait qu’il vient de voir un fantôme.
« Mais… qui es-tu ?
— Son fils…
— Edward… alors il a accompli son devoir… Que puis-je faire pour toi ?
— Nous avons échoué… mais maintenant je dois sortir d’ici au plus vite !
— J’aimerais bien, mais… ça va être compliqué tout de suite…
— Il ne nous reste plus beaucoup de temps, Sieg sera bientôt en possession du carnet de mon père, si ce n’est pas déjà le cas !
— Merde… je vais me débrouiller pour que tu sortes au plus vite…
— Maintenant ça craint aussi pour toi… et il faut que tu fasses une dernière chose pour moi…
— Quoi donc ?
— J’ai besoin que tu te renseignes… J’ai besoin de savoir si Janet Portlo et Mickaël Brooks sont en vie. Et si tu as le moyen de les faire sortir… sinon ne t’inquiètes pas pour ça, je m’en occuperai…
— C’est d’accord, je vais me renseigner…
— Et Bruce… qu’a fait mon père pour que tu aies une dette envers lui ?
— Il a fait sortir mon fils de cet enfer… et c’est avec grand plaisir que je lui renvoie l’ascenseur ! »
Il fallut attendre quelque temps avant de revoir Bruce.
Mes deux compagnons de cellule se sont doucement remis de cette mission mouvementée et quant à moi, j’ai arrêté de compter les jours qui passent. Je me dis que pour l’instant je ne pouvais rien faire de plus, que toute mission ne sera maintenant plus possible avec les gardes rajoutés depuis que j’ai eu la possibilité de sortir d’ici.
Quelques jours ont passé et nous sommes tous là, tranquillement à nous reposer ou dormir à moitié pour certain quand soudain, Bruce blessé apparaît devant notre grille, il nous ouvre difficilement avec une vieille clef et m’appelle :
« Shel… Shelton… j’ai un message pour Shelton… »
Il s’approche de moi doucement pendant que mes équipiers prennent la fuite, il s’appuie sur moi tout en me délivrant son message :
« Elle… elle est vivante…
— Janet !? Où est-elle ?!
— Cela fait bientôt un an… La ville… la première ville va être annihilée… Drylon… comme tu le sais… et… Elle te demande de promettre… sauve la ville et… ne va pas la chercher… ne va pas… » Et il tombe au sol…
Mais pourquoi ne pas aller la chercher ?! Et Mickaël, il est vivant ?! Merde… ou sont-ils… et… il est vrai que notre ville sera la première sur la liste… je dois sortir d’ici…
Je quitte cette cage, je commence à courir, mais j’entends un craquement puis je tombe par terre… mais qu’est-ce qui se passe, putain ! Nan ! Ma jambe artificielle est pétée en deux ! Ma jambe n’a pas vraiment apprécié qu’on se serve d’elle comme une batte… Je ne peux pas me relever !
Je rampe, et je tombe nez à nez avec deux mecs.
« Et toi ! Rentre dans ta cellule ! »
Alors qu’ils me braquent avec des flingues, Bruce que je croyais mort après m’avoir délivré le message saute sur les deux types.
« Sache que ton père était le meilleur d’entre nous ! J’ai payé ma dette, maintenant va-t’en ! »
Je continue à ramper à la recherche d’une éventuelle sortie, et je vois au loin Terry, il s’approche de moi.
« Hey ! Qu’est-ce qui t’arrive ? Faut qu’on se casse d’ici !
— Ma jambe artificielle, elle est pétée !
— Zut ! Attends, je vais t’aider ! »
Il me porte et court à la recherche de la sortie, on dirait qu’on n’est pas les seuls prisonniers à avoir été libérés, il y a des tirs dans tous les sens et du sang partout, on retrouve enfin la grande salle ressemblant à une bibliothèque, on remonte l’échelle pour atterrir dehors, ou cette fois-ci, le mec nous braque avec un flingue et marche lentement vers nous.
« Merde ! Cours ! »
On se barre en courant, mais on n’en a pas vraiment le temps de fuir très longtemps que Terry se prend une balle dans la tête, me faisant tomber par la même occasion.
« Putain Terry ! »
Au sol, je rampe, quand j’entends : « J’arrive ! »
Nan ! Nan ! Nan ! Je rampe pour me mettre derrière une pierre et j’entends des pas, quelqu’un se rapproche, pour soudainement me toucher l’épaule, mais c’est mon second compagnon de cellule, André :
« Shelton ! Suis-moi, je sais où on pourrait se planquer… »
Mais sa phrase n’est même pas terminée que j’entends ce connard de tueur derrière moi :
« Mal caché ! »
Et mon second compagnon de cellule se prend aussi une balle dans la tête, son sang me gicle dessus, il tombe sur moi.
Ensuite, comme si rien ne s’était passé, il retourne garder son bunker. Le corps de ce brave André a suffi à me cacher !
Je suis par terre, le pantalon troué à force de ramper… Je n’ai pas le choix, je dois abandonner mes deux amis sacrifiés pour moi… au bout de quelques minutes, je commence à saigner tellement je frotte le sol… Je fais une pause et je réfléchis à tout ça…
À toutes ces merdes comme à toutes les bonnes choses. Mickeal… Janet… on en a passé du bon temps ensemble… mais bon, c’est vrai qu’être comme tout le monde aurait été pas trop mal… Quoique peut-être un peu chiant et pas du tout amusant…
Je ne connais personne qui se dit :
« Tiens ! Moi aujourd’hui j’ai fracassé des Indiens habitants dans des égouts comme des putains de tortues ninjas, et ensuite, j’me suis fait ami avec un gang habitant dans une prison, qui d’ailleurs ce chef de gang tient la police dans ses mains… ah oui, et sans oublier la fois ou j’ai défoncé un gang masqué avec des potes pendant un concert, et qui d’ailleurs le chef de ce putain d’gang n’est autre que mon père qui était supposé être mort depuis une dizaine d’années… »
Tout… va… bien… Bon, au moins quand je parle de ma vie à un mec, les discussions sont plutôt intéressantes… Mes parents adoptifs sont un gang de criminels vivant dans la rue et toi ?
Quelle vie pourrie, sérieux… Dire que t’as des mecs qui sont peut-être, genre à un repas de famille, alors que moi je suis là, allongé par terre en plein soleil parce que je ne peux plus marcher, à raconter d’la merde… Et à perdre la boule en me parlant à moi-même… d’ailleurs je ne sais pas comment je suis arrivé jusqu’à ce bunker pourri… ah si ! En voiture…
Putain la voiture ! C’est mon billet de sortie !
Ah ouais, mais je n’ai qu’une jambe… et qu’un seul œil… merde… est ce que c’est possible de conduire avec qu’une seule jambe ? Nan bien sûr… alors qu’en se servant d’une canne pour appuyer sur l’autre pédale, ça pourrait marcher !
Quoique… Ça ne doit pas être super évident… on s’en fout, de toute façon j’ai pas l’choix.
Premièrement, retrouver la voiture… je crois bien qu’on l’avait laissé sur un vieux parking… Je rampe encore un peu et je la vois.
Maintenant, trouver une canne… je trouve un bout de bois, ça fera l’affaire !
Au bout de quelques minutes de marche, ou plutôt de rampe parce que techniquement je ne crois pas que se traîner par terre comme une limace puisse être considéré comme de la marche… bref, au bout de quelques minutes de… rampe… j’arrive enfin à la voiture.
J’ouvre la portière et au bout de quelques minutes de galère, je finis par réussir à m’asseoir sur le siège… ouf ! Putain qu’est-ce que ça fait du bien ! Je crois que je vais rester assis ici jusqu’à la fin de mes jours !
Attends deux secondes, comment ça s’fait que la voiture était ouverte… Bon j’m’en fous en fait ! Allez, j’me casse de cet endroit pourri !
Et merde… je n’ai pas les clefs forcément… j’avais oublié ce détail… La boîte à gants ! Elles sont peut-être dedans ! Et… oui ! Les clefs sont dedans !
Aller j’me casse, bande d’enfoirés ! Le moteur tourne et en route… C’est particulier de conduire avec un morceau de bois, mais bon…
Comment je peux faire pour vivre sans ma famille… C’est impossible… Je me jure de revenir dans cet endroit pourri et je les sortirai d’ici… Même si je ne suis pas encore sûr que Mickaël soit en vie, je garde espoir…
Les minutes passent sur les routes désertes pour arriver finalement devant notre maison.
Une fois garé, je marche à l’aide de ma canne jusqu’à la porte d’entrée, je baisse la poignée et… et merde je n’ai pas les clefs !
J’avais oublié ce détail, Mickaël avait les clefs, normal, c’était sa maison à la base… comment je peux entrer… j’ai plus qu’à… nan je n’ai aucune idée de ce que je devrai faire… la défoncer peut-être ? Ce n’est pas cool pour Mickaël… je m’assois devant la porte pour réfléchir un peu et un mec que je ne connais pas, barbu avec des vêtements abîmés et un bonnet, me regarde.
« Qu’est-ce que t’as ? Tu veux mon portrait et un échantillon de ma pisse ou quoi ?!
— Euuh… nan sans façon mec, je venais te voir pour te donner un conseil.
— Un conseil ? Tu vas faire quoi ? Me conseiller de partir parce que c’est ton territoire ou un truc dans l’genre ?
— À vrai dire, j’allai juste te dire que… j’te vois en train d’essayer de rentrer et tout et… j’ai travaillé dans la vente de maisons, beaucoup de gens me laissaient leur clef, en les planquant dans des pots de fleurs, sous le tapis de bienvenue alors je te conseille de…
— T’es qui toi ?
— Euh… je suis votre… voisin.
— On n’a pas d’voisin !
— Enfin je squatte le trottoir en face…
— Si tu sais tout ça, pourquoi t’es pas rentré toi ?
— Je n’me permettrais pas de m’introduire chez les gens comme ça.
Tu… veux que je t’aide à te relever, car je vois que…
— Pourquoi pas… merci… »
Il m’aide et s’en va d’un signe de main se rasseoir sur son morceau de trottoir.
Je me penche pour soulever le tapis de bienvenue et… miracle… je n’aurai pas besoin de défoncer la porte.
Je rentre dans cette maison pleine de souvenirs anciens, et je me dirige dans la chambre, je fouille les placards et récupère une jambe de rechange… c’est vraiment étrange d’avoir des jambes de rechange, mais j’avais bien dit à mon médecin que ce serait toujours utile d’en avoir en plus… Je ne pensais pas à ces circonstances-là tout de même…
Je prends ensuite une bouteille de whisky et m’installe sur le fauteuil, allume la télé… soudain le téléphone sonne… je ne sais pas qui c’est et j’en rien à foutre !
Personne ne sait que je suis là de toute façon.
En dix minutes le téléphone sonne vingt fois !
J’en ai marre, je préfère aller dehors !
Je titube jusqu’à la porte d’entrée, à cause du whisky, je l’ouvre et tombe dans l’herbe… Je… je ne mérite pas de vivre ! Pourquoi ! Janet, Mickaël… je n’suis plus rien !
« Mec… viens voir… » Le mec de tout à l’heure m’interpelle.
Je viens m’asseoir à côté de lui et il commence à parler :
« La mort… Que s’passe-t-il après ce cap… nul ne sait avant de l’avoir franchi, mais… ce monde est cruel, la mort doit être un soulagement, mais… par la crainte de se tromper et le fait de ne rien savoir pousse l’humanité à survivre, l’instinct de survie qu’ils appellent ça… ne t’inquiète pas pour tes morts… et sois là pour les gens qui sont là pour toi…
— Tu n’as pas de famille toi ?
— Comme beaucoup, la mort les a emportés…
— Tu te souviens de leur visage ?
— Seulement mon frère…
— Comment était-il ?
— Il n’était pas musclé, mais… c’était une véritable brute… il ne plaisait pas aux filles… et… il était arrogant… malgré ça il avait une volonté de fer… on ne s’entendait pas très bien… un jour, il m’a dit qu’il souhaitait monter son business, une entreprise censée rapporter énormément d’argent… je lui avais dit que ses affaires douteuses causeraient sa perte… Mais il a continué son projet, sachant bien que je m’y opposais.
Un jour, des hommes sont venus chez moi me menaçant avec des armes à feu… avant qu’ils ne tirent, mon frère a fait irruption et dit aux hommes de se rendre sans me faire de mal…
Ils lui ont instantanément vidé leur chargeur dans le ventre, ont pris son corps inanimé et sont partis loin d’ici, l’emportant sous mes yeux horrifiés…
— Je suis désolé…
— Ne t’inquiète pas pour moi… et toi, dis-moi, qui as-tu perdu ?
— Ce sont mes… non ! Je n’ai pas perdu… je… je vais les chercher ! Je… je dois aller mieux, je… je dois réfléchir… comment… une douche ! L’inspiration me vient quand je vais à la douche ! Je reviens ! Merci le vieux !
— Euuh… de rien, mais… tu sais, je n’ai pas encore cinquante ans, si ça trouve, t’es plus vieux que moi ! c’est sûrement la barbe qui fait ça ! »
Une fois ma douche terminée, mon plan est dans ma tête. Ce sera simple, efficace… et violent…
Avant de partir, je laisse les clefs de la maison au vieux :
« Je te confie la maison en mon absence, t’as plus qu’à espérer que je ne revienne jamais.
— Très drôle, mais… on se connaît depuis même pas une heure et t’as confiance en moi ?
— Le fait que tu poses la question montre que je peux te faire confiance.
— Ouais si tu le dis… mais dis-moi, en quoi consiste ton plan ?
— Rien de très difficile, je vais créer un bordel pas possible là où sont retenus mes potes, et je vais profiter du mouvement pour les libérer ! »
Je quitte la maison, serein, je prends la voiture et…
Attends deux secondes ! j’ai failli oublier, il faut que je prenne de quoi me défendre. Une batte en aluminium et un flingue avec une quinzaine de balles. Je pense que ça devrait suffire. Je prends ensuite une jambe de rechange que je mets dans le coffre de ma voiture, on ne sait jamais…
Alors… destination numéro un, le quartier pourri qui m’a adopté après la mort de mon père, je n’y suis pas retourné depuis que mon père adoptif est mort…
Après quelques minutes de voyage, j’y arrive enfin.
Je gare la voiture à quelques mètres de l’endroit et me dirige vers ma destination.
Contrairement à la dernière fois, c’est extrêmement calme, je marche quelques minutes et je finis par entendre des voix venant tout droit d’un garage qui est entrouvert, je rentre à l’intérieur. Une trentaine de personnes sont là. Un homme debout sur un bureau commence à parler.
« Cela fait maintenant des mois que notre bien aimé chef a lancé un escadron suicide pour détruire la pine Tower ! Nous avons tous vu la fumée venant de cette tour ou plutôt de cette ruine désormais !
L’opération a apparemment était un grand succès, mais nous n’avons reçu des nouvelles de personne… et cela fait bien des lustres que nous n’avons plus personne pour nous diriger !