Arsène Lupin vs Léonard Gianadda - Alexis Giroud - E-Book

Arsène Lupin vs Léonard Gianadda E-Book

Alexis Giroud

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Beschreibung

D'un côté, Arsène Lupin, le vrai, le beau, le gentilhomme-cambrioleur... Il a pactisé avec le diable, il y a fort longtemps, et l'heure de rendre les comptes a sonné.
La mort râle. La faux donne des frissons dans le dos et des glaçons dans les veines. Le glas sonne !
De l'autre côté, Léonard Gianadda, le grand, le bâtisseur, l'immortel du fauteuil 7... Il a ouvert les portes de son musée, à Martigny, sur une nouvelle exposition.
Aux cimaises ne sont exposés que des faux. De faux tableaux pratiquement sans défauts. Au milieu, un vrai, un authentique, un original : le tableau d'une Faux !
Sur le champ de bataille, Arsène est en quête de la Faux et Léonard enquête pour le Vrai...

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alexis Giroud est auteur de plusieurs livres dont Cris et Dits écrits et inédits et L'Arène des Reines.

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Alexis Giroud

Arsène Lupin vs Léonard Gianadda

Roman

© Lys Bleu Éditions – Alexis Giroud

ISBN : 979-10-377-3464-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le mot de Léonard Gianadda

Dans un premier temps, Alexis me fait savoir qu’il écrit un roman dont l’action se déroule principalement dans l’enceinte de la Fondation Pierre Gianadda. J’avais eu, à maintes reprises, l’occasion d’apprécier l’élégance de son style et l’humour de sa plume, c’est donc avec bienveillance que j’ai accueilli cette nouvelle.

Dans un deuxième temps, j’apprends, de la bouche même de l’auteur, que je suis un des personnages principaux de cette histoire. Bon ! J’ai les épaules assez solides. Seulement, je comprends aussi et surtout qu’il est question d’un vol de tableau dans mon propre musée. Comprenez ma réticence voire ma désapprobation !

Dans un troisième temps, rassurez-vous, ce n’est pas une valse à mille temps, j’ai lu le tapuscrit de Arsène Lupin vs Léonard Gianadda. Réticence et désapprobation ont laissé la place à émerveillement et enthousiasme. J’ai été conquis par les facéties de l’auteur, par ses astuces langagières, par la malice de son style, par ses ingéniosités verbales. Par son humour.

Chaque page vous décoche un clin d’œil complice.

Chaque page vous décroche un sourire entendu…

Préface

On connaît les diverses facettes de l’artiste Alexis Giroud, écrivain, metteur en scène, comédien, jongleur de mots, érudit et facétieux. On connaît moins le poète et le cabotin.

Dans son roman Arsène Lupin vs Léonard Gianadda, on les retrouve toutes, qui déversent, tour à tour et pêle-mêle, des éclats d’esprit habillant l’ouvrage d’un costume d’Arlequin aussi scintillant et bigarré que les lumières d’une fête foraine, tissant une intrigue aux allures de labyrinthe ou de kaléidoscope !

L’auteur vous y entraîne, vous conduit pour mieux vous y perdre, vous récupère un peu plus loin, au détour d’une digression savante, d’une anecdote historique ou picturale ou d’une péripétie désopilante.

Tous admireront sans doute la virtuosité de l’homme de plume et se divertiront du foisonnement de perles littéraires dans ce récit façon Caverne d’Ali Baba.

Jean-Marc Salamolard

Chapitre 1

« S’il vous plaît, s’il vous plaît, Mesdames, Messieurs, un peu de silence, s’il vous plaît ! »

Côté court, non pas pour faire une faute d’orthographe, mais pour faire bref, La Fiole. Qui s’égosillait, qui s’époumonait… Il, sujet impersonnel, pleuvait des postillons gros comme des cochers de fiacre sur les premières rangées de spectateurs qui n’en pouvaient mais et n’en faisaient cas, car ils riaient comme des baleines et se tordaient comme des bossus. Le contraire est aussi vrai. On aurait dit une chambrée de baleines à bosse, serrées comme harengs en caque.

Du balcon, où il y avait du monde au sens propre, même si l’autre n’est pas sale, des rires indécents dégringolaient à pleine gorge et tombaient en cascade, inondant les baignoires du rez. Au poulailler, haut nid perché, on gloussait. Dans les fauteuils, on se torboyautait. Sur les strapontins, au bout des rangées et à bout de souffle, riaient aux larmes, citoyens. Le gros des spectateurs se bidonnait. Les chauves se poilaient. Des os pilaient. Partout, on s’esclaffait.

On n’en « pouffait » plus, aurait dit mon ami saint-gallois marié à une Sénégalaise qui était D’akar, autrement dit d’accord et de Dakar. Même le toit de tôle se gondolait. Pour être plus précis, le toit se tôlait et les tôles ondulaient comme les vaches de nos contrées.

Tiens ! Là, il y a un jeu de mots avec les vaches qu’on trait. Il ne saute ni aux yeux ni aux oreilles si on lit d’une traite ! Au pis à lait, je ne savais pas que ça s’écrivait comme ça, lecteur distrait, tu n’aurais vu que du feu.

Quant à La Fiole, égosillante et poumonante, dirigeant la mesure sur de grotesques gesticulations d’épouvantails à moineaux enguenillés, elle, mais à l’état civil c’était un homme, donc « il » soliloquait et réclamait à hue et à dia le retour au calme. Il est vrai que, bâti comme une bouteille de deux décis, il flottait dans son costume d’Arlequin et si on l’avait affublé d’un chapeau de paille jaune isabelle, d’oripeaux et de colifichets, il aurait pu faire une glorieuse carrière de mannequin dans un parchet de vignes, aussi vierges que dorées, au milieu des cépages sans âge qu’on appelle simplement ceps.

« S’il vous plaît, s’il vous plaît, Mesdames, Messieurs, un peu de silence s’il vous plaît ! »

Ce passage est un copié-collé de la phrase que tu as lue en introduction. Tu as donc bien fait de sauter à pieds joints par-dessus. Le temps c’est de l’argent, disait Benjamin Franklin en anglais. Mais « pecunia non olet » avait déclaré, bien avant lui, Vespasien dans la langue qui était sienne, en Toscane et à l’époque, c’est-à-dire en latin. Le proverbe nous rappelle ainsi que l’argent n’a pas d’odeur et cette précision, je la dédie aux cinq pour cent de la population qui souffrirait, selon les statistiques compulsées, d’anosmie. Celle-ci étant à l’odorat ce que la surdité est à l’ouïe et la mutité au vocal organe.

En revanche, il faut lire la suite si tu veux savoir que La Fiole obtint gain de cause et, par voie muette de conséquences, que le silence revint. À pas de velours légers, ce qui peut paraître contradictoire, puis si lencieusement qu’on ne le perçut point. Il, sujet tout aussi impersonnel, chut petit à petit ou pas à pas, c’est au choix, mais je te propose peu à peu qui me paraît plus adéquat, un mutisme de plomb sur la chape et ce, dans un tel effort de recueillement qu’on aurait pu entendre dérober une porte ou chiper une impie pie.

Mais seules volaient les mouches.

La Fiole eut un coup d’œil qu’on plisse vers son compère Grognard qui n’avait pas de talent particulier pour le métier des planches, mais qui se taillait tout de même son petit succès.

L’heure est venue de préciser que, depuis bébé, je ne l’ai pas connu avant, depuis tout bébé, il bébé, il bébé… il bébégaygait… il bégayait gaîment. On ne peut pas écrire qu’il vagissait comme agissaient tous les enfants de son âge. Non ! Il pleupleu… pleurninichait ou babbalbubutiait au point de lalasser la mémé, le pépé et toute la mémaisonnée. La seule chose, qu’il n’arrivait pas à lalacer, c’étaient ses souliers, soit dit en passant.

Or, tout acte théâtral exige répé… répépé… et même répétitions, ce qui fait qu’il était à l’aise dans l’art de répéter et de se répéter. Et « bis repetita placent », si l’on en croit les Romains qui habitaient l’oppidum dans lequel se déroule aujourd’hui notre histoire.

Donc plus Grogrognard bégaygayait, plus Grogrognard plaiplaisait.

Ledit oppidum qui léguera à ses descendantes zé descendants, pour imiter le tribun politique, un bourg et une ville, s’appelait Octodurus.

Dans sa « Guerre des Gaules », Jules César relate la « Bataille d’Octodure », qui vit s’affronter, aux vénérables Véragres autochtones, la douzième légion romaine de Servius Galba.

Selon les écrits de l’Imperator dictateur, voué entièrement au culte de sa personnalité, il se serait taillé une glorieuse julienne victoire césarienne. Mais nos courageux et preux aïeux, aux bras noueux, ont une tout autre version des opérations et les rares à avoir la mémoire fidèle et la tête sur les épaules, rient sous cape et se vantent aujourd’hui encore de la cinglante déculottée qu’ils ont infligée à l’envahisseur romain.

Et…

Octodure accoucha, sans césarienne, de Martigny.

La cité citée paresse, ce jour d’hui, assoupie et somnolente sous le soleil de midi dix. Elle fourmille de mille ruches bourdonnantes et bourdonne de mille et une fourmilières au pied de l’altière et hautaine Tour de la Bâtiaz, lointaine héritière d’une bastide inexpugnable. Elle, la citée pour ne pas la citer, s’enrhume parfois sous les coups de boutoir d’une bise coquine qui soulève les jupes des filles en même temps que la curiosité des quidams d’une manière générale et des quidanes, en nombre plus restreint, c’est plutôt naturel.

Martigny, volontiers biberonneuse, lève le coude sur les berges d’un fleuve qui s’anguille sous roche le long de ce pittoresque canton du Valais drapé dans sa bannière très étoilée. Pour ceux qui connaissent pas, je précise que le drapeau du Valais est orné de treize étoiles sur fond rouge et blanc. Rouge de Gamay, blanc de Fendant, qui coulent dans les veines d’un Vieux-Pays inondé très tôt de bonheur, joyeux pléonasme auditif ! Quant à l’apéritif, il se prend dès avant midi. Ce midi qu’on peut, avec un brin de zèle et un zeste de bonne volonté, aller chercher bien après quatorze heures.

On est entre chien et loup, entre le zist et le zest précisément, au moment où la falote clarté vespérale n’a pas encore cédé le champ au noir crépusculaire. Au moment où il faut s’armer d’une lanterne, fut-elle terne, pour ne pas confondre loup et chien qui sont l’un et l’autre, pour ne pas dire tous deux, caniformes, car nivores et nassiers.

En Inde, je digresse, si une vache sacrée ne veut pas se tirer, elle ne se tire pas Point Chez nous, si un loup ne veut pas se tirer, personne ne peut le tirer Point d’exclamation

On est à la brune d’un jour de la semaine qui se termine, pardi ! Comprenons-nous bien ! Ce n’est pas la semaine, c’est ledit jour qui se termine par « di ». Cela vous laisse le choix entre lunmarmercrejeuvendre ou same. Et pour ne pas vous abandonner dans la crasse de l’ignorance, je préciserai que c’est le jour qui marque le milieu de la semaine, si l’on en croit le « Mittwoch » teutonique de nos cousins germains. On est donc au soir du jour dédié à Mercure.

Le Tout-Martigny, dans ce qu’il a de plus aristocratement guindé, est monté sur son collet et s’affiche sur son trente et un. En même temps, on est le dernier jour du mois sacrifié à Mars, dieu de la guerre naguère… Et jadis itou, tu as raison !

Le Tout-Martigny donc a posé son séant, celui-ci étant tout de même plus distingué que cul, derche, postérieur, croupe ou popotin, dans les fauteuils du théâtre qui avait ouvert ses portes à dix-neuf heures et son bar dans la foulée. L’édifice, composé de plusieurs salles, astucieusement nommées pièces de théâtre, fleurait bon les planches en sapin, les coulisses de l’inconnu et les mystères de l’interdit, cachés comme un secret de Polichinelle par un rideau de velours pourpre. Parterre, galeries, baignoires, corbeilles, poulaillers… la jauge était de trois cents places, très précisément. Ce n’est pas indispensable de le savoir mais ça veut quand même dire que le soir où il y a trois cent trois spectateurs, il y en aura subséquemment trois sans place.

Soyons précis !

Je reprends donc au moment où la Fiole obtint le silence. Un troisième personnage, côté jardin et coté en bourse, statufiait dans la position du « Penseur » de Rodin. Inutile d’écrire qu’il se taisait. Sans dire qu’il était naturellement taiseux, du style à tourner cette fois, comme toutes les autres, la langue dans sa bouche avant de la boucler. Taiseux mais séduisant. Voire taisant, mais séduisieux. Et des yeux ! Une paire d’yeux verts, tirant sur le pers. Troublants. Verts, pers, la journée. Pers, verts, la nuit. Fils d’Apollon ou de Narcisse, ou des deux… à croire que Rodin en personne l’avait sculpté, avec peut-être, un je-ne-sais-quoi de Camille Claudel. Mais on en reparlera lorsqu’il descendra de son piédestal. J’allais dire quand il reviendra sur terre car il s’appelle Icare, de son nom de scène.

Et La Fiole au milieu de ce silence étourdissant ? Il en avait oublié les convenances et s’était pris à tutoyer le spectateur. Le comédien pesait ses mots, à la manière d’un crieur au loto, afin que chacun ait le temps d’opérer sa petite gymnastique mentale. Le lecteur adaptera sa vitesse et adoptera le débit qui lui convient. C’est à cela que je le convie en écoutant La Fiole, heureux et comptant :

« Tu prends un chiffre entre 1 et 10. Concentré ? Tu doubles le chiffre que tu as choisi. Tu… tu y ajoutes le nombre 10. On me suit toujours ? Tu enlèves 2. Tu divises ton résultat par 2. »

Grogrognard hasarda un « je suis con… con… con… »

On ne saura jamais. Con… tent, fus, scient, finé ou taminé par le virusse-chinois ? En fait, il était juste com... plètement à côté de la plaque. Mais ne te laisse pas distraire, cher calculecteur ou lectucalculeur.

Du résultat que tu as retenu, tu retranches le nombre auquel tu avais pensé de prime abord. Et tu as un chiffre. Celui-ci correspond à une lettre de l’alphabet, par exemple 2 serait B, trois serait C et ainsi de suite. Tu me suis ? La lettre que tu as en tête correspond à la première lettre d’un pays. Tu dois l’avoir, si tu n’as pas perdu le Nord. La dernière opération consiste à t’arrêter sur la quatrième lettre de ce pays… C’est la première lettre d’un gros animal. Tu l’as ?

Grogrognard interrorogea la salle :

— Toutou le monde a trouvé ?

À ce moment, la statue sortit de sa torpeur, s’ébrouit, s’ébatta, se secouit et descenda un pied du destal. Elle devint Icare et Icare devin. Il retrouva ses esprits et s’enveloppa dans sa candeur rassérénée pour asséner :

— Mais non, voyons ! Personne ne peut trouver des éléphants au Danemark !

Ceux qui connaissaient le problème firent « booof ». Mais il faut bien se dire qu’à l’époque, personne n’avait entendu le gag. Étonne-toi dès lors qu’en lieu et place des « boof », les spectateurs conquis émirent des clameurs de liesse et d’enthousiasme avant d’exécuter une vague « ola » improvisée.

Les puristes de la langue donneront du pléonastique à cette expression puisqu’en espagnol, la « ola » signifie déjà la « vague ». Mais si je l’utilise, c’est à seule fin d’être plus précis.

Manifestement, le spectacle touchait les cœurs. Maintenant, il touchait aussi à sa fin. Et le spectateur, sentant sa fin venir, priait pour en retarder l’échéance. Malin, il bissa. Il bissait à jardin, il bissait à cour, il bissait de tous côtés, bien décidé à monter au ter. Certains bissaient même à côté. Bravo !

Icare prit alors le booof par les cornes et déclara tout de go qu’il allait disparaître. S’évanouir. S’éclipser, tel un astre. Il allait les laisser sur leur faim. Il monta pour cela sur l’estrade qu’on appelait plus haut piédestal et se retrancha derrière un grand drap blanc. À la régie, la lumière jeta un éclair fulgurant. En même temps, le drap toujours aussi blanc descendait lentement, comme un voile sur une mer d’azur, très lentement. Et tout aussi lentement émergea une nymphe, une naïade, une déesse.

Tu vois la Vénus de Botticelli ? Elle a de longs cheveux qui dissimulent sa pudique et chaste nudité. Eh bien, c’était elle, somptueuse, dans toute sa candide splendeur. La différence, c’est qu’elle avait les cheveux courts.

La salle demeura coite et quiète. À la place du rouge au front, c’est la cape purpurine du manteau d’Arlequin qui tomba chastement sur ses épaules et sur ce premier chapitre qui d’ailleurs, lui aussi, touchait à sa fin.

Chapitre 2

La ville de Martigny avait monté sa police. Pour le plus grand bonheur des linguistes tatillons, sans accent circonflexe, pour qui cette initiative, à elle seule, justifiait l’expression « descente de flics ». Les émérites cavaliers étaient d’ailleurs très vite redescendus de leurs grands chevaux. En proie aux quolibets et aux persiflages de la gouailleuse piétaille.

Va verbaliser un fêtard qui pisse contre un platane de la place centrale lorsque ta monture sème allègrement son crottin sur les gendarmes couchés de McAdam ! Va contredanser, je trouve plus élégant que contraventionner, un grand noceur devant l’Éternel ! Surtout que le fait d’être noceur n’empêche pas celui d’être votre frère, aussi, devant le même Éternel.

La municipe alitée pour une sournoise cause d’inconnu corona-virus aussi chinois que ravageur, donna pourtant ses ordres. La maréchaussée de bottes les exécuta. Elle mit ipso facto pied à terre pour fouler le plancher des vaches tout en restant à cheval sur les principes.

Les gens d’armes cessèrent donc leur manège sur le dos des bourrins et des contribuables et recommencèrent peu à peu ou petit à petit, c’est au choix, mais ici je vous propose pas à pas qui me paraît le plus idoine, leur tour de ronde à pied, au pied de la ronde Tour. Ils vont toujours par deux, ces oiseaux-là, un peu comme d’inséparables perruches rosegorge. C’est une autre version de « la perruche et le poulet ». Et, si on les traite de tous les noms d’oiseaux, ces pandores, c’est parce que, souvent, on ne sait pas leurs noms. Notre paire à nous est composée d’un et d’une. Ce qui en fait un couple.

Ils se ressemblent, de dos surtout, et même vus d’avion, à cause de leur casquette. Mais s’ils voltefacent conjointement, alors tu reconnais facilement l’une de l’autre car la première a deux bonnets en plus de la casquette, l’un pro, l’autre éminent, ce qui donne proéminents pour les deux, taille C ou D ? Difficile de dire à l’œil nu. Dans toute la ville, on les appelle Elle et Lui. Mais en réalité, on ne les appelle pas souvent. Ils viennent tout seuls. Lui est chef de poste. Elle, non.

Il, sujet encore impersonnel, était bien tôt. Bientôt cinq heures du matin. C’est peut-être l’heure solennelle où Paris s’éveille au son de la flûte traversière et à l’odeur des flûtes croquoustillantes, mais c’est à coup sûr celle où Martigny sommeille encore et, par bonheur, les mouches aussi. Même le jour sommenole, oui ça vient de sortir… du lit, et peine à se lever. Cela arrive surtout lorsque les premiers rayons paressent et que les deuxièmes paraissent peu après.

C’est le moment que choisirent la pervenche et l’argousin pour arriver au carrefour du Minotaure. Le carrefour, c’était le lieu où se prenaient naguère les grandes décisions pour aller de l’avant dans la vie. Aujourd’hui, on les appelle ronds-points. Et c’est là qu’on tourne en rond. Qu’on tourne en boucle. Qu’on tourne la boule. Il, si je ne précise pas, c’est qu’on a affaire à un pronom personnel, d’accord ? Il, sûr de Lui, avait pris une ou deux encolures d’avance sur Elle.

En fait, je ne devrai pas parler d’encolure puisque la police était déjà démontée. Il avait pris un peu d’avance et, par la force des choses, Elle accusait un léger retard. Un léger retard et un lourd embonpoint. Ce qui ne l’empêchait pas de s’escrimer à déchiffrer la fin d’une lettre aussi manuscrite que mal écrite, dans le petit matin blafard allumé.

— Approchez-vous donc du réverbère au lieu de rester plantée comme une borne milliaire… dit Il.