Astra - Sarah Poirier - E-Book

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Sarah Poirier

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Beschreibung

L’an 2080. Lana se retrouve seule après la volatilisation, sans raison apparente, de ses parents et de son frère aîné. Contrainte à vivre seule, elle ne se doute pas que sa dernière année de lycée pourrait lui révéler la réalité derrière le mystérieux phénomène de disparition qui semble sévir sur Terre.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Sarah Poirier a eu une jeunesse bercée par son engouement pour les histoires d’amour et de fantasy qu’elle dévorait dans les livres. À cet effet, prenant sa plume, son objectif est dès lors de coucher sur du papier ses plus grandes imaginations, toutes nées de ses lectures.​​

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Veröffentlichungsjahr: 2022

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Sarah Poirier

Astra

Roman

© Lys Bleu Éditions – Sarah Poirier

ISBN : 979-10-377-7392-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Je me suis toujours demandé ce que sont devenues les personnes portées disparues dans notre monde. Les médias adorent ce sujet car il regorge d’hypothèses en tout genre et n’a aucune réponse. J’ai entendu les voisins – Les Mickelson – dire que ce sont les extraterrestres qui les ont enlevées tandis que j’ai entendu d’autres voisins – Les Colleens – dire qu’ils étaient simplement fous et que ces gens étaient tous décédés. On ne sait plus qui croire entre les médias qui extrapolent tout et les voisins qui nous font un bouche-à-oreille revisité. Chaque année, ils sont des milliers, voire des millions si on peut abuser, à disparaître sans savoir le pourquoi du comment. Aucune réponse à nos questions, seulement des personnes de tout âge qui disparaissent tour à tour. J’en parle puisque nous sommes déjà loin dans le temps et ma petite vie se stabilise là-dessus. Les médias parlent de ça 24 heures sur 24 et cela ne cesse de s’arrêter, je dirais même que c’est de pire en pire chaque jour. Il y a du monde sur cette planète, beaucoup de monde, mais moins que ce que je pourrais imaginer. Nous sommes très peu par village et les habitants des grandes villes ne cessent de se réduire. Bientôt, nous ne serons plus qu’un, cela ferait rire le célèbre animateur de télévision ; malheureusement, personne ne rigole là-dessus. Je ne ris pas là-dessus. Mes parents ont subi cela. J’avais à peine 13 ans, et la vie me les a arrachés. Elles, les seules personnes en qui j’avais confiance et à qui je pouvais tout confier. Et comme tous ces gens, ils se sont volatilisés non loin de moi, sans même donner de nouvelles ou prévenir. Ils étaient partis tous les trois en avion ce soir-là. Isaac, mon frère aîné, devait retourner à la l’université de Paris pour entamer son second semestre et mes parents voulaient à tout prix l’accompagner pour être sûr qu’il aille en cours et non ailleurs. Mes parents sont des parents qui aiment savoir que leur enfant est en cours et n’en profite pas pour faire autre chose. Malgré ça, ils ne sont jamais revenus. Les politiciens et les journalistes annonçaient cela comme une disparition soudaine, or moi, je voulais juste les revoir, je n’écoutais personne, j’étais simplement à me morfondre, à essayer de disparaître en me recroquevillant sur moi-même, à me demander le pourquoi du comment mes parents et mon frère ont disparu. Alors, depuis mes 13 ans, je vis seule, ça me fait mal au cœur de me dire que je suis toute seule et que je dois vivre à mes dépens en ne me fiant à personne, mais on s’y habitue. C’est une sorte d’émancipation qui arrive très tôt pour moi et qui peut être insoutenable quelquefois. Mais vous allez me dire : « mais comment tu fais pour vivre toute seule ? Et manger ? Et aller en cours ? » Je vous vois venir avec vos questions. L’émancipation que m’a offerte ma famille a été la pire des sentences, à 13 ans j’étais dans la première phase de mon adolescence et je pouvais être la plus gentille des adolescentes comme la pire. Je faisais vivre de sacrées journées à mes parents. Je pensais que le ciel et le karma se jouaient de moi quand mes parents ne sont jamais revenus, mais c’était bien vrai. Malgré tout, je n’étais et je ne suis pas seule, j’ai Elena, ma meilleure amie depuis toujours, et ce depuis le berceau. Elle a toujours été là pour moi. Nous faisions les quatre cents coups ensemble, elle venait dormir chez moi et inversement. On partait ensemble en vacances, sa famille était ma famille et inversement. Nous ne nous sommes jamais séparées, alors, quand mes parents ont été signalés comme toutes ces autres personnes, elle et sa famille m’ont prise sous leur aile. Je ne voulais pas sortir de la maison, je voulais rester dans ce coin qui me faisait encore penser à ma mère qui s’énervait quand le bol n’était pas dans le lave-vaisselle, à mon père qui tournait bruyamment les pages de son journal pour faire comprendre qu’il voulait se concentrer et à mon frère qui mangeait ses céréales la bouche ouverte pour avoir le plaisir de me regarder m’énerver silencieusement. Je ne voulais pas perdre ces bons souvenirs alors, je suis restée. Les parents d’Elena revenaient me voir aussi souvent qu’ils pouvaient, ils m’aidaient à faire les courses pendant que leur fille essayait de me remonter le moral. Puis, j’ai trouvé du boulot pour pouvoir commencer à ne plus être dépendante des parents de ma meilleure amie qui, même s’ils sont riches, ne vont pas rester éternellement derrière moi, car, je compte bien reprendre ma vie en main et essayer de comprendre pourquoi, par qui et comment ces gens sont enlevés.

1

Postée devant mon miroir qui, par ailleurs, est le plus sale de tous les miroirs, je me regarde sous toutes les coutures, de haut en bas et de droite à gauche ne négligeant aucun détail dont est fait mon corps. Je n’ai jamais vraisemblablement apprécié mon corps, même si, dans tout le lycée, voire dans le monde entier, les filles avouent que celui-ci est superbe, qu’elles voudraient le même et que je pourrais être inscrite dans les canons de l’année. Que des foutaises. Les garçons, eux, ne cessent de le regarder comme un morceau de viande que l’on agite devant le premier félin venu. Moi, je le donne, c’est cadeau. Certes, les gens sont jaloux de moi, mais j’ai toujours ce petit regard de dégoût en moi quand je me regarde avec cette petite voix qui ne cesse d’énumérer ce qui ne va pas chez moi, et la liste est bien longue, je vous l’assure. Poussant un long soupir comme tous les matins, j’enfile ce foutu tee-shirt qui pend avec peine dans ma main après m’être regardée une toute dernière fois car, même si je n’aime pas forcément mon corps, j’aime beaucoup me regarder dans un miroir pendant des heures, me scruter, essayer de savoir ce à quoi je pense au plus profond de moi. Ce mois de septembre est encore chaud à Los Angeles et je peux toujours mettre des débardeurs et ça, c’est une bonne nouvelle, puisque l’hiver et l’automne vont arriver à grands pas, faudra sortir les doudounes, les grandes vestes avec un rembourrage de fourrure au maximum et il faudra les enlever lorsqu’il fera trop chaud à notre goût car la sueur n’est pas notre amie. Je finis de me préparer en me maquillant légèrement et finis par descendre en prenant soin de récupérer toutes mes affaires de cours qui traînaient à quelques endroits de ma chambre. Aujourd’hui est un grand jour comme adorait le dire ma mère. Nous sommes ce fameux jour que tout le monde déteste : la rentrée. Elle adorait me réveiller tôt le matin pour aller courir avec elle, prendre l’air frais du matin et être en pleine forme pour bien commencer l’année. Certains diront que c’est sadique de sa part, d’autres, comme moi, diront que c’est seulement passer du bon temps avec sa mère avant de mettre les pieds dans une année scolaire qui ne fera que vous stresser. Moi, je l’aime bien, c’est une occasion de retrouver ses amis, voire de s’en faire des nouveaux et de découvrir sa classe, celle qui nous accompagnera toute l’année et qu’on n’oubliera pas car c’est notre dernière année de lycée. Arrivée dans la cuisine, je prends le temps d’attraper un paquet de gâteaux que je place délicatement dans mon sac avant d’aller me chausser. Manger le matin ce n’est pas pour moi, je n’ai pas faim et je ne digère pas ce que j’avale avant huit heures du matin et puis manger le matin, c’est le retard assuré, je suis trop lente et je prends trop de temps. Au début, ça ne le faisait pas, j’avais faim à 10 heures et mon ventre remuait toute la journée mais j’avais l’habitude de manger mon petit déjeuner en famille et je ne me suis toujours pas habituée au fait qu’ils ne soient plus là pour me réveiller le matin quand je suis à la bourre, plus là à me hurler dessus parce que j’ai encore fait tomber mon gâteau par terre alors que ma mère avait fait le ménage la veille, plus là pour faire un bisou avant de partir en cours et plus là pour me rappeler que mon sac à dos est encore à la maison et que par définition, je l’oubliais. Prendre le petit déjeuner ensemble, en famille, avec tout le monde, reste une grande tradition familiale et la famille n’existe plus quand vous êtes seule chez vous.

Baskets au pied, et chemise accrochée sur le tour de ma taille, j’emboîte mon sac sur mon épaule et sors de la maison, en prenant soin de la fermer à clé car oui, ça m’arrive de ne pas la fermer et c’est mon gentil voisin qui ne se fait pas prier de me faire une petite leçon de morale sur tous les cambrioleurs qui traînent dans le coin et qui peuvent faire ce qu’ils veulent d’une maison ouverte. Un ciel bleu reflétant un magnifique soleil surplombe Los Angeles, les rayons de soleil chatouillent ma peau, comme tous les jours en été, ça me déprime, moi qui aime bien la pluie et la neige, je ne dis pas que je déteste le soleil, au contraire, mais j’aime bien quand les gouttes d’eau me tombent sur le nez et plaquent mes longs cheveux bruns sur ma nuque. Maison fermée et vérifiée, je m’engage sur le trottoir, mon skate en main, avant de pouvoir monter dessus en bas de ma rue. Trop compliqué de faire du skate dans ma ruelle à partir du moment où le maire a décidé de faire une route, une ruelle en pente dans ma rue et je n’ai pas forcément envie de me tuer en faisant du skateboard devant chez moi. Roulant le long des maisons en bas de ma rue, je prends le temps de regarder les quelques habitats qui passent à côté, le quartier des riches, des très riches. Des maisons gigantesques, blanches, surplombées de colonnes tenant une toiture qui reflète au soleil, avec piscine qui prend tout le jardin, trois salles de bains et différentes chambres qui sont toutes, ou du moins pour la plupart, munies d’une salle de bains qui communique avec les autres chambres, de quoi faire rêver. De vrais hôtels de luxe. Ces gens me désespèrent avec leurs grandes maisons, leur piscine lavée tous les jours de fond en comble et leurs centaines de sacs remplis d’argent. Ils n’ont rien d’autre à faire que de négocier, ils ne savent pas vivre la vie sans y voir un bout de billet. Roulant toujours sur mon skate, je passe à côté de la plage, le sable luit au soleil et les vagues remontent dessus telle une couverture fraîchement posée, cette vue est très belle, je l’avoue. Le peu de personnes présentes sur cette rue sont celles qui vont au travail, après tout il est quand même 8 heures du matin, il faut bien bosser dans cette vie. Alors que j’arrive au lycée, une voiture me passe à côté, à une vitesse assez conséquente sans même prendre peine de ralentir près des piétons. Je fusille du regard le propriétaire assis dans la voiture tout en arrêtant mon skate que je tiens dès à présent, entre mon corps et mon bras. Lorsque cette personne sort de sa voiture, je reconnais directement Cameron Miller, le beau brun du lycée, le « Badboy » dont toutes les filles sont au pied et rêveraient de sortir avec lui depuis la nuit des temps. Et qui est, par ailleurs, mon ex des deux années précédentes ; il est suivi de son acolyte, Line Turner, mon ancienne meilleure amie. Elle jeta sa longue chevelure blond-platine avant de toiser tous les élèves face à elle. Elle se prend pour la reine du monde et avec son comportement, elle va y arriver. Personne ne veut l’approcher par peur de ses longues griffes qui lui servent d’ongles pouvant vous atteindre à la joue. C’est plutôt elle qui est atteinte au cerveau oui. Line, moi et Elena étions meilleures amies depuis le primaire mais arrivées au lycée, Line a pris la grosse tête et s’est retrouvée chez les rebelles aux côtés des soi-disant populaires qui fument des joints derrière le bâtiment et qui se font respecter par tout le monde par peur. Ils me fusillent à leur tour du regard et commencent à entrer dans le lycée, moi, de mon côté, je retrouve Elena postée à l’entrée du bâtiment. Lorsqu’elle m’aperçoit, un sourire s’élargit sur son visage avec une petite pointe d’énervement à la façon Elena.

— Te voilà enfin, j’ai cru que j’allais attendre encore une heure, raille-t-elle.

Je souris, c’est du Elena tout craché, elle adore attendre mais pas trop longtemps non plus, d’une durée de dix minutes pas plus. Elle s’agace facilement et j’en joue très souvent, c’est amusant.

— Tu sais très bien que j’arrive au bout d’un moment, ne prends pas la mouche.

Elle me lance un « mouais » rancunier tandis que nous entrons à pas feutrés dans l’enceinte du lycée, notre dernière année ici et après c’est la cour des grands, mais cette fois-ci pour de vrai.

— C’est normal que j’aie vu Miller et Line énervés, arrivés pleine balle en poussant tout le monde, tu as fait quoi encore ?

Je lance un sourire en coin, mon skate coincé entre mon bras et mon corps. J’aime beaucoup quand Elena dit « encore », ça me refait penser à tous ces mauvais pièges que j’ai pu leur faire à tous les deux, notamment le joli poisson mort encore odorant délicatement posé sur le siège de la voiture de Cameron. Je revois la grimace qu’il a lancée en entrant dans sa voiture avant de se rendre compte qu’il était assis sur le poisson. J’en ai rigolé pendant des mois et lui n’a jamais soupçonné que ça venait de moi. Un sourire éblouit alors mon visage.

— Oui, c’est bien ma faute, je plaide coupable, ils m’ont effleurée avec leur voiture qui avançait à pleine balle et mon skate a malencontreusement lancé un caillou sur leur voiture, ils étaient juste là au mauvais moment c’est tout.

Je balance ma phrase en haussant mes épaules, Elena s’esclaffe telle une baleine toute droit sortie des profondeurs, me lâchant un petit sourire. Tout en rigolant, nous continuons notre chemin vers les bouts de papiers sur lesquels nos prénoms sont inscrits et indiquant par ailleurs nos classes, celles qui seront décisives et avec lesquelles nous devrons avancer jusqu’à la fin de l’année. Ces feuilles me portent malheur depuis ma seconde, puisqu’elles m’ont portée à sortir avec Cameron et à être dans la même classe que Line pendant deux années de suite, deux années d’enfer, deux longues années. Postées devant celle-ci, Elena et moi balançons brièvement notre regard sur tous les papiers à la recherche de nos prénoms. Je trouve enfin mon prénom sur la classe de Terminal 1ES mais je ne trouve pas celui d’Elena. Elle n’est pas dans ma classe.

— El', on n’est pas dans la même classe, je suis en 1ES.

Je me tourne vers elle et découvre qu’elle est en 2ES avec Peter, l’un de ses amis du club de sport. L’année dernière, Elena avait décidé de se remettre au sport et elle avait sympathisé avec Peter, un petit blondinet à lunettes. On a fait beaucoup de soirées ensemble mais sans plus que ça. Déçues, nous nous sourions tout de même en nous promettant de nous voir les midis et aux intercours malgré la pointe de déception qui reste présente. Elena et moi avons toujours été dans la même classe et cette année est une première pour nous d’être dans des classes séparées, mais ce n’est pas ce qui va nous empêcher de vivre une très bonne année. C’est quelque chose à découvrir et je ne compte pas la laisser tomber. Je finis donc par monter dans ma salle après avoir franchi les escaliers quatre par quatre. La salle 201. Dans la classe, quelques personnes sont déjà assises, je reconnais les intellos qui sont assis à l’avant, lunettes bouclées sur leurs nez, feuilles bien rangées devant eux et des stylos bien alignés sur les côtés, de vrais psychopathes. Les populaires, eux, se placent au fond de la salle, paquets de gâteaux sortis sur la table, mâchant la bouche grande ouverte, riant comme s’ils étaient seuls dans la pièce. N’étant pas une populaire ni une intello, je m’assois au milieu de la salle, côté fenêtre. Sortant mes affaires tranquillement, je finis par tomber sur le dessin que j’ai commencé il y a trois jours maintenant, autant le terminer, le premier jour n’est jamais très intéressant, beaucoup de paperasses. Alors que je commence à gribouiller dessus, une masse s’assoit à mes côtés nonchalamment laissant un semblant d’odeur de cannelle digne des films américains ou l’acteur sort de la douche, le corps encore fumant, faisant craquer toutes les filles. Ne voulant pas savoir qui est cette personne, je continue de dessiner en montrant une moue non intéressée. Mon bras s’active afin de mettre ce dessin en couleur, tandis que la personne à mes côtés se démène pour sortir ses affaires. Finalement, le professeur entre dans la salle et toutes les discussions fraîchement entamées se bouclent.

— Bonjour, je suis votre professeur de Littérature, monsieur Evans.

Je relève la tête et, en effet, il a tout d’un professeur de Littérature, des lunettes posées sur son nez et un costard bien repassé, sorti tout droit lui aussi d’un film mais plutôt d’un film assez kitsch pour ma part. Même s’il a de quoi faire chambouler les filles de mon âge. Pendant que ce cher professeur nous énonce le programme, je continue dans ma lancée, c’est-à-dire, mon dessin. Au bout de quelque temps, le prof finit par être interrompu, par la porte de la salle qui s’ouvre avec fracas laissant un semblant de chuchotement dans la salle. De ma position, je ne constate que deux personnes, mais rien de plus car avec la masse qui me sert de voisin, je ne vois pas grand-chose, il me coupe le paysage, je vois juste le prof qui regarde ces deux jeunes avec mépris et dégoût de devoir refaire tout son speech de rentrée que nous nous sommes déjà coltinés.

— Vous êtes en retard, asseyez-vous au fond sans un bruit, s’il vous plaît.

Je soupire en pensant à qui pourrait être ces deux ingrates personnes d’être arrivées en retard et de nous faire inculquer ce calvaire du speech car le prof est peut-être beau, mais son monologue est long, très long. Alors que les deux élèves passent dans le rang afin d’aller s’asseoir au fond laissant derrière eux un silence de mort pouvant seulement laisser percevoir les respirations coupées de certains, je tourne ma tête et profite du fait que mon voisin ait la tête baissée pour pouvoir regarder qui a bien pu entrer comme ça. Je finis par croiser leur regard et à cet instant, je me dis que ça sera sûrement la pire des années, aussi désagréables que les premières. Cameron Miller et Line Turner, les deux seuls que je ne voulais pas voir cette année, sont dans ma classe pour la dernière année. Fichu Karma, tu ne m’as pas lâchée et tu ne me lâcheras pas, en déduis-je.

2

Après l’avoir dit et redit moult fois, je suis toujours dans la même classe que Cameron et Line depuis ma seconde, voire depuis le collège et le primaire car ils étaient avec moi là aussi, et, cette année marque le retour en enfer que j’avais oublié pendant ces deux mois de vacances, deux mois qui m’ont permis d’oublier tous les problèmes que j’ai pu avoir. Deux mois pendant lesquels j’ai pu me pavaner sur les routes ensoleillées et chaleureuses de Los Angeles en compagnie de ma fidèle meilleure amie car non, nous ne sommes pas parties en vacances comme toutes filles au lycée qui n’ont fait que des destinations de rêves. Les parents d’Elena détiennent un petit chalet en France, non loin de la rase campagne près de la montagne, mais cette année, ils croulaient tous les deux sous leur métier respectif et nous ne voulions pas les déranger plus que ça, alors nous sommes restés à Los Angeles et malgré ce que tout le monde pense, il y a beaucoup de menteurs dans notre classe. Par exemple, la blonde aux yeux couleur caramel et traits parfaitement tirés n’est jamais partie à Punta Cana comme elle le décrit si bien à sa troupe de copines, non, elle était à travailler dans le théâtre du coin, nous l’avons croisée et elle nous a demandé de nous taire mais rien en échange, ça me désole. Les deux que je ne peux pas supporter sont assis juste derrière moi à mon plus grand désarroi mais on passe le cap des enfantillages quand on entre en dernière année de lycée et que le seul objectif est d’obtenir une bonne bourse pour pouvoir sécher mes larmes avec les feuilles de l’Université de Yale. Mais c’est mal parti car cela fait bien trente minutes que le professeur a commencé son cours avec ses phrases qui nous baratinent plus qu’autre chose, et je ne me suis plongée dans aucune note, ma feuille est vierge comme la plupart de ces filles de ma classe qui, là encore, mentent sur leurs histoires coquines de cet été. Je me concentre sur mon dessin afin de ne pas penser à ces deux mongoliens, si je peux encore dire ce mot, rigolant des phrases du professeur et en critiquant son look, que je trouve assez classe, mais bon, chacun ses goûts. Je finis par sentir le regard perçant de mon voisin, qui lui, s’est fait discret depuis le début du cours. Je ne l’ai jamais vu et pourtant il dégage une aura, un air déjà vu comme une impression de le reconnaître ou de le connaître mais de je ne sais où. Essayant d’en faire abstraction, je me dis que ce jeune homme est tout bonnement normal et qu’il cherche simplement à regarder mon dessin par toutes les contorsions possible et inimaginable qu’il puisse faire avec sa tête. Il est assez mystérieux et inquiétant, de quoi vous faire frissonner. Alors que je trace une ligne parfaite pour signer et finaliser ce dessin, son regard me tranche ce qui me met légèrement sur les nerfs. Je veux bien qu’on regarde ce que je fais, je ne suis pas à un regard près que les gens attirent pour mes dessins, mais les fixer comme le fait celui-là me fait bizarre et froid dans le dos. Je sens ses yeux perçant ma peau pour essayer d’y voir quelque chose.

— Tu pourrais arrêter de me regarder, chuchotai-je sans quitter ma feuille des yeux.

Ma phrase laisse paraître un gloussement qui peut paraître comme un grondement assez rauque de sa part avant qu’il ne me réponde.

— Généralement, les filles veulent toutes que je leur parle, du moins dans mes anciens lycées, j’ai donc rencontré une coriace, remarque-t-il.

Mais quel égoïste ! J’imagine qu’il fait partie des populaires, ceux qui traînent toujours ensemble, qu’on est supposé respecter et ne pas prendre de haut, tout le monde les prend pour des Dieux, ce n’est pas mon cas. Ils sont et restent des jeunes avant tout, des jeunes qui sont là pour travailler, étudier et être promu à un avenir radieux comme le directeur adore le dire. Je ricane face à sa remarque, le mot coriace, j’aime bien ça.

— Léna, c’est ça ? avoue-t-il.

— Non… Lana, soupirai-je, agacée.

— Au temps pour moi, je suis Hayden, enchanté !

Sa voix relève de l’ironie tandis que je roule des yeux face à sa remarque beaucoup trop joviale pour moi. Je ne daigne pas relever la tête vers lui, concentrée sur ma signature que j’essaie avec beaucoup de mal de finaliser comme il se doit. Il passe de paroles trop lasses à un ton plus joyeux ce qui déstabilise. Il est tellement indifférent des autres, comme un mouton, à suivre les populaires, d’autant plus que je n’ai absolument pas vu à quoi il ressemblait.

— Tu dessines quoi ?

— Quelque chose, répliquai-je sèchement.

Sans me prévenir, il tire ma feuille me faisant lâcher mon crayon me faisant sursauter sur le coup. Tandis qu’il regarde mon dessin, mes yeux se posent enfin sur lui et profite de sa concentration pour pouvoir détail la personne qui me parle depuis le début du cours. Son tee-shirt blanc à manches courtes laisse apparaître ses bras doucement posés sur la table de la classe. Ses cheveux bruns filent dans tous les sens d’un air coiffé et décoiffé et ses yeux vert pâle, eux, scrutent mon dessin avec parcimonie et attention.

— Pas mal, me lance-t-il tout en me tendant mon dessin.

Je ne prononce rien et récupère ma feuille, nos regards se croisent un instant me parcourant de frissons le long de ma colonne vertébrale, un vert perçant qui peut lire en vous comme dans un livre ouvert. Il est hypnotisant. Il ne sourit pas mais il est pas mal quand même. Je racle doucement ma gorge pour finalement me concentre sur ce que dit le professeur avant de me noyer dans ce regard. Hayden, lui, grogne sur ce que dit le prof, je la sens mal cette année, franchement, je n’avais pas demandé pire.

La sonnerie finit par retentir dans tout le lycée me provoquant une joie, je n’attendais pas mieux de ce lycée. Je me lève et balance mon sac sur mon épaule après avoir rangé mes affaires dedans avec toute douceur que je peux avoir. Lorsque nous sommes en dehors de la salle, je me retourne pour voir où se trouve Hayden mais la place à côté de moi est vide, il est sûrement parti, je soupire un bon coup pensant que ce n’était que le fruit de mon imagination et que finalement il n’y a pas de Hayden mais lorsque je me retournai, je tombai nez à nez avec ce même beau brun qu’était mon voisin. Ses yeux encrés dans les miens me laissent un long frisson qui ne me laisse pas indifférente. Mais que m’arrive-t-il ? Le regard d’Hayden, lui, se pose sur moi, me transcende, lit en moi, il a changé, il est un peu plus glacial, rien à voir avec le jeune homme qui est mon voisin en Littérature et qui scrutait mon dessin. Il s’approche alors doucement de moi dans une démarche féline et à pas feutré comme s’il ne voulait pas qu’on l’entende.

— Le destin nous a mis sur le même chemin et tu le sais mieux que moi, allez salut le moucheron !

Et sur sa phrase il s’en va à contre sens de moi. Pourquoi il a parlé de Destin, je ne le comprends pas, comment on peut être bipolaire d’un coup, c’est impressionnant. Il a fini par me mettre en colère, pleine de doute, regorgeant de questions, je bouillonne mais me calme rapidement, et file à mon prochain cours, ce serait de trop d’être en retard le premier jour et d’avoir un post-it « retardataire » sur ton front toute l’année.

***

15 heures. Je viens de terminer ma journée, en soit la rentrée n’est pas trop longue et elle est assez redondante à vrai dire, ils distribuent simplement les papiers administratifs à remplir le soir même pour le lendemain. Papiers que je n’ai pas eus évidemment, avec la disparition soudaine de mes parents le lycée avait en quelque sorte pitié de moi et mon laissez-passer en me laissant remplir moi-même ces papiers voir même ne jamais les remplir pour ne jamais les rendre. En sortant du lycée, je tombe sur Cameron et Line en train de s’embrasser à pleine bouche tout en me fusiller du regard au passage, moi, mon skate sous le bras, je leur passe à côté et avance tête baissée. Elena, elle, avait déjà fini à 14 heures, pour elle, c’était la joie assurée, moi, je dois rentrer seule. Commençant à rouler vers chez moi, le vent me fond sur le visage, balayant mes cheveux et me tendant les bras. C’est drôle comment cette sensation est géniale pour moi, une tonne de personnes va dire que ce n’est que du vent qu’il ne faut pas en faire tout un plat mais pour moi c’est signe de liberté, pendant un instant je suis seule bercée par le vent. Alors que je passe devant la plage qui maintenant est bondée de monde, mon téléphone se mit à sonner dans ma poche arrière, c’est Elena. Je souris et décroche.

— Oui ?

— Nana, il y a une soirée chez Mason ce soir, tu viens, c’est pour la rentrée.

Ceci n’est pas une question, venant d’Elena ce n’est qu’une affirmation mais je réfléchis un instant avant de prendre une décision.

— Pourquoi pas ?

Elle montre sa fierté au téléphone et finit par raccrocher, nos appels ne durent jamais très longtemps et ce sont souvent des appels pour dire des choses qui n’ont aucune importance ou pour quelques trucs qui ne vont servir à rien dans une vie. Mason est un ami de longue date je dirais même un ami de primaire, il se trouve au lycée avec nous, mais nous nous parlons de moins en moins, surtout depuis qu’il est sorti avec Line lui aussi. Mon skate finit par s’amarrer devant la maison. La mienne. Ce n’est pas la plus grande, mais assez grande pour moi, avec ses trois chambres aussi spacieuses qu’une cuisine taille normale, une salle de bain avec des toilettes incluse, une cuisine munie de son plan central et un salon. Le jardin lui est assez grand avec la piscine que papa avait montée il y a maintenant cinq ans, je ne suis jamais allée dedans et je n’y ai jamais mis les pieds, à contrario il y a de nombreux transats, de quoi bronzer tout l’été. Tout cela me convient pour moi toute seule, après j’ai régulièrement de la famille et des amis qui viennent pour pas que je me sente seule. Mais un manque parental est présent dans cette maison. J’ouvre la porte d’entrée et abandonne mes chaussures devant le meuble avant de poser mon skate et de filer dans la cuisine. Dans celle-ci, je pratique ma routine habituelle, un verre d’eau une tartine de pain et je remonte dans ma chambre. J’ai toujours fait comme ça à n’importe quelle heure de la journée, c’est mon petit secret qui n’a rien de méchant. De retour dans ma chambre, je dépose mon sac et m’affale sur mon lit, téléphone en main, je parcours les réseaux sociaux afin de regarder les photos de la rentrer. Une m’attire, celle d’Elena, on est toutes les deux sur la photo, on la prise pendant nos grandes vacances en Nouvelle-Zélande, oui, quand elle part en vacances avec ses parents, elle me propose toujours de venir avec eux, et cette année c’était la Nouvelle-Zélande, une expérience de folie et cette photo est d’ailleurs accrochée sur mon mur avec toutes les autres photos de mes amis. Je souris en regardant la publication.

Elle m’a alors identifié sur la photo, pour que vous ayez une petite idée, j’avais un maillot de bain noir, les cheveux attachés sauvagement en une queue de cheval, je souris à pleine dent tandis qu’Elena rigole la bouche grande ouverte en tenant son maillot de bain vert qui tombait car celui-ci était beaucoup trop grand. Je suis plus petite que ma meilleure amie, mais rien ne changera notre amitié. Alors que je défile encore toutes les photos, je tombe sur une image de Line et Cameron rigolant tous les deux, il y a deux jours sur les réseaux sociaux, ils marquaient qu’ils n’étaient plus ensemble, pour me faire plaisir, mais honnêtement, je ne pense pas que c’est deux personnes ne soient pas ensemble après tous les moments qu’ils ont passés ensemble.

Cette photo me met la rage et pourtant je ne sais pas d’où elle vient, juste une envie d’exploser la tête de Line alors qu’elle était juste ma meilleure amie, elle a tout pour elle et elle ne le voit pas. Je finis par reposer mon téléphone sur ma table de chevet et me redresse tout en pensant à ce que je pourrais mettre ce soir pour cette soirée, je veux juste oublier cette photo et cette personne, qu’elle disparaisse.

Je finis par dégoter une jolie petite robe bleue marine s’arrêtant au milieu de mes cuisses, avec un tissu transparent au niveau de buste et de mes bras, parsemés de petites fleurs. Je souris et la récupère de l’armoire. Sans même récupérer mon téléphone, je file dans la salle de bains et la ferme à clés, oui, je la ferme à clé alors qu’il n’y a personne dans cette personne mais on ne sait jamais. Je finis par enlever mes vêtements et prends une petite douche juste de quoi, me rafraîchir un instant. L’eau perle sur ma peau en passant dans mon dos, je fais en sorte de ne pas mouiller mes cheveux et continue le lavage de mon corps. Quand j’eus enfin fini de me rincer, je m’enroule dans une serviette et me regarde dans le miroir exactement comme ce matin, mais cette fois-ci, je suis nue, sous la serviette. J’essaie de sourire un instant et enlève la serviette afin de me sécher. Lorsque l’eau n’est plus présente sur mon corps, j’enfile des sous-vêtements propres et enfile ma jolie robe bleu marine. Elle me descend juste au-dessus du genou et s’accorde parfaitement bien à mon corps. Je me parfume comme il le faut et enfile mes quelques bijoux, que ce soit colliers ou boucles d’oreilles. Je souris une nouvelle fois avant de commencer à me maquiller, avec du rouge à lèvres et du mascara avec un trait d’eye-liner. Une fois prête, je m’attaque à mes cheveux que je prends le temps de brosser avant de les laisser à l’air libre, je n’aime pas vraiment les attacher, juste quelques fois. Quand je suis réellement prête, je sors de la salle de bain et attrape mon blazer accroché sur le porte-manteau de ma chambre, mon téléphone en poche, je me regarde de nouveau dans le miroir. Il n’est que 16 h 30 et je suis déjà prête. Je finis alors par me poser dans le canapé, devant une émission de télévision, avec mon verre d’eau à mes côtés. Alors que l’émission commence enfin, la porte d’entrée finit par retentir. Une jeune fille, seule chez elle, un soir de rentrée des classes, ça ne peut qu’être un tueur, ce qui fit palpiter mon cœur tandis que la télévision ne cesse de blablater.

3

Je dirige mes pas doucement mais sûrement en direction de la porte d’entrée et l’ouvre en fracas, d’habitude, personne ne sonne à ma porte car on me caractérise comme « celle qui a perdu son frère et ses parents car personne ne l’aime » et aujourd’hui, jour de la rentrée, quelqu’un décide de se pointer vers chez moi, sûrement quelqu’un venu pour me ridiculiser comme les années précédentes, mais ce n’est pas le cas. En face de moi, je trouve Evan, mon ami de collège qui lui, a été intégré dans le lycée privé de Los Angeles, nous avons donc été séparés. Je soupire et souris un bon coup posant la main sur mon cœur. C’est le bon jour, ça fait un bon moment que je ne l’avais pas vu. Evan habite à deux rues de chez moi et pourtant je ne le vois pas souvent, entre ses cours et les miens, c’est compliqué de pouvoir se voir.

— Salut Ev', que me vaut ta visite ? dis-je souriante.

Il sourit à son tour et je finis par le faire entrer dans la maison tout en m’écartant délicatement. Je laisse peu de personnes entrer chez moi, étant seule, je ne laisse qu’entrer Elena et ses parents et Ev’ quand ils viennent quelquefois, mais personne ne pose un pied chez moi. Il s’avance doucement vers le salon et s’assoit sur le canapé dans un calme olympien comme il a l’habitude de faire.

— Je viens prendre de tes nouvelles Lana on habite à quelques rues l’un de l’autre, je passais par là et je me suis dit qu’il fallait que je vienne te voir c’est la moindre des choses.

Je souris, Evan est beaucoup trop gentil avec moi, très maternel étant gay il joue un rôle maternel alors qu’Elena avec son fort caractère pourrait faire penser à mon père, ma mère était du genre à me suivre partout, à prendre soin de moi alors que mon père était prêt à mordre le premier garçon qu’il y avait à mes côtés, à me protéger, à rester près de moi quoi qu’il arrive. Elena et Evan ont été les parents que je n’ai pas eus depuis cinq années. Je lui propose un verre d’eau qu’il finit par accepter, bien frais comme il aime. Un verre à la main je m’assoit à ses côtés et lui donne son verre d’eau. Et nous sommes là, tous les deux à regarder des émissions complètement débiles afin de nous distraire, d’oublier notre journée et de ne penser qu’à nous comme on sait le faire.

— Alors cette classe ?

Je tourne mon regard vers lui et joue avec mon verre d’eau tout en coulant mon regard vers celui-ci. Evan fait la moue sachant pertinemment que je lui cache quelque chose et malheureusement pour moi, je ne peux rien lui cacher.

— Ce sera une année de merde je le sens, Cameron et Line sont dans ma classe, un nouveau gars me casse les noisettes avec ces questions et Elena, n’est pas dans ma classe. Balançais-je déprimée, dépitée. Je pensais que cette année serait la meilleure des années et elle commence déjà mal.

Il finit par pousser un gloussement avant de me dire que tout ira bien, que quoi qu’il arrive, Elena et lui étaient là et je le sais. « Ce n’est rien » est sa phrase préférée qu’il me répète depuis dix minutes puis nous finissons par rigoler ensemble pendant une bonne vingtaine de minutes oubliant tout ça, toutes les blessures du passé pour avancer vers le futur et l’avenir qu’il nous réserve.

***

19 heures, l’horloge me nargue depuis dix minutes où je tourne en rond dans le salon attendant le bon moment pour aller me préparer et partir en direction de la soirée présupposée être préparée par Mason, mais je soupçonne Elena de l’avoir aidé pour me faire sortir. Depuis que je suis toute seule, je ne sors pas vraiment de chez moi et les soirées de rentrée, je les ai laissées dans mon passé lointain. Evan, lui, est retourné chez lui il y a maintenant vingt minutes, comme je ne le vois pas souvent, il est resté un moment avec moi, ce qui fait toujours plaisir et remonte un peu mon moral. Je finis de mettre les verres dans le lave-vaisselle et récupère mon téléphone. Blazer sur mon dos, et talon sur mes pieds. Je traverse la maison afin de fermer tous les volets et retourne dans l’entrée. Personne ne vient me chercher, Mason habite à deux rues de chez moi tout comme Evan, je devrais arriver jusque là-bas sans soucis. Je ferme la maison et fourre les clés dans la poche de mon blazer, puis, je fonce en direction de chez Mason. La soirée est fraîche et le vent balaie mes cheveux que je n’ai pas attachés pour pouvoir les sentir virevolter dans mon dos nu. Cette brise me fait du bien, elle me rappelle de bons souvenirs, lorsque j’étais sur la plage avec mes parents, je leur tenais la main, Isaac à nos côtés, on regardait la plage tous les quatre comme on avait l’habitude de le faire le soir de rentrée. Assis sur le sable, on se racontait chacun à notre tour notre journée avant de se réconforter les uns avec les autres quand quelqu’un en a passé une mauvaise, on était bien avant que tout ne se chamboule. Je finis par soupirer, pensant que ma mère serait sûrement fière de moi et que mon père serait sûrement en train de s’énerver à voir tous ces garçons autour de moi et tous ces ennuis que j’ai pu avoir ces cinq dernières années.

Je finis mon chemin de dix minutes devant chez Mason après m’être arrêtée quelque temps près de la plage, une de ces grandes villas blanches avec piscine que je vous avais décrit ce matin, les friqués qui ne pensent et qui ne font qu’avec des billets sous le nez. Ces gens me mettent sur les nerfs avec tous leurs frics. Je n’y pense pas, je sors cette pensée de ma tête et entre dans le chemin menant à la maison. Des jeunes sont déjà en train de vomir sur la pelouse fraîchement tondue ce matin, je le sais car leur tondeuse fait un bruit d’enfer, tout le quartier est au courant lorsque le père de Mason tond. Je réprime un air de dégoût et finis par entrer dans la maison, de nombreux jeunes sont en train de danser coller serrer dans le salon avec des gobelets rouges dans leurs mains, gobelets qu’on me tend depuis deux minutes déjà, je le récupère en le remerciant masqué d’un sourire hypocrite sur mon doux visage. Un effluve de bière me monte aux narines. J’entre un peu plus dans la maison en prenant soin de ne pas renverser mon verre et de ne pas bousculer les jeunes qui se dandinent près de moi, mon gobelet toujours en main. Quelques jeunes montent aux escaliers et d’autres se trouvent dans la cuisine en train de discuter et de ricaner. Les meubles de la maison sont emplis de verres à chaque endroit qu’ils soient remplis ou vides. Parmi les jeunes dans le salon se trouve Elena, elle est là, avec son verre à danser au milieu des autres, je souris en la regardant, elle n’a peur de rien. J’entre dans le salon tout en arrêtant de regarder ma meilleure amie qui se dandine avec toutes ces filles, elle en profite, c’est sa dernière année de lycée, elle fait ce qu’elle veut. Dans la cuisine, des petits fours sont présents sur la table, je vérifie que personne ne me regarde et récupère un petit gâteau encore chaud sortant tout droit du four que j’enfourne dans ma bouche. Ils sont vraiment bons et très chauds.

Au moment où je sors de la cuisine, mon regard croise celui de Cameron et Line, main dans la main, collés l’un à l’autre ne se lâchant pas de peur de ne pas montrer qu’ils sont le couple de l’année, ça me répugne, Ils me regardent eux aussi avec une pointe d’amusement dans leurs regards en me voyant seule, mon verre à la main et près des petits fours, le retour de la Lana qui se jette sur la nourriture parce qu’elle a perdu toute sa famille. J’ai eu une période de boulimie. Je soupire et sors dans le jardin, peinée de la réaction qu’ils peuvent avoir. La piscine est blindée de jeunes avec des gobelets rouges en main, moi, je tourne mon regard vers le muret, non loin du fond du jardin où je finis mon chemin, j’y serais au calme. Je bois mon verre d’une traite et m’assois sur ce muret, l’alcool me tourne la tête alors que mes mains se posent sur mes tempes, persuadée qu’un marteau piqueur finit son boulot sur mon cerveau. Je ne tiens absolument pas l’alcool.

Alors que je regarde le fond de mon verre vide, une personne vint à mes côtés. Par l’odeur, je devine déjà qui se trouve près de moi, j’ai déjà senti cette odeur, je la connais par cœur et de très loin. Mon regard se pose alors sur celui de Cameron. Je le fusille du regard avant de détourner mes yeux vers mon gobelet et de les laisser filer sur les étoiles qui parsèment le ciel noir que peut nous apporter la nuit. La lune nous nargue avec sa lumière éclatante. On ne peut pas regarder une personne avec amour ou amitié après vous avoir trompé et jeté comme une vieille chaussette telle qu’il me l’a fait.

— Si tu es venu ici pour me dire des méchancetés toutes aussi bien construites les unes que les autres tu peux en faire abstraction et t’en aller. Ce n’est pas le moment, annonçais-je, nonchalamment.

Il glousse un instant tout en restant face à moi, il ne bouge pas d’un cil.

— Non je venais te voir toi, juste savoir si ça va, je viens comme un ami peut venir voir quelqu’un qui n’a pas l’air bien.

— Tu te fous de moi, tu veux vraiment savoir si je vais bien ? Moi, la folle sans parents comme tu l’as si bien dit ? On n’est pas ami, tu me l’as fait comprendre quand tu m’as lâchement lâché, crachai-je.

Je laisse couler mon regard vers celui avec qui je suis sortie pendant longtemps et cette fois-ci, je remarque que ces yeux montrent réellement une attention vers moi, comme s’il avait de la pitié pour moi, peut-être attristé. Je m’adoucis un instant avant de me tourner vers lui.

— Ça va ! Merci.

Il sourit un instant tandis que le vent laisse répondre à notre place laissant le silence s’installer confortablement.

— Un réel plaisir de te parler Lana.

Il annonce cette phrase avec haine, je sais pourquoi il me dit cela comme ça, il a bien remarqué que je lui en veux pour tout, que ce soit avec Line, mes deux années avec lui ou encore toutes ces choses que nous avons pu passer et qu’il a lâchement gâchées. Je souffle un instant, et retourne dans la maison, j’ai besoin de sortir de cet endroit, besoin de prendre l’air, besoin de rentrer chez moi. De retour dans la maison, je tombe cette fois-ci nez à nez avec Hayden. Ses yeux me scrutent de haut en bas. Derrière lui, j’aperçois Elena danser les yeux fermés, elle ne remarque rien et c’est mieux comme ça, après elle me fera du chantage pour savoir qui est Hayden et si j’étais à le draguer.

— Mais dîtes-moi, le moucheron à une soirée, c’est dingue tu es exactement comme je le pensais.

Ce gars m’énerve, je bouillonne de l’intérieur, entre la dernière fois où il me parle de destin et aujourd’hui à me traiter de moucheron. Je finis par passer à côté de lui en le poussant doucement car je n’ai pas la force conséquente pour le pousser plus que ce que je ne fais. Derrière moi, Hayden s’énerve, il ne doit pas avoir l’habitude de se faire recaler par une fille en se faisant pousser sur le côté. Je finis par accélérer le pas en direction de la porte d’entrée, suivie d’Hayden qui me colle aux pieds.

— Lana !

Quelques larmes coulent sur mon visage, on dirait un meurtrier, je ne le connais pas et il me suit jusqu’à la porte d’entrée de quoi faire flipper du monde. Je ne veux pas. Je veux rentrer. Qu’il me lâche, ce serait le bon moment pour Cameron de revenir comme tout à l’heure, non pas pour lui parler au moins pour me sauver, mais il est là, assis sur la banquette, Line sur ses genoux, concentré à discuter avec ses amis de l’équipe du lycée. Derrière moi, Hayden continue de hurler mon prénom, tandis que moi, je me mets à courir en dehors de la maison après avoir pu sortir sans trébucher sur les corps d’élèves qui vomissent leurs entrailles. Pourquoi je suis ici ? Je ne me suis pas amusé, je n’ai bu qu’un verre de bière et je suis déjà bourrée, ma meilleure amie danse toute seule je n’ai pas besoin de la surveiller, mon ex qui reviens me parler comme si tout allait bien mais ce monde ne tourne pas rond, dans quel monde nous sommes ?

— Je te connais, Lana ! lâche Hayden.

Je m’arrête net sur le chemin. Le vent répond à ma place tandis que je me retourne doucement en direction d’Hayden. Mais qui est-il ? Des larmes de peur jaillissent de mes yeux, je ne veux pas rester là. Comment on peut faire peur comme ça, quand quelqu’un court, tu ne le suis pas comme Hayden l’a fait. Des spasmes me prennent, mais d’où sort ce gars ? Je finis par me retourner et termine ma course sur le trottoir. Je me retourne une dernière fois vers lui des larmes inondant mes joues. Hayden est là, face à moi, le visage bordé de fierté et de joie à me voir comme ça tremblante, me demandant ce qu’il me veut, ce qu’il fait là, qui est-il ?

— Tu ne me connais pas et toi tu me suis jusqu’à hurler mon prénom mais tu es qui ?

Je hurle dans la rue, les jeunes qui sont dans l’allée et encore à peu près sobres me regardent bizarrement sûrement en train de se dire que je suis une folle, mais c’est peut-être vrai.

— Oui, je te connais Lana, c’est une longue histoire mais s’il te plait ne fais pas de bêtises et rentre, lance-t-il comme si rien ne se passait, comme s’il ne m’avait pas couru après, comme s’il ne cherchait pas à rigoler de ma situation.

J’allais lui répondre lorsqu’une personne arrive en trombe en voiture derrière moi abaissant la fenêtre.

— Monte Lana !

Je me retourne et me retrouve face à Cameron dans sa voiture et pour une fois j’ai envie de lui faire confiance, je monte dans cette voiture côté passager le laissant commencer à rouler rapidement en dehors de cet endroit rempli de jeunes mal fournis et dégoûtants, loin d’Hayden qui me fait peur avec ses phrases complètement inappropriées. J’aurais demandé tout au bon Dieu mais certainement pas Cameron. Si je suis là, c’est que je suis fatiguée et que je veux tout simplement rentrer chez moi. Elena m’a invitée à cette soirée et finalement je ne l’ai qu’aperçue en train de danser.

4

Le moteur de la voiture gronde un grand coup avant de nous élancer dans une destination inconnue. Mais comment j’ai pu faire ça ? Comment j’ai fait pour me mettre Hayden sur le dos et finir dans la même voiture que Cameron, mon ex, en direction d’un endroit inconnu pour moi. Comment ? Si le bon Dieu m’a mis Cameron pour échapper à Hayden, pourquoi il m’a mis Hayden sur le même chemin ? Le silence règne dans la voiture, seule la radio émet une petite musique qui est très bas au niveau du son laissant seulement un bourdonnement paraître à mes oreilles. Rien ne me gêne, juste le fait d’être dans une même voiture que Cameron, et honnêtement, j’aimerais encore subir les questionnements et la fureur d’Hayden que d’être dans cette voiture en ce moment même. Soupirant, je pose ma tête contre la vitre, marquant une petite trace de buée sur celle-ci à la force de ma respiration.

— Merci, murmurais-je à contrecœur.

Cameron tourna son regard vers moi avant de retourner sa tête vers la route, de sorte qu’on n’ait aucun accident ce soir.

— Franchement, je voudrais te dire de rien, mais ça reste bloqué dans ma gorge, raille-t-il.

Sa voix se fait légèrement tranchante, ce que je comprends, il voulait être gentil tout à l’heure en me demandant si j’allais bien et moi je l’ai envoyé bouler comme toutes ces fois depuis qu’il a décidé de tourner la page. Je tourne un instant le regard vers lui afin de voir ce qu’il en est, et il est là, les mains forçant sur le volant, laissant ses jointures blanches apparaître, ses yeux posés sur la route. Je ne l’ai jamais vu autant concentré que ça. Malgré toute la haine que je porte pour lui j’ai une once de bonté sur le fait qu’il soit venu m’aider.

— Pourquoi tu m’as récupérée ?

Je tente ma phrase afin de voir ce qu’il allait me répondre mais je m’attends largement à avoir un silence infini.

— Parce que je ne le sens pas cet homme et puis tu ne m’avais pas trop l’air bien sur ce trottoir devant lui. Il est bizarre, je m’en méfie.

Malgré toute ma haine que j’éprouve envers lui, il a raison, ça me fait mal de le dire, mais c’est vrai. Nous conduisons alors en direction du centre-ville, directement, je me redresse sur le siège me tournant rapidement vers lui.

— Ce n’est pas chez moi par ici, tu vas où ! paniquais-je.

Cameron lui reste calme, j’ai l’impression qu’il va m’emmener quelque part et me séquestrer. J’ai eu ma dose pour ce soir. Il glousse avant de se refermer sur son volant.

— Relax, je t’emmène manger un bout, ton estomac cri, tu n’as rien mangé ?

Je secoue à tête, cette soudaine gentillesse me laisse hébétée, je n’aurais jamais pensé qu’il ferait ça et pourtant, c’est tellement vrai, mon ventre me cri douleur afin de manger, je ne voulais pas manger avant de venir et ce ne sont pas deux petits fours qui allaient me tenir avec tout cet alcool, je passe alors le reste du chemin, la tête collée contre la vitre regardant le paysage qui défile sous les lumières des néons de la rue.

***

Une dizaine de minutes plus tard, nous sommes là, debout devant un camion de Hamburger/frites, un super endroit pour manger avec son ex. Je rigole intérieurement, sérieusement, qu’est-ce que je fais de ma vie, avec mon ex ? Je tire sur les manches de ma robe pour me réchauffer, puisque dans ma course chez Mason, j’en ai oublié mon blazer contenant mon portable sur une des chaises où je l’avais posé. Maladroite. Je grelotte un coup tout en croquant un gros morceau dans mon burger, assez pour que Cameron se tourne vers moi, aussi vite que la lumière. Je ne voulais pas qu’il me voie afin de ne pas ramener de soupçon, mais il m’a vu.

— Tu as froid ?

Je secoue la tête pour lui dire que tout va bien alors qu’il est vrai que le froid m’agresse la peau et que sa question paraît normale.

— Je ne te crois pas Blum, tu as la chair de poule et tu grelottes, arrêtes de me faire passer pour un con sur ça, je te connais.

Il a raison, il me connaît, en deux ans de relation il en a appris bien sur moi que ce que je peux dire. Sur ses mots, il me passe le sweat qu’il avait enfilé au-dessus de son tee-shirt et qu’il possédait lors de la fête chez Mason, il me le pose sur mes épaules et se recule vite fait, comme si j’allais le maudire et que c’était contagieux. Je rigole intérieurement pour qu’il ne m’entende pas. J’enfile alors son sweat gris clair que je passe au-dessus de ma robe. Cameron, lui, ne mange rien comparé à moi avec mon énorme burger et mon paquet de frites. Après il a peut-être mangé tous les petits apéritifs de Mason à la soirée, dans ma course pour échapper à Hayden, j’ai eu le temps de constater que les petits fours avaient tous disparu. En tout cas, ce n’était pas mon cas, mon estomac crie famine. Installée en voiture, je finis mon burger, assise confortablement dans le siège passager. Cameron me regarde de ses yeux balayant mon corps, je ne dis pas que ça me gêne, mais quand même. Je souris faiblement et continue de manger ce foutu burger qui fait du bien à mon estomac pendant que Cameron, lui roule en direction de chez moi, il connaît toujours mon adresse, c’est très mignon mais ce n’est pas comme ça qu’il m’aura, il ne m’aura pas ou du moins, il ne m’aura plus. Lorsque je finis mais trois dernières frites, je balance la boîte dans le sac de commandes posé à mes pieds.

— Tu peux t’arrêter là, je vais rentrer chez moi.

Il ne bronche pas, ne me parle pas, il finit juste par se garer devant ma maison, ma grande maison. Je le remercie et ouvre ma portière laissant entrer la fraîcheur de la nuit dans l’habitacle de la voiture. Avant que mon corps entier sorte de cette voiture, sa main s’enroula autour de mon poignet faisant tourner ma tête vivement. Ces yeux reflétés par les néons des lampadaires me regardent avec une lueur brillante tandis que j’essaie de comprendre le pourquoi du comment.

— J’ai changé Lana… et tu le sais.

Cette phrase me percute de plein fouet et très rapidement mes pensées redeviennent claires, je me suis laissée bernée toute une soirée, alors que la personne avec moi n’est autre que mon ex et qu’il possède une copine. Mes sourcils se froncent de sorte que je lui fasse légèrement peur.

— C’était une erreur ce soir Cameron je n’aurai jamais dû rester avec toi. Ça ne changera rien entre nous.

Sa bouche s’ouvre en grand en entendant ma voix glaciale mais je n’ai pas d’autre choix, je ne peux pas, je me suis construit toute une carapace pour survivre à notre rupture et c’est lui qui ne cesse de revenir en brisant cette carapace fière comme il est. Ça ne fonctionnera plus.

— Mais… pourquoi ?

Je retire vivement mon poignet de sa main et sors de cette voiture en me retournant pour fermer la porte. Je finis par lui lancer la bonne raison.

— Tu oublies Line, ta copine, et tout ce qui a pu se passer lors de ces deux dernières années.

Et sur cette phrase froide, je claque la porte et marche rapidement en direction de ma porte de maison. Derrière moi, la voiture de Cameron n’a pas bougé, elle est toujours à sa place, j’en fais abstraction et entre dans la maison, toutes les lumières sont éteintes et toutes les affaires sont encore à leurs places, malgré ça, mes affaires, que ce soit mon téléphone ou ma veste, sont encore chez Mason et ça me dégoûte. Alors que je ferme ma porte d’entrée, la voiture active son moteur et finit son chemin en direction de chez lui dans un bruit assourdissant. Je souffle un bon coup mais qu’est-ce qu’il m’a pris ? Sur mon temps qui reste avant de pouvoir aller dormir, je réalise un démaquillage complet avant de me mettre en pyjama, lorsque tout est fait je ne me fais pas prier et je me couche, je retrouverai bien mon téléphone plus tard du moment qu’il n’est pas dans la rue, tout va très bien.

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