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Plongé dans une aventure peu conventionnelle en Thaïlande, Emilio Gonzales nous dévoile ses tribulations. En effet, son premier voyage s’apparente à un vaste rodéo lui offrant ainsi une vie sarcastique. De nombreuses rencontres avec la fine fleur de la jeunesse et toutes sortes de personnages, plus ou moins dotés des meilleures intentions, l’amènent à se révéler… surtout à lui-même.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Olivier Schroeter conçoit la littérature comme un puissant outil d’indignation, de révolte, un mode de transport privilégié des idées. Dans
Baskets et conquêtes, un voyage en Thaïlande, il nous entraîne dans un périple plein de rebondissements.
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Seitenzahl: 176
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Olivier Schroeter
Baskets et conquêtes,
un voyage en Thaïlande
Roman
© Lys Bleu Éditions – Olivier Schroeter
ISBN : 979-10-377-5591-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avant-propos
Récit d’un voyage et d’une aventure,
En Thaïlande et ailleurs…
Rencontres où fraternisent les impossibles
Où les ponts font fi des écarts
Et l’Homme contemple
La face inconnue et idéale
Teintes exotiques
Là où penche la tête des lampes de bureau
Teintes des écrans
Décomposent notre fierté et l’élan
Reste, ne sait comment, cœur battant
Attendant l’heure de son épreuve.
Les voyages en avion sont les plus admirables, tant ils proposent matière à rêvasser. En tant que mammifère terrestre, Emilio Gonzales, moi-même, ne suis pas censé demeurer à cette altitude pour parcourir huit mille kilomètres en un claquement de doigts. En proie à des interrogations philosophiques comme l’atmosphère s’y prête, je mets mes pensées en ordre et couche sur papier ce qui mérite d’être organisé et planifié. Je me suis à l’instant embarqué dans une aventure singulière : partir en voyage solitaire à l’autre bout du globe. Il convient promptement d’anticiper la réservation du lieu d’accueil et j’opte pour une auberge de jeunesse, un lieu favorisant les rencontres authentiques. J’anticipe plusieurs autres éléments : un anti-moustique puissant, des vêtements, une photocopie de mes papiers disponibles depuis ma boîte mail, de quoi me substanter, à boire, une carte de Bangkok la capitale. Les voyages en avion, on dit qu’ils sont admirables pour les panoramas derrière le hublot, sorte d’océans de panaches blancs à l’infini, avec en supplément des éclats de notre astre, ce magnifique soleil. On devine des formes dans les nuages crème et mauve, des figures géométriques, des ronds imprécis, des cœurs, et même des chacals. J’oscille au gré de cette contemplation à cause des perturbations, il semble que nous traversons en ce moment même un cumulonimbus conséquent : mes voisins sont apeurés, comme ils prennent l’avion pour la première fois, tout comme moi. Pour nous détendre, on suit les conseils dispensés par les hôtesses de l’air : inspirer, expirer, et répéter l’opération. Dans cette ambiance à présent à bord du bolide, me voilà embarqué pour un pays exotique, la Thaïlande, pas de demi-tour possible. La Thaïlande, toute première destination de voyage choisie suite à quelques comparaisons et économies réalisées grâce à une série de jobs étudiants. La Thaïlande, le pays du sourire, où il fait bon de séjourner quelque temps, pays du Sud-est asiatique à ce qu’on dit, relativement pacifique à tous égards vis-à-vis des touristes.
Au gré de mes questionnements et du suspens, toujours siégeant parmi d’autres touristes de mon acabit, je me positionne le plus confortablement possible de sorte à trouver du repos. Un défi difficile, le dossier est dur et j’ai bien l’impression de me retourner dans tous les sens comme une crêpe. Tomber donc dans les bras de Morphée tient de la prouesse… À plus forte raison quand, comme moi, on n’est pas équipé de repose-tête. Je dodeline de gauche à droite, de droite à gauche comme un pendule, puis de l’extrême droite à l’extrême gauche et inversement, mais parviens finalement à dormir en me laissant ballotter. Que se passe-t-il alors plongé dans mes rêves ? Est-ce un moment agréable ? Est-ce que je dors convenablement ? Il semble qu’un grand malin génie ait entrepris de m’exposer des spectacles mauvais, on me fait défiler comme face à une scène d’horreur au cinéma, un film mental de serpents, d’araignées, de lianes, de babouins avec des canines énormes… Mon inconscient me prépare un échauffement !
La Thaïlande. On entend que c’est un pays controversé, à cause du tourisme sexuel. Ayant eu le malheur d’annoncer – avant le départ – à mes proches, ma destination de voyage, j’avais eu le droit à quelques mimiques faciales. Dites « je suis allé » ; « je vais » ; « j’irai » en Thaïlande et contempler la réaction des interlocuteurs, un spectacle curieux : l’on est directement étiqueté « voyou ». En effet, la Thaïlande jouit d’une réputation ambivalente à cause de certains humains de petite moralité, mais le pays subit aussi, son lot de stéréotypes. Moi, je ne me soucie pas de ces histoires, me fie aveuglément aux conseils d’un ami qui avait eu la gentillesse de me conseiller la destination ; d’après ses dires « posée » et abordable. Connaissant l’oiseau de longue date, je lui confierais les clés de ma vie en toute confiance car c’est un jeune homme aventureux, désireux d’explorer le monde, à l’esprit et au cœur ouvert ; pour ainsi dire mon modèle, une sorte de grand frère.
« La Thaïlande, c’est du caviar », ce qu’il avait l’habitude de dire.
À la suite de ces glorieuses pensées et souvenirs, on me tire de ma petite sieste accidentellement d’un coup de coude. Mes curieux rêves s’évanouissent par là même et je me garde de faire le moindre procès d’intention à mon voisin, coupable, entre guillemets, de mon réveil. On s’apprête justement à mettre les voiles après les douze heures de transport et nous nous parquons toutes et tous en plein milieu d’un hall géant, sous une cloche en verre : il s’agit de l’aéroport Suvarnabhumi, autrement nommé New Bangkok International Airport. L’ambiance est torride à cause du climat, mon aventure promet d’être luxuriante : on se sent à l’étroit, plongé dans une foule dense, très dense. Sitôt que j’essaie d’en réchapper, je me heurte à des murs de personnes ou à des murs, tout court. J’emprunte néanmoins le chemin le plus économique pour rejoindre le centre névralgique de la capitale depuis cet endroit étrange, aéroport composé de boutiques et de représentations curieuses de créatures, flanquant une bonne chair de poule. Ça avance doucement, comme les coulées de lave du python de la fournaise, mais je m’adapte comme un tardigrade dans ce milieu, c’est-à-dire parfaitement, mais c’est chaud.
Voici l’aventure avec un grand « A » : premier objectif opérationnel, maintenant que j’ai débusqué le bon moyen de transport, trouver l’emplacement de mon auberge de jeunesse afin de déposer mes affaires, lesquelles tiennent dans un sac de randonnée de soixante-dix litres, lesquelles pèsent par ailleurs dans les quinze kilos… Je consulte pour ce faire mes cartes et griffonne des petites notes, croque des schémas puis rédige une liste avec des noms de rue… En bref, j’anticipe avec méthode, rigueur et discipline puisqu’il paraît, parfois, que je sais assurer. Plusieurs éléments critiques toutefois : le téléphone (autrement nommé dans cette histoire, GSM pour faire plus court, trois lettres) perd progressivement de la batterie ; j’arrive dans une mégalopole de huit cents millions deux cent quatre-vingt mille habitants, l’auberge est localisée dans l’un des quartiers parmi les quartiers, à proximité d’une avenue intitulée Ratchadapisek (à mes souhaits), mes chaussures neuves sont capricieuses et je marmonne au cœur du tumulte :
« Des trous dans les chevilles. On m’avait prévenu concernant mes chaussures neuves, qu’elles se feraient au pied ! Force est de constater – Aïe – que c’est plutôt le pied qui se fait. »
Ma route est semée d’embûches. Puisqu’il faut ajouter à ces sources de contrariétés que le trottoir de Bangkok est hors-norme, vu qu’il prête peu à la marche, si tant est qu’on puisse nommer ce bord de chaussée « un trottoir » : il laisse à désirer… Imprévisible, fourbe, il faut avertir la terre entière au nom du bien que les bords de chaussée thaï soient presque toujours déglingués, à défaut absents. On a vite fait de trébucher ! On se repère toutefois grossièrement à l’aide de panneaux ici et là. Dans l’espoir de poursuivre mon aventure dans les meilleures conditions, j’entre dans une boutique pour mettre la main sur des pansements ou équivalents. J’investis dans le même temps, dans quelques objets : un anti-moustique mention « ultra-fort », une pommade anti-douleur, à boire, une glace au chocolat. J’attire, le temps d’une minute, l’attention sur le premier élément de cette liste. Les anti-moustiques européens ne suffisent pas à se protéger de ces animaux meurtriers, car ici, les moustiques sont mastocs. Ayant pris le temps d’un coup d’œil fugitif, ils sont zébrés et piquent même à travers une couche de vêtement. Ces merveilles de la création prolifèrent dans les petits canaux de Bangkok qu’on appelle « khlong » et, je ne sais pourquoi, s’attaquent au sang des touristes fraîchement débarqués. L’étiquette comporte ces inscriptions :
— Une fois doté de votre anti-moustique, badigeonnez-vous de cette tartinade chimique sur les bras, sur les jambes et sur tout ce qui dépasse. Ce produit « miracle » fait effet immédiatement, vous tiendra à l’abri de méchantes maladies type dengue, chikungunya.
L’étiquette est écrite en thaïlandais dans un alphabet inconnu, ce n’est bien sûr pas ce qui est inscrit réellement, il m’arrive de faire des blagues. Je me repose actuellement au cœur d’un environnement urbain complexe comportant des gratte-ciel innombrables, des véhicules de toutes les couleurs, des plantes tropicales. Il y a des ruelles partout et je suis dans une avenue dénommée :
« Ratchadapisek, parfait ! » dont la circulation produit un brouhaha tout à fait extraordinaire. Dans cette immense avenue je me paie le luxe d’une contemplation, remarquant des symboles royaux sur les édifices, des ailes d’aigle, des portraits du roi Rama IX, plus Rama X nouvellement couronné. Présence d’immeubles de taille colossale type World Trade Center, sans omettre ceux qui ont des formes incongrues : l’un a une forme d’éléphant, je trouve que cela ne manque pas d’originalité. On se sent parfaitement bien dans cette longue avenue Ratchadapisek, le soleil cogne sévère et j’ai des lunettes sportives sur le nez ainsi qu’une casquette de coach, ça me protège des sunlights de Thaïlande et je chante :
« … Sous les sunlights de Bangkok ! »
… Occupation u-ti-le pendant les marches de trois heures. Au regard de mes plans, j’approche de ma destination : une auberge de jeunesse au rapport qualité-prix convenable. Elle est implantée à deux kilomètres d’ici, septième ruelle sur la gauche. Hop, j’évolue en surveillant les trottoirs, escaladant des ponts suspendus, évitant des crevasses ; également de me faire percuter par des véhicules fantasques type taxi rose… Et je me ressource contre une poignée de monnaie locale de micro-bananes succulentes, des bonbons de mère Nature. On remarque en outre que mon sac de randonnée commence à peser, je transpire excessivement : ce n’est pas de l’épuisement puisque nous autres, bons garçons, ne sommes jamais fatigués ! Et quant à mes chevilles ensanglantées, ce n’est rien, j’arrive au bout de mes capacités tandis qu’apparaît mon auberge, derrière les feuillages. Dès lors et à la suite de quelques petites salutations avec les membres du personnel, on m’offre sur le champ une paire de claquettes gris perle et m’invite à l’apéro-barbecue lequel est prévu le soir même. Je dépose toutes mes affaires dans un casier sécuritaire, prends une petite douche, passe un petit coup de peigne dans ma chevelure, évite les araignées de la taille d’une paume, positionnées dans la cabine. (Elles ne sont pas là, on ne les a pas vues.) Je dresse le constat selon lequel l’auberge est une parfaite combinaison de simplicité, vu qu’elle comporte essentiellement des murs peints en blanc, avec néanmoins de-ci de-là des traces noires curieuses. On se rend compte en penchant la focale de plus près que ce sont des moustiques écrabouillés probablement par un coup de calepin. Les tables sont disposées en îlot dans le hall principal, des décorations simples mais esthétiques se retrouvent partout. C’est une maison dans laquelle on pourrait très bien se sentir chez soi rapidement, dès le premier jour par exemple. Comme le temps s’est écoulé vitement, on aperçoit, sur le soir, des lumières chaudes, accueillantes dans le hall principal et des glaces au chocolat sont encore à portée, donc forcément… j’en fais l’acquisition… et viens à rencontrer les tenanciers de l’auberge ayant de la conversation et ne s’arrêtant pas à l’évocation de la pluie, du beau temps. On se sent invité dans un espace de libération de la parole, à évoquer tout ce qui nous chaut. Chaud justement, le climat dans ce pays.
« Chaud, devant ! » s’écrie un membre de l’équipe, tandis qu’il distribue des brochettes de poivrons grillés à tous les convives.
Autour du grill, on retrouve toute une flopée de touristes provenant d’horizons vastes. Je rencontre alors des Suédois, des Thaïlandais, un homme de Myanmar aussi. Et parmi les convives, curieusement, une Américaine avec des oreilles de souris, ravissante. Je lui fais :
« … Éviter le taxi rose comme ça… Failli me faire faucher mademoiselle et je ne serais même pas là pour vous proposer cette brochette… »
Et le repas continue. Nous évoquons de mémorables histoires qui nous concernent à tour de rôle, dans un mini jeu : des anecdotes plus invraisemblables les unes que les autres. Chaque personne semble tout comme un continent à explorer. Ce moment de partage convivial est une récompense de ces efforts investis, aujourd’hui, simplement pour trouver mon auberge. Après quelques galères, quelques petites erreurs de chemin, je me sens assez heureux. Atteindre ses objectifs, après avoir rencontré des obstacles, rien de tel pour se sentir exister : objectif opérationnel atteint. Ma journée est une aventure or, ma vie compte de nombreuses journées. Les discussions vont bon train, ce soir-là, tandis que les Suédois nous invitent à participer à de petits jeux de devinettes. Ils questionnent chacun sur des points philosophiques type « quel est votre rapport à l’argent » slash « quel est votre rapport à la vie ». Puis sur des considérations politiques, « à votre avis, qui tire les ficelles ? » puis sur tout un tas d’autres éléments de la vie. En d’autres termes, nous parlons dans une discussion de comptoir au cœur d’un espace d’échange honnête, démocratique, dans ce qu’on ne retrouve plus forcément dans certains lieux terrestres :
« Mister croissant, votre accent, mais où est-il ? s’exclame hilare, un Suédois.
— J’ai charbonné hard mon anglais, voyez, avant d’embarquer, un bon touriste Français !
— Mais les froncés, (Français) les froncés restent en grappe je croyais ! »
Et ces Suédois de m’informer que les « froncés » sont des touristes peu sociaux qui restent en général en grappe ! Alors, je leur dis, pour notre défense, que nous n’avons pas besoin d’aller courir partout, que notre pays est l’une des destinations touristiques les plus tendances du monde, contenant son lot de châteaux radieusement magnifiques, monuments témoignant d’une histoire de mille cinq cents ans. Et ces Suédois, tout à fait piqués de curiosité, me passent à tabac sur l’histoire de France, laquelle m’échappe encore partiellement puisqu’elle n’a rien à envier aux séries Netflixiennes en termes de rebondissements, en termes de richesses. Au gré de la soirée, l’un des convives affirme que mon parcours scolaire aurait pu comporter davantage d’heures d’histoire, vu mes quelques hésitations sur deux-trois célébrissimes personnages. Je hoche la tête, penaud et peu de temps après, nous décidons d’un commun accord qu’il est vingt-trois heures, que nous sommes des adultes raisonnables, qu’il est grand temps de remettre nos discussions au lendemain. Buenas Noche.
Au petit matin, j’ouvre les yeux à l’heure où normalement chante le coq, mais il manque à l’appel : en Thaïlande, on rencontre d’autres volatiles, notamment des koels dont le chant sonne tel un battement et comme un souffle accentué sur la fin, montant agréablement dans les aigus. Tandis que l’un de ces oiseaux gracieux chante à pleins poumons, ce qui me plonge tout à fait dans une atmosphère exotique, je décide de humer l’air matinal et de prendre le frais, en sifflotant, levé de bon pied. Le cœur ouvert à l’aventure et prêt à découvrir tout ce que cette ville peut m’enseigner, je parcours quelques stands les claquettes chaussées, en évitant les crevasses sur ces bords de chaussée. (Plus une blague) Des marchands, eux aussi d’humeur positive, me vendent sur le coup quelques aliments produits sur place, de quoi ravir mon palais d’occidental. Je prends quelques victuailles en surplus dans l’intention de surprendre quelques convives, car j’ai tout bonnement envie de leur faire plaisir. Au retour, tout le monde quasiment est debout, et prépare ses petits plans sur la journée. Je tends alors, à ce moment précis, bien mon oreille pour recueillir les trucs et astuces ; les destinations phares ; les petits secrets et bons plans pour passer un séjour de qualité. Au cœur de ce hall d’auberge très animé, Paige Pumpillo l’Américaine, qui a apparemment mis son serre-tête amusant de côté, semble broyer du noir. Son voyage touche à sa fin, et de manière aimable, je lui tends une part de pastèque jaune dans l’espoir d’animer son cœur d’une joie ultime. Elle part dans deux heures, je l’apprends tristement. Primo, garder mon sang-froid ; secundo, raconter des blagues, prononcer des citations d’Oscar Wilde ; tertio, lui demander son numéro de GSM. Et quatro, ses meilleurs plans pour les vacances en Thaïlande :
« Oh, fait-elle, le temple de marbre blanc, si tu as des notions en architecture, le Wat Benjamabophitr.
— … o-p-h-i-t-r… bien ça ? Noté.
— Ensuite essaie le temple de la montagne d’or, le Wat Saket. S-a-k-e-t. Noté aussi ? Et peut-être que je repasserai un de ces quatre. »
Et dans une micro-confidence, Paige me communique les raisons qui la pousseraient à mettre les voiles des États-Unis, à revenir tantôt en Thaïlande pour s’y expatrier éventuellement. Encore en pleine interrogation sur elle-même, cette jeune Minnésotienne semble très indépendante et prête à atteindre ses objectifs, qu’elle enveloppe toutefois d’un voile de mystère dès lors qu’on aventure des questions plus sérieuses. J’eus été ravi, d’apprendre plus encore d’éléments sur cette jeune et aimable personne, forte de nombreuses qualités visibles et invisibles… Mais le temps s’écoule comme une rivière, et vient l’heure pour nous de faire la traditionnelle bise à la française d’au revoir, ce qui n’est pas sans générer chez elle quelque surprise, mais je la rassure bien vite sur nos coutumes : parfaitement adaptées dans notre cas de figure, ce qu’elle finit par admettre tout à fait. Après nos goodbyes, je la salue d’un sourire niais en faisant coucou… Puis vaque à mes occupations, comme préparer le nécessaire de la journée.
Tout ce qui a de l’importance doit être placé au même endroit dans une petite sacoche, laquelle contient environ vingt-cinq mille bahts, de quoi subsister un temps tout en voguant sans pécune compter. Effectuant la conversion, je me rends compte que le français peut se faire de sacrées bonnes vacances, s’il est smart, dans ce pays nettement sous-coté. Tandis que je consulte mes plans, à peine mon petit orteil de princesse sorti de l’auberge, un vigile de notre bâtiment comme animé d’une volonté de lier conversation, m’apostrophe d’un air peu engageant. Un gars d’une physionomie particulière, des traits émaciés couplés à un air de sérieuse gravité. Un Thaïlandais authentique : se nomme Apichaï et m’aide à me repérer sur ma volumineuse carte de Bangkok. C’est un prétexte pour me parler de sa vie sans la moindre réserve, je l’apprends à mes dépens. « Eh bien, sachez que je n’ai plus trop de temps pour discuter aujourd’hui » que je lui fais après vingt minutes, « que j’aurais volontiers passé toutes mes vacances en la compagnie de monsieur, mais j’ai comme qui dirait des affaires urgentes à traiter ». Apichaï tout à fait pantois dit que je suis « un oiseau sur la branche » : que je m’envole bien vite. Et en effet, je décolle, direction :
« Le temple de Marbre blanc, Wat Benjamabopitr. »
Et je me retrouve à siéger dans un tuk-tuk en deux temps trois mouvements. Tuk-tuk : ce n’est pas le bruit d’un klaxon, il s’agit simplement du véhicule emblématique du pays, petit tas de tôle que l’on retrouve massivement dans la circulation tumultueuse de la ville. Mon chauffeur se contente d’appuyer sur le champignon avec véhémence, et de se faufiler où il y a de la place : je me demande s’il y a un code de la route, ou une réglementation en vigueur. La chaussée alentour comporte des camionnettes ; des bus de ville le plus souvent grenat ; des véhicules utilitaires ; des motos ; des taxis roses ; des scooters lesquels supportent parfois, le poids de quatre personnes. Une famille entière sur un scooter… Au feu rouge, tout un paquet de ces deux-roues à l’arrêt. L’un de ces heureux conducteurs se paie même le luxe d’un film olé olé sur le GSM, pendant le temps d’arrêt, mais où est-on ?
« … Et regarder le portable sur la route… »