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"Carton rouge" est un roman éponyme qui plonge le lecteur dans l’univers d’une protagoniste confrontée à une crise personnelle au cœur d’une période marquée par l’anxiété, l’insatisfaction professionnelle et des bouleversements familiaux. Dans sa quête de redécouverte, elle s’inspire de son quotidien, de ses voyages et de ses rencontres pour surmonter une déconnexion grandissante avec son existence. Face aux défis, elle fait appel à sa résilience, à sa détermination et, avant tout, à sa foi pour embrasser chaque nouveau jour avec courage et espoir. Ce récit émouvant invite à explorer les méandres de l’âme humaine et à ressortir la force intérieure qui sommeille en chacun de nous.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Floriane Solo a toujours été profondément touchée par la puissance des mots et leur capacité à façonner des univers imaginaires, où les frontières entre réalité et fiction se dissolvent, permettant l’exploration et la réflexion. Son parcours, enrichi par de nombreuses expériences, lui sert de source d’inspiration inépuisable pour élaborer un personnage principal, à travers lequel elle s’attache à saisir l’essence même des émotions humaines.
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Seitenzahl: 123
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Floriane Solo
Carton rouge
Petites mésaventures
d’une cadre naïve
Roman
© Lys Bleu Éditions – Floriane Solo
ISBN : 979-10-422-5039-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite.
À mes petites sœurs
Naviguez dans la vie avec grâce et humour
Tout s’annonçait si bien. Tel que, l’éternelle optimiste que je suis aurait dû avoir quelques doutes.
Sans doute étais-je désespérée de changer ou de prouver que j’étais capable d’autre chose.
19 décembre 2022, premier jour dans une nouvelle entreprise, la vie de consultante est derrière moi. Quelques jours seulement, pour découvrir les lieux, mes collègues, et partir en vacances. Puis viendra 2023, nouvelle année, nouvelle vie. À s’y méprendre avec le début d’une comédie romantique.
***
Bon, la réalité est que mes petites aventures ont commencé bien plus tôt. Reculons de quelques mois.
24 juillet 2022, il est 3 h 43 min, nouvelle nuit sans sommeil, je suis en pleine angoisse du dimanche soir. Je viens de prendre un rendez-vous chez le médecin, en téléconsultation, il me faut des somnifères. Je n’arrive plus à me concentrer, mon esprit divague. Je pourrais refaire la disposition de mon appartement, encore, ce ne serait que la troisième fois ce mois-ci.
Mes voisins vont penser que je suis Jeffrey Dahmer.
Je pense à tout ce que je voudrais avoir ou être et qui me manque, j’ai le tournis. Il faut que j’arrête, ce genre de pensées ne va pas calmer mes angoisses. Les prochaines vacances arrivent dans une quinzaine de jours, mais je ne me sens pas capable de tenir jusque-là. Surtout qu’il ne s’agira pas vraiment d’un temps de repos.
Respire, prie et un jour à la fois.
25 juillet 2022, il est 6 h, mes yeux sont ouverts, ronds comme des billes, mais je tombe de fatigue. Je suis en télétravail aujourd’hui, je pourrais facilement dormir 2 h de plus. Mais rien n’y fait, je suis paralysée sur ce lit à penser à la journée que je ne veux pas faire, à cet ordinateur que je ne veux pas ouvrir. Je tourne en rond dans cet appartement, que j’aime principalement parce que je ne suis obligée de ne parler à personne.
Lanterne de ma journée, j’ai deux entretiens. Deux emplois qui ne me plaisent pas tant, mais j’ai besoin de perspectives nouvelles.
Plus jeune, je ne loupais jamais un entretien. Aujourd’hui, je me sens de moins en moins convaincante, quand je dois expliquer pourquoi je suis motivée à l’idée de rejoindre l’entreprise machin, pour faire truc muche et que je pense que je me retrouve dans les valeurs de l’entreprise, et cetera, et cetera.
J’ai l’impression d’avoir vendu un bout de mon âme chaque fois que j’ai dit ou écrit que je voulais « capitaliser sur tout ce que j’ai appris pour performer dans cette nouvelle phase de ma carrière ».
Je dois le faire deux fois aujourd’hui.
Respire, prie, un jour à la fois. C’est parti !
Le début de journée s’inscrit dans ma routine. Le réveil de 8 h me donne le coup d’envoi de la journée. Douche avec fond de musique et de podcast, je me fais un café long et noir. Pendant que je le bois sur mon canapé, je tente de m’accorder une pause en silence.
Il est 9 h, quand j’allume mon ordinateur, consulte les emails. La journée a commencé : répondre, relancer, faire des réunions qui me feront rentrer dans une spirale de réunions et d’emails.
Poser des questions aux gens, demander poliment s’ils vont bien, faire une blague, et recommencer.
11 h 30 min, l’entretien en visio dans la première entreprise se passe bien, mais j’ai le sentiment que ça ne va pas le faire. Il me demande comment je pense que mes méthodes de « grosse entreprise » peuvent être appliquées dans leur entreprise où ils livrent vite. Il veut se sentir unique, différent, je lui réponds que ce n’est pas une question de temporalité, mais de méthodes à appliquer dans le bon ordre, pour limiter le risque. Il n’est pas convaincu.
Dommage, l’entreprise était pas mal. Il faut que je mente mieux.
Je continue ma journée.
15 h, nouvel entretien ; plus facile, mais mon salaire actuel contrarie mon interlocutrice. Elle reviendra vers moi après avoir vérifié le budget. Je me dis que c’est la première chose qu’elle aurait dû faire avant de nous faire perdre notre temps.
Ma journée se termine sur un grand verre de vin et une série nulle. Je ne supporte plus le silence. J’ai besoin d’avoir constamment un fond sonore, sinon, je pense et c’est loin d’être mon activité favorite en ce moment.
Respire, prie, la journée est finie.
28 juillet 2022, les deux réponses négatives sont tombées à quelques heures d’intervalle. Quoi que prévisible, ce n’est pas moins frustrant. Je continue de postuler, la routine est pesante et je n’en peux plus de soupirer, de me plaindre et de ne rien pouvoir faire pour changer les choses.
Je croyais que mes diplômes, mes expériences et mon vécu me donneraient de la puissance. Mais, c’est tout le contraire. J’ai l’impression d’enchaîner les désillusions et les moments de faiblesse. Mes succès, mes échecs, et la moindre de mes avancées sont liés à des décisions qui ne m’appartiennent pas. C’est déprimant.
Respire, pense à autre chose, un jour à la fois.
Vendredi 12 août 2022, dernière journée avant trois semaines de vacances, il était temps. Je suis un peu optimiste quand je parle de vacances, mais au moins, l’ordinateur sera éteint. La journée passe en un éclair. Je fais partie des dernières survivantes, ce qui me donne, l’avantage de ne pas avoir trop de réunions. Je peux me concentrer sur le fait de ne rien laisser de trop problématique, qui pourrait m’exploser au visage à la rentrée.
En parallèle, je prépare ma valise, trois semaines loin de mon appartement, de mes affaires et constamment entourée, ça va être long. Mais, c’est pour la famille.
Je prends mon ordinateur, pour envoyer quelques candidatures dès que j’aurai un moment.
Vêtements, sous-vêtements, maillots de bain, un livre, ma trousse de toilette… tout y est. Tout le reste pourra s’acheter sur place ou attendre mon retour.
Dernière nuit dans mon lit, aussi. Bizarrement, je dors comme un bébé. Serait-ce le travail qui me met dans cet état ? C’est ridicule, nous sommes des millions à travailler et détester notre travail. Pourquoi, est-ce que je tiendrais moins le coup que les autres ?
Après tout, je ne suis pas la plus désavantagée ; un travail qui ne m’attaque pas la santé, pas directement en tous cas, sauf quand je me laisse aller à mes propres excès (trop boire, fumer de temps en temps et manger des cochonneries sur le pouce). Une rémunération qui me permet de vivre très confortablement. Des collègues sympas et des missions qui honnêtement sont plutôt intéressantes.
Alors pourquoi ai-je tant le sentiment de ne pas être à ma place ? Je me surprends parfois à me sentir en flottement hors de mon propre corps. Et j’écoute cette jeune femme qui sonne si vide et creuse. Elle balance des inepties auxquelles elle ne croit pas. En se disant que si elle parvient à convaincre quelqu’un, c’est ce que c’est vrai, elle a raison.
Respire, prie, dors. Demain t’attend.
Samedi 13 août 2022, je suis en route pour Provins.
Mon énorme valise verte est pleine à craquer de tout ce qu’il me faut pour tenir ces trois prochaines semaines. Quelques robes et jolies tenues pour la plage et les sorties à Marseille. Jeans et vieux tee-shirts pour le déménagement, la route et les temps à passer dans les cartons.
Le trajet jusqu’à Provins est long et laborieux à cause de la valise, mais j’ai l’habitude : métro, train et puis l’on me récupère en gare. Je traverse l’Île-de-France, sans émotion et musique dans les oreilles. Je connais ces paysages par cœur, je pourrais les visualiser les yeux fermés.
J’arrive à Provins, mon estomac se noue. Je me demande pourquoi ? Le nœud est moins fort que celui qui m’accompagne au travail, mais tout de même. Je devrais être ravie de voir ma famille et de passer les trois prochaines semaines avec eux… Et, j’ai trouvé ! Trois semaines en famille à stresser pour un déménagement, j’ai peut-être surestimé ma réserve d’énergie.
Respire, trop tard pour reculer, souris.
Je descends du train, monte dans la voiture en souriant. Maman est au téléphone, comme d’habitude, les « vacances » commencent.
Comment décrire ma mère ? Elle a le courage ou plutôt l’insouciance qui m’ont toujours manqué. Il y a quelques mois, elle a décidé qu’ils devaient déménager pour le sud de la France. Je savais que l’idée lui trottait dans la tête depuis un moment, mais ce n’était qu’une idée justement, pas un projet. Et du jour au lendemain, c’est devenu une réalité. Candidatures spontanées et bref séjour sur place vont rapidement s’enchaîner, bousculant au passage tous les emplois du temps dans le mien. Un seul objectif : être installés à Marseille pour la rentrée scolaire.
***
Flash-back de l’annonce au mois de mai, je suis en vacances, un séjour de cinq jours, à sillonner Rome et Les Pouilles. C’est la première fois que je visite le pays, et la ville de Rome est belle, comme dans les films. Un peu de racisme tout de même, l’on ne m’avait jamais interpellée avec le qualificatif « negra » jusqu’ici, mais tant qu’il y a des pâtes, du tiramisu et du vin, je décide que c’est ce qu’il suffit pour profiter de mon voyage.
Je fais ce voyage, avec mon amie Solange. J’ignore si c’est sa première confrontation non théorique au racisme, mais elle semble plus en colère que moi. Toutes les micro-agressions que nous allons subir ne me touchent que peu. Je me surprends à presque défendre leurs points de vue et je m’entends dire que j’aurais dû choisir une autre destination. Je me demande alors, si je manque de courage ou si je suis un peu morte à l’intérieur.
Néanmoins, notre voyage se passe bien. Le Vatican vaut la peine d’être vu et au troisième jour de notre voyage, nous sommes en route pour Les Pouilles. Ici, le décor est différent, avec plus de nature et moins d’êtres humains, le voyage devrait être plus agréable. Nous nous faisons quand même refouler d’un restaurant, mais c’est trois ou quatre de moins qu’à Rome. Nous décidons de faire quelques courses à stocker dans le réfrigérateur de la chambre d’hôtel. Pendant quatre jours nous allons nous nourrir presque exclusivement du petit déjeuner de l’hôtel, de cerises, de lambrusco, de charcuterie et de pizza achetées en kiosque.
Mais nous rions, beaucoup.
Respire, mange et ris.
La veille de notre départ, j’appelle ma mère pour prendre quelques nouvelles. C’est à ce moment qu’elle m’annonce le projet de déménager durant l’été. Elle a choisi Marseille.
Silence.
J’ai envie de hurler, je sais qu’elle dit cela pour m’embarquer ; comme si j’avais mon mot à dire. Elle ne veut pas mon avis, juste mon engagement à l’aider dans le périple. Je tente de contenir mon exaspération et un brin de jalousie, je pense. Où était l’empathie pour mes temps de trajet quand je faisais quatre heures de transports en commun pour aller à l’université ou pour aller travailler ?
Respire, enfouis, continue ton voyage.
***
Samedi 13 août 2022, les filles sont sur un petit nuage, malgré une légère amertume à l’idée de quitter les amies d’ici. Mais, à l’air de réseaux sociaux, elles savent ou se disent plutôt que le contact ne sera jamais vraiment perdu. Pour elles, c’est l’aventure.
On avance dans les cartons et le tri. Mon beau-père est déjà parti, chez l’habitant pour commencer son nouvel emploi et trouver une maison.
De notre côté, les journées sont longues… nous rangeons, trions et nettoyons. Je dors toujours aussi mal, alors je profite de mon insomnie pour postuler. J’étouffe, partout, constamment, et ma boule au ventre a grossi depuis mon arrivée. Je n’ai pas envie de réfléchir à la cause. Je me concentre sur mes envies de changement professionnel. Après tout, cinq ans au même endroit c’est long. Je sais que changer d’entreprise ne me rendra pas plus heureuse, mais au moins ce sera nouveau, excitant.
Une collègue m’a demandé il y a quelques jours ce que je voulais, j’étais incapable de lui répondre. Il est 2 h du matin, les yeux rougis par la lumière de l’écran et les offres d’emplois qui me démoralisent toutes plus les unes que les autres, et cette question me poursuit.
Respire, dors et déroule.
***
Samedi 20 août, ils ont trouvé un appartement. Il est un peu petit, mais, mais suffisant pour atterrir. Nous avons pris la route à 4 h 30 min, la voiture est pleine à craquer de l’essentiel, le reste suivra. Le trajet est long, mais nous avons de la musique, l’excitation de découvrir ce nouveau lieu, quelques jeux de voiture et des pauses chaque fois que nous avons besoin de nous dégourdir les jambes.
Nous parlons de tas de choses, enfin, maman parle, me prodigue des conseils sur la vie. De très bons conseils, mais qui s’appliquent plus à sa vie que la mienne. À mon âge, elle était mariée et avait un bébé en route, alors c’est aussi ce que je devrais faire. Pour avoir tout cela, elle a prié, jeûné et mené une existence parfaite… Je rêve de rétorquer quelque chose de sarcastique, mais rien ne me vient, je n’ai pas le courage d’argumenter. Je me demande si dans le fond, elle n’a pas raison. Alors, je vais dans son sens, et remets un peu de musique. Les quinze prochains jours risquent d’être interminables.