Casque bleu - Steve Floret - E-Book

Casque bleu E-Book

Steve Floret

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Beschreibung

Au cœur du conflit entre le Liban et Israël, la famille de Saïd Benaissa se retrouve plongée dans l’atrocité de la guerre, forcée de faire des choix aux conséquences irréversibles. En parallèle, en France, de jeunes soldats sont formés pour devenir Casques bleus. Une fois déployés sur la frontière israélo-libanaise, ils tenteront de préserver une paix fragile entre les deux nations. Ces deux histoires entrelacées offrent une immersion intense dans un monde de destinées croisées, de sacrifices et d’espoirs face à un avenir incertain.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Steve Floret, ancien radariste et Casque bleu au Sud-Liban, a repris ses études en 2022 en obtenant un DAEU A littéraire. C’est à la suite de cette expérience académique qu’il a décidé d’écrire cette œuvre, qu’il considère comme un moyen thérapeutique pour guérir des blessures qui l’assaillent depuis trop longtemps.

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Seitenzahl: 109

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Casque bleu

Roman

© Lys Bleu Éditions – Steve Floret

ISBN : 979-10-422-5881-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, président du conseil national juif, proclame la naissance de l’État d’Israël, et donc, le dernier jour du mandat britannique sur la Palestine. Cette décision est validée par l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle permet au peuple israélite d’acquérir 55 % du territoire de la Palestine appartenant aux Britanniques alors qu’ils n’étaient que 30 % de la population et laisse aux Palestiniens 45 % des terres. Au lendemain de son officialisation, l’état israélien est attaqué par les armées arabes composées de soldats syriens, égyptiens, irakiens, transjordaniens et libanais. Les combats auront lieu sur trois fronts, en ancienne Palestine, dans la péninsule du Sinaï et dans le Liban du Sud. Ce conflit durera 1 an environ et verra Israël être le grand vainqueur après avoir repoussé toutes les attaques et faisant ainsi évoluer leur territoire jusqu’à 78 % contre 22 % pour la Palestine. Le partage des terres semblait déjà injuste pour les palestiniens au moment de la création de l’état hébreu, il l’est encore plus inégal après cette guerre. Dans les décennies qui suivront, plusieurs guerres éclateront à nouveau entre ces pays faisant toujours plus de victimes. 58 ans après, le 12 juillet 2006, le Hezbollah, parti politique libanais, membre du gouvernement ayant même plusieurs ministres, déclenchera des tirs de roquettes en direction de l’état juif. Il enverra ensuite un commando tuant 8 soldats israéliens et en kidnapperont plusieurs autres. Cette attaque à travers la Blue line a été condamnée par le secrétaire général de l’ONU. Le Hezbollah proposera un échange de prisonniers refusé par Israël. L’état hébreu déclarera la guerre au Liban les tenant pour responsable de cette offense. Les soldats de l’ONU qui étaient en poste depuis 1978 au Sud Liban vont se retrouver à nouveau au cœur du conflit.

• Blue line : frontière israélo-libanaise.

Chapitre 1

Saïd Benaissa

Le 12 juillet 2006

Ce matin-là, comme tous les matins, Saïd se réveilla à 6 h 30. À son habitude, il contempla sa femme Myriam le temps de quelques secondes. Elle était belle avec ces longs cheveux bruns, sa peau légèrement dorée, et son visage d’une douceur angélique. Il s’amusait souvent à lui dire qu’elle ne vieillissait pas, tout comme l’amour qu’il lui portait. Il l’embrassa sur le front comme pour lui indiquer qu’il était temps aussi pour elle de se lever. Ils dormaient dans une chambre plutôt étroite, le pied du lit était quasiment collé à la commode. C’est dans cette commode en bois que Saïd récupéra ses affaires avant de se diriger vers la salle de bain. Elle n’était pas bien grande, elle était le reflet de la promiscuité dans laquelle vivait cette famille. La douche était en mauvais état, le tuyau métallique semblait couvert de rouille et le débit d’eau alternait entre crachin et postillons. Un mètre à peine la séparait du lavabo où reposaient quatre brosses à dents dans un verre en plastique orange et un savon aux odeurs de lavande. Juste au-dessus de ce lavabo se trouvait un petit miroir dans lequel Saïd voyait son image reflétait. Il se regarda un court instant, juste assez pour réaliser qu’il vieillissait plutôt bien lui aussi. Sa peau était légèrement plus claire que celle de sa femme, mais ses cheveux frisottants étaient tout aussi noirs. Sa petite moustache lui donnait l’air intellectuel, ce qui n’était pas gênant dans son cas. Saïd se doucha le premier pendant que Myriam préparait le petit déjeuner sur une gazinière vieillotte à trois brûleurs. Elle faisait chauffer le café pour elle et son mari. Sur un deuxième brûleur, elle chauffa du lait pour ses deux enfants. À 7 h 00 ils sortirent tous les deux boire leurs cafés sur la terrasse de leur cour. Le jardin était assez petit, mais tout le nécessaire au bien-être de la famille était là : un peu d’herbe, un cèdre dans le fond de la cour et l’aube qui se levait en arrière-plan. Sur la terrasse, une table blanche en plastique et ses quatre chaises s’alliant parfaitement avec le reste les satisfaisaient grandement. C’était un de leur moment préféré, le moment où la chaleur de l’été ne se faisait pas trop ressentir. Une petite brise qui soufflait sur la ville de Tyr rendait ce petit déjeuner fort appréciable. Saïd plongeant son regard dans celui de sa femme s’adressa à elle, d’un air dépité :

« C’est l’heure, faut réveiller les enfants. Je m’occupe de Tarik, tu fais Nadia ?

— Oui, je vais m’en occuper. »

Il réveilla son fils âgé de 14 ans afin qu’il se prépare tandis que Myriam levait Nadia, âgée de 8 ans qui devait en faire de même. Ce jour-là, Saïd décida d’emmener sa famille à la plage. Il devait d’abord récupérer les parents de sa femme avant de rouler une petite demi-heure pour rejoindre le bord de mer. C’était un endroit qu’il appréciait particulièrement, car immortalisé par leurs photos de mariage. Le sable s’associait parfaitement à la verdure du bord de route qui longeait cette plage. Les collines rocheuses quant à elles longeaient la route, magnifiant ce tableau. Saïd était professeur de littérature et sa femme, maîtresse d’école. Ils profitaient donc des grandes vacances pour jouir de la présence de leur famille. Leurs deux enfants jouaient sur la plage, leur château de sable n’était pas très stable, on peut même dire que prêt à s’effondrer, il faisait peur à voir. Ce n’était pas le cas de la relation entre les deux enfants qui étaient fusionnels au contraire. Tarik était un grand frère aimant, protecteur et très attentionné avec sa petite sœur. La petite fille, elle, était rieuse, toujours souriante et pleine de joie. De quoi combler tous les pères du monde. Peu après le repas du midi, le père et son fils partirent chercher des glaces pour le reste de la famille. C’est alors qu’un homme s’effondra devant eux, victime d’un malaise, car il n’avait pas mangé depuis plusieurs jours. Tarik interpella son père qui se précipita sur l’homme pour lui venir en aide. Il sortit une barre de céréales de sa sacoche noire et avec précaution donna à manger au miséreux. Saïd avait le cœur sur la main et tout comme ses modèles Victor Hugo ou encore Émile Zola, il était extrêmement sensible face à la misère sociale et aux inégalités. Tarik observa la scène avec stupeur et quand son père fit son retour à ses côtés il ne put s’empêcher d’exprimer sa colère :

« Pourquoi autant de libanais vivent dans la misère, qu’est-ce qu’on a fait pour mériter cette vie ?

— On n’a rien fait mon fils, et c’est de la faute de personne si on en est là. En tout cas, ça ne sert à rien d’en vouloir au monde entier pour ce qui se passe ici. La seule chose importante que tu dois retenir, c’est qu’il ne faut jamais détourner le regard face à une personne dans le besoin, tu dois toujours te montrer solidaire de tes frères libanais, c’est le seul moyen pour que ce pays se relève. »

Le jeune homme resta perplexe, cette situation le troublait beaucoup. Plus tard dans la journée, un homme ayant l’air vraiment inquiet s’approcha des gens sur la plage et annonça que le Hezbollah venait de lancer une attaque contre Israël. L’enseignant en littérature sentit la panique monter en lui. C’était un homme perspicace, il comprit sur l’instant que ces actes n’engendreraient rien de bon pour le pays du cèdre. Sur la route du retour, après avoir déposé les parents de Myriam chez eux, le jeune Tarik s’exprima au sujet de l’attaque du jour :

« Papa, pourquoi le Hezbollah a attaqué Israël aujourd’hui ?

— C’est compliqué tu sais, le Hezbollah se dit défenseur du Liban, mais pourtant ce genre d’acte risque de faire beaucoup de mal à notre peuple.
— Plus de mal que ce qu’on vit déjà aujourd’hui ? On voit tous les jours des réfugiés arriver. Les gens meurent de faim. J’ai plein d’amis à l’école qui ont perdu des membres de leur famille à cause des affrontements avec Israël. Parfois, je comprends ceux qui vont les affronter.
— Tu sais Tarik, plus on répondra par la violence, plus on s’exposera au fait qu’Israël surenchérisse. Pose-toi une question, une fois que tout le monde sera mort, il restera qui à sauver ? Il restera qui à aider ? Il restera qui à aimer ? »

Le silence se fit sentir dans la voiture et le chemin pour la maison parut incroyablement long. La petite Nadia fut clairement chamboulée par la conversation entre son père et son frère. Ses grands yeux noisette étaient remplis d’inquiétude. La gamine dégageait une grande fragilité surtout quand elle était exposée aux craintes de son grand frère. Tarik sentit qu’il l’avait troublée, alors d’un geste de la main, il décala une de ses mèches de cheveux couleur ébène derrière son oreille. D’un regard adouci, il essaya de la rassurer, mais le fait qu’il restait muet trahissait ses pensées. Le soir, lors du repas, l’ambiance était morose. L’inquiétude du couple était palpable surtout quand un journaliste expliqua à la télévision que Saïd avait allumé en bruit de fond, qu’Israël tenait l’état libanais pour responsable des actes commis par le groupe d’Hassan Nassralah et qu’ils allaient sûrement déclarer la guerre dans les prochains jours. Les craintes de Monsieur Benaissa étaient bel et bien fondées. Les jours qui suivirent, plusieurs attaques israéliennes retentirent dans le Sud Liban.

Le 21 juillet 2006