Ce que je fais - Tome 3 - Laurine Damour - E-Book

Ce que je fais - Tome 3 E-Book

Laurine Damour

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Beschreibung

Mais tu le comprendras plus tard, troisième volet de la saga "Ce que je fais", poursuit les aventures de Jeanne. Sur une plage californienne, encore en quête de sens, elle est sur le point de trouver sa véritable voie. De Paris à Bruxelles, en passant par Londres et l’Écosse, Jeanne entraîne le lecteur dans un périple à la fois géographique et émotionnel, porté par sa joie de vivre et une énergie contagieuse. Chaque étape de son voyage révèle un peu plus sa personnalité, faisant de ce récit une exploration profonde riche en découvertes.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Influencée par les écrits de Françoise Dorin, Daniel Pennac, Gilles Legardinier, Joseph Joffo et Patrick Cauvin, Laurine Damour découvre sa voie créative. Ces auteurs lui ouvrent les portes de Paris, une ville qui nourrit son inspiration et dans laquelle elle croise le destin de son héroïne.


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Seitenzahl: 525

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Laurine Damour

Ce que je fais

Tome III

Mais tu le comprendras plus tard

Roman

© Lys Bleu Éditions – Laurine Damour

ISBN : 979-10-422-4818-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Pour Matthieu et Anna,

mes deux amours Damour…

Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras plus tard.

Jean 13 : 7

Notes à l’attention du lecteur

Et voici le dernier volet des aventures de Jeanne, toujours en 2022, toujours sans Brexit ni Covid…

Les dialogues en italique sont en anglais, les autres en français.

Jeanne est à Los Angeles, elle réalise son amour pour Serge, et s’apprête à donner sa réponse à la Compagnie de théâtre d’Andrew, Shakespearean Parables…

Chapitre 84

Mardi 20 septembre

Je me lève, et secoue le sable de mon short. Impression d’un déjà-vu.

Encore un virage dans ma vie, une prise de conscience.

L’évidence qui me frappe en pleine tête, en plein cœur.

Sur une plage. Source d’inspiration.

Quelle heure est-il ? Je ne sais pas.

Je sais juste que tout à l’heure, je vais donner ma réponse à Andrew, rentrer à Paris, et préparer mes affaires pour Bruxelles.

Où je vais LE voir !

Et là, juste à l’idée de le revoir, c’est une serre à papillons qui déboule !

À tel point que ça m’en fait mal au bide !

À tel point que j’en oublie la réponse pour Londres !

Mais, je suis tellement heureuse de ressentir ça, que franchement, j’oublie la légère douleur !

C’est trop bien !

Je n’en reviens pas de l’aimer comme ça !

Non, c’est sûr que non, je n’ai JAAAAAMMAAAIIIIS éprouvé cela, moi la spécialiste du coup de cœur, du « tomber amoureuse », du crush. Non, jamais.

C’est comme si je recouvrais la vue, comme si tout d’un coup quelqu’un avait mis la couleur dans ma vie, comme si même l’air était différent !

Je retourne à la maison, et en faisant attention à ne pas les réveiller, et je fais des cupcakes à la framboise…

Je farfouille, en faisant le moins de bruit possible.

Et je leur prépare mes cupcakes et un bon petit-déj !

Et oui, quand je suis heureuse, j’ai envie de faire plaisir, de partager ce bonheur que je ressens !

Et pourtant, je ne sais même pas si Serge ressent la même chose pour moi !

Si je n’ai pas grillé toute sa patience !

Mais là, je sais, je ressens que pour l’instant, je ne dois pas paniquer.

Je vais dehors, histoire de ne pas les réveiller.

Car malgré le bruit que j’ai fait, ils dorment encore.

En même temps, c’est compréhensible, vu la soirée.

Je sais que je rougis, juste à l’évocation de cette nuit folle, et tellement pas « moi ».

Bon, allez, c’est fait, c’est derrière, pense à devant, demain, et surtout, aujourd’hui.

Vérification du décalage horaire. Ok, il doit être entre 15 et 16 h à Londres. Ou Aberdeen, en Écosse. Nous sommes le 20 septembre. Visio. Il décroche.

— Hey, salut Andrew !

— Hey, salut Jane ! Comment vas-tu ?

— Très bien, et toi ?

— Super, regarde où on est !

Et il tourne la caméra et me montre les collines verdoyantes, un château, un paysage magnifique !

— Waouh, c’est super beau ! Moi aussi, c’est plutôt pas mal !

Et je lui montre l’océan, la plage immense, la maison… et je retourne vite vers moi au cas où un des trois sortirait en petite tenue sur la terrasse.

— Ah ouais, pas mal non plus !

— Bon alors, nous sommes le 20 !

— Oui, alors quelle est ta décision ?

— Andrew, si ta proposition tient toujours c’est avec une grande joie que je dis oui à Shakespeare !

— Ahhhhhh ! Génial ! Ouf ! Franchement, on voulait tous que tu reviennes !

— Oh merci ! C’est tellement gentil ! Moi aussi, je veux revenir avec vous !

— Bon, ben super !

Et on se parle ainsi encore quelques minutes.

Il me demande comment ça se passe à LA, et je lui dis « je te raconterai plus tard ».

En fait, je m’aperçois que j’ai juste hâte de « rentrer à la maison », et que ma maison, c’est eux.

Je retourne à la cuisine, et en passant dans le salon, ils se réveillent, car Nate avait mis son réveil.

— Salut, Jane, ça va ?

— Oui, ça va bien ! Ça va même très bien.

Et je souris toute seule à l’évocation de ce souvenir, de cette phrase que Serge dit toujours.

— Je vous ai préparé un petit-déj. Tout le monde prend du café ?

— Oh, c’est super gentil !

Et ils se lèvent tous, enfilant ici un jean, ici un t-shirt et là un peignoir.

Merci, j’apprécie, les nus, pour moi, je les préfère au Louvre… ou sous emprise de psychotropes.

Allez, arrête d’y repenser.

Christophe me rejoint, et tente un bisou glamour. Gentiment, j’esquive.

— Je pourrais te parler tout à l’heure, quand tu seras réveillé ?

— Oui, oui, bien sûr, dit-il, toujours hyper cool.

J’espère qu’il le sera toujours tout à l’heure.

On s’installe tous autour de la table dehors sur la terrasse. On parle un peu, doucement, la nuit fut courte, ils m’interrogent sur la mienne, oui, courte aussi, je me suis levée à 6h-6h15, et j’ai vu le lever du soleil, c’était magnifique…

Ils acquiescent. Et me remercient pour le petit-déj et les cupcakes qu’ils trouvent trop bons !

À ce moment-là, on reçoit tous un message de Bob, qui nous demande de venir dans l’après-midi pour la suite du casting.

Je sais que ce sera sans moi. Je me moque de payer mon book (Bob m’avait dit que les frais seraient pour moi en cas de désistement de ma part), je ne veux pas faire cette série.

Ce n’est pas ma place. Pour l’instant, je ne préfère rien dire. Et je les écoute.

Et on reparle un peu d’hier soir, en riant. Ils sont très cool. Le côté un peu hippie à LA, ce n’est pas un mythe. Je pensais que ce n’était plus d’actualité, mais faut croire que certains jeunes la perdurent.

Et aujourd’hui, ils sont clean, ils sont passés à autre chose par rapport à hier soir, et ne se prennent vraiment pas la tête de savoir s’ils veulent recommencer ou non.

Je comprends pourquoi Christophe aime tellement ici.

Pendant que Nate et Brit débarrassent, je fais signe à Christophe de faire quelques pas avec moi sur la plage.

Il me suit.

— Bon, alors, comment te dire ?

— C’était chouette hier soir, non ? commence-t-il.

Ok, ça va pas être simple…

— Oui… et non. Oui, c’était sympa, on a bien rigolé, mais en fait, Christophe, ce n’est plus moi, tout ça. Il y a quelque chose qui s’est passé dans ma vie, qui m’a réellement changée, depuis juillet, c’est tout récent. Je crois en Dieu.

Il fronce les sourcils.

— Comment ça ?

— Depuis que je suis partie en Suisse, j’ai eu tout un chemin où j’ai appris à découvrir Dieu. Et maintenant, je crois en Lui. Et du coup, je ne fais plus… (je fais un geste de la main pour montrer la maison), enfin, tu vois, je n’ai plus un cœur d’artichaut, comme quand j’étais amoureuse de toi. Il y a vraiment quelque chose qui s’est passé en moi. Et là, depuis que je suis là, je me suis complètement… je ne sais pas, laissée aller, mais pas sur ma voie, mon chemin, et ce n’est pas que je le regrette, parce que si je me mets à la place de l’ancienne Jeanne, elle aurait été comme une dingue de tout ça, dis-je en ouvrant les bras et englobant tout.

— Et moi ? Je veux dire, maintenant, tu ne ressens plus rien pour moi ?

— Si ! Je t’aime vraiment, tu es mon ami, tu me fais rire, et tu es tellement beau ! Mais je sais, là, dis-je en montrant mon cœur, que ce n’est absolument pas ce qu’il me faut.

Il fait une drôle de tête. Limite comique.

Évite de rire, Jeanne, ce n’est vraiment pas le moment !

— Et la série ?

— Bob m’a dit que j’étais encore libre de partir, donc, je vais partir. En fait, ce matin, j’ai accepté la proposition de la troupe de Londres pour y jouer de façon permanente.

Il reste en silence.

— Je me doutais de quelque chose, Jeanne, je te connais, et je sais, depuis que t’es rentrée de Suisse, que quelque chose a changé chez toi. Je croyais que c’était Serge, et que ça allait te passer et que du coup, j’aurais toutes mes chances, surtout que tu es venue.

— Je suis venue parce que j’avais envie de te voir, de voir LA, et de voir comment se passe un casting ciné ! Mais pas parce que je voulais sortir avec toi ! Et puis, en fait, je vais te dire, c’est un vrai miracle que j’ai pu venir, car comme par magie, j’ai eu un héritage, qui me permet d’être ici. Je sentais qu’il fallait que je vienne, je pense savoir pourquoi maintenant.

— Pourquoi ?

— Je me demandais où était ma place, mon chemin, et là, je sais qu’il n’est pas ici. Et je sais où il est.

— Et avec qui…

— Oui, alors ça, c’est pas encore fait… mais oui, c’est lui que j’aime, je l’ai compris tout à l’heure, je te demande pardon.

— Ne t’excuse pas Jeanne, c’est moi qui m’excuse, après tout, je t’ai fait souffrir pendant des mois et limite j’y prenais plaisir. Mais, je ne sais pas, entre ce que tu étais l’année dernière et aujourd’hui, il y a vraiment eu une transformation, comme si tu avais enfin confiance en toi, et ça, ça me fait craquer. Je te trouve belle, mais en fait tu as toujours été belle, mais là, tu le sais sans le savoir, mais oui, ton assurance. Tu es belle, intelligente, drôle, douce et gentille, tu es gaffeuse, et tu as tendance à dire ce que tu penses, même quand c’est pas le bon moment.

— Merci Christophe. Ça me touche beaucoup. Mais…

— Oui, je sais, ta place n’est pas avec moi…

— Exactement.

— Mais on s’aime toujours !

— Oui, bien sûr !

Et je me mets dans ses bras, comme si c’était un ours en peluche.

On se hugh bien fort.

— Bon, je vais l’annoncer aux autres, et appeler Bob pour lui dire que je ne viendrai pas cet après-midi.

— T’es vraiment sûre ?

— Oui, complètement.

On retourne dans la maison, Nate et Brit sont là, en train de relire leurs répliques (avec des mots).

— J’ai un truc à vous dire. En fait, ce matin, j’ai accepté une proposition de la troupe de théâtre de Londres dans laquelle j’ai joué en août. Ils m’ont proposé de l’intégrer de façon permanente et j’ai dit oui. Je partirai ce soir d’abord pour rentrer chez moi à Paris, puis j’irai à Londres.

Ils me regardent comme si je leur disais que j’avais vu des extra-terrestres.

— Quoi ? Tu vas laisser tomber la série pour faire du théâtre ? Je veux dire, c’est ta chance pour être connue du monde entier ! s’écrie Nate.

— Il a raison, tu ne peux pas renoncer comme ça ! C’est à cause d’hier ? enchaîne Brit.

— Non, enfin oui et non, hier, ça juste été le déclencheur de ma décision, ce qui m’a fait comprendre, mais non, c’est pas la soirée qui m’a fait prendre cette décision, mais un ensemble de choses et surtout, je sais que ce n’est pas ma place, et que ma place est à Londres avec la troupe.

— Et tu l’as dit à Bob ? demande Nate.

— Pas encore, je vais le faire, je voulais vous le dire avant. Je suis désolée, mais voilà, c’est juste pas ma place. Et pas parce que je me sens mal avec vous.

— Ok, bon, on respecte ta décision, mais tu vas nous manquer. Tu donnes des nouvelles ?

— Oui, bien sûr, et vous aussi ! J’ai hâte de voir la série !

Et on se hugh. Tous les quatre. C’est vrai, c’est bizarre ce lien entre nous. C’est à la fois creepy (glauque) et émouvant, touchant.

Je retourne dehors pour appeler Bob.

— Salut, Bob, c’est Jeanne, ça va ?

— Oui, bien et toi ? Prête pour cet après-midi ?

— Justement, je voulais te parler de ça. Tu m’as bien dit que je pouvais encore me retirer du projet sans qu’il n’y ait de conséquences ?

— Oui, pourquoi ?

— Parce que je me retire Bob. Je ne veux pas faire la série.

— Jane, t’es sûre de toi ? Qu’est-ce que tu veux de plus ? Tu vas le regretter, cette série va être un vrai succès, et tu passes à côté de ta chance. Reste et je te garantis une vie de gloire et de glamour, la réussite, de l’argent, une belle maison sur Beverly Hills, l’amour avec tous tes partenaires, et beaucoup de bonheur. Avec ton physique, ton talent, tout le monde te voudra.

— Mais ce n’est pas ma place, Bob ! Non, je ne veux pas, je ne peux pas. Je le regrette pour Chris, pour toute la production parce que là il faut trouver une autre Viviane…

— Non, t’en fais pas pour ça, il y a une bonne liste d’attente !

— Bon, alors, c’est parfait !

— Mais tu as d’autres projets ? Tu ne pars pas pour rien ?

— J’ai accepté ce matin la proposition de la troupe de théâtre à Londres avec laquelle j’ai joué au mois d’août.

— Ok, c’est bien, je suis content pour toi, mais j’avais d’autres projets pour toi, parce que tu as quelque chose, une certaine innocence teintée de glamour, un pouvoir de séduction complètement fou…

— Moi ?!

— … et je sais que tu peux réussir ici, tu es en train de passer à côté de ta chance.

— Non, Bob, je te remercie pour tes encouragements, mais non, rester ici n’est pas une chance pour moi. Mais merci pour les auditions, pour les photos, d’ailleurs, dis-moi combien je dois pour mon book.

— Rien, absolument rien. C’était pour te dissuader de partir.

— Ah, ok. En tout cas, merci pour tout Bob, j’ai été ravie de faire ta connaissance.

— Moi aussi Jane, et si tu changes d’avis, on aime les petites Françaises qui ont un look d’Anglaise !

Ça me fait bizarre ce qu’il me dit là.

— Au revoir, Bob, prends soin de toi.

— Toi aussi, Jane, bonne route.

Et je raccroche. Je me sens comme libérée. Un poids en moins. Je rentre. Nate et Brit sont en train de se préparer pour partir, rentrer chez eux, se préparer pour cet après-midi. Mon avion décolle à 18 h 20, je ne pourrai pas les revoir. Alors, c’est le temps des adieux.

J’aime pas. J’aime toujours pas. C’est dur de quitter les gens. Surtout qu’avec eux, j’ai passé des moments de folie. Un lien s’est tissé. Même si ce n’est pas franchement ce que je recherche. J’aimerais les revoir sans alcool ni space cake.

On se prend dans les bras, Nate puis Britney.

« Reviens quand tu veux ! »

« Vous êtes les bienvenus, à Paris, ou à Londres, ou à Lyon ! »

C’est vrai que j’ai toujours l’impression d’être une SDF.

Et voilà, ils sont partis.

— Je peux te déposer à l’aéroport après les essais, me dit Christophe.

— Non, je ne veux pas t’embêter, et je préfère ne pas te mettre le stress si tu n’as pas fini. Je prendrai un taxi. Et je partirai en même temps que toi, c’est mieux.

— Ok. T’es sûre que tu ne veux pas que je te ramène ?

— Sûre de sûre !

— Je peux te poser une question ?

— Oui, bien sûr.

— Pourquoi t’as emmené ton violon ?

— Ah oui ! En fait, je pensais avoir un peu de temps pour répéter, parce que je joue à un mariage en décembre, mais j’avoue, t’as un rythme de fou ! Mais c’était génial ! Franchement ! J’ai pu voir LA, j’ai passé des moments vraiment top avec toi ! T’as été vraiment super gentil ! Et ça m’a vraiment touchée que tu me parles de ta vie, de ta famille. Je te comprends mieux maintenant. Merci !

— De rien, c’était avec plaisir. Et tu peux m’en jouer un morceau ?

— Oui, si tu veux !

Je vais chercher mon instrument, et mes partitions.

— Tu as une préférence ?

— Ça, c’est quoi ? dit-il en me tendant une partition.

— Ah, ça, c’est Pachelbel, le morceau sur lequel les mariés vont entrer dans l’église, mais en fait, c’est un duo, piano-violon.

— Et qui sera au piano ?

— Serge.

Il se tait.

— On dirait que tu as plus de trucs en commun avec lui qu’avec moi.

— On ne peut pas vous comparer ! Tu l’as déjà vu, tu te souviens ?

— Oui, je m’en souviens, le resto à Bastille était vraiment sympa, et par contre, ça m’a fait un choc quand je l’ai vu à ma soirée, quand je l’ai vu déguisé comme toi. J’ai compris que j’étais grillé.

— Mais, Christophe, non, ne redis pas ça. On est amis, et même si la friendzone, c’est quelque chose de terrible, et je sais de quoi je parle, pour moi, être amis, c’est un trésor ! C’est aussi précieux que l’amour de couple ! Parce que sans amis, la vie est dure.

— Oui, t’as raison, c’est sûr. Mais ce qu’on a vécu hier soir…

— … complètement désinhibés sous influence psychotrope !

— Oui, mais ça reste pour moi un super moment, c’est dommage que tu aies eu ton malaise, j’aurais voulu continuer, plus loin.

Je ne réponds pas. Parce qu’il n’y a rien à répondre. Parce que, je ne veux pas lui dire, parce que ça me regarde ; c’est à moi, mon intimité, que jamais, non jamais, je n’ai eu de… « continuer plus loin ». Parce que, malgré les deux copains que j’ai eus au lycée, je n’ai jamais eu l’occasion, ou juste voulu d’un « plus loin ».

Et que, en mon cœur, je remercie le Ciel d’avoir eu ce malaise hier !

Parce que je ne sais pas si j’aurais pu résister à la tentation, vu la soirée !

Alors, je respire, et avec mon grand sourire d’amie, un peu cartoon, je lui dis :

— Écoute, c’est comme ça, c’est sûrement mieux ainsi !

— Oui, au moins, pas de malaise entre nous !

— Exactement ! Du coup, tu veux que je te joue un morceau ?

— Oui. Tiens, celui-ci, me dit-il en me tendant la partition du Reels.

— Ok, alors celui-là, il me donne du fil à retordre… mais je vais essayer !

Et je joue, c’est rapide, et c’est pas vraiment parfait, mais je me concentre, et je vois ce mariage, la joie de Charlene et Andrew. Et ça me porte.

Quand j’eus fini, il applaudit.

— Wouah, tu m’épates Jeanne ! Je ne savais pas que tu jouais aussi bien !

— Merci, mais c’était loin d’être parfait !

Et on parle d’autre chose.

Moi, avec ce morceau, ma tête est déjà ailleurs, en Angleterre, avec ceux qui vont devenir « ma » troupe.

Et on se prépare. Ma valise est bien pleine avec tous les cadeaux que je ramène. Ah ça c’est sûr, je me suis un peu lâchée ! Je ne vais pas tous les énumérer, parce qu’il y en a vraiment pour « tout mon petit monde », beaucoup de « I Love LA », bien sûr, mais j’ai trouvé des choses épatantes sur le bord de mer de Venice Beach ou Santa Monica, dans les échoppes d’artistes. Plus personnels.

J’ai pris celui de Serge avant ma révélation.

Mais, dans un sentiment de profonde amitié.

Et puis, non, faut le dire, quand je vois son cadeau, ça se voit que je l’aime !

Un peu comme pour son anniversaire, en fait.

Oh, c’est assez simple, c’est une chemise, trouvée chez un créateur local. Elle est toute simple, mais sa coupe est super belle, et elle est peinte, dans des tons différents de couleur jade, c’est bizarre, car ça fait très masculin. Le jade, pour rappeler ses yeux.

Et en fait, je suis super contente de ce cadeau ! J’espère juste qu’il va aimer !

Bon, voilà, je suis prête. Christophe aussi.

J’ai commandé mon taxi. Il arrive. On sort de la maison.

Voilà. Encore des adieux/au revoir, je ne sais pas.

On se serre dans les bras. Je sais que je fais le bon choix, mais ça n’en reste pas moins difficile de le quitter. Ce que j’éprouve pour lui, ce n’est pas de l’amour, mais je l’aime.

Et je suis attachée à lui.

Mais je dois partir.

— Prends soin de toi, Jeanne.

— Toi aussi, Christophe, tu sais, vraiment, que Dieu te bénisse.

Il sourit, l’air de pas trop y croire.

— Tu me fais signe quand tu arrives à Paris ? Et tu embrasses tout le monde ok ?

— Ok ! Tu peux compter sur moi !

Je monte, je pars. Et je me retourne. Et je le vois.

Et on se fait signe, jusqu’à ce que le taxi tourne dans une autre rue.

Quelle salade d’émotions encore !

Je suis triste de le quitter, j’ai envie de pleurer, et je suis tellement heureuse d’aller à Londres, de jouer avec ma troupe, tellement heureuse de ne plus cacher mes sentiments pour Serge.

J’envoie un message sur mon groupe. « Bientôt de retour ! »

Réactions en chaîne.

Pas Serge.

Je crois que j’ai bien fait de partir en avance, il y a de sacrés bouchons !

J’arrive à l’aéroport, et voilà, mon séjour à Los Angeles est fini.

Et oui, c’est sûr, je devais passer par cette case, pour mieux me connaître, et reconnaître enfin mes sentiments pour lui, ne plus avoir peur (si ce n’est celle de me prendre un gros vent) que ce soit un crush, mais oui, véritablement, cet Amour dont tout le monde parle, celui qui me dit que je veux vivre avec lui, vivre plein d’aventures, et tout le quotidien, fonder une famille (Comment ? Tu envisages d’avoir des enfants ?), de vieillir ensemble !

Je n’ai que 22 ans et demi, et déjà, je me sens prête pour tout cela.

Ah ça c’est sûr, en me reconnaissant, je ne me reconnais plus !

Mais c’est peut-être ça, la « vraie Jeanne » !

Mon avion est à l’heure. C’est reparti pour onze heures de vol. Ça va être long.

Mais j’ai de quoi m’occuper, faire toutes mes To-do-List ! Préparer mon voyage à Bruxelles (papillons !), mon départ de Paris, Jacques, Joëlle, mes colocs, mon proprio. Préparer ma vie à Londres, où vais-je vivre ? Et tous les papiers nécessaires pour y vivre au quotidien…

Mes parents aussi. J’envoie un mail à Jacques pour lui dire que j’arrête ses cours, parce que ma vie professionnelle commence. Et que je suis triste de le quitter, mais très reconnaissante pour tout ce qu’il m’a appris.

Continuer Orgueil & Préjugés que je n’ai absolument pas touché pendant ce séjour.

Et ma Bible aussi.

Et surtout, ne dors pas !

Chapitre 85

Jeudi 21 septembre

L’arrivée à Paris se fait sous la flotte.

J’ai pris un taxi pour rentrer chez moi, je résiste encore à l’envie incroyable de dormir, mais je ne dois pas ! Il est 6 h du matin là-bas, et 15 h ici. Je dois résister jusqu’à environ 22 h.

En même temps, je vais être occupée ce soir, enfin, tout à l’heure. Jacques m’a demandé de venir au débriefing de Roméo et Juliette, même si je partais.

Ça va me faire drôle de revoir Christophe à l’écran !

J’ai envoyé un message à Joëlle, pour savoir si on allait ensemble à Bruxelles. Oui, oui, oui !

Alors, cette fois, c’est moi qui prends les billets. Il y a une différence de 20 minutes entre l’avion et le train, franchement, je n’hésite pas, et choisis nos places sur le Thalys de 7 h 55, arrivée à la Gare du Midi à 9 h 17. C’est tôt, mais Elsie nous a demandé d’être là le samedi matin, ou le vendredi soir.

Joëlle ayant un rendez-vous le vendredi, on part le samedi.

Voilà, ça s’est fait.

J’arrive au pied de mon immeuble. Je reprends ma valise, mon sac à main et de voyage (Mary Poppins ça vous parle ?) ma valise et mon violon.

Et je monte les 5 étages. Et ça me fait bizarre, comme beaucoup de choses ces derniers temps.

Je repense à ces dizaines et dizaines de fois où j’ai pris ces escaliers, quand je n’étais pas encore chrétienne, même si à ce jour je ne fais pas la fière, vu mes choix ces douze derniers jours, surtout « hier » soir.

Non, on a dit pas de culpabilité : Dieu t’a pardonné, alors, toi aussi.

En remontant ces escaliers, c’est comme si je revoyais ces derniers mois, et j’ai le cœur qui bout, qui chauffe, qui glowing !

Oui, c’est comme si mon cœur étincelait d’une lumière claire, presque éblouissante.

Et aujourd’hui, je ne retiens plus cette lumière.

Certes, je n’ai pas fini de me connaître (je n’ai que 22 ans et demi) et j’ai encore le temps de changer, d’évoluer !

Mais je ne vais pas rester le nez collé sur mon nombril, je sais aujourd’hui que j’ai fait la paix avec moi-même, avec Dieu, que je sais ce que je veux dans ma vie, et avec qui la passer.

Alors, certes, ce dernier point reste encore à élucider, car je ne sais vraiment pas, non, s’il me considère comme une amie, ou plus. Après tout ce que je lui ai dit, je lui ai fait, tous ces vents…

La dernière fois que j’ai eu de ses nouvelles, il écrivait comme un bon copain.

Et la dernière fois que j’en attendais, quand j’ai posté sur mon groupe, il ne m’a pas répondu.

Pourquoi se met-il en sourdine à chaque fois que je m’éloigne de lui ?

Non, Jeanne, ce n’est pas à chaque fois, juste depuis que tu lui as demandé du temps, de vouloir être sûre parce que tu ne l’étais pas.

C’est normal qu’il agisse ainsi, il se protège aussi.

Voilà, chez moi. Enfin, chez moi, c’est vite dit.

Mon futur ex-chez-moi.

J’entre, personne, normal, il est presque 16 h, je dois me préparer pour aller au cours de Jacques, le rendez-vous est à 17 h.

Je pose juste mes affaires, me brosse les dents, un coup de « brosse », changement de sac à main bien sûr ! et hop, voilà, j’enchaîne.

Quand j’arrive au cours, Joëlle vient à ma rencontre.

— Salut, ma belle, ça va ?

— Oui, je suis éclatée à cause du jet-lag, mais ça va.

— Comment ça s’est passé là-bas ? me demande-t-elle en me prenant par le bras et m’amenant vers les sièges.

— Bien, bien.

Je sais que je vais lui parler de cette soirée, que je vais absolument tout lui raconter, parce que je sais qu’elle ne me jugera pas, parce qu’elle est mon amie.

Pas de jugement, mais elle est plutôt franche, alors oui, je crains un peu sa réaction…

— Je te raconterai plus tard.

— Ok.

Je salue tout le monde.

Jacques prend la parole, il est accompagné par un homme, environ 45-50 ans, jean, t-shirt et veste en cuir.

— Bonjour tout le monde, je vous présente Denis Lagrange, agent artistique chez Calliope Agency, et nonobstant, un de mes très bons amis !

Mr Lagrange rit.

— Ok, dit-il alors, j’ai visionné votre spectacle avec votre professeur, et je voudrais qu’on voie ensemble, ce qui va ou non, et surtout, dans quelle perspective professionnelle vous vous voyez par rapport à la réalité… Je crois savoir déjà que Roméo n’est pas là ?

— Non, effectivement, il est parti à Los Angeles, mais Jeanne, tu viens de le voir non ?

— Oui, pas plus tard qu’hier !

— Et comment va-t-il, ce cher Christophe ? Il a des rôles ?

— Justement, oui, il a passé le casting pour une série, et ça s’est vraiment bien passé ! Ils ont déjà prévu deux saisons, et apparemment, ce sera diffusé sur une plate-forme, et visible dans le monde entier.

— Super pour lui ! Mais tu ne m’as pas dit que toi aussi tu passais ces auditions ?

Tête d’Isabelle…

— Si, si, je les ai passées, oui, ça s’est bien passé aussi, mais je me suis retirée avant d’aller plus loin.

— Pourquoi ? demande Denis.

— La compagnie avec laquelle j’ai joué en août m’a proposé une place permanente au sein de leur troupe, à Londres.

— C’est le spectacle que t’as joué au Festival ?

— Oui, tout à fait.

— Alors, dit Denis Lagrange à Jacques, ça veut dire qu’elle va partir aussi ? Mais, dit-il en se tournant vers moi, c’est un contrat de combien de temps ? Et avez-vous un agent ?

Ouh la, ça en fait des questions, j’ai le jet-lag qui ralentit mes neurones…

— C’est un contrat d’un an, pour l’instant, et non, je n’ai pas d’agent (mais en ai-je vraiment besoin ?)

— Alors, prenez ma carte, dit-il en me tendant le précieux carton.

Je prends, devant les regards – que je n’ose voir – de mes collègues.

— Ok, bon, alors, nous allons commencer ce débriefe.

Et Denis nous parle, nous dit ce qu’il a vraiment aimé, alors oui, l’alchimie entre Christophe et moi, la vivacité de Joëlle, Fred et son potentiel comique…

Mais, j’avoue, quand il a parlé de cette alchimie, j’ai décroché, et j’ai repensé à hier soir.

Je crois que je rougis. Parce que…

Parce que c’était aux antipodes de ce que je suis. Surtout de ce que je suis devenue.

Mais, c’est vrai, j’ai mis mon cerveau sur off pendant ce séjour, et hier soir, c’était l’apothéose.

Je ne peux m’empêcher de repenser à notre connexion, nos mains, nos bras, sa façon de me porter dans l’eau, de me prendre dans ses bras tout au long de la soirée, sa bouche, à ses lèvres, sa langue, sa peau, son corps, bien plus que ceux de Nate ou Brit, car lui, je l’ai tellement désiré, que du coup, c’était comme la réalisation d’un fantasme…

Oh purée, pourquoi j’ai chaud d’un coup là ?

Respire, Jeanne, c’est du passé tout ça, et juste un mécanisme physique.

Alors quoi, ça veut dire que j’ai assouvi cette envie, du coup, c’est bon, je peux passer à autre chose ? Je ne sais pas si c’est vraiment ça… Peut-être.

Mais pas dans le sens où je peux passer à un autre fantasme.

Et puis, je n’ai pas voulu aller là-bas pour l’assouvir.

Je devais y aller, pour y voir plus clair, pour être sûre de moi, pour savoir ce que je veux.

Et je ne veux pas Christophe.

Je ne veux pas d’une vie de fantasmes et de plaisirs éphémères.

Denis parle toujours, je me concentre pour l’écouter. Comme tous les autres.

À la fin de son débriefe, il donne sa carte à Joëlle, à Fred aussi, et ça me fait super plaisir pour lui, parce que vu son âge, les concours ne sont plus pour lui. S’il pouvait faire son trou avec cette agence ! Dorian a aussi droit au précieux carton.

À la fin du « cours », je dis à tout le monde que Christophe les embrasse bien fort, et certains viennent me voir pour me poser des questions sur sa vie là-bas, auxquelles je réponds, bien sûr, et ça me remémore toutes ces journées de folie !

Et puis, j’ai quand même passé un super moment ! Mais qui ne me correspond pas !

C’est très bizarre cette sensation…

Et puis, voilà, c’est fini, on sort.

Avant de sortir, je vais voir Jacques, pour lui parler (pas pour faire un tennis !)

— Jacques, je voulais te dire, heu… je te remercie pour tout ce que tu m’as appris…

La fatigue se mélange à mes émotions, fait gonfler comme un sachet de levure le gros gâteau de mon cœur, et je verse une larme, je suis émue.

Il a l’air un peu surpris, mais je vois dans son regard qu’il n’en pense pas moins.

— Merci, Jeanne, tu es gentille, c’est rare d’allier ton talent à ton cœur, garde ça bien précieusement, et tu sais, ça a été un vrai plaisir pour moi aussi. Tu es formidable, jeune fille, ne laisse personne te dire le contraire.

— Merci, dis-je en me mouchant comme une Madeleine.

— Allez, viens là, dit-il en m’ouvrant les bras.

Et je m’y colle. C’est un côté paternaliste, c’est exactement ça, mon père de théâtre, celui qui m’a engueulée et encouragée pendant toute une année.

Je demande à Joëlle si elle veut dormir chez moi, histoire de passer une soirée avec mes colocs, et que je lui raconte tout.

J’oublie ma fatigue, je veux juste être avec ma meilleure amie, ma sœur de cœur, et franchement, c’est bon quoi, je dormirai demain ! À ma grande joie, elle accepte.

Nous rentrons, et sur le chemin, j’achète de quoi faire des Spritz, et nous retrouvons Laurel et Soizic, devant leur Grey’s Anatomy. Certaines choses ne changent pas !

Je vois l’acteur que j’ai croisé, ça m’amuse beaucoup !

— Salut, les filles, ça va ?

— Salut, ça va ? T’as fait bon voyage ?

— C’était comment là-bas ? Comment il est Christophe ?

— Alors ?

— Et remontre-moi la photo que tu m’as envoyée avec Avery, j’y crois pas que tu l’aies vu en vrai ! T’as trop d’la chance !

Je souris de leur impatience.

— Attendez, vous voulez pas voir ce que je vous ai ramené d’abord ?

— Siii !

Et je leur offre leurs cadeaux, t-shirts découverts dans une boutique de Venice Beach et une floraison de gadgets que j’ai trouvée à Santa Monica.

Et tout en préparant nos verres, je leur raconte. Je leur mets les détails sur les posts que j’ai mis sur le groupe. Ainsi que sur la soirée où j’ai rencontré « Avery » et d’autres.

Enfin, à mes colocs, je narre tout, sauf hier soir. C’est trop intime.

Du coup, oui, je leur raconte la première audition, le shooting photo, avec la robe sexy, elles veulent voir les photos, je les retrouve, et elles sont bouche bée.

Oui, bon, ok, Chris et moi on est vraiment glam, et je pense avoir été photoshopée.

— Si Serge tombe sur ces photos… dit Joëlle.

— Quoi ? Tu crois qu’il va mal le prendre ? Mais c’est de l’acting ! C’est pas la réalité ! dis-je, inquiète.

Laurel et Soizic me regardent, regardent les photos et balancent en même temps :

— T’es sûre ?

— Oui, je suis sûre !

— Ben on dirait pas !

— Justement, c’est le but de ces photos !

— Ah ben, c’est sûr, t’es une super actrice !

— Merci. Mais pour en revenir à Serge, dis-je en me tournant vers Joëlle, je ne vois pas pourquoi il prendrait mal ces photos, puisqu’il n’y a rien entre nous, enfin, pas de romance ; on n’est pas en couple, et puis c’est pas comme si on était amoureux, enfin, lui du moins, dis-je sans réfléchir.

— Quoi ? disent-elles avec un grand sourire.

— Non, non, non, je n’ai rien dit ! Non, les filles, je ne veux pas en parler, parce que, ben, c’est peut-être à lui que je dois en parler en premier, non ?

— Oui, oui, mais c’est génial ! disent-elles.

Joëlle me prend dans ses bras.

— Ouh, je suis si contente pour toi ! Enfin, enfin, tu assumes tes sentiments !

— Mais arrête, Joëlle, sérieusement, j’ai peur de me prendre un gros gros mur là… Avec tout ce que je lui ai dit, ou fait, franchement, si le mec m’attend encore, je ne sais pas, mais c’est Superman, quoi !

— Ne sous-estime pas les superpouvoirs de mon cousin !

Franchement, on rit. Et on boit ! Et je leur raconte la suite, les balades dans LA, les soirées, les auditions, Nate, embrasser un parfait inconnu…

— Ah bon, ça t’est jamais arrivé ? demande Laurel.

— Non, pourquoi toi oui ?

— Oui, enfin, à une soirée en boîte, quand j’étais au lycée, on avait parié avec mes copines celle qui embrasserait le plus de mecs, et… j’ai gagné !

— Noooon ! Oh la petite coquine !

Et on rit !

Et ça me fait un bien fou d’être avec elles, malgré mon envie de dormir !

On finit par aller se coucher, et là, dans ma chambre, toutes les deux seules, je raconte tout à mon amie, tous les détails de la soirée d’hier, mon double cauchemar, et ce matin, enfin, le matin là-bas, parce que ma journée a duré plus de trente heures.

Elle écoute. Sans juger. Puis, quand j’eus fini, elle me demande :

— Donc, maintenant, tu sais que tu aimes Serge depuis ce quai de gare ?

— Oui, mais je n’étais vraiment pas prête, et il me fallait vivre tout ça, parce que sinon, je ne sais pas si je n’aurais pas planté cette histoire.

— T’as eu raison. Mais je repense à ce que tu m’as dit, c’était hot quand même, cette soirée ! T’as raison, heureusement que t’as eu ton malaise ! Merci pour ta confidence, ça me touche, tu sais, moi non plus, je n’ai jamais eu « l’occasion de »… Une fois oui, j’ai failli, mais ses parents sont rentrés à ce moment-là, et je dois dire que sur le coup, j’étais dégoûtée, mais aujourd’hui, je suis super heureuse !

Petit silence, décidément, on partage beaucoup de choses ensemble ! Je lui souris :

— Merci ma Joëlle.

— Mais de rien ma Jeanne. Et ces crapauds, c’est bizarre, comme celui que t’as vu à Vandoeuvre ?

— Oui, sauf que là, il y en avait plein, plein, plein…

— En fait, là, t’as réalisé ton fantasme d’il y a cinq mois !

— Oui, c’est vrai, mais je ne me sens pas super bien pour autant. Enfin, c’était très agréable sur le moment, mais là, j’ai juste l’impression d’avoir été stupide.

— Non, ne sois pas trop dure avec toi… Maintenant, tu sais que tu n’es pas à l’abri de tomber, et cela te rend à la fois vulnérable, mais plus forte aussi. Tu ne te laisseras plus avoir.

— Oui, ça, c’est sûr. Après, je ne vais pas devenir parfaite du jour au lendemain !

— Non, c’est sûr, personne d’ailleurs ! Jeanne, j’ai une question débile…

— Vas-y…

— Il embrasse comment Christophe ? Ça valait le coup de fantasmer sur lui ?

Je ris.

— Il embrasse super bien ! Un vrai pro !

Et on rit !

— Mais honnêtement, ça ne m’a pas déclenché les papillons dans le ventre !

— Non, ça, maintenant, c’est réservé à mon cousin !

— Oui, c’est sûr… dis-je d’un air un peu triste, inquiète.

— Allez, t’inquiète pas, ça va bien se passer !

— Si tu le dis !

Je bâille.

— Bonne nuit, ma Jeanne, fais de beaux rêves, pas de cauchemars de toboggan, de crapauds ou de tapis roulants…

Pitié, non !

— Bonne nuit, ma Joëlle, rêve bien de ton Sylvestre…

Elle s’endort en souriant.

Et je m’écroule.

Sans cauchemars ni rêves.

Chapitre 86

Jeudi 22 septembre

Elle est partie en faisant attention à ne pas me réveiller.

J’ai dormi dix-huit heures. Il est 17 h, et je vais… prendre un thé.

Bon, je suis devant ma to-do-list.

Et je regarde mon tél. J’ai reçu des messages.

Christophe.

« Salut, ma Jeanne, ça va ? Je suis content que ton voyage se soit bien passé (je lui avais envoyé un petit SMS avec une tour Eiffel et “voyage ok bises merci pour tout”) moi aussi, je te remercie pour tout, et je regrette que tu sois partie. Les essais se sont très bien passés, et ils ont trouvé tout de suite une autre Viviane, mais l’alchimie était mieux avec toi, pour Nate ou pour moi. Même pour Brit. Mais bon t’en fais pas, on va y arriver ! On va bien s’entraîner (smiley rire, et gourmand) ! Je t’embrasse bien fort ma Jeanne, porte-toi bien ! »

Ok… Ça ne me choque plus qu’il m’appelle « ma Jeanne ».

Je crois que Christophe restera cet ami un peu spécial, beaucoup de tendresse, mais pas d’amour.

Et alchimie physique assez forte.

Oui, mais ça fait pas tout !

D’ailleurs, est-ce que mon « tout » m’a écrit ?

Non.

Bon. Bonbonbon.

Pas de crise de pleurs, s’il te plaît, merci !

Message d’Elsie :

« Coucou Jeanne ! Ça va ? Trop contente que tu viennes avec Joëlle ce week-end ! La maison sera pleine ! Tu peux apporter ton violon s’il te plaît ? Bisous ! »

Comment sait-elle que je joue du violon ?

« Ok, sans problème ! Moi aussi j’ai hâte de vous revoir ! Bisous ! »

Oui, j’ai hâte de les revoir, tous…

Ok, ça y est je rougis, j’ai les papillons, et là, ben je laisse faire, je ne me retiens pas.

J’ai presque envie de dire « et puis si je me prends un mur, tant pis… » comme disait Tennyson mieux vaut avoir aimé et perdu que n’avoir point aimé du tout, comme dans ce recueil de poèmes que je lui ai offert pour son anniversaire… oui, enfin, c’est débile comme phrase, vaut mieux aimer et être aimé et ne pas perdre cet amour, n’est-ce pas ?

Mais bon, c’est romantique, c’est bô !

Ma To-do-list s’allonge à vue d’œil.

Entre autres documents, je dois trouver un nid, mon logement, parce que là, je ne peux décemment pas squatter les parents de Charlene. Surtout qu’elle va déménager en décembre, pour vivre avec son mari ! Ça fait bizarre de dire ça, et c’est même pas à moi que ça arrive !

Et là, je me surprends à rêver, qu’un jour… non, par contre là Jeanne, tu vas trop loin !

Ok, tu assumes tes sentiments pour l’Anglo-Suisse, mais stop, te projette pas, et surtout pas à ce point-là… Non, mais c’est vrai ! Ça fait quoi ? 4 mois et demi que je le connais !

Non, mais vraiment, Jeanne ! T’exagères !

Bref, donc, je me remets à ma recherche de logement.

Pas trop loin du théâtre quand même, et pas trop loin de tous.

Mais le centre de Londres est juste inabordable, à moins d’avoir un super plan.

Les membres de la troupe sont au courant, ils me diront s’ils entendent parler de quelque chose.

J’ai annoncé à mes parents mon départ de France. Ils ont un peu tiqué, parce que notre relation va mieux, et que c’est dommage que je parte si loin, mais ma mère m’a dit qu’ils fourniraient des efforts pour venir me voir, en avion, c’est facile, et comme ça, ils visiteront Londres. Et là, je pense aux parents de Serge, et j’ai envie de leur présenter mes parents.

Ma relation avec ma mère, et mon père, a tellement évolué, depuis ce jour où Dieu a touché mon cœur, au feu de camp, par la voix de Marjolaine.

Ah oui, tiens, Marjolaine, comment va-t-elle ? J’ai bien envie de prendre de ses nouvelles, ma belle métisse aux yeux si clairs, où en est-elle avec James ?

Mais je ne veux pas faire la curieuse, donc, je préfère attendre un peu.

Bon, allez, change-toi les idées, parce qu’entre « Christophe », même si ça s’estompe un peu, « Serge », et « Marjo », et « tout-ce-que-je-dois-faire-avant-de-partir »…

Je prends Beaucoup de Bruits Pour Rien. En édition bilingue.

Histoire de retrouver la langue de Shakespeare, avec… Shakespeare !

Chapitre 87

Samedi 24 septembre

Nous sommes samedi matin, ça a passé vite, comme d’habitude, depuis jeudi.

J’ai complètement récupéré du décalage horaire. Tant mieux, et malgré l’heure quelque peu matinale, je pète la forme !

Joëlle et moi nous retrouvons devant la gare du Nord, et oui, on est heureuses !

Et oui, ça nous rappelle la dernière fois où nous sommes parties en train, ce jour où nos vies ont basculé.

C’est vrai, quand j’y pense, nous avons vécu les mêmes choses ce week-end-là !

Foi et Amour ! Nous sommes vraiment liées, elle et moi.

Même si moi, j’ai une boule au ventre à l’idée de le revoir.

Parce que je ne sais pas si je vais avoir le courage de lui dire, parce que déjà, je ne sais pas si j’en aurais l’occasion, mais aussi, j’appréhende sa réaction.

Oui, çà, ça n’a pas beaucoup changé par rapport à « avant » !

Comme avec Christophe, ou les autres crushs, je n’ose pas avouer, dire franchement les choses de mon cœur.

Je vois Joëlle qui fait des petits sauts sur place.

Je la comprends, elle a hâte de retrouver son Sylvestre !

— Bon, ça va ma Jeanne ? T’appréhendes pas trop de le revoir ?

— Non, oui, c’est vrai que je flippe parce que je ne sais pas si je vais trouver le courage de lui dire…

— Allez, t’en fais pas, tu vas trouver ce courage, tu n’auras qu’à le regarder bien droit dans les yeux, comme vous savez si bien le faire, et tu verras, laisse faire les choses !

— Oui, bon, effectivement, je verrai.

— Alors, tu ne m’as pas dit pour Londres, tu pars quand ?

— En fait, on commence le 3 octobre, lundi dans 10 jours…

— Wahou, ça va te faire juste pour tout préparer !

— Oui, en fait, c’est surtout pour me trouver un logement et faire mon déménagement, parce que sinon, non, ça va !

— T’es vraiment devenue une grande voyageuse Jeanne !

— C’est clair ! Mais toi aussi, t’es pas mal !

— Oui, mais je ne vais qu’en Suisse, toi, tu vas de partout !

— Pour l’instant, tu ne vas qu’en Suisse, tu ne sais pas ce que la vie te réserve !

— Certes, d’ailleurs, je t’ai dit ? Mais si je t’ai dit !

— Tu ne sais plus si tu m’as dit ou pas dit ? Et pas dit quoi alors ? demandé-je.

— Sylvestre et Déborah m’ont demandé de rejoindre la troupe de Tous en Cène de façon permanente, comme toi avec Shakespearean Parables.

— Quoi ? Et tu le sais depuis quand ?

— Hier après-midi.

— Et tu ne me l’as pas dit avant ?

— Ben, non, en fait, j’étais persuadée de te l’avoir dit, et j’y pensais plus…

— T’y pensais plus ? Non, mais, vraiment, l’amour te bouffe les neurones, ma belle !

Nous rions.

— Mais au fait, tu ne m’as pas dit non plus comment s’était passé ton rendez-vous pour le poste, c’était à la Défense, c’est ça ?

— Ah oui, en fait, ça s’est plutôt bien passé. Mais comme Déborah et Sylvestre m’ont appelé après, j’ai rappelé pour dire que le poste ne m’intéressait plus.

— Wouah ! Quel pari tu prends ! En fait, c’est trop génial ! Oh que je suis heureuse pour toi ! Et au fait, comment tes parents l’ont pris ?

— Ben, ma mère surtout n’était pas trop trop chaude, mais bon, elle a compris que je suis une grande fille, et que je ne pars pas en terre Adélie…

— Et toi, ma grande, t’es heureuse ? lui demandé-je en la regardant droit dans les yeux.

— Non, je ne suis pas heureuse. Je suis… nettement bien plus que ça !

Et on se prend dans les bras. Et on est heureuses, l’une pour l’autre, de notre chemin.

Nous sommes montées dans le train, et hop, c’est parti pour 1 h 22 de voyage, c’est rien, et on papote toujours Joëlle et moi, de Jacques, des copains de cette classe, du fait qu’on soit heureuses pour Fred, et pour cet agent, Denis. Elle me parle aussi des réunions organisées par l’église de Genève, qu’elle suit en visio. Je lui demande :

— Pourquoi tu fais ça par visio et tu ne vas pas à la petite église ?

— En fait, je m’entends très bien avec le pasteur de Genève. J’apprécie beaucoup Brian, hein, mais aussi, ben, c’est ma future vie ! Et puis, c’est pas seulement des réunions d’étude biblique. Mais si ça ne te gêne pas, je préfère t’en parler plus tard.

— Pas de souci, dis-je en respectant son intimité.

Le temps défile aussi vite que le paysage, et voilà quoi, on est là !

Arrivées à la Gare du Midi !

Très grande gare internationale, on a intérêt à bien regarder où on va !

On avance, et devant nous, Elsie et Sylvestre, venus nous chercher !

Oh oui, ça fait plaisir de les revoir !

Joëlle court dans les bras de son grand Prince charmant, et je prends Elsie dans les bras, et nous faisons quelques pas en laissant les amoureux derrière nous, les attendant un peu plus loin.

Ils sont venus en tram, c’est direct pour aller dans la maison des parents de Daan et Elsie.

Et une fois de plus, j’ouvre mes yeux, grands ouverts, devant cette nouvelle ville à découvrir, tout en écoutant Elsie.

Elle me raconte l’arrivée hier soir de Serge, Sylvestre, Déborah et Martin, qui étaient dans la Compagnie, ainsi que Marjolaine.

— Ah bon, Marjolaine aussi était dans la Compagnie ?

— Non, en fait, c’est moi qui l’ai invitée, parce que ça fait super longtemps qu’on se connaît on a fait plusieurs colos ensemble quand on était petites, et du coup, comme elle est de Tous en Cène, je me suis dit que ce serait sympa qu’elle vienne aussi ! Et ça m’a fait super plaisir de la revoir hier soir ! Elle n’a pas changé, toujours aussi pétillante et drôle !

— Et les Anglais sont arrivés aussi ?

— Oui, juste avant vous, Daan est allé les chercher à l’aéroport, et il m’a envoyé un message pendant qu’on vous attendait, Joshua, Simon, Andrew, Charlene, Luke, et James, sont là ! Ça va être trop cool ce week-end !

— Ouiii, trop cool ! dis-je en me concentrant sur l’amitié, la joie, pas sur la boule au ventre qui gonfle à mesure que je me rapproche de « lui ».

Joëlle et Sylvestre ne se décollent pas. Les retrouvailles sont limite émouvantes.

Je préfère le voir comme çà que « je-hais-les-couples-qui-me-rappellent-que-je-suis-seule ».

Le trajet est assez court, on descend du tram et Elsie nous ouvre le chemin.

Pas loin du tram, une maison, façade sur rue. Trois étages.

On entre, par un grand vestiaire, et au bout, deux pièces, à gauche, la cuisine, à droite, le salon-salle à manger. Et entre ces deux pièces, l’escalier. On entre dans le salon. Il est grand, avec du côté salle à manger, une grande table, des chaises d’un côté, et un banc de l’autre. Et au bout, le salon, canapé, fauteuils, une télé, et une grande bibliothèque. Une harpe.

— Qui en joue ?

— Moi, dit Elsie. Et Daan fait du piano.

Ah oui, effectivement, le piano droit est à côté.

Et ça rejoint la cuisine, ouverte, côté cuisine et côté salon, deux grandes baies vitrées qui donnent sur ô surprise, car de la rue on ne s’en doute pas, un grand jardin. On pose nos affaires dans la salle à manger, et Elsie nous demande de venir dans le jardin, un « pot d’accueil » nous y attend. Et nous allons dans le jardin. Et ils sont tous là !

Ah ben oui, forcément, grosses retrouvailles !

J’ai ramené mes cadeaux de L.A. pour chacun d’entre eux, je leur donnerai plus tard.

Là, pour l’instant, nous sommes tous heureux de nous revoir, tous ensemble !

Et je le vois.

Et j’ai les papillons qui sont comme des dingues ! Une serre ambulante.

Qu’il est beau !

Un t-shirt « Original », qui lui va super bien, un jean, des converses, une veste en cuir.

Ses boucles brunes, ses yeux verts, sa barbe de trois jours.

Il me donne cette sensation que j’ai éprouvée sur ce quai de gare, l’impression d’être arrivée à la maison.

Et je suis devant lui, j’ai une envie furieuse de me jeter dans ses bras, de le serrer fort, de l’embrasser de toute mon âme…

Bon, Jeanne, calme-toi, c’est pas le lieu ni le moment, et tu risques fort de te prendre un gros vent aussi.

Respire…

— Salut, Jeanne, ça va ? T’as fait bon voyage ?

— Oui, franchement, le train c’est aussi rapide que l’avion !

— Ah, heu, oui, en fait, non, heu, je parlais de ton voyage aux États-Unis…

Et là, il me regarde vraiment bizarrement.

— Ah d’accord ! Oui, oui, c’était… (je cherche mes mots) bien !

Je rêve ou je pique un fard ?

Non, non, non, nom d’un petit bonhomme en guimauve ! Respire, c’est un ordre !

Et là, on n’a pas l’occasion de plus s’étendre sur le sujet, les Anglais me sautent dessus, bras sur mes épaules, limite à shampooiner ma tête, et chantant You’ll Never Walk Alone de Gerry et les Pacemakers, l’hymne du club de Liverpool.

Et que James me chantait pour travailler nos cours de chant.

Ça y est, ils me portent ! Allez, une chaise, avec leurs bras !

Oui, bon, c’est plutôt moi qui devrais les remercier !

Serge me regarde, à la fois heureux et… bizarre.

Oh que je n’aime pas ce regard !

Impression étrange de l’avoir déjà vu, mais quand et où ?

L’ambiance générale me tire de mes réflexions pas joyeuses, et nous buvons tous un verre (sans alcool, pour une fois !) ensemble, trinquant à ce week-end.

Nous sommes quand même nombreux, je ne sais pas si on va tous pouvoir dormir dans cette maison.

Anglais : Andrew-Charlene-James-Simon-Joshua-Luke.

Suisses : Serge-Sylvestre-Déborah-Marjolaine-Martin.

France : Joëlle-moi.

Belges : Daan-Elsie (oui, ben forcément, c’est chez eux !)

Quinze personnes ! Wahou !

— Et on va tous pouvoir dormir ici ? demandé-je à Elsie.

— Oui, on a quatre chambres au premier et deux autres au deuxième. Celles du deuxième servent de bureaux à mes parents, mais il y a de quoi dormir ! On a deux chambres de filles et trois de garçons.

Elsie nous mène à nos chambres, au premier, l’étage de la salle de bain !

Je dors avec Charlene et Joëlle, mes meilleures amies !

Oui, je suis heureuse, et on n’a pas fini de papoter !

Elsie, Marjolaine et Déborah se partagent l’autre chambre « filles », juste à côté de la nôtre.

Nous donnons côté jardin, et elles, côté rue.

Je crois savoir qu’elles sont aussi très heureuses d’être ensemble !

Et qu’elles ont bien papoté depuis hier soir !

En face de nous, deux des trois chambres « garçons ».

Côté rue, James, Martin et Luke.

Côté jardin, Sylvestre, Andrew et Serge.

Simon, Daan, et Joshua dorment au deuxième.

Je subodore que la nuit va être courte !

Il est presque 11 h, nous sortons à l’aventure, enfin, visiter la ville.

Daan et Elsie ont prévu un mélange de tourisme, architecture et gustatif, et de fun, sous forme d’improvisation artistique.

Je pense cependant que la deuxième partie se passera chez eux, pas en ville.

Eh bien en fait, non, il y a une partie en ville !

Mais on le découvrira plus tard, au fil de la journée !

Oh, dis donc que ça promet d’être drôle (sarcasme).

Pour l’instant, nous découvrons la Grand-Place.

C’est un endroit absolument incroyable, une grande place (comme son nom l’indique !) pavée de centaines de carrés plats, et tout autour, on ne fait que tourner sur soi-même tellement c’est impressionnant, des édifices aux architectures magnifiques, si soignées, du XVIIe siècle, Daan nous montre en nous présentant, ici l’Hôtel de Ville, le plus ancien, le plus imposant, et il nous raconte toute l’histoire de cette place, les anecdotes, et il nous donne cette sensation de vivre dans l’Histoire.

Serge m’avait dit que Daan aimait l’Histoire, et là, je retrouve ce plaisir de partager, de la raconter comme si c’était arrivé hier à l’un de nos proches. C’est juste captivant !

Je dois dire que Daan a commencé très fort avec la visite de cette place, on est dans l’Histoire, entourés, et c’est impressionnant !

— Vous avez faim ?

— Ouiii ! disons-nous.

— Alors, je vous emmène prendre une mitraillette !

— Une quoi ?

— Haha ! Vous allez voir !

Et il nous mène devant une friterie, où il y a la queue, alors on patiente.

C’est vrai que je commence à avoir sacrément la dalle ! Et je ne pense pas être la seule.

On commande, on sort. J’ai un truc énorme, un sandwich, contenant de la viande, des frites et une sauce au fromage ! Ah la vache ! Bon, faut pas que je m’en mette de partout, fais gaffe à la sauche… Hmmm ! Ch’est bon ! Je vais prendre 10 kilos d’un coup moi !

Certains ont choisi fricadelle, mais la plupart, dont moi, ont choisi la mitraillette !

Ça, c’est sûr que ça va mitrailler la ligne !

Mais franchement, là, présentement, je m’en moque un peu !

De là, Daan nous conduit au fameux Manneken Pis, l’emblème de Bruxelles.

Mais, il est tout petit !

C’est quand même drôle de se dire qu’un gamin qui fait pipi dans une fontaine puisse être le symbole d’une ville, voire d’un pays.

Daan nous raconte toutes les légendes sur ce petit bonhomme.

Il aurait éteint d’une façon originale une mèche allumée, évitant à la ville d’être embrasée par un incendie ; ou selon une autre légende, le fils d’un noble de Bruxelles se serait absenté d’une procession pour uriner sur le mur de la maison d’une sorcière, cette dernière, furieuse, lui aurait jeté un sort pour le transformer en statue.

Daan nous parle aussi de ses costumes (car il est habillé pour certaines occasions), et autres coutumes.

Puis, en continuant notre promenade, nous arrivons à un grand parc, le parc Royal, ancien pavillon de chasse, et on s’y promène, jusqu’à se poser tous dans un coin, dans l’herbe.

Avant de partir en balade, Elsie m’avait demandé de prendre mon violon et Serge sa guitare.

Et là, dans ce très beau parc, le frère et la sœur nous annoncent la « deuxième partie » soit un moment plus fun artistique !

Ok ! Daan propose de chanter, oui, pourquoi pas ! ?

Et voilà, Serge à la guitare, et moi au violon (comme d’habitude).

C’est vrai que pendant des années, je n’y avais plus joué, mais depuis mon premier week-end à Londres, et le fait d’avoir récupéré le mien, j’ai l’impression que je n’arrête pas d’en jouer, et cela me procure un plaisir fou ! Je m’aperçois que tout me revient !

On trouve des partitions, ils nous demandent certaines chansons, et Elsie justement :

— Vous connaissez Falling In Love With You de Presley, je suis tombée dessus l’autre jour et elle est juste trop belle !

Je bloque.

On a dansé dessus au Gala.

Je n’ose pas le regarder, de peur de lui sortir mon sourire le plus niais.

— Oui, enfin, moi oui, et toi Jeanne ? Tu te souviens ?

— Oui, oui, je me souviens (ne rougis pas pitié, respiiiire). On peut essayer de la jouer.

Et nous commençons à jouer. Lui, l’intro, puis je le rejoins avec le lyric.

Je n’ose pas le regarder, j’essaye de me concentrer.

Et les autres chantent, surtout les Anglais et autres bilingues.