Chute en plein ciel - Stéphanie Esnault - E-Book

Chute en plein ciel E-Book

Stéphanie Esnault

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Beschreibung

Lors d’un voyage familial au Maroc, un accident aérien précipite Jenny, une petite fille de cinq ans, dans une forêt enneigée et isolée. Séparée de ses parents, elle doit affronter seule les éléments, luttant contre la faim, le froid et la peur, portée uniquement par l’espoir de les retrouver. "Chute en plein ciel" se concentre sur des sensations brutes et palpables : la morsure du froid, l’étreinte de la solitude, la lutte pour survivre. L’histoire progresse à un rythme mesuré, alternant entre scènes de survie intense et souvenirs heureux, créant une tension entre l’espoir et l’abandon. À travers les yeux d’une enfant, ce récit explore la résilience, l’instinct de survie, et la force du lien familial qui persiste malgré l’absence.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Stéphanie Esnault est une femme réservée, énergique et souriante, pour qui la lecture et l’écriture sont des sources de réconfort. Grâce à son amour pour les mots et son désir de partager des histoires, elle s’engage désormais pleinement dans cette aventure littéraire, nourrissant l’espoir que ses écrits sauront toucher et inspirer les jeunes lecteurs.

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Seitenzahl: 355

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Stéphanie Esnault

Chute en plein ciel

Roman

© Lys Bleu Éditions – Stéphanie Esnault

ISBN : 979-10-422-7967-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chute en plein ciel est une histoire émouvante qui combine adroitement la réalité et une fiction fascinante.

Elle puise son inspiration dans une histoire de bravoure, de résilience et d’espoir en montagne durant l’hiver.

À travers les personnages de Jenny, une petite fille de cinq ans, d’Hervé, de Claire, de Sam et de Greg qui font face à des défis à chaque tournant de leur cheminement. Ils vous embarquent dans une Odyssée émouvante, riche en espoirs.

Chapitre 1

Nous sommes le premier décembre deux mille vingt. Alors que le petit matin se levait et que la neige avait tapissé le sol lors de la nuit, la rue et les maisons environnantes demeuraient paisibles. Cependant, cette tranquillité était troublée par une petite fille remplie d’enthousiasme qui s’agitait dans sa chambre. Elle se nommait Jennifer, mais depuis sa naissance, elle était affectueusement appelée Jenny. C’était une fillette de seulement cinq ans, aux cheveux bruns et longs. Ses yeux, en forme de noisette, arboraient une teinte magnifique, un bleu profond semblable à celui de la pierre d’iolite, avec des reflets noirs et des nuances orangées qui se révélaient particulièrement sous la lumière du soleil. La veille, Jenny s’amusait dans le jardin d’enfants avec des amies de la résidence où elle vivait. Elle était ravie de leur annoncer qu’elle partirait en vacances jusqu’au début de la nouvelle année. Jenny ne fréquentait pas encore l’école, car elle était encore un peu trop jeune pour être éloignée de ses parents pendant une longue période. Ce matin-là, elle se leva pleine d’excitation et d’appréhension. C’était le jour tant espéré depuis des semaines, voire des mois, pour toute la famille, et surtout pour Jenny. Ils allaient passer plus d’un mois chez ses grands-parents et célébrer Noël avec eux. Ils venaient d’acquérir une maison au Maroc, et depuis des semaines, elle attendait ce moment avec une impatience grandissante. De plus, c’était son premier voyage en dehors de la France, et ce serait la toute première fois qu’elle prendrait l’avion. Cette nuit-là, elle avait peu dormi et se remémorait les images du Maroc qu’elle avait visionnées toute la soirée en compagnie de ses parents. Elle a parlé presque toute la nuit avec Pollux, son petit chien qu’elle adore. Pollux la suivait partout : dans la voiture, à la crèche, au parc, chez le docteur et même pendant son bain. Cela montre les nombreuses aventures qu’il a vécues avec la petite Jenny. Cette petite peluche était un cadeau de naissance de ses grands-parents. Ce jour-là, sa grand-mère avait dit à ses parents :

— Ce petit chien entièrement blanc est idéal pour elle, il deviendra son ange gardien.

On peut affirmer que ce fut effectivement le rôle de ce modeste Pollux, mais il ne ressemblait plus au chien blanc d’origine, il était désormais terni par la terre, la poussière et les lavages fréquents en machine. Il lui manquait également une oreille et un œil que la mère de Jenny avait tenté de réparer tant bien que mal. Cependant, pour rien au monde, cette chère petite Jenny ne se séparera pas de Pollux, son ami fidèle et bien-aimé.

Jenny ne se séparera pas de Pollux, son ami fidèle et bien-aimé. La mère de Jenny était une jeune femme d’une élégance remarquable, âgée de vingt-huit ans, dont le visage évoquait une poupée de cire délicatement peinte. Son teint était magnifique, sa peau d’une clarté presque immaculée, semblable à celle d’une perle d’huître, illuminée par ses yeux verts. Son visage était délicat, avec un nez fin et légèrement allongé, mettant en valeur ses lèvres fines et rosées. Lorsqu’on posait les yeux sur elle, il était difficile de s’en détacher, ce qui suscitait la jalousie de nombreuses personnes, car, dès qu’elle entrait dans une pièce, tous les hommes se tournaient vers elle. Elle se nommait Claire.

Jenny était une petite fille remplie de vie. Ce matin-là, elle se leva avec les premiers rayons du soleil. Elle était de très bonne humeur, même si elle avait très peu dormi. Déjà la nuit dernière, elle avait mis très longtemps pour s’endormir, sa mère lui avait lu au moins trois histoires et son papa l’avait recouchée deux fois. Elle craignait de prendre l’avion, finalement, ce n’est pas tous les jours qu’on prend ce moyen de transport pour la première fois. Une fois qu’elle avait fini de rêvasser allongée sur son lit de princesse, elle se leva d’un bond sur le sol, ce qui résonna comme un bruit sourd dans toute la maison et qui fit trembler les murs. Elle renversa ses oursons qui se trouvaient assis sur le plancher de sa chambre à la renverse, elle les regarda en leur faisant une petite grimace et en mettant son index sur ses petites lèvres et en murmurant :

— Chut ! Il est crucial de ne pas faire de bruit, sinon papa et maman vont se fâcher et ils ne voudront pas que vous m’accompagniez chez papy et mamy, dit-elle en caressant doucement l’une de ses poupées qu’elle venait de prendre dans ses bras.

Alors que Claire se trouvait dans sa chambre, à l’extrémité du couloir, elle s’occupait de choisir les vêtements qu’elle porterait et de ranger sa chambre. Soudain, un bruit sourd qui provenait de la chambre de Jenny attira son attention. Elle jeta sa couette en boule sur son lit et se précipita, le visage marqué par l’inquiétude, vers la chambre de sa fille. Une multitude de scénarios inquiétants envahissait son esprit. Claire entra dans la chambre de Jennifer, qui avait complètement désorganisé l’espace pour préparer sa valise. Elle ajusta son peignoir par-dessus son pyjama et passa sa main dans ses cheveux tirés en une queue de cheval. En la voyant si agitée et se déplacer dans tous les sens, Claire la prit dans ses bras, s’accroupit à sa hauteur, l’embrassa sur le front, lui sourit et lui parla avec douceur.

— Dis donc, ma chérie, j’ai eu très peur. Quel était ce bruit qui a fait trembler toutes les fenêtres de la maison, et pourquoi te déplaces-tu de manière si désordonnée ? Que se passe-t-il ?
— C’était moi qui ai fait le boum en tombant au sol, mais je ne me suis pas fait mal, dit-elle en poursuivant sa recherche dans la chambre avec ses yeux plissés.
— Maman ! Je n’arrive pas à retrouver mes affaires, elles ont complètement disparu. Je n’ai pas terminé, vous allez partir sans moi, s’exclama Jenny, les larmes aux yeux.
— Prends ton temps, ma chérie. Nous ne partirons jamais sans toi, et tu sais que le départ n’est pas prévu avant cet après-midi. Nous ne quitterons la maison qu’à 10 h 30, il nous reste donc encore du temps, car l’avion ne décolle qu’à 16 h 30.
— Il est temps de terminer la préparation de ta valise, et je tiens à te rappeler que je ne pouvais pas te laisser accomplir cette tâche seule, car tu pourrais omettre plusieurs vêtements essentiels pour une jeune fille de ton âge.

La chambre de Jenny était ornée d’un papier peint rose pâle et d’un parquet en bois. Elle reflétait la personnalité de la petite fille. Au centre de la pièce se trouvait un tapis blanc sur lequel reposait une ravissante table rose entourée de quatre chaises blanches. Son lit, également blanc, était drapé de rideaux en baldaquin transparents de couleur rose, décorés de petits papillons. Sur le lit, un édredon rose était disposé, accompagné d’une dizaine de poupées en chiffon et de plusieurs oursons en peluche. À l’opposé du lit, un bureau blanc était installé, sur lequel trônait une vaste chaise. Ce bureau était garni de feutres, de crayons de couleur et de livres de coloriage. À côté de son lit, une fenêtre était habillée de rideaux rose pâle, également ornés de papillons. Bien que la chambre ne fût pas très vaste, elle était suffisamment spacieuse pour une petite fille de cinq ans.

Elles commencèrent donc toutes les deux à finaliser la préparation de la valise de Jenny et à s’assurer que tout y était. La petite fille avait accumulé une multitude de vêtements sur son lit, rendant ce dernier presque invisible sous cette pile de linge. En jetant un coup d’œil près de l’armoire, Claire aperçut deux autres valises. En s’approchant pour examiner le contenu que sa fille y avait déjà rangé, elle put s’empêcher de rire en découvrant l’amoncellement de poupées qui s’y trouvaient. Claire lui fit alors remarquer :

— Oh ! Voyons, Jenny, nous ne partons que pour un peu plus d’un mois, il n’est pas nécessaire que tu prennes toutes tes poupées, lui dit-elle en retirant cinq de celles-ci.

— Mais maman ! Je ne peux pas les abandonner. Elles ont besoin de leur maman, comme j’ai besoin de toi… Comment peuvent-elles se laver et s’habiller toutes seules ? dit-elle en la fixant avec des yeux remplis de tristesse et une voix chargée de chagrin.

Claire fixa Jenny avec des yeux empreints de douceur, lui saisit la main et l’embrassa, tout en lui murmurant tendrement avec une voix chargée d’affection.

— Je te comprends, ma chérie. Choisis seulement deux de tes poupées préférées, s’il te plaît. Tu es ma précieuse fille chérie et je ne te laisserai jamais toute seule. Nous allons les emporter avec nous, car il serait regrettable qu’elles ne soient pas lavées pendant toutes nos vacances, nous ne voulons pas avoir à prévenir la police si jamais l’une d’elles disparaissait, dit Claire avec un sourire et un léger soupir, tout en observant sa petite princesse qui rangeait deux de ses poupées dans la valise la plus volumineuse, tandis qu’elle plaçait les autres sur le lit et mettait le reste de ses vêtements dans l’autre valise.
— Dis donc, ma princesse, il faut le faire, tu emmènes plus de poupées et de vêtements pour elles que pour toi.
— C’est normal, maman. Il faut bien des vêtements aussi pour mes poupées, elles ne vont pas rester habillées pareil tous les jours, sinon, moi aussi, je ne prends pas de vêtements ! répondit Jenny d’un ton si réel que Claire se mit à rire.

Après avoir terminé de faire les valises, il était nécessaire de ranger les chambres ainsi que toutes les autres pièces de la maison, car Claire n’appréciait pas de partir si la maison n’était pas en ordre et propre. Elle répétait toujours :

— Encourage-toi à maintenir la propreté, car cela reflète la clarté de ton esprit.

Le père de Jenny est un homme jeune d’une trentaine d’années, doté de cheveux châtains et d’yeux bleus, évoquant la teinte éclatante de l’océan. Claire lui répétait sans cesse :

— J’apprécie m’immerger dans l’intensité de ton regard, où se mêlent douceur et sérénité.

Son visage présente une forme simultanément ronde, ferme et douce. Il arbore un fin bouc qui dissimule ses lèvres, tandis qu’une cicatrice, héritée de son enfance, se situe juste au-dessus de sa lèvre supérieure. Cette cicatrice est le résultat d’un jeu avec son grand frère, qui l’a cependant quitté quelques années plus tard à cause d’une maladie. Son corps, de stature virile et assez grand, se nommait Hervé. Lorsque Hervé pénétra dans la chambre de Jenny et les aperçut qui rient aux éclats, il s’adressa à elles d’une voix douce et affectueuse, tout en déposant un tendre baiser sur le front de chacune.

— Mes deux adorables chéries que j’affectionne profondément, que se passe-t-il ? Nous vous entendons rire depuis l’autre bout de la rue.

Tout en manipulant le trousseau de clés de la maison, en le faisant tourner entre ses doigts, il déclara :

— Vous êtes prêtes, mesdames. Je me suis rendu chez le voisin, il viendra faire sa visite de temps à autre. J’ai veillé à tout fermer : le compteur d’eau, le gaz, les fenêtres… Toi, tout est en ordre de ton côté, ma chérie ? Nous procéderons à une seconde vérification avant le départ définitif, dit-il en s’inclinant avec une révérence digne des plus illustres dames, prenant délicatement Claire dans ses bras et lui offrant un baiser sur ses lèvres douces et pulpeuses.
— Oui, nous venons de terminer toutes nos tâches ! Il ne nous reste plus qu’à prendre une douche et nous serons prêtes à l’heure, répondit Claire en se levant doucement.
— Il sera nécessaire de descendre les valises avant l’arrivée du taxi. Cependant, j’aimerais d’abord savourer un bon petit déjeuner. Qui souhaiterait le partager avec moi ? J’ai rapporté de nombreux pains au chocolat et croissants que je viens d’acheter chez le boulanger.
— Moi, papa, je vais t’aider à mettre la table, annonça Jenny en courant dans le couloir et en descendant les escaliers.

Elle pénétra dans la cuisine avec une rapidité fulgurante. Cette pièce était d’une taille impressionnante, avec deux fenêtres qui se dressaient sur le mur du fond. Sous l’une d’elles se trouvait un évier en inox, tandis que le même mur abritait un meuble encastré doté de six portes, chacune ornée de vitres en verre aux extrémités. L’autre fenêtre était en réalité une porte-fenêtre. Devant elle, une table pour quatre personnes était entourée de quatre tabourets en bois. Au centre de la pièce se dressait un îlot avec des rangements en dessous. Sur le mur du fond, on pouvait apercevoir le four, le micro-ondes et une plaque de cuisson, le tout intégré dans des meubles encastrés. À l’extrémité opposée, un vaste réfrigérateur américain en inox trônait. Hervé, adossé à la porte, l’observait s’agiter avec un sourire.

— Doucement, mon trésor, fais attention, tu pourrais te blesser. Il l’attrapa alors dans sa course et la fit tourner au-dessus de lui comme un avion en plein vol, ce qui provoqua chez elle un éclat de rire.
— Je vais tout manger, moi ! Papa, il ne restera plus rien pour vous, dit-elle en criant dans la cuisine.
— Eh bien, ne mange pas tout, sinon l’avion ne va plus décoller, dit Claire dans un éclat de rire.
— Je ne suis pas grosse, je ne fais qu’un deux et un zéro ? Monsieur le docteur, il a dit que je n’étais pas grosse, dit-elle d’un ton déçu.
— Tu as raison, ma princesse, il est préférable de susciter l’envie plutôt que la pitié. Allons manger, nous laverons la vaisselle avec maman par la suite, dit Hervé en l’embrassant sur sa petite joue.

Après avoir terminé le petit déjeuner et partagé quelques rires, ainsi qu’achevé la vaisselle, Hervé se dirigea vers la cave et le garage pour s’assurer que tout était correctement fermé. Pendant ce temps, Claire prit le soin de vérifier une nouvelle fois que toutes les fenêtres étaient bien closes. Soudain, le téléphone sonna. Claire se précipita dans le salon, décrocha et, d’une voix calme, s’exprima :

— Allô ! Bonjour. Ici Claire, à qui ai-je l’honneur ?
— Bonjour ! Claire, c’est Christelle.

Christelle était une amie de longue date de Claire. Enfants, elles étaient voisines et n’ont jamais été séparées. Christelle se distinguait par sa gentillesse, sa beauté, sa haute taille ainsi que par sa douceur. Elle avait de longs cheveux bruns et des yeux très sombres, et était d’une remarquable finesse. De temps à autre, elle s’occupait de Jenny pour permettre à Claire et à Hervé de sortir en amoureux, que ce soit le soir ou durant le week-end. Elle le faisait avec un immense plaisir, d’autant plus que Jenny était également sa nièce. Christelle offrait à la petite fille tout l’amour qu’elle pouvait, car elle savait qu’elle n’aurait jamais l’opportunité de porter un enfant.

— Bonjour, Christelle, comment te portes-tu ? Nous sommes sur le point de partir. Je dois prêter main-forte à Hervé pour descendre les valises qui se trouvent à l’étage.

— Je suis conscient, ne t’en fais pas, je ne vais pas m’attarder. Je t’appelle pour te souhaiter un excellent voyage. Dès que vous serez arrivés chez tes parents, n’hésitez pas à me rappeler. Pense à leur transmettre mes salutations et embrasse tout le monde de ma part.

— Je m’en occuperai, ne t’en fais pas. Je dois te quitter, sinon je n’aurai pas le temps de descendre les valises, de laver la petite ainsi que moi-même, et de terminer de tout fermer avant l’arrivée du taxi.

Elle a conclu l’appel, s’est rendue à la cuisine pour retrouver Jenny et a saisi deux serviettes de bain posées sur la table. Pour sa part, Hervé emporta les bagages de Claire et de lui-même au niveau inférieur, les installant dans le hall d’entrée pour qu’ils puissent être chargés dans le taxi avant leur départ pour l’aéroport.

— Ma chérie, il est temps de prendre une douche, je te rejoindrai juste après, dit Claire en l’encourageant à se laver.
— Je terminerai de tout fermer en attendant que tu douches la petite, lui répondit Hervé, en lui faisant un clin d’œil et en lui envoyant un baiser de la main.

Alors que Claire prenait sa douche, Jenny était assise sur le canapé en train de regarder un dessin animé. Elle ferma l’eau chaude qui ruisselait sur son corps, ouvrit la porte de la douche et, après avoir accroché sa serviette, s’enveloppa entièrement. La pièce se remplit de buée, elle essuya le miroir au-dessus du lavabo et prit une brosse pour se coiffer. En se regardant, elle aperçut son visage ensanglanté, ce qui la fit sursauter et sortir précipitamment en poussant un cri de terreur qui résonna dans toute la maison. Hervé, entendant ce cri, lâcha sa tasse qui se brisa sur le sol de la cuisine. Il se tourna vers Jenny, qui continuait de regarder son dessin animé, puis monta les escaliers à grandes enjambées. En poussant la porte de la chambre, il trouva Claire en train de s’habiller, tremblante. Il posa ses mains sur ses épaules, ce qui la fit sursauter.

— Chéri ! C’est toi, j’ai eu peur !
— Certes, mais je ne suis pas responsable de la frayeur que tu as ressentie tout à l’heure en criant. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Rien, je n’ai vu qu’une araignée. Elle était dans le coin du mur, elle a craint plus que moi, car elle s’est sauvée, dit-elle en se forçant à sourire. Elle ne voulait pas confier à Hervé qu’en vérité elle s’était vue ensanglantée, entourée de flammes et égarée au milieu des montagnes, recouverte de neige, alors elle décida de lui mentir.
— Ma puce, c’est vrai que tu as une peur bleue des araignées, on va tout finir de tout fermer, le taxi ne va pas tarder.

À peine ses mots prononcés, un coup de klaxon a retenti à l’extérieur, c’était le taxi. Elle est allée porter assistance à Hervé, alors qu’il était toujours au premier étage. Après un certain temps, la petite famille entière descendit les dernières marches. Jenny était dans les bras de Claire pendant qu’Hervé plaçait toutes les valises dans le coffre du véhicule qui les attendait à l’extérieur de la maison. Alors que la neige tombait à flots dans la magnifique ville de Paris, les enfants et leurs parents, voisins, éclataient de rire. Il est en effet rare qu’il neige au début du mois de décembre, surtout dans une aussi pittoresque ville que Paris. Les personnes déambulaient dans les rues gelées et glaciales, quelques-unes se trouvaient dans des bistrots où ils chantaient et dansaient sur des airs de Noël. Il en était de même pour les pilotes et les hôtesses, ainsi que pour Samantha et Grégory. Sam est une jeune femme de vingt-quatre ans, brune au visage délicat et angélique, dotée d’une silhouette impeccable. Elle considérait sa profession comme la plus merveilleuse du monde : hôtesse de l’air. Cependant, le vol qu’elle allait effectuer à bord de L’A580 serait son dernier. En effet, elle avait hérité d’un terrain viticole et projetait de réaliser son rêve le plus cher : ouvrir un restaurant dans les vignes. Sa passion pour la cuisine était héritée de sa grand-mère défunte qui lui avait tout transmis depuis qu’elle savait se tenir debout. Avec les bénéfices qu’elle a récoltés en parcourant le monde, elle a réussi à transformer une vieille grange en un magnifique et prestigieux hôtel-restaurant niché au cœur des vignes. Parmi les activités proposées, on trouve la visite des caves du domaine et, pour ceux qui le désirent, la possibilité de participer au pigeage aux pieds. C’est la méthode traditionnelle de vinification qui favorise l’alcoolisation, les morceaux de raisin flottant à la surface et le liquide se retrouvant au fond des cuves. À l’issue du processus, il est plus aisé de récupérer les débris flottants. Elle était fière de partager cela avec ses collègues. Tous étaient affligés de son départ, de la perte d’une collègue si généreuse et sympathique qu’elle. Greg était un homme de vingt-huit ans, au visage carré avec une barbe naissante discrète, à la carrure athlétique et aux cheveux courts. Son physique s’imposait parfaitement à travers sa chemise Stewart, suscitant le désir de toutes les jeunes femmes et même de certains hommes. Cependant, il était épris de Sam depuis leur première rencontre il y a deux ans, lorsqu’elle lui avait donné son consentement pour être steward sur son vol. Il n’avait aucune compétence dans ce domaine, mais Sam avait informé les autres hôtesses présentes ce jour-là.

— Il est primordial de toujours commencer, et ce n’est pas en l’ignorant qu’il va progresser. Nous devons lui offrir une opportunité en lui donnant une chance, et je suis persuadé qu’il effectuera encore de nombreux vols avec nous.

Elle avait tourné son regard vers Greg et lui avait souri. Lorsqu’il a contemplé son visage, il y a décelé douceur, sagesse et bonté. Depuis ce jour-là, il n’a cessé de voyager sur ses vols. Sam se demandait constamment pourquoi il était toujours sur les mêmes vols qu’elle. Ainsi, la plupart du temps, les stewards et les hôtesses changeaient souvent d’équipiers, mais Greg sollicitait régulièrement son supérieur pour être affecté aux mêmes trajets que Sam. Il désirait acquérir le métier aux côtés de la meilleure hôtesse, ce qui expliquait sa présence constante auprès sans qu’elle en fût consciente. Tandis qu’ils profitaient de leur séjour de trois jours à l’hôtel avant le départ pour le Maroc le lendemain, tous se réjouissaient dans le jardin en jouant à se lancer des boules de neige. C’était une soirée enchantée où tous s’amusaient. Juste avant son départ, ses collègues du vol A580 lui ont organisé une surprise d’adieu. Ils ont sollicité l’accord du directeur du restaurant pour organiser une réception intime en l’honneur de son départ. Le directeur a accepté, et avec le soutien des serveurs et des femmes de chambre, ils ont décoré la salle de réception spécialement pour cette soirée improvisée. Lorsqu’elle fit son entrée dans la pièce, tous se levèrent pour l’applaudir. Étonnée et ravie en même temps, elle a été honorée par toutes ses amies, ses collègues, les commandants, hôtesses et stewards avec qui elle a collaboré durant six longues années. Ils lui ont rendu hommage et lui ont remis de petits cadeaux pour qu’elle se souvienne d’eux. La célébration était parsemée de rires, de larmes, de musique et de danse. C’était une merveilleuse fête d’adieu. Même les clients de l’hôtel se mêlaient à la réjouissance. Sam était particulièrement appréciée, même par les serveurs et la direction de l’hôtel. Lorsqu’elle faisait escale en France, elle choisissait toujours leur établissement pour y séjourner. Elle se sentait à l’aise dans cet hôtel splendide et le personnel était particulièrement accueillant envers elle. La soirée s’est achevée aux alentours de minuit. Après avoir exprimé sa gratitude à chacun, elle a été aidée par l’un de ses collègues, Greg, avec qui elle partageait souvent les mêmes correspondances, à tout remettre en ordre. Elle a ramené dans sa chambre tous les petits cadeaux qu’elle avait reçus de la part des personnes présentes pour célébrer son départ. La nuit était déjà bien avancée lorsqu’elle est allée se coucher après avoir réglé son réveil pour cinq heures trente. Elle devait se lever tôt pour s’occuper de la préparation de ses bagages, se rendre à l’aéroport pour préparer l’avion, nettoyer les sièges et les sols de l’avion, remplir les armoires des réserves et veiller à tout le confort de l’équipage ainsi que celui des passagers. C’est ainsi qu’elle a toujours fait depuis sa promotion il y a plus d’un an. Elle avait évolué vers le poste d’hôtesse de cabine, un rôle dont elle était extrêmement fière et qui lui a permis de terminer plus tôt les travaux pour son restaurant.

Son téléphone portable affichait cinq heures trente lorsqu’une sonnerie insupportable retentit. Enveloppée dans ses couvertures, elle tendit le bras pour éteindre ce bruit assourdissant avec sa main.

— Ça va, je me lève, ça va, hum ! dit-elle en se dégourdissant et en bâillant tout en balançant les couvertures au bout de son lit.

Elle s’est redressée sur son lit, ses cheveux sombres en désordre masquant son visage encore ensommeillé. Elle se leva, se rendit à la salle de bain, prit une douche puis s’enveloppa d’une serviette à la taille et enroula ses cheveux dans une serviette-turban. Elle se brossait les dents, son téléphone était posé sur sa table de nuit avec de la musique en arrière-plan. Les nouvelles commençaient à résonner alors qu’elle terminait de plier sa valise et de s’habiller.

— Des bouleversements sont prévus dans les heures à venir, notamment des chutes de neige. Celles qui persistent encore dans le nord du pays toucheront aussi les montagnes marocaines ainsi que celles de la Russie. Dans quelques jours, la tempête deviendra plus sévère et traversera les pays avec des rafales de vent atteignant entre cent et cent vingt kilomètres à l’heure, accompagnées de neige. Ne vous attendez pas à une amélioration avant plusieurs jours. Si vous devez sortir aujourd’hui, assurez-vous de bien vous couvrir. En pleine journée, les températures pourraient atteindre -5 degrés, accompagnées de fortes rafales de vent et de neige. Je vous laisse donc profiter de vos morceaux de musique. Passez une excellente journée.

Assise sur son fauteuil et son miroir en face, elle a minutieusement mis son maquillage : un peu de rouge à lèvres, une nuance d’ombre à paupières et une ligne avec le crayon eyeliner. Cela était plus que suffisant pour mettre en valeur, avec toute la délicatesse requise, la beauté de son visage. Elle rangea sa chambre, emporta sa valise et deux sacs volumineux bourrés de tous les cadeaux qu’elle avait reçus la veille. Quand elle est arrivée dans le hall de l’hôtel, elle a trouvé Greg qui était déjà là en train de l’attendre. Ils ont utilisé un taxi pour se rendre à l’aéroport.

— Sam, as-tu entendu les prévisions du temps ?

— Il est vrai, Greg, que l’idée d’une tempête imminente qui va s’abattre sur les pays est plutôt préoccupante. Toutefois, j’ai une confiance absolue en notre pilote et co-pilote, dit-elle avec un sourire, ce qui a touché le cœur de Greg.

Dès leur arrivée à l’aéroport, Greg a assisté Sam pour ranger ses valises et sacs sur le carrousel à bagages. Il lui a également apporté de l’aide jusqu’au moment de l’embarquement.

Chapitre 2

Un homme, dans un costume noir et une casquette, les bras croisés derrière le dos, se tenait debout à les attendre à côté de la voiture de couleur noire avec un lumineux inscrit « taxi » dessus sur le toit de la voiture. Il était grand et droit, brun avec un visage neutre, mais empreint de chaleur.

— Bonjour, Madame et Monsieur… Oh là ! Et, mademoiselle, où souhaitez-vous que je vous conduise ?
— Là où il y a plein d’avions, on part voir papy et mamie pour les vacances et on va faire Noël avec eux au Maroc, c’est ça, maman ? dit Jenny tout en gesticulant dans tous les sens dans les bras de Claire qui avait de plus en plus de mal à la contenir.
— Reste calme, ma chérie. Je vais t’installer sur le siège, mais reste sage, d’accord, ma puce ? dit Claire en s’accroupissant à la hauteur de Jenny.

Tout en observant en même temps Claire qui tenait la petite fille par la main, il contourna la voiture et ouvrit la portière arrière pour permettre à Jenny et à Claire de s’installer à l’arrière. En souriant, il répondit d’une voix douce :

— D’accord, mademoiselle, je vous conduis à l’aéroport. Excusez-moi, monsieur, à quelle heure votre vol décolle-t-il ? dit-il en souriant.
— Si je ne me trompe pas, vers 16 h 30, nous embarquerons dans le hall 4.
— C’est bien ça, ma chérie ? dit Hervé en se tournant vers Claire.

Elle a extrait les tickets d’avion de son sac et le lui dit avec douceur.

— Oui, c’est exact, Hervé, notre embarquement est bien prévu à 16 h 30. Elle a prononcé ces mots tout en glissant les tickets dans son sac et en regardant Jenny pendant qu’elle lui parlait. En tenant sa main, Jenny observait avec fascination tous ceux qui l’entouraient.

— Très bien, Monsieur ! Si cela ne vous gêne pas, pourriez-vous me donner votre nom,Monsieur ? Ce sera plus facile pour discuter durant le trajet vers l’aéroport ? demanda l’homme en démarrant la voiture.

Après avoir fermé le coffre et pris place au volant, Hervé s’est installé à l’avant tandis que Claire et Jennifer se sont assises à l’arrière.

— Aucun problème, je suis Monsieur Pillard Hervé. Voici ma femme, Claire Pillard, et notre fille, Jennifer Pillard, dit-il en lui serrant la main.

— Mais papa, je m’appelle Jenny et non Jennifer, dit-elle en fixant son père avec de grands yeux écarquillés.

L’aéroport était éloigné de leur domicile d’une quarantaine de minutes, Hervé a donc profité du trajet pour converser avec le chauffeur :

— Ah, pourquoi prendre la voiture quand on peut se faire véhiculer par un homme aussi charmant et souriant que vous ? Finalement, nous profitons de nos vacances sous toutes leurs formes. Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas, monsieur ? Oh, je me comporte vraiment mal. Je vous ai donné notre nom, mais je ne vous ai pas demandé le vôtre.
— Ne vous inquiétez pas ! Il n’y a pas de souci, je suis Mario Sentes, monsieur Pillard, dit-il en poursuivant sa conduite tout en gardant un œil sur la route et l’autre sur son interlocuteur de temps à autre.

Jenny épiait le conducteur à travers le rétroviseur avec ses yeux minuscules plissés se comportant tels ceux d’une petite fouine. Il l’a regardée en souriant, assise derrière elle. Ce n’était pas la première fois qu’il transportait des enfants vers l’aéroport, il avait pratiqué ce métier pendant plus de dix ans. Habituellement, les enfants qu’il avait avec lui étaient discrets, timides et silencieux. Cependant, Jenny, cette petite fille, était toujours en action. Elle sautait d’une fenêtre à l’autre et s’installait souvent sur les genoux de sa mère. Elle observait tout autour d’elle, fascinée par ce qu’elle voyait, comme si c’était la première fois qu’elle était dans une voiture. Pour Claire et Hervé, le voyage paraissait plus court en conversant avec le chauffeur, tandis que Jenny ne cessait de jeter un coup d’œil par la vitre de la voiture. Les routes étaient recouvertes de neige fondue qui devenait croustillante, tandis que les toits et les trottoirs restaient chargés de neige. Les cours et les allées des maisons étaient également recouvertes de neige. De nombreuses personnes s’évertuaient à les déneiger avec des pelles. Pendant ce temps, les enfants s’amusaient en se jetant des boules de neige, certaines d’un blanc éclatant tandis que d’autres avaient une couleur plus grisâtre parce qu’elles avaient déjà été utilisées. D’autres continuaient à façonner des bonhommes de neige. Ils arrivèrent enfin à l’aéroport. Hervé descendit ainsi que Mario ; il alla ouvrir le coffre. Pendant ce temps-là, Hervé était parti chercher un chariot pour les bagages ; il y mit les valises. Mario tenait la portière arrière pour que Claire et Jenny puissent descendre en toute sécurité. Claire prit la main de Jennifer et dit :

— Jennifer, ma puce, reste à côté de moi, il y a trop de monde, on pourrait te perdre.

— D’accord, maman ! répondit la petite en serrant Pollux contre sa poitrine.

Elle était simultanément effrayée et fascinée par tout ce qui se trouvait autour d’elle : de vastes baies vitrées laissaient passer les rayons du soleil et permettaient de voir les avions à l’extérieur, ceux qui s’apprêtaient à atterrir ou à décoller. Le hall de l’aéroport était bondé de personnes assises ou debout, formant des files d’attente en attendant leur vol, sans oublier ceux qui arrivaient, attendant devant un escalator qui distribuait les bagages des voyageurs. Une fois qu’ils ont récupéré leurs bagages et remercié Mario, ils se sont dirigés vers le comptoir où une hôtesse attendait pour procéder à leur enregistrement.

— Dis-moi, mon chéri ? Peux-tu prendre Jenny sur le chariot pour éviter qu’elle ne s’échappe pendant que je suis avec l’hôtesse ?
— Oui, bien sûr, passe-la-moi ! dit-il en se penchant pour la déposer sur les valises avec un baiser sur le front.

Après un temps infini à attendre, Claire finit par se tourner vers l’hôtesse et déclara :

— Bonjour, madame. Nous avons réservé un voyage aller-retour de Paris à Marrakech, avec embarquement prévu à 16 h, pour monsieur et madame Pillard Hervé, Claire, et mademoiselle Jennifer. Voici nos passeports et nos tickets, dit Claire en présentant les documents.
— Bonjour, Monsieur, Madame, Mademoiselle. Je procéderai à la vérification de vos tickets, je vous demande juste un petit moment, s’il vous plaît, répondit l’hôtesse avec un sourire et une voix douce.

Elle était charmante, le visage arrondi, avec des cheveux blonds et des yeux couleur marron.

— Bonjour, madame ! répondit Jenny, toute timide.
— Voici vos cartes d’embarquement. Combien de valises avez-vous ? dit-elle en redonnant à nouveau les documents à Claire tout en souriant à Jenny.
— Évidemment, il y a quatre bagages pour la soute, un sac de taille réduite et un sac à dos pour l’intérieur de l’avion, répondit aussitôt Claire.
— Excusez-moi, mademoiselle, puis-je déposer les bagages sur les tapis ? interrogea Hervé en fixant l’hôtesse qui tapait sur son ordinateur.
— Absolument, aucun souci. Cependant, il est nécessaire que ces derniers soient soumis aux détecteurs sous les portiques. Vous devez vous positionner devant le gardien pour qu’il vérifie s’il n’y a rien dans vos poches. Avec la menace des attentats de nos jours, cela est compréhensible. Pendant ce temps, je termine vos enregistrements.

Hervé se plie à la demande, pousse le chariot chargé de valises avec Jenny toujours dessus vers le gardien de sécurité qui lui déclare :

— Bonjour, monsieur. Pourriez-vous vider vos poches et tout déposer sur la table ? Puis écarter bras et jambes pour que je puisse passer mon détecteur ?

Hervé s’exécute. Jenny était effrayée par cet homme qui lui faisait peur. Elle tenait Pollux serré contre elle.

— Papa ?

— Ne te fais pas de souci, ma princesse, papa va bien. Dis-moi, quel âge as-tu ? Apparemment, tu es déjà grande pour ton jeune âge. Et ce doudou, a-t-il un nom ? a déclaré une jeune femme qui s’était tenue à ses côtés pour veiller sur elle pendant l’examen des vérifications.

— Bonjour, madame… Je m’appelle Jenny, j’ai cinq ans, et voici Pollux, il a également mon âge, répondit la petite avec un sourire malicieux.

— Pourquoi mon papa soulève-t-il les bras ? Cet homme est-il méchant ?

— Non ! Ma chérie, c’est indispensable. Les individus habillés comme cet homme contrôlent tout le monde pour vérifier qu’il n’y a pas de malveillant dissimulé parmi nous, tu saisis ? dit la jeune femme en apaisant Jenny avec une caresse sur la tête.

Tout en observant l’homme et Hervé, elle remarqua qu’une situation similaire se produisait avec sa mère, mais cette fois-ci, c’était une femme qui était avec Claire.

— Regarde, papa et maman t’observent, ils te sourient. Fais-leur signe si tu veux.

Elles les observaient, leur faisaient des petits signes de la main et, avec la patte de Pollux, elle lui faisait également faire des signes. Une fois tout terminé, la jeune femme prit Jenny dans ses bras et la déposa délicatement au sol. Elle se précipita ensuite vers ses parents, tendant la main à son père qui attendait près du portique à bagages. La jeune femme avait déplacé le chariot à valises pour se rapprocher d’eux.

L’homme a pris les bagages un par un et les a placés sur un tapis roulant qui se déplaçait lentement sous une arche métallique.

— Dis, papa, pourquoi l’homme prend les valises en photo ? demanda Jenny, intriguée.
— C’est pour vérifier s’il y a des objets dangereux dans les bagages. Pas d’inquiétude, ma chérie, c’est tout à fait normal, dit-il en lui caressant la tête.
— Papa, je peux regarder les photos ? demanda-t-elle en le regardant avec un regard émerveillé.
— Je ne pense pas, mon trésor, on n’a pas cette permission, lui dit-il d’un air mélancolique.

L’homme, en voyant la petite Jenny triste, lui jeta un regard complice, observa son environnement et aperçut la jeune réceptionniste lui faire un signe de tête.

— Si cela lui fait plaisir, vous pouvez la laisser venir voir vos bagages. C’est toujours ardu pour un enfant d’attendre dans un aéroport et cela suscite souvent leur curiosité. Il vaut mieux être curieux que de ne pas l’être suffisamment, dit le vigile de sécurité avec un sourire en coin.

Le jeune homme a tendu ses mains vers la fillette, qui a d’abord regardé son père. Celui-ci lui a fait un signe pour l’encourager à s’approcher. Elle se jeta au cou de son père, l’embrassa et courut rapidement prendre la main de l’homme. Celui-ci lui a expliqué ce qu’il voyait. Lorsque ce fut le moment de sa valise remplie de poupées, le vigile lui déclara avec amusement :

— Il est crucial de porter une attention particulière, voire excessive, à ce bagage.
— Pourquoi, s’il vous plaît ? C’est ma valise avec mes poupées, elles sont très effrayées. Mais, je leur ai dit que tout ira bien.
— Vous avez raison, mademoiselle, ne les inquiétez pas davantage qu’elles ne le sont déjà. Il est d’autant plus important de les aider à retrouver leur confiance. Veillez bien sur vos petites compagnes, dit-il tout en étiquetant les bagages.

Le vigile replaça les valises sur le chariot et poursuivit.

— Tout est en ordre, mademoiselle. Vous pouvez retrouver vos parents. Il n’y a aucun souci concernant vos bagages et je vous souhaite un excellent et plaisant voyage.

Il la prit dans ses bras et la retransmit à son père qui l’attendait toujours de l’autre côté de la barrière. Claire n’était pas très loin, elle était encore avec la jeune hôtesse qui l’avait retenue quelques minutes. Claire, en observant la scène, captura les images dans son téléphone. Elle riait. Jennifer appréciait de voir sa mère sourire, car cela la rendait encore plus jolie. Après quelques instants, Claire les rejoignit. Jennifer remercia le jeune vigile et l’embrassa en lui disant :

— Je vous remercie, monsieur, de m’avoir permis de regarder les photos.
— C’est parfait, petite princesse, fait un excellent voyage.

Après avoir passé l’accueil, consulté le tableau des départs pour connaître leur numéro de vol, enregistré leurs bagages et notéle nombre de passagers, franchi la douane et traversé le centre de contrôle, ils se sont finalement dirigés vers la salle d’attente pour embarquer.

Dans la vaste salle d’embarquement, avec ses parents et d’autres voyageurs, certains commençaient à se plaindre. Il était clair qu’elle n’était pas la seule à trouver le temps interminable dans cette immense pièce dotée de grandes fenêtres donnant sur la piste des avions. Après une longue attente, Jenny, incapable de rester tranquille, sautait d’une banquette à l’autre en posant la question toutes les deux minutes.

— Quand est-ce qu’on y va ? C’est long, très long, maman !

— Je sais, mon trésor, cela ne durera pas longtemps.

Assise sur une chaise, Jenny observait ses parents discuter et interrogeait son père.

— Papa, pourquoi restons-nous ici ?
— Comment ça, ma puce ?
— Pourquoi ne montons-nous pas dans l’avion ?
— On doit attendre qu’une hôtesse ou un steward nous appelle pour nous informer que notre avion est prêt. Pour l’instant, ils chargent les bagages dans la soute, et ensuite ce sera notre tour.
— Regarde par la fenêtre, ma douce, tu verras les avions décoller et atterrir, en entendant, ça ne va pas durer longtemps.
— Regarde ! dit Claire en lui désignant les avions stationnés à l’extérieur sur le tarmac, ou les hommes et les femmes affairés, les voitures et les convois de bagages qui transportaient les valises comme des fourmis.

Elle s’est approchée, a placé ses petites menottes sur la vaste vitre et a observé avec des yeux écarquillés. Elle a été submergée de bonheur en observant les avions réaliser une sorte de ballet, certains prenaient leur envol tandis que d’autres restaient en vol pour atterrir, facilitant ainsi le départ des premiers qui étaient au sol et la descente de ceux qui étaient demeurés dans les cieux. Ce spectacle l’a envoûtée. Après une attente de plus de quarante-cinq minutes assis, l’instant est enfin arrivé où la musique s’est interrompue dans le haut-parleur, laissant place à une voix délicate et sereine.

— Mesdames et messieurs, je vous invite à vous diriger vers la porte d’embarquement numéro six. Le vol A380 s’envolera sous peu. Suivez l’hôtesse qui vous orientera jusqu’à vos sièges. Je vous souhaite un excellent voyage à toutes et à tous.

À ses paroles, les portes de l’embarcation se sont ouvertes et tous ont commencé à avancer avec des sacs en tissu sous le bras. Deux hommes en costume ont aidé les passagers âgés à progresser vers le couloir d’embarquement. Une fois cela fait, le reste des passagers s’est dirigé vers la porte d’embarquement où une hôtesse a pris leurs documents pour vérifier si c’était effectivement leur vol.

— Parfait, nous vous souhaitons un agréable voyage avec notre compagnie.