Cochise - Philippe le Flochmoen - E-Book

Cochise E-Book

Philippe le Flochmoen

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Beschreibung

Yuma, un jeune Apache abandonné bébé devant un cirque mexicain, grandit parmi les artistes itinérants avant de se retrouver plongé dans les tourments du monde moderne. Marqué par la violence, la pauvreté et la drogue, il traverse les épreuves les plus dures, de la rue new-yorkaise à l’enfer de l’addiction, jusqu’à sa rédemption grâce à l’amour d’une femme, Julia. Porté par un désir de vengeance et de justice, il intègre la DEA pour lutter contre les cartels. Sa première mission le conduit à négocier une prise d’otages menée par de jeunes Indiens en quête de reconnaissance. Entre son passé tourmenté et son avenir incertain, Yuma doit affronter ses propres démons pour trouver sa place et honorer l’héritage de ses ancêtres.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Philippe le Flochmoen est introduit dans le monde fascinant de la littérature grâce à sa mère qui lui a présenté les œuvres de figures emblématiques comme Stephen King, Mickaël Crichton et bien d’autres. Inspiré par ces grands écrivains, il laisse libre cours à son imagination, créant des récits qui lui permettent d’explorer sa créativité et d’affiner son style.

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Seitenzahl: 99

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Philippe le Flochmoen

Cochise

Roman

© Lys Bleu Éditions – Philippe le Flochmoen

ISBN : 979-10-422-6399-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

La cave

Madre de Dios ! J’ai mal partout. Je suis accroché, les bras tendus en l’air, à un tuyau d’où suinte un liquide immonde, noir et visqueux. Des menottes m’entaillent ce qu’il me reste de peau sur les poignets. Mes pieds ne touchent pas la terre. Ils sont entravés par la grosse chaîne qui me relie au plafond. Il fait pratiquement noir à part la veilleuse indiquant SALIDA, mais je n’aperçois pas de porte et, bêtement, c’est d’abord cela qui m’inquiète.

Il est évident que je suis détenu par des narcotrafiquants, et pas les plus conciliants du monde, dans les sous-sols de cette hacienda que je surveillais il y a quelques heures.

D’ailleurs, deux sous-fifres, des sicarios, me cognent les abdos à intervalles réguliers. Ils n’ont même pas pris la peine d’enfiler une cagoule, c’est un très mauvais signe, le signe qu’ils ne vont pas tarder à me tuer.

Mais avant ça, ils veulent connaître mon employeur, le FBI, les services secrets mexicains, la CIA, les martiens, les ultras quelque chose de la Révolution prolétarienne ou je ne sais qui d’autre.

Je ne leur dirai rien. Il est un fait, je suis membre de la Nation indienne, de citoyenneté américaine, et vraiment très basané, un peu plus que l’un d’eux. Son acolyte est très blanc, trop peut-être, allemand, je dirais, mais cela n’a aucune importance. Je parle espagnol depuis ma plus tendre enfance, je suis à moi tout seul, et bien modestement, la somme de nombreuses civilisations. Mais je ne leur donnerai ni mon contact, ni ma fonction, ni rien du tout, en fait. Je crois que ce que je pense est un fouillis dénué de sens, mais, de toute façon, ils n’y auront pas accès.

Mais à quoi bon résister ? Mes épaules vont finir par se disloquer. Je sais qu’on ne tient pas indéfiniment dans cette position, ce genre de scène de crime ne m’est pas inconnu. En fait, ils s’avèrent assez inventifs.

Ils me frappent avec une batte, puis ils me font descendre un peu pour me verser des litres d’eau dans le nez après avoir couvert mon visage d’un torchon. La sensation d’étouffement, de noyade, est atroce. Et ils se marrent, vraiment, comme des amis qui se racontent de bonnes blagues. Et c’est sans fin tant que je suis vivant puisqu’ils me remontent et reprennent leur batte pour ma séance de fitness.

J’essaie de conserver un peu d’humour, mais c’est la peur qui domine. Ils sont pleins de ressources, mes Laurel et Hardy pas vraiment drôles, car, de temps en temps, ils arrêtent les frappes pour user d’un bâton magique qui m’électrocute jusqu’à la racine des cheveux à chaque fois qu’il touche ma peau mouillée. Ce traitement me fait trembler, énormément, telle une caricature de Parkinson, mais il excite aussi ma rage. Si je m’en sors, je les tuerai.

Ils ont allumé une ampoule qui diffuse une lumière étrange et menaçante.

El Chapo

Et soudain, l’ambiance change. Elle semble se durcir, s’épaissir même tout en se chargeant d’une bonne dose d’adrénaline.

Leur chef, El Chapo, est là. Il me fixe sans sourciller. Il est vêtu avec classe, sa montre vaut des milliers de dollars. Sa petite barbe bien taillée tranche avec les grosses moustaches de ses employés. Il me fait penser à un acteur de série B dont j’ai oublié le nom, un type un peu ringard, un rien paranoïaque.

J’ai du mal à tenir face à l’intensité de ses yeux noirs. De toute façon, je n’ai rien à gagner dans cette compétition débile.

Il n’esquisse qu’un geste et les deux nazis me descendent, me libèrent le bras gauche, posent ma main sur un socle de fer et, d’un coup de masse, le Narco en chef l’écrase comme une vulgaire mouche. Je suis si surpris que je ne hurle pas. Dans cette bouillie de chair et d’os, je sens que certains de mes doigts bougent encore. Je ne dois rien leur montrer. J’ai chaud, très froid aussi, et puis, comme si je voulais sortir de ce corps meurtri, je m’évanouis et je rêve…

Le rêve d’une vie

Je rêve de mon enfance, de ce dont je ne peux me souvenir et de ce qu’on m’a rapporté. Tout d’abord de ma mère qui m’a déposé, j’avais six mois, devant la plus jolie caravane d’un cirque mexicain en représentation aux États-Unis. Dans le berceau rudimentaire, elle a laissé un mot dans un mauvais anglais qui disait « Yuma nous sauvera de la Malédiction ». La couverture qui m’enveloppe est, sans doute, de motifs Apaches. Je ne sais pas pourquoi elle a choisi un cirque plutôt que le parvis d’une église. Je ne sais pas ce que je serais devenu si j’avais été élevé par un prêtre ou un pasteur.

Le cirque, pour l’enfant que j’étais, c’était le Paradis. Tout petit, je me glissais dans la cage du tigre du Bengale et je m’endormais là contre le flanc de ce fauve magnifique. Mes parents adoptifs, Pablo le directeur et Maria, sa douce épouse n’ont, devant moi, jamais émis le moindre reproche. Pourtant, la première fois, ils ont dû avoir la peur de leur vie au moment de me récupérer. J’y retournais souvent, veillant à rester invisible au regard des adultes. Maria et Pablo ont toujours été forains, ils se sont connus tout petits et ne se sont jamais quittés. Maria a débuté comme cavalière et Pablo s’est toujours occupé des fauves. En vieillissant, Maria s’est tournée vers l’administration du cirque, Pablo est devenu Monsieur Loyal lors des représentations. En costume un peu grand pour lui, il utilisait son charme et son bagout pour introduire, à sa manière, la ronde des numéros.

Les éléphants, eux aussi, étaient de charmants compagnons de jeu, surtout quand nous campions près d’un lac ou d’une rivière. Je grimpais comme je pouvais sur leurs dos, je tentais vainement de les faire avancer puis je me jetais dans l’eau noire du haut de ce plongeoir improvisé. C’était un formidable jeu pour les enfants du cirque. Je revenais couvert de boue, mais heureux de cette nature aimante et chaleureuse. J’apprenais à tenir sur un cheval dans n’importe quelle position. Je tombais souvent. Je me relevais toujours, meurtri dans ma chair, si on peut dire, mais vivant de tout ce qui m’entourait. J’accompagnais les trapézistes là-haut, tout en haut du grand chapiteau. Je n’avais pas le vertige, je suis un Indien, je peux vous affirmer que ce n’est pas une légende… mais je l’ai su beaucoup plus tard.

On a commencé à m’appeler Cochise, je crois que j’en étais fier. J’ai voltigé, dansé, appris l’anglais et l’espagnol, un peu de russe aussi avec Natalïa, la montreuse d’ours. Je me souviens fort bien d’elle, de sa blondeur presque blanche, de sa beauté, de sa bonté quand elle m’enseignait de rudes mélodies de ce pays qu’elle avait quitté pour échapper à la dictature. Je n’approchais jamais de son immense ours brun, il m’impressionnait. Nous nous respections, mais c’était tout.

Je n’oublie pas non plus Simon, le prestidigitateur, magicien à paillettes pour les spectateurs. Cet Anglais, pure souche, qui avait fui son pays pour plusieurs petites malversations, m’a enseigné quelques tours. Rien d’extraordinaire, car il était très imbu de ses secrets. Puis, un jour, il s’est envolé pour Las Vegas, ses foules admiratives et des dollars à tous les coins de rue pour un escroc assez génial.

L’école du Texas

Et il y avait l’école. J’en ai fréquenté quelques-unes, mais la meilleure se trouvait au Texas, près de la ville d’Austin. Nous y sommes restés toute une année scolaire. Mon père se cachait de quelqu’un ou de quelque chose, mais il n’a jamais souhaité m’en parler. J’avais deux véritables amis, Mandy et son frère Elvis, des jumeaux qui habitaient une petite maison en face du chapiteau. Nous allions à l’école à vélo et, tout naturellement, après quelques semaines, autour de nous, s’est formée une petite bande de joyeux drilles. Les prénoms me reviennent comme un sentiment pas tout à fait perdu. Polly et sa meilleure amie Gisela, portoricaine, complétaient le côté féminin de notre gang, Marvin et Luke, deux grands gaillards étaient nos gentils gardes du corps. Nous évoluions tous à vélo comme des héros de Stephen King, mais les clowns n’avaient rien de maléfique. Durant les vacances, nous jouions au Tour de France et je ne gagnais jamais. Mon vélo, trop petit, je l’avais emprunté à Pipo, le clown, justement, et je devais pédaler comme un forcené pour rester au niveau de mes amis… Les vacances étaient aussi synonymes de baignades et de sauts sophistiqués dans un trou que nous avions découvert et dont le fond se parait d’une eau douce et claire.

Les moricauds et les films

Tout allait pour le mieux, mais, un jour, alors que je me promenais en ville avec les jumeaux, un grand type en salopette en jean nous a traités de moricauds, tout en hurlant que nous devions quitter son pays qui appartenait aux blancs pour toujours et devant Dieu. Je voulais me battre, mais mes amis m’ont entraîné plus loin et je sais désormais qu’ils ont eu raison. J’ai oublié de préciser, car je m’en fichais totalement, que Mandy et son frère étaient noirs.

Je n’en ai pas parlé à mes parents pour ne pas les inquiéter, mais, le lundi suivant, j’ai demandé au professeur d’histoire, Miss Moore, une très jeune femme jolie comme un cœur, ce que signifiait un moricaud.

Elle l’a expliqué rapidement, cela a créé un véritable débat qui s’est étiré jusqu’au cours suivant, des maths, je crois. Le lendemain, Miss Moore avait apporté tout un tas de films et fait déposer le projecteur du collège dans sa classe. Nous avons donc vu avec plaisir et attention, Amistad, très beau, même s’il avait un peu vieilli, traitant des horreurs de l’esclavage, de la justice américaine de l’époque et des prémisses de la guerre de Sécession. Plus tard, le magnifique 12 years a Slave nous a éblouis malgré des situations atroces. La fin est heureuse et c’est très bien. Avec humour, elle nous a présenté Little Big Man, un film assez ancien où les Indiens sont parfois ridicules, mais j’ai adoré ensuite Danse avec les loups, car le héros épouse la cause de mon peuple et il n’y a aucune concession sur les massacres par l’armée américaine. J’avais de très bonnes notes quand nous devions relater nos impressions dans des devoirs qui me plaisaient vraiment.

Et que dire de Vol au-dessus d’un nid de coucou, sur la différence, la folie toute relative et la rébellion face à l’autorité. J’étais très fier que, seul, le Grand Chef s’échappe de l’emprise de l’affreuse Miss Ratched. Je n’oublierai jamais cette scène.

Tout ceci a suscité de franches discussions, de réelles prises de conscience et des aveux du genre :

BRANDON : Mon père dit tout le temps que les Indiens et les noirs sentent mauvais. Il m’a interdit d’en fréquenter même si je lui répète que vous êtes très propres, peut-être plus que moi.

SUNNY