Coeur de Framboise à la frantonienne - Ygrec - E-Book

Coeur de Framboise à la frantonienne E-Book

Ygrec

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Beschreibung

Framboise vole de place en place pour gagner sa vie. Au hasard des situations, elle engage une réflexion sur la vie, le travail, la société… Elle chasse ses doutes et ses peurs, et profite, tout simplement, du moment présent. A lire par toutes celles et tous ceux qui souffrent au travail, et par les autres aussi, parce que cela pourrait bien leur arriver.

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Seitenzahl: 120

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Avertissement :

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pur hasard.

Toutefois :

Il n’est pas impossible que chacun de nous se reconnaisse dans les personnages de ces récits, qu’ils soient coupables, victimes, ou encore témoins.

Mais peut-être, n’y a-t-il pas de victimes ni de coupables, mais seulement des responsables ! Peut-être n’y a-t-il pas de témoins, mais seulement des acteurs !

Ne crains point de rester méconnu des hommes, mais bien plutôt de les méconnaître toi-même.

Confucius

Cher lecteur,

Je te remercie par avance de partager la vie de Framboise avec moi.

Je regrette aussi de te faire revivre ce que tu vois, tu entends, tu constates, ce que tu souffres tous les jours. Il y a tellement de gens qui vivent, aujourd’hui, ce qui est raconté ici.

J’espère pourtant, que, te reconnaissant parfois dans le personnage principal de cette fiction, tu te sentes moins seul, et que tu te dises, comme Framboise, que comprendre est une bonne façon de se libérer.

Si comprendre les autres et leurs motivations, leurs souffrances cachées, leurs phobies, est important, s’analyser l’est tout autant. Crois-moi, ce que nous vivons est le fruit d’un mélange de responsabilités, les nôtres et celles des autres.

Il est parfaitement inutile d’espérer changer quoi que ce soit, tant que nous ne savons pas ce qui se passe en nous. Même si nous ne pouvons pas tout analyser, nous progressons, et notre vie et nos relations s’améliorent.

Il ne s’agit pas de changer, car on ne change pas vraiment. Nous essayons seulement, nous forçons notre nature dans la douleur. Si on tente de se retrouver soi-même, alors tout devient différent. S’adapter, ce n’est pas se conformer.

Tu entendras peut-être que les situations décrites ici ont toujours existé et existeront toujours. Pourtant, souvienstoi que ne subsistent que celles que nous entretenons.

Ce livre te donnera peut-être quelques pistes de réflexion, mais tu pourras aussi le lire comme on grignote une gourmandise.

Alors, cher lecteur, entends Socrate et …..

« Connais-toi toi-même ».

Ygrec

Table des matières

Avant propos

Prémices de cœur de Framboise

Cœur de Framboise au naturel

Cœur de Framboise « bonne poire »

Cœur de Framboise à l’étouffée

Cœur de Framboise à la paysanne

Cœur de Framboise en cocotte

Marmelade de cœur de Framboise

Nappage de cœur de Framboise

Fondue de cœur de Framboise

Conclusion

Confiture de framboises au chocolat (recette

)

Bibliographie

Prémices de cœur de Framboise.

Framboise était née dans un pays que l’on disait chaud. C’était un pays accueillant, … enfin …. pour les touristes, …. sur la côte, oui …seulement sur la côte. Plus loin, à l’intérieur, régnait la sécheresse. Dans les déserts de rocaille, les étés étaient torrides, les hivers glacés.

Il n’y avait pas d’intermédiaire dans ce pays-là, que des extrêmes. Et les extrêmes n’étaient pas que climatiques ! Socialement, il y avait les très riches et les très pauvres, les possédants et ceux qui n’avaient que leur vie, une vie qu’il fallait défendre chèrement. Framboise était encore jeune et ne s’en rendait pas compte.

Son père avait choisi son prénom comme on offre un présent à son enfant. Mais cela n’avait pas toujours été un cadeau. Framboise ! Un bien joli prénom disaient certains ! Un bien curieux prénom pour d’autres.

Elle savait que c’était un petit fruit que l’on trouvait sur les marchés de Frantonie, mais qui ne pousserait jamais dans le jardin pierreux de son père.

La première syllabe de ce prénom sonnait comme celle du doux pays de Frantonie dont son père rêvait. La deuxième syllabe, elle, engendrait des fantasmes de verdure, des pensées d’ombre fraîche, des désirs de sieste sur la mousse tendre des sous-bois, des songes d’arbres tellement grands qu’ils semblaient toucher le ciel.

Le père de Framboise était poète. En avait-on le droit dans notre monde ?

De ses mots naissaient des images, des senteurs, des légendes, et des vérités qui n’en étaient pas vraiment, mais qui n’étaient pas non plus des mensonges.

Lorsqu’il bêchait laborieusement son jardin, Framboise l’écoutait, assise sur une grosse pierre, les coudes appuyés sur ses genoux, le visage calé dans les paumes de ses mains.

Le soir venu, Framboise et son père bavardaient autour de la vieille lampe posée sur la petite table. La flamme éclairait d’un jaune étrange les mains calleuses, la peau tannée par le soleil et le froid, et le visage de ce père, dont elle devinait alors, dans la semi-obscurité, les yeux noirs et brillants, des yeux qui scintillaient comme les étoiles et où dansait le reflet des aventures de l’explorateur qu’il devenait.

Elle s’envolait alors avec lui dans d’autres cieux, dans d’autres contrées, visitait d’autres pays, survolait toutes les montagnes, bref voyageait dans « l’ailleurs ». Ailleurs était sans doute un pays merveilleux.

La voie grondeuse de « Mama » la faisait toujours sursauter quand elle lui rappelait qu’il était l’heure d’aller se coucher. Elle se blottissait alors dans les bras protecteurs de sa mère pour l’embrasser avant d’aller dormir et la douce rondeur de ce corps la réchauffait.

« Mama » ne savait ni lire ni écrire et elle écoutait discrètement ce que son mari racontait à sa fille, tout en terminant de ranger la maison.

Elle espérait que Framboise aurait une vie meilleure, qu’elle ne serait pas soumise, qu’elle pourrait être indépendante.

« Mama » savait que ce serait possible, parce que l’homme qu’elle avait épousé n’imposait jamais les lois de la tradition. Il avait beaucoup voyagé, il avait rencontré beaucoup de gens, connu de nombreuses cultures différentes. Il savait écouter les autres, et il excellait aussi dans l’art de raconter des histoires.

« Mama » devinait qu’il faudrait partir un jour et elle avait peur de cet inconnu si vaste, peur de laisser là, tout ce qu’elle connaissait et maîtrisait. Elle craignait de ne pouvoir s’adapter à d’autres lieux, à d’autres coutumes.

Elle n’était pas si enthousiaste que les deux rêveurs qui partageaient sa vie. « Il en faut un qui garde les pieds sur terre » leur disait-elle en remuant la tête et en pinçant la bouche.

Elle savait que le temps du départ approchait, car au danger de famine quotidien, s’ajoutait maintenant, celui des soldats qui menaçaient son mari. Cet homme revendiquait l’égalité, contestait l’oppression, n’hésitait pas à hurler la faim, le désespoir, l’infamie de la mort des plus faibles. Elle aurait voulu qu’il se taise, mais elle comprenait qu’il parle. Elle admirait cette attitude.

Oui, un jour, Framboise et ses parents partiraient dans cet ailleurs, car on ne pouvait plus vivre l’ « ici », la pauvreté, et les menaces.

Il faudrait que Framboise aille à l’école, qu’elle fasse des études comme les frantoniens, qu’elle ait une vie moins rude.

C’était du moins, ce qu’espéraient ces parents attentifs.

A ce moment de la vie de Framboise, tous les ingrédients étaient réunis pour faire émerger de ce cœur naissant, une douce pureté, une lâche infamie ou les deux à la fois.

Cœur de Framboise au naturel

Framboise et sa famille arrivèrent un jour dans ce pays et il n’était pas toujours celui des merveilles.

Cet « ailleurs » n’avait pas souvent la couleur de leurs rêves. Pourtant, le souffle de la liberté les accompagnait au milieu de ces nouveaux paysages.

Il y avait le fleuve qui traversait la ville et passait sous un pont que l’on appelait vieux, parce qu’il avait été construit le premier, et sous un autre, le neuf, plus grand, mieux adapté à la circulation d’aujourd’hui, mais dont la rambarde lisse laissait indifférent.

Le vieux pont était construit avec des milliers de vieilles pierres râpeuses qui racontaient le souvenir des passants devenus pressés, des voitures qui avaient changé.

Framboise se penchait pour regarder le grand serpent humide. Elle n’avait jamais vu autant d’eau à la fois.

Il y avait la verdure inconnue, les grands arbres étranges, les douces clairières, les animaux découverts.

Il y avait les habitants hostiles, mais il y avait aussi les gens curieux et accueillants.

Elle avait découvert la langue si riche de Frantonie, dont elle connaissait les mots prononcés par son père, avec des accents roulés et les sons rêches de sa langue maternelle.

Aujourd’hui, tout ceci faisait partie de son quotidien, elle avait grandi dans cet ailleurs qu’elle avait pu, peu à peu définir, cerner, comprendre. Elle s’y sentait chez elle et pourtant, elle ne pouvait oublier qu’elle n’était pas de ce pays. Elle le voyait dans le regard des autres.

Framboise avait les sujets de conversation de tous les frantoniens, parlait avec leur accent, mais sa chevelure brune, sa peau légèrement colorée, ses prunelles noires comme l’ébène rappelaient à chacun, qu’une terre lointaine avait laissé la marque indélébile d’autres origines.

Ces autres ne voyaient pas toujours, qu'au fond d'elle-même, elle se sentait frantonienne. Sa vie au loin n'était plus, et elle ne la regrettait pas. Peut-on regretter quelque chose dont on ne se souvient pas ou très peu.

Son chez elle lui était étranger, et l'étranger ne l'était plus.

Pourtant, elle avait fini par s’apprivoiser elle-même, à travers, et aussi, grâce à ces regards. Car enfin, il n’y avait pas toujours d’hostilité dans les questions posées sur ses origines. Elles n’étaient parfois, que curiosité bienveillante.

Certains lui disaient que les gens qui vous demandaient d’où vous veniez remarquaient vos différences et vous déclassaient. Framboise n’était pas d’accord. Ces personnes existaient bien sûr, mais pourquoi généraliser si facilement.

Pour beaucoup, cette question était seulement une forme d’intérêt qu’ils portaient à votre différence. Pour de nombreuses personnes, la diversité ethnique et culturelle faisait toute la richesse de Frantonie.

Parfois l’hostilité véritable se cachait derrière les propos les plus agréables et les plus ouverts. Certes, on ne vous posait pas de questions sur vos origines, mais on vous avait déjà rangé dans la catégorie des « hors-norme ».

D’ailleurs, elle s’était déjà surprise elle-même, à s’interroger sur les autres, parce qu’ils n’avaient pas la même couleur, parce qu’ils avaient un accent particulier. Elle n’en portait pas un jugement négatif pour autant.

Elle pensait alors aux beaux champs d’herbes folles où poussaient harmonieusement toutes sortes de fleurs sauvages. Les couleurs n’en étaient alors que plus belles.

On vous parlait d’intégration en laissant croire qu’il fallait ignorer vos origines ou celles de vos parents. Pour Framboise, il fallait bien sûr connaître parfaitement sa nouvelle culture, mais pour apprécier ce qu’elle vous apportait, il était important de ne pas oublier le pays qui vous avait vu naître, ou naître vos parents. Il fallait se rappeler de la terre qui avait porté les pas de vos ancêtres. Il fallait s’intéresser à cette culture ancestrale pour mieux apprécier la nouvelle. Il fallait accepter tout cela, comme un plus à offrir et à s’offrir.

Si elle faisait le bilan de son combat intérieur, elle pouvait dire qu’elle n’avait pas réussi son intégration tant qu’elle avait vu les marques de sa naissance comme des cicatrices enlaidissant son apparence. Elle avait commencé à être vraiment acceptée par les autres, quand elle avait reconnu son histoire comme un plus dans sa vie, quand elle s’était acceptée elle-même. Pour Framboise, oublier sa culture d’origine, c’était refuser son adaptation à une nouvelle façon de vivre.

Ah ! Que ce mot de « différence » était mal interprété ! Certains le prenaient au premier sens du terme : « absence de similitude ». C’était une position indifférente. D’autres s’arrêtaient sur la signification : « aspect distinctif ». C’était de la curiosité. Certains autres, une minorité ne voyaient en ce mot que « l’écart quantitatif », c’était mathématique. Hum ! Mais Framboise étant une éternelle optimiste, elle choisissait d’office la quatrième solution : « caractère original par lequel on se distingue des autres ».

Il lui avait pourtant fallu beaucoup de temps pour réaliser ce travail en elle. Le basculement s’était produit bien longtemps après qu’elle ait commencé à travailler.

Après une scolarité sans problème, il avait fallu, « entrer dans la vie active ». Finalement, Framboise n’avait pas fait d’études. En Frantonie, il y avait de grandes écoles, mais encore fallait-il pouvoir financer ses études. La retraite de son père était un peu courte et il fallait lui éviter des privations supplémentaires. Pour les services administratifs, cette retraite était trop longue de quelques centaines de frantonimes, pour obtenir des bourses. Le système était fait ainsi.

Cela paraissait injuste ! Pourtant, cela ne l’était pas vraiment. Elle aurait dû essayer tout de même. Elle ne s'en était pas sentie capable, elle vivait toujours avec un sentiment de dévalorisation. Autour d’elle, les gens pensaient tellement mériter ce qu’ils possédaient, que Framboise se demandait ce qu’elle avait bien pu faire pour ne pas en avoir autant. Et puis, il y avait tous ces gens au chômage avec de beaux diplômes. « À quoi bon ? » se disait-elle.

Elle voulait se persuader que tout ceci était inutile. Elle savait, maintenant, qu’elle avait voulu cacher sa certitude de l’échec derrière un raisonnement cohérent.

Sa véritable faiblesse ne résidait pas dans son incapacité à réussir, mais dans le peu de confiance qu’elle avait en elle.

Framboise travailla donc et pour cela se rendit dans la capitale. Elle s'était mariée, avait eu une fille qu'elle avait élevée comme elle avait pu, d'abord avec son mari, ensuite sans lui.

Elle avait eu les soucis de tout le monde, et peut-être plus encore. Elle avait été gravement malade et s'était battue pour retrouver la santé.

Framboise avait le courage de ces gens qui payaient toujours chèrement le peu qu'ils possédaient. Pourtant, elle aurait sans doute tout abandonné sans la présence de la petite Sandra.

Maintenant la petite Sandra ne l'était plus, et Framboise avait quelques rides et quelques cheveux blancs. Elle avait un peu plus de quarante ans. Elle était encore jeune, mais était devenue trop vieille lorsqu’elle avait perdu son travail.

Framboise s'était inscrite dans une entreprise de travail en intérim. Elle acceptait tout ce qui se présentait.