Comme le souffle du papillon - Gabriel C. - E-Book

Comme le souffle du papillon E-Book

Gabriel C.

0,0

Beschreibung

Un thriller psychologique et fantastique à la Stephen King !

Résumé de la 4e de couverture :

On prétend que le simple battement des ailes d'un papillon peut changer le cours des choses et provoquer une réaction en chaîne funeste.


Naomy, jeune femme insatisfaite, va le découvrir à ses dépens.

Tout commence par une séance d'hypnose où elle va pouvoir revivre un événement de sa vie et le modifier par la pensée. Un exutoire à ses frustrations ? Peut-être pas. Lorsque Naomy se rend compte qu'elle peut transformer son existence, elle ne va pas hésiter à revenir en arrière, toujours plus loin, cherchant désespérément à retrouver ce qui n'aurait jamais dû être altéré.

À force de vouloir être maîtresse de son destin, elle sent qu'elle en perd inexorablement le contrôle.




À PROPOS DE L'AUTEUR




Gabriel C. a grandi à Couillet et vit à Roselies, en Belgique. Elle est mère de deux enfants et travaille dans l’enseignement. Même si elle a toujours écrit, c’est en 2019 qu’elle se lance dans la littérature avec une nouvelle intitulée "Jour après jour", histoire adaptée en long métrage dans un film indépendant belge.

Son premier recueil de nouvelles voit le jour en 2020.

En 2021, elle sort son premier thriller sous le titre "Le Bal des Psychopathes (Enragée)", suivi du roman "Les Yeux

Crépusculaires" en 2022. La même année, elle écrit un autre recueil "(IM)PULSIONS".

Son dernier recueil de nouvelles sort en 2023 sous le titre Âmes fragmentées.

En 2024, "Comme le souffle du papillon", son troisième roman, est sa première collaboration avec Les Éditions Panthère.









Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 154

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Couverture

 

COMME LE SOUFFLE

DU PAPILLON

De la même auteure :

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

Épilogue

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute reproduction, adaptation et traduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Ces représentations ou reproductions, par quelque procédé que ce soit, constitueraient donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Tous droits réservés.

© Les Éditions Panthère 2024 – CC asbl – Liège/Belgique

www.editions-panthere.com

 

ISBN : 978-2-931212-10-3

Couverture : © planetg.be   

 

Page de titre

Gabriel C.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COMME LE SOUFFLE

DU PAPILLON

Roman

 

 

 

 

 

Éditions Panthère

De la même auteure :

 

 

Enragée – Le bal des Psychopathes, thriller, autoédition, 2021.

 

Les yeux crépusculaires, thriller, Évasion Éditions, 2022.

 

(Im)pulsions, nouvelles, autoédition, 2022.

 

Âmes fragmentées, nouvelles, autoédition, 2023.

 

 

L’effet papillon est le phénomène suivant lequel

un événement minime et lointain peut provoquer

une importante conséquence indirecte et insoupçonnée.

 

 

 

 

1

 

Naomy inspira profondément. Elle se sentait lasse et passablement énervée par les cris qui lui parvenaient de l’étage. Ses deux filles étaient en train de se quereller et leurs voix lui tapaient sur les nerfs. Nathalie, qui venait de fêter ses dix ans, dévala les escaliers pour se jeter aux pieds de sa mère. Comme à son habitude, elle fit une scène digne d’un grand drame.

– Clem a pris ma nouvelle poupée… gémit-elle.

La jeune femme tenta de calmer son aînée, même si elle savait que c’était peine perdue. Après tout, elle était assez grande pour comprendre.

– Elle ne te l’a pas prise, elle l’a juste empruntée. Tu as des tonnes de jouets. Tu peux en laisser un à ta petite sœur.

– Je veux mon jouet ! Il est à moi… pleurnicha la gamine.

La mère comprit qu’il ne servait à rien de discuter. L’attitude de Nathalie commençait à l’exaspérer. Ou elle mettait un terme à cette dispute ou elle allait devoir entendre ses jérémiades encore des heures. Et elle n’était pas certaine de pouvoir supporter cela.

En désespoir de cause, elle se dirigea vers le couloir exigu.

– Clem, descends, veux-tu ? dit-elle dans la cage d’escalier.

Une tornade blonde entra dans la cuisine.

– Oui, maman ?

– Veux-tu bien rendre à ta sœur son nouveau jouet ?

– Elle ne jouait même pas avec.

– Non, j’ai trop peur de l’abîmer, répondit Nath.

– Ça sert à quoi un jouet qu’on ne touche pas ? rétorqua la plus jeune.

Naomy ne put réprimer un sourire. Malgré ses cinq ans, sa cadette était bien plus mûre et plus lucide que son aînée. Même si elle adorait ses deux filles, elle devait bien admettre qu’elle avait une légère préférence pour la plus jeune. Cela faisait-il d’elle une mauvaise mère ? Elle ne le pensait pas. Il s’agissait juste de caractères divergents.

Nathalie avait tout pris de son père. Elle possédait son côté ténébreux avec ses cheveux foncés et ses yeux noirs. Elle était autoritaire, sûre d’elle et ne laissait pas les autres avoir leurs propres opinions. Tous les travers de David se retrouvaient dans leur aînée.

À l’inverse, sa Clémentine lui ressemblait énormément. Tant physiquement, avec son regard clair, son petit nez retroussé et ses taches de rousseur, que dans sa façon d’être. Elle était enjouée, fonceuse, sociable, tout comme elle.

La jeune femme fronça les sourcils. C’était en effet comme cela qu’elle se voyait avant de s’effacer telle une fumée devant sa vie qui, elle devait bien l’admettre, n’était pas celle qu’elle avait espérée. L’emprise que son époux avait sur elle l’avait radicalement changée. Elle s’était muée en une personne passive, effacée, peu sûre d’elle. Une pâle copie de la Naomy qu’elle avait été. Sa cadette risquait-elle de devenir comme elle ?

Les pleurs de sa fille aînée la ramenèrent à ses préoccupations. D’un geste plus brusque qu’elle n’aurait voulu, elle arracha l’objet de la discorde des mains de Clémentine et décida de garder la poupée avec elle. Les deux fillettes tentèrent de protester, mais un regard assassin de leur mère suffit à les faire remonter dans leur chambre, chacune campant sur ses positions.

Naomy ouvrit la porte et sortit dans le jardin. Elle n’avait jamais eu autant besoin d’une cigarette qu’à l’instant présent. Cela faisait cinq ans, presque six, qu’elle avait arrêté de fumer. La jeune femme avait réussi à tenir tête à son époux lors de sa première grossesse, mais avait rendu les armes pour la seconde. Entendre à longueur de journée qu’elle mettait en péril la santé de son enfant avait été encore plus insupportable que les nausées du matin.

Elle tenta de se calmer et fit le point sur son existence. Elle était mère de deux filles, certes adorables, mais qui avaient tendance à lui taper sur le système. Sa nervosité pouvait s’expliquer par sa vie professionnelle qui ne la satisfaisait pas. Au lieu de gravir les échelons comme elle se l’était imaginé au début de sa carrière, elle avait stagné dans son rôle inintéressant. La jeune femme avait raté une occasion qui aurait pu changer sa vie et cela, elle ne se le pardonnait pas. Elle avait préféré travailler à temps partiel plutôt que de voir son échec professionnel en face.

Les sentiments qu’elle éprouvait pour David, son époux, s’étaient détériorés au fil des années. Son ascendant sur elle l’étouffait. Elle se sentait prise au piège d’une vie insignifiante. Son mari était en partie responsable de ses frustrations, mais elle y avait contribué par son inertie, sa soumission totale au mâle alpha. Elle s’était laissée guider par David sans jamais oser s’imposer. Il suffisait de regarder leur maison. C’était lui qui l’avait choisie. Ne laissant à son épouse aucun autre choix. Elle détestait cette bâtisse. Elle haïssait ses voisins, beaucoup trop bruyants. Mais comme son époux était comblé, alors, elle devait l’être aussi. Elle serra rageusement les poings. Même ses antidépresseurs n’arrivaient pas à gommer les pans obscurs de son existence.

Elle aurait donné tout ce qu’elle possédait pour avoir une autre vie.   

 

 

 

2

 

Elle se plia en deux sous l’effet d’une crampe. Elle était à cran depuis plusieurs jours et son corps lui envoyait un signal d’alarme. Elle savait pertinemment ce qui la mettait dans cet état. Actuellement, il ne s’agissait pas de sa vie sans intérêt, mais de l’anniversaire de sa belle-mère.

Elle s’assombrit en pensant à la manière perfide dont son époux avait usé pour la placer dans cette situation invivable.

Quelques semaines plus tôt, la fratrie s’était réunie pour échanger leurs idées sur la surprise qu’ils souhaitaient faire à leur chère maman. Soixante-dix ans, cela se fêtait dignement. Ils parlaient tous de grande réception, dans un endroit chic. Cependant personne n’avait vraiment le temps d’œuvrer à cet événement. La discussion tournait en rond lorsque David avait proposé à ses frère et sœur que Naomy s’occupe de tout. Certes, son épouse travaillait, mais elle disposait d’un horaire plus allégé que les autres puisqu’elle n’était au boulot que deux jours par semaine. De plus, elle était douée pour organiser des soirées mémorables. Les traîtres qui étaient présents avaient pratiquement applaudi devant cette proposition. Elle, comme une imbécile, n’avait pas osé broncher. Pourtant, en y repensant à tête reposée, ils auraient très bien pu dénicher une autre solution qui ne l’impliquait pas personnellement. Après tout, elle n’était que la bru, une étrangère dans cette famille.

Elle rentra dans la maison, l’esprit en ébullition. La douleur devenait insupportable, elle devait prendre quelque chose pour la soulager.

Ce fut en fouillant dans son sac pour trouver des analgésiques qu’elle tomba sur une carte de visite.

Naomy ne se rappelait plus comment elle était entrée en possession de ce morceau de papier rigide, mais le mot écrit en gras l’attirait irrésistiblement.

Elle se dirigea vers le bureau et alluma son ordinateur. Elle tapa le nom inscrit sur l’invite et atterrit sur le site officiel. Elle put lire que le docteur Bacle était un éminent psychiatre. Il pratiquait l’hypnose pour libérer le corps et l’esprit. En dessous, une série de témoignages attestaient de son efficacité. Elle hésita. Elle n’avait jamais consulté auparavant, mais la situation devenait insupportable. Peut-être que ce médecin pourrait l’aider ?

Sur un coup de tête, elle s’empara de son téléphone et composa le numéro. Après deux sonneries, une agréable voix féminine se fit entendre. Naomy se racla la gorge et demanda s’il était possible de prendre un rendez-vous avec le praticien. La secrétaire lui répondit qu’il y avait justement un désistement aujourd’hui et que le docteur Bacle pouvait la recevoir à dix-neuf heures trente. Cela lui convenait-il ? La jeune femme accepta avec empressement. Elle fournit les informations nécessaires et raccrocha.

Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte que tout cela était de la folie. Elle ne pouvait pas s’absenter à une heure aussi tardive sans donner des explications à David. Son mari ne manquerait pas de lui dire qu’elle n’avait pas besoin de consulter. Elle était à deux doigts de refaire le numéro pour annuler lorsqu’elle pensa à Jennifer. La seule personne qui pouvait l’aider.

Elle tapa son prénom dans son portable et les chiffres apparurent sur l’écran. Elle appuya sur la touche d’appel et pria pour que son amie décroche.

Elle respira quand elle entendit la voix de la jeune femme.

– Jen, c’est moi.

– Oui, je sais. Ton nom s’est affiché.

– J’ai un service assez particulier à te demander.

– Oh ! tu vas rencontrer clandestinement un bel étalon et tu as besoin que je te serve d’alibi ?

– C’est presque ça.

Naomy s’amusa du silence qui suivit. Elle imaginait Jennifer en train de s’interroger sur les raisons de tous ces mystères. Elle décida de ne pas prolonger le supplice.

– Je voudrais aller consulter un psy. Mais le rendez-vous est assez tard et je ne vois pas comment m’esquiver sans que David me pose mille questions.

– Et sans qu’il essaye de te décourager, ajouta Jen.

Son amie les connaissait sur le bout des doigts.

– Exactement.

– Tu veux que je vienne te chercher ? Je peux dire à Marc que nous allons boire un verre.

– Tu lis dans mes pensées.

– Ok, pas de souci. Hum, Naomy…

– Oui ?

– C’est vraiment un psy que tu vas voir ?

– Si je devais un jour tromper mon mari, je ne te mettrais jamais dans l’embarras. Tu le sais, non ?   – Bien sûr ! C’est stupide de ma part. À tout à l’heure.

– Merci. Tu ne peux pas te rendre compte comme c’est important pour moi.

– C’est fait pour ça les amies.

Elle raccrocha le cœur plus léger. Assise face à son ordinateur, elle rit à l’idée qui était passée dans l’esprit de Jen. Un amant ! Comme si elle en avait le temps ou l’envie.

 

 

 

 

 

3

 

David rentra vers dix-huit heures. Comme tous les jours, le dîner se trouvait sur la table, prêt à être dévoré. Il embrassa ses filles ainsi que sa conjointe et se mit sans tarder devant son assiette.

– Comment s’est déroulée ta journée, mon amour ? s’enquit Naomy.

– Comme d’habitude, tu t’en doutes bien. Éreintante et ennuyante, répondit son époux.

La jeune femme eut la sensation que cette scène se répétait inlassablement, jour après jour. Les mêmes questions, les mêmes réponses. Toujours dans le même sens. Pas une seule fois son mari ne lui demandait comment sa journée s’était passée. Pas une seule fois il ne s’inquiétait de savoir ce qu’elle avait fait à la maison ou au boulot.

Son regard s’attarda sur ses épaules affaissées, sur sa tignasse brune qui avait besoin d’un bon coup de ciseaux, sur son visage défait. Elle se disait qu’il avait bien changé en quelques années. Où était le jeune homme plein d’entrain et pétri de charme qui l’avait fait craquer ? Elle repensa aux paroles de son amie. Un amant… Elle délirait. Il fallait qu’elle se reprenne. En songeant à Jennifer, elle enchaîna :

– Jen vient me chercher ce soir.

– Pour faire quoi ?

– Nous allons boire un verre.

– Depuis quand sors-tu en pleine semaine ?

Elle allait perdre ce duel. Elle devait trouver une échappatoire.

– Nous allons surtout parler de l’anniversaire de ta mère. J’ai besoin d’idées et je me sens un peu démunie face à l’ampleur de la tâche.

Elle espérait ainsi le mettre mal à l’aise. Pourtant, ce n’était pas dans les habitudes de David.

– Tu en es tout à fait capable, ma chérie. Mais si cela peut te rassurer de discuter avec Jen, pourquoi pas ?

– Merci.

Elle avait surtout envie de l’insulter. Elle se sentait encore une fois diminuée. Comment pouvait-elle s’écraser à ce point ? Elle aurait voulu lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Elle s’arrêta à temps. Elle avait vraiment besoin de voir ce psy. Les hostilités attendraient encore un peu.

Elle débarrassa la table et vérifia que les filles s’étaient bien lavées. Elle leur souhaita bonne nuit et fut fin prête à partir. Lorsque la sonnette retentit, elle n’eut pas un moment d’hésitation. Elle embrassa son mari et sortit pour s’engouffrer dans la voiture de Jen.

– Tu as l’adresse ? s’enquit Jennifer.

– Oui, tu veux que je la rentre dans ton navigateur ?

– Ce serait gentil.

Son amie attendit qu’elle finisse pour reprendre :

– Tu es si mal que ça ?

– Pour être honnête, oui.

– Est-ce que David s’en est aperçu ?

– Tu le connais. Il ne voit que ce qu’il a envie de voir.

– Je sais, mais tu devrais quand même lui en parler.   Elle regarda la jeune femme assise à côté d’elle et sourit : leur rencontre était la meilleure chose qui lui était arrivée en achetant cette horrible maison.

Jennifer et elle avaient fait connaissance un peu après leur emménagement. Jen, qui habitait le quartier depuis plusieurs années avec son mari Marc, l’avait abordée à la supérette du coin. Les deux jeunes femmes s’étaient très vite liées d’une amitié sincère et avaient entraîné leur mari respectif dans cette folle aventure.

Au fil des années, une affection indéfectible s’était tissée entre elles. Si Jennifer n’avait pas été là pour Naomy, elle n’aurait jamais tenu le coup. Une vague d’amour la submergea. Elle savait que son amie serait toujours présente à ses côtés et cela valait tous les sacrifices qu’elle avait endurés.

 

 

 

 

 

4

 

La petite Peugeot se gara dans l’allée d’une jolie villa. Les deux femmes observèrent la bâtisse.

– Tu as introduit la bonne adresse ? s’enquit Jennifer.

– Oui. Regarde, il y a une plaque.

Naomy descendit de la voiture et alla jusqu’au petit écriteau. Pas d’erreur possible, elles étaient bien au bon endroit. Elle retourna près de son amie qui avait ouvert sa vitre pour fumer.

– C’est bien ici. J’en ai pour une heure. Est-ce que ça te dérangerait de m’attendre ?

– Pas de problème. J’ai apporté un bouquin.

– Ça parle de quoi ?

– De psychopathes.

– Tout un programme !

– Oui, j’adore. Bon, amuse-toi bien !

Elle ne comprenait pas l’attrait de son amie pour ce genre de lecture. Elle détestait avoir peur. C’était l’un des rares points qui les séparaient. Naomy était plutôt fleur bleue. Elle aimait les histoires d’amour qui se finissaient bien. Jen appréciait les écrits emplis de violence et de meurtres. Ne dit-on pas que les extrêmes s’attirent ? Dans leur cas, cela se vérifiait.

Naomy se dirigea vers l’entrée principale et, avant de sonner, s’aperçut qu’il y avait une flèche indiquant un autre chemin sur le côté de la maison. Elle l’emprunta et se retrouva devant une porte vitrée. Elle appuya sur la sonnette et attendit. Cinq secondes plus tard, l’interphone se mit en route et une voix féminine lui répondit. Naomy déclina son identité et la porte s’ouvrit.

Elle pénétra dans un couloir long et étroit. Sur les murs beiges, des tableaux représentaient les différentes saisons. Elle s’installa sur un des sièges mis à disposition et regarda sa montre. Elle avait cinq minutes d’avance. Elle essaya de respirer à fond pour se calmer. Elle sentait son cœur battre à deux cents à l’heure.

Quelques secondes plus tard, une porte latérale s’ouvrit et une jeune femme dans la trentaine apparut. Elle était grande et mince. Naomy ne put s’empêcher de se dire que cette personne avait vraiment toutes les qualités physiques pour l’emploi. Voir son sourire ultra blanc mettait en confiance. Elle ne doutait pas un instant de ses compétences. La secrétaire devait être quelqu’un d’efficace.

Cette dernière introduisit Naomy dans une pièce où se tenait un homme. Celui-ci était penché sur son bureau en train d’écrire. Lorsque la secrétaire nomma la nouvelle patiente, le médecin releva la tête.

Il devait avoir une trentaine d’années également. Des cheveux foncés coupés court encadraient un visage engageant et sympathique. Son sourire semblait sincère et mettait en confiance le patient.

Décidément, se dit Naomy, ils étaient tous les deux les archétypes mêmes de la profession. Couchaient-ils ensemble ? Elle rougit. Que lui était-il passé par la tête pour se poser pareille question ? C’était à cause de Jen et de ses histoires d’amant. Elle se reprit en espérant que le médecin ne lisait pas dans son esprit.

Le docteur Bacle pria la jeune femme de prendre place dans un grand fauteuil lie-de-vin. Naomy en profita pour regarder autour d’elle. Au contraire du couloir, qui lui semblait très impersonnel, la pièce paraissait accueillante. Les murs d’un gris foncé étaient habillés de différents tableaux – beaucoup plus beaux que les autres – qui donnaient un aspect chaleureux à la pièce. Les meubles, à l’esthétique très contemporaine, renvoyaient une image de luxe, mais sans le côté ostentatoire. Assurément, l’homme avait du goût. En face d’elle, Naomy remarqua un tableau qui l’apaisa immédiatement. Il s’agissait de la représentation d’un arbre majestueux. Les couleurs douces de la toile procuraient à l’observateur un sentiment de bien-être. Les racines bien ancrées dans le sol symbolisaient l’essence même de la vie. « Une bien belle œuvre », pensa-t-elle.

Le psychiatre ouvrit un carnet et prit la parole.

– Bonjour madame Granger, je vois que c’est la première fois que vous venez me voir.

– Tout à fait.

– Avez-vous déjà consulté auparavant un de mes confrères ?

– Non, c’est la première fois que je prends cette initiative.

– D’accord. Expliquez-moi ce qui vous a poussée à venir me voir.

– Je suis très nerveuse ces derniers temps.

– Je vois. Savez-vous pourquoi ?