Corona mon amour - Sameh Saleh - E-Book

Corona mon amour E-Book

Sameh Saleh

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Beschreibung

"Corona mon amour" explore les ramifications des problèmes engendrés par la pandémie. Il s’agit avant tout d’une reconnaissance profonde envers les professionnels de la santé qui ont déployé des efforts incommensurables pour assister les patients, tout en étant soumis à un stress multiforme. C’est également un hommage poignant à notre nation et à une planète qui, plus que jamais, cherche son chemin.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Sameh Saleh, psychiatre et traducteur – français/arabe –, se spécialise dans la thérapie cognitive par la méditation de pleine conscience. Il a traduit des ouvrages majeurs tels que Méditer jour après jour de Christophe André publié en Égypte et Méditer pas après pas de ses mentors à l’hôpital Sainte-Anne publié au Liban. Il explore l’écriture pour poser des questions ouvertes au monde, sans chercher de réponses définitives, et partager cette expérience pour aider les autres à avancer. Ce livre est sa première publication en français.

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Seitenzahl: 54

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Sameh Saleh

Corona

mon amour

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Sameh Saleh

ISBN : 979-10-422-0914-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Michel et Régine

Il portait les péchés du monde

Sur ses épaules

Et marchait,

Limité par son corps…

Il y a deux mille ans

Jésus-Christ était un homme

Aujourd’hui il est devenu un pays !

Matin

Il se regarde dans le miroir et commence à ajuster sa tenue. Il veut se rassurer de l’absence de tout pli, angoissé, comme s’il était en train de se préparer pour aller à une soirée importante, ou comme s’il attendait un être cher.

Les rides marquent son visage et remontent sur son front, couvrant jusqu’au sommet de sa tête chauve puis redescendent sur les côtés où retombent quelques cheveux fins, seuls vestiges de ses cheveux blancs et mal coiffés. Ses épaules s’incurvent vers l’intérieur et le bas comme après une vie passée à faire la révérence. Dans ses articulations règnent une rigidité ainsi que quelques douleurs.

Il fait les cent pas dans le salon assombri par d’épais rideaux qui empêchent la lumière du matin de pénétrer dans la pièce. Il s’approche des rideaux de temps à autre, hésitant, il les écarte un peu pour risquer un regard soucieux vers la rue, puis il soupire avant de reprendre ses pas lents.

Le salon est très bien rangé. Les meubles et les objets semblent ne pas avoir été déplacés depuis des années. L’air est un peu lourd et humide par manque d’aération. Les tableaux et les statuettes sur les étagères ont l’air de faire partie intégrante des murs.

Au milieu, trône une table en bois massif et ancien, entourée comme une reine par six chaises qui la gardent sans bouger depuis des années comme de fiers et rudes chevaliers. Sur la table, un tas de courriers fermés et épars. Sur la cheminée qui n’a pas vu de feu depuis des années et reste solitaire et froide, se dresse une rangée de verres et de théières en faïence que personne ne touche plus. Au-dessus, accrochée au mur, la photo encadrée d’un homme avec sa femme et deux enfants souriants.

Il s’arrête devant la photo et reste là un moment, mais son visage ne change pas d’expression, comme si ces personnes dans la photo n’avaient jamais existé. Comme si elles avaient disparu dans un puits sombre il y a bien longtemps, ou s’étaient égarées dans des contrées recouvertes de brumes. Ce brouillard se dissipe parfois, mais aussitôt revient, enveloppant tout. Alors, cette photo n’a plus aucun sens pour lui en dehors du mur vert sur lequel elle s’appuie. Ce mur qui est devenu avec le temps une source de tendresse et de calme pour son âme. Peut-être parce qu’il a une couleur n’ayant de lien avec aucune émotion, avec aucun souvenir enfui et désormais inaccessible à son esprit. Ou peut-être, tout simplement, s’agit-il d’une couleur neutre et froide !

Après avoir fait quelques pas de plus, il s’approche encore de la fenêtre fermée par les rideaux qu’il écarte une seconde fois et, avec douceur et attention, il fixe l’extérieur du regard, observant la rue étroite et vide, entièrement pavée, sauf à quelques endroits où des pavés arrachés ont fait place à des trous.

Il se demande, tandis que des pensées tentent d’affluer dans son champ de conscience, qui a bien pu prendre ces pavés. Peut-être est-ce un groupe d’étudiants parisiens en colère, qui les a arrachés pour affronter la police, ou peut-être est-ce tout simplement le temps qui a fait son œuvre plus lentement ! Mais il se rappelle à ce moment-là qu’il habite le Sud de la France et non à Paris.

Il déploie son regard tout au long de la rue puis il le fixe sur la maison d’en face. Soucieux, il tire une chaîne en argent de son gousset et regarde la montre accrochée au bout de la chaîne. Le jour commence et les rayons du soleil n’ont pas encore atteint le milieu de la rue. Ils ne l’ont pas encore traversé pour frapper sur les portes des maisons en face de leur lumière. Une peur soudaine l’envahit, il lui semble qu’il a oublié la raison pour laquelle il regarde par la fenêtre. Son cœur se met à battre plus vite et il comprend qu’il a sûrement oublié de faire quelque chose de très important, ou plutôt deux choses importantes.

Il s’efforce de faire renaître ses souvenirs quand il constate qu’il a oublié de prendre son petit déjeuner et que ça fait deux semaines, ou peut-être plus, que son assistante de vie ne vient plus tous les matins pour lui préparer son petit déjeuner délicieux, ranger la maison puis lui préparer le déjeuner avant de partir. C’est ainsi et, depuis des années, il s’est habitué à la voir tous les jours. Pourquoi donc ne vient-elle plus ? Et pourquoi personne ne vient-il à sa place ?

Elle était venue le voir, il y a deux semaines. Elle était restée à l’extérieur, à un mètre ou deux de l’entrée qui était revêtue de plantes grimpantes desséchées. Il avait vu sur son visage des traces discrètes d’ébahissement et de peur, ce visage éclairé par deux grands yeux brillants comme des grains de grenade et où se dessinait un sourire abattu, forcé. Elle s’était mise à lui expliquer à l’aide d’un discours vague et rapide comment le gouvernement ici, comme partout dans le monde, avait validé des mesures exceptionnelles. Ils avaient interdit la circulation, les visites et le regroupement. Les gens devaient rester chez eux sans sortir sauf nécessité vitale.

Il avait eu, à ce moment-là, l’étrange impression qu’elle ne savait ou ne comprenait rien de ce qui se passait. Lui, à son tour, il ne comprenait de ses longues phrases que quelques mots, par-ci par-là, entre deux arrêts, entre deux soupirs ; la Chine… Virus… Confinement (ou peut-être qu’elle voulait dire le Couvre-Feu).