Coupable ou innocent, à vous d’en juger - Saïd Meziati - E-Book

Coupable ou innocent, à vous d’en juger E-Book

Saïd Meziati

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Beschreibung

Dans la pénombre oppressante d’une nuitée où tout bascule se dessine l’histoire d’une tragédie qui dépasse l’entendement. L’ami de l’auteur, homme respecté et cadre supérieur dans un pays arabe, vit dans un monde où les traditions inflexibles et les lois rigoureuses se heurtent à des réalités insondables pour l’Occident. Tout commença par une simple dispute, comme il en éclate dans bien des foyers. Pourtant, cette querelle, dans l’obscurité trompeuse d’une nuit ordinaire, prend une tournure fatale : la chute mortelle de son épouse, femme aimée et mère de leurs trois enfants, dévalant les escaliers de leur demeure. Ce qui semblait un simple accident tragique se transformait en un secret insoutenable, chargé d’un fardeau impossible à porter, enterré dans les profondeurs d’un jardin silencieux. Là, sous les étoiles muettes, naquit un mystère que personne ne devait jamais découvrir.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Saïd Meziati a enfin réalisé un rêve qui lui tenait particulièrement à cœur : écrire son premier roman. Ce fut une expérience unique, où chaque mot a contribué à l’édification d’univers entiers, insufflant la vie à des personnages et dévoilant des émotions longtemps enfouies en lui. L’écriture, bien plus qu’un simple acte créatif, s’est révélée être un véritable chemin d’introspection, une voie précieuse qui lui permet d’établir un lien profond et authentique avec le monde.

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Seitenzahl: 290

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Saïd Meziati

Coupable ou innocent,

à vous d’en juger

Roman

© Lys Bleu Éditions – Saïd Meziati

ISBN : 979-10-422-5367-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

À mon amie Ouaffa et à toutes les femmes

victimes de violences conjugales et de féminicides.

Préface

Au cœur d’une nuit pesante, entre mystères et ombres, se dessine le récit d’une tragédie qui va bien au-delà des apparences. C’est l’histoire de mon ami, un homme respecté, un cadre supérieur établi dans un pays arabe, où les traditions et les lois peuvent sembler étrangères aux yeux du monde occidental.

Tout commença par une dispute, comme celles qui animent parfois les foyers, mais qui cette fois-ci, dans l’obscurité voilée d’une nuit ordinaire, prit une tournure funeste. Une dispute qui aurait conduit à un drame inattendu : la chute mortelle de son épouse, une femme aimée et mère de trois enfants, descendant les escaliers de leur demeure.

Mais ce qui aurait dû être un accident tragique s’est rapidement mué en un sombre secret, enfoui dans les replis d’un jardin silencieux. Mon ami, rongé par la peur et le poids des traditions qui dictent les règles de cette société archaïque où il vit et travaille, a pris une décision lourde de conséquences : enterrer sa femme dans l’intimité de leur jardin, sans en révéler un mot à quiconque.

Dans un pays où les lois et les normes sociales diffèrent de celles que nous connaissons, où la justice peut être une énigme complexe, mon ami se trouve désormais confronté à un dilemme éthique déchirant. Doit-il révéler la vérité au risque de sa propre réputation et de celle de sa famille, ou bien garder enfoui à jamais le secret qui le consume ?

Mais était-ce réellement un accident ? Mon vieil ami ne me cacherait-il pas une autre vérité plus machiavélique ?

Cette enquête, plongée dans les méandres d’une culture étrangère et confrontée aux enjeux universels de la vérité, de la justice et de la moralité, nous invite à questionner nos certitudes, à explorer les nuances de l’âme humaine et à réfléchir sur les liens qui unissent l’amour, la loyauté et le devoir.

Au fil des pages qui suivent, je vous convie à découvrir cette histoire poignante et troublante, où les frontières entre le bien et le mal s’effacent dans l’obscurité de la nuit, et où la quête de vérité nous mène sur des chemins tortueux, peuplés de secrets et de mensonges.

Pourquoi l’ai-je écouté et surtout, promis de réfléchir pendant quelques jours avant de lui donner une réponse ? Est-ce par une espèce d’orgueil, de « curiosité malsaine ou morbide » ou simplement, ai-je été flatté que cet ami, que je n’ai pourtant plus vu depuis plus de 20 ans, me demande d’écrire et d’essayer de faire éditer un livre sur sa vie et particulièrement sur un drame, une douloureuse histoire familiale !

Et au fond, pourquoi moi ? Par quel hasard cette histoire qui aurait pu être un « banal » fait-divers familial à l’époque, est arrivée de si loin, d’un autre continent, sonner à ma porte et me faire porter cette énorme responsabilité !

Au fond de moi, tout à coup, je me sentais presque complice du drame qu’il allait me raconter…

Un secret si lourd à porter pour cet homme, mon vieil ami d’enfance, aujourd’hui père de famille de 3 enfants – dont certains maintenant sont adolescents et/ou jeunes adultes – écrasé par la souffrance et les remords pendant plus de 3 ans !

Daniel, que je n’avais plus revu physiquement depuis tant d’années et qui me contacte d’abord via Facebook quelques jours auparavant pour me dire qu’il était de passage à Bruxelles juste une semaine pour rendre visite à ses proches et ensuite, si c’était possible, venir me voir à Liège où j’habitais depuis mon divorce il y a bientôt 10 ans.

Après lui avoir donné mon nouveau numéro de portable, nous avions donc convenu qu’il me téléphonerait 2 jours avant son départ pour le pays arabe où il a élu domicile et travaille encore depuis plus de 20 ans.

Dans nos échanges de messages, je lui avais proposé de passer déjeuner chez moi à la maison plutôt que de nous voir dans un établissement. Après plus de 20 ans, nous avions tellement de choses à nous raconter et comme mon épouse travaillait encore, ce serait plus convivial de le faire en tête-à-tête chez moi… je ne savais pas alors combien cette invitation à la maison l’arrangeait ! c’est seulement le jour de son appel que j’allais percevoir au ton de sa voix que mon vieil ami avait changé ou, en tous les cas, avait vraisemblablement quelques vrais soucis. Je l’avais toujours connu joyeux, de bonne humeur et avec un humour certain mais au bout du fil j’avais une personne avec une intonation de voix sérieuse et même soucieuse.

Quand il s’est présenté à ma porte ce matin du lundi 13 juin à 13 h tapantes comme prévu, même s’il était super bien habillé (Daniel gagnait très bien sa vie) – il portait un magnifique costume Boss de couleur bleu ciel impeccablement bien coupé, avec une chemise blanche, une montre Breitling Navitimer (il portait son rêve de pilote à son poignet) de plus de 20 000 € et des chaussures haut de gamme, brunes de marque Orban, du créateur Marcos Fernandez – je l’ai trouvé soucieux, amaigri et il avait les traits tirés qui le vieillissait de 10 ans !

Après avoir parlé de notre vie, de nos souvenirs d’enfance, de nos anciens amis, de notre vieux quartier bruxellois où nous avions grandi et de notre vie professionnelle (surtout la sienne qui était beaucoup plus passionnante), avec un bon verre de thé à la menthe, le visage de Daniel s’est soudainement assombri au moment où j’ai demandé des nouvelles de Ouaffa, son épouse…

Après m’avoir regardé droit dans les yeux pendant presque une minute sans rien dire, il a détourné son regard vers le jardin, s’est levé toujours silencieux et d’un air mystérieux pour se diriger vers la baie vitrée qui donnait sur ma pergola où dormait, sur notre canapé, la gentille petite chatte grise et blanche d’un des voisins du lotissement que j’avais surnommé « Oufti » (terme typiquement liégeois qui marque la surprise ou l’étonnement).

Le regard toujours lointain, il m’a alors sorti froidement cette phrase que je n’oublierai plus jamais de ma vie : « Ouaffa est décédée il y a environ 3 ans et… je l’ai enterrée dans mon jardin » !

Je suis resté pétrifié ! plus aucun mot ne voulait sortir de ma bouche et d’ailleurs, je n’en avais aucun qui me venait à l’esprit…

J’avais véritablement l’impression d’être acteur d’une scène de série policière !

Ce jour-là si je n’avais pas vu son visage devenu blême et ses yeux emplis de larmes, j’aurais pensé qu’il était en train de me jouer une blague de très mauvais goût !

Après un moment de silence qui m’a paru une éternité et avant même que je ne reprenne mes esprits, il est revenu s’asseoir en face de moi, les yeux larmoyants, et m’a confirmé que c’était justement l’objet de son appel insistant et de sa visite chez moi.

Daniel m’a alors demandé d’écouter attentivement, sans l’interrompre, sa triste histoire de couple et le drame qui s’en est suivi à la fin d’une soirée lors d’un week-end du mois de décembre 2019. Une nuit qui allait se transformer en cauchemar et le faire plonger dans l’horreur alors qu’ils rentraient chez eux, son épouse et lui et qu’ils avaient passé, croyait-il, une belle soirée en amoureux dans le meilleur resto de la ville.

L’histoire, que Daniel devait me narrer cet après-midi-là, était digne d’un polar de Mary Higgins Clark ou de Joël Dicker.

Aujourd’hui encore, j’ai l’impression de l’avoir rêvée !

Mais avant de poursuivre, le visage grave, il m’a fait promettre de ne rien révéler à personne même pas à mon épouse et que tout ceci devrait impérativement rester secret au nom de notre longue et vieille amitié. Daniel ne voulait pas non plus que je dévoile le pays où il vivait, les noms des personnes et de la multinationale pour laquelle il travaillait, dans cet éventuel livre qu’il aurait voulu que j’écrive… il me connaissait et savait depuis notre enfance qu’il pouvait compter sur ma discrétion.

Ses conditions étaient les suivantes : je pouvais respecter totalement la chronologie de son récit, la description détaillée des évènements mais en évitant de dévoiler non seulement les vrais noms mais aussi rester absolument dans le vague en ce qui concerne les dates et les lieux. Personne ne devait pouvoir remonter jusqu’à lui et faire du tort à ses enfants et à sa famille en lisant mon écrit, avant qu’il ne prenne lui-même la décision de tout révéler… et il en était conscient, cela arrivera un jour ou l’autre ! surtout après la parution du livre que je devais écrire… si un jour il devait être édité bien sûr !

Bien évidemment, il avait conscience que ce qu’il demandait ne serait pas du tout facile à relater, que ce serait très dur aussi techniquement et psychologiquement pour moi mais c’était la condition pour ne pas mettre en péril ce qu’il avait imaginé dans son esprit torturé…

Notre enfance à Bruxelles

Depuis nos études secondaires, mon pote Daniel a toujours été passionné par 2 métiers : biochimiste ou… pilote de chasse !

Depuis l’école primaire, il l’avait toujours affirmé : « je deviendrai un jour soit pilote de jet ou… un grand scientifique » !

Malheureusement pour lui, la vie et surtout ses problèmes d’acuité visuelle en ont décidé autrement. Avec ses petites lunettes rondes à l’époque, il avait de toute façon pour nous, ses copains de classe, plus la tête d’un littéraire ou d’un chimiste que celle d’un pilote de chasse !

C’est quand il a eu 17 ans que Daniel, qui avait commencé à prendre toutes les informations pour intégrer l’armée de l’air belge, avait compris qu’il ne serait jamais pilote de jet. Il avait pour l’œil gauche une correction de « -0,75 » et pour le droit « -1.25 » et malheureusement, pour les pilotes de chasse, c’est tolérance zéro. Il faut avoir obligatoirement une acuité visuelle, sans correction, de 10/10e au moins !

Il avait alors dû choisir, résigné, les études d’ingénieur chimiste après notre rhéto (classe terminale de l’enseignement secondaire en Belgique).

Depuis l’école primaire et une partie du secondaire, Daniel, Urbano (un autre camarade de classe) et moi, nous étions inséparables et nous avions tous les trois la même passion pour les livres d’aventures héroïques des pilotes américains d’avions légendaires de la guerre du pacifique. Nous achetions toutes les bandes dessinées qui traitaient du sujet telles que Dan Cooper, Johnny Red, Tanguy et Laverdure mais plus particulièrement, les fameuses BD’s de « Buck Danny » !

Nous passions quasi tout notre temps libre dans les vieilles librairies du centre-ville pour essayer de dénicher, à moindre prix, la BD qui nous manquait pour compléter notre collection. Chacun d’entre nous avait bien sûr ses propres BD’s que l’on se prêtait juste entre nous trois. Nous avions fait un pacte entre nous : ne pas abîmer, conserver soigneusement et surtout, ne jamais prêter à d’autres copains !

Nos bandes dessinées étaient tellement précieuses pour nous que nous devions toujours les ouvrir d’une certaine manière à la lecture pour ne pas détériorer la reliure et chacun de nous écrivait son nom sur la 1re page pour ne pas risquer de les perdre, de les confondre ou de les oublier !

Et notre plaisir après l’école ou pendant le week-end, c’était de nous retrouver pour discuter des aventures de ce fameux trio, Buck Danny, Jerry Tumbler et Sonny Tuckson, héros d’aviation créé par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon.

Nous étions tellement fans que chacun de nous s’était choisi un surnom de chacun de ces 3 pilotes héroïques. Et tout naturellement, c’était Daniel qui s’était attribué le nom et le rôle de « leader » Buck Danny, notre autre ami Urbano, était devenu Jerry Tumbler et votre serviteur, Sonny Tuckson !

Bien évidemment, comme d’autres jeunes adolescents, nous aimions aussi d’autres bandes dessinées de l’époque comme les Blake et Mortimer, Lefranc, Alix…

Mais nous adorions tellement les aventures des BD’s de Buck Danny, que même à l’école, nous avions notre façon de communiquer entre nous par messages codés !

Nous avions inventé une façon de décoder nos messages chiffrés que nous nous transmettions même pendant les cours. Chacun de nous 3 avait une feuille des codes qu’il utilisait pour lire ces petits papiers que nous faisions circuler en classe d’un élève à un autre, jusqu’au destinataire final, sans qu’aucun autre ne puisse les déchiffrer !

Je me souviens de la fois où notre institutrice avait intercepté un de nos petits papiers au moment où il arrivait chez notre « leader » Buck Danny et se demandait quels étaient ces mystérieux chiffres qui défilaient sur toute une page A4, comme une sorte de punition qu’elle donnait parfois à faire comme devoir, à certains de ses élèves turbulents ! Daniel était resté muet comme une tombe – on s’était tous jurés de ne jamais rien dévoiler de notre stratégie – et avait prétexté que lui-même n’en savait rien ! Notre institutrice avait jeté la feuille à la poubelle et… Daniel était revenu plus tard dans la classe la reprendre en catimini pour déchiffrer son contenu !

Surtout, on ne voulait absolument pas que nos codes se retrouvent en « mains ennemies ». Pour nous, notre instit était devenue la « Lady X » (la mystérieuse et impitoyable mercenaire, ancienne pilote de chasse reconvertie dans le crime organisé) qui était l’ennemie jurée du trio formé par Buck Danny dans beaucoup d’aventures imaginées par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon !

Déjà à l’âge de 15 ans, nous allions souvent rêver au musée Royal de l’armée à Bruxelles où étaient exposés des dizaines d’avions de chasse. Outre les chars, les uniformes et les armes exposés qui placent ce musée parmi les meilleurs au monde de sa catégorie, il y avait, ce qui nous intéressait le plus, un splendide hall de l’aviation de 170 mètres de long, 70 mètres de large et de pas moins de 40 mètres de haut où on pouvait se projeter et imaginer déjà cette excitation que devaient ressentir tous les pilotes, en prenant place aux commandes des appareils légendaires, tels que le Spitfire, le Tiger Moth, le Dakota, leMIG-21 ou le fameux le F-16 qui retracent l’évolution de l’aviation depuis que l’Homme a pu voler.

L’entrée de ce musée était (et est encore) totalement gratuite et cerise sur le gâteau, nous pouvions même nous mettre aux commandes d’un simulateur « Hunter MK6 » qui était accessible au public. Le rêve suprême pour 3 ados qui se voyaient déjà décoller d’un porte-avions pour intercepter les avions ennemis russes et japonais, ou pour attaquer un convoi d’armes !

La rencontre improbable

de Daniel avec sa bien-aimée

Daniel avait rencontré Ouaffa, celle qui allait devenir sa future femme, lors d’un séminaire sur la biotechnologie moléculaire organisé par les Émirats Arabes unis ou, plus précisément, par les différentes multinationales pharmaceutiques dans lesquelles les différents pays arabes (riches) avaient d’énormes intérêts.

Depuis quelques années déjà, beaucoup des pays de la péninsule arabique investissaient sans compter dans les nouvelles technologies, la recherche et les secteurs chimiques et pharmaceutiques. Pour eux, c’était devenu une question de survie après la fin du pétrole qui, d’après les plus grands spécialistes mondiaux, était imminente !

Aujourd’hui encore, on ne parle que de ça dans tous les médias du monde : la production de pétrole devrait inéluctablement connaître une déplétion d’ici une cinquantaine d’années !

Ce séminaire avait lieu à Mascat. Capitale d’Oman, Mascat (ou Musqat) est une ville moderne, nichée au pied des montagnes escarpées et est l’une des villes les plus anciennes et les plus pittoresques du Moyen-Orient. La ville est située dans le nord-est d’Oman et avait d’excellents atouts tant culturels, historiques que panoramiques pour le tourisme pour lequel le pays commençait sérieusement à s’ouvrir. Une autre grande ambition du sultanat pour remplacer la manne de pétrole qui était vouée à disparaître ou, en tout cas, à ne plus être le revenu principal pour l’économie de ce pays.

Cette ville est devenue aujourd’hui, une super destination qui présente un climat chaud et aride avec des étés longs et très chauds et des « hivers » chauds. En été, non seulement les températures atteignent fréquemment jusqu’à 45° mais il y fait généralement aussi très humide !

Il m’avait tellement bien parlé de ce magnifique pays qu’il avait vraiment apprécié aussi par sa tolérance et son ouverture, qu’il avait réussi à me convaincre et que nous allions d’ailleurs mon épouse Nezha et moi découvrir au cours de l’hiver 2019.

Daniel m’avait raconté que ce fameux séminaire avait été organisé en grande pompe par les pays arabes. Non seulement on y trouvait tous les actionnaires des multinationales pharmaceutiques mais aussi, les têtes couronnées (même ennemis) et de tous les pays arabes producteurs de pétrole et de gaz… c’est bien connu, quand il s’agit d’intérêts communs, il n’y a plus d’ennemis – on peut enterrer la hache de guerre avec quelques verres du meilleur champagne à la main – et, comme l’avait déclaré cet empereur romain, Titus Flavius Vespasianus « pecunia non olet » « l’argent n’a pas d’odeur »… de pétrole !

La rencontre de Ouaffa et Daniel n’avait pas été très « banale ». Il était jeune et brillant et elle, benjamine d’une famille de 4 enfants et de 5 ans plus jeune que mon ami d’enfance, était une jeune et jolie femme d’origine algérienne qui avait été très impressionnée et séduite par son savoir, son intelligence et… son caractère réservé et plutôt assez introverti à l’époque !

Les circonstances de leur rencontre m’avaient été narrées il y a plus de 20 ans par Ouaffa elle-même, ici à Bruxelles, lors de nos quelques brèves rencontres où nous avions beaucoup sympathisé, échangé des idées et « refait le monde » pendant les quelques soirées avec tous les vieux ami(e)s de Daniel qui étaient quasi toutes et tous originaires de notre petite commune bruxelloise.

Elle m’avait raconté que c’était pendant l’heure du déjeuner qu’ils s’étaient par hasard retrouvés à la même table après la conférence de la matinée.

Après avoir échangé quelques réflexions sur ce qui avait été dit par les différents professeurs, invités par un conglomérat d’entreprises internationales, sur la thérapie génique, la médecine personnalisée ou encore la synthèse d’une peau par impression 3D dans le secteur des cosmétiques (ce qui intéressait le plus Ouaffa), ils vinrent à discuter des banalités et de leur vie privée.

Comme Ouaffa vivait et travaillait à Paris, elle n’avait jamais pensé le revoir, surtout que pour elle, il n’était visiblement pas sensible à son charme et qu’il lui paraissait ne penser qu’à son métier.

Mais au fur et à mesure de cette semaine de séminaire, ils avaient sympathisé de plus en plus et Daniel, malgré sa timidité presque maladive, s’était « déridé » un peu plus, commençait à être peu à peu plus à l’aise et ressentait une réelle attirance pour cette magnifique femme si joliment typée et issue d’une autre culture que la sienne…

Il sentait bien aussi qu’il ne lui était pas indifférent non plus mais comme à l’époque il était encore assez maladroit et très timide, il ne savait pas du tout comment s’y prendre pour la charmer ou, comme il avait l’habitude de dire à l’époque « pour lui faire la cour » !

Pendant toute cette semaine, ils se retrouvaient tous les jours avec quasi le même petit groupe de 4/5 personnes d’homologues chimistes, biologistes et chercheurs de différents pays avec lesquels ils avaient sympathisé, soit pendant les différents breaks, soit le soir pour dîner ensemble et boire un verre. C’étaient de longues journées de travail et d’échanges bien remplies et ils ne s’attardaient jamais tard au bar de cet hôtel 5* super luxueux, où ils séjournaient et travaillaient tous pendant ce séminaire.

À la fin de leur semaine de travail, c’est finalement Ouaffa qui avait pris la décision d’échanger les numéros de téléphone professionnels avec tout le groupe… mais avait discrètement aussi donné son numéro privé à Daniel !

Elle voulait, par ce geste, l’encourager et lui faire comprendre qu’il pouvait prendre l’initiative de l’appeler même en dehors des heures de travail…

Je me souviens très bien qu’à l’époque, Daniel m’avait appelé au bureau tout excité dès le lendemain de son arrivée de Mascat pour me raconter sa rencontre avec sa belle « Shéhérazade » princesse des mille et une nuits… c’était véritablement un coup de foudre qu’il avait eu pour elle !

Il voulait absolument que l’on se voie le soir même pour me raconter et surtout me demander non seulement conseil mais aussi mon aide pour savoir comment il devait faire pour l’inviter à Bruxelles et comment il devrait s’y prendre ? ou au contraire ne devrait-il pas lui proposer de la voir plutôt à Paris d’abord ? Comme elle était de confession musulmane comme moi, il me demandait s’il pouvait être aussi « entreprenant » dans notre culture pour lui donner rendez-vous ? Et si elle acceptait, comment devait-il se comporter… ?

… Ce soir-là, dans un établissement de Bruxelles, Daniel m’a littéralement noyé sous les questions ! l’homme que j’avais en face de moi n’était plus le jeune manager responsable de toute une équipe de laborantins mais était devenu comme un jeune ado qui avait perdu tous ses moyens car il allait téléphoner pour la 1re fois à sa toute première amoureuse !

Il était tellement stressé et tellement impatient que je lui donne toutes les « clés » pour qu’il puisse enfin la revoir le plus rapidement possible, qu’il en oublia même de me parler des Émirats et de l’expérience de son premier séminaire professionnel dans les pays arabes…

Rien que de parler de sa belle, il en était tout ému… pour lui, il ne devait pas rater cette opportunité que le Bon Dieu avait placée sur sa route ! C’était sûr, cette personne allait… devait devenir sa femme et la mère de ses enfants. il ne pouvait pas en être autrement.

Je lui ai alors d’abord conseillé de rester calme et d’agir normalement comme il le ferait avec n’importe quelle femme avec qui il aurait eu une certaine affinité pendant la semaine de ce séminaire. Tout ce qu’il avait à faire, c’était de l’appeler pour commencer par des « banalités » comme lui demander si son voyage retour à Paris s’était bien déroulé, si elle n’était pas triste d’avoir, comme lui, quitté le super beau climat et les magnifiques paysages d’Oman qu’ils avaient pu voir lors des petites excursions qu’on avait offertes à tout le groupe. Et ensuite, si elle n’est encore jamais venue à Bruxelles, il pourrait bien sûr lui proposer de l’inviter et de lui servir comme « guide personnel attitré » et de lui faire goûter les meilleures moules frites du monde et… des alentours.

Tu verras, lui ai-je ajouté : « les femmes en général adorent l’humour… et les femmes du Maghreb ne sont jamais en reste non plus quand il s’agit de rire ».

Et comme il me demandait comment il devrait concrétiser si elle acceptait de venir, je lui ai simplement conseillé de laisser l’alchimie s’opérer mais qu’une bonne stratégie, pour moi, serait de l’emmener d’abord visiter notre Grande Place, la plus belle de l’Europe, le Manneken pis, le Sablon et ensuite, le 1er soir admirer les magnifiques boules éclairées de notre Atomium national.

Toutes les filles que j’ai connues ont toujours trouvé ça merveilleusement romantique…

Si leur relation à Mascat avait été aussi complice comme il me l’avait si minutieusement décrite, cette fille n’attendait sans aucun doute, que le bon moment, que les petits gestes d’amour pour tomber sous son charme… même si mon ami était un garçon un peu maladroit et très timide avec la gent féminine. Et elle a dû certainement s’en apercevoir pendant leur semaine et sans doute, c’est aussi ce côté réservé, gentlemen et très attachant qui a dû la séduire.

Comme je le lui avais conseillé, dès le lendemain, Daniel, le cœur battant, téléphonait à sa « princesse arabe » et bien sûr, il suivit minutieusement toutes mes recommandations de la veille. Et sa belle ne se fit pas prier pour accepter son invitation de venir à Bruxelles, déjà le week-end suivant.

Immédiatement après qu’il eut raccroché, fou de joie, il me téléphonait déjà pour m’annoncer la bonne nouvelle et me remercier de lui avoir prodigué ces bons conseils. Il était encore plus excité que la veille et se demandait s’il allait être « à la hauteur », comment il devait être, ce qu’il devait porter comme fringues et s’il devait lui apporter un petit bouquet de fleurs. Il avait tellement la boule au ventre, me dit-il, qu’il se demandait si je ne pouvais pas aller avec lui pour l’accueillir à sa descente du train TGV (on n’utilisait pas encore tellement le terme Thalys à l’époque) de la gare du Midi. Invitation que j’ai déclinée de suite en lui disant que s’il voulait « concrétiser » comme il le disait, il fallait qu’il passe ce week-end à deux et en amoureux. Il aurait tout le loisir de me la présenter une prochaine fois car j’en étais certain, ce ne sera pas la seule fois où sa belle Algérienne reviendrait à Bruxelles.

Avant de raccrocher, il me réclama encore quelques derniers conseils pour ne pas rater ce premier rendez-vous qu’il sentait pour lui, absolument indispensable à sa vie.

Pour moi, les conseils que j’allais lui donner étaient très simples : il fallait s’habiller en « casual classe » mais sans sa « fameuse » cravate qu’il portait trop souvent à l’époque et qui le vieillissait, de l’attendre en mode décontracté et bien sûr souriant, heureux de la revoir, avec un magnifique bouquet de roses et de lui offrir un parfum d’exception. Les valeurs sûres en parfums pour séduire une femme de « chez nous », encore aujourd’hui d’ailleurs, étaient ceux aux senteurs, du safran, de l’encens, ambrés, voluptueux et orientaux. Il n’avait qu’à demander aux vendeuses en parfumerie pour les marques. S’il était aussi conquis comme il le prétendait, il ne devait surtout pas hésiter à marquer ce 1er rendez-vous et lui montrer et lui dire combien il était heureux de la retrouver.

Ce fameux samedi, Ouaffa, arriva par le train de 10 h 30 précises. Daniel, en même temps tendu et impatient, était déjà sur le quai bien une demi-heure avant et suivit encore très scrupuleusement toutes mes recommandations. Elle avait été, m’avait-il raconté quelques jours plus tard, tellement belle mais aussi très profondément émue par l’accueil qu’il lui avait fait et auquel elle ne s’attendait pas du tout, qu’elle déposa tout à coup son sac, les fleurs et le paquet cadeau qui contenait la belle grande bouteille du fameux et sensuel parfum Opium, pour tout à coup, sans prévenir, sauter au cou de mon ami et l’enlacer affectueusement et chaleureusement comme s’ils étaient amis ou… amants de longue date !

Cette marque d’affection avait non seulement surpris mon bon vieil ami mais aussi très profondément touché.

Ce geste spontané et plein de tendresse était vraiment le déclic qu’il fallait à notre timide bruxellois, pour se relâcher un peu plus, retrouver une certaine assurance et encore plus le booster et le motiver à lui faire la cour comme il se devait de le faire et enfin lui avouer ses sentiments dès qu’il en aurait l’occasion… jamais aucune femme ne lui avait fait cet effet-là auparavant, jamais il n’avait ressenti une telle émotion.

Depuis l’adolescence, mon ami Daniel a toujours été non seulement angoissé et gauche avec les filles mais aussi très fleur bleue et même d’une grande naïveté au niveau des rapports intimes.

Je me souviens alors qu’on avait 15, 16 ans et qu’on discutait de sexualité, il m’a dit un jour qu’il ne voulait pas embrasser les filles sur la bouche car… il était persuadé qu’elles pouvaient tomber enceintes rien qu’avec la salive ! j’en avais été vraiment choqué et je pensais même qu’il plaisantait. Et le comble, ce qu’il en était tellement persuadé que j’ai dû aller à la bibliothèque pour lui ramener un livre qui traitait du sujet. Pourtant, pratiquement tous les copains de notre génération (les années 70) avaient déjà eu des petites amies voire des relations sexuelles, ou en tout cas, tous savaient comment on faisait des enfants et surtout, comment éviter d’en avoir.

Daniel, qui était enfant unique, habitait à l’époque, comme la plupart de la bande de copains avec lesquels je suis resté encore aujourd’hui très proche, dans le quartier de Saint-Josse-Ten-Noode, la plus petite commune de Bruxelles, à 200 mètres de chez moi.

Saint-Josse, comme on l’appelle plus communément, a la particularité d’être non seulement la plus petite en superficie mais également la commune (populaire) la plus dense en population d’origines diverses où se côtoient plus de 150 nationalités sur à peine plus de 1 km². Et même si c’est une commune avec le revenu par habitant le plus bas de toute la Belgique et donc la plus pauvre, nous y vivions une jeunesse insouciante et heureuse.

Notre Bourgmestre (maire), Guy Cudell de l’époque, qui incarnait la pratique d’une politique sociale proche des citoyens et qui était une figure emblématique de Saint-Josse, était très attaché et très fier de sa petite commune où il défendait le droit à la différence.

La maman de Daniel était concierge dans un petit immeuble de 5 étages et son papa était simple petit employé dans le journal « Le Soir ». Mais pour nous, fils d’ouvriers immigrés de la première vague du début des années 60, on les considérait déjà comme une famille bourgeoise. Même s’ils vivaient dans une toute petite conciergerie, ils avaient la télé, un tourne-disque et surtout, mon ami avait sa propre chambre à lui. Et pour nous qui devions à l’époque, pour la plupart, partager la nôtre entre frères et sœurs, c’était déjà un luxe de « petits bourges » car il avait tout ce qu’on ne pouvait pas s’offrir à l’époque.

Si Daniel et moi nous étions très amis et très complices à l’école, en dehors, je fréquentais plutôt mes autres potes de la bande (Urbano l’espagnol, Bruno l’talien, Mouss le Marocain, Jean le Grec, Pierrot le belge et bien d’autres encore…) du quartier avec qui je pratiquais du sport mais aussi des sorties en boîtes et des petites bêtises de potaches de notre âge mais… pas méchantes du tout.

Daniel, qui était aussi copain avec la plupart de potes de la bande du quartier, venait bien quelques fois avec nous au bistrot et à nos petites boums que nous organisions nous-mêmes pour gagner un peu de sous et aussi pour impressionner les filles du quartier et de l’école. Mais du fait qu’il était timide avec les filles, assez introverti, et n’aimait ni danser, ni les boîtes de nuit, c’était assez rare.

Il passait le plus clair de ses loisirs à lire ses bandes dessinées et à monter des avions de chasse miniatures qu’il achetait chaque fois qu’il le pouvait avec son argent de poche. Toutes les étagères de sa chambre et même les armoires du couloir et du salon étaient pleines de dizaines de petits modèles. Dans sa collection, qui contenait déjà à l’époque plus d’une centaine, on pouvait trouver aussi bien des maquettes de la 1re guerre mondiale telles que Fokker, Spitfire et d’autres que ceux de la Seconde Guerre tels que les Messerschmitt, Lockheed, Curtis, Seversky ou encore des modèles américains contemporains des années 70, les Tomcats, Eagle, Douglas Mc Donnel…

Mon ami Daniel était devenu un vrai spécialiste et était incollable sur le sujet !

Il pouvait décrire dans les moindres détails techniques n’importe quel appareil qu’il possédait en miniature dans sa belle collection.

Quand je lui demandais parfois de faire une sortie avec nous le samedi soir, il me disait qu’il préférait (bien que je pense plutôt que c’était imposé par son père) passer ses week-ends avec ses parents au camping dans la Région flamande où ses parents avaient un petit chalet en bois et où il faisait du vélo avec d’autres copains, Flamands pour la plupart. Son père, d’origine flamande, tenait absolument à ce que son unique fils fréquente aussi des amis néerlandophones de son âge pour qu’il devienne parfait bilingue.

Le paternel de Daniel était, contrairement à la maman, un homme plutôt discret, bon père de famille, d’origine modeste et travailleur. Un « bon petit belge » (comme mes potes l’avaient surnommé), qui avait comme habitude, comme la plupart des familles belges de souche du quartier à l’époque, d’aller boire sa « petite chope » toujours au même petit bistrot « Le Roxy », où il voyait les mêmes personnes la plupart du temps, le mercredi et vendredi soir. Et comme dans tous ces petits cafés, on s’y retrouvait pour discuter de tout et de rien, des dernières nouvelles bruxelloises, de la politique, du dernier match de foot ou simplement, pour oublier le quotidien et « refaire le monde ». On pouvait y jouer aux cartes, au billard à 3 bandes, au kicker (baby-foot pour les Français) ou encore au « pitjesbak » (jeu de dés 421 du comptoir), tout en écoutant dans un brouhaha, toujours les mêmes tubes de Mike Brant, Dalida, Cloclo, Johnny et autres… les 45 tours du juke-box de notre vieux bistrot de quartier n’arrêtaient jamais de tourner. Et comme dans tous les cafés de l’époque, toujours dans un mélange de « bonnes » odeurs de bières qui coulait à flots, de tabac froid et de nicotine.

En ce qui concerne la maman, c’était, au contraire du père, une femme de caractère, expansive, exubérante. C’était l’archétype de « La concierge » qui quand elle tenait la « bavette », pouvait passer des heures en bavardages et commérages. Tant et si bien que quand une voisine ou un voisin avait la malchance de la croiser dans la rue, elle devait inventer un stratagème pour éviter de rester scotchée avec elle. Son mari disait d’elle qu’elle avait un tel débit de paroles qu’elle parlait pour elle, pour lui et pour toute la famille.

C’était une bonne Bruxelloise qui avait un avis sur tout, savait tout sur ce qui se passait dans le quartier et avait même des nouvelles ou plutôt des ragots d’autres communes voisines…

Et tous dans notre petite commune, nous savions que c’était elle qui portait la culotte à la maison et qui menait son homme à la baguette.