Daisy - Yves-Claude Py-Roc - E-Book

Daisy E-Book

Yves-Claude Py-Roc

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Beschreibung

Daisy est une jeune femme de notre époque qui vit des situations insolites et singulières. Elle est une descendante très éloignée de la princesse Charminique, fille d’Angoum, et de Son Altesse Sérénissime, seigneur du désert. Charminique se réincarne à travers Daisy et cela entraine des conséquences dans la vie de cette dernière, notamment sur son comportement, son caractère et surtout sur son apparence physique. Saura-t-elle donc unir en elle-même le passé et le présent et avoir une vie normale ? Allons le découvrir au fil des pages.


À PROPOS DE L'AUTEUR


De la même manière que le ferait un peintre au travers de ses tableaux, Yves-Claude Py-Roc exprime ses idées et ses états d’âme grâce à la littérature. Elle lui ouvre un espace infini sur la créativité et l’imaginaire comme l’illustre Daisy, l’héroïne de ce roman.

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Seitenzahl: 359

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Yves-Claude Py-Roc

Daisy

Bas de couture

Roman

© Lys Bleu Éditions – Yves-Claude Py-Roc

ISBN : 979-10-377-5051-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

I

Quelque part en terre d’Afrique

J’imaginais un pays dans lequel vivait Angoum. Pour l’instant, devant la chaumière familiale, elle vaquait à des occupations encore compatibles avec son rang social lorsque Son Altesse Sérénissime arriva sur sa fringante, élégante, blanche chamelle. De suite, il fut émerveillé par sa grâce et son maintien tout empreint de dignité. Quand ils se regardèrent, ils surent qu’ils seraient l’un à l’autre ; rien de moins que de vivre ensemble dans le royaume du seigneur du désert car ces premiers regards amorçaient déjà une attirance qui ne demanderait qu’à s’installer, se renforcer, se perpétuer dans le temps et dans l’espace. Sans hésiter, il s’adressa à elle comme si elle l’avait toujours connue.

— Cessez donc, ma Reine, ces préoccupations qui ne correspondent déjà plus à la haute dignité dont je vais vous porter.

— Votre Seigneurie, je ne puis cesser ce travail qui m’a été mandé par mon père avant de l’avoir achevé.
— Mes parents certes ne sont point handicapés ni affaiblis par quelconques douleurs physiques de l’âme ou de l’esprit, mais n’étant plus très jeunes le peu qu’il me mande de faire pour eux les soulage grandement de fatigues inutiles.
— Merveilleuse perle de rosée, aurore boréale illuminant un matin heureux et pluvieux votre grandeur d’âme n’a d’égal que votre beauté. Je ne puis laisser vos parents après votre départ privés d’une aussi grande magnificence reconnaissance filiale. Aussi, n’ayez donc crainte, je dépêcherai vers eux pour leurs vies durant des aides que je rétribuerai. Ainsi, tout risque de fatigue sera supprimé.

Il mit pied à terre et se présenta.

— Altesse Sérénissime, seigneur du désert. Pouvez-vous, gente demoiselle, perle de rosée matinale, aurore boréale, capture lumineuse des rayons du soleil du matin, mander monsieur votre père afin que je me présente à lui. (Tout cela dit dans le langage de Sa Majesté avec les mots et expressions les plus simples afin de se contenir dans un même niveau de compréhension.)

Les parents d’Angoum étaient de gens simples, mais non dépourvus du sens de l’hospitalité et des convenances à établir en présence de nobles personnes ni de celui aussi de savoir quelle attitude adopter devant des hôtes, aussi prestigieux fussent-ils (et toc pour Sa Seigneurie).

— Votre enfant est-il libre de toute contrainte (amoureuses matérielles spirituelles) ? Si oui, si elle consent à faire partie de ma vie (car il ne s’agit en rien d’un mariage forcé) un homme de ma suite viendra la quérir, et ensemble, ils partiront rejoindre mon palais ; lieu où votre fille séjournera et demeurera jusqu’à la fin des choses.

Pour les parents, cela signifiait qu’ils avaient peu de chance de revoir leur enfant, vouée à une existence dont ils savaient qu’ils n’y auraient jamais accès.

Dans la nuit, les étoiles pâlissaient, scintillaient encore avant de disparaître derrière la lumière naissante du soleil, découpant ainsi sur l’horizon les pointes courbées au sommet des dômes dorés des toits du palais. Une brise légère envahissait le fond de l’air faisant frissonner des narines trop sensibles. Le jour naissait, se séparait de la nuit, éclaircissait le fond de l’horizon d’une pâle couleur bleutée.

— Angoum est la préférée.

— Mais non, nous sommes toutes égales dans le cœur de notre majesté.

Ainsi parlaient deux résidentes du royaume de Sa Majesté. Le son de leurs voix se mêlait à l’odeur animale du désert, mélangée à celle plus suave et délicate des femmes du palais.

Le regard de Leilanie était fixé sur la ligne d’horizon comme voulant voir par-delà les sommets des dunes se découpant sous le ciel naissant.

— Là-bas, au-delà des dunes l’inconnu, l’avenir, ajouta-t-elle.

— Que dis-tu ? Je ne comprends pas.

— Bien sûr, nous sommes toutes égales dans son cœur, mais quand je pense à Angoum, je ne peux m’empêcher de jeter mon regard là-bas au loin vers des endroits qu’il ne peut atteindre, un lieu n’existant pas, n’existant pas encore.

Dans le vaste atrium circulaire aux bords des fontaines dans une douceur indolente des naïades se languissaient, chuchotant entres elles afin de savoir qui, ce soir, cette nuit ou peut-être ce matin, jouirait de l’attention du souverain, peut être dépêchera-t-il la compagnie de quelques éphèbes pour le remplacer auprès des esseulées.

Dans un autre espace du palais, sous son dôme perforé de petites ouvertures circulaires laissant passer des rayons de soleil obliques frappant la surface de l’eau d’un bassin circulaire, créant ainsi une mosaïque de couleurs, les deux résidentes poursuivaient leur discussion.

— Celles qui ne seront pas choisies pour participer aux ébats de notre souverain pourront se résigner en se délassant dans un bain de lait de chamelle, tout en buvant un élixir de jouvence leur procurant des sensations étranges, subtiles, sinon troublantes.

Ainsi devisaient Leilanie vêtue de sa robe de satin clair à la limite de la transparence, sans rien laisser paraître sinon imaginer la couleur de sa chair et les proportions de son corps, et Béthany qui elle, dans une robe fourreau d’une blancheur immaculée emprisonnant, comme voulant empêcher son corps de tout débordement.

Leilanie :

— Angoum a été choisie et je ne suis pas surprise.

Béthany :

— Notre souverain à bon goût, difficile de résister, ne pas succomber à la douce beauté d’Angoum. Et puis c’est aussi la dernière à entrer dans les charmes du palais.

Leilanie :

— Elle porte déjà en elle les germes de la fille quelle enfantera.

Béthanie :

— Comme nous toutes nous avons porté et mis au monde les enfants de notre souverain, nous ne pouvons que lui rendre gloire pour ses goûts, l’amour et l’affection qu’il nous donne et pour la puissance de sa fertilité. Il nous a sorties de nos conditions de futures femmes soumises à d’humbles époux et nous habiterons ainsi que nos enfants à tout jamais dans son palais.

Leilanie :

— Angoum serait préférée, mais en quoi ? Que lui apporterait-elle de plus que nous ? De plus que l’enfant qu’elle va porter et du plaisir que nous lui donnons. Outre que ces deux choses-là, que pourrait-elle lui donner ?

Béthanie :

— Eh bien, peut-être ce que leur futur enfant pourrait leur donner.

Leilanie :

— Mais bien sûr ! la voilà la pièce manquante, une future petite princesse, une enfant prodige.

Au fur et à mesure que le ventre d’Angoum s’arrondissait, Leilanie ne pouvait s’empêcher de lui porter aide et attention. Aucun jour ne passait sans qu’elle soit attirée par ce ventre proéminent pour l’embrasser, le caresser, l’enlacer. Elle aimait la regarder se reposer car dans ces moments-là, Angoum si réservée et pudique laissait libre cours à tous les débordements exacerbés que sa future maternité se permettait. Son ventre sur le lequel elle posait ses deux mains comme pour le protéger soutenaient aussi ses futurs seins maternels déjà lourds du lait qu’ils allaient porter. Au travers de son chemisier en lin, elle apercevait les deux larges auréoles circulaires des mamelons. Leilanie était-elle jalouse, envieuse, de l’état d’Angoum réclamant beaucoup d’attention ou frustrée car désireuse de ne pouvoir caresser ce corps qui semblait la provoquer comme celui d’une amante ? Lorsque l’état de fatigue d’Angoum prenait le dessus, elle aimait se reposer en s’appuyant contre Leilanie et dès qu’elle fut endormie, Leilanie posait sa main sur la jambe. Ce contact ressenti comme une caresse faisait tressaillir tout le corps d’Angoum comme accompagnant un rêve agréable. Aussitôt, de peur de la réveiller, elle retirait la main. Le visage de Leilanie était maintenant à la hauteur de la poitrine maternelle. Troublée, elle tremblait de les voir si prêts de ses lèvres car il suffisait du bout d’un doigt pour qu’elle entrouvre un pan du chemisier pour effleurer à travers un mince tissu brodé la pointe de ces seins qui la provoquaient. Dans ce moment-là, elle se faisait violence pour ne point céder à la tentation d’embrasser du bout des lèvres ces deux magnifiques hémisphères, un frisson la parcourait, vais-je rien qu’avec le bout de ma langue la toucher cette brune auréole qui semble me narguer, coiffée de cette tendre protubérance. De se retenir, tout son corps en tremblait (non ma bouche, mes mains restaient là, ne bougeaient pas). Dans une profonde respiration la poitrine d’Angoum se gonfla jusqu’à lui effleurer la joue, cela en était trop pour une si faible créature tentée par la chair car ce contact, aussi fugitif fût-il, provoqua en elle une embryonnaire, mais non moins esquisse de plaisir.

Angoum s’éveilla, nullement surprise de voir Leilanie si près d’elle :

— Tu ne porterais pas davantage d’attention s’il s’agissait de ton bébé, dit-elle dans un long bâillement.
— Je ne peux expliquer ce comportement, c’est comme si l’on m’avait investie d’une mission.
— De quelle mission parles-tu ?
— Celle de protéger ton enfant.
— Mais de quel danger ?
— Qu’il ne puisse arriver à terme par exemple.
— Voudrais-tu dire que je pourrais être une menace pour cet enfant ?
— Non, bien sûr que non, mais le danger pourrait venir d’autres personnes. C’est toi qui le portes, mais ton état me prend beaucoup de mon énergie, c’est comme si cet enfant se développait à travers moi bien que je n’en sois pas la mère ; il n’existerait que parce que je serais là.

Le dôme du palais percé de petites ouvertures circulaires laissant passer des rayons de soleil obliques qui en frappant la surface de l’eau du bassin dessinant une mosaïque de couleurs maintenant diminuaient plus rapidement en intensité avant de s’estomper lorsque les deux femmes se séparèrent pour rejoindre leurs suites.

À l’aube d’un autre jour, le ciel à nouveau bleuissait l’horizon, l’aurore allait poindre, une douce clarté qui perçait les alvéoles du moucharabieh l’invitait à se lever. Les dernières fraîcheurs nocturnes s’évanouissaient, une timide chaleur envahissait l’espace lorsque Angoum s’approcha de la fenêtre. Au loin sur les sommets, sur les pentes des dunes des caravaniers en longues files clairsemées, les bêtes chargées de produits de toutes sortes des bijoux des soieries des parfums des produits de beauté des onguents. Plus près du palais, beaucoup plus près, des hommes s’affairaient, des Nubiens transportaient des pierres sur leurs épaules, leurs peaux luisaient sous l’effort. Un simple page les protégeait de la nudité. Lorsqu’ils levaient leurs bras pour déposer leurs fardeaux, tous leurs corps s’étiraient faisant sortir forces de détails de leurs anatomies. Combien y en avaient-ils de corps suants, luisants, transpirants semblables à des machines en mouvement sous ce début de chaleur matinale ? Un souffle venu du désert apporta à ses narines un parfum, une odeur, qu’elle ne connaissait pas. Maintenant, cet apport d’air se faisait plus insistant les narines ne frémissaient plus, elles respiraient. La chaleur était plus forte, une douce moiteur l’enveloppa ainsi que des frissons comme si elle eut froid. Que se passe-t-il ? Je ressens comme de la fièvre, je suis parcourue de tremblements, mon corps se comporte comme si superficiellement je le maîtrisais plus. Ne plus les regarder, ne plus les regarder, arrête de les regarder comme des bêtes, maiscomme des hommes, répétait en boucle sa petite voix. Le contact de la main posée sur son épaule la fit tressaillir, une voix chuchota à son oreille.

— N’est-ce pas là de beaux étalons ?

Angoum se retourna, Leilanie était là elle ne l’avait ni vue ni entendue arriver.

— Ils sont doux, attentifs, et peuvent être attachants, poursuivit-elle. Notre sérénissime nous aime, mais il ne peut pas tout le temps s’occuper de chacune de nous. Alors quelquefois, je demande à l’homme attaché à mes services.
— Tu lui demandes quoi ?

Leilanie regardait Angoum avec amusement sans lui répondre, faisant ainsi durer son impatience.

— Tu lui demandes quoi ? répéta-t-elle.
— Vraiment, tu me surprends par ta naïveté. Je lui demande d’aller me chercher deux nubiens qu’il aura sélectionnés pour leurs forces et leurs… enfin tu comprends.

Le visage d’Angoum s’empourpra.

— Tu es choquée. Maintenant que tu les as vus, tu ne pourras plus dormir.

Angoum la regardait droite, digne, tremblante.

— C’est bien de cela qu’il s’agit, cette envie qui chauffe les entrailles, toi aussi tu le feras.

Offusquée tremblante Angoum restait droite digne silencieuse.

— Force de lutte avec toi-même, fatiguée d’avoir brassé de l’énergie en vain, tu céderas, et dans leurs bras tu tomberas.

Puis s’approchant jusqu’à toucher l’oreille, elle lui murmura :

— Et après tu me raconteras.

Puis de rajouter en partant :

— Ce soir ou un autre derrière le rideau de ma suite, si tu veux, tu y seras et tu verras.

Angoum n’eut que le temps de porter ses deux mains sur son ventre.

— Elle bouge, elle vient de bouger.
— Leilanie fit demi-tour, s’agenouilla, enserra le ventre dans ses bras et l’embrassa.
— Petite chérie, Leilanie ta marraine est là près de toi pour te protéger, pour te guider.

Leilanie parlait à ce ventre comme s’il s’agissait d’une personne. Devant tant de manifestations d’amour et d’attentions, Angoum ne savait quelle attitude prendre sinon que de laisser libre cours à toutes ces marques d’affection de cette femme en admiration devant sa toute proche maternité. Les Nubiens, n’oublie pas les Nubiens. Leurs corps élancés, tendus par l’effort elle ne pouvait les chasser de son esprit. Ce soir ou bien un autre, derrière le rideau, tu verras. Cette phrase tournait dans sa tête à ne plus pouvoir la chasser. Deux, pourquoi deux. Qui chauffe les entrailles. Ce ventre quelle embrasse et les sensations que j’en ressens, les nubiens sous l’effort, leurs corps déliés, tout est lié ; l’un ne pouvant chasser l’autre. Dans sa tête, tout se chamboulait, fallait que ça cesse alors elle prit sa décision dès que possible, à travers le rideau, elle regardera.

Un autre soir, elle s’y trouva bien derrière ce rideau, c’était pas faute avant d’avoir tergiversé à n’en plus finir entre ses interdits et ses autorisés. Après maintes réflexions, elle en avait fait la moyenne et trouvé un quotient qui ne la satisfaisait pas. Se trouvant devant l’impossibilité de départager ces deux-là, elle se dit ma foi personne n’est parfait et la perfection n’est pas de ce monde alors il n’y a aucun mal à ce que j’accepte cette invitation, assister en toute bonne foi à ce spectacle visuel. Sans prendre parti que de regarder, ce sera la seule faiblesse celle qui la mettra en désaccord avec ses valeureuses pensées. Je vous dis pas le parcourt du combattant que les neurones ont dû faire avant de se mettre d’accord sur la conduite à tenir.

Devant le rideau, une grande pièce toute recouverte de velours s’offrait à son champ visuel. À même le sol, un très large sofa sur lequel Leilanie était allongée. Comme si elle se doutait d’être regardée, elle se leva et fit face au rideau. Alors Angoum la regarda comme elle ne l’avait jamais fait, apparaissait devant ses yeux certes son amie, sa confidente, mais aussi des détails de sa morphologie. Elle lui découvrait une attitude étrangère troublante, une autre Leilanie en quelque sorte. Leilanie n’avait pas la rayonnante beauté que tout le monde reconnaissait à Angoum, mais émanait d’elle, de toute sa personne, une attirance autant physique que morale (comme de dire avecelle, les échanges seront autant physiques qu’intellectuels). Il n’était pas nécessaire qu’elle soit nue, ses vêtements épousaient à la perfection les formes de son corps. Sa taille assez fine mettait en valeur des hanches épanouies presque rondes, tant elles étaient soulignées par le tissu de la robe, comprimées sur la partie externe de ses cuisses tendant l’étoffe sur son ventre en faisant ainsi ressortir l’arrondi mettant également en valeur le renflement du bas de son ventre qui laissait aucun doute aux formes de son intimité que l’on devinait ourlée, une toison douce et épanouie. Elle se retourna, mettant en évidence ses hanches, ses reins, les fesses larges et bombées, il aurait été difficile pour un homme, une femme de ne pas pouvoir focaliser l’essentiel des caresses sur la partie la plus opulente du corps de Leilanie.

Un homme entra dans la pièce, sans un mot elle lui fit face et s’avança vers lui, le regarda avec mépris, le provoqua du regard.

— Alors tu attends quoi ? (Semblait-elle lui dire.)
— Maîtresse, que voulez-vous que je fasse ? (Semblait-il lui répondre par son attitude.)
— Quel empoté ! ne me fais pas regretter de t’avoir choisi et te renvoyer à porter des cailloux, déshabille-moi !

Il avança à presque la toucher puis ses doigts fébrilement et maladroitement entreprirent d’ouvrir son corsage, lorsque le sous-vêtement apparut, il prit l’initiative de l’entourer de ses bras pour dégrafer l’attache arrière, ce brusque contact de ce corps contre le sien et surtout l’odeur quelle en reçut à pleines narines réveilla son instinct de femme. À genoux devant elle, il entreprit de dégrafer l’attache de la robe. Au dernier crochet, le vêtement libéré tomba à terre sans qu’ils fissent un geste pour le rattraper. Elle était nue devant lui et point gênée, comme pour le provoquer, elle le toisa avec mépris du regard. Aucun mot ne fut échangé d’un signe de tête, il comprit qu’il fallait qu’il s’exécute. Lorsqu’il eut enlevé son pagne, plus aucune barrière ne l’entravait le dévoilant dans toute sa nudité.

— Eh bien, tu n’as pas grand-chose à envier à un…

Angoum boucha ses chastes oreilles pour ne point entendre le mot comparatif, se refusant d’imaginer quoi que ce soit.

— Promène tes mains sur moi, tu attends quoi ! lui dit-elle non sans agacement.

L’homme compris qu’il avait momentanément le dessus. Cette personne, cette noble femme qui l’avait choisi, lui un simple porteur de pierres, il allait la posséder la dominer pour un temps dont lui seul pourrait en déterminer la durée.

Qui était donc maintenant cette femme qui se soumettait proférant des mots infâmes des obscénités envers l’homme qui momentanément la possédait en l’amenant vers le plaisir recherché. C’était bien elle Leilanie son amie et confidente portant si grande attention envers l’enfant qu’elle allait mettre au monde gémissant dans cette position de soumission en appuie d’abord sur ses bras puis ses avant-bras car la fatigue la prenait sous les brusques étreintes de son amant. Elle aurait pu lui dire d’arrêter car d’un moment à l’autre elle allait se retrouver face contre terre, mais n’en fit rien alors un deuxième homme arriva se mit à genoux devant elle pour la soutenir de ses bras. Angoum ne voulait plus regarder, mais elle ne pouvait bouger aimantée fascinée par ce spectacle se déroulant derrière cette simple tenture elle tressaillit quand Leilanie poussa un cri de bête avant de s’écrouler le corps envahi de convulsions. Elle avait enfin atteint le plaisir l’orgasme celui qu’épisodiquement elle recherchait. Leurs missions accomplies les deux hommes se retirèrent en prenant soin d’abord de la déposer sur le lit la laissant là endormie satisfaite comblée. Elle ne bougeait plus les abats étaient terminés alors Angoum se retira.

Le ciel ne cessait de s’obscurcir d’un bleu azur moins d’une heure avant il devenait maintenant bleu marine foncé. Dans ce début d’obscurité, une complainte s’élevait du fond de l’Âtre, une chanteuse cherchait l’air jusqu’aux fonds des alvéoles de ses poumons pour y trouver des mots afin de les cracher. En fait ils venaient tout entier de son corps entre coupés de râles musicaux on eut dit quelle vomissait les mots pour en faire des sons. Ce chant était mélodieux et empreint de tristesse elle semblait avoir de la peine pour extraire de chacun de ces mots la note musicale qui lui correspondait. L’enfant dormait dans les bras d’Angoum souvent Leilanie sa marraine le prenait dans ses bras pour doucement le bercer. C’était un plaisir pour Leilanie de voir cet enfant dormir ses petites mains fermées sur sa menue poitrine.

— Angoum laisse-moi l’amener auprès de nos nourrices l’abreuver de leurs laits. Leilianie aimait voir sa protégée se repaître de ce breuvage elle choisissait des mères qui venaient récemment d’enfanter ayant des seins aux formes épanouies car elle pensait qu’au plaisir d’aspirer elle devait aussi y ajouter celui d’y poser la main, les doigts écartés.
— Ne crois-tu pas qu’elle a faim ? Je n’y peux rien si j’aime la voir aspirer leur lait.
— Je ne vais pas la réveiller afin que tu puisses la voir dans les bras de nos nourrices.
— Nous avons des nourrices débordantes de générosités ne gâchons aucun de leurs bienfaits.
— Du lait j’en ai pour la rassasier pendant des semaines.
— Et après.
— Eh bien, elle mangera comme tous les enfants de son âge.

Les premiers mois de la fillette se passeront entre sa mère débordante d’attention et sa marraine échafaudant pour sa petite protégée un avenir illuminé de milliers de souhaits.

— J’ai fait un rêve étrange quelque chose ou quelqu’un à côté de moi tout près de moi veillait sur moi, dira-t-elle un jour à sa marraine avec grande lucidité pour une enfant de cet âge. Cela m’a fait peur et interrompu mon sommeil.
— Ce n’était qu’un rêve plus fort que les autres n’ayez plus de crainte je veillerai aussi sur vos nuits, lui répondra sa marraine.
— Mais comment le pourrez-vous si cela se reproduisait viendrez-vous après partager le reste de mes nuits.
— Non, Princesse, cela n’est pas possible.
— Pourquoi cela, marraine ?
— Parce que je ne peux que veiller sur votre berceau (dans le sens de veiller sur vous), pas le partager.

Certaines nuits choisies selon le calendrier lunaire Charminique et sa marraine regardaient scrutaient le ciel dans l’espoir d’y saisir des étoiles filantes.

— Formulez un vœu vite avant que l’astre ne disparaisse dans l’infini, qu’il soit aussi rapide que l’étoile filant vers l’horizon qu’il vous y attende et le réaliser dès que vous en aurez l’âge.
— Vous voulez dire, marraine, que les étoiles emportent mes vœux pour me les rendre plus tard.

La marraine ne savait que répondre Charminique était trop jeune pour lui faire part de tous les pressentiments quelle ressentait pour elle. C’était comme une part d’elle-même qui se mettait en ébullition une énergie qui l’habitait puis la quittait. Ne pouvant la canaliser elle la laissait partir s’évanouir dans l’espace et dans le temps, mais à la manière d’un jokari un fil s’étirant se tendant à l’infinie pour revenir la frapper l’habiter à nouveau un retour au point de départ que seules les circonstances sidérales des éléments fondamentaux de la nature et de la vie avaient choisi. En fait, elle jouait le rôle d’un catalyseur ont lui prenait toute son énergie pour la stocker dans l’univers afin que se réalise le moment voulu une renaissance une résurrection dont elle en serait un témoin actif participatif. Un alignement parfait de forces créatives cognitives rendant des choses singulières impossibles réelles. Elle ne s’étonnera plus quand Charminique en grandissant continuera à lui faire part de ses rêves des situations étranges qu’elle vivra. Ce ne sont que des cauchemars lui répondait-elle pour la rassurer. Mais quelquefois elle insistait afin qu’elle sache la peur qui parfois la tenailler avant de s’endormir d’être assaillie par des forces contre lesquelles elle ne pouvait lutter qui l’emportait et la retenait dans des lieux des visions des atmosphères des dimensions qu’elle ne pouvait mesurer et cela lui demandait toujours des efforts pour reconquérir sa lucidité la clarté de sa pensée. Elle se rappelait le dernier rêve dont elle lui avait fait part.

— J’ai encore eu des visions étranges, lui dira-t-elle. Marraine puis-je vous les décrire n’allez-vous pas penser que je deviens folle après cette étrange apparition d’oiseau aux ailes métalliques ou bien que j’ai trop d’imagination ?
— Princesse, lui répondra-t-elle, ne suis-je pas aussi votre confidente m’avez-vous pas déjà avoué certaines de vos pensées secrètes sans que j’en sois offusquée ou contrariée.

Aussi cet autre rêve étrange quelle lui avait conté. Il s’agissait d’un fleuve les rivages étaient tellement éloignés qu’elle eût pu croire que c’était la mer.

— Êtes-vous sure, lui demandera sa marraine que ce n’était point la mer.
— Oui, lui répondra-t-elle, parce que d’étranges bateaux y circulaient dans les deux sens comme le font nos barques sur notre grand fleuve sacré. Ils étaient dépourvus de voiles et de rameurs.
— Comment pouvaient-ils avancer !
— Il ne pouvait y avoir deux courants de sens contraire sur la largeur d’un fleuve qui puissent les pousser chacun dans une direction opposée. Et pourtant ils naviguaient, poussé tiré par une force inconnue. Personne n’y apparaissait on eût dit des bateaux fantômes s’ils n’avaient de belles apparences soulignées de lignes et formes de grandes élégances. Néanmoins, un curieux bruit les accompagnait à l’arrière deux larges bandes se formaient dessinant une éphémère allée disparaissant au fur à mesure que le bâtiment avançait. Une étrange odeur les accompagnait et l’eau à l’arrière déplacée, mouvementée n’avait pas la couleur bleutée qui nous entoure on aurait pu dire quelle était salie même si quelquefois à sa surface d’étranges tâches multicolores y apparaissaient. J’aurais voulu croire qu’elles étaient jolies comme les couleurs d’un arc-en-ciel, mais non parce que cela ne semblait pas naturel.

Elle en était sûre cette enfant possédait un don celui de voir d’apercevoir de ressentir de sentir d’observer et de documenter avec force détails tout un univers qui n’existait pas et ce n’étaient pas des reflets de son imagination, mais des visions réelles d’un monde futur.

Charminique grandissait dans son palais malgré qu’il fût doré elle aimait s’en évader pour de longues promenades dans le désert blanc. Ne va point au-delà des dunes lui répétait-on sans cesse en la voyant se diriger s’éloigner droite et déterminée vers la ligne l’horizon. Qu’allait telle donc chercher là-bas seule et si loin question souvent posée par son entourage et toujours restée sans réponse. Ne pouvait-elle pas s’amuser s’occuper comme ses sœurs sans s’éloigner. Cela relevait du mystère obligeant à mettre en place une surveillance soutenue pour l’empêcher de se volatiliser dans le désert. Des années plus tard, elle appréciera aussi l’eau sombre et calme de la rivière avant qu’elle ne se jette dans le fleuve. Certains matins dès le lever du jour l’envie lui prenait sinon la tenailler de rejoindre cette onde limpide faiblement tourmentée. Dans une barque de pêcheurs avec une de ses sœurs, elles montaient et goûtaient le plaisir de naviguer, doucement portées par le courant, entourées de ces hommes superbes dans l’effort de maîtriser la course de la barque afin d’éviter en frôlant le rivage de se laisser entraîner par le fort courant là où la rivière allait se jeter tout entière à corps perdu dans le fleuve. Ne naviguez pas trop près des hautes herbes aquatiques, leur disaient-elles, refuges de poissons, dont certains d’assez grande taille nageant trop près de la surface de l’eau devenaient la proie des grands chats sauvages surgissant promptement du fond de la barque pour les agripper par leurs longues et imposantes griffes. Évitant ainsi dès qui les eurent lâchés le désagrément de les voir sauter de tous côtés au fond de la barque, éclaboussant le bas des robes ou des tuniques, délicats habits pour non moins délicates passagères. Alors dans ces cas il fallait les relever ces robes jusqu’aux dessus des genoux et même quelquefois un peu plus haut. Tout en faisant ce geste en toute innocence et simplicité, elles cessaient alors de minauder pour les remplacer par de faibles vociférations. Ces sons et gestes prononcés effectués en toute innocence sous les regards lubriques et faussement désintéressés des rameurs sans oublier celui des pêcheurs tous ces profiteurs de ces visions chargées de puissances sensuelles naïvement non dissimulées. S’en suivait, pendant quelques instants que curieusement chacun des protagonistes aurait souhaité que cela dure plus longtemps, une atmosphère chargée de silences lourds et embarrassés, nul regard était échangé chacun focalisant fixant ses yeux sur des images qui se voilaient. Le courant de la rivière n’était pas trop puissant rien à voir avec celui du milieu du fleuve auquel rien ne résistait. La promenade en barque devait donc se dérouler nonchalamment ou faiblement heurtée, selon les circonstances hasardeuses d’une complaisance sidérale de certains instants.

Un autre matin aux abords du palais, des charrettes passaient tirées par des bœufs. Le bruit du cerclage des roues en fer faisait cesser les grillons de chanter, gicler les gravillons sur les côtés des chemins empierrés. Ainsi parlait Charminique la fille d’Angoum.

— L’été risque d’être sec. Il va falloir penser à engranger les récoltes ainsi que de l’eau. Remplissons des citernes non point pour nous y baigner, mais pour arroser nos plantations.

Charminique en compagnie de sa sœur et ses demi-sœurs se prélassaient sous des manguiers greffés centenaires dont les ombres généreuses protégeaient du soleil brûlant leurs épidermes ambrés et délicats. Charminique se souciait des choses communes de la vie ce qui souvent étonnait son proche entourage.

— Sont-ce bien là, lui répondait son entourage, des préoccupations matérielles qu’une princesse doit s’y intéresser, auriez-vous peur de manquer de nourriture, n’y a-t-il pas de l’abondance tout autour de nous. Je ne vois jusqu’à l’horizon que de vastes champs de blé de vastes pâturages et une telle quantité d’animaux que je saurais compter sans risquer d’en oublier et pour l’eau, nous en avons bien assez ; le fleuve, l’avez-vous déjà vu charrier autre chose que de l’eau.

Ni lassée ni découragée par ces réflexions à l’encontre de ses idées Charminique ne cessait de rétorquer souvent à qui voulait l’entendre.

— Là-bas au-delà des dunes un aussi vaste monde qui pour vos yeux et vos pensées n’existe pas.
— Que nous dites-vous là nous ne comprenons pas de quel vaste monde parlez-vous en dehors de celui que je vois devant moi. Écoutez notre sœur, arrêtez de philosopher sur le destin d’un futur qui n’existe que dans vos pensées. Et de ne point s’intéresser à des préoccupations plus matérielles réelles comme de ne point voir admirer et goûter ce qui aiguise la vue.

Tout cela dit en ne cessant de dévisager des hommes vachers faiblement vêtus conduisant encadrant des troupeaux de bovins. Comme des ménagères faisant leurs marchés choisissant les plus beaux produits. Dans le silence de leurs pensées elles ne pouvaient dans l’immédiat par le regard que les évaluer en échafaudant des montages coupables quelles chassaient tant bien que mal de leurs esprits, mais qui les assaillaient à nouveau puis disparaissaient afin de réapparaître momentanément à la surface de leurs envies néanmoins elles en ressentaient comme un plaisir éphémère qui les mettait délicieusement mal à l’aise. Peut-être que l’un d’entre eux pour un jour ou exceptionnellement une nuit partagera leurs lits. Pour une de ses demi-sœurs le pas était franchi ayant déjà arrêté son choix sur l’un de ces hommes en le désigna du doigt.

— Lui, il est bien réel.
— Lui, mais il n’a rien de particulier.
— Moi, je sais ce qu’il a de particulier, poursuit-elle au milieu de murmures complices admiratifs de son proche entourage.

La demi-sœur se leva se rendit auprès de son majordome lui faisant part de son choix, il acquiesça d’un signe de tête frappa dans ses mains et pointa deux doigts dans la direction des garçons vachers, aussitôt un autre homme se dirigea prestement vers la colonne pour en extirper les deux heureux élus. Ils leur restaient plus qu’à être à la hauteur des attentes de la princesse.

Un autre matin au jardin des nourrices.

— C’est une belle journée pour aller nous promener, Princesse. Il n’y a pas que la nuit où nous pouvons admirer des choses merveilleuses aujourd’hui par exemple c’est la journée des nourrices. Des mères ayant enfanté devant allaiter par coquetterie pour protéger la ligne gracile de leurs seins délèguent leurs devoirs nourriciers à des porteuses de lait. Allons à leurs rencontres, allons nous abreuver, nous aussi, au jardin des nourrices.

Ainsi parlait Leilanie, marraine de Charminique en prenant sa filleule par la main.

— Venez, Princesse, suivez-moi (la prenant des deux mains par le bras), allons prendre le bain de jouvence sous les luxurieux ombrages des arbres centenaires. Nous sommes au printemps la sève aspirée par les futurs fruits déjà monte le long des troncs des végétaux pour les rendre plus fort plus fermes, la course effrénée vers le nirvana.
— Écoutez comme il vibre (collant son oreille contre l’écorce rugueuse d’un acacia de Constantinople) vous entendez elle monte jusqu’à arriver à la fleur pour la féconder. Cet arbre est en train de faire l’amour à des centaines de fleurs. Faites comme moi, plaquez-vous contre lui afin de faire corps et vous entendrez la sève faire son chemin elle monte le long du tronc pour rendre l’arbre encore plus fort.

Toutes deux marchaient sous de merveilleux végétaux dans des odeurs suaves viriles des arbres plus que centenaires, mais aussi d’autres, plus délicates et envoûtantes, émanant des parterres de fleurs. Des femmes déambulaient çà et là pas très jeunes ni très belles, mais dégageant des débordements de maternités exacerbées. Leurs démarches lentes appuyées sur chacune des jambes faisaient chalouper sous des hanches généreuses des fesses débordantes de gracieusetés Que portaient-elles dessous si peu sinon rien leurs vêtements épousant la forme parfaite de leurs poitrines nourricières de leurs ventres protecteurs le bas du vêtement laissait imaginer les formes d’une intimité ourlée chaude et humide.

— Vous ne savez pas, Princesse, mais des hommes et surtout des femmes se sont engourmandies après avoir goûté de leurs lèvres ces opulentes poitrines et caressé de leurs mains ces hanches maternelles et veulent retourner boire à cette source. Ces femmes aux formes épanouies ont pour mission aussi de s’occuper des arbres et tous les autres végétaux. Contre eux elles se plaquent faisant corps ensemble ainsi enlacés tous deux s’écoutent vivre. Elles prennent leurs énergies pour la restituer aux humains qui ont la chance d’être pris dans leurs bras. C’est le jardin d’éden le paradis perdu de ceux qui ont le cœur pur et chantent les louanges et bienfaits de la nature originelle des gens sensibles en quête de retrouver comme des amoureux fous une végétation luxuriante généreuse attachante.

Elles se rapprochèrent de l’une d’elles, arrivées à sa hauteur et allant la dépasser lorsque celle-ci retint Charminique par la main.

— Vous êtes fatiguée, ma Princesse, je le vois. Venez vous appuyer contre moi, je vais m’occuper de vous vous apporter le calme et un soupçon de volupté, mes seins me font mal, ils sont gorgés de lait, venez vous y abreuver jusqu’en être rassasiée.
— Allez-y, Princesse, puisqu’elle vous le demande.
— Mais non, je peux pas, j’ai passé l’âge de téter mes nourrices.
— Allez-y, vous dis-je. Vous en avez envie, ne gâchez pas votre plaisir de vous faire cajoler, d’enfouir votre fatigue contre et entre ces gorges superbes et généreuses. Regardez-moi je vous montre (elle prit un seul sein dans ses mains le porta à ses lèvres elle aspira pendant quelques secondes le téton en longues aspirations ses lèvres puis sa bouche maintenant s’écrasaient un peu plus à chaque succion comprimant son nez l’empêchant de bien respirer comme un nageur cherchant l’air pour ne point s’étouffer et continuer à avancer. Et cela continuait. Elle ouvrait grande la bouche puis la replonger dans cette source nourricière en pressions de plus en plus fortes).
— Doucement ma chérie, lui dit la nourrice en lui caressant les cheveux, je sais que vous avez faim (dans le sens de besoin d’amour de contact maternel).

Une autre femme marchait avançant péniblement au bas du chemin le corps encore plus enrobé de formes généreuses aux débordements non maîtrisés par d’amples vêtements.

— Approchez, ma Princesse, lui dit-elle.
— Elles me font mal (mimant la scène en prenant ses énormes mamelles dans ses mains), ils me font mal eux aussi (mettant en avant entre ses doigts ses tétons). Venez, ma Princesse, venez me soulager, lui dit-elle en s’arrêtant dans l’a-brut raidillon.

Les mois les années s’écoulaient à la manière des grains de sable d’un sablier. Ce temps apprécié précieux et compté fallait ne point le gâcher surtout pour ceux qui avaient la chance d’accéder à la connaissance à la beauté des choses et au savoir. L’existence dorée de la fille d’Angoum se poursuivait entourée de ses parents, Leilanie sa marraine, son précepteur, ainsi que tous les gens dévolus à son service dans la douceur de vivre des charmes du palais.

Lors d’une discussion avec son précepteur concernant la fascination qu’elle avait pour ces voyageurs partant ou revenant de lieux de contrées où il lui était défendu d’aller.

— D’où viennent ces caravaniers, demanda-t-elle à la vue de toute une escouade de chameaux lourdement chargés.

— D’Abyssinie princesse de là où jaillie la source de prospérité. Nos ancêtres ont toujours été des nomades ce sont des voyageurs, mais ils ne le resteront pas. Là-bas un jour au-delà des dunes ils s’arrêteront. Car ils auront trouvé une autre source intarissable du moins le croiront-ils qui pendant des décennies à n’en plus finir leur apportera richesse et considération. Source intarissable, mais que pour abreuver leurs satiétés la purger de toute sa vitalité l’assécher. Se sont donc des nomades qui un jour ont décidé de se sédentariser oui et ils feront tout pour le rester à jamais. Mais le désert pas celui-là dont le fruit de ses entrailles a fait leurs richesses leurs fortunes, mais de celui qui fait partie de leurs essences mêmes car ce désert-là jamais ils arriveront à le sédentariser. Et un soir à la fin des temps lorsque rien que du vent soufflera dans d’étranges conduits, mais je pense plutôt avant ils retourneront au désert sans plus rien laisser derrière eux toutes leurs tours de Babylone s’étant effondrées ensevelies remplacées par des dunes de sable gris. Alors ils repartiront des endroits mêmes où ils s’étaient arrêtés. Et peut-être s’ils en ont le temps et la sagesse rattraperont-ils ces hommes du passé qui eux n’ont cessé d’avancer vers la vraie liberté.

Charminique écoutait son précepteur sans poser de question comme si elle comprenait et acquiesçait et acceptait tout ce qu’elle entendait, elle était en accord avec lui on eût dit qu’ils étaient portés par la même fréquence qu’ils partageaient la même bande passante (partie audible du son) des bruits des sons des images maintenant se bousculaient dans son esprit tout se visualisait dans son imaginaire le récit devenait un film ils voyageaient ensemble dans le présent se projetant dans le futur traversaient l’histoire comme s’ils se tenaient par la main.

— Comme vous savez bien écouter, Princesse.

— S’il vous plaît, continuez.

— Les caravaniers, très chère Princesse pour répondre à votre interrogation apportaient sur le dos de leurs chameaux toutes les richesses pour que le règne de votre père soit grandiose et qu’il perdure pendant des siècles au-delà de sa vie terrestre.

Et des images parlées maintenant se déroulaient par décamètres de soieries blanches transparentes finement brodées en rouge magenta, bleu azur nuitée marine, pour se déverser par caisses paniers chariots entiers aux pieds du souverain son père, inondant le sol mosaïqué du plus grand atrium du palais. Puis dès le déballage achevé, elle le vit se lever et d’un geste de la main ordonner la distribution. Alors de toutes parts arrivèrent naïades nymphettes pour choisir tissus bijoux joyaux parchemins calligraphiés enluminés toutes sortes de grimoires parcheminés manuscrits illustrés dessinés par des hommes des femmes de pays lointains de lieux inconnus mystérieux situés là-bas au-delà des dunes, là où le filament de l’étoile disparaissait.

— Comment faites-vous donc monsieur le précepteur pour parler de choses qui n’existent pas encore, mais que vous décrivez si bien.
— Je ne suis que votre percepteur, Princesse, je dois vous apprendre toutes choses faisant partie de mes connaissances.
— Cela ne répond pas à ma question.
— Je ne puis l’expliquer, Princesse. Ce sont des images qui me parviennent, qui me parlent avec force détails ; après il ne me reste plus qu’à vous les commenter.

Initiation d’Aranda aux plaisirs des charmes du palais.

— Aranda, es-tu prête à me suivre (ainsi parlait Abyssinale dame des plaisirs) revêtue de l’accoutrement des femmes du peuple sous réserve que le code vestimentaire devait être respecté à la lettre pour pouvoir circuler dans les rues places avenues sans être inquiétées.
— Où allons-nous ?
— Peu importe ! c’est un endroit où jamais plus tu iras.

Elles entrèrent dans une vaste maison occupée essentiellement par des hommes. L’un d’eux s’avança vers elles et fit signe à Aranda non sans brusquerie de s’arrêter.

— Elle est nouvelle elle ne connaît pas les convenances, intervint aussitôt Abyssinale.

Aranda désorientée par le comportement de cet homme patibulaire réalisa qu’elles n’étaient que deux femmes devant cette multitude masculine. Apeurée elle s’adressa à Abyssinale.

— Vont-ils nous faire du mal, j’ai peur.
— Non, ne t’inquiète pas, n’aie crainte, je suis à tes côtés. N’accorde pas d’importance à leurs aspects peu engageants. Ceux que nous allons côtoyer sont assez doux dans leurs vitalités.

Ainsi parlait questionnait tremblait Aranda jeune et jolie esseulée que les routes du nord avaient livrée aux charmes du palais. Ainsi parlaient ces deux femmes enrubannées de la tête aux pieds. Ces tenues informes revêtaient leurs corps estompaient gommaient cachaient toutes formes de féminité.

— En quoi cela peut les émoustiller de nous voir ainsi attifées ?
— Parce qu’ils savent ce que ces vêtements uniformes cachent.

On les fit entrer dans une pièce sans fenêtre les murs ajourés de toutes parts laissant passer une faible lueur pour ne point rester dans une totale obscurité. Que fallait-il faire rien sinon attendre, mais quoi et pourquoi dans cette pénombre alors que derrière ces murs en pleine lumière ils y avaient des hommes qui ne voulaient pas les voir et qui ne voulaient pas être vus par elles, parce qu’elles sont pour eux des impures et n’existent que pour satisfaire et combler leurs envies. En leurs compagnies, elles réveillent leurs virilités incompatibles avec la bienséance.

— Et leurs femmes, demanda Aranda.
— Regarde-toi regarde comme tu es belle et elles comment sont-elles ! réservées, bien-pensantes, pudibondes grosses et informes. Toi avec ton corps de rêve dissimulé exprès sous ces hardes informes, tu n’attires pour eux que les flammes de l’enfer, pour ces hypocrites ce sont tout simplement les envies primaires qui refont surface en nous voyant.
— Mais nous sommes fagotées de la tête aux pieds qui y a-t-il dans ces accoutrements qui puissent les exciter.
— La suggestion le pouvoir de suggestion pour celui qui sait l’utiliser c’est de laisser croître sans fin son imagination je ne peux t’en dire davantage c’est toi seule qui fera ce que tu voudras, mais c’est nous qui mènerons la danse et crois-moi, nous les ferons danser et tout compte fait, c’est nous qui aurons le plus grand pouvoir.