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Dans la vallée enchanteresse de l’Estelon, au cœur du Mercantour, vit Camille, l’aînée du baron Amaury de Vallemort et de la baronne Hortense de Vallemort. La jeune et belle damoiselle compte Guillaume, un soldat de la garde royale, parmi ses amis proches. Un soir d’hiver, alors que la neige tombe abondamment, un violent coup retentit à la porte principale de la demeure familiale de Camille, marquant le début de l’histoire des loups, Enouk, Baïka, Amarok et Cheyenne...
À PROPOS DE L'AUTRICE
Dominique-Marie Rousseau se sert de l’écriture pour donner vie à des mondes et des histoires. Elle a déjà à son actif une nouvelle ainsi qu’un roman historico-fantastique en deux volumes. Comme ses œuvres précédentes, "Dans les brumes du Mercantour" a pris naissance après sa visite dans un parc animalier en Charentes.
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Seitenzahl: 121
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Dominique-Marie Rousseau
Dans les brumes
du Mercantour
Roman
© Lys Bleu Éditions – Dominique-Marie Rousseau
ISBN : 979-10-422-0890-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Prologue
En hiver en 1750
Camille, fille aînée d’Amory et de sa femme Hortense, est une jeune demoiselle belle et fougueuse. Elle a comme ami Guillaume qui occupe la fonction de soldat de la garde du roi Grégoire.
Un soir d’hiver où la neige recouvrait toute la vallée, un violent coup fut frappé à la porte de la maison en bois. Commença alors l’histoire des loups : Enouk et sa louve Baïka, ainsi que son frère Amarok et sa louve Cheyenne.
I
Enguerrand de Fontange venait de faire une entrée fracassante au chalet. Il était porteur d’un message de la plus haute importance. Le roi Grégoire recherchait partout dans le royaume la jeune demoiselle Camille. Elle serait, disait-on, à la tête d’une meute de loups.
Les violents coups frappés à la grande porte firent sursauter toute la famille. Ce fut Camille qui se précipita la première pour retirer le battant qui bloquait l’ouverture mais cette dernière fut brutalement rejetée en arrière par la force du visiteur. À peine venait-il de pénétrer dans la grande salle qu’il annonça menaçant :
— Je cherche Camille.
Camille qui s’était retrouvée à terre, bousculée par le visiteur, se remit sur ses pieds.
— C’est moi, Camille, que me voulez-vous ?
— Je commande l’armée du roi Grégoire et je suis ici parce qu’il vous cherche.
— Et pourquoi donc le roi me cherche-t-il ?
— Vos loups rôdent dans le royaume et font peur à ceux qui les voient et les entendent hurler. Comme punition, vous devez lui donner 100 écus d’or.
— Non, je n’ai pas de loups et ma famille ne possède pas autant d’argent.
— Cependant, des gens affirment le contraire. Et moi, le premier, je vous ai vu en compagnie de quatre loups. Osez-vous donc prétendre le contraire et qu’ils ne sont pas à vous ?
— Non, bien sûr que non ! commença Camille. Ils sont…
Sa mère Hortense venait de lui faire signe discrètement de ne rien dire.
Enguerrand de Fontange porta son regard sur les doigts d’Hortense dont deux étaient privés de leur extrémité, puis remonta vers son visage. L’expression de l’homme était terrifiante, il s’en dégageait quelque chose de funeste. Hortense soutint son regard avec une telle intensité que ce fut Enguerrand qui cligna le premier des yeux. De rage, il quitta en grognant la pièce à grandes enjambées. Puis, se ravisant et se retournant, il revint dans la salle et dit :
— Il n’y aura pas d’autres avertissements. Les ordres du roi sont formels. Il n’acceptera pas que ses animaux soient tués par des loups auxquels vous avez appris à chasser et à partir de maintenant, quand des gens de la ville vous amèneront des loups, abattez-les.
— Non ! cria Camille. On ne peut pas ! Et puis, nous n’avons pas d’armes.
— Il n’en est pas question, ajouta Hortense.
Se tournant vers Hortense, Enguerrand, pointant un doigt menaçant vers elle, lui dit :
— Si nous revoyons cette enfant avec un loup, nous l’abattrons et capturerons votre fille.
Puis, claquant la porte derrière lui, il sortit bruyamment.
Plus tard dans la journée, toute la famille s’était rassemblée près de la cheminée qui flamboyait et réchauffait la grande salle.
Alors qu’Amaury était occupé à lire le journal, Hortense et Camille se remettaient de leurs émotions. Camille posa sa tête sur l’épaule de sa mère.
— Que fait-on maintenant, maman ? demanda-t-elle. Ils disent qu’on doit tuer les loups mais on ne le fera pas, n’est-ce pas ?
— Non, bien sûr que non, qu’on ne le fera pas. On fera plus attention et moins de bruit.
— C’est ce que font les loups. Nous pouvons faire pareil. Penses-tu le faire ? demanda Camille.
Oui, toutes les deux pouvaient le faire.
Le lendemain, Camille se rendit dans les vieilles écuries en ruine près de la maison en bois. Des mangeoires délabrées et à moitié pourries tenaient encore par miracle sur les murs des deux côtés qui se faisaient face de part et d’autre de la porte d’entrée. Le toit effondré par endroit laissait entrer la lumière blafarde de ce jour d’hiver enneigé. Quand, parfois, la lumière était belle, on devinait, à condition de regarder attentivement, des restes de ballots de paille disséminés un peu partout sur le sol. C’était, aux yeux de Camille, le plus bel endroit au monde.
Dans cette vieille écurie vivait une meute de quatre loups. Deux mâles et deux femelles. Ces animaux n’étaient pas vraiment apprivoisés et répondaient à l’appel de leur nom mais restaient à demi-sauvage. Il y avait un couple dont le mâle était noir et se prénommait Enouk et sa femelle blanche du nom de Baïka et l’autre couple était formé d’un mâle argenté du nom d’Amarok et sa femelle grise, Cheyenne. La relation entre Camille et la meute était de nature respectueuse et il était donc tout naturel que Camille et la meute soient les meilleurs amis du monde. Chacun ayant sa propre indépendance sauvage.
Entendant les pas de la jeune fille, ils dressèrent leurs oreilles pointues, le museau frémissant, et se rassemblèrent au centre de leur tanière, les sens en alerte.
Quand elle entra silencieusement, les loups finissaient de se pourlécher les babines après avoir festoyé autour de quelques corneilles. Elle attendit sans bouger ni faire de bruit. Puis, la voyant sur le seuil de la vieille écurie, ils se précipitèrent sur elle, et tout en lui donnant des coups de langue râpeuse et la bousculant joyeusement, elle sentit s’envoler tous les soucis de la journée.
Aussi loin que lui permettait sa mémoire, elle avait toujours aimé côtoyer les loups. Elle les aimait. Depuis sa plus tendre enfance, elle jouait avec eux. Elle prenait plaisir à retirer les brins de paille enfouis dans leur fourrure. Elle avait appris à hurler comme eux. Ils donnaient un sens à sa vie et étaient sa vraie raison de vivre.
II
Dans la semaine qui suivit, une nouvelle bête fit son entrée dans la famille de Camille. Une jeune louve avec un pelage noir. C’est le charretier du village qui la déposa à la porte de la maison en bois. Alors qu’Hortense allait à la rencontre de l’homme, Camille, plus leste, arriva la première à sa hauteur.
La jeune louve noire était récalcitrante mais se laissa prendre dans les bras de Camille. Elle la déposa sur la neige, lui caressa la tête, ce qui eut pour effet de calmer l’animal.
Sans se soucier du charretier, elle posa son nez sur le museau de la louve noire. À ce contact, l’animal, rassuré, lui lécha le front. Camille sentit son haleine chaude mais sa langue était gonflée et saignait un peu. Camille pensa qu’elle s’était mordu la langue pendant le trajet et se promit de vite la soigner. Elle donna congé au charretier après lui avoir demandé s’il avait croisé des soldats sur sa route. L’homme parut étonné par cette question mais il lui répondit par la négative.
Hortense sortit de la maison et rejoignit sa fille auprès de la louve.
Camille écarta les mâchoires de l’animal et remarqua qu’un petit bout de tissu était resté coincé. Délicatement, elle tira dessus. C’était un reste de broderie de satin grenat.
Il était désormais venu le temps pour Camille de soigner la louve et de lui apprendre à retourner à la vie sauvage. Elle savait depuis son plus jeune âge comment il fallait procéder pour ensauvager les loups. Cet apprentissage pour la louve devait se faire dans le plus grand secret et dans la solitude. Aussi Hortense, sa mère, la mit en garde.
Camille s’accroupit dans la neige face à la louve qui, désormais, se prénommait Akéla. Ce matin-là, il faisait très froid, l’air ambiant était glacial et, quand Camille approcha son visage de la tête de la louve noire, un épais nuage de buée se forma autour de leurs têtes.
Akéla se blottit tout contre Camille sur l’épais manteau qu’elle avait posé sur la neige.
Soudain, un bruit de neige tombant des branches d’un sapin résonna derrière elles.
Ce fut le silence qui répondit mais un peu plus tard, le bruit se fit plus fort et un gros paquet de neige dégringola du sommet d’un arbre permettant à un gros corbeau de s’envoler à tire-d’aile. Camille retint sa respiration tandis qu’Akéla hérissait le poil noir de son dos. En silence, elles attendirent à l’écoute d’un nouveau bruit mais plus rien ne vint troubler le silence.
Camille se releva et enjoignit la louve à en faire autant.
Camille conduisit Akéla dans une zone où les arbres étaient plus denses et se mit à faire un gros tas de neige tout en parlant à la louve de son nouveau territoire.
III
Dans cette partie du Mercantour où vivait la famille de Camille, les sommets des montagnes étaient souvent recouverts de neige et le froid régnait en maître.
La meute des quatre loups suffisait au bonheur de Camille. Baïka, la louve blanche, était la plus jeune. Alors qu’en devenant adulte, leurs yeux bleus à la naissance deviennent dorés, les siens étaient restés d’un bleu translucide. Elle était la plus belle de la meute. Camille adorait se frotter la tête contre la sienne. Son pelage était d’une extrême douceur. Si elle n’avait pas été en couple avec Enouk, le loup noir, elle aurait sans peine provoqué de la jalousie auprès du frère de celui-ci, le mâle argenté du nom d’Amarok.
Camille dévala la pente enneigée avec Akéla sur ses talons. Puis, environ un kilomètre plus bas, Akéla s’arrêta, tourna sur elle-même puis se coucha. Elle s’endormit aussitôt.
Camille lui sourit tendrement et doucement posa sa main sur son cou.
De nouveau, une odeur étrange se répandit dans la vallée. Camille toucha du bout des doigts son couteau qu’elle avait fixé à sa ceinture. Elle était inquiète, pour elle, tout comme pour la louve mais n’arrivait pas à mettre un nom sur cette odeur. Elle se redressa et dit à Akéla :
Akéla émit un petit grognement de satisfaction. Alors, toutes deux s’en retournèrent à la maison de bois. Camille restait sur ses gardes, se retournant souvent pour regarder si quelqu’un les suivait.
Le lendemain matin, Camille et Akéla se rendirent de nouveau dans la forêt. Akéla avait du mal à avancer et, de temps en temps, poussait des petits gémissements, elle haletait de plus en plus et s’essoufflait. Camille prit la décision de s’arrêter au pied d’un gros arbre. Elle dégagea un paquet de neige suffisamment important pour faire une sorte de tanière où Akéla se laissa tomber sur le côté. Bientôt, les halètements de la louve se firent plus rapides. Camille posa une main rassurante sur son ventre qui palpitait.
Camille approcha sa main du museau de la louve pour l’aider à contrôler sa respiration car elle était saccadée. Tous ses muscles étaient tendus et elle pouvait voir dans les yeux de l’animal une souffrance et aussi une certaine urgence. Maintenant, la louve haletait plus rapidement. Elle allait mettre bas, c’était imminent.
Akéla poussa un hurlement rauque, puis tout de suite après, un petit corps tout poilu et visqueux tomba dans la neige. Camille retint son souffle et une grande émotion l’envahit tout entière.