De fil en aiguille - Bruno Girardeau - E-Book

De fil en aiguille E-Book

Bruno Girardeau

0,0

Beschreibung

Au cœur d’un prestigieux haras, le corps sans vie de Bélazur II, un étalon de compétition adulé, est découvert au petit matin. Gérard Debreuil, propriétaire des lieux, est bouleversé : Bélazur II n’était pas qu’un simple cheval, il était un membre de la famille.Le commissaire Jean Lapointe, ami d’enfance de Gérard, est appelé pour éclaircir cette énigme. Rapidement, il trouve une fléchette empoisonnée au curare, une substance létale utilisée par les indigènes d’Amazonie, confirmant qu’il s’agit d’un acte criminel. Mais qui a voulu tuer Bélazur II ?Le mystère s’épaissit, révélant un jeu complexe de manipulations, de secrets familiaux et de désirs refoulés, où chaque personnage devient tour à tour victime et coupable.

À PROPOS DE L’AUTEUR

Bruno Girardeau, fort de son expérience en théâtre amateur, a affiné son art de l’écriture en créant de nombreux scénarios qui ont façonné sa maîtrise de la dramaturgie. Cette expertise se dévoile brillamment dans son ouvrage "De fil en aiguille", où chaque fragment narratif s’imbrique avec précision dans une structure habilement construite.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 294

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Bruno Girardeau

De fil en aiguille

Roman

© Lys Bleu Éditions – Bruno Girardeau

ISBN : 979-10-422-6241-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes enfants Vivien, Vincent, Alban

et à ma femme Myriam que j’aime.

1

Mai 1989

La lune dans toute sa splendeur illuminait le bocage normand, laissant apparaître un haras. Une chouette au loin hululait. Une ombre, tel un fantôme, sans faire de bruit, avançait vers les écuries. Cette mystérieuse ombre se dirigeait vers le box d’un étalon « Bélazur II ». Arrivée devant la porte du box de Bélazur II, l’ombre se figea et son regard comme hypnotisé ne cessa de fixer la plaque sur laquelle était marquée « Bélazur II ». L’ombre semblait hésiter. Devait-elle ouvrir ou ne pas ouvrir la porte du box ! Après un moment d’hésitation, l’ombre ouvrit la porte du box.

L’aurore se leva doucement, laissant apparaître de grands champs clôturés de barrières de bois. Une légère brume nappait cet idyllique paysage, annonciateur de beau temps. Vers 7 h, la porte d’entrée de la maison principale du haras s’ouvrit. Gérard Debreuil, cinquante-cinq ans, cheveux poivre et sel, 1m75 environ, propriétaire du haras, apparut suivi de son fidèle compagnon Patau, un saint Bernard de 10 ans. Gérard balaya du regard le paysage. Le soleil, tel un chef d’orchestre, rythmait de ses rayons la symphonie fantastique d’une journée radieuse. Gérard referma délicatement la porte et se dirigea d’une démarche nonchalante vers les écuries. Sur place, Gérard ouvrit la porte d’un box. Son visage refléta d’abord l’étonnement puis l’horreur. Il resta, telle une statue, bouche bée, le regard hagard, comme hypnotisé devant l’incroyable.

— Mon Dieu ! Ce n’est pas vrai ! Dites-moi que je rêve !

Gérard sortit en courant des écuries. Il entra dans son bureau et prit le téléphone.

— Allo, Bertrand ! C’est Gérard à l’appareil. Viens vite, je t’en supplie, viens vite !

Une certaine effervescence régna au sein du Mas. Un Range Rover entra en trombe dans le mas.

Bertrand Béranger, vétérinaire, 55 ans avec une calvitie avancée, descendit du Range Rover avec une mallette à la main. Gérard vint à sa rencontre. Bertrand remarqua que Gérard était blême, comme s’il avait vu un fantôme.

— Dieu merci, te voilà ! dit Gérard.

—Tu en fais une drôle de tête. À te voir, on a l’impression que tu as vu le diable en personne.

— Si ce n’est pas le diable, c’est tout comme. Suis-moi.

Bertrand se posait moult questions : où l’emmenait-il ? Que s’était-il passé ? Qu’avait-il vu ?

Gérard emmena Bertrand au box de Bélazur II. À l’entrée du box, Bertrand sursauta d’étonnement.

— Oh mon Dieu !

À l’intérieur du box, Bélazur II était allongé dans l’avoine, sans vie. Bertrand ausculta Bélazur II avec minutie. Quelques lads observèrent avec attention toute la scène. Bertrand se releva et regarda dans les yeux Gérard. Il lui mit la main sur l’épaule et de la tête lui fit comprendre que son étalon était mort.

— C’est une blague ou quoi ?

— Est-ce que j’ai l’air de blaguer ?

Tous deux se regardèrent en silence. Ils se tournèrent vers le corps inerte de Bélazur II.

— On ne peut plus rien faire pour lui. Viens Gérard, on va appeler la police.

— Tu penses qu’il s’agit d’un crime ?

— Ça m’en a tout l’air. Après la nécropsie, on n’en sera pas un peu plus.

Avant de partir, Gérard demanda au lad qui s’occupait de Bélazur II de veiller à ce que personne n’entre et ne touche à rien. Dans son bureau, Gérard téléphona à la police.

— Allo ! Pouvez-vous me passer le commissaire Lapointe Jean, S.V.P. madame ? De la part de Gérard Debreuil… Jean ! Peux-tu venir au haras, il vient d’arriver un malheur… Non, aucune personne a été tuée. C’est Bélazur II… Oui, c’est lui qui est mort. Bertrand est là et il l’a déjà ausculté. C’est lui qui m’a annoncé le décès de Bélazur II.

Vingt minutes plus tard, Une Peugeot 405, suivie de plusieurs véhicules de police, entra dans le haras. Bertrand et Gérard allèrent à la rencontre du commissaire. Jean Lapointe, cinquante ans, était un commissaire calme reflétant une grande expérience professionnelle.

Jean, Bertrand et Gérard se connaissaient depuis la maternelle. Jean avait le même âge que ses deux comparses.

— Alors comme ça, Bélazur II est mort ?

— Oui, malheureusement, dit dépité Gérard.

— Où se trouve-t-il ?

— Dans son box.

— Est-ce que tu as sécurisé la zone ?

— Oui, Luc le lad, qui s’occupait de Bélazur II, empêche quiconque d’entrer dans le box et de toucher à quoi que ce soit.

— Alors, allons-y !

Jean fit signe à ses adjoints de le suivre. Tous se dirigèrent vers le box de Bélazur II. Devant le box, Jean demanda à son adjoint Henri de prendre une équipe, d’inspecter les lieux, les alentours des écuries et d’interroger tout le monde. Tous attendirent devant le box que la scientifique ait fini de prendre les photos et d’inspecter avec minutie la scène de crime. La scientifique trouva dans l’avoine à côté de la tête de Bélazur II une fléchette qui fut mise aussitôt dans un sachet en plastique. Jean leur demanda ce qu’ils avaient trouvé. À l’énoncé du mot fléchette, Bertrand et Gérard se regardèrent. Un agent de la scientifique remit à Jean le sachet contenant la fléchette. Jean montra le sachet à Bertrand et Gérard.

— Une fléchette ? dirent en chœur Bertrand et Gérard.

— Oui, messieurs, une fléchette. Mais celle-ci est un peu particulière, dit-il en la regardant avec minutie. Elle ressemble aux fléchettes que l’on utilise avec une sarbacane. L’année dernière, j’ai eu l’occasion d’observer de près une fléchette comme celle-ci.

— Tu penses que cette fléchette a un rapport avec sa mort ? demanda Gérard.

— Sans doute. Son analyse nous confirmera s’il s’agit de l’arme du crime.

La scientifique, après avoir fini leur investigation, quitta le box.Jean entra dans le box suivi de Gérard et de Bertrand. Tout en inspectant du regard l’étalon et la zone du crime, Jean se retourna vers Bertrand.

— Bertrand, quelles sont tes premières déductions après, l’avoir ausculté ?

— En arrivant, j’ai bien pris soin de l’observer. D’après mon diagnostic, quoique superficiel, il semblerait que la mort ne soit pas naturelle, mais criminelle.

— Qu’est-ce qui permet de dire que c’est un assassinat ?

— Il y a un peu d’écume blanche au coin de ses lèvres. Bélazur II a été empoisonné.

— Pour toi, ce serait un empoisonnement ?

— La nécropsie le révélera.

— C’est toi qui vas faire la nécropsie ? demanda Jean à Bertrand.

— Oui, concernant les animaux, c’est moi qui fais les nécropsies.

— Combien de temps te faudra-t-il pour avoir les résultats de la nécropsie ?

— Demain à la première heure, je te communiquerai les résultats. Je vais d’abord lui faire une prise de sang, ensuite je vais prélever un échantillon de cette salive blanche et je vais donner le tout au labo pour analyse.

Bertrand mit d’abord des gants et s’exécuta. Pendant ce temps, Jean observa avec minutie l’intérieur du box, comme s’il cherchait une aiguille dans une botte de foin.

— Pendant que tu y es, tu m’analyseras cette fléchette. Messieurs, vous me faites enlever ce cheval et vous l’emmenez pour la nécropsie, dit Jean à ses adjoints. Bertrand, allons dans ton bureau. J’aurais quelques questions à te poser ?

Henri interpella Jean.

— Commissaire, vous pouvez venir !

— Veuillez m’excuser. Je viendrais vous rejoindre dans ton bureau.

Jean rejoignit son adjoint et le suivit. Ils longèrent les écuries et s’arrêtèrent devant un parterre de fleurs piétiné.

— Vous voyez commissaire, le parterre de fleurs a été piétiné sur toute sa longueur.

— As-tu trouvé des empreintes de pas ?

— Il y en a, mais elles sont difficilement exploitables.

— C’est-à-dire ?

— Regardez d’un peu plus près !

Henri invita Jean à s’accroupir et lui montra un endroit précis du sol.

— Là, on peut voir une partie d’empreinte. Notre individu a sciemment marché sur les fleurs afin de minimiser ses empreintes sur le sol, alors que s’il avait marché à côté sur l’allée qui est recouverte de terre, on aurait de belles empreintes tout à fait exploitables, car le sol est humide.

— Tu as pris des photos et relevé le peu d’empreintes que vous avez trouvées, même si elles sont partielles ?

— Tout à fait commissaire, c’est fait.

— Que penses-tu de cette empreinte, enfin de cette partie d’empreinte que l’on voit là ?

— À première vue, cette empreinte est l’avant d’une basket. Elle n’est pas très large et pas très longue.

Jean prit congé de son adjoint Henri et se dirigea vers le bureau de Gérard. En arrivant devant le seuil de la porte d’entrée, Jean vit un jeune garçon qui le regardait s’approcher.

— Bonjour, Nicolas !

Pour toute réponse, Nicolas s’en alla dans la direction opposée, évitant tout contact avec lui. Jean, en le regardant s’éloigner, fut surpris par l’attitude du garçonnet :

« Est-ce que j’ai l’air d’un monstre ? » pensa Jean.

Jean entra dans la maison et se dirigea vers le bureau de Gérard. Le bureau était grand, spacieux. Une grande bibliothèque, sur laquelle se trouvaient des livres en tout genre (romans, dictionnaires, différents ouvrages sur l’équitation…), ornait le mur à droite du bureau. Dans un coin, en face de la bibliothèque, un salon de style anglais tout en cuir composé d’un grand canapé et de deux fauteuils occupait tout l’espace. Le bureau était assez vaste du même style que le salon et de la même couleur. Gérard et Bertrand étaient assis dans les fauteuils. Patau était allongé devant le bureau. Jean vint s’asseoir sur le canapé en face d’eux et les observa en silence. Tous deux reflétaient la tristesse, comme si toute la misère du monde leur était tombée dessus. Jean se décida à briser ce silence qui devenait de plus en plus étouffant.

— Gérard, je te promets que je vais tout faire pour trouver le coupable.

— Merci ! Je tenais énormément à Bélazur II. Il est né ici. C’était comme un fils pour moi. J’aurais pu lui en vouloir après l’accident de Sylvain. Eh bien non, je ne lui en ai pas voulu. C’est comme ça.

— Ah oui, je m’en souviens. Pauvre Sylvie, perdre son mari dans de telles circonstances.

— Si Sylvain est mort, c’est sa faute. Je lui avais pourtant dit qu’il ne devait pas sauter cette barrière avec Bélazur II, c’était trop dangereux. Il en a fait qu’à sa tête. En arrivant devant la barrière, Bélazur II s’est cambré et Sylvain est tombé. Il est mort sur le coup. Pour Sylvie et Nicolas, ç’a été dur. Sylvie a perdu son mari et Nicolas, son papa.

— Tout à l’heure, en arrivant devant la porte d’entrée, j’ai croisé Nicolas. Je lui ai dit bonjour, mais lui rien. Même pas bonjour. J’ai eu l’impression qu’il voulait m’éviter. Il n’était pas comme d’habitude.

— Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort de son père. Il y a 1 an, le 5 mai 1988.

Jean comprit pour quelle raison Nicolas l’avait fui.

— Gérard, aurais-tu entendu quelque chose cette nuit ?

— Non !

— As-tu des ennemis ?

— Non, pas à ce que je sache. Bélazur II était un cheval très doux et affectueux. Tout le monde l’adorait.

— Comme c’était un champion gagnant beaucoup de courses, je suppose qu’il devait faire des envieux dans le milieu hippique et que sa disparition en arrangerait plus d’un.

— Oui certainement, mais personne n’est venu me faire des reproches sur ses victoires et ni même me menacer.

Avant de prendre congé, Jean demanda à Gérard que son personnel et son entourage gardent le silence afin que la presse ne soit pas mise au courant. Gérard acquiesça de la tête. Les trois compères se séparèrent en se promettant que toute la lumière serait faite sur cette affaire. Jean prit la direction du commissariat tandis que Bertrand alla rejoindre la dépouille de ce pauvre Bélazur II pour commencer la nécropsie.

Après le départ de ses deux amis, Gérard se rendit aux écuries. Il resta à l’entrée du box qu’occupait Bélazur II, telle une statue, le regard dans le vide. Son esprit refusait cette nouvelle vision que la réalité lui renvoyait : devant lui, le néant, le box était vide.

« Suis-je en plein rêve ou en plein cauchemar, se demandait-il. Je vais bientôt me réveiller et tout sera redevenu comme avant. Bélazur II sera dans son box et bien vivant. »

Gérard sentit une main qui venait de se glisser dans la sienne. Cette main le ramena à la réalité. Son regard se détourna du box pour se fixer sur son petit-fils Nicolas. Nicolas était un jeune garçon de 12 ans, blond comme sa mère Sylvie, 35 ans, fille unique de Gérard. Nicolas regardait son grand-père avec un petit sourire de consolation. Gérard le lui rendit.

— Ça va papi ?

— Ce n’est pas la journée que j’aurais espéré avoir à mon réveil. Mais que veux-tu, c’est comme ça.

Nicolas demanda à son grand-père pour quelle raison la police était venue au ranch. Gérard lui relata les faits : que c’était lui qui avait trouvé Bélazur II inerte dans son box et qu’à première vue, il aurait été empoisonné par une fléchette. Nicolas n’arrêtait pas de poser des questions concernant la mort de Bélazur II : « Est-ce que la police savait qui l’avait empoisonné ? À quoi ressemblait cette fléchette ? » Gérard lui répondit qu’il était trop tôt pour connaître la vérité sur la mort de Bélazur II, qu’il espérait bien que la police trouverait le salaud qui avait fait cela et qu’il resterait pour toujours en prison.

— Bélazur est monté au ciel, alors ? demanda Nicolas.

Gérard s’agenouilla pour se mettre à la hauteur de son petit-fils.

— Oui, il est maintenant avec ton papa. Je suis sûr qu’il chevauche à nouveau Bélazur II et qu’ils galopent ensemble à travers les plaines du paradis.

Le visage de Nicolas se durcit, renvoyant à son grand-père un sentiment de colère.

— Tu es un menteur ! hurla Nicolas. Papa ne voudra jamais remonter sur Bélazur II et ne lui pardonnera jamais ce qu’il lui a fait. Si papa est mort, c’est de la faute de Bélazur II. Bélazur II n’a que ce qu’il mérite.

Nicolas s’enfuit en courant, laissant Gérard sans voix et très surpris par l’attitude agressive de son petit-fils.

2

Jean ne cessa de ressasser en boucle la mort de Bélazur II. Pourquoi, commentet pourquelle raison avait-on tué cet étalon ? À qui pourrait profiter sa mort ? Il va falloir sûrement chercher du côté de ses concurrents directs. Cette enquête ne va pas être si simple à résoudre.La sonnette du téléphone de son bureau le fit sursauter. Jean décrocha. En entendant la voix de Bertrand, Jean reprit espoir. Bertrand lui annonça que la fléchette était imbibée de poison et que l’on retrouvait la trace de ce même poison dans le sang de Bélazur II, qu’il a reçu la fléchette au niveau du cou à gauche et qu’elle s’est décrochée quand il s’est affalé. Bertrand lui expliqua que ce poison était utilisé par les indigènes de l’Amazonie pour tuer les animaux pendant la chasse, qu’ils imprégnaient les pointes de leurs flèches avec ce poison, ce qui entraînait la mort par asphyxie.

— Peux-tu être beaucoup plus directif et me dire de quel poison il s’agit ? demanda Jean, qui commençait à s’impatienter… Du curare ! Sa mort remonterait à minuit. Très bien. Merci Bertrand.

Henri se présenta à la porte de son bureau.

— Toc ! Toc ! Je peux entrer patron ?

— Oui bien sûr, entre. As-tu quelque chose sur l’empreinte de pas ?

— Malheureusement pas grand-chose. Cette empreinte provient bien d’une paire de baskets entre le 38 et le 40.

— Notre individu est soit une femme soit un homme pas très grand.

— Ça pourrait aussi bien être un jockey.

— Mais oui, tu as raison ! Bélazur II avait toujours battu tous ses concurrents en course. Il y a forcément un jockey, à qui Bélazur II faisait de l’ombre, qui soit passé à l’acte.

— À première vue, oui.

— À qui pourraient appartenir les empreintes retrouvées sur le parterre de fleurs : une femme, un jockey… Mystère !

Soudain, Jean eut une révélation. Une femme en particulier lui vint à l’esprit : Sylvie, la fille de Gérard. Qui aurait un intérêt à ce que Bélazur II meurt, Sylvie ! Sylvie a attendu la première date d’anniversaire de la mort de son mari pour se venger. Il se souvint qu’il ne l’avait pas vu au haras.

« Où peut-elle être ? Je vais en avoir le cœur net, je vais aller rendre une petite visite à tout ce petit monde », pensa Jean.

La voiture de Jean arriva au haras au moment où Gérard sortit de la maison pour se rendre aux écuries. Il alla à sa rencontre en espérant en savoir un peu plus sur la mort de son étalon.

— Salut Jean, j’espère que tu as d’excellentes nouvelles à m’annoncer.

— Peut-on aller dans ton bureau ?

Chacun prit place dans un fauteuil. Jean lui annonça que Bélazur II a été empoisonné avec du curare et que sa mort remonterait vers minuit.

— Du curare ! Ah ben ça alors !

— Et ce n’est pas tout, l’empreinte de pas retrouvée appartiendrait soit à une femme ou à un homme pas très grand.

— Qu’est-ce qui te fait dire cela ?

— Ce seraient des baskets de taille 38 ou 40.

— Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

— C’est vrai, il faut le reconnaître. Pour ma part, j’opterais pour une femme.

— Une femme !

— Une femme en particulier m’intéresse.

— À qui penses-tu ?

— À Sylvie.

— Sylvie ? Sylvie, ma fille ? demanda Gérard étonné et surpris.

Gérard regarda dans les yeux Jean. Comment un ami d’enfance pouvait accuser sa fille de l’assassinat de Bélazur II ? Sur quoi se basait-il ? Aurait-il des preuves sur ce qu’il venait de lui annoncer ? Jean observa avec attention la réaction de Gérard.

— Mais qu’est-ce que Sylvie a à voir avec la mort de Bélazur II ?

— Qui d’après toi aurait un intérêt à ce que Bélazur II meurt ?

— Qu’est-ce qui te fait dire que ce serait Sylvie la coupable ?

— Bélazur II a été tué à la date d’anniversaire de la mort de Sylvain. Sylvie a attendu ce jour-là pour passer à l’acte et enfin faire son deuil.

— C’est n’importe quoi ! Jamais Sylvie n’aurait fait du mal à Bélazur II. C’était comme un fils pour elle. Elle a aidé la mère de Bélazur II à mettre bas. Elle l’a élevé, choyé, dorloté. Sylvie est un être sensible qui ne ferait pas de mal à une mouche. Tu te trompes sur toute la ligne concernant Sylvie.

— Je comprends ta réaction. Je pense que j’aurais eu la même réaction, si c’était ma propre fille. Où se trouvait Sylvie la nuit dernière ?

— Elle est au salon de la foire de Paris.

— Paris est à deux heures de voiture d’ici. Elle aurait très bien pu faire un aller-retour dans la nuit pour tuer Bélazur II.

— Tu as une preuve sur ce que tu avances ?

— Je vais faire vérifier son emploi du temps, si elle a pris sa voiture et l’autoroute pour revenir ici et passer à l’acte.

— Tu vas pouvoir le lui demander. Je l’ai appelée hier, elle ne va pas tarder à arriver.

— Très bien, nous allons l’attendre ensemble.

À son arrivée, Sylvie et Gérard s’étreignirent avec beaucoup d’émotions. Jean resta en retrait, attendant que le père et la fille aient fini leurs retrouvailles. Après avoir dit bonjour à Jean, Sylvie voulut se rendre dans le box de Bélazur II.

Sur place, elle ne put contenir sa tristesse. Elle se réfugia dans les bras de son père en sanglot, comme une mère ayant perdu un enfant. Tous trois regagnèrent en silence le bureau de Gérard. Jean attendit que Sylvie eût repris ses esprits pour pouvoir l’interroger.

— Je sais que ce n’est pas le moment, mais j’aurais quelques questions à te poser.

— À propos de la mort de Bélazur II ?

— Oui !

— Que veux-tu savoir ?

Avant de commencer l’interrogatoire, Jean lui expliqua en détail les circonstances du décès de Bélazur II : vers minuit, le suspect se serait servi d’une sarbacane pour atteindre au cou Bélazur II d’une fléchette imbibée de curare. Sylvie écouta avec attention tout ce que lui disait Jean. Son visage reflétait la surprise, l’étonnement, le dégoût. Jean continua son interrogatoire en lui demandant qu’elle relate en détail son séjour parisien, à quel hôtel elle était descendue. Sylvie fut surprise par toutes ces questions concernant son emploi du temps à Paris : pourquoi, où, comment ?

— Pourquoi toutes ces questions sur mon séjour à Paris ?

— Nous avons trouvé une empreinte de basket de petite taille, soit du 38 soit du 40. Nous pensons qu’elle appartiendrait soit à une femme soit à un homme pas très grand.

— Parce que les soi-disant baskets sont du 38 ou du 40, cela fait de moi une suspecte ? C’est une blague ou quoi ?

— C’est ce que j’ai dit tout à l’heure à Jean, qu’il se trompait totalement en t’accusant du meurtre de Bélazur II. Mais il ne veut rien savoir. Il s’imagine que tu as voulu te venger de la mort de Sylvain et que tu as attendu la date d’anniversaire de son décès.

Voyant que son père commençait à s’emporter, Sylvie lui fit signe de se calmer.

— Franchement Jean, tu me connais. Tu sais très bien que j’aurais été incapable de faire du mal à Bélazur II. Il était comme un fils pour moi. Tu vas perdre ton temps en voulant explorer cette piste.

— Je l’espère aussi. Mais je ne dois négliger aucune piste. Actuellement, nous disposons de peu d’éléments. Les seuls indices que nous avons, c’est la fléchette imbibée de curare et l’empreinte de pas.

— Tes soupçons seront vite infondés. Pourquoi j’aurais fait un aller-retour dans la nuit pour tuer Bélazur II en étant à Paris, alors qu’il m’était plus facile de le faire en étant ici. Il est vrai qu’au début j’en ai voulu à Bélazur II. Mais jamais je ne lui aurais fait de mal. Le fautif, dans cet accident, c’est Sylvain. Papa et moi avions mis en garde Sylvain sur les risques qu’il prenait en voulant sauter cette barrière et qu’il pouvait se tuer. Il n’en a fait qu’à sa tête, et voilà le résultat : il s’est tué.

Jean continua son interrogatoire en essayant d’en savoir un peu plus sur le milieu hippique, sur ses us et coutumes. Ce milieu lui était complètement étranger. Sylvie lui fit la remarque que le suspect pourrait très bien être un jockey de par le fait qu’il n’est pas très grand et qu’il chausse petit. Jean acquiesça d’un signe de tête.

— Je pense que je vais gratter dans cette direction. Est-ce que vous connaissez un concurrent à qui Bélazur II faisait de l’ombre au niveau des victoires et à qui sa disparition serait une aubaine ?

— J’en vois qu’un à qui la mort de Bélazur II pourrait profiter, dit Bertrand.

— Et qui est l’heureux élu ?

— Francis Bessac.

— Peux-tu m’en dire un peu plus à propos de lui.

— Francis est le propriétaire d’un haras qui se trouve à 20 km d’ici. Il a un cheval Flèche d’argent qui gagne beaucoup de courses. Mais quand son canasson et Bélazur II se trouvaient dans la même course, c’est Bélazur II qui gagnait. Jamais son cheval n’a pu le battre une seule fois.

— Je vais de ce pas rendre visite à ce Francis.

— Il est petit par la taille, mais a une grande gueule. Je ne t’en dis pas plus, tu le verras par toi-même. Je te donne son adresse.

Gérard accompagna Jean à sa voiture. Sylvie se posait beaucoup de questions à propos de ce drame. Elle essaya de ressasser tout ce que Jean lui avait annoncé. Tout était confus, tout se mélangeait dans sa tête. Quand Gérard entra dans son bureau, il s’aperçut que Sylvie était absente, qu’elle était présente sans être là. Il s’assit sur le canapé, en face d’elle. Patau, qui était allongé devant le bureau, se leva, se dirigea vers Sylvie et posa délicatement sa tête sur ses cuisses tout en la regardant. Sylvie sursauta. Elle regarda Patau dans les yeux, lui caressa la tête. Son regard se posa sur son père. Elle réalisa, depuis qu’elle était arrivée, qu’elle n’avait pas vu Nicolas. Elle demanda à son père s’il savait où pouvait être Nicolas. Gérard lui dit qu’il était au collège et que depuis la mort de Bélazur II, Nicolas était bizarre, irascible, perturbé.

Il lui relata le comportement agressif qu’il avait eu lorsqu’il lui avait dit que son père chevauchait à nouveau Bélazur II au paradis. Sylvie lui dit que son comportement était certainement légitime et que la mort de Bélazur II lui a rappelé de mauvais souvenirs. Gérard acquiesça de la tête.

— J’étais en train de penser à ce que Jean nous a dit tout à l’heure.

— À propos ?

— Du curare. Sylvain, après avoir vécu en Amazonie quelque temps avec les indigènes, avait ramené dans ses bagages du curare, une sarbacane, des fléchettes. Sais-tu où il a bien pu avoir rangé tout cet attirail ?

— Il me semble qu’il a tout rangé dans sa malle de voyage qui se trouve au grenier. Tu penses que le curare en question serait celui qu’il a ramené ?

— Pour en être sûr, il faudrait aller le vérifier.

— Ça va être difficile d’aller vérifier. Sylvain a fermé à clef la malle. Il interdisait que qui que ce soit aille ouvrir la malle. D’ailleurs, je ne sais pas où est la clef.

— Eh bien, il ne reste qu’à faire sauter la serrure de cette malle. Tu viens avec moi ?

— Je te suis.

Gérard et Sylvie prirent l’escalier se trouvant en face de la porte d’entrée et montèrent jusqu’au grenier. Gérard poussa la porte du grenier qui s’ouvrit dans un grincement à faire pâlir les morts. Tous les deux, après avoir passé la porte, s’arrêtèrent et observèrent l’intérieur du grenier. Le grenier était une grande pièce couvrant aussi bien à gauche qu’à droite l’ensemble de la maison principale. Quelques minuscules fenêtres apportaient le peu de lumière que la poussière du temps et les toiles d’araignées voulaient laisser passer. De part et d’autre étaient parsemés, dans tout le grenier une multitude d’objets et de meubles que le temps, au fil des années, a recouverts par son empreinte poussiéreuse.

— Il n’y a pas à dire, c’est le paradis des araignées. Il y a combien de temps que personne n’a mis les pieds ici ? demanda Sylvie.

— Houlà ! Il me semble que c’est Sylvain qui a été le dernier à venir au grenier. Oui, c’est cela. Il y est venu pour y mettre la fameuse malle que l’on doit retrouver.

— Eh bien, ça ne va pas être une partie de plaisir pour la retrouver dans tout ce bric-à-brac, dit Sylvie dépitée.

— Allons, avec un peu d’huile de coude et de la volonté, on la retrouvera. Moi, je prends par la gauche et toi par la droite. Le premier qui la trouve appelle l’autre.

— Très bien, il n’y a plus qu’à…

Tous les deux commencèrent leur recherche en scrutant les moindres recoins, écartant, soulevant de vieux draps pour s’assurer que la malle n’y était pas. Après un temps qui leur paraissait interminable, Gérard entendit Sylvie le hélait. Gérard se hâta comme si sa vie en dépendait. Sur place, il vit Sylvie qui était accroupie, penchée sur une malle. Une étiquette de voyage au nom de Sylvain était rattachée par une ficelle à la poignée.

— As-tu réussi à l’ouvrir ?

— Malheureusement, non. Elle est verrouillée et je ne sais pas où Sylvain a mis cette fichue clef.

La malle était de forme rectangulaire en bois, ornée sur les arêtes et les coins par du laiton doré. Le système de fermeture, en laiton, était verrouillé par un rabat fendillé en son embout par lequel un U en sortait. Le tout était sécurisé par un gros cadenas.

— Quand Sylvain est revenu de l’Amazonie et après l’avoir mis au grenier, il ne t’a pas mis dans la confidence concernant l’endroit où il l’a caché cette clef ?

— J’aurais bien voulu te dire oui, papa, mais Sylvain a emporté dans sa tombe son secret.

— Il n’y a plus qu’à faire sauter ce foutu cadenas. Je vais de ce pas aller qu’émender de l’aide afin de la transporter dans mon bureau.

Quelque temps après, la malle était sur le sol du bureau. Christophe, le maréchal Ferrand du haras, entra avec une grosse masse et un burin. Gérard lui montra la malle et lui demanda de faire sauter le cadenas. Aussitôt, Christophe s’exécuta. Après quelques coups de masse, le cadenas céda. Après le départ du maréchal Ferrand, Sylvie et Gérard restèrent quelques instants devant la malle comme des soldats au garde-à-vous devant un supérieur hiérarchique.

— Tu es prête pour l’ouverture de la malle ?

— Rien que de voir cette malle, j’ai l’impression que Sylvain vient d’arriver d’Amazonie et qu’il va d’un instant à l’autre franchir la porte du bureau.

Gérard mit son bras autour de l’épaule de Sylvie.

— Ça va aller. On l’ouvre ?

— On l’ouvre.

C’est avec beaucoup d’émotion que Gérard ouvrit la malle. Tous deux étaient comme des enfants devant leur cadeau de Noël, impatients et curieux de savoir ce qu’ils vont y découvrir. Gérard et Sylvie restèrent figés comme des statues, n’osant fouiller l’intérieur, comme si un sortilège la protégeait, comme si un malheur s’abattrait sur quiconque oserait fouiner dans les entrailles de cette malle. Tous deux se regardèrent dans les yeux. Cet échange de regard était comme une invitation : qui du père ou de la fille allait être le premier à plonger dans le passé.

— À toi l’honneur.

— Papa, je préférerais que ce soit toi qui fouilles dans cette malle. Je crois que je n’aurai pas la force de le faire.

À l’intérieur de la malle, une couverture recouvrait toute la surface. Gérard s’agenouilla. Avec une grande émotion, il souleva avec délicatesse la couverture et la posa à l’intérieur du couvercle.

Sur le dessus, une veste et un pantalon de couleur kaki étaient soigneusement étalés. Un chapeau de la même couleur se trouvait dans un coin. Gérard enleva une par une les affaires et les posa sur le sol à côté de la malle. Quand la malle fut vide, Gérard se tourna vers Sylvie.

— Pas de sarbacane, de fléchettes et de curare. Tout ce que la malle avait est là.

Sylvie se pencha au-dessus de la malle pour être sûre qu’elle fût bien vide.

— Tu peux me croire quand je te dis qu’elle est vide.

— Et s’il y avait un double fond ?

Gérard contrôla avec minutie le fond de la malle, vérifia qu’il n’y avait pas de trappe, tapota le fond pour être sûr que ce dernier n’était pas creux. Rien n’y fait. Il dut se rendre à l’évidence : pas de double fond.

— Tu es sûr que Sylvain avait rangé à l’intérieur de cette malle une sarbacane, des fléchettes et du curare ?

— Sûr et certaine. Quand Sylvain est revenu d’Amazonie, il a ouvert cette malle devant moi et m’a montré la sarbacane, les fléchettes et le curare. Ensuite, il les a remis à l’intérieur, l’a verrouillée avec ce cadenas, et a caché la clef, car il voulait que personne ne l’ouvre pour prendre la sarbacane, les fléchettes et le curare afin de s’en servir.

— Soit c’est notre mystérieux tueur qui les a en sa possession soit c’est Sylvain, lui-même, qui les a retirés de la malle et qui les a cachés ailleurs ?

— En tout cas, Sylvain ne m’a rien dit s’il les avait changés de place.

— Si ce n’est pas Sylvain, alors qui ? À part à toi, sais-tu si Sylvain aurait révélé à quelqu’un d’autre ce qu’il aurait ramené d’Amazonie ?

Sylvie avait beau chercher, essayait de se remémorer avec qui Sylvain aurait pu parler. Ce fut avec résignation qu’elle dit à son père qu’elle n’en savait rien et que Sylvain avait emporté son secret dans sa tombe. Sylvie alla s’asseoir dans un fauteuil pendant que Gérard s’affaira à remettre toutes les affaires soigneusement dans la malle et à refermer cette dernière. Il alla ensuite s’asseoir dans l’autre fauteuil. Sylvie demanda à son père d’avertir Jean sur ce qu’ils venaient de découvrir. Gérard se leva, alla à son bureau et décrocha le téléphone.

3

Après avoir quitté le mas de Gérard, Jean se dirigea vers celui de Francis. Un quart d’heure plus tard, Jean entra dans la propriété de Francis Bessac par un énorme portique surplombé d’une pancarte sur laquelle était écrit « RANCH BESSAC ». Jean longea pendant quelque temps de grandes prairies sur lesquelles des chevaux galopaient. Il vit sur une piste d’entraînement des jockeys avec leur monture. Deux hommes, dont l’un avec un chapeau de cowboy avec un chronomètre et l’autre inscrivant sur un carnet ce que l’homme au chronomètre lui dictait, étaient positionnés sur la ligne d’arrivée. Les lieux ressemblaient davantage à un ranch du Texas qu’à un haras normand. Jean se gara devant une bâtisse qui devait être la maison du maître de ces lieux. Il sortit de sa voiture et observa les alentours. Ce n’était qu’un va-et-vient incessant de personnes, toutes occupaient à leurs tâches quotidiennes. Jean eut l’impression d’être invisible, car aucun d’eux ne faisait attention à lui.

« Ce n’est pas un ranch, mais une fourmilière », se disait Jean.

Il se dirigea vers un jardinier occupé à planter des bulbes de fleurs.

— Bonjour ! Où puis-je trouver Francis Bessac ?

— Bonjour, monsieur. Francis est sur la piste d’entraînement qui est là-bas. C’est celui qui a un chapeau de cowboy.

— Merci.