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De l’obscurité à la lumière de la foi raconte les péripéties de la vie de Célia, jeune fille simple et douce que les aléas de la vie malmènent. Sa situation familiale est chaotique et elle est déchirée entre le comportement infidèle de son père et la fureur constante de sa mère. Son âme d’enfant en souffrance, Célia découvre l’amour et s’y abandonne totalement, dépassant toutes les limites du tolérable : sexe, drogues, dépression… Heureusement, grâce à la foi, elle entrevoit une lueur d’espoir. Cependant, comment pourrait-on tenter de sauver ce qui est déjà perdu ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Titulaire d'un baccalauréat littéraire, Lindsay Mamosa est fascinée par les mots et leur impact depuis toujours. De l’obscurité à la lumière de la foi est l’aboutissement de ses trois années de formation à l’institut Désir d’écrire.
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Seitenzahl: 212
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Lindsay Mamosa
De l’obscurité à la lumière de la foi
Roman
© Lys Bleu Éditions – Lindsay Mamosa
ISBN : 979-10-377-6050-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Il s’en est fallu de peu pour que l’on découvre derrière son cœur ce qu’elle cachait.
De l’amour et tant de rancune aussi.
Nul n’aurait pu croire que l’on puisse aimer autant et haïr en même temps.
Après quelques années, elle avait réussi à faire taire ce qu’elle ressentait et à peindre, sur chaque mur de sa prison dorée, des couleurs de sa fictive liberté.
Elle y croyait, à son nouveau départ.
Pourtant le temps passait, doucement la dorure s’étiolait.
Sous les couches de peinture, la douleur était restée vive.
Dans une jolie petite maison de bois et de tôle, Célia avait appris à marcher.
Sur un carrelage froid elle s’élançait entre cris et rires, ses longs cheveux noirs épais flottaient derrière elle.
Dans sa robe verte à carreaux, aux motifs semblables à la nappe de la cuisine, elle tournoyait sur elle-même.
Très élancée pour ses huit ans, le poids de son corps la tirait et elle finissait par terre sur ce sol bien propre que sa mère, Monique, nettoyait chaque jour avec ardeur.
« Attention, Célia, tu vas te faire mal !
— Oui, maman. »
Elle respirait le bonheur, et son grand frère, Arthur, téméraire et espiègle, était son compagnon de jeu.
Les deux enfants étaient comme des jumeaux, Célia étant venue au monde treize mois après Arthur.
Ils ont tout fait ensemble : les premières bêtises, les vaccins, les goûters d’anniversaires des copains…
Monique les regardait évoluer toutes ces années tout en s’occupant de son foyer.
Ils ne s’ennuyaient pas dans l’immense jardin, c’était pour eux un endroit merveilleux.
Il y avait la canne à sucre qui poussait en plein milieu et tout autour des bananiers.
En regardant bien, l’on trouvait diverses racines, dont le manioc et le songe.
Célia se perdait volontairement dans ces champs de canne miniatures, elle aimait cette sensation d’être hors du monde, insaisissable dans l’immensité comme si le temps s’était figé et que la vie était éternelle…
Mais très vite, Arthur retrouvait sa piste et la sortait de sa rêverie.
Ils se coursaient l’un et l’autre sans cesse, tantôt complices, tantôt en guerre.
Comme Christophe Colomb et Amerigo de la Vega, chaque mètre de la cour était un endroit à explorer et à conquérir.
La flaque d’eau par terre se transformait en un grand fleuve, la boue était des sables mouvants, les petits cailloux étaient de vastes rochers et les petites buttes de terre se modifiaient en immenses montagnes.
Arthur était le chevalier servant, prêt à secourir la belle princesse à tout instant.
Il combattait d’innombrables bêtes féroces : le petit canard était un dragon assoiffé de sang, le poulet un troll voulant dévorer sa promise et le chat, un loup féroce et maléfique.
Ils ne sortaient de leur monde imaginaire qu’à l’appel de Monique au moment du goûter.
Elle leur préparait chaque jour une douceur. Ils s’installaient sous les bananiers, les fesses posées à même le sol.
Son petit flanc à la pistache, son gâteau « tison », sa salade de fruits, le gâteau yaourt, le gâteau patate ravissaient leurs papilles et calaient leur estomac jusqu’au repas du soir. .
Célia se tenait près de sa mère et la contemplait, la jeune trentenaire avait la peau dorée du soleil chaud de l’océan Indien, les cheveux frisés de la femme créole.
Ce petit moment de bonheur ne durait que trop peu pour les enfants, Frédéric leur père allait bientôt rentrer de la plantation et Monique devait terminer de préparer le repas.
Alors comme chaque jour, ils terminaient leurs aventures, dans le grand manguier au fond du jardin, jusqu’à ce que 18 heures sonnent.
« Papa ! s’écriaient-ils tout en sautant de branche en branche.
— Allé moustiques rent la case, lé tard ! »
Sur l’île de la Réunion, il est coutume que les enfants regagnent le foyer à cette heure-là, et que surtout la nuit tombée, ils ne restent pas sous les arbres afin de ne pas être la cible de « mauvais esprit ».
Après un passage à la douche, toute la famille se retrouvait à table pour dîner. Durant tout le repas ils écoutaient les aventures de leur papa, comment il avait coupé 4 tonnes de cannes avec son sabre aujourd’hui, les galères qu’il avait rencontrées, les nids de fourmis, le duvet sous la peau, la couleuvre, la panne de moteur du tracteur, comment il avait fait tout seul toute la journée sous un soleil de plomb. Puis enfin, ils partageaient avec lui ce qu’ils avaient découvert dans l’immensité de leur jardin.
« Papa, j’ai trouvé une roue de vélo dans la cour ! lui dit Célia.
Elle est à toi ?
— Non ma chérie, ça c’est le vélo out momon ça, répondit Frédéric dans sa langue maternelle.
— Quoi ? Maman a un vélo ? Je ne l’ai jamais vue faire du vélo. En fait, je n’ai jamais vu maman faire autre chose que s’occuper de la maison. »
Célia s’arrêta net de manger, et posa ses yeux sur sa mère.
Durant de longues minutes, sa petite tête basculait de gauche à droite tout en scrutant Monique qui ne semblait pas la voir.
« Quoi la arrive a ou ? Mange !
— Tu fais du vélo, maman ? »
Monique lui sourit mais ne lui répondit pas, elle débarrassa la table et demanda aux enfants de se préparer pour aller se coucher.
Tout en se brossant les dents, elle essayait d’imaginer sa mère sur un vélo, comment cette petite femme ronde pourrait bien tenir sur deux roues, Célia se dit que c’était vraiment impossible, sa maman n’avait sûrement jamais fait de vélo, des gâteaux oui, mais du vélo c’est sûr que non !
La nuit était tombée, Célia était dans son lit et Arthur dans le sien, mais ils étaient dans la même chambre.
Arthur avant de dormir s’amusait à faire le poirier sur le lit.
Ils entendaient leurs parents discuter sur la véranda, mais ils avaient l’interdiction de se lever une fois couchés, sauf sous peine d’envie urgente il ne fallait plus poser le pied par terre.
« Bonne nuit », lança Monique en éteignant la lumière.
Il faisait noir partout, on entendait juste les margouillats faire leurs petits cris. Arthur ronflait déjà, Célia, elle, scrutait la fenêtre, en y cherchant la moindre lueur à travers le rideau de dentelle.
Les étoiles étaient scintillantes et cela la rassurait, bien qu’Arthur dormait dans sa chambre, Célia n’aimait pas l’obscurité.
Son imagination était si débordante qu’elle voyait des choses qui n’existaient pas, souvent sa mère lui disait qu’elle était « gros tête », ce qu’on pourrait traduire par une forte perception du monde mystique et une bonne dose de malchance.
Elle se leva doucement, et ouvrit la porte, son cœur se mit à battre la chamade, elle courut sur la pointe des pieds jusqu’à la chambre de ses parents, s’y introduisit et se glissa dans le lit, à côté de sa maman. Elle sentit le corps chaud de Monique et ses petits yeux se fermèrent presque automatiquement.
Monique sentit quelque chose de froid et se réveilla, Célia avait cette manie de venir dans son lit très souvent et à chaque fois elle mettait ses petits pieds sous ses jambes.
Depuis le temps elle aurait dû savoir que sa maman détestait cela.
« Frédéric, Frédéric, réveille a ou !
— A cause ou réveille a moin la ?
— Allé mette Célia dans son lit !
— Laisse a elle la té !
— Non ma dit a ou, allé dépose a elle !
— OK, pfft ! »
Frédéric sortit du lit, agacé, et emmena Célia jusqu’à sa chambre et la recoucha.
« Papa ! Maman sait faire du vélo ? demanda-t-elle à moitié endormie.
— Oui, ma chérie, elle sait en faire des choses, ta maman. Allez, dors, ma puce. »
« Eh, marmotte, tu te réveilles ? Allez, dépêche-toi, il y a école aujourd’hui ! cria Arthur en courant autour de son lit.
— Dépêche a zot, zot va être en retard ! » cria Monique, tout en préparant les sacs et le goûter, elle semblait courir dans tous les sens tout en conservant un certain calme mais sa voix était froide.
Elle prit Célia et l’emmena dans la salle de bain, la mit sous la douche.
« Ça y est, tu es réveillée. Allez, on se dépêche ! Change-toi, avale ton lait et on y va !
— J’ai sommeil, j’arrive même pas à ouvrir les yeux maman, je peux me remettre au lit ?
— Hors de question ! Sinon, tu te remettras au lit tous les jours et ça c’est pas possible !
La prochaine fois, dors, ne viens pas dans mon lit, je suis sûre que tu seras moins fatiguée !
Tu as de la chance déjà que l’école soit juste au coin de la rue, comment tu aurais fait si on vivait plus loin. »
Célia n’était pas du matin, elle était plutôt de l’après-midi, et puis Célia n’avait jamais vraiment les pieds sur terre, elle était toujours quelque part ailleurs.
Arthur était là, près d’elle, à lui tenir la main et puis à la tirer pour la conduire quand elle se déconnectait du monde. Et là, c’était Arthur qui l’amenait à l’école sous le regard de Monique qui les observait depuis le devant de sa maison.
Les enfants partis, Monique s’activait comme chaque jour à tout remettre en place, et surtout à tout nettoyer, rien ne devait dépasser, tout était minutieusement pris en compte.
Le repas mijotait, elle avait tout juste le temps de se coiffer.
Elle ne prenait pas le temps de se reposer, avec elle tout devait filer droit.
Quand les enfants rentraient de l’école, ils regardaient cette maison qui comme à son habitude était redevenue clean comme par magie, tout sentait le parfum des produits d’entretien, tout brillait, et scintillait, tout sauf leur maman, elle paraissait sombre.
« Prenez votre goûter et aux devoirs ! »
Les enfants attendaient l’arrivée de leur père avec impatience, lui, savait jouer.
Quand Frédéric passa la porte de la maison, les éclats de rire retentirent.
« PAPA ! »
Il se lava vite fait sous le tuyau d’arrosage du jardin afin d’enlever le surplus de boue, et les éventuels duvets.
Il prit sa douche dans la salle de bain et s’allongea à même le sol dans la cuisine, Célia et Arthur se mirent par terre avec lui.
« Allez viens maman, on va rigoler ! lui dit Célia.
— Et puis quoi encore, c’est pas en m’allongeant pas terre que le dîner sera prêt ! »
Célia la regardait et se disait : « Eh ben, c’est pas drôle d’être maman ! »
En effet chaque jour, Monique était ainsi, elle ne s’autorisait aucune distraction, aucun relâchement.
Frédéric lui, bien qu’il travaillait énormément lors de la période de « la coupe cannes » avait beaucoup d’intérêt pour les divertissements.
D’ailleurs il proposait régulièrement à sa femme de sortir, aller au restaurant, se faire un cinéma mais celle-ci préférait continuer son travail domestique.
Depuis quelques mois déjà le couple ne partageait plus rien à part le lit conjugal, Monique remplissait son rôle de mère et remplissait tous ses devoirs domestiques, mais avec Frédéric c’était la guerre froide.
Les enfants ne se doutaient de rien, mais leurs petites vies paisibles allaient bientôt être bouleversées.
Un soir en rentrant de l’école, ils entendirent des voix d’adultes qui criaient depuis le coin de la rue, ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit leurs parents en pleine dispute.
C’était la première fois qu’une telle scène se produisait devant les yeux d’Arthur et Célia.
Les deux petits ne comprirent pas, ils se regardèrent, se prirent dans leur bras et commencèrent à se mettre à pleurer.
Les mots qui fusaient dans tous les sens, les insultes, toutes ces bombes verbales projetées de la chambre au salon avec autant de virulence les choquaient au plus haut point.
C’en était trop pour Célia, « papa, maman, arrête ».
Les deux adultes se retournèrent alors, et virent leurs deux enfants en état de choc à l’entrée du salon, ils se calmèrent immédiatement.
Un peu tard certainement, car le mal était fait, la structure familiale avait volé en éclat. C’était une scène de guerre à laquelle les deux petits venaient d’assister.
À l’intérieur d’eux-mêmes, ils avaient compris que tout allait changer.
Ce ne pouvait être une petite dispute de rien du tout, ils avaient entendu les mots, perçu la colère, et vu la fureur dans les yeux de leur mère.
Ils le sentaient, c’était le début de la fin, et le commencement de la déchirure.
Monique s’en voulait, depuis plusieurs semaines elle tentait de dissimuler ce qu’elle avait appris.
Frédéric quant à lui, ne savait plus où se mettre, le fautif c’était lui et il ne voulait pas perdre l’estime de ses enfants.
« S’il te plaît ne leur dis rien, je te jure ce n’est arrivé qu’une fois, pardonne-moi !
— Arrête de me mentir, cela fait des mois que ça dure, je le sais.
— Je te jure que non !
— Ça suffit, et tais-toi, je ne veux plus t’entendre, les enfants sont couchés, laisse-les dormir !
— Tu crois qu’ils dorment, ils doivent être réveillés encore !
— Raison de plus pour te taire ! Prends tes affaires tu dors dans le salon ce soir !
— Monique, tu crois vraiment que c’est le mieux ?
— Il est hors de question que tu restes là, ça je peux te le dire ! »
Frédéric prit ses affaires et se mit dans le canapé, Monique s’était enfermée dans sa chambre, Arthur tenait Célia dans ses bras. Célia pleurait encore à chaudes larmes.
« Ils vont divorcer, dada ?
— Mais non, les parents ça se dispute, ça arrive, t’inquiète pas ! »
Les semaines passèrent et l’on aurait presque cru que les choses étaient restées les mêmes, les enfants avaient repris leurs jeux habituels dans le jardin, le sourire de Célia était redevenu florissant sur son visage, Arthur avait terrassé plusieurs dragons et s’apprêtait à traverser une vallée de crocodiles.
À part le fait que Frédéric s’était installé dans la future chambre d’Arthur.
Celle-ci n’était pas encore prête, les murs n’étaient pas peints, et la dalle de béton n’avait pas encore revêtu son carrelage, Frédéric attendait la fin de la coupe cannes pour se lancer dans ce chantier.
Les enfants ne comprenaient pas pourquoi leur père dormait là, alors Frédéric leur fît croire que c’était à cause de ses ronflements que Monique ne voulait plus de lui dans sa chambre.
Monique continuait de faire comme avant, entretenait la maison, préparait les repas, veillait aux devoirs et faisait appliquer la discipline comme d’habitude.
Les enfants n’imaginaient pas du tout ce qui se tramait.
Un jour alors que Monique ouvrait le linge, le téléphone fixe de la maison sonna, et comme à son habitude Célia se précipita, tout comme Arthur d’ailleurs. Célia saisit le combiné et dit « Allo », elle fut très étonnée d’entendre la voix d’une jeune femme qu’elle ne connaissait pas, qui lui demandait de passer le combiné à son père et cela sans le faire savoir à sa mère.
Quelle demande bien étrange tout de même !
Célia répondit à la dame que son papa n’était pas là, qu’il travaillait à la plantation.
La dame lui demanda alors de ne rien dire à personne.
Tout cela devenait de plus en plus louche.
Célia était rêveuse mais elle était loin d’être bête.
Certes, dans son imaginaire à elle, le mot adultère n’avait pas sa place, car dans les jeux de Célia tout se passait comme il fallait, les hommes étaient loyaux, les femmes belles et gracieuses, les frères bons et braves.
Et par-dessus tous les papas étaient exemplaires.
Célia le sentit en elle que cet appel n’avait rien d’anodin, elle préféra ne pas en parler à sa maman.
Elle avait très peur que cela provoque une nouvelle dispute.
Frédéric était rentré un peu tard ce soir-là, Monique fit mine de pas s’en soucier. Ce n’est que plus tard en préparant la nouvelle machine pour le lendemain qu’elle s’aperçut que la chemise de Frédéric avait la trace d’un rouge à lèvres.
Les enfants étaient devant la télé, et Frédéric terminait son repas à table.
Monique arriva dans la cuisine dans une fureur telle qu’elle saisit l’assiette de Frédéric et la lança comme un frisbee à travers la pièce.
L’impact de la céramique sur le mur, les bouts d’assiette éparpillés sur le sol, le riz et la sauce tomate sur les murs ! Tous se retournèrent dans un sursaut !
La scène de guerre s’était remise sur play, et c’était parti, les enfants s’enfuirent dans leur chambre. Frédéric se leva immédiatement de sa chaise, pour ne pas rester dans cette position de faiblesse, il se mit debout et recula tout en conservant ses mains au plus près de son visage, il connaissait sa femme, cette valeureuse femme, forte et courageuse, furieusement incontrôlable.
« Mais quoi ?
— Quoi, tu te fiches de moi, tu es encore parti voir ta putain ! Et dire que je t’ai cru encore, cru à tes mensonges, tu n’as pas changé, tu n’as jamais changé, tu as le feu aux fesses !
— S’il te plaît, calme-toi, pense aux enfants !
— Ah parce que c’est moi maintenant qui dois penser aux enfants, et toi tu pouvais pas y penser toi ! Toutes ces années tu nous as pris pour de la merde ! Je suis restée là des heures à m’occuper d’eux pendant que tu allais me tromper dans tous les recoins de la ville !
Je ne voulais pas les croire, toutes ces commères qui me disaient que tu n’étais qu’un coureur de jupons ! Mais comment j’ai pu être aussi conne ? Je t’ai donné les meilleures années de ma vie, salopard !
— Mais voyons, pourquoi tu te mets dans un état pareil !
— Tu te permets de te moquer de moi encore ? Tu essaies de nier !
— Je ne vois pas de quoi tu parles vraiment !
— Cette fois-ci, c’est trop, tu veux la guerre, tu vas l’avoir ! »
Monique partit dans la chambre avec une paire de ciseaux et commença à cisailler tous les vêtements de Frédéric ! La colère l’avait transcendée, elle ne pensait pas une seule seconde à ses enfants apeurés qui s’étaient cachés dans leur chambre et qui entendaient tout !
« Arrête, chérie, fais pas ça ! »
Monique se retourna vers lui et le poussa sur le lit.
« Ne m’appelle pas chérie, garde ça pour tes putains !
— Bon, tu es très en colère, je vais allez faire un tour et te laisser te calmer !
— Oui, c’est ça, va-t’en et ne reviens plus jamais ! »
À ces mots, Célia sortit de la chambre et sauta dans les bras de son père :
« Papa non, pars pas, papa s’il te plaît non ! »
En voyant cela, Monique eut mal au cœur comme si tout à coup elle comprit que le choix de ses enfants était de vivre avec leur père de toute façon et que le jour où Frédéric partirait, ils partiraient avec eux !
« J’ai vraiment tout sacrifié pour rien ! » Monique s’effondra en larmes, c’était la première fois qu’il la voyait pleurer, cette femme si forte et fière !
Quelle est donc cette chose, qui terrasse les dragons ?
Monique était détruite, à l’intérieur d’elle une chose s’était brisée, son estime, sa force, sa volonté, sa vaillance, son courage, sa rage !
Et l’espace d’un instant tout s’était rompu !
Elle l’avait tellement aimé, cet homme, elle avait tout donné pour lui, pour perdre tout surtout !
Monique avait contrarié toute sa famille en quittant sa ville natale, pour suivre ce petit yab.
Elle laissa ses parents et rompit ses liens familiaux.
Elle suivit cet homme par amour !
Très vite elle l’épousa, et dès les premiers mois du mariage des rumeurs couraient dans tout le village qu’il trompait la jeune mariée !
Elle n’avait jamais voulu croire à ces ragots, elle l’aimait tellement !
Aujourd’hui toute la vérité lui sautait au visage, il l’avait toujours trompée, c’était évident, et cela lui était insupportable !
Et voir ses enfants se rallier à lui était une double trahison !
Arthur contrairement à Célia n’était pas en pleurs, et n’avait pas accouru au secours de son père. Bien au contraire… Ces quelques mois de plus lui avaient offert une maturité que Célia n’avait pas. Il comprit vite ce qui se passait, sa mère ne sombrait pas dans la folie, non !
Dans le cœur d’Arthur un sentiment étrange était en train de naître : la rancœur. Peu à peu, il détestait son père pour le mal qu’il infligeait à Monique et à Célia.
Au fil des mois, la petite maison se métamorphosa, des lignes imaginaires avaient été tracées.
Des espaces réservés pour l’un et l’autre, la cuisine, la chambre et la véranda étaient pour Monique, le salon, l’arrière-cour et le garage pour Frédéric.
Les enfants naviguaient entre eux, tandis qu’eux-mêmes créaient leur refuge dans leur chambre.
Ils ne partageaient plus leurs repas en famille, chacun venait à sa guise se servir quand il le voulait, et surtout quand il le pouvait.
La bienveillance de Monique avait volé en éclat, elle ne se souciait plus de rien, elle faisait les choses de manière mécanique pour les faire tout simplement et elle allait au plus vite.
C’était fini le temps des bons petits plats mijotés et des goûters préparés avec amour.
La tension était palpable, les rares fois où le couple se rencontrait les insultes fusaient.
Célia l’avait compris : plus jamais les choses ne redeviendraient comme avant.
« Papa, ça va ? » Chaque jour, elle se rendait dans le salon pour lui parler.
Elle s’inquiétait pour lui, elle n’avait pas en tête que son père était fautif, c’était son père et c’était tout ce qui comptait.
Elle idéalisait son papa depuis toujours, elle n’avait jamais manqué de rien, il avait toujours répondu au moindre de ses besoins !
Il lui avait offert tant d’amour et d’affection.
C’est à cette période que Célia commença à écrire, dans un petit cahier, elle notait tout ce qu’elle ressentait.
Petit journal, j’ai mal de les voir se détester, maman ne me regarde même pas, et papa est triste même s’il me dit que non !
Qu’a-t-il fait pour mériter d’être tout seul tout le temps ?
Je ne comprends pas ma maman, elle est en colère, on dirait qu’elle ne nous aime plus !
Depuis plusieurs jours, elle ne dit rien, avant même si elle ne riait pas souvent, elle venait nous donner de bonnes choses à manger, elle me disait de ne pas faire de bêtises, de ne pas courir, de ne pas gaspiller l’eau, de faire attention, et là depuis le jour où elle a brisé la vaisselle, elle ne parle plus et ne dit plus rien. Nous aussi nous ne disons plus rien, de peur que si on ose parler, elle se mette à hurler !
Arthur, lui, avait comme pris de la distance, il n’allait plus vers son père, depuis cette guerre des tranchées, il s’était réfugié dans son QG, « sa chambre ».
De temps en temps, il profitait de ce silence pour faire comme s’il dormait, et il sortait en douce pour aller jouer chez les voisins !
Célia restait seule à la maison, à jouer à la poupée, à faire mine que tout allait bien.
Le téléphone sonna encore et encore une fois ce fut Célia qui décrocha : « Non, il n’est pas là ! »
Monique rentra dans la pièce et saisit le combiné des mains de Célia, et la regarda dans les yeux : « C’est qui ? »
Célia se figea : « Je sais pas maman ! »
Monique prit le téléphone et s’adressa à l’interlocuteur : « C’est qui ça ? » d’une voix ferme et glaciale.
Tout à coup, elle prit le téléphone et le balança par terre, et arracha le fil qui le reliait au mur.
Elle regarda Célia avec les yeux noirs : « Tu savais ! Tu étais sa complice ! Mon propre enfant qui se ligue contre moi ! »
Dès lors ce fut la rupture entre Célia et sa mère. Un climat terrible régnait dans le foyer.
La relation mère-fille s’était rompue, même si elles partageaient peu de choses, on sentait quand même leur attachement, mais cette fois-ci, tout était brisé.
Arthur lui aussi, avait coupé ses liens avec son père et même avec Célia ce n’était plus pareil, il était tout plein de colère, et Célia n’avait en elle que de la peine.
Frédéric tentait de protéger sa fille, c’était lui désormais qui s’occupait de lui peigner les cheveux et de la préparer pour l’école, c’était lui qui l’accompagnait à la messe le dimanche, c’était lui qui la rassurait et la réconfortait.
Célia était dans une véritable souffrance, elle ne comprenait pas la colère de sa mère et celle d’Arthur, pour elle tout s’était assombri autour d’elle.
Monique allait de plus en plus mal, elle s’enfermait de plus en plus longtemps dans sa chambre.
Frédéric se chargeait de nourrir les enfants, il préparait des repas simples, souvent le même d’ailleurs, n’étant pas habitué à cuisiner.