Degrés des Vertus - Saint Bonaventure - E-Book

Degrés des Vertus E-Book

Saint Bonaventure

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Beschreibung

Approchez-vous du Seigneur et vous serez éclairés, et vos visages ne seront point couverts de confusion. » Ainsi parlait le roi David. C'est à l'homme qu'il appartient de s'approcher de Dieu ; c'est à Dieu qu'il appartient d'éclairer l'homme.

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Copyright 2023

Cervantes Digital

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ISBN: 978-1-312-05496-7

 

Degrés des Vertus

Saint Bonaventure

 

PROLOGUE.

CHAPITRE I. Degrés de la charité.

CHAPITRE II. Degrés de l'obéissance.

CHAPITRE III. Degrés de l'humilité.

CHAPITRE IV. Degrés de la chasteté.

CHAPITRE V. Degrés de la patience.

CHAPITRE VI. Degrés de la miséricorde.

CHAPITRE VII. Degrés de la vérité.

CHAPITRE VIII. Degrés de la pauvreté.

CHAPITRE IX. Degrés de la prudence.

CHAPITRE X. Degrés de la force.

CHAPITRE XI. Degrés de la justice.

CHAPITRE XII. Degrés de la tempérance.

CHAPITRE XIII. Degrés de la paix.

CHAPITRE XIV. Degrés de la constance.

CHAPITRE XV. Degrés de la libéralité.

CHAPITRE XVI. Degrés de la compassion.

CHAPITRE XVII. Degrés de la congratulation.

CHAPITRE XVIII. Degrés de l'abstinence.

CHAPITRE XIX. Degrés de la concorde.

CHAPITRE XX. Degrés de la reconnaissance.

CHAPITRE XXI. Degrés de la religion.

CHAPITRE XXII. Degrés de la contrition.

CHAPITRE XXIII. Degrés de la confession.

CHAPITRE XXIV. Degrés de la satisfaction.

CHAPITRE XXV. Degrés de la contemplation.

CHAPITRE XXVI. Degrés de la discrétion.

CHAPITRE XXVII. Degrés de l'espérance.

CHAPITRE XXVIII. Degrés de la crainte.

CHAPITRE XXIX. Degrés de la douleur en tant qu'elle a rapport à la vertu.

CHAPITRE XXX. Degrés de la joie.

 

PROLOGUE.

« Approchez-vous du Seigneur et vous serez éclairés, et vos visages ne seront point couverts de confusion. » Ainsi parlait le roi David. C'est à l'homme qu'il appartient de s'approcher de Dieu; c'est à Dieu qu'il appartient d'éclairer l'homme. Or, celui-là s'approche de Dieu en esprit, dui dirige vers lui ses affections, soupire après ses louanges, redoute ce qui l'offense, se réjouit de tout ce qu'il sait lui plaire, s'attriste de tout ce qui lui déplaît, aime les vertus et leur pratique, déteste les vices et leurs oeuvres, rougit de l'iniquité, de tout ce qu'elle produit et de tout ce qui lui donne occasion de se montrer. Dieu, qui est la vraie lumière, éclaire, de son côté, celui qui s'approche de lui afin de connaître les vertus et les degrés de ces vertus, qui sont la voie la plus assurée pour arriver au royaume des cieux. Si quelqu'un trouve à reprendre dans ces degrés que je vais exposer, et qu'il en connaisse de meilleurs, je ne le regarderai pas comme un adversaire, et je ne v eux nullement entrer en dispute avec lui à ce sujet. J'avertis aussi que dans la plupart des vertus leurs degrés se coordonnent ou selon leur rareté ou selon leur perfection, et que cependant ils arrivent sous ces divers aspects à ce qu'il y a de plus élevé.

CHAPITRE I. Degrés de la charité.

I. Il nous faut commencer par exposer les degrés de la charité, car l'Epouse a dit dans les Cantiques: « Il a réglé en moi la charité. » Or, le degré le plus faible de la charité consiste à aimer celui qui nous aime, nous honore, nous vient en aide, et nous rend tous les services dont nous avons besoin. Faire le contraire, c'est agir tout-à-fait contre la nature; car, dit saint Chrysostome, aimer celui qui nous aime est dans la nature même.

C'est un degré plus élevé que d'aimer sincèrement son ennemi à cause de Dieu, qui l'a créé à son image, qui l'a nourri de son corps et racheté de son sang. En effet, dit le même saint Chysostôme, aimer celui qui ne nous aime pas, c'est l'oeuvre de la grâce. Celui qui ne s'applique pas à agir ainsi, refuse d'être enfant du Dieu qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants.

Mais le degré le plus élevé de la charité, c'est de forcer nos ennemis à nous aimer en leur faisant du bien. Voilà pourquoi sur ce passage: « Afin que vous soyez les enfants de votre Père, etc., la Glose dit: « Le comble de la perfection, c'est d'aimer ses ennemis et de prier pour eux avec ardeur comme l'a fait Jésus-Christ. » Et une autre Glose, sur ces paroles: Faites du bien à ceux qui vous haïssent, dit: « N'étendez pas seulement les oeuvres de votre charité jusqu'à vos amis, mais encore jusqu'à vos ennemis, afin qu'ils commencent aussi à devenir pour vous des amis. »

Dans le premier degré sont les païens et les publicains, qui aiment ceux qui les aiment; dans le second les chrétiens parfaits, qui bénissent ceux qui les maudissent; dans le troisième les religieux arrivés au faite de la perfection, ou plutôt Jésus-Christ lui-même, qui chercha à attirer Judas à son amour en lui donnant un baiser si plein de charité, en lui lavant les pieds, en le nourrissant de sa chair, et qui pria sur la croix pour ceux qui le faisaient mourir.

II. C'est un haut degré de la charité de chercher l'avantage de son ami en cherchant sa propre utilité. C'en est un plus élevé de chercher l'avantage de celui que l'on aime à son propre détriment. mais c'est le degré le plus élevé de chercher le bien de cet ami par le sacrifice même de sa vie. C'est pour cela qu'il est écrit: « Personne n'a une charité plus grande que celle qui consiste à donner sa vie pour ses amis. » Celui qui agit de la sorte a donc la charité la plus sublime que l'on puisse imaginer. C'est dans ce degré que fut Jésus-Christ lorsqu'il s'est fait pauvre de riche qu'il était, afin de nous enrichir par sa pauvreté, comme dit l'Apôtre; lorsque par ses opprobres il nous obtint la gloire céleste; lorsque par ses souffrances il offrit un remède à nos maux; lorsque par sa mort ignominieuse il nous acquit la vie éternelle.

III. C'est encore un haut degré de charité d'aimer celui qui nous ravit les biens temporels. C'en est un plus élevé d'aimer celui qui nous enlève l'honneur, ou bien celui qui nous ôte la vie ou nous prive de quel-qu'un de nos membres. Mais c'en est un très-élevé d'aimer celui qui s'efforce de nous ravir la vertu et les biens spirituels, ou autrement de nous ôter Dieu même, soit en nous poussant au péché d'une manière quelconque, soit en nous détournant des oeuvres de sainteté.

CHAPITRE II. Degrés de l'obéissance.

I. C'est un haut degré d'obéissance que d'obéir à celui qui est notre Créateur, notre Rédempteur, notre Rémunérateur, qui veut notre bien commun dans la vie présente et dans la vie future. C'est justement que nous lui devons obéissance en tout ce qu'il nous commande et en tout ce qu'il nous défend, puisque chacun de ses préceptes a pour but de nous conduire au bien suprême; chacune de ses défenses de nous éloigner du souverain mal.

Mais il me semble que c'est un degré plus élevé de cette vertu d'obéir à celui qui nous commande en la personne de Dieu, comme nous obéirions à Dieu lui-même; car nous devons l'obéissance à Dieu à cause des motifs que nous avons exposés, mais nous ne la devons à l'homme qu'en vue de Dieu seul. Cette obéissance s'entend lorsque nous nous soumettons à un homme parfait et sage qui commande toutes choses avec maturité et discernement.

Aussi le degré le plus élevé, je crois, consiste à obéir à un homme sans raison, à un homme difficile et sans considération, qui commande une infinité de choses avec violence, sans discernement et sans réflexion, et qui cependant nous représente la personne de Dieu. C'est pourquoi saint Pierre a dit: « Serviteurs, soyez soumis à vos mitres avec toutes sortes de respects, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais encore à ceux qui sont rudes et fâcheux; car c'est là ce qui est agréable à Dieu. » C'est comme s'il eût voulu dire qu'il n'y avait pas un grand mérite à se soumettre à ceux qui sont doux et faciles. Cependant il faut soigneusement prendre garde que cette obéissance ne soit point contraire à notre conscience.

II. Il y a aussi un certain degré d'obéissance à se soumettre à ce qui nous est facile et agréable. Il y en a un plus élevé à embrasser ce qui est pénible, mais de peu de durée, et il y en a un très-élevé à accepter ce qui est pénible pour un long temps et même jusqu'à la mort. C'est dans ce degré qu'a vécu Jésus-Christ lorsqu'il a obéi à son Père en souffrant depuis le commencement de sa vie jusqu'à sa mort les choses les plus humiliantes.

III. Il y a également un certain degré d'obéissance à agir par la crainte du châtiment que la désobéissance entraîne, et c'est là l'obéissance de beaucoup. C'en est un plus haut que d'obéir par l'espérance de la grâce dans le temps présent, et par le désir de la gloire en l'autre: ce qui est aussi l'obéissance d'un grand nombre. Mais le degré le plus élevé c'est de laisser de côté ces motifs et d'obéir simplement à cause de Dieu, parce qu'il est notre Maître et que nous sommes ses serviteurs.

IV. C'est encore un haut degré d'obéissance que d'accomplir l'ordre d'un supérieur à cause de Dieu. C'en est un plus élevé d'accomplir le désir qu'il nous manifeste. C'en est un très-élevé que d'accomplir ce que l'on sait lui être agréable, selon cette parole de Jésus-Christ: « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Ou bien selon cette autre: « S'il se peut, que ce calice passe loin de moi. Cependant qu'il soit fait non comme il me plaît, mais compte il vous plaît, à vous. »

V. Il y a enfin quelque degré d'obéissance à accomplir un ordre tout en différant son accomplissement. Mais c'en est un plus élevé de l’accomplir de suite bien qu'avec murmure et contre sa volonté: et c'en est un très-élevé que de s'y soumettre sans retard, de plein gré et avec joie.