Des frères - Jean-Michel Attal - E-Book

Des frères E-Book

Jean-Michel Attal

0,0

Beschreibung

Le recueil "Des frères" réunit trois nouvelles qui explorent les liens complexes entre deux frères. À travers des récits marqués par la violence, l’amour, la mort et la haine, l’auteur dévoile des dynamiques intenses et conflictuelles. Chaque histoire plonge le lecteur dans les turbulences émotionnelles et les confrontations profondes qui façonnent ces relations fraternelles, offrant une réflexion poignante sur la fraternité et ses dérives.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Michel Attal voue une admiration singulière à la littérature de langue allemande, notamment aux œuvres de Thomas Mann, Hermann Hesse, Stefan Zweig, Thomas Bernhard et Gregor Von Rezzori, ainsi que pour les écrits de Jacques Derrida. Il puise dans l’acte d’écrire, malgré son exigence, une source de satisfaction profonde. Il est l’auteur de "Le passage", paru en 2020 chez Le Lys Bleu Éditions.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 151

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Jean-Michel Attal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des frères

Nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Jean-Michel Attal

ISBN : 979-10-422-6561-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour mes fils, Guillaume, Nicolas et Alexandre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon frère

 

 

 

 

 

1

Jim

 

 

 

Je m’appelle Jim Horowitz. Je vis avec Jules depuis vingt ans. Je compte bien vivre avec lui jusqu’à notre mort. L’idée de la mort de l’un de nous, sans celle de l’autre, me perturbe. Il faudra qu’on trouve une solution.

Jules a tout fait pour moi. Je veux dire, tout pour les choses vraiment importantes. Je sais gérer mes affaires et faire de l’argent. Je sais aussi m’occuper de la maison. Mais ce qui fait la richesse et le sel de la vie, c’est Jules qui me l’a appris. Et il continue de le faire.

Jules m’a fait saisir l’importance de se poser des questions. Ma tendance, c’était : « C’est la maison que Jack a construit. » Il m’a expliqué que « Est-ce la maison que Jack a construit ? » ouvrait plus d’horizons. Je sais, on dit « construite », Jules ne dirait jamais « construit », mais je ne veux pas paraître trop pédant.

« Mais des horizons à qui ? » j’ai demandé.

« Des horizons à toi-même, des pistes de réflexion, des hésitations constructives », m’a répondu Jules.

C’est positif de se construire, rien qu’en parlant de la maison de Jack.

Jules m’a aussi donné le goût de la répétition. Chez moi et à l’école, on m’expliquait qu’il ne fallait pas répéter deux fois la même chose, radoter, on me disait, que c’était la marque d’un esprit mal fait, vieux avant l’âge.

De son côté, Jules m’a fait valoir – je le cite – qu’il fallait « revenir, repasser, ruminer, remâcher, rabâcher, ressasser, répéter ». Autant de mots pour dire la même chose, c’est magique !

« Cela donne de l’air », dit sobrement Jules.

 

C’est lui qui m’a fait découvrir Philip Glass. Quand il m’a parlé de Einstein on the beach, je n’ai pas compris qu’on puisse faire un opéra sur un savant chevauchant une pute. Je suis quand même allé regarder et j’ai compris ma méprise : il est sur la plage ! J’ai adoré.

Je suis fan des morceaux de la Tamla Motown. Mais ils sont trop courts. Diana Ross a un peu amélioré les choses quand elle a largué les autres Supremes et s’est mise à chanter seule. Les Stones aussi ont fait mieux avec Sympathy for the Devil et Pourpre foncé (c’est pour que vous sachiez que je comprends l’anglais, malgré mon erreur sur beach et bitch) avec Child in Time. Mais, pour la longueur et la répétition, ils sont battus à plate couture par Einstein on the beach. Voilà un morceau qui va vraiment au bout des mêmes notes et des mêmes mots.

Pour en revenir à l’intérêt de la répétition, c’est aussi que je n’ai pas honte de lui demander d’évoquer de nouveau un point que je n’ai pas compris. À l’école, je n’osais pas, de peur de passer pour un débile aux yeux de l’enseignant et de mes camarades. Plein de bienveillance, Jules me réexplique, mais toujours légèrement différemment. « Tu comprends, Jim, la répétition n’est pas strictement mécanique. Elle permet de percevoir, dans un texte que tu lis ou une situation que tu examines, une nuance ou un autre angle. De plus, tu n’es pas exactement le même, d’un moment à l’autre : l’annonce d’une nouvelle, bonne ou mauvaise, ou le passage de la pluie au beau temps dans l’intervalle, peut aussi modifier ta perception. On ne se baigne jamais dans le même fleuve. Cela te conduit à te poser de nouvelles questions, qui contribuent à te permettre de tirer le suc, le miel, la moelle du texte ou de la situation considérée ».

L’été ayant suivi cette conversation, nous sommes allés en vacances à Antiparos. Chaque soir, à la même heure, nous nous installions au même endroit, pour boire un verre et regarder le coucher du soleil d’un rouge éclatant.

Et c’est vrai, j’ai vécu la répétition du coucher du soleil comme un renouvellement permanent. Je ne sais pas si j’ai compris ce que Jules m’a dit, mais c’est ce que j’ai ressenti.

Malgré l’immense affection que je porte à Jules et tout ce qu’il fait pour moi, j’ai pourtant envisagé de le liquider.

 

Mon premier gros coup, ça a été la coupe du monde de football de 1998 en France. Je venais d’avoir dix-huit ans et j’ai ouvert un compte bancaire. À la BNP, une grande maison. Je ne comprends pas comment les jeunes d’aujourd’hui, peuvent faire confiance à des officines en ligne, dont on ne voit rien, ni employés, ni locaux, ni matériel.

Mon père, ayant hérité de ses parents leur maison de Saint-Ouen en 1972, l’a louée. Début 1998, il en a eu assez de s’occuper de la location et a décidé de la vendre. Il n’avait pas besoin des huit cent mille francs de la vente – ça, on peut dire qu’il n’avait pas de besoins, l’air de la montagne, les femmes, les films et les disques, ça lui suffisait amplement. Je lui ai proposé de me prêter la somme, c’est-à-dire à peu près cent vingt mille euros, et il l’a fait sans rien me demander. J’ai alors contacté la Lloyds à Londres, toujours les établissements ayant pignon sur rue. Ils proposaient du sept contre un pour la France championne du monde. Leurs analystes étaient nuls : d’accord, on n’avait encore jamais gagné la coupe du monde, mais vous avez vu l’équipe qu’on avait ! J’ai donc tout parié sur la France championne du monde à sept contre un. Je suis allé à Londres, pour voir leurs bureaux et leurs employés et signer un contrat en bonne et due forme. Je reconnais avoir souffert contre le Paraguay en huitièmes de finale, mais bon, on est passés. Trois jours avant la finale, j’ai appelé le mec de la Lloyds, il commençait à paniquer. Je lui ai proposé de me payer cent mille euros à quatre contre un, on jouait quand même la finale contre le Brésil, et il a accepté. J’avais donc déjà gagné deux cent quatre-vingt mille euros et j’avais encore vingt mille euros en course à sept contre un. J’ai alors pris tous les risques et j’ai mis les deux cent quatre-vingt mille euros sur la victoire de la France par plus d’un but d’écart, sans prolongations, à trois contre un. Même en cas de défaite de la France, il me serait resté cent vingt mille euros, pour rembourser mon père. Le soir du 12 juillet 1998, j’étais à la tête d’un million cent mille euros, enfin l’équivalent en francs. J’ai rendu à mon père la somme qu’il m’avait prêtée avec un bonus, cent cinquante mille euros en tout, et j’ai gardé neuf cent cinquante mille euros.

 

J’ai alors décidé d’aller vivre à Paris. J’ai acheté la maison rue de Prony – l’immobilier, c’est du solide – pour sept cent mille euros. Elle était en mauvais état, il y avait beaucoup de travaux à faire et puis la vieille dame qui en était propriétaire a été émue par mon histoire et m’a donné la préférence à un prix décoté. En tout, ça m’a coûté sept cent cinquante mille euros avec les frais et j’ai gardé deux cent mille euros pour me lancer dans les vraies affaires.

 

 

 

 

 

2

Jules

 

 

 

Je suis Jules, le frère de Jim. Son frère jumeau.

Nous avons démarré notre vie en commun quand nous avions vingt ans. J’étais alors étudiant de première année à l’École Normale Supérieure, rue d’Ulm. C’était trois mois après le décès de notre père et une semaine après celui de ma mère. Jim m’avait proposé de venir vivre dans sa maison rue de Prony dans le dix-septième arrondissement et j’avais accepté avec joie.

À l’époque, nous ne nous connaissions pas. Chacun était bien sûr au courant de l’existence de l’autre, mais la vie – décidée, en fait exigée, par nos parents – nous avait séparés lorsque nous avions quatre ans.

La vie conjugale de nos parents a été effroyable et leur divorce, pire encore. Ils n’étaient d’accord sur rien et je me suis toujours demandé ce qui avait pu les pousser à vivre ensemble, à se marier et à avoir des enfants.

Nos parents se sont connus à la Fête de l’Humanité de 1974. Notre père faisait partie, depuis ses quinze ans, des Jeunesses communistes, mais le moins qu’on puisse dire est qu’il n’était pas un militant convaincu et actif. Sa participation annuelle à la Fête de l’Humanité était surtout l’occasion de bénéficier d’un terrain de drague au potentiel immense. Notre mère était venue – et c’était la première fois qu’elle se rendait à une Fête de l’Humanité – avec des amis, deux garçons et une fille, étudiants comme elle en pharmacie, pour écouter le concert de Leonard Cohen. J’imagine que les connaissances de notre père au sujet de ce dernier l’ont impressionnée.

Ma mère était belle et intelligente, mais certainement peu encline à quelque concession que ce soit à l’égard de son conjoint.

De son côté, notre père avait un charme certain et il semble qu’il ait eu un véritable coup de foudre pour ma mère. Cependant, il n’était absolument pas fait pour une vie avec une femme telle qu’elle.

L’attitude de mes grands-parents maternels, et surtout celle de mon grand-père David, a considérablement compliqué les relations du couple. Ma mère était fille unique – comme notre père, mais lui avait déjà perdu ses parents lorsqu’ils se sont rencontrés – et aux yeux de mon grand-père, elle était un joyau, que notre père ne méritait pas, qu’il n’aurait même pas dû regarder.

Tout chez notre père révulsait mon grand-père David, et ma grand-mère Olga ne faisait rien pour tempérer les sentiments de son mari à l’égard de leur gendre. À leurs yeux, notre père était un moins que rien, un homme sans culture, méprisant la tradition juive, scotché à une activité professionnelle sans intérêt et n’offrant aucune perspective d’une amélioration – promotion, disaient-ils – dans l’avenir, même lointain. L’histoire familiale bruisse d’anecdotes manifestant à quel point notre père pouvait, aux yeux de sa belle-famille, se couvrir de ridicule. Ainsi, mon grand-père a raconté à plusieurs reprises combien il avait été estomaqué, lorsqu’à l’occasion d’un dîner du vendredi soir, son gendre, qui, bien entendu, ne portait pas de kippah et s’était complètement désintéressé des prières, avait affirmé péremptoirement que la musique de Félix Mendelssohn n’arrivait pas à la cheville de celle d’Ennio Morricone.

C’est à treize ans, à l’occasion de ma bar mitzvah, que ma mère et mon grand-père m’ont raconté ce qui s’était passé lors du divorce de nos parents.

J’avais, tout au long de ma treizième année, secrètement espéré que mon frère ait suivi des cours de Talmud Torah et que nous puissions célébrer notre bar mitzvah tous les deux, en présence de notre père et de toute notre famille. Il m’apparaissait qu’il s’agissait-là du moment propice pour une réconciliation familiale et permettre à deux frères, jumeaux, de se connaître enfin. Mais, il n’y eut point de bar mitzvah commune et ni notre père ni surtout Jim ne furent invités à la cérémonie et à la fête qui suivit.

Je me souviens parfaitement bien de ce jeudi matin, où l’adolescent que j’étais, entrant dans le monde des adultes, après avoir enroulé pour la première fois des tephillin autour de son bras gauche et récité les prières de l’office du matin, fut happé dans un coin de la synagogue par sa mère et son grand-père, alors que les autres fidèles se dirigeaient vers la sortie.

« Tu dois savoir quelque chose désormais », me dit ma mère, sous le regard sévère de mon grand-père et avec la bénédiction, selon eux, du Dieu dont nous chantions constamment les louanges. « Lorsque j’ai divorcé de ton père, qu’il n’apparaisse plus jamais à ma vue, nous avons décidé que chacun de nos deux enfants vivrait, l’un avec moi et l’autre avec ton père, que son visage soit à jamais effacé de mon esprit. Et qu’il convenait de procéder à cet effet à un tirage au sort. C’est ainsi que tu m’es revenu, mon chéri adoré et que Jim a été attribué à ton père, qu’il ne trouve jamais le repos ».

J’étais interloqué par la violence de ces propos, consterné par le choix du moment et du lieu où ils avaient été tenus et bouleversé du sort qui était réservé à ce frère, que je ne connaissais pas. C’était comme si un terrible coup de poing m’avait été asséné dans le ventre et il s’est agi incontestablement de l’évènement déclencheur de l’attitude de rébellion, que j’ai adoptée dans les années d’adolescence qui ont suivi, à l’égard de ma famille.

Jim m’a révélé qu’il avait été informé par notre père du tirage au sort, beaucoup plus tôt que je ne l’ai été.

Pour décrire Jim, je ne peux pas mieux dire, qu’il est l’incarnation de l’être ayant, noblement, les pieds sur terre. Et pour l’illustrer, je ne peux pas mieux faire que d’évoquer mes sensations lorsque nous sommes allés skier ensemble pour la première fois.

À compter du divorce de nos parents, Jim a vécu avec notre père à Briançon. Pourquoi Briançon, où notre père n’avait aucune attache ? Certainement, à cause de sa maîtresse de l’époque, qui y vivait et exploitait un magasin de disques. Jim m’a informé de ce que leur relation n’avait pas duré longtemps, mais que notre père n’avait jamais envisagé de quitter la ville où il s’était installé.

Pendant la saison d’hiver, Jim allait constamment skier. Le mercredi, le samedi, le dimanche et tous les jours de vacances. Le ski l’intéressait beaucoup plus que l’école. De mon côté, j’allais à la montagne, en colonie de vacances, à Noël et en février (pas à Pâques, qui tombait le plus souvent pendant la période de Pessah). Je suis donc devenu un bon skieur… pour un Parisien s’entend. Jim est un champion.

Lorsque je le vois skier, je ressens que son corps épouse, avec une subtile délicatesse, mais aussi la part d’agressivité nécessaire, les pentes situées aux flancs de la montagne. Son esprit lui dicte une attitude et des positions où il s’ancre à la neige et à l’humus, aux minéraux et à l’herbe qu’elle recouvre. Il fait matériellement corps avec le sol, se permet, comme dans la vie, de légers écarts quand il accomplit un virage à l’endroit où personne n’aurait osé tourner et s’élève à une hauteur vertigineuse sur la bosse précédant le schuss d’arrivée, sûr de la grâce avec laquelle il retombera.

Jim est tout pour moi : mon socle, mon repère, mon poil à gratter.

Il est sain, curieux, candide, bienveillant, protecteur. Non seulement il m’épargne toute préoccupation matérielle – sans jamais le souligner et en s’excusant presque lorsque la question est abordée, d’un « ce n’est rien du tout » sincère – mais il contribue positivement à mes réflexions philosophiques et talmudiques.

Ma famille maternelle avait un plan de vie clés en main pour moi : l’étude du Talmud, permanente et exclusive, désirée de longue date par mon grand-père David, mais qu’il n’avait pas pu mettre en pratique, l’aide matérielle de ma famille – son activité de pharmacien lui avait permis de se constituer un patrimoine immobilier consistant, ayant vocation à s’accroître, ma mère ayant repris la pharmacie – et un mariage avec une jeune femme de la communauté juive, d’une famille riche si possible, attachée à la tradition et disposée à lui donner de nombreux arrière-petits-enfants.

Rien de tout cela ne me convenait.

J’étais et je reste fasciné par le Talmud. Toutefois, j’ai perçu jeune que j’avais viscéralement besoin de nourrir mon esprit, d’écrits littéraires et philosophiques venant d’autres horizons.

Je ne concevais pas non plus de ne pas travailler. À cet égard, je souhaitais me situer dans la lignée de Maïmonide, qui considère que celui qui s’investit uniquement dans l’étude de la Torah, sans travailler et en vivant de subsides, profane le nom de Dieu et humilie la Torah, car il éteint la lumière de la religion et se fait du mal.

Certes, mon grand-père travaillait, mais la question ne se posait pas en termes identiques, puisqu’il n’avait pas eu la faculté de poursuivre des études talmudiques dans sa jeunesse ni plus tard, en tout cas pas en profondeur. Et c’était comme s’il avait une revanche à prendre à cet égard, à travers moi.

Enfin, s’agissant d’une épouse et d’enfants, je n’y étais pas hostile, mais j’étais réticent à toute idée de planification en la matière.

 

 

 

 

 

3

Jim

 

 

 

Notre père m’a souvent dit qu’au tirage au sort, il n’avait pas eu de chance d’être tombé sur moi. Et que, de toute façon, c’était écrit, car il n’avait jamais de chance. Moi, de ce que j’ai appris de Jules par la suite, je considère que j’ai eu de la chance et de la malchance. Fifty-fifty. Pas plus, mais pas moins non plus.