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Dans un avenir éloigné, les êtres humains ont abandonné la Terre pour s’installer dans toute la galaxie depuis la « plate-forme centrale », qui orbite désormais autour de la planète. Cependant, en déclinant en influence parmi les empires humains dispersés dans la galaxie, les dirigeants prennent la décision de réexploiter les ressources de la planète Terre, désormais nommée Terra Prima. Mais leur initiative se heurte à une résistance inattendue...
À PROPOS DE L'AUTRICE
Les mangas ont éveillé la passion de lecture d’
Alpha D. C., qui s’est ensuite étoffée avec des classiques et de la science-fiction à l’université, inspirée par des auteurs comme Isaac Asimov et A. E. Van Vogt. C’est alors qu’une idée latente depuis plus de dix ans a commencé à prendre forme.
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Seitenzahl: 582
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Alpha D. C.
Diaspora
Les chroniques de Terra Prima
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alpha D. C.
ISBN : 979-10-422-0862-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La Plateforme Centrale, satellite artificiel de la planète Terra Prima, berceau de l’humanité, avait un temps représenté la bienfaitrice d’une espèce en danger. Le gouvernement de la Plateforme souhaite avoir la mainmise sur les ressources de la planète, mais devant elle se dressent plusieurs obstacles. Tout d’abord les autochtones de la planète, derniers individus d’une humanité disséminée. Ensuite, les empires galactiques, qui se sont formés à la suite de la grande diaspora, quand les êtres humains en danger quittèrent leur planète pour coloniser leur galaxie.
Dans l’immensité de l’espace, un grand vide habite les pilotes de vaisseau qui contemplent les boules de lumière suspendues dans l’obscurité, si proches, mais si éloignées. L’ancien Colonel de la marine Ely se laissait porter par ses souvenirs d’autrefois, en contemplant le vide qui lui faisait face.
Il revenait de mission avec sa famille, aussi particulière qu’elle est, il s’agissait bien d’une famille. Son ami de toujours et anciennement Colonel Joshua, voguait avec lui dans l’espace en compagnie de leurs deux jeunes enfants.
Les deux hommes avaient quitté l’armée à la suite de la Grande Explosion. Cet évènement avait bouleversé la Plateforme Centrale à plusieurs niveaux, mais avait aussi marqué la fin des guerres entre systèmes solaires. Pour beaucoup de ceux qui avaient connu l’enfer des conflits, l’insertion dans la vie civile ou celle d’apparat militaire pour parades était impossible. L’armée n’était plus utile et n’avait pas rempli son contrat à leurs égards.
Cela faisait huit ans qu’avait eu lieu la Grande Explosion. Beaucoup de vies humaines furent marquées et changées à jamais, et c’est à l’appel de l’aventure que les anciens colonels décidèrent de succomber. Peut-être par amour de l’action ou pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants. Les deux hommes avaient choisi de devenir des mercenaires de l’espace. La guilde offrait de bons contrats avec des risques mesurés et quantifiés par un système de notation allant de F pour les moins dangereuses à A pour les plus dangereuses. Mais qu’est-ce que le danger pour des hommes qui ont vu au cours de leur vie, plus de mondes que ne verra jamais un citoyen de la Plateforme Centrale ?
Les Colonels Ely et Joshua avaient grandi ensemble, s’étaient engagés au même moment dans l’armée, avaient fait la rencontre de leurs femmes le même jour au cours d’un bal, et s’étaient mariés le même jour avec elles. C’est dans la continuité des évènements que les deux amis les perdirent lors de la Grande Explosion. Leurs enfants, un petit garçon nommé Ray et une petite fille nommée Mili avaient survécu grâce aux sacrifices de leurs mères.
Ray était plutôt d’un caractère tendre, il aimait beaucoup observer son père piloter, passionné par tous ces boutons et la magie du pilotage en lui-même. Il était blond aux yeux bleu pâle comme son père. Il comprenait bien que l’on puisse piloter dans l’espace, car il n’y avait aucune gravité, aucun poids, mais lorsque le vaisseau pénétrait dans une atmosphère, tout était différent et cela le perturbait, mais le passionnait par la même occasion.
Mili, la fille de Joshua, avait un caractère de combattante à l’inverse de son père, qui d’un physique impressionnant était profondément diplomate. Il le disait lui-même, la sagesse vient avec l’âge, pas de doute pour lui qu’un jour sa fille s’assagirait. Il le comprenait bien, lui aussi était le premier à se battre lorsque enfant, les deux hommes vivaient dans les zones basses de la Plateforme Centrale. Elle avait pris le teint ébène de son père, et les yeux bleu foncé très caractéristique du peuple de sa mère.
Les origines de sa mère remontaient à une ancienne tribu qui autrefois peuplait Terra Prima. Le code génétique très rare de ce peuple ancien se transmettait encore de génération en génération.
La famille revenait de mission, et devait assurer le transport d’un artefact provenant d’une exoplanète que des archéologues de la Plateforme Centrale étaient partis étudier.
La Plateforme Centrale restait pour les enfants un lointain souvenir. De mémoire, seules leurs aventures dans l’espace aux côtés de leurs pères rythmaient leur quotidien. Ils ne se rappelaient plus les visages de leurs mères, qui lors de la Grande Explosion avaient fait barrage de leurs propres corps pour les protéger. Seules les transmissions d’informations sur le petit projecteur holographique du vaisseau leur avaient laissé entrevoir cet endroit, prodige du savoir humain, et avaient nourri leurs rêves les plus fous. Huit ans d’aventure dans l’espace, à découvrir des planètes, des civilisations plus différentes les unes que les autres. Pourtant, c’était pour la Plateforme Centrale que tous les deux étaient excités à l’idée de pouvoir enfin la contempler de leurs propres yeux.
Les cris d’enfants emplissaient l’espace du vaisseau, Ely regardait droit devant lui, non plus rêveur, mais d’un regard concentré et perçant quand Joshua s’approcha de lui.
Mili avait maîtrisé en une clé de bras Ray. Elle le lâcha aussitôt et rejoignit son siège sagement, presque machinalement. Ray, qui avait l’habitude de se faire battre par cette petite force de la nature, se releva et courut comme si de rien n’était sur le siège placé derrière son père pour mieux l’observer.
Pour le retour de la mission, ils avaient fait le choix d’emprunter un chemin différent, plus long, mais plus sûr, les hommes d’expériences qu’ils étaient s’attendaient à ce qu’il y ait de l’action. Une mission de rang A ne pouvait pas se passer sans qu’un tir de canon énergétique ne soit donné, ils en étaient conscients.
Le vaisseau s’apprêtait à sortir de la porte inter-systèmes qu’ils avaient prise. Ces portes permettaient de rallier plus rapidement des systèmes solaires très éloignés dans la galaxie. Elles avaient été construites au temps de la colonisation spatiale, la grande Diaspora. Les deux hommes regardaient devant eux avec une concentration que l’on ne pouvait acquérir qu’après un certain nombre de combats dans l’espace, chacun à son poste, Ely aux commandes et Joshua aux canons.
Ils savaient qu’en sortant par cette porte, un vaisseau de petite taille, bien commandé, pouvait passer inaperçu sous n’importe quel radar. L’étoile où il se trouvait pouvait être utilisée pour se dissimuler. Seuls les enfants étaient émerveillés par l’apparition de l’astre, car rien n’est plus beau, que l’observation d’un soleil vu de l’intérieur d’un vaisseau. La lumière remplit doucement la face avant de l’engin, le hublot avant s’opacifie pour filtrer les rayons de l’étoile et faire baigner d’un rouge orangé le poste de pilotage. Autant le spectacle était beau pour les enfants, autant il était dangereux pour les adultes.
Le cercle et l’hexagone, le symbole ne laissait aucun doute. Il y avait là un vaisseau amiral appartenant à la grande flotte de la Plateforme Centrale.
Arrivé à porter de communication, le vaisseau de la marine leur demanda d’indiquer leur matricule.
Un soupçon de doute restait néanmoins gravé sur le visage d’Ely et c’est à son grand étonnement qu’il nota : « C’est bien calme derrière ? »
La communication entre les deux vaisseaux fut rétablie.
Ely réfléchissait, à quoi faire dans une telle situation ? Il n’avait aucunement l’envie de se retrouver à l’intérieur de ce grand vaisseau de la marine. Cette même marine à laquelle ils avaient lui et Joshua appartenus. Les enfants étaient leur seule préoccupation, il ne le savait que trop bien, mais leur vaisseau n’aurait aucune chance face à un tel bâtiment.
Le hangar du vaisseau amiral était énorme, on pouvait compter au moins six vaisseaux de la même taille que celui d’Ely et Joshua, une quinzaine de vaisseaux plus petits remplissaient l’espace restant. La lumière se réfléchissait sur la surface blanchâtre, ce qui amplifiait son effet, c’était calculé, il fallait que les personnes de gardes aient une impression constante de jour ambiant pour rester le plus actives possible. Tenir les soldats éveillés dans cette fourmilière était le seul but de tout l’éclairage qui composait le vaisseau. L’engin se posa à un emplacement défini au sol par des lumières rouges. Joshua donna les dernières recommandations avant de sortir.
L’enfant alla se mettre à la place de son père, au poste de pilotage, et regarda les deux hommes s’avancer escortés par quatre soldats portant l’uniforme de la marine. Tandis qu’ils s’avançaient, une porte du hangar s’ouvrit et un homme escorté par deux autres soldats franchit la porte. Par son uniforme blanc, sa veste blanche aux bandes dorée au niveau des poignets, il ne faisait aucun doute qu’il était le plus gradé d’entre tous.
Les deux amis se regardèrent avec un large sourire.
Le Général Erwin Myers avait été transféré pour officier sur ce grand vaisseau amiral après que la Grande Paix fut déclarée. Il avait le physique d’un guerrier, tout chez lui criait le mot guerre. Sa barbe bien taillée et ses cheveux gris bien peignés étaient conformes au protocole. C’est dans ses pupilles d’un bleu glacial qu’on pouvait lire qu’il s’agissait d’un homme qui avait navigué dans tous les systèmes solaires de la galaxie et participer à mille combats.
Joshua qui arborait son sourire habituel lui répondit avec fierté.
Ely, sur son ton moralisateur habituel, n’hésita pas à refuser la demande du général.
Les quartiers du Général Myers respiraient la modestie qu’un soldat de n’importe quel rang doit posséder. Dénué de tout matériau clinquant comme on en trouve sur les vaisseaux d’hommes fortunés. Le bureau était l’élément principal de la pièce, deux chaises lui faisaient face. Au centre était placé l’espace pour les projections holographiques. Au fond de la pièce, un canapé très large, dans un état qui laissait croire que peu de personnes l’avaient un jour occupé. À ses côtés, une porte fermée qui devait sûrement donner sur la partie privée. Un grand hublot lui permettait de voir en contrebas une large partie du vaisseau. Ils s’étaient toutefois accordé le privilège d’installer un mini bar fait de bois naturel qui détonnait entièrement avec le reste de la pièce. Les retrouvailles furent chaleureuses. Les amis buvaient et rigolaient. Par moment, des silences à la mémoire de camarades tombés au combat ponctuaient leur conversation, puis les rires reprenaient.
Mili avançait dans une forêt tropicale très dense, sa petite main écartait les grandes feuilles qui se dressaient sur son passage. Il faisait nuit, la lune était pleine et devant elle s’accordait à merveille un bal de lucioles qui lui éclairait le chemin.
À mesure qu’elle avançait, elle entendait les clapotis d’une eau calme. Au centre de cette forêt se trouvait un lac, au centre de ce lac se trouvait une petite île. Elle le savait et continuait d’avancer. En face d’elle, sur la petite île, elle put très distinctement apercevoir une femme qui se lavait les pieds au bord de l’eau.
Cette femme était habillée d’un habit léger blanc éclatant qui faisait se réfracter la lumière de la lune. Une longue chevelure blonde ondulée lui descendait jusqu’aux genoux. Dans la contemplation de cette personne, Mili s’aperçut que cette femme était elle aussi de peau ébène.
Elle se jeta dans l’eau et nagea vers elle de toutes ses forces. La jeune femme, voyant l’eau perturbée, se redressa et aperçut la petite fille nager. Elle sauta de joie de la voir, elle plongea à son tour dans l’eau pour aller à sa rencontre.
Lorsqu’elles arrivèrent au moment de se toucher, Mili se réveilla avec la main de Ray lui bouchant la bouche. Il lui fit signe de faire silence. Mili leva les yeux.
Le vaisseau était composé à l’avant d’un poste de pilotage avec six sièges dont deux rabattables. On accédait ensuite à la salle commune qui servait de salon, salle à manger et accessoirement salle de jeux pour les enfants. Une zone avec deux lits superposés de part et d’autre du couloir. Puis, un espace de stockage équipé d’une échelle donnant accès au second niveau situé dans la partie arrière basse. Celui-ci avait la particularité, comme sur toutes les anciennes machines de cette époque, de donner un accès manuel au canon placé sur le ventre du vaisseau.
Naviguant avec des enfants à son bord, Ely et Joshua avaient fait le choix d’une acoustique interne particulière. Savoir où se trouvaient les enfants lorsqu’ils étaient occupés tous les deux à l’avant de la machine leur tenait à cœur. C’est grâce à cette acoustique, que Ray put savoir qu’un intrus s’était infiltré à l’intérieur de leur vaisseau. Il lui chuchota.
Mili avait toujours son sabre de bois proche de son siège, une habitude que son père lui avait inculquée. Elle prit doucement son arme. Avant même que Ray s’en aperçoive, la fillette se tourna et fit un bond d’une droiture incroyable, comme un félin qui se jette sur sa proie. La jeune guerrière arriva pile sur la poitrine de l’intrus, qu’elle agrippa et mit K.O en lui assénant un coup de son manche sur le sommet du crâne. Sa voix ne tremblait pas, elle était calme et remplie d’assurance lorsqu’elle donna l’ordre à son jeune ami.
À son réveil, le jeune intrus avait les poignets et les chevilles attachées. Face à lui, dans toute leur fierté, deux enfants se tenaient debout et le dévisageaient avec défiance.
Le Capitaine Grace était un militaire académicien. Physiquement pas très impressionnant, il arborait encore la coupe de cheveux des nouveaux diplômés. Issu d’une planète paysanne, régie par l’empire Granique, son accent le trahissait par moment. Doué d’une intelligence sans pareille, il avait réussi à obtenir une bourse d’études pour intégrer la grande institution qu’est l’académie militaire de la Plateforme Centrale. Toutefois, son sourire était sa meilleure arme. Il avait le don d’insuffler une confiance absolue à n’importe quel individu qui lui faisait face. Pas étonnant qu’il fut très apprécié par sa hiérarchie.
Le Capitaine Grace comprit rapidement à qui il faisait face. Non pas deux enfants ordinaires venus de la Plateforme, mais bien deux spécimens particuliers, deux enfants de purs soldats.
Sur un air de méfiance cette fois-ci, Mili le dévisagea, puis, comme un général de brigade, elle ordonna à Ray de le détacher. Le Capitaine se releva tout en frottant ses poignées.
Le capitaine qui était pourtant un garçon intelligent fut désemparé par cette réponse.
Le Capitaine les remercia avec son sourire chaleureux qui le rendait si célèbre auprès de ses compagnons. Même les enfants ne purent s’empêcher de ressentir un bien-être intérieur qui les mit un peu mal à l’aise. Une vingtaine de minutes plus tard, les deux pères revinrent près du vaisseau accompagnés par le Général Myers et quatre soldats. D’en bas, on voyait les enfants s’amuser avec le Capitaine Grace au poste de pilotage. La porte latérale du vaisseau s’ouvrit et le Capitaine descendit accompagné par les enfants qui ne voulaient plus le lâcher.
Merci Général dirent les deux hommes à l’unisson en se mettant au garde à vous.
Les anciens amis se séparèrent ainsi. Les enfants adressèrent de chaleureux au revoir à leur nouvel ami. Le vaisseau s’envola sous les yeux du Général Myers et de son capitaine.
Les déplacements spatiaux avaient fait un bon fulgurant lorsque l’humanité s’était fixée pour objectif de conquérir les systèmes solaires habitables. Les traversées se faisaient à l’aide de grands portails, disséminés dans l’espace, qui se reliaient entre eux. Lorsque l’on prenait l’une de ces portes, n’importe quel vaisseau passait dans l’hyper espace et franchissait des distances incroyables en un temps réduit. À la suite de la Grande Paix, trois portes supplémentaires furent construites. Les technologies ulésiennes, les plus avancées de toutes, furent à leur origine. Celles-ci faisaient se rejoindre le système solaire de la Plateforme Centrale avec l’empire Poros et l’empire Ulésien. Seul l’empire Granique, très conservateur, n’avait pas souhaité utiliser cette technologie.
À l’intérieur de ces portes, la navigation se faisait sur pilote automatique, car aucun homme ne pouvait y naviguer sans risquer de sortir du champ et dériver dans un espace inconnu. La clé de cette navigation était donc la connaissance des coordonnées de chaque porte. Il leur restait encore quelques jours avant d’arriver à la Plateforme Centrale.
Ely, qui était en charge de l’emploi du temps, décida de faire une halte sur une planète balnéaire où les plages sont les plus belles de la galaxie, d’après la publicité. Ces endroits sont en réalité, du moins pour la plupart, des chefs-lieux de rassemblement pour les mercenaires en tout genre. Il était bon pour eux d’y aller pour récupérer des informations, avant de se diriger aux portes inter-systèmes.
Pour pouvoir protéger et conserver la nature de la planète, mais surtout pour un intérêt pécuniaire, les propriétaires avaient installé une station spatiale où on entreposait les vaisseaux. Le flux des arrivants et des sortants était ainsi gardé sous contrôle.
Arrivés sur la plateforme de stationnement, il fallait louer un petit véhicule léger gravitationnel qui ne pouvait que fonctionner sur la planète. Ils atteignaient une vitesse de pointe de huit cents kilomètres par heure.
Il y avait de tout sur cette planète. De l’île privée sans vis-à-vis, à l’hôtel rempli de touristes venus pour quelques jours seulement. Ely et Joshua voulurent faire plaisir aux enfants en louant toute une île avec un grand bungalow de deux étages.
Cette exoplanète, placée, proche de son étoile, bénéficiait d’un climat tropical sur toute sa surface. L’eau bleue translucide, le sable fin blanc, donnaient au paysage une allure de paradis terrestre.
Ely laissait souvent Ray conduire les petits engins. Cela lui permettait d’apprendre la responsabilité d’avoir la vie de ses passagers en main. Mais surtout, l’entraînait par-dessus tout au pilotage gravitationnel. C’est le jeune garçon qui posa la navette sur leur petite île privée.
Une fois installé dans leur bungalow familial, Mili prit Ray par la main et l’entraîna dehors pour aller jouer. Joshua et Ely étaient assis dans la cuisine, un verre de whisky à la main et dévisageaient la boîte contenant le colis archéologique. Ely demanda à son ami.
Les deux amis n’avaient aucune intention d’ouvrir le colis, leur honneur de soldat le leur interdisait, l’éthique le leur interdisait. Mais il n’était pas rare que dans la guilde certains se laissent appâter par le gain. Dans ce cas, c’était la radiation immédiate de la guilde qui entraînait ainsi le basculement dans la piraterie. Il faut savoir que les mercenaires venaient de tous les horizons, certains n’avaient pas de formation militaire et se débrouillaient dans d’autres domaines. La prise d’informations ou encore la réparation d’engins mécaniques. La guilde acceptait tout le monde, tant que vous êtes prêt à renoncer au confort moderne et que vous savez quoi faire de vos dix doigts pour être payé par mission.
La planète était en effet protégée dans son entièreté par un champ de force. Si l’on fixait assez longtemps le ciel, une déformation dans les nuages pouvait être perçue.
Ely vit que son ami, qui était toujours très expressif, venait de subir une baisse de morale conséquente à la suite des conclusions qu’il venait de faire.
La pêche à l’information était l’activité favorite de Joshua. Sa mine enjôleuse et son caractère doux, était très apprécié par tout le monde. Les femmes lui tombaient dessus et lui parlaient sans aucune retenue. Les hommes, après s’être rendu compte que cette montagne de muscle était très amicale, n’hésitaient pas à se confier.
Ils déposèrent leur verre et sur un ton autoritaire que seuls ceux qui ont connu l’armée connaissent Joshua appela les enfants : « Mili ! Ray ! ».
Les deux enfants adoraient lorsque Joshua les appelait de cette manière. Ils courraient vers lui en se poussant pour être le premier à parler. Ce fut comme d’habitude Mili qui gagna.
Ely se mit à rigoler de tout son corps, Joshua les regardait avec tendresse.
C’est dans ces moments-là que les deux anciens soldats se souvenaient qu’ils étaient une famille.
Mili très soucieuse, mesura mentalement l’exactitude de ses propos. Elle ferma les yeux, se concentra et comme une récitation commença.
L’après-midi fut ensoleillé. Joshua passa du temps sur la plage à entraîner Mili avec des armes en bois et à main nue. Ely et Ray étaient dans les airs avec le vaisseau gravitationnel.
À la nuit tombée, la chaleur n’avait pas baissé d’un degré. La petite famille embarqua dans la navette que conduisait Ray et se rendit sur la plage du Grand Hôtel Central.
La plupart des mercenaires logeaient dans ce grand bâtiment. Les chambres n’étaient pas très chères pour les courts séjours et beaucoup de promotion était faite pour les groupes de personnes.
Arrivés sur la plage, les enfants partirent jouer de leur côté. Ely et Joshua allèrent au bar de la plage.
Joshua admiratif devant ce jeune barman cria sans retenue.
Joshua l’avait écouté avec beaucoup d’empathie. Il prit une gorgée en levant son verre en direction du jeune homme pour signifier qu’il partageait son point de vue. Il lui fit signe de se rapprocher et chuchota comme s’il commandait quelque chose d’interdit.
Ely partit à la recherche des enfants sur la plage pour les inscrire aux jeux de la soirée. La réelle intention était surtout de laisser Joshua avec ce barman bien bavard pour récolter quelques informations utiles.
La nuit était sombre et très étoilée. La plage était éclairée par des feux répandus un peu partout, plusieurs groupes de personnes s’étaient formés autour d’eux. Les enfants participaient au concours qui se donnait en guise de divertissement. Mili, très sérieuse dans sa tâche, explosait les records et terminait première à tous les jeux. Les deux amis avaient trouvé des chaises longues et les avaient placées un peu à l’écart de tout le monde pour observer l’eau calme et les étoiles.
Joshua qui fumait un cigare prit une bonne bouffée avant de l’expulser doucement et répondit à son ami d’une voix laconique : « En dessous de 10 % ».
Mili sauta sur le ventre de son père comme à son habitude et cria très fort avec fierté.
Ray avait une peur contrôlée de Mili. Il savait qu’il allait se retrouver dans une position plus au moins humiliante à chaque fois qu’il entrait en conflit avec elle. Mais le jeune garçon n’a jamais eu peur de lui dire la vérité. La petite fille sauta du ventre de son père pour se ruer sur Ray. Les deux enfants se bagarrèrent sous les yeux de leur père heureux de les voir ensemble.
Joshua laissa Ely rentrer en avance avec les deux enfants. Le bavard Richet lui avait indiqué plusieurs personnes à contacter pour leur mission du lendemain. Assis au bord de la plage, un vieil homme regardait avec nostalgie les va et vient de l’eau sur la plage. Il parcourait les systèmes solaires pour proposer aux stations balnéaires des activités. Son équipage était surtout composé de musiciens, de clowns et d’artistes de voltige. Ce sont eux qui avaient organisé les jeux sur la plage. Toutefois, comme beaucoup d’autres vaisseaux, ils étaient équipés de canon, car personne n’est assez fou pour parcourir la galaxie sans armes. C’est avec lui que Joshua décida de commencer son recrutement.
De retour au bungalow, Ely et Joshua installèrent les enfants dans leur lit et leur firent répéter : « nous sommes deux dans un », avant de sortir, Joshua pris le temps de leur dire.
Une fois les enfants couchés, les deux amis descendirent s’installer dans la cuisine pour discuter sur la suite des évènements.
Mili se trouvait sur une petite île. La nuit était profonde et sombre. La lune resplendissante était pleine, et éclairait d’un halo lumineux tout le ciel. Ce lieu lui rappela un autre rêve qu’elle avait déjà fait, c’était bien la même île qui était au milieu du lac.
Une grande femme blanche, élancée, aux longs cheveux blonds bouclés et aux yeux d’un bleu lumineux, baissa les yeux sur Mili. Son apparence était différente, mais c’était bien la même jeune femme. Mili le ressentait comme tel. Toujours habillée d’un habit blanc éclatant, qui brillait grâce à la lumière de la lune.
La jeune femme lavait les cheveux de l’enfant, à l’aide d’une argile de couleur verte qu’elle ramassait à même le sol.
Avec la candeur d’une enfant, Mili très sereine lui demanda.
C’est sur un air assez sombre et triste que la jeune femme répondit.
Ely et Joshua étaient dans le salon, occupés à ranger leurs affaires. Il était très tôt, le soleil ne s’était pas encore levé.
Mili vit ses deux pères s’affairer et leur demanda.
— Nous partons déjà ?
Joshua s’approcha d’elle, s’abaissa et lui dit calmement.
La jeune fille retourna dans sa chambre en courant, sans se retourner.
Ely et Joshua prirent leur navette gravitationnelle et quittèrent la petite île.
Arrivés au hangar spatial, Joshua fit les présentations à Ely qui n’avait pas encore rencontré les équipages qui les accompagneraient dans cette périlleuse mission.
Le premier était spécialisé dans l’aide au transport. Leur appareil était un ancien vaisseau cargo qui possédait un champ de force très puissant et assez grand. Capable de couvrir plusieurs appareils à la fois, tant que ces derniers restaient dans un certain rayon à ses côtés. Le Capitaine Le Florentin avait dans sa carrière participé à plusieurs combats. Il avait tout bonnement rejoint la guilde pour continuer à ressentir l’adrénaline que procurait l’aventure et les combats. Son équipage était composé d’anciens étudiants ingénieurs venus de la Plateforme Centrale. Leur motivation était de générer le bouclier le plus puissant qui puisse être pour un vaisseau. Ils avaient pour la plupart travaillé pour des entreprises de protection d’exoplanètes comme celle de la station balnéaire.
Le second équipage était formé par d’anciens soldats qui dans un premier temps étaient devenus pirates puis, avaient décidé de se faire de l’argent légalement et laisser derrière eux ce malencontreux passé. Ce genre de repentis étaient courant au sein de la guilde des mercenaires. Pour se racheter une conduite, on leur imposait des frais supplémentaires à chaque fin de mission accomplie. Leur vaisseau était le résultat de l’enchevêtrement d’autres vaisseaux plus petits et occupé par un seul pilote. Ils formaient un équipage de six personnes. Le capitaine du vaisseau avait un nom connu dans la galaxie. On disait qu’il avait réussi à sauver la vie de tout son équipage lors d’une embuscade pendant les grandes guerres inter-systèmes. À la fin de la guerre, quand un semblant de paix fut trouvé entre les différents empires, ses ennemis devenus amis lui attribuèrent une médaille du mérite pour ce haut fait d’armes. Ses cinq pilotes qui l’entouraient devaient être ce qui restait de son ancien équipage. Pour ce qui était du combat d’aujourd’hui, avoir cinq pilotes qui ont connu une guerre valait vingt pilotes qui n’en avaient jamais fait une. Ely prit la parole en premier.
À la fin de ce discours éloquent, Joshua s’approcha de son ami en compagnie d’un homme.
Au cours de leur échange, Ely remarqua qu’un autre homme s’approchait d’eux. Il avançait avec une assurance certaine et arborait un sourire. Il tendit la main aux trois hommes et se présenta à haute voix.
Le Capitaine Forgold interrompit les formalités et demanda à Joshua.
J’espère que ces excentriques seront à la hauteur ! dit le capitaine en crachant au sol.
Les vaisseaux décolèrent de la station spatiale.
Le vaisseau cargo du Capitaine Le Florentin fut le premier à décoller. À ses côtés les deux autres engins fermaient la marche et restaient proches de lui.
Dans chacun des vaisseaux, la tension pouvait être palpable. Les ingénieurs du Capitaine Le Florentin s’exécutaient à vérifier que tous les appareils étaient bien calibrés. Ils couraient tous un peu partout dans l’énorme vaisseau. Les hommes du Capitaine Forgold, plus expérimentés au combat, faisaient chacun dans leur coin leur petit rituel d’avant-guerre. Joshua et Ely, quant à eux, ne plaçaient leur destinée ni dans les amulettes porte-bonheur ou dans une science quelconque. Les deux amis étaient chacun à leur poste. Joshua en mode manuel était en dessous du poste de pilotage. Ce mode de combat était fait pour les personnes aguerries, l’assistance à la visée déconnectée. Il fallait être doté d’une capacité de forte concentration et de réflexe hors norme pour assurer ce poste. C’était l’excellente entente entre les deux hommes qui leur permettait une synchronicité parfaite dans chacune de leurs manœuvres et qui les rendait aptes à utiliser ce mode. Ils étaient concentrés dans le moment présent, ni plus ni moins.
Les vaisseaux n’étaient plus très loin du portail qu’ils devaient traverser. Tout à coup, ils virent sur leurs écrans radar s’allumer plusieurs signaux. C’était un mur qui se dressait devant eux. Vu le nombre de vaisseaux, il s’agissait sûrement d’au moins trois équipages pirates qui avaient fait une alliance.
En voyant ce nombre, Joshua dit à Ely.
Ely le savait, il était impossible que des pirates de l’espace s’organisent en alliance pour effectuer de simple pillage dans une zone donnée. Ce type d’arrangement créerait beaucoup trop de problèmes lors de la répartition des biens mal acquis. Pour que des pirates de différents équipages se regroupent comme cela, ils devaient avoir un but commun. Un but dicté par un commanditaire qui les payait gracieusement pour leur service. Tout comme Joshua, Ely était sûr à présent que c’était l’armée, leur ancien ami, le Général Erwin Myers qui était derrière tout ça.
Les impacts de tirs étaient absorbés puis dispersés par le champ de force du vaisseau cargo. Les attaques étaient si nombreuses qu’ils ne purent avancer davantage. Un bouclier est plus efficace lorsque les réacteurs de l’engin sont coupés. La stratégie était simple, attendre tout d’abord que les canons ennemis surchauffent puis contre-attaquer. Personne dans l’espace ne pouvait tirer trop longtemps sans surchauffe. La gestion de l’énergie est aussi un art dans la guerre spatiale. Les vaisseaux pirates ne pouvaient plus tirer, le bouclier était trop puissant pour eux.
C’est alors que surgit de derrière le grand cargo un vaisseau. C’était Ely et Joshua qui contre attaquaient seuls en premier lieu. Le vaisseau allait à une vitesse ahurissante. Il slalomait entre ses ennemis sans peur. Il rompit ainsi le grand bloc qui était formé. Dans ce slalom, Joshua tirait sans retenue et touchait à chaque fois. Du cockpit des Capitaines Forgold et Le Florentin, la vue que l’on avait était celle d’une boule clignotante créant des explosions à chacun de ses passages. Le Capitaine Forgold jubilait sur son siège.
Le mode manuel qu’utilisait Joshua lui permettait une meilleure gestion de la surchauffe. Ils pouvaient tirer plus longtemps que la moyenne sans avoir à se replier. Une fois que l’ennemi reprit son cycle d’attaque, Ely et Joshua parvinrent à se réfugier à nouveau derrière le grand vaisseau cargo. Les pirates étaient désemparés, la ligne ne tenait plus. Lorsque ces derniers se rendirent compte qu’ils avaient perdu beaucoup trop de vaisseaux dans cette première attaque ennemie, ils menèrent une offensive de plein front en direction du vaisseau cargo.
Ely cria dans le communicateur de son vaisseau.
Le vaisseau qui n’était qu’un ensemble d’autres vaisseaux se fissura et une formation en pointe se dessina autour du vaisseau cargo. La flèche directionnelle qui s’était créée ne laissait aucune chance à l’ennemi. Les pirates venaient s’engouffrer sur les tirs des canons énergétiques. Ils battirent alors en retraite, mais sur leur retour, un vaisseau apparu qui leur coupa la route.
Il s’agissait du premier équipage que Joshua avait rencontré sur la planète balnéaire. Le vaisseau des artistes était là, pile à l’heure. Il coupait la retraite des pirates. Les tirs n’avaient pas une aussi grande précision que celle des autres, mais cela fit l’affaire pour que les pirates partent à la déroute.
Ely tourna le vaisseau en un rien de temps. Face à lui ou plutôt derrière eux se dressait le grand vaisseau amiral de la marine du Général Myers.
Le vaisseau de la marine fit feu. Le rayon d’énergie était énorme et d’une rapidité incroyable, personne ne pouvait éviter un tir pareil. Le vaisseau de Papy Irving explosa en ne laissant que des débris flottant dans l’espace.
Les vaisseaux du Capitaine Forgold changèrent leur formation de l’avant pour se positionner à l’arrière du vaisseau cargo. Ely et Joshua entendirent dans le communicateur de leur vaisseau la voix du Capitaine Forgold.
Le vaisseau de la marine fit feu une seconde fois et brisa le champ de force du vaisseau cargo.
Plus personne n’était à couvert ! Il fallait du temps pour que les ingénieurs puissent trouver une nouvelle solution.
Au moment où il parlait, on pouvait voir des rayons bleutés quitter le grand vaisseau blanc. C’était les navettes de survie de ses ingénieurs. Le gros engin pivota sur lui-même et se posa à l’horizontale face au grand vaisseau de la marine. Le grand canon du vaisseau amiral était en surchauffe, il lui fallait trente secondes pour être à nouveau utilisable. Myers déploya ses canons d’énergie, et c’est pas moins d’un millier de tirs qui vinrent écorcher le vaisseau cargo qui ressemblait à une magnifique baleine blanche géante, il se scinda en deux. Derrière, couvert par la carcasse métallique, les vaisseaux de Forgold attendaient le bon moment pour contre-attaquer.
Dans le communicateur, la voix sûre et affirmée du vieux Général se fit entendre. Il était impossible pour lui de les laisser partir sains et saufs sans récupérer l’artefact. Sa mission serait un échec.