Alain Dopouridis
DIIVIN
La conspiration
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alain Dopouridis
ISBN : 979-10-422-5117-8
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À ma maman Michèle… à jamais dans mon cœur…
À mes fils Hugo et Roman, mes piliers…
À mon père, Georges, le Phoenix…
Mille mercis
à Laurence.L & Zoé.D
pour leurs nombreuses relectures
et leurs précieux conseils.
Un petit clin d’œil à Sébastien Tandou.
Le premier à avoir lu mon roman et à l’avoir adoré…
Prologue
Les premières dégradations avaient commencé à secouer la Terre en 2362.
Les multiples alertes des scientifiques, au fil des siècles passés, n’avaient jamais réussi à éclairer la conscience de nos dirigeants pour qu’ils appliquent, ensemble, des mesures strictes afin de sauver notre planète. Leurs timides efforts à la suite de décisions prises à minima, sans coordination, et beaucoup trop tard, n’ont pas pu empêcher la catastrophe…
La Terre s’était petit à petit embrasée.
Le profit plutôt que la vie pour quelques oligarques et têtes mal pensantes dont la volonté et la visibilité s’étaient arrêtées à de petites mesurettes pour endiguer les émissions de gaz à effet de serre et notamment du dioxyde de carbone.
La dilatation thermique qui amplifie de manière considérable le volume des océans avait déjà englouti la plupart des plages du bord de mer et leurs premières résidences.
Quand la calotte glaciaire de l’Antarctique et du Groenland, soumise à des températures irrespirables, avait totalement fondu, s’ajoutant à la dilatation thermique en expansion vertigineuse dans le volume des océans, des tsunamis et des cyclones incomparables s’étaient déclenchés sur tous les continents, et avaient balayé des centaines de millions de kilomètres carrés.
La Terre venait de couler, submergée par ces phénomènes incontrôlables.
Des milliards de morts étouffés par la chaleur ou disparus sous les eaux, et une extinction de la majeure partie des espèces aquatiques, le plancton ayant été réduit à presque néant à cause de cet insupportable réchauffement climatique.
De gigantesques migrations de survivants se sont déroulées pendant des années pour rejoindre les points les plus hauts de la planète.
Une nouvelle carte de la Terre s’était dessinée, jour après jour, dans les régions qui avaient survécu au désastre.
Quelques villes, au-delà du niveau des eaux, avaient pu accueillir des centaines de millions de réfugiés. Une minorité d’exilés, n’ayant pu trouver de place pour s’installer, s’étaient alors réfugiés sur les hauts-plateaux, et dans des régions limitrophes, où vivre dans des conditions normales, même à de très hautes altitudes, était devenu possible grâce au Dôme, une espèce de toile en verre immense, recouvrant la totalité du Nouveau Monde…
Il s’était déployé naturellement en quelques jours, dès la disparition de la Terre telle qu’elle était avant son engloutissement. Il fonctionne aujourd’hui comme une gigantesque climatisation réversible et automatique, sachant doser l’oxygène selon les altitudes habitées, pour d’une part, éviter de nouvelles catastrophes, et d’autre part, permettre à la nouvelle civilisation de vivre normalement.
Dans ce Nouveau Monde, quatre gouverneurs, secondés chacun par deux consulaires, ont été nommés, dans ce qu’on a appelé les Nouveaux États, mais personne ne sait comment ils ont été élus ni quelle entité a décidé de ces nouvelles appellations.
Ces dirigeants correspondent par SMS avec le peuple de leur région, chaque humain sous leur gouvernance ayant été consigné dans un ordinateur avec son numéro de téléphone, lors du premier recensement effectué par les brigades légères, la nouvelle police de proximité.
Les gouverneurs et les consulaires se déplacent uniquement dissimulés sous de grandes tuniques blanches, intégrales. (Ça vous rappellera peut-être quelque chose…)
Dans les années 2200, des avancées majeures avaient vu le jour dans la médecine. Les hautes intelligences scientifiques avaient rendu possible une vie presque éternelle en trouvant les remèdes à toutes les maladies mortelles. Tous les humains disposaient d’un droit de vie jusque vers 150 ans, tout en gardant leur apparence physique à partir de 50 ans. Seules les morts dues aux accidents, aux meurtres et aux disparitions, étaient irréversibles.
Depuis quelques années, en 2389, peu après la fin des évènements, les gouverneurs avaient instauré une loi interdisant la procréation, car le peu de surface restant à vivre, conjugué à la presque immortalité, ne permettait plus l’arrivée de nouvelles âmes. Des contrôles drastiques, par l’intervention des brigades légères lors des recensements, ont lieu chaque début d’année.
Hormis certains arcs de combats et de nouvelles armes tranchantes, toujours en développement à la pointe de la technologie actuelle, toutes les armes de tir à distance avaient été éradiquées.
Grâce à l’IA (Intelligence Artificielle), une idéologie scientifique exceptionnelle avait permis de connecter la planète entière au langage universel, avec la création d’un nouveau vaccin ARN messager. Une seule injection était nécessaire, à vie. Chacun des habitants de cette planète transformée avait été contraint de recevoir ce puissant stimulateur du cerveau, pour que tous les peuples puissent échanger et se comprendre dans une nouvelle langue commune.
Les lieux de cultes ayant disparu, de nouvelles religions se sont exprimées, mais chacun gère ses croyances en solitaire ou en petits comités.
1
Nous sommes en avril 2392, Vassilios, la cinquantaine décoiffée, a les yeux fixés sur l’horizon. Ce Français, expatrié grec, ancien garde du corps, bercé par le clapotement des vaguelettes qui viennent lécher les bords de sa terrasse en bois, est encore très marqué pas les évènements qu’il a vécus avec sa femme, Cécile 40 ans, il y a une dizaine d’années.
Cette fameuse route en caravane depuis Grenoble vers Briançon (capitale du Brium, l’un des quatre États du Nouveau Monde), alors que la chaleur commençait à faire des ravages et que l’eau grandissait régulièrement sous leurs pieds. Installés ici en juin 2382, ils étaient parmi les premiers migrants et trouvèrent facilement leur point de chute, un petit chalet à l’orée de la forêt Maldia, à 1 500 m d’altitude. L’eau s’était arrêtée de monter à cet endroit. Ils pouvaient profiter d’une vue dégagée, sur le lac central. Leur fille, Lili, 7 ans, était née ici, avant les interdictions de procréation.
La faune aquatique ayant presque totalement disparu, les conditions climatiques de bien meilleure qualité depuis le déploiement du Dôme, permettent petit à petit une résurrection de certaines espèces et la création de nouvelles, grâce au plancton qui a été réimplanté. Vassilios travaille comme agent d’entretien sur un golf de montagne en construction. Cécile est hôtesse de navigation sur les bateaux électriques qui font la navette entre différents secteurs d’habitations et lieux de travail. Lili est en classe de BRIA 3 (l’équivalent du CE2 dans l’Ancien Monde), à l’école Brianmont dans le centre-ville. Sa maman la dépose le matin, son papa vient la chercher en fin de journée après son travail. Enfin… Quand tout est normal…
2
Ce jeudi de fin avril, comme chaque jour de la semaine, Vassilios se rendait au golf pour son travail. Son meilleur ami et collègue de travail, Richard, qui s’occupe des livraisons de gazon, était absent. Alors qu’il se dirigeait vers le local des ouvriers, son patron l’interpella :
— Hey Vassil (son surnom), Richard n’est pas là, peux-tu t’occuper de livrer le gazon sur le départ du trou numéro 5 ?
— Bonjour Henry (le directeur du golf), je dois aller sur le 6 pour vérifier la prise du green.
— Pas grave, tu iras après, ça peut attendre. Le gazon du 5, c’est urgent. Tu en laisses une partie sur le départ et le reste sur le green.
— D’accord, je me change et j’y vais.
— Merci Vassil, on se voit plus tard.
Alors qu’il était en train de garer son estafette à proximité du départ du trou numéro 5, Vassilios remarqua un truc bizarre derrière une haie.
Il s’approcha, et les yeux exorbités, découvrit les restes d’une jambe humaine, couverte de sang, et cachée dans l’herbe haute, à l’écart du parcours…
3
Lili devait rentrer plus tôt ce jour-là à cause d’un professeur absent, et c’est Dothy, maman de Siam, la meilleure amie de la fille de Cécile et Vassil, qui était allée les chercher à l’école et les avait déposés dans son chalet, juste à côté de celui de ses parents, en attendant leur retour.
Siam est une jolie petite Eurasienne que Dothy et son mari Jack avaient adoptée.
Ils l’avaient trouvé seule et perdue pas très loin de chez eux, alors qu’elle avait migré pendant des mois, depuis le Kazakhstan. Elle n’a jamais rien pu dire sur sa famille, ni comment elle était arrivée jusqu’ici, prétextant que sa mémoire avait englouti tous les épisodes précédents de sa vie.
Son père et sa mère d’adoption travaillent au Decisium, un gigantesque bâtiment où les têtes pensantes et les forces de l’ordre ont leurs bureaux. C’est là aussi que se trouve une usine à fabriquer des robots de répression, et milles autres secrets inaccessibles… Dothy y est employée comme femme de ménage, et Jack comme agent de sécurité.
Le mari de Dothy a une sœur, Béatrice, un peu plus jeune que lui (sans emploi, elle cultive son jardin), qui habite de l’autre côté du lac central, avec un homme plus âgé, Jules, petit futé rentier, qui avait fait fortune lors de la révolution bancaire, où le « Killor » avait été introduit comme monnaie universelle. Il ne les voyait que très peu, car il ne supportait pas ce financier corrompu.
Cécile, ayant été prévenue, passa donc chez Dothy vers 18 h, après son travail, pour récupérer sa fille.
— Ça va, tout s’est bien passé ?
— Oui, elles ont pu faire leurs devoirs ensemble, et prendre leur goûter. Tout va bien, le Prof principal (M. Zef), qui devait faire l’après-midi, était absent.
— C’est vrai… l’école m’a appelé aussi, mais j’étais en navigation et je ne pouvais pas aller la chercher. Merci. On va y aller Lili, car papa ne va pas tarder et il faut que je prépare le dîner.
— OK maman, je prends mes affaires et on y va.
— Oui, Jack ne va pas tarder non plus et il faut qu’on parte faire quelques courses. On se voit bientôt.
— Bisous, à bientôt et merci encore.
4
De retour au chalet, Lili et sa maman aperçurent Vassilios qui arrivait aussi.
— Belle journée Vassil ?
— Bah un peu bizarre, mais je t’expliquerai tout à l’heure. Et toi ?
— Moi aussi un peu bizarre, on en parlera plus tard. Lili a passé l’après-midi chez les parents de Siam, car le Prof principal était absent. C’est Dothy qui est allée la récupérer à l’école avec leur petite, et elles ont passé le reste de la journée dans le chalet de nos amis.
— Bon et bien, c’est parfait. Et toi ça va, ma fille ?
— Oui, c’était cool d’être avec Siam et ça m’a fait une pause avec ce Prof que je n’aime pas trop.
— Je ne comprends toujours pas pourquoi tu n’aimes pas ce jeune professeur ! C’est ton Prof principal et tu dois faire les efforts nécessaires pour bien t’entendre avec lui.
— Oui, je sais. Mais je n’arrive pas à expliquer pourquoi j’ai comme un malaise avec lui. Il y a des trucs qui ne collent pas, mais je te promets que je vais essayer de faire des efforts.
— Cool…
— Bon, on se fait un petit apéro pendant que je prépare le dîner ? proposa Cécile.
— OK, je m’occupe de l’apéro, lui répondit Vassil avec le sourire…
La soirée se déroula comme d’habitude avec les blagues incontournables de Vassilios et les éclats de rire parfois un peu moqueurs de son auditoire.
Lili alla se coucher vers 22 h 30, car il n’y avait pas école le lendemain, puis Cécile et Vassilios eurent une conversation pour le moins, inhabituelle…
5
Le spectacle du feu de la cheminée lançait quelques gerbes de braises en version cinémascope, et Cécile, blottie contre son mari, sirotait un Malibu les yeux dans le vague, tandis que Vassilios, après s’être servi un verre de whisky, lança la conversation :
— Tu sais aujourd’hui, Richard n’étant pas là, c’est moi qui me suis occupé de livrer le gazon au golf, et j’ai découvert un truc incroyable aux abords du trou numéro 5 ! Une jambe humaine couverte de sang !
— … ?
— J’ai prévenu Henry, et un groupe de brigades légères est passé pour constater. Ils ont fouillé le golf et les alentours !
— Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire !
— Je ne sais pas, mais avant de partir, je les ai vus essayer de récupérer la jambe pour l’analyser, et dès qu’ils l’ont touchée pour la ramasser, elle s’est désintégrée en cendres dans leurs mains !
— Mais c’est un truc de ouf !
— Je suis parti juste après et je n’en sais pas plus, car on n’avait pas le droit d’approcher.
— Dingue… Henry ne t’a pas appelé pour t’en dire davantage ?
— Non. Tu vois depuis que je suis rentré, le téléphone n’a pas sonné.
— Tu devrais lui passer un coup de fil pour avoir plus de détails.
— Je vais attendre demain, je le verrai pour essayer de savoir ce qu’il se passe.
— D’accord. Et tu as des nouvelles de Richard ?
— Non… Je voulais m’arrêter chez lui en rentrant, mais j’étais tellement perturbé par ce que je venais de voir, que je n’y ai plus pensé. Je le verrai aussi demain sans doute. Et toi ? Tu m’as dit que ta journée avait été bizarre ?
— Oui et non. Journée normale, mais il y avait un type suspect dans une des navettes de la journée à point « K », de l’autre côté du lac en direction de Fort Salettes.
Les appellations des lieux de destination sur les lacs sont définies par des lettres pour les stations intermédiaires, et par des lieux-dits pour les points de départs et d’arrivées. Comme sur les lignes du métro à l’époque…
— Suspect, comment ?
— Je ne sais pas, j’ai croisé son regard plusieurs fois et je n’ai pas aimé ce que j’y ai vu.
— Tu penses qu’il te draguait ?
— Non, ça, ce n’est pas bizarre ! Tu vois, ça m’a fait penser à Lili quand elle disait qu’elle n’aimait pas son Prof principal sans savoir réellement pourquoi. C’est un peu pareil… Je ne pourrais pas expliquer le ressenti qui m’habitait à cet instant, mais je reste persuadée que ce mec n’était pas net.
— À quoi il ressemblait ?
— Bah vite fait, assez grand et mince, des lunettes de vues, brun et barbu.
— Mais tu l’avais déjà vu dans une navette, ou ailleurs ?
— Non jamais…
— D’accord… Si tu le recroises, appelle-moi, essaye d’en savoir plus, si quelqu’un le connaît, ou bien l’a déjà vu. Prends une photo discrètement… Bon il est tard, on va se coucher ? Je vais me lever tôt demain pour prendre le temps de voir ce qu’il se passe au golf et pour avoir des news. J’espère que Richard sera là, sinon je passerai chez lui à l’heure du déjeuner pour voir comment il va.
— Oui mon petit chou, on va se coucher. Passe une douce nuit…
— Bonne nuit à toi aussi…
6
Richard, 45 ans, est un solitaire. De la même génération que Vassilios, il avait été marié, et avait eu une fille aussi. Mais lors d’un voyage à Paris, où sa femme, son enfant et ses parents étaient partis quelques jours pour voir de la famille, un tsunami les avait emportés au début de la série noire.
Toujours bouleversé par ce drame, il ne s’en est jamais remis et a toujours refusé de nombreuses propositions féminines, préférant rester seul. Il vit aujourd’hui dans un petit deux pièces, au rez-de-chaussée d’un immeuble de quatre étages, à deux pas du golf.
Il n’avait pas eu à migrer, car, comme toute sa famille, il était né à Briançon et y avait passé toute sa vie, enchaînant des petits boulots qui suffisaient à son bonheur.
Il s’était rapproché de Vassilios pratiquement dès le début de leur installation avec Cécile, il y a une dizaine d’années. Ils étaient très vite devenus d’inséparables amis.
7
Aujourd’hui vendredi, il n’y a pas cours à l’école. (Eh oui, c’est une nouveauté de cette nouvelle époque…) Cécile avait pris sa journée pour rester avec Lili, et l’emmener au cinéma.
À 6 h 30, Vassilios, premier levé, terminait son double Expresso, avant de filer à la douche, puis de préparer le petit déjeuner de Cécile. Un rapide détour à l’étage pour lui déposer le café léger et les tartines sur sa table de nuit avant de partir au golf.
— Belle journée, ma douceur. Réveille-toi tranquillement, ton café est brûlant.
— Merci petit chou. Tu me tiens au courant ?
— Oui bien sûr. J’essaye de te donner des nouvelles dès que j’ai vu Henry. Bon cinoche. Bisous.
Après son double trajet, avec sa barque, puis en voiture électrique mise à disposition sur le parking dédié en dessous du golf, il arrive à son travail à 8 h. À peine arrivé, il aperçoit Henry qui lui fait de grands signes pour le rejoindre au départ du trou numéro 1…
— Vassil ! Viens, il y a du nouveau !
— Alors ?
— Apparemment, le gouverneur de l’Ethyum (un autre des quatre États du Nouveau Monde) a appelé notre gouverneur pour lui dire qu’ils avaient découvert une tête et un bras chez eux, dans le même état que ce qu’on a ici.
— Mais non ! Je n’y crois pas !
— Je te jure, c’est à n’y rien comprendre ! D’autant qu’ils ont également voulu emporter ces découvertes pour les faire analyser au labo, et le bras s’est désintégré en cendres comme la jambe chez nous. Cependant, ils ont pu emporter la tête, dans un piteux état certes, mais sans qu’elle n’ait aucune réaction au toucher !
— C’est fou ça ! Mais bon, ça va sûrement faire avancer les choses s’ils peuvent l’analyser ?
— Eh ben, le problème c’est que ce n’est pas une tête d’humain ! Enfin à moitié, je n’ai pas tout compris… c’est le chef de la police du 4e commissariat chez nous, M. Birma, qui m’a appelé pour me le dire. Il va être chargé de l’enquête et il nous renvoie les brigades légères cet après-midi pour explorer la zone plus en détail. Ils viennent avec deux robots, et un consulaire sera présent aussi. C’est quand même une drôle d’histoire.
— C’est inquiétant… Au fait, tu as vu Richard ?
— Non pas encore, et pas de nouvelles. Je vais l’appeler.
— Pas la peine, je vais aller le voir à l’heure du déjeuner.
— D’accord. Ce matin, il faudrait que tu ailles donner un coup de main aux ouvriers sur le fairway du 7, car je crois qu’ils galèrent un peu avec un arbre qu’on doit déplacer. Ne dis rien à personne sur ce qu’il se passe, car on est resté flou pour l’instant pour ne pas créer de panique.
— OK pas de souci, je m’en occupe. Et t’inquiète, je ne suis au courant de rien…
— Au fait, rajoute Henry, le golf va être fermé à partir de 14 h aujourd’hui, jusqu’à nouvel ordre, donc pas la peine de venir bosser pour l’instant.
8
12 h 15, Vassilios arrive chez Richard qui le reçoit dans un état inhabituel, livide, inquiet, comme s’il n’avait pas dormi depuis deux jours.
— Coucou, ça va, mon ami ? Tu as l’air fatigué. Pourquoi tu ne donnes pas de nouvelles ?
— Écoute Vassil, j’ai vécu un truc de dingue et je ne m’en remets pas. J’ai peur.
— Toi tu as peur ! Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
— Ça fait quelques jours que j’échange avec une femme sublime sur « AmLock » (le seul et unique réseau social, comme Facebook avant, mais où on peut tout faire et tout dire sans blocages ni interdits), et à force de messages qui semblaient nous rapprocher, on s’est donné rendez-vous au golf, il y a deux jours, en début de soirée, sur le fairway du trou numéro 1 pour se rencontrer.
— Mais pourquoi tu ne l’as pas invité chez toi ?
— Je ne sais pas, c’est allé très vite, j’ai pas réfléchi, elle m’avait envoûté.
— Et alors ?
— On s’est vu, elle m’attendait comme prévu au début du parcours, et on a commencé à parler tranquillement, en se baladant sur le fairway. Je lui ai raconté un peu ma vie, la disparition de ma famille, etc. J’avoue que pour une fois j’étais vraiment sous le charme.
— Ah ben, c’est vrai que ça, c’est nouveau chez toi !
— Alors qu’on discutait depuis un moment, nous avons vu arriver vers nous, un genre de monstre mi-homme mi-animal, agressif, qui semblait grogner méchamment. J’ai flippé comme jamais et j’ai hurlé à Liliath (c’est le nom de la fille, enfin son nom sur AmLock en tous cas) qu’il fallait se barrer ! J’ai couru comme un fou chez moi sans me retourner. Apparemment, elle ne m’avait pas suivi…
— Merde, mais t’es sûr que tu n’as pas pris quelque chose et que des hallucinations t’auraient plongé dans l’irréel ? C’est impossible ce que tu me dis !
— Non, je te jure, j’étais clean, ébloui par cette femme et ravagé par ce que je venais de voir.
— Mais elle est où maintenant ?
— Je n’ai plus aucune nouvelle, silence radio… et elle a supprimé son compte sur AmLock…
— Bon, effectivement là on est dans un genre de cauchemar, un truc qui ne peut pas exister ! D’autant qu’hier, vers l’endroit où tu me dis avoir vu apparaître la créature, j’ai découvert une jambe déchiquetée, ensanglantée. Les brigades légères ont investi le golf, et quand ils ont voulu la ramasser, elle s’est désintégrée ! Qui plus est, Henry m’a appris ce matin qu’un flic de l’Ethyum l’avait appelé pour lui dire que quelqu’un avait retrouvé une tête, apparemment mi-homme mi-animal, et un bras dans cette région. Comme chez nous avec la jambe, il a fondu en poussière dès qu’ils l’ont touché, tandis que la tête a pu être récupérée sans problème. Ils l’ont embarqué pour une analyse.
— Tu me fais peur… Comment cela peut-il arriver ! Ça n’a pas de sens.
— Oui, tu as raison, je n’y comprends rien. Il faudrait que tu ailles au commissariat pour expliquer ta virée nocturne de mercredi. Les brigades légères sont sur le coup, et ils envoient deux robots au golf cet après-midi.
— Je suis traumatisé, et j’ai besoin de recul pour essayer de comprendre. Depuis deux jours, je me refais le film, et avec ce que tu viens de me raconter, je suis désemparé. N’en parlons pas… on verra tous les deux ce qu’on peut faire pour gérer cette situation.
— OK, on va se donner quelques jours pour y réfléchir. Viens au golf cet après-midi pour que personne ne s’inquiète. Les autorités en ont imposé sa fermeture à 14 h jusqu’à nouvel ordre, mais on sera sur place pour juger de la tendance. Il paraît qu’il y aura aussi un consulaire…
— On mange un bout vite fait et on y va, mais on ne dit rien à personne, ni même à Henry. Je lui dirai que j’étais fiévreux et grippé, mais que ça va mieux.
9
Cécile et Lili sont allées voir le nouveau dessin animé de Disney cet après-midi au cinéma « Le Zoom » dans la zone commerciale « Bibio » (Disney avait réimplanté ses studios au Boguium, un autre des quatre États, pour les tournages de films et montages, ce qui avait sauvé les cinémas).
Elles se sont arrêtées pour boire un verre en sortant, à la cafétéria juste à côté, et comme elles n’avaient pas de nouvelles de Vassil, elles ont décidé d’aller lui faire une surprise en allant le voir au golf.
Vassilios et Richard étaient en train de discuter avec Henry à proximité du trou numéro 5 quand elles les ont aperçus. Le temps de rejoindre son mari, Cécile a d’abord vu un des robots qui piétinait le fairway du 1 de long en large, et des dizaines de brigades légères qui couraient dans tous les sens.
— Coucou Vassil, ça va ? Ah ça me fait plaisir de te voir Richard ! Salut Henry.
— Hello ma douceur, répondit l’agent d’entretien à sa femme après avoir serré Lili dans ses bras. Eh bien comme tu le vois, c’est de la folie ici, ils sont en train de retourner tous les fairways et alentours, pour faire des recherches et trouver des indices. Richard va bien, il était fiévreux et grippé, mais ça va beaucoup mieux.
Petit clin d’œil de Richard.
— Oui, je vois ça. Ils ont trouvé quelque chose ?
— Non, rien pour l’instant, mais ils en ont pour plusieurs jours, et tant qu’ils seront là le golf sera fermé.
— Tu es en vacances forcées alors ?
— Oui, on peut dire ça…
— Ah apparemment, voilà le consulaire, lança Henry, qui apercevait un convoi de voiturettes se diriger vers eux.
Le consulaire M. Sadju (pour le nommer) se pointait le visage à découvert, sans sa tunique blanche intégrale, pantalon en velours et pull à col roulé ! Tout le monde avait les yeux braqués sur lui comme s’ils découvraient un extra-terrestre ! C’était la première fois qu’on voyait un dirigeant sans ses camouflages réglementaires ! Il s’avança vers nous d’un pas décidé, et serra mollement la main d’Henry.
— Bonjour. Alors comment ça se passe ?
— Monsieur Sadju je suppose ? interrogea Henry, qui fit comme si de rien était.
— Lui-même.
— Rien pour le moment. Les brigades légères sont déployées à travers tout le terrain et fouillent chaque recoin. Les deux robots débroussaillent et retournent la terre. Je crois qu’ils ne vont pas tarder à arrêter pour aujourd’hui, car la nuit commence à tomber.
— Bon, très bien. J’espère qu’ils vont finir par trouver quelque chose ! Vous savez où se trouve le chef Birma du 4e commissariat ? Il devrait être là normalement.
— Oui, il s’active depuis le début de l’après-midi. Vous pourrez le voir sur le fairway du 9 avec l’autre robot. Vous avez juste à traverser ici pour l’apercevoir.
— D’accord, merci. On se voit plus tard.
Cécile qui avait l’air d’être en voyage sur une autre planète prit le bras de Vassilios, tremblante, et lui chuchota à l’oreille :
— Vassil c’est lui. C’est le mec du bateau !
— … ?
— C’est lui, je te dis, grand, mince, brun et barbu avec des lunettes ! C’est lui.
— Bon, ne dis rien, lui chuchota son mari. On va en parler à la maison tout à l’heure.
— On nous fait des cachotteries, s’exclama Henry en les voyant se faire des messes-basses !
— On a bien le droit d’avoir des petits secrets entre nous, cligna de l’œil la femme de l’agent d’entretien.
— Je plaisante, répondit Henry !
— Oui, je me doute, lâcha Vassil. Bon et bien, nous, on va y aller, je repasserai peut-être demain, pour voir où vous en êtes. Richard, tu viens dîner à la maison ce soir ?
— Oui, bien sûr, avec plaisir !
— Ça vous va, Cécile ? Lili ?
— Évidemment que ça nous va, ça fait un moment qu’on ne l’a pas vu, et c’est l’occasion de se partager une bonne petite soirée.
— Je te dis peut-être à demain, Henry, pour la suite des évènements.
— Oui, maintenant que ça va mieux, je viendrai peut-être aussi, ajouta Richard.
— D’accord, conclut le directeur du golf. Je crains qu’on soit envahi par les journalistes dès la première heure, car avec le passage du consulaire, l’affaire ne va plus pouvoir être tenue secrète. Mais s’il y a du nouveau d’ici là, je vous tiens au courant. Ça va devenir un sacré bordel ici et les gens vont commencer à trembler en apprenant cette histoire. Bon allez, je ne vais pas tarder à y aller aussi. Bonne soirée à vous quatre.
Pendant ce temps-là, sur le fairway du 9, M. Sadju semblait en grande discussion avec Birma :
— Dites-moi Birma, n’avez-vous pas remarqué des caméras à l’entrée du golf ?
— Euh… non, répondit-il un peu penaud. C’est vrai, je ne sais pas où j’ai la tête avec toute cette histoire, mais je n’ai pas tilté.
— Bon et bien, vous allez courir voir M. Henry, car je pense qu’il ne va pas tarder à partir, pour lui demander de vous fournir les enregistrements de ces caméras. N’en parlez à personne tant que ce n’est pas officiel. On va visionner tous les deux ce qui a été filmé, pour voir ce qu’on peut en tirer. Vous êtes un bon flic Birma et il serait juste que vous soyez récompensé pour vos investigations, plutôt que d’en donner l’honneur à quelqu’un d’autre.
— Oui monsieur. Merci j’y cours !
— Parfait. Je vous retrouve dans un instant au club-house.
Et voilà notre Birma qui se lance dans un marathon de cinq cents mètres pour rejoindre Henry avant qu’il ne parte, sous l’œil amusé de M. Sadju, car il est vrai que ce chef de police ressemble davantage à une grosse vache qu’à un coureur de demi-fond, à l’inverse du consulaire qui est plutôt du style girafe.
— Hey ! Monsieur Henry… pff… essayait de hurler Birma essoufflé comme une V… monsieur Henry, monsieur Henry !
— Alors qu’il allait monter dans sa voiture, Henry se retourna pour voir arriver le policier, qui transpirait comme les nuages avant la pluie.
— M. Birma ! Que se passe-t-il ?
— Il me semble que vous avez des caméras à l’entrée du golf ?
— Ah oui ! C’est vrai ! Bravo d’y avoir pensé !
— Vous savez quand on est chef de police, ce n’est pas par hasard. On en a dans la calèche ! pérora ce magouilleur de situations.
— Euh… la cabèche, pas la calèche se moqua discrètement Henry…
— Oui bon ben c’est pareil, vous m’avez compris. Bref, il faut que je récupère tous les enregistrements de ces caméras.
— Ça ne peut pas attendre demain ? J’allais partir.
— Non, il me les faut tout de suite.
— OK. Bon, laissez-moi une minute, je dois passer un coup de fil… Allo chéri, je vais avoir un peu de retard, je suis encore au golf et il faut que je retourne dans mon bureau pour transmettre des documents au chef de la police. Je rentre tout de suite après… Oui, promis mon Mimile… euh Emilie…
Henry, gêné par sa gaffe, avait l’impression que son visage passait par toutes les couleurs d’un camaïeu de rouges.
— Pardon M. Birma, je suis un peu perturbé par tout ce bazar, j’en perds mes mots… Allez, suivez-moi, on va chercher ces vidéos.
Le policier le suivait d’un pas fatigué, son cerveau limité, n’ayant même pas perçu l’homosexualité d’Henry…
— Pour faire simple, je vous transfère les enregistrements sur une clef. Vous aurez les dernières 72 h, car au-delà, le disque dur efface les données enregistrées avant. Voilà, vous devriez avoir ce qu’il vous faut.
— Parfait. Merci. À bientôt.
En sortant du bureau d’Henry, Birma aperçut Sadju qui l’attendait près de sa voiture.
— Alors ? Vous avez les enregistrements ?
— Oui m’sieur, rétorqua-t-il, fier comme s’il sortait premier du concours de fin d’année d’une grande école.
— Très bien, vous allez venir avec moi et on va tout de suite se mettre au travail pour voir si on peut en tirer quelque chose.
— Mais il faut que je retourne sur le terrain pour gérer les brigades légères !
— Ne vous inquiétez pas pour ça, elles vont se débrouiller toutes seules, d’autant que vu l’heure qu’il est, je pense que la journée de travail est terminée. Ils vont tous rentrer chez eux. Vous avez quelqu’un qui vous attend ?
— Ben non, personne ne m’attend…
— Eh bien, c’est parfait. Allez, on y va ! Je fais un saut à la télé pour donner une petite conférence de presse, afin que les gens sachent ce qu’il se passe, car de toute façon, connaissant les journalistes et les médias, ça ne va pas tarder à exploser à la gueule du monde entier. Alors autant que ce soit moi en tant que consulaire qui rende l’info publique. Dès que j’ai fini, on va s’installer chez moi pour visionner tout ça, plutôt que de passer par le Décisium. Tant que personne ne sait qu’on a ces vidéos, il vaut mieux qu’on gère la situation tous les deux pour voir comment on peut les exploiter.
— D’accord, répondit Birma, partagé entre l’anxiété de cet arrangement peu commun, et la fierté de se retrouver enfin en première ligne.
10
Vassilios et Cécile n’avaient pas encore développé de discussions par rapport à M. Sadju, préférant d’une part, attendre que Richard revienne de chez lui (où il était passé prendre une douche et se changer), pour le mettre au courant de tout, et d’autre part, la présence de Lili, qu’ils voulaient préserver de cette rocambolesque affaire, ne le permettait pas.
Un coup de fil de Dothy simplifia la soirée :
— Allo ? Tout va bien ?
— Oui, répondit Cécile. Et toi ?
— Au top ! Je voulais juste savoir si ça ferait plaisir à Lili de venir dormir à la maison pour passer la soirée avec Siam ? On s’est organisé une partie de « Slumz » (un nouveau jeu de questions/réponses hilarant qui avait été inventé au début du Nouveau Monde).
— Je lui demande, mais je connais déjà sa réponse… Tu veux aller dormir chez ta copine ce soir ? Ils vont faire une partie de « Slumz » ? proposa-t-elle à sa fille.
— Yesss ! C’est cool. J’y vais maintenant ?
— Je pense, répondit Cécile. Puis reprenant la discussion au téléphone : elle vient tout de suite ?
— Oui, on l’attend, s’empressa Dothy.
— OK, je vous l’envoie avec pyjama et compagnie. Passez une belle soirée. Bisous.
On entendit Jack hurler « bisous ! » loin du téléphone, de peur qu’on ne l’entende pas…
Cécile avait raccroché et la réunion à trois pouvait commencer. Après que la mère de Lili eut raconté à Richard sa rencontre avec le mec du bateau (apparemment M. Sadju), Vassilios expliqua à sa femme le déjeuner avec son pote en lui faisant le point sur cette abracadabrante histoire qui allait bouleverser la population et foutre la trouille à tout le monde.
La télé était restée allumée sans le son, et alors qu’ils étaient en plein apéro, Cécile hurla :
— Regardez la télé ! M. Sadju !
Son mari prit la télécommande pour monter le volume. Le consulaire était en conférence de presse pour annoncer les terribles nouvelles. Toujours habillé de la même façon, il n’avait pas pris le temps de se changer pour apparaître à l’écran, encore une fois sans sa tunique blanche de rigueur.
C’est la première fois que le monde voyait un dirigeant sans ses déguisements, et la Médiamétrie (eh oui, ça existait encore), devait exploser ses records d’audiences !
Il fut assez bref sans trop donner de détails, les journalistes allaient s’en charger.
Vassilios éteignit la télé.
— Bon alors que pensez-vous de tout ce fouillis lunaire ? (Eh oui, la Lune était toujours là quelque part.) Cécile, tu es sûre que le mec bizarre que tu as croisé sur le bateau était ce même Sadju ?
— Oui Vassil, certaine !
— Mais que foutait-il là ?
— Je ne sais pas. Et tout à l’heure au golf, quand il m’a vu, il a détourné son regard et ne m’a même pas salué. Il m’a semblé être gêné par ma présence…
— Ah bon ? J’avoue que je n’ai pas fait gaffe.
— Je te jure que si !
— Mais pourquoi ! Il ne te connaît même pas !
— Mystère…
— C’est vrai, renchérit Richard, ça paraît absurde, mais moi je l’ai bien regardé et je confirme ce que tu dis Cécile. Cependant, même s’il ne m’a pas salué non plus, il avait tendance à bien m’observer.
— Bon, ajouta Vassil, moi je veux bien vous croire, mais que peut-on faire pour décrypter ce fameux Sadju ?
— Ça fait un petit moment que j’y pense, relança Richard. Même avant ce drame ubuesque, je me suis toujours demandé pourquoi on ne voyait jamais les gouverneurs et les consulaires, pourquoi ils se réunissaient de temps en temps dans des endroits secrets, pourquoi on ne savait jamais quand, pourquoi on ne les voyait jamais partir, comment se rendaient-ils dans ces endroits secrets, qu’y faisaient-ils, etc. Et maintenant qu’on en a vu un, quid des autres ?
— Je suis bien d’accord avec toi, répondirent en cœur les parents de Lili.
— Mais alors on fait quoi ? poursuivit son ami.
— C’est vrai que maintenant qu’on en a vu un, on aimerait aussi savoir pourquoi lui ? Et que va-t-il se passer avec les autres ? continua la femme de l’agent d’entretien.
— J’ai une petite idée qui va vous paraître invraisemblable, improvisa Richard, mais si l’on veut avancer, il faut bien essayer quelque chose… On ne va pas fermer les yeux et attendre…
— Oui, tu as raison, se résigna Vassil, lâche-toi ! Explique-nous ?
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