Domme - Ploma Libali - E-Book

Domme E-Book

Ploma Libali

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Beschreibung

"Domme" vous plonge au cœur des guerres de religion, à une époque où protestants et catholiques s’affrontent avec une ferveur impitoyable. Dans la cité fortifiée de Domme, en Dordogne, enjeu stratégique disputé depuis des années, les assauts se succèdent, laissant derrière eux ruines et désolation. Au milieu du fracas des armes, les civils, premières victimes de ces conflits sanglants, refusent de plier. Portés par leur foi, leur honneur et leur soif de liberté, ils s’élèvent avec un courage inébranlable pour défendre leur ville. Mais jusqu’où peuvent-ils aller dans cette lutte désespérée où chaque choix peut sceller leur destin ?

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Ploma Libali donne vie à des récits mêlant histoire et fiction. Après près de quinze ans à écrire pour ses proches et ses lecteurs fidèles, elle partage désormais son imaginaire à travers des œuvres riches en émotions et en rebondissements, où les lieux historiques deviennent le théâtre de destins inoubliables.

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Seitenzahl: 74

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Page de titre

Ploma Libali

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Domme

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Ploma Libali

ISBN : 979-10-422-6627-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Domme

 

 

 

 

 

Matin printanier de 1572, en plein cœur de la vallée Dordognaise. La cité fortifiée de Domme est encore bruyante et fumante alors que l’aube perce derrière la falaise sur laquelle elle est perchée.

 

Alors que j’arpente en courant les ruelles pavées qui mènent à notre maison, je me fige. Du creux de l’oreille, j’entends des pas au détour d’un virage. Les pas sont discrets, mais néanmoins bruyants. En effet, le cliquetas de l’armure d’un soldat résonne entre les fortifications des ruelles.

 

Alors que je me penche furtivement pour lorgner la ruelle voisine, je ne peux que confirmer mes soupçons. Un soldat bourguignon, reconnaissable grâce à son casque noir orné de fleurs dorées ; avance à très petits pas vers l’entrée voûtée de notre cour. Il est armé d’une lance, visiblement déjà utilisée plus tôt cette nuit.

 

J’inspire profondément en essayant de ne pas paniquer. Ma tendre petite sœur se trouve dans le fond de notre étable à cet instant. L’endroit que je l’avais priée d’occuper le temps que l’assaut ennemi ne cesse. Je glisse une mèche de mes cheveux graisseux derrière mon oreille et serre le manche de la hachette de Théodore entre les doigts de ma main droite.

 

 

Il ne doit pas la trouver.

 

Je suis l’individu, qui est désormais entre les murs de notre cour, avance à pas de loup. L’intrus pose sa main gantée sur la poignée ronde de notre grange. Je le suis ses pas discrètement. Lorsque je ne suis plus qu’à quelques mètres de ce soldat, je lève le manche de ma hache et la lance dans son dos. La lame aiguisée transperce la côte de mailles sans difficulté et l’homme tombe raide mort.

Je soupire en essuyant la sueur de mon front alors que le soleil vire au doré en apparaissant au-dessus des remparts de notre cour. Je n’aime pas faire cela, mais lui n’aurait pas eu de pitié envers ma vie. Ou celle de Charlène.

 

Alors que je me délectais des rayons du soleil qui léchaient ma nuque, j’entendis de nouveau des pas précipités débarquer sur le sol gravillonné de la cour.

 

— Annie ! appela la voix reconnaissable de mon amie d’enfance et voisine.

 

Elle pénétra dans la cour, le souffle court, une fourche tachée de sang à la main.

 

— Pénélope ! répondis-je quand son corps heurta le mien pour me serrer contre elle.

 

— Où est Charlène ? s’inquiéta mon amie en tournant la tête à droite, puis à gauche, à la recherche d’une blondinette qui serait tapie par ici.

 

Du menton, je pointais la porte en chêne de l’étable. Celle-ci était fermée de l’intérieur par une poutre. Habituée, mon amie siffla un air pour prévenir ma sœur que la voie était libre. Peu après, on entendit la poutre tomber sur la paille de l’étable. Les portes s’ouvrirent sur ma sœur cadette qui vint se blottir au creux de mes bras. J’embrassais son front, rassurée.

 

Alors que nous apprécions notre étreinte, je remarquais l’état de fatigue dans lequel se trouvait mon amie. Elle caressait de sa main libre le bas de son ventre légèrement bombé.

 

— Viens te poser à la maison, je vais te servir un lait, suggérais-je en entraînant mes deux camarades dans notre maison.

 

Je vérifiais qu’elle était toujours close, et l’ouvrit prudemment. Aucune effraction n’était visible de l’extérieur, mais je me méfiais tout de même. Quelques semaines auparavant, un ennemi avait réussi, par je ne sais quel miracle, à pénétrer à l’intérieur. Il avait essayé de me tuer, mais j’ai fini par l’avoir avec une feuille de boucher. Je revois encore ce bastard1 s’écrouler sur mon parquet et le souiller.

 

Je le hais, lui et son armée de sauvages !

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, personne n’était rentré. Je défis la ceinture de mon porte-couteau et la posai lourdement sur la table à manger qui se trouvait juste devant l’entrée. Pénélope m’imita après avoir déposé sa fourche contre l’embrasure de l’entrée. Charlène se précipita dans la pièce du fond pour y trouver nos deux chiens planqués sous le sommier du lit. Soulagée, elle réapparut avec les chiens de troupeau sur ses talons.

 

Mais elle se figea en braquant ses yeux bleus sur le bout de la table devant elle.

 

— Qu’y a-t-il ? interrogeais-je en suivant la direction de son regard.

 

Je m’étranglais à mon tour en prononçant ces mots. Le repas de mon frère aîné était toujours intact et en bout de table.

 

— Teddy n’est pas rentré, remarqua d’une voix écorchée ma petite sœur.

 

Je ne réfléchis pas une seule seconde. Je repris le porte-couteau et le resserrai autour de ma taille, puis j’attrapai à nouveau le manche de l’encombrante hachette. J’échangeais un regard d’excuse avec Pénélope et je lui laissais la garde de ma cadette en filant comme un éclair vers la sortie de la cour.

 

La dernière fois que Théo n’était pas rentré, il était à l’infirmerie du village après avoir reçu un coup d’épée dans l’épaule.

 

Je priais qu’il soit en vie, tout en remontant le labyrinthe de ruelles jusqu’à la place principale du village. Là, une foule de soldats et d’habitants s’emmêlaient. Au beau milieu de la place, le maire Albert Aignac était monté sur une estrade de substitution. À ses côtés se trouvaient César Clairefontaine, un héritier d’une famille de consuls et Hubert de Kermadec, le capitaine de la milice de Domme.

 

Le maire parlait déjà ou plutôt criait déjà, en essayant de joindre chaque assistant à cette annonce.

 

De mon côté, sur la pointe des pieds, j’essayais vainement de trouver un soldat avec un casque surmonté d’un cimier2 bleu. Je l’aperçus au coin de la maison des consuls, sur la droite de la place.

 

Avant de ne rejoindre mon grand frère, j’écoutais attentivement l’annonce de notre maire :

 

 

— Soldats et habitants de Domme, nous avons encore une fois essuyé une terrible attaque cette nuit et nous prions nos défunts, le cœur gros. Un hommage sera célébré à l’église dès demain, suivi par leur sépulture respective. Je tiens à vous remercier humblement pour le courage dont chacun fait preuve et j’en conçois combien cela est difficile.

Sur ces mots, le maire, dont les habits étaient délabrés, s’inclina respectueusement vers la foule qui l’acclama. En vue de son état, il avait sans doute défendu la cité avec tout le monde cette nuit, conclus-je intérieurement. Puis il reprit :

 

— J’ai conscience du sacrifice que je vous demande, mais mon devoir est de protéger cette cité et ses habitants. Cette nuit fut sanglante et nous avons perdu bon nombre de soldats, c’est la raison pour laquelle les portes seront définitivement fermées.

 

La foule n’acclama pas cette fois-ci. Comme je les comprenais, pensais-je alors que l’annonce me tomba sur la poitrine comme un poids lourd. En fermant Domme à l’extérieur, Monsieur Aignac nous condamnait à une mort lente. Nos provisions viennent essentiellement des villages voisins, et toutes les terres cultivables se trouvent dans la vallée. Sans parler de l’eau. La seule source d’eau potable se trouve dans la rivière au pied de la falaise. Nous voilà coupés du reste du monde et de nos sources vitales en même temps.

 

D’un autre côté, je comprends la décision de Monsieur Aignac. Cela fait trois semaines de suite que nous essuyons des intrusions de Protestants qui cherchent à récupérer notre cité qui offre un point de vue sur l’ensemble de la vallée de la Dordogne. Du haut de notre falaise, on peut voir à des kilomètres à la ronde. La seule façon de nous protéger et de protéger la cité, c’est de la fermer à toute personne étrangère.