Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Lizzie se retrouve orpheline à la suite de l’étrange décès de sa mère et du départ de son père lorsqu’elle n’était qu’une enfant… N’acceptant pas sa solitude, elle décide de rejoindre sa famille maternelle en Angleterre. Seulement, ce nouveau départ ne répond pas à ses attentes… Entre migraines, rêves singuliers, rencontres, mensonges et secrets de famille, Lizzie ne sait plus qui elle est et ne demande qu’à le comprendre. Au fond d’elle, quelque chose semble vouloir l’alerter, mais est-elle prête ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Cassandra Bodé a une affection particulière pour la littérature fantastique. Avec
Élizabeth Longhorn – Tome I – Celle que je suis, elle met en avant son univers littéraire.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 165
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Cassandra Bodé
Élizabeth Longhorn
Tome I
Celle que je suis
Roman
© Lys Bleu Éditions – Cassandra Bodé
ISBN : 979-10-377-8263-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma grand-mère
Les premiers jours, je pensais pouvoir échapper à tout cela, la souffrance aurait diminué, le souvenir disparu, et l’absence quotidienne ne m’aurait pas dérangée. J’aurais réussi à reprendre ma vie comme tout un chacun. Seulement… Après deux mois, il n’en était rien. Je ne supporte pas de m’installer à table sans elle, de prendre un bouquin dans notre bibliothèque, de m’installer dans son fauteuil… Je ne le peux plus. Le calme de l’appartement me torture et le bruit de la ville m’insupporte. Malgré le fait que je vive dans une grande ville normande, bercée par les histoires des débarquements, les côtes fleuries et les centres-villes atypiques et joyeux… Je ne trouve plus d’intérêt à rien, mes fréquentations ne suffisent plus à me faire sourire, me divertir, oublier ne serait-ce qu’un peu l’étau qui m’enserre le cœur et l’âme.
J’ai 18 ans. À la suite du décès brutal de ma mère, et l’absence de mon père depuis ma naissance, j’ai pu vivre seule, sans tutelle et je pensais réellement pouvoir gérer à la fois ma vie et mes ressentis mais ce n’est pas le cas. Alors, j’ai pris la décision, fortement encouragée par ma famille maternelle qui a naturellement repris contact avec moi depuis l’évènement tragique, de partir, de retourner à mes origines, auprès de ma famille. Je quitte le pays pour l’Angleterre. Ce pays qui est le mien, celui de mes racines, celui que je n’ai plus revu depuis l’enfance et dont je n’ai pour ainsi dire aucun souvenir… Il est à présent mon seul refuge. Ma grand-mère maternelle s’est fait une grande joie de pouvoir m’héberger, pour elle aussi la perte est dure et c’est à la fois ce qui me rassure et m’angoisse, elle peut comprendre ma douleur, mais je sais qu’elle ne pourra pas la faire disparaître. Il m’a fallu quelques heures pour trouver comment quitter Caen et me rendre assez loin dans le nord de l’Angleterre pour rejoindre North Wootton, puis quelques jours pour emballer les affaires que je souhaitais emmener avec moi… Prenant conscience qu’une grande partie de mes souvenirs… resterait ici. À la fin de ma 4e valise bouclée, j’ai compris que si je continuais, j’amènerais tout. J’ai donc « soufflé », je suis allée rejoindre mes quelques connaissances d’études et nous avons pris un verre. Faible effort pour tenter d’oublier ce qui m’oppressait.
C’est deux semaines plus tard qu’il me fallut dire adieu à la Caennaise en moi. Quitter ma ville ne fut pas aussi douloureux que je l’aurais cru des mois en arrière… Sûrement dû au fait que j’ai la sensation de ne plus réellement ressentir quoi que ce soit, mais tout le monde a compris mon choix et certaines de mes fréquentations ont fait la promesse de venir me rendre visite. L’aéroport est rempli et je patiente en observant les passants, tous semblent vivre comme si de rien n’était, alors que moi, il me semble que plus jamais je ne vais pouvoir « vivre » et, malgré moi, cela me procure un sentiment de colère. Mon monde s’est arrêté, pourquoi le leur continue ?
Je profite du temps de vol jusqu’à Nice pour lire le second tome de ma Saga du moment. J’aime lire, cela permet de s’évader… même s’il faut revenir à la réalité. Une fois dans mon deuxième avion, direction Amsterdam, je prends le temps de feuilleter les brochures d’universités disponibles dans le Norfolk, je ne compte pas arrêter mes études, ma mère en ferait une syncope… En aurait fait… Évidemment, je jette mon dévolu sur Cambridge, réputée et reconnue. Le campus se situe à une heure de route du petit village de ma grand-mère. Ayant déjà obtenu mon permis grâce à la conduite accompagnée, il me suffira de trouver une petite voiture sur place afin de pouvoir m’y rendre seule. Je commence à lire les renseignements disponibles sur l’admission lorsque notre arrivée à Amsterdam est annoncée.
Je descends, change de vol à nouveau, puis passe mon casque sur mes oreilles, je n’ai plus envie de me renseigner sur mon avenir, cela me semble tellement impossible de continuer à vivre, de faire aller la vie alors qu’elle n’est plus là. Pourquoi, pour qui ferais-je à présent des efforts, mais je sais très bien que je le dois à sa mémoire… Dans mes oreilles résonnent les mélodies de Yiruma, l’une des seules choses qui m’apaise ces derniers temps, autrement, je suis toujours sur les nerfs à l’intérieur et éteinte à l’extérieur.
Une fois arrivée à l’aéroport de Bristol, je récupère mes valises, ce qui prend un certain temps finalement, avant de me diriger vers la sortie pour rejoindre ma grand-mère. Suzanne Longhorn est une femme de 70 ans, devenue mère de bonne heure. Ayant perdu son mari deux ans plus tard, elle a élevé sa fille seule, genre de tradition familiale on dirait… Dans mes souvenirs, le peu que j’ai, elle était de petite taille, les cheveux gris tombant sur ses épaules, le visage joyeux, les yeux pétillants et le sourire éclatant, c’était une femme de joie et de bonté. Dans mes souvenirs, elle avait le don d’avoir un sourire espiègle qui vous laissait penser qu’elle savait toujours tout à l’avance. Suzanne a hérité de la grande bâtisse familiale à la mort de sa mère, ainsi que de la notoriété de la famille qui depuis toujours vit dans cette maison. Pour moi, elle a toujours été une marque de réconfort, rassurante et amusante lorsque j’étais enfant. Je cherche ses yeux bleus des miens mais ne la vois pas. À la place, je remarque un jeune homme qui porte un panneau où il est écrit « Lizzie ». Lizzie c’est moi, enfin, c’est mon surnom, je n’aime pas mon prénom, trop traditionnel, et surtout, c’est mon père qui l’a choisi et il est parti avant même que j’aie eu le temps de me souvenir de lui. Depuis, j’ai fait comprendre à ma famille que Lizzie c’était parfait, et tous avaient respecté mon choix, tous sauf ma mère. Elle l’aimait.
Je m’approche du porteur de panneau en le détaillant. Il est roux, les cheveux lui tombent en un carré, sous les oreilles, dans un style coiffé/décoiffé. Il est grand, peut-être un mètre soixante-quinze, et assez banale physiquement si on omet son visage. Il a une bouille d’enfant pigmenté de plusieurs taches de rousseur avec deux grands yeux verts brillants et un sourire éclatant. En d’autres termes, il est l’image même que je me fais d’un chérubin des cieux. Mais ce qui me marque le plus chez lui, c’est son pull. Déjà roux de cheveux, couleur non discrète, il porte un pull jaune où le mot « poussin » est brodé en bleu.
Je hoche la tête, je ne fais pas confiance facilement et je n’aime pas trop les imprévus, alors je reste sur mes gardes. Il se passe la main dans les cheveux avant de rire très légèrement.
Annie est… Je ne sais pas trop ce qu’elle est d’ailleurs, du plus loin que je me souvienne, elle a toujours été près de ma grand-mère, elle a même une chambre à elle dans la bâtisse. J’étais au courant qu’elle avait eu un garçon, il était très ami avec ma mère étant enfant et elle m’en avait parlé. Je me souviens vaguement qu’elle m’ait précisé la naissance d’un petit-fils mais je n’y avais pas prêté attention à l’époque, je m’en fichais royalement, pensant ne jamais les revoir. Il n’ajoute rien, prend l’une de mes valises et sort toujours avec son sourire. Je le suis, pas le choix. À l’extérieur, le vent est frais, pur, il me fait du bien.
Je prends une seconde pour inspirer à fond, ma mère aimait ce pays, cette région, elle aimait sa famille et avait dû quitter le pays pour des soucis dont elle ne me parlait jamais. On se dirige vers une Jeep Wrangler bleue qui ne doit pas être toute jeune, vu les quelques cabosses, j’adore ce genre de voiture, elle donne le sentiment de pouvoir tout plaquer à n’importe quel moment afin de pouvoir partir explorer le monde. Il met mes valises dans le coffre et s’approche pour m’ouvrir la portière. J’apprécie le geste et la gentillesse de son accueil mais il est vrai que je reste néanmoins quelque peu suspicieuse… J’aurais préféré passer un coup de fil à Suzanne…
Je m’engouffre dans la voiture en claquant la portière un peu plus fort que je ne le voulais, ce qui laisse sûrement transparaître mon léger agacement. Le résultat est unanime, j’entends le rouquin étouffer un rire avant de me rejoindre à l’intérieur, on prend la route et je ne lui jette pas un regard, ce sera comme ça pour tout le trajet à savoir une bonne quarantaine de minutes. Édouard continue de porter son sourire en coin, jovial et légèrement énervant mais cela dégage un charme serein. Il allume la radio, qui ne capte rien avant de passer la main devant moi pour la passer dans la boîte à gants. Sur le coup, j’essaye de reculer en me collant le plus possible au siège, ce qui le fait de nouveau doucement rire. Il attrape une clef USB qu’il enfourne dans son poste et les notes de Lady Gaga envahissent l’auto… Vraiment pas mon truc. Je ne manque pas de le lui faire comprendre en soupirant mais aucune réaction de sa part. Soit il ne m’a pas prêté attention, soit il s’en fout royalement ! Alors je joue l’indifférente, je pose ma tête contre la vitre passagère et observe le paysage. Au fur et à mesure, j’ai l’étrange sensation de le reconnaître, on passe le panneau de North Wootton et des bribes de mon enfance me reviennent, l’épicerie ou maman m’emmenait, le parc où elle faisait du sport… Je reconnais ces quelques endroits qui me lient à elle alors que pendant des années j’avais oublié jusqu’à l’existence même de cet endroit.
North Wootton est un petit village situé dans le Golf du Walsh, ici il n’y a pas grand-chose à voir ou à faire mais c’est aussi son charme. Ce village dispose d’un bourg avec les commerces de base et quelques Pubs, de grands champs pour les agriculteurs et une falaise offrant une vue imprenable sur le golf. Lorsque ma mère m’en parlait, c’était toujours avec nostalgie, elle abordait les endroits qu’elle avait aimés, fréquentés et où mon père l’accompagnait. Je l’écoutais toujours paisiblement dans ces moments-là, elle avait une voix douce qui vous rassurait et vous berçait mais avec un léger timbre de regret, dans le fond de sa tonalité, qui laissait entendre tout ce qui lui manquait dans ses souvenirs.
Bientôt, nous passons le portail menant à la maison. Elle est imposante, comporte deux étages et un grenier, sa façade est de pierre, ce qui la rend triste, voire angoissante. Les seuls souvenirs que j’ai de cet endroit sont mes interminables courses dans les couloirs, ma chambre et les pique-niques que je faisais avec ma mère en contrebas du bois.
En sortant de la Jeep, qui était plus confortable qu’elle en avait l’air, je dois bien l’avouer, j’entrevois déjà le visage souriant de ma grand-mère, elle a revêtu son plus beau tablier de cuisine, j’imagine, elle porte un chignon lâche et ses reflets sont toujours d’argent, elle respire le bonheur et l’affection mais même cela ne peut m’arracher un sourire. Elle est postée sur le perron et fait de grands signes de la main alors que je m’approche d’elle.
— Lizzie ma chérie ! Comment vas-tu ? Tu as grandi. Tu es si belle ! N’est-ce pas, Édouard ?
Elle me serre dans ses bras, ce qui est gênant car je n’aime pas réellement les contacts physiques, tout au moins les gestes affectueux. Ma mère n’était pas des plus démonstratives et cela m’a toujours plu. Depuis quand n’avais-je pas vu ma grand-mère… Pour des raisons de santé, elle n’avait même pas pu venir à l’enterrement de sa propre fille… Nous sommes parties d’ici, je devais avoir quatre ans, cinq ans tout au plus, alors oui, j’ai grandi. Enfant, mes cheveux de jais formaient de grosses boucles encadrant mon visage qui tombaient juste au-dessus de mes épaules, j’étais légèrement rondelette et j’adorais m’habiller en rose, ce qui n’est plus le cas. Aujourd’hui, mes cheveux descendent en bas de mon dos et les grosses boucles ne sont plus que de fines ondulations. Pour autant, cela lui fait du bien d’agir comme si tout allait bien, moi, j’en suis incapable. À la suite de la question, Édouard sourit à Suzanne, lui assurant que je suis la plus jolie fille du manoir. Entre sa grand-mère et Suzanne, il est sûr que le choix est vite fait ! Je suis la seule personne de moins de 50 ans dans les lieux ! Ma grand-mère fait mine de s’offusquer et Édouard part dans un récit de toutes les qualités de celle-ci. Tel un gentleman servant, il sort mes affaires du coffre pour les mener à l’intérieur. Malgré toute la gentillesse du geste, cela m’offusque. Je déteste que l’on puisse « s’occuper » de moi, je prends cela comme un affront à mes propres capacités. À peine a-t-il posé un pied dans le manoir que Suzanne replonge son regard dans le mien, desserre sa prise de mes épaules comme pour admirer mes yeux, les mêmes que ceux de sa défunte fille…
J’essaye de ne pas être froide, mais c’est sincèrement la seule chose que j’arrive à dire… Ma grand-mère me regarde désolée avant de rentrer rejoindre son invitée dans l’immense demeure. J’en profite pour rester un peu sur le perron, ces vieilles marches en bois tiennent toujours après toutes ces années et la vue sublime que l’on a de cet endroit est toujours là. La maison bénéficie d’un grand terrain toujours entretenu, ce qui le rend agréable à vivre, de plus, celui-ci dispose d’un sous-bois qu’il est agréable d’arpenter en toutes saisons et qui apporte des effluves douces et boisées tout au long de l’année. Il n’y a aucune trace de poteau électrique ou d’éolienne brisant la pureté du paysage, pas de bruit oppressant l’esprit… Uniquement le calme plaisant…
C’est ce que j’aime ici, la modernisation de la ville n’a pas son emprise, tout est encore nature, je respire à fond l’air non pollué empli d’effluves de bois humide et de sel. À à peine 300 mètres, il y a une falaise qui surplombe le Golf Walsh, j’adore cet endroit… C’était dans nos moments d’escapade là-bas que ma mère me parlait de mon père, me répétant que j’avais tout de lui sauf les yeux. Je n’étais qu’une « gringalet », pas réellement consciente de ce qu’il se passait, je n’ai d’ailleurs pas de souvenirs distincts sauf le fait que, depuis, mes yeux sont devenus la partie préférée de tout mon être. Simplement car ils n’étaient pas identiques à ceux de mon père, non pas que je déteste le reste, mais c’est au moins cela qui ne lui rappelait pas constamment le douloureux souvenir de mon géniteur. Je me souviens qu’il lui arrivait de me regarder longuement, de caresser mes cheveux noirs en répétant que je lui ressemblais énormément, que j’avais hérité de lui d’être grande, d’être forte, bonne et courageuse. Tout chez moi le lui rappelait, et rien que pour ça, je lui en voulais d’être parti sans que je le connaisse, même si ma mère disait qu’il avait de bonnes raisons… Quelles raisons poussent un homme à abandonner sa famille…
J’interromps mes pensées pour entrer dans ce qui est ma nouvelle demeure. Ici, rien ne semble avoir changé, comme figé dans le temps depuis le jour de notre départ. Je ne me souviens pas de cette journée où ma mère a dû faire nos valises, prendre ma main et quitter la demeure où elle avait toujours vécu… Mais je me souviens de moi courant dans ses couloirs, renversant les livres de la bibliothèque ou encore piquant dans les plats chauds de la cuisine. Je suis les voix de ma grand-mère et de mon chauffeur jusque dans la cuisine, une autre personne est avec eux : Annie, la grand-mère d’Édouard. C’est une femme qui doit avoir dans les âges de Suzanne, elle est plus grande que cette dernière, ses cheveux sont plus foncés également, tirant sur un brun miel agréable au regard, des yeux émeraude comme ceux d’Édouard. Ce devait être une belle femme dans sa jeunesse, elle me sourit et cela me crispe. Dans son regard, j’entrevois une telle compassion… Je comprends que celle-ci m’est destinée et je l’interprète comme de la pitié. Ce que je déteste. Je salue tout le monde en reniflant la bonne odeur du dîner puis m’excuse en prévenant que je monte déposer mes valises et me faire un brin de toilette avant le repas. Les dernières 30 h de trajet, d’escales, sans compter le décalage horaire… m’ont totalement rincée.
Je commence à rejoindre l’escalier afin de me diriger vers la chambre que j’utilisais étant enfant, je ne sais pas comment mais je me souviens très bien du chemin à parcourir. J’ai déjà une main sur la poignée de la porte quand la voix de ma grand-mère me stoppe, elle se place face à moi pour me barrer le chemin de mon enfance. Comment a-t-elle fait pour arriver si vite et si silencieusement… Je dois vraiment être fatiguée. Ses yeux profonds plongent dans les miens et je me demande vaguement s’ils ont toujours eu cet éclat lumineux qu’ils semblent avoir en cet instant.
Et c’est lâché comme un caillou, que dis-je, un rocher dans la mare. Est-ce que je le souhaite ? Est-ce que cela me serait bénéfique de vivre là où elle a vécu alors que je ne supportais même plus de l’imaginer dans notre appartement ? Eh bien, aussi bizarre que ça peut l’être, j’opine. C’est étrange, mais je cherche constamment le moyen de m’éloigner de mes souvenirs tout en m’y accrochant, le psychologue que j’ai vu avant de quitter la France a dit que c’est parce que je n’accepte pas sa mort. Mais qui le ferait.