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Lui, est un ancien chanteur un peu ringard des années 70. Elle, jeune fille de 18 ans, est serveuse le jour et chanteuse les soirs de bal. Dans ses bras, il veut goûter à nouveau aux délices de l’amour. Grâce à elle, il souhaite connaître la gloire par procuration, comme un Pygmalion des temps nouveaux, comme une comédie musicale, avec des relents de rumba…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Grâce à son père,
Jean Pierre Saka a développé un amour unique pour la chanson française, celle de l’époque des poètes, des grands tels que Ferré, Brassens, Barbara, Hardy, Dutronc… Afin de rendre hommage à ce lien si particulier, il décide de faire des mémoires romancées son style littéraire de prédilection.
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Seitenzahl: 131
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Jean Pierre Saka
Elle venait d’avoir 18 ans
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean Pierre Saka
ISBN :979-10-377-6274-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Stéphanie
Voici un nouvel opus de ma part, toujours en hommage à la chanson française, la Grande. Une histoire déjà vécue, vieille comme le monde des amoureux. Elle au printemps, lui en hiver mais une belle histoire, comme une comédie musicale qui aurait des relents de Rumba.
Lui est un ancien chanteur des années70, à l’époque de Mike Brant, défenestré d’avoir tant de voix, mais aussi de Higelin de Lavilliers, de la nouvelle chanson française fringante innovante avec Renaud, dérangeante avec le Forestier Simon, et elle petite chanteuse de Bal Populaire dans la France renaissante des années 2000.
Alors, il la prend sous son aile. C’est une vieille histoire : Pygmalion, et à la fin ça finit mal. Elle le quitte sans un adieu, mais c’est beau. C’est beau la vie, comme une comédie musicale à la mode un peu rétro avec Célentano, France Gall, et même invités surprise :les Machucambos.
Merci d’y prêter attention.
Elle venait d’avoir 18 ans. C’était l’été, évidemment, mais moi par contre à ce moment-là de l’histoire tout entière de l’humanité, de la France en particulier, moi j’ai 51 ans. Je suis né en 51, alors je suis très fier, je le dis à tout le monde, j’ai 51 ans. Normal, je suis né en 51. On s’est rencontrés au bord de la mer, évidemment, mais le 6 août 2002 exactement, vous pourrez vérifier dans cette petite station balnéaire : Le Pouliguen, très près de la Baule, même collée à La Baule et à Pornichet où je venais avec mes parents, petit garçon et puis jeune adolescent de 15 ans en vacances, quand j’étais le Blé en Herbe comme dans la chanson de Delpech. C’était nos 15 ans, les premiers baisers sur la bouche des fiancées comme dans un film de Rohmer en Bretagne. Et puis avec le temps, j’étais un jeune homme de 18 ans, beau comme un enfant qui fait l’amour à la plage pour la première fois avec la fille de la boulangère, et dans la foulée qui fait un bain de minuit avec sa chérie. Qu’il est bon d’aimer au cœur des nuits d’été !
C’était l’époque, la grande pour nous, quand tu es petit, insouciant. Le podium d’Europe 1 avec Monty et les Surfs, et le Concours Kodak que je gagne en 64. Alors je sais, vous allez me dire : « Oh le mec ! le lieu commun, le cliché déjà retouché. Il est pas gêné de nous raconter cette histoire mille fois répétée dans l’histoire des hommes et des femmes, le mec de 50 ans et plus qui laisse femme et enfants pour une jeune fille de toute beauté et qui part sans se retourner. » Mais là c’est pas pareil, je n’ai pas de femme et pas d’enfants à charge.
Et puis c’est moi et à la même date à peu près, le chanteur le plus populaire de France déjà : JJ Goldman fait de même. Il tombe amoureux et en plus, lui, il épouse la jeune fille de 18 ans, une fan de son Fan Club, et il démarre une nouvelle vie dans ce nouveau monde, en Angleterre, pas con le mec. La retraite dorée au pays des Beatles, au pays de la bonne musique et en plus une nouvelle jeunesse à son bras. La Belle Vie. Eh oui ! nous sommes au début des années 2000, un nouveau siècle pour nous, les hommes du siècle dernier. Pour nous, la vie va commencer, elle va recommencer. Continuer.
Moi je suis chanteur, un ancien, mais aucun soir je n’ai chanté à L’Olympia de Paris, ni au Zénith de Perpignan. Après toute cette vie de souffrances, l’enfance, les 400 cents coups, les Jeux Interdits, La guerre des Boutons, les années 60, la Révolution et les années 70, le Palace, l’Alcazar, Madame Arthur. Après les divorces, les divorcées, les enfants du Pirée, la Carrière, Alain Barrière, Au Bonheur des Dames, le boulot, les petits boulots, le Club Med. Mais rester dans son lit douillet. Le jour du 14 Juillet. Qu’irions-nous faire, amour, seuls sur le grand chemin ?
En dépit des années noires, des années folles, des heures de gloire. Après les chagrins d’amour mille fois répétés et cette jeunesse perdue, toutes ces ivresses, toutes ces nuits blanches qui se penchent. Après la vie de Bohème. Dans le nouveau siècle qui s’avance, à la naissance des temps nouveaux, l’homme blanc de plus de 50 ans, pas encore vaincu, s’avance encore. Et le chanteur vedette et le chanteur misérable des bals populaires repartent tous les deux pour une nouvelle aventure avec une jeune fille de 18 ans. Oh oh, voilà l’amour qui passe, les magnifiques chevaux. Non, c’est l’amour qui passe au galop. Rien n’est plus doux que le grain de ta peau, de ta voix.
Le coup de soleil
Je sais pas pour Goldman et pour tous les autres de ma génération qui sont repartis pour un tour de bonheur intense. Je sais pas comment ça s’est passé pour eux, mais moi j’ai connu encore une fois, après des centaines de fois répétées dans toute la vie, j’ai eu ce 6 août vers les 9 heures du soir au Pouliguen, sur le port, dans ce petit restaurant, sur la terrasse, comme un coup de foudre. Comme Un Coup de Soleil, un Coup D’amour. Un coup de je t’aime. Comme un enchantement au cœur de l’instant.
Mais le lieu commun à la vie dure dans ce pays où les gens sont conformes. On te réduit vite à néant quand tu sors des clous. Des sentiers battus. C’est la même histoire à chaque fois, j’entends déjà les commentaires, lui en hiver et elle si jolie si jeune, elle au printemps, il pourrait être son père. D’ailleurs, souvent l’homme mûr, l’homme blanc de plus de 50 ans, professeur des lycées, des écoles de la République, dit à la jeune lycéenne de 17 ans à la limite : « Mais non, chérie, ce n’est pas possible, tu pourrais être ma fille ! »
Mais non, Ducon, elle lui répond. La jeune fille amoureuse mais déçue. Moi je ne suis pas ta fille, je suis son amie. C’est ma copine, ta fille. C’est un classique du genre. Mais l’homme de plus de 50 ans, blanc de préférence, n’a pas inventé l’eau chaude la plupart du temps dès qu’il s’agit d’amour et de sentiments profonds. Il a ses repères, ses obsessions, il dit à qui veut l’entendre « J’ai des valeurs, la famille c’est mon refuge, c’est mon bonheur, je ne vais pas tout gâcher pour une aventure d’un soir ! » Même si nos cœurs qui tambourinent au cinéma la première fois. Si un jour béni qu’à Dieu ne plaise devait voir cesser nos misères, votre assomption, mon adorée, nous aura plongés en enfer.
Alors le lâche, il promet de la quitter, sa femme, mais heureusement pour ce con, c’est souvent elle, la femme, qui se fait la malle avec un beau petit gars de la Marine, jeune, et qui sent beau le sable chaud. Mais c’est trop tard pour lui. L’amour est passé. Ou alors le pire est à venir. Souvent j’entends déjà les commentaires. Ah le salaud, il va se la faire, la petite jeune fille. Ah le salaud ou le pervers, ou le veinard. Moi je suis le veinard. C’était le temps des bords de mer, le temps des Gainsbourg, des Prévert. Je revois ses cheveux défaits. Je te réponds, ma lycéenne, moi qui ne suis plus lycéen. Tu veux quelqu’un qui comprenne, je te comprends, j’essaie au moins.
C’était la petite serveuse engagée pour l’été, pas une pro du service, encore novice, dépassé par les événements quand il y a du monde l’été en terrasse, à l’heure de pointe.
Elle essayait vainement d’ouvrir une bouteille de rosée glacée devant une table où un couple, déjà servi de moules marinières et de frites, leurs assiettes pleines à ras bord, la regardaient d’un air anxieux, assoiffés, et moi j’essayais vainement d’attraper son regard pour que ses regards ne regardent que moi. On sentait un souffle nouveau gagner sur l’instant.
Pour qu’elle me fasse un signe, si je pouvais m’asseoir à cette table, la seule qui restait de libre. Je vous le dis quand l’amour se joue à rien. On est tombés dans l’eau comme deux oiseaux où m’attendait la jouvencelle cachée derrière les portes. Les portes du ciel.
C’était long et merveilleux à la fois. On ne se rend pas compte du coup de foudre sur le moment, mais on sait que c’est elle, que d’une épaule à l’autre, on sait que c’est elle. Ce n’est pas prémédité, jamais, surtout avec une fille de 18 ans. Elle transpirait un peu sous les bras, de toute cette agitation des restaurants à la tombée du jour où il faut courir pour le client qui réclame encore du pain et du vin et des glaçons. Il y a comme une petite auréole sur le tee-shirt, en haut de ses bras nus si gracieux. J’étais le beau bizarre venu là par hasard.
D’habitude pour moi et le monde entier et tous les garçons et Souchon surtout, une fille qui transpire n’inspire que du rejet mais là, elle était si lumineuse, brune comme dans le film avec Souchon qui ne s’en remet pas et qui comme moi finalement fait exception à la règle et danse avec elle, touchant ses mains un peu moites, un peu en sueurs. Elle était belle comme Isabelle à ce moment-là de l’histoire et finalement ouf le bouchon de la bouteille tant désirée saute et elle me voit enfin. Elle me sourit. Je m’en souviens, j’étais saisi de tremblements. Elle me dit, je suis d’accord alors je m’assoie et l’histoire commence. Qui est cette fille ? Est-elle livide ? Est-elle câline ? D’où viens-tu, oh ma tendre merveille, mon amour absolu ?
J’allais connaître encore ce sentiment nouveau, toujours nouveau à chaque fois quand l’hirondelle du printemps se pointe à l’horizon. C’est l’amour. Bientôt j’aurais son souffle sur ma peau, j’aurais le plaisir avec elle, j’aurais la joie d’être éveillé par le premier baiser de sa bouche adorée. Je sais, ça fait rêver mais c’est véridique, c’est de l’authentique, de l’autobiographique, des mémoires avant la fin car il n’y a pas d’amour heureux. C’est la vérité. Je vais connaître la joie des amants, la paix des corps. Passer le pont Mirabeau. Es qu’au moins il fait beau.
Le café du port
C’était l’été, évidemment, alors c’est toujours une fille de 18 ans, petite vendeuse de glaces sur la plage que Souchon emmène pour tailler la zone ou vendeuse de chou chou sur la promenade ou la caissière du super qui est super ou la petite serveuse du restaurant sur le port juste à côté du Café du Port. C’est elle. Elle. Je ne veux qu’elle. Dans toutes les villes portuaires ou du Bord de Mer, il y a un café du Port ou le Café du Pont comme dans l’histoire de l’enfance merveilleuse de Pierre Perret. C’est comme dans la chanson de Léo Ferré. La barmaid avait 18 ans mais moi je ne suis pas vieux comme l’hiver.
Elle fait de son mieux, elle tremble un peu avec les plats de moules frites qu’elle amène à toutes les tables et puis la voilà devant moi avec la bouteille de rosée et avec son tire-bouchon un peu vieillot. Alors pour le charme qui opère en toutes circonstances comme pour un ex-chanteur de charme à la voix de velours, c’est parti mais il faut trouver les mots. J’avais le sentiment d’avoir trouvé un trésor qui vaut de l’or.
Je peux vous aider, votre tire-bouchon est obsolète, non pas obsolète, pas très à la mode, elle me sourit, elle rit un peu mais elle regarde derrière elle, d’autres clients arrivent, elle se dépêche mais j’ai la patience, je suis déjà dans un état de vieux qui est resté jeune et qui est resté adolescent comme tous ces vieux à la télé décatis au physique effroyable mais qui affirment que dans la tête, ils sont toujours le petit enfant à la récré. Alors je la suis du regard. Aujourd’hui Violette est partie Pierrot vole en travers comme un oiseau. Mais lui ne cherche pas sa mère il cherche Violette.
Et c’est la fin du dîner et juste à côté, il y a le Café du Port et l’Hôtel des Voyageurs et ses jolies voyageuses mais je vais me promener sur la promenade. Cet endroit unique au Pouliguen ou une fois payé le prix d’une location, on regardait passer les bateaux au siècle dernier avec mes parents. Et les autres gens qui dépensaient tout leur argent.
Je me paye une glace à l’eau mais il n’y a plus de boule de flipper, de Baby-Foot et puis très vite, je retourne au Café du Port et je m’assois, réfugié dans un coin, et je ne bouge plus et j’attends. Je l’attends, je l’attends, je l’attends tout le temps. Et l’amour m’emporte. Les bords de mer me désespèrent sans ta tronche, les Bords de mer sont des Posters. Hé garde les yeux clos on va se mettre aux anges.
Quand Jean Pierre rencontre Stéphanie
Je n’ai pas changé les prénoms car tout est vrai. C’est vrai au début de l’histoire mais après il se peut que je raconte des histoires, que j’arrange un peu la vérité, que je fasse un roman, que je romance une histoire d’amour. Alors là, devant ma bière en fumant ma cigarette, il faudrait la caméra de Claude Lelouch pour filmer cette angoisse profonde de l’homme blanc de plus de 50 ans, amoureux, transi d’angoisse et qui espère sa promise à la fin du service pour voir si le charme ça fait vraiment tout. Si le charme opère. C’est l’Espérance Folle, mais les lumières du restaurant se sont tues. Il est minuit. C’était l’été évidemment et la voilà qui s’avance. Nous voilà, Lieutenant. C’est la sortie d’un bal.
Mais oui, elle va passer et lui faire un sourire à ce pauvre homme et c’est tout. Comme c’est l’été évidemment et qu’elle était si jolie, elle a rendez-vous avec un garçon de son âge. Un beau petit Marin de la Flotte. Mais non, elle sourit en le voyant, le reconnaissant, le client. Aux cheveux blancs. Elle hésite un peu, elle tourne la tête, suspens incroyable, timidité surhumaine, je suis paralysé, mais oui, elle avance vers lui. Je me souviens de ces frémissements les plus légers. Je me souviens je me rappelle. Viens, je serais sage si tu m’embrasses.