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Comment trouver un sens à sa vie lorsque le contrôle nous échappe et que chaque pas est empreint de peur ? Comment avancer lorsque l’on réalise qu’il est trop tard et que tout s’effondre ? Joséphine, Sarah, Thibault et Amélie se retrouvent face à ces questions existentielles, chaque personnage étant confronté aux tourments du quotidien à sa manière. À travers leurs parcours, entre doute et souffrance, découvrez comment ces quatre vies entrelacées se battent pour surmonter l’obscurité, à la recherche d’une lumière et d’un bonheur qu’ils pensaient à jamais hors de portée. Un récit poignant, où l’espoir renaît au cœur des épreuves, offrant une exploration intime et universelle des luttes humaines.
À PROPOS DE L'AUTRICE
À travers la lecture et l’écriture,
Marion Curchod explore une diversité de personnages et d’émotions. Rédigé parallèlement à ses études à l’Université de Lausanne, son recueil "Entre la nuit et le jour" met des mots sur des situations dramatiques et bouleversantes qui, bien qu’universelles, touchent profondément l’expérience humaine.
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Seitenzahl: 322
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Marion Curchod
Entre la nuit et le jour
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Marion Curchod
ISBN : 979-10-422-5443-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma mère qui me lisait chaque soir une histoire
pour m’endormir.
À toi,
Toi qui m’as appris à croire aux miracles,
Toi dont l’amour me porte chaque jour.
Prologue
La vie. Je pensais tout connaître de la vie. Du haut de mes seize ans, j’étais persuadée que la mienne n’avait pas plus de valeur qu’une autre. Non, en réalité, j’étais persuadée qu’elle ne valait plus rien.
C’est dingue la vie ! Tu te réveilles un matin, tout va mal, plus rien n’a de sens. Tu penses perdre pied et toute une série d’événements te le laisse penser. Mais en réalité, malgré le chaos de ton existence, il y a toujours du sens. C’est juste que tu ne le vois pas.
Pour ma part, ça faisait des mois que je me sentais mal, que je me voyais toucher le fond, que je me perdais, et pourtant, à mesure que les jours passaient, je me disais que c’était normal. Au fond, je pensais juste que ma vie n’avait pas de sens, qu’elle ne valait rien. Je n’avais pas la force de lutter contre ce sentiment de frustration, contre la colère et le mépris des autres, de ceux qui réussissaient à vivre sans étouffer. Je me sentais envahie par des sentiments que j’avais peur d’écouter.
Je ne vivais pas, je ne vivais plus, je mourais, sans m’en rendre compte, à petit feu.
Mais je me trompais. La mort est bien plus tragique, bien plus douloureuse. Elle est définitive.
Mourir ce n’est pas ça ; je ne le savais pas encore, mais j’étais, en réalité, en train de renaître, renaître de mes cendres.
C’est dingue la vie ! Tu te réveilles un matin, tu penses que cette journée va être comme toutes les autres : une journée de plus à faire les mêmes gestes, à accomplir les mêmes choses, bref, une journée banale et sans intérêt.
Tu traverses cette journée et elle est encore pire que d’habitude. Tu as l’impression de toucher le fond, que rien ne va plus et tu voudrais juste arrêter de te battre. Tu te sens vidée, démotivée…
Et il suffit d’un nouveau lever de soleil pour que tu te rendes compte de la valeur de ta vie. Il suffit d’une nouvelle journée pour que tu te rendes compte que ta vie a un sens, qu’elle vaut quelque chose et tu te prends alors une grande claque dans la figure. Tu réalises que la vie ne tient qu’à une poignée de secondes. En fait, tu te rends compte d’une seule chose, d’une chose toute simple, si simple…
Tu te rends compte de la valeur de ta vie.
Francis
Toujours les mêmes gestes. C’est assez répétitif comme travail. Tu ouvres les portes, quarante secondes, tu fermes les portes, tu démarres, tu t’arrêtes, tu ouvres les portes, et cela chaque jour de huit heures à midi et de deux heures à six heures.
J’ai toujours aimé les trains. Quand j’étais petit, j’étais fasciné par les chemins de fer, les gares, j’avais des maquettes de trains et des rails. Je jouais au chef de gare et rêvais de le devenir un jour.
Finalement, je suis conducteur de métro. C’est un métier intéressant et supportable. Après tout, j’ai réalisé un bout de mon rêve. Je conduis un métro, telle une locomotive conduisant des wagons sur des rails…
Je croise mon collègue dans le métro sur la voie d’à côté. Je lui fais signe et regarde ma montre : 9 h 52. Je vais bientôt arriver au terminus, prendre de nouvelles personnes et, à 10 h, je repartirai dans l’autre sens.
S’arrêter, ouvrir les portes, quarante secondes, fermer les portes…
Allez, ce soir c’est le week-end et, aujourd’hui, je termine plus tôt, car j’ai remplacé un collègue la semaine dernière, ce qui signifie que je finis à 10 h 25. Je n’ai plus qu’un trajet et je serai en congé pour trois jours. Trois jours, chez moi, dans mon appartement, seul avec Lucky, mon berger des Pyrénées blanc de seize kilos. Je l’adore mon chien, je l’ai adopté quand il n’était qu’un chiot. C’était dur au début, il m’en a fait voir de toutes les couleurs, mais il est tellement adorable que je lui pardonne tout. Je vis seul avec Lucky, il suffit à mon bonheur. On est bien tous les deux.
J’arrive au terminus, il est 9 h 53. Je vois déjà plusieurs personnes qui attendent. Un homme en complet-veston, une jeune fille aux cheveux blonds, une grand-maman avec sa petite-fille, enfin j’imagine… J’adore voir les gens monter dans le métro. J’aime imaginer leur histoire, leur vie. C’est l’un de mes jeux préférés.
C’est vrai que j’ai une vie assez simple, mais j’ai un travail qui me plaît, un chien que j’aime, des amis formidables. Tant que je peux prendre mes propres décisions, et organiser mon temps et mon travail comme je le souhaite, ma vie me convient.
Je regarde ma montre, il est 9 h 54, départ dans six minutes. Dans six minutes, je partirai pour mon dernier voyage de la journée, avant le week-end et un repos bien mérité.
Claire
Je vois le métro s’arrêter et je me retrouve juste en face de la porte. J’entre et je vais m’asseoir. J’essaie de contrôler le tremblement de mes jambes. Respire, calme-toi, tout va bien se passer ! Je me répète cette phrase depuis ce matin, depuis que je me suis réveillée.
Non. En réalité, je crois que je me répète cette phrase depuis le jour où j’ai appris la date de ma défense de travail de mémoire. Ce travail m’a pris pratiquement deux ans. Deux ans de recherches, de lectures, d’interviews et d’observations. Mais aussi, deux ans de stress, de fatigue, de onze heures non-stop de travail continu, de nuits raccourcies à quatre ou cinq heures de sommeil. Deux ans d’absence de vie sociale, de café chaud le matin, de café chaud le midi et de café chaud le soir. Deux ans, et je suis au bout. Enfin, je vois l’arrivée ! Je n’arrive pas à y croire. Tout à l’heure, quand je sortirai de la salle, j’aurai fini et j’aurai obtenu mon Master, je l’espère en tout cas !
Je sors les feuilles de mon sac et commence à relire ma présentation. Je sais que ce n’est pas efficace et que de toute façon, je la connais sur le bout des doigts, mais me concentrer sur une tâche m’empêche de me projeter et d’angoisser.
J’essaie de lire, mais je sens mon cerveau vagabonder malgré moi. Je repense à la première fois où je suis entrée à l’université. Ce moment où j’ai franchi les portes de cet immense bâtiment, le sourire aux lèvres. C’était il y a cinq ans déjà, quand j’ai commencé l’université en psychologie et sociologie.
J’ai toujours aimé les études. Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé aller à l’école pour apprendre et voir les autres élèves. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été considérée comme une excellente élève et même si j’en étais fière quand j’étais petite, j’ai appris avec le temps à utiliser ma facilité dans les différentes branches enseignées pour venir en aide aux autres élèves de la classe. Travailler pour réussir a toujours été important pour moi, même si je suis consciente qu’il m’a fallu certainement moins de travail que d’autres pour parvenir à des résultats plus que satisfaisants.
C’est ainsi que j’ai franchi toutes les étapes : l’école obligatoire, les études secondaires, mon Bachelor à l’université et bientôt mon Master.
Ça y est, j’y suis ! C’est la dernière étape, celle qui me sépare de mon Master, celle qui me sépare de la fin de mes études. Cette présentation va marquer la fin d’un parcours sans faute, où je n’ai pas échoué une seule fois ; et c’est une chose dont je suis fière, même si je n’ose pas l’avouer à mes compagnons d’études.
Par moments, je me demande comment j’ai réussi, comment j’ai franchi toutes ces étapes…
Je revois la petite fille aux couettes blondes qui revenait heureuse de l’école, fière de ses notes et qui avait déjà fini ses devoirs. La fille qui est ensuite allée dans une nouvelle école, qui a pris le bus tous les matins avec plaisir. Celle qui a ensuite découvert un nouvel univers, qui ne rentrait plus pour manger, qui prenait ses repas à la cafétéria du collège avec ses amies. Puis la jeune fille qui a continué son parcours au cycle secondaire, qui a découvert la psychologie et qui est tombée amoureuse de cette branche pour enfin devenir une jeune femme, décidée à persévérer dans les études et à ne jamais abandonner ses objectifs et ses rêves.
Comment ai-je réussi ? Si je répondais aujourd’hui, je dirais que cela vient de ma volonté et de mon travail. Et même si je suis toujours parvenu à accomplir les objectifs que je m’étais fixés, ça ne m’a pas empêché de me mettre la pression en voulant toujours faire le mieux possible. La peur d’échouer m’a tenue éloignée de l’échec ; et ce stress, que j’ai toujours pris pour une faiblesse, est peut-être finalement une force qui m’a permis de toujours accomplir mon travail à la perfection.
Une chose est sûre, en pensant à cette défense de travail, le stress est bien présent.
Respire, calme-toi, tout va bien se passer !
Je me répète en boucle cette phrase dans la tête. Je sais que cette phrase fait partie de moi…
Car cette phrase, je me la répète depuis le tout premier jour.
Bruno
L’usure, la fatigue. Je ne sens plus mes muscles, j’ai mal au dos. C’est le résultat de ma semaine de travail. Non, en fait, c’est le résultat de ma vie de travail, une vie de labeur. Tu travailles tous les jours de sept à dix-neuf heures, quand il fait froid, quand il fait mauvais. Tu soulèves des charges lourdes, tu t’abîmes les lombaires pour tes patrons et le pire c’est que tu n’obtiens aucune reconnaissance, rien, nada !
Je hais mon boulot. Mais quand tu as une femme et deux gosses à nourrir, que tu es un étranger et que ça fait des mois que tu cherches du travail, eh bien, tu n’as pas vraiment le choix ! On te propose un boulot, tu le prends sans réfléchir et puis c’est tout.
Tu te lèves tous les matins, par obligation, par devoir. Pendant la journée, tu ne penses qu’à une seule chose, tes enfants, ta famille et le bonheur de les voir le soir. Même si tu détestes ton boulot, il te permet de subsister et de faire vivre ta famille. C’est tout ce qui compte !
J’adore ma famille. J’adore voir mes enfants dormir à poings fermés. J’adore voir mon fils shooter dans un ballon de foot, voir ma fille dessiner et s’appliquer pour ne pas dépasser les bords de son dessin. J’aime voir ma femme chanter en cuisinant, la voir sourire quand elle me regarde et j’aime l’admirer quand elle marche d’un pas assuré dans la rue. J’aime ma famille. Ils sont heureux et ça suffit à mon bonheur. Et même si mon travail n’est pas celui dont je rêvais, il me permet de rendre ma femme et mes enfants heureux et ça n’a pas de prix.
Voilà, une femme, deux enfants, un boulot barbant, mais qui rapporte de l’argent, c’est le parfait résumé de mes quinze dernières années de vie.
Quinze ans ! Quinze ans que je me lève tous les matins pour bosser, pour tenter de me construire une situation, une vie décente. Quinze ans que je me tue à la tâche, que je m’use pour un patron qui ne connaît même pas mon nom.
Ça fait quinze ans !
Et maintenant… je devrais être au travail… j’y étais d’ailleurs, jusqu’à ce que la direction m’annonce une suppression de postes dans l’usine. Jusqu’à ce qu’on m’annonce que je n’ai plus de travail. Que je dois rentrer chez moi et avouer à ma femme que j’ai perdu mon travail, que je ne pourrai plus ramener l’argent pour payer le loyer et nourrir ma famille.
Je vois le métro arriver. J’observe les gens autour de moi et mon regard s’arrête sur un homme en complet-veston. Il ressemble à mon patron. Non, à mon ex-patron…
Je monte dans le métro, je vais rentrer chez moi annoncer la nouvelle à ma femme.
Pour la première fois de ma vie, j’ai peur. J’ai peur, car je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais pas quoi dire à ma femme, je ne sais pas comment je vais pouvoir regarder mes enfants ce soir rire et jouer comme d’habitude, heureux, innocents… J’envie leur innocence, cette innocence qui préserve des problèmes, de la peur, de toutes les mauvaises choses de la vie.
Je monte dans le métro. Une jeune fille blonde me passe devant et va s’asseoir. Je reste debout. Je m’appuie contre une fenêtre. Le métro va partir dans quelques minutes.
Je ferme les yeux.
La fatigue et l’usure sont plus fortes que jamais.
Carole
J’entre dans le métro. J’aime le prendre à cette heure. Il y a toujours de la place. Je tire mon cabas et trouve une place. Je regarde ma montre : il est 9 h 58. Le métro part dans deux minutes. J’ai tout le temps de faire mes achats avant d’aller chercher Jimmy à l’école.
Je n’en reviens pas qu’il soit déjà à l’école ! J’ai parfois l’impression que c’était hier que la sage-femme me l’a mis dans les bras et qu’il a poussé son premier cri ! Oui, quand je repense à Jimmy bébé et que je le vois maintenant courir dans le jardin, lancer son frisbee ou jouer au ballon avec son père, je me dis que le temps a filé…
Le temps. Par moments, j’ai l’impression qu’il est mon plus grand ennemi. Je n’en ai jamais assez et j’ai toujours quelque chose à faire. Déjà plus jeune, j’avais la sensation que je lui courais après, et qu’il m’aurait fallu des journées de vingt-six heures au lieu de vingt-quatre… Entre les études, les amis, les soirées et la famille, ma vie de jeune femme était bien occupée et c’est encore pire maintenant que j’ai Jimmy !
J’ai rencontré Frank, mon mari, à vingt-deux ans, et ça a tout de suite été le coup de foudre. Nous nous sommes mariés lorsque j’avais vingt-quatre ans et trois ans plus tard, nous avons eu Jimmy. Je n’ai jamais regretté mes choix. J’aime Frank, il m’aime et nous aimons Jimmy. C’est vrai que ma mère nous a toujours reproché notre précipitation et le fait que je n’exerce aucune activité lucrative ; mais je suis mère au foyer et c’est déjà un travail à plein temps pour moi.
Le métro s’arrête brusquement, je vois entrer un couple d’Asiatiques qui s’assied en diagonale de moi. Je les regarde. La femme est très belle avec son teint pâle, ses grands yeux noirs et ses cheveux couleur ébène. Elle parle doucement, mais avec enthousiasme tout en montrant à son mari un guide touristique de la ville. Son mari la regarde en souriant.
Ils sont mignons et me font penser à Frank et moi il y a quelques années. Je me remémore notre première rencontre. Il y a dix ans déjà !
Parfois, j’aimerais vraiment arrêter le temps ou retourner dans le passé pour revivre ces beaux moments et tous ces souvenirs…
Mais je sais bien que c’est impossible.
J…
Bip, bip, bip…
Je tends la main vers le réveil pour l’éteindre. Et voilà, encore une journée de merde qui commence ! Au programme, interro d’histoire, cours de maths, français, sport ; et comme si ça ne suffisait pas, je me suis engueulée avec mon copain hier soir au téléphone !
Une de mes amies l’a vu avec une fille hier après-midi et je voulais savoir qui c’était et qu’est-ce qu’il faisait avec elle. Résultat : il s’est énervé, moi aussi et il m’a raccroché au nez. Du coup, j’ai mal dormi et ce matin je suis de mauvaise humeur, comme si ça allait arranger les choses…
C’est la première fois que j’ai une dispute aussi violente avec Ben. Je l’ai rencontré il y a sept mois et on s’est mis ensemble peu de temps après. Je l’ai toujours admiré : son côté rebelle, sa façon de défier les règles et sa franchise ; c’est aussi pour ça que j’aime être avec lui, il n’hésite pas à me dire ce qu’il pense des autres, et de moi.
C’est lui qui m’a convaincue de me faire mon premier piercing et même si je n’étais pas très emballée au début, j’ai accepté pour lui faire plaisir et peu à peu j’ai changé mon style vestimentaire pour lui ressembler… Ça me fait mal de penser à notre dispute, j’espère qu’il voudra bien me pardonner…
Je regarde l’heure, 9 h 03. C’est le seul point positif de la journée : je commence plus tard, car j’ai congé en anglais.
Je me lève, attrape mon pantalon et mon haut noirs, me fais rapidement une queue de cheval, me dessine à la va-vite un trait noir sur et sous les yeux, mets un peu de mascara, puis je me lave les dents et regarde l’heure, 9 h 26.
Ma mère m’appelle depuis la cuisine pour que je vienne manger. Je ne lui réponds pas, je prends mon sac et mon portable avant de descendre.
Je la regarde et je sens la colère m’envahir doucement.
Je m’arrête la main sur la poignée et me retourne.
Je pars en claquant la porte, sans écouter sa réponse.
Depuis quelque temps, je ne supporte plus ma mère, et d’ailleurs je pense que c’est réciproque.
Elle veut toujours contrôler ce que je fais, ce que je mange, mes études… Elle est sans cesse derrière moi et elle m’étouffe ; par moment, je préférerais vivre seule, loin des gens qui me saoulent.
Ma relation avec ma mère n’était déjà pas super avant, mais depuis que je sors avec Ben, elle s’est détériorée.
Ma mère pense que Ben a une mauvaise influence sur moi. Elle trouve que mon style a changé et que mes notes ont baissé. Elle pense que je ne travaille plus et que c’est de sa faute. Même si c’est partiellement vrai, car je passe beaucoup de temps avec lui, je continue de bosser quand même. Ce n’est pas de sa faute ni de la mienne si les cours ne sont pas intéressants et si mes études ne me passionnent pas ! De toute façon, je ne sais pas ce que je veux faire plus tard ; alors je ne vois pas à quoi mes études peuvent bien me servir !
Mon portable vibre, je le regarde. Un message de Ben, il veut qu’on se voie dans le parc près de chez moi pour discuter. Je regarde l’heure, il est 9 h 33, ça me fait faire un détour par rapport à mon arrêt de métro… Je ne sais pas si j’ai le temps avant mon premier cours, mais je m’en fiche, car quoi que ma mère en dise, en ce moment, Ben est la chose la plus importante à mes yeux.
Je lui réponds : « Si tu veux… »
Je fais comme si ça m’était égal, mais ça ne l’est pas. Je ne veux surtout pas lui montrer que j’ai peur. J’ai peur de découvrir qu’il m’a trompée avec une autre. J’ai peur qu’il me dise que c’est fini. Je ne peux pas imaginer ma vie sans lui…
Je m’arrête de marcher. Et si ma mère avait raison quand elle dit que je n’ai plus de vie à part Ben, que je me suis perdue et que tout tourne autour de lui… ?
J’essaie d’imaginer ma vie sans Ben et je ne vois rien. Où sont passés mes motivations, mes passions, mes amies, mes rêves ? Et si elle avait raison quand elle dit que je me suis sacrifiée pour lui, que je lui ai tout donné et que j’ai arrêté d’être moi-même ?
J’ai peur que Ben me quitte, mais j’ai encore plus peur de découvrir que ma mère a raison.
Marc
Louise, Raphaël, Louise, Raphaël… Je fais tourner ces deux prénoms dans ma tête depuis quelques semaines… En fait, depuis que nous nous sommes mis d’accord pour son prénom. Louise si c’est une fille et Raphaël si c’est un garçon.
Je suis tellement excité à l’idée de devenir père pour la première fois. Je me sens heureux, impatient, un peu anxieux aussi, forcément, mais je suis sûr qu’au fond, tout va bien se passer.
Que ce soit un garçon ou une fille, j’espère que le bébé aura les yeux de sa mère. Il faut dire qu’ils sont d’une couleur exceptionnelle, entre le bleu ciel et le bleu océan, des yeux qui brillent comme deux diamants d’un bleu éclatant.
Depuis que j’ai rencontré Marie, et plus encore depuis notre mariage il y a maintenant deux ans, je suis le plus heureux des hommes.
En fait, je me croyais au comble du bonheur, jusqu’au jour où en rentrant du travail j’ai trouvé des petites chaussures à côté de mes pantoufles… J’ai tout de suite compris et j’ai couru vers Marie pour l’embrasser !
C’était il y a neuf mois et maintenant, dans quelques jours ou même déjà dans quelques heures, je vais devenir père.
J’arrive sur le quai, le métro n’est pas encore là. Il arrive peu de temps après ; j’entre et je vais m’asseoir sur un siège au fond de la rame. Je vois mon reflet dans la vitre devant moi, j’en profite pour remettre ma cravate en place et regarde ma montre. Encore quelques secondes avant de partir.
Je pose ma mallette sur mes genoux. J’ai une réunion d’affaires importante aujourd’hui avec des clients potentiels pour l’entreprise. Je vérifie que tous les papiers se trouvent bien dans mon attaché-case avant de le reposer à mes pieds.
Le métro démarre enfin. Je récupère un journal abandonné sur le siège à côté de moi et je tente de lire les nouvelles du jour, mais je n’arrive pas à me concentrer : je pense seulement à Marie, à notre enfant, à ce petit être qui va naître, qui représente à la fois une partie d’elle et une partie de moi… J’ai hâte et peur en même temps. Je vais être père !
Je repose le journal, m’appuie confortablement contre le dossier du siège et regarde par la fenêtre le paysage qui défile sous mes yeux. Il paraît qu’il y a environ quatre naissances par seconde dans le monde. Je regarde une nouvelle fois ma montre au moment où le métro freine, il est 10 h 02. Et toi, mon enfant, quel sera ton heure de naissance ?
Bryan
Je la sens à travers ma poche, cette boîte qui, je l’espère, va changer ma vie. Cette boîte qui va peut-être m’offrir le bonheur.
Je remonte mes lunettes sur mon nez, regarde ma montre, 9 h 57. Je prends l’escalator et j’arrive sur le quai du métro. Il est déjà là. Je monte dans le premier wagon, dans lequel se trouvent déjà une grand-maman qui parle avec sa petite fille, un homme appuyé contre une fenêtre et une jeune fille blonde assise en face de la grand-mère.
Je vais m’asseoir à côté d’elle. Je lui lance un regard à la dérobée, elle lit un document et semble concentrée. Moi, je suis tellement impatient ; dans une vingtaine de minutes, vingt-cinq tout au plus, je serai dans un immeuble, mais pas dans n’importe lequel : celui où travaille Cécile.
Cécile… Je l’ai rencontrée il y a six ans, quand je suis arrivé d’Angleterre. À l’époque, elle faisait des études de droit et moi j’étudiais la chimie dans un laboratoire.
La première fois que je l’ai vue, avec ses cheveux qui lui tombaient en longues cascades de boucles dorées sur les épaules, ses yeux noisette et son sourire, j’ai su. J’ai su que je venais de rencontrer quelqu’un de merveilleux… C’était il y a six ans, peu de temps après mon arrivée, et même si je venais d’un autre pays, j’avais l’impression de la connaître depuis toujours. On s’est installés ensemble trois ans plus tard, elle venait de se faire embaucher dans un cabinet d’avocats et moi j’avais trouvé un poste dans un laboratoire qui étudiait les molécules…
Le métro se met en route, la secousse me surprend un peu. Instinctivement, je glisse ma main dans ma poche, pour m’assurer qu’elle est toujours là…
Ça faisait un petit moment que je voulais en acheter une et quand je l’ai vue briller dans la vitrine du bijoutier, j’ai su qu’elle était pour Cécile. J’ai su que c’était le bon moment. Alors je l’ai achetée et j’ai décidé d’aller la lui offrir tout de suite. Je n’aurais pas le courage d’attendre, je veux savoir maintenant…
Je jette un coup d’œil à ma montre au moment où le métro s’arrête de nouveau, il est 10 h 02. Je regarde autour de moi et observe la petite fille en train de sortir des affaires de son sac à dos rose pour les montrer à sa grand-mère qui sourit en la regardant. La jeune fille blonde lit toujours en consultant de temps en temps sa montre.
Moi, je ne peux pas m’empêcher de garder ma main dans ma poche, de tourner et retourner cette petite boîte lisse et froide, en me préparant mentalement à faire ma demande…
J’espère qu’elle dira oui !
Mireille
Nous attendons sur le quai depuis bientôt dix minutes quand le métro arrive. Je prends ma petite-fille par la main pour entrer dans la rame et nous trouvons deux places assises en face d’une jeune fille blonde.
Je regarde ma petite-fille :
Chloé me sourit en retour de l’un de ces sourires, si sincères, qu’il me met du baume au cœur. Chloé regarde autour d’elle les gens qui entrent peu à peu dans le métro. De mon côté, je remarque un homme perdu dans ses pensées, à l’air triste et abattu qui s’appuie contre une fenêtre.
Chloé me montre le joli cabas rouge tirée par une jeune femme et j’aperçois derrière elle, un monsieur aux cheveux foncés qui entre et va s’asseoir vers le fond.
C’est pour ça que j’ai décidé d’amener Chloé au zoo aujourd’hui, puisqu’elle a exceptionnellement congé. Depuis le temps qu’elle me dit que, quand elle sera grande, elle veut devenir vétérinaire pour travailler avec les animaux, je me suis dit que ça lui ferait plaisir d’aller en voir au zoo, et je ne me suis pas trompée…
Je l’observe tandis qu’elle vérifie pour la troisième fois le contenu de son sac à dos rose pour voir si elle n’a rien oublié. C’est moi qui lui ai offert ce sac avec un chat dessus et depuis que je le lui ai offert, elle ne le quitte plus et le prend partout où elle va.
Après en avoir sorti sa casquette, des crayons de couleur, un cahier, un appareil photo jetable et un livre de coloriage, elle me déclare avec un grand sourire :
Le métro s’arrête, je regarde ma montre, il est 10 h 02. Encore dix minutes de métro avant de prendre un bus qui va nous conduire au zoo.
Moi aussi, je me réjouis de cette journée avec ma petite-fille. À cet instant, j’ai presque l’impression de redevenir moi aussi une enfant, pleine de rêves et d’insouciance.
Alain
J’entre dans le métro par la dernière porte du premier wagon et je vais m’asseoir de l’autre côté, contre la fenêtre, en diagonale d’une femme qui a un cabas à côté d’elle.
Je sais que le métro part dans exactement trois minutes et que j’arriverai à destination à 10 h 17, qu’il me faudra exactement quatre minutes et trente-trois secondes pour marcher de la station de métro à mon bureau, ce qui me laissera exactement trente-huit minutes et trente-sept secondes avant le début de mon premier cours de la journée.
Je vois une jeune femme entrer et s’asseoir au milieu de la rame, puis un monsieur qui a l’air nerveux prendre place à côté d’elle. Il y a peu de monde dans le wagon. J’aime bien le métro à cette heure de la journée ; c’est calme, il n’y a pas trop de monde et on n’est pas bousculé dans tous les sens.
En attendant le départ de la rame, je me repasse mentalement le programme de ma journée dans la tête. J’ai une heure de cours avant la pause de midi avec une classe du troisième étage, puis j’ai encore deux heures cet après-midi avec la classe du cinquième. Je les aime bien, ceux-là. Ça fait déjà un an que je leur donne cours et ils sont une bonne équipe. Certains aiment vraiment les mathématiques et n’hésitent pas à aider les autres ; or, l’entraide et la générosité sont des attitudes qui me plaisent. Par contre, leur faire cours juste avant le week-end rend ma tâche difficile, car ils sont souvent quelque peu dissipés et fatigués. Mais j’ai connu bien pire !
Je souris en repensant au jour où le projecteur ne marchait pas et où je n’avais plus de craie : ce jour-là, j’ai dû déployer toute mon imagination pour dispenser mon cours. C’était la première semaine de mon nouveau travail, j’étais jeune et inexpérimenté. Parfois, il me semble que c’était il y a une éternité, et, en même temps, les années ont passé si vite ! Si je le pouvais, je crois que je choisirais de continuer à enseigner, car cela me plaît. J’aime ma branche, j’aime voir le regard d’un élève s’illuminer quand il trouve la solution d’un problème ; j’aime étudier la manière dont les élèves abordent un exercice, la rapidité de certains à résoudre des équations.
Malheureusement, d’ici un an et demi, je vais devoir laisser ma place à un autre professeur et partir à la retraite. Et même si j’ai plein de projets que je compte bien réaliser, il va falloir que je m’habitue à avoir beaucoup de temps libre.
Je repense à toutes ces années d’enseignement, à tous les élèves que j’ai côtoyés. Je me suis toujours fait un devoir d’apprendre le prénom de chacun d’eux. C’est une chose qui a toujours été très importante pour moi. Un jour, j’ai calculé qu’à raison de vingt élèves par classe et de quatre nouvelles classes par année, j’aurai appris, en trente-six ans de carrière, plus de deux mille huit cent quatre-vingts prénoms.
Voilà ce qu’il me restera de ces trente-six ans de bons et loyaux services à l’instruction publique : une boîte remplie de quelques souvenirs et deux mille huit cent quatre-vingts prénoms dans la tête…
Un couple de Japonais entre au premier arrêt du métro et s’assied dans deux sièges voisins faisant face à un homme qui tient un journal et à une place vide.
Tandis que le métro se remet en route, je ferme les yeux et repense à tous ces prénoms, tous ces visages qui ont occupé mes journées pendant toutes ces années.
Parfois, je me demande ce que mes anciens élèves sont devenus.
C’est une question à laquelle je n’aurai sans doute jamais de réponse.
Chihiro
Nous attendons le métro depuis environ cinq minutes quand je l’entends s’approcher. Je me retourne vers Riku, qui regarde une affiche publicitaire accrochée au mur, pour lui dire qu’il arrive.
Je suis tout excitée. C’est la première fois que je viens en Europe. Je ne pensais jamais pouvoir y aller d’ailleurs, même si j’en rêvais depuis enfant. C’est une culture qui m’a toujours fascinée, et Riku le savait : c’est lui qui a tout organisé pour notre voyage de noces… J’ai été folle de joie quand je l’ai appris ! Le lendemain de notre mariage, il est arrivé avec tous les papiers et nos passeports pour notre voyage le mois suivant. C’était le plus beau cadeau qu’il pouvait me faire, surtout que je croyais que nous ne pourrions pas partir à cause de son travail. Mais il avait tout planifié avec l’aide de ma sœur sans m’en parler.
Tout en repensant à ce souvenir, je ne peux m’empêcher de lui prendre la main, tandis que le métro ouvre ses portes. Nous entrons dans la rame et trouvons deux places côte à côte.
J’ouvre le guide que je tiens à la main pour lui montrer ce que j’ai envie de faire aujourd’hui et voir avec lui ce qu’il veut visiter.
Nous discutons tranquillement alors que le métro se remet en marche. J’essaie de ne pas parler trop fort pour ne pas attirer l’attention sur nous ni déranger les autres passagers, mais, malgré ça, je ne peux réfréner mon excitation à l’idée de cette première journée de découverte.
Riku me regarde tandis que je cherche un endroit où nous pourrions dîner ce soir, et sourit devant mon enthousiasme. Je croise son regard et souris à mon tour.
Le métro s’arrête et une femme monte. Elle va s’asseoir contre une fenêtre à côté d’une femme avec un sac à roulettes pour faire les courses. Je ne peux pas m’empêcher de détailler un peu ces personnes, pour voir leur manière d’être, leur aspect, leur habillement.
Riku me montre le paysage qui défile à la fenêtre. Je regarde cette ville qui se dévoile sous mes yeux. Je m’appuie sur l’épaule de Riku et me laisse bercer par le rythme du métro en songeant à la chance que j’ai…
J’ai la chance de passer dix jours dans cette ville avec mon époux et je compte bien en profiter…
Francis
Je regarde ma montre, il est 10 h 03. Plus que douze minutes et j’aurai fini mon service. Que j’ai hâte de rentrer chez moi et de me reposer ! Ne rien faire d’autre que traîner sur mon canapé avec Lucky !
Je réfléchis à mon programme du week-end. Je pourrais peut-être me louer un bon film pour ce soir et me faire un petit plat de nouilles sautées au poulet façon Francis. C’est une spécialité que j’ai inventée, car, non seulement j’adore cuisiner, mais aussi et surtout manger : je rajoute une épice spéciale qui change tout le goût du poulet, c’est magique ! Parfois, je suis presque déçu de ne pas pouvoir faire goûter mon plat à Lucky, mais s’il en mangeait, il ne le digérerait probablement pas, alors j’évite…
Bon, du coup, il va falloir que je fasse quelques courses… Ça me permettra de passer dire bonjour à Gérard. Gérard, c’est mon ami qui tient la petite épicerie en bas de chez moi. Lorsque j’ai emménagé, je suis arrivé un dimanche tard le soir et je me suis retrouvé à vingt heures sans rien à manger. Je suis sorti dans l’espoir de trouver quelque chose d’ouvert, mais je ne trouvais ni magasin ni restaurant dans mon quartier, jusqu’à ce que je tombe sur Gérard. Je me souviens très bien de cette soirée : il pleuvait à verse, Gérard portait un carton plein de marchandises. Je l’ai aidé à le porter avant que tout ne s’effondre et, finalement, il a ouvert sa boutique rien que pour moi. On est vite devenus de super amis, et son épicerie est devenue pour moi comme une seconde maison…
Je sors de mes pensées en arrivant au prochain arrêt. Je m’arrête, ouverture des portes, quarante secondes, fermeture des portes…
Peut-être que je pourrais inviter Gérard à venir partager mes nouilles sautées au poulet demain soir. Ça fait longtemps qu’il n’est pas venu à la maison et comme il a aussi congé dimanche…
Je souris en nous imaginant, Gérard et moi devant un plat de nouilles fumantes, Lucky sur le tapis. Ce qu’on va être bien…
Je regarde ma montre, il est 10 h 06. J’ai tellement hâte d’être en week-end !
Emily
J’entre dans le métro. Il est 10 h 05. Le wagon n’est pas plein. Je m’assieds à côté d’une femme avec un cabas rouge et en face d’un homme aux cheveux gris. Ils sont beaux ses cheveux, le gris renvoie des reflets argentés.
Moi, je n’ai plus de cheveux. Ça fait plusieurs mois déjà, alors je ne peux pas m’empêcher de regarder ceux des autres en me demandant si un jour j’en aurais de nouveau.
Mais je sais au fond de moi que ça ne sera plus jamais le cas. Je n’arrêterai jamais la chimio et je ne guérirai pas. En sortant de l’hôpital, juste avant de prendre le métro, je me suis dit que je ne fêterai pas Noël cette année. En fait, je ne fêterai plus jamais Noël.
Je sens les larmes monter, mais je me contrôle. Je ne veux pas pleurer ici, au milieu de ces étrangers, et être exposée au regard des autres. Je ne veux pas qu’ils me croient faible ou en détresse, même si, en réalité, je le suis depuis plus de deux ans. Depuis le jour où j’ai appris que j’étais malade, que le cancer s’était développé dans mon sang, donc dans l’ensemble de mon corps…
J’ai une leucémie, ou plutôt une leucémie lymphatique aiguë, bien que je ne sache pas vraiment à quoi tous ces mots correspondent. D’ailleurs, je ne tiens pas à le savoir. Savoir que je vais mourir me suffit amplement. Accepter qu’on est malade et qu’on va y rester, c’est déjà dur, alors pas besoin de plus de détails.
Quand j’ai appris ma maladie, le médecin m’avait dit qu’il ne fallait pas perdre courage, qu’il y avait encore de l’espoir et qu’il fallait se battre. Mais il ne m’a rien promis, il ne le pouvait pas et il le savait. Moi aussi je le savais. L’issue pouvait être positive ou négative et cela dépendait de mes réactions aux médicaments, aux séances de chimiothérapie et à tout le reste.