Et autres nouvelles… - Michel Giraud - E-Book

Et autres nouvelles… E-Book

Michel Giraud

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Beschreibung

Le début de la côte est rude. La foulée du coureur se raccourcit. Son cœur accélère. Son souffle devient rauque. À deux cents mètres du sommet, Christophe s’arrête à l’entrée d’un ancien petit chemin maintenant totalement envahi par les ronces. Lorsque la lame pénètre dans le gras de son bras gauche, Christophe a le souffle coupé. Une vague de souffrance l’inonde. Il pose un genou à terre, le bras droit soutenant le membre blessé. La douleur le submerge. Une sueur glacée perle sur son front, dégouline dans son cou. Il se sent défaillir.


À PROPOS DE L'AUTEUR


En se consacrant à la littérature, Michel Giraud cherche à réaliser un rêve d’enfance : être écrivain. Primé lors de nombreux concours d’écriture, il est auteur de plusieurs ouvrages publiés auxquels s’ajoute Et autres nouvelles…

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Seitenzahl: 145

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Michel Giraud

Et autres nouvelles…

© Lys Bleu Éditions – Michel Giraud

ISBN : 979-10-377-5843-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

– Destins Croisés, Atramenta, 2018 ;
– Bionique-Mathilde, Atramenta, 2018 ;
– Les nouvelles de l’été – La nuit, Éditions du Saule, 2018 (contribution) ;
– Humeurs poétiques, Le Lys Bleu Éditions, 2019.

À Caroline,

mon épouse et régulière première lectrice

À tous mes proches,

qui n’ont cessé de m’encourager

à continuer à écrire

À tous les organisateurs de concours de nouvelles,

qui sont autant de promoteurs de l’écriture

et de sources d’inspiration

Suspenses !

Disparition inquiétante

18 octobre – 20 h 15

Après une demi-heure de jogging, la foulée légère, Christophe Michaud quitte la Départementale 16 pour prendre à droite la petite route qui va le conduire vers le village d’Hibarette. La voie est goudronnée et quasi plate sur un kilomètre. Ensuite, après le petit pont sur le Galopio, le ruisseau qui s’écoule depuis le hameau de Bastoura, elle se transforme en chemin rocailleux, une montée de huit cents mètres, face à la pente, à près de dix pour cent.

Le soleil est couché depuis une heure. La lune éclaire par intermittence, jouant à cache-cache avec les gros cumulus qui voyagent vers l’est, longeant la crête des Pyrénées. Arrivé au petit pont, le coureur ajuste sa lampe frontale pour éclairer le sol devant ses pieds et éviter de se blesser en butant sur l’un des gros cailloux qui affleurent.

Malgré la température très clémente de cette mi-octobre, il est seul. Pas une lumière alentour, hormis celles de Bastoura, à plus d’un kilomètre, au fond du val. Pas un seul véhicule sur la route qui passe au sommet de la côte. Pas la moindre lueur d’une autre lampe frontale. C’est l’heure creuse du dîner ; pas encore celle des amours clandestines qui viennent s’égarer la nuit sur ces petits chemins, dans le confort relatif des banquettes de berlines.

Le début de la côte est rude. La foulée du coureur se raccourcit. Son cœur accélère. Son souffle devient rauque. À deux cents mètres du sommet, Christophe s’arrête à l’entrée d’un ancien petit chemin, maintenant totalement envahi par les ronces.

Lorsque la lame pénètre dans le gras de son bras gauche, Christophe a le souffle coupé. Une vague de souffrance l’inonde. Il pose un genou à terre, le bras droit soutenant le membre blessé. La douleur le submerge. Une sueur glacée perle sur son front, dégouline dans son cou. Il se sent défaillir.

18 octobre – 22 h

Lorsque l’appareil vibre dans sa poche, Jacques Servaz lève les yeux du livre dans lequel il était plongé et jette un regard vers Sophie, son épouse, figée devant le téléviseur, captivée par la dernière série américaine à la mode, engoncée dans la mélancolie qui la frappe depuis qu’elle sait qu’elle ne pourra pas concevoir d’enfant, même en PMA. Un coup d’œil à l’écran du smartphone. C’est Karine Michaud. Jacques s’isole dans la cuisine avant de décrocher.

« Bonsoir Karine.

— Jacques, Christophe n’est pas rentré et son GSM ne répond pas. Vous êtes toujours au travail ?

— Non, il est parti vers 19 h 45 pour rentrer en courant, par son circuit habituel. Il aurait dû être à la maison avant 21 h.

— Je ne sais pas quoi faire…

— Appelle la gendarmerie d’Ossun, au cas où ils auraient eu un appel pour un accident. Moi je vais faire le parcours en sens inverse avec le quatre-quatre. Je te rappelle au retour. »

Jacques prévient Sophie en enfilant son blouson.

Quarante-cinq minutes plus tard, après avoir parcouru la boucle à vitesse réduite au volant de son véhicule tous-terrains, il rappelle Karine.

« Je n’ai rien vu. Mais avec la nuit et dans l’éclairage des phares, ça ne signifie pas grand-chose… Qu’en disent les gendarmes ?

— Pas d’accident de joggeur dans le secteur ce soir. Ils me conseillent d’attendre demain. Pour eux, il est majeur ; il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter trop vite…

— Ils ont sans doute raison. Écoute, s’il ne rentre pas, appelle-moi demain vers 7 h. Je referai le chemin en VTT, au cas où… Essaie de dormir un peu d’ici là. »

Le son de la voix de la jeune femme trahit son inquiétude. Jacques, lui, n’est pas encore sorti de son habituelle bonhomie.

Les deux hommes sont collègues. Jacques est notaire à Juillan, héritier d’une lignée ayant commencé ici avec le grand-père Servaz qui avait quitté sa Savoie natale pour s’installer au pied des Pyrénées, fuyant une délicate affaire de mœurs impliquant des mineures. Christophe Michaud est le premier clerc de l’étude. Les deux couples ont profité de la construction du lotissement de l’Église, à Louey, sur l’étroit plateau qui surplombe l’Échez, pour acheter chacun un pavillon, évidemment pas tout à fait de la même taille, ni du même standing. Les deux garçons sont donc à la fois collaborateurs, voisins et amis. Ils partagent le même goût pour la course à pied et le vélo tous-terrains, Christophe se montrant le plus assidu à l’entraînement. Jacques est convaincu qu’inconsciemment, il cherche à compenser son rang subalterne en le dominant dans les compétitions sportives.

19 octobre – 8 h

Christophe n’a pas reparu. Karine se ronge les sangs. Bravant sa torpeur habituelle, Sophie est allée l’aider à gérer ses enfants, deux bambins de cinq et huit ans, hyperactifs et particulièrement habiles pour exploiter la moindre faille de leurs parents, dans un déchaînement de caprices et de bêtises.

Jacques sent aussi l’inquiétude monter. Cette absence ne ressemble pas du tout à Christophe, si carré et ponctuel, si peu enclin à la fantaisie.

Les rayons du soleil éclairent, par-dessus la colline de Bellevue, les filaments nuageux qui s’étirent dans le ciel. Au sol, une brume légère s’échappe de la rivière et des prés environnants, encore dans l’ombre. L’annonce d’une nouvelle belle journée de début d’automne.

Mais le notaire n’a pas d’yeux pour cet écrin de campagne, au pied des Pyrénées. Quand il enfourche son vélo, l’angoisse a commencé à torturer son cerveau : celle de savoir, enfin, ce qui est arrivé à son ami et salarié ; mais surtout celle de ce qu’on risque de découvrir si, Christophe ne rentrant pas, la gendarmerie ouvre une enquête.

Depuis Louey, le chemin remonte le cours de l’Échez. Il rejoint la Départementale 16 à l’entrée d’Hibarette. Après avoir traversé le village, la route grimpe jusqu’à la crête, une centaine de mètres plus haut, en trois lacets raides. Au sommet, l’itinéraire du cycliste bifurque sur la crête vers l’est, sur quelques centaines de mètres, en direction de Bastoura et Saint-Martin, avant de basculer dans la pente, cap au nord, sur le chemin rocailleux qui descend vers le Galopio et ramène ensuite sur la Départementale, vers Momères.

Jacques prend le temps d’observer de part et d’autre du chemin. Le long de la rivière, il n’aperçoit rien d’anormal. Dans la montée, l’effort le rend moins attentif, mais si Christophe avait été renversé sur cette section de route, nul doute qu’un automobiliste l’aurait déjà trouvé. De retour sur des portions d’itinéraires plus faciles, sa vigilance revient. Dans la descente, il retient le vélo, les deux mains sur les freins.

Un détail attire son regard ; le temps que l’information atteigne le cerveau, puis revienne sous forme d’ordre d’arrêt, il a parcouru quelques dizaines de mètres supplémentaires. Bizarre ! la haie de ronces, à l’entrée d’un ancien chemin, semble avoir été comme piétinée. Jacques pose son vélo contre une clôture et remonte la pente en marchant. Oui, des lianes épineuses sont brisées, comme si un objet lourd et volumineux était tombé là. Et ces traces sombres qui finissent de sécher sur les galets, on dirait bien du sang.

Il est 8 h 20 quand il déverrouille son smartphone pour appeler la gendarmerie.

19 octobre – 8 h 50

Le notaire a usé de son influence et du poids de son nom pour qu’on lui passe directement le commandant de la brigade d’Ossun. Ce dernier a vite compris qu’il pouvait s’éviter une mauvaise publicité en se montrant réactif. Une camionnette bleue, quatre gendarmes à bord, se gare en haut du sentier, bloquant son accès.

Les quatre hommes descendent le chemin en observant les cailloux sous leurs pas : si le supposé disparu s’est blessé un peu plus bas et saignait abondamment, ils devraient trouver d’autres taches de sang. En premier examen, ils n’en voient pas.

Deux d’entre eux continuent d’avancer vers le bas, au-delà du lieu potentiel de l’accident, en cherchant encore d’éventuelles traces brunes, au cas où, désorientée, la victime soit revenue sur ses pas, s’éloignant de la route plutôt que s’en rapprochant. Ils font également chou blanc, mais, par prudence, quelques centaines de mètres plus loin, ils interdisent, d’une rubalise en travers de la piste, l’accès à la zone.

L’un des deux autres pandores, au regard plus aiguisé que son collègue, remarque quelques fibres blanches accrochées aux épines des ronces. Jacques confirme que c’est bien la couleur dominante du t-shirt de sport que portait son collaborateur quand il avait quitté le bureau.

Le plus gradé des quatre gendarmes rend compte au chef de la brigade qui juge immédiatement que la disparition peut être qualifiée d’inquiétante et nécessite donc d’immédiates investigations complémentaires. Jacques est renvoyé chez lui avec consigne de se tenir à disposition des enquêteurs. Quatre gendarmes viennent renforcer l’équipe sur place afin de ratisser le terrain, à la recherche de nouveaux indices. Deux autres sont dépêchés à Louey pour une rapide enquête de voisinage.

19 octobre – 14 h

La dizaine d’hommes mobilisée sur l’affaire entoure le chef, devant le tableau blanc, pour un partage des informations recueillies.

Sur site, la pêche est fructueuse en quantité, mais de piètre qualité. Outre les traces supposées de sang, les fibres blanches et les ronces brisées, les hommes ont collecté nombre de mégots et d’emballages alimentaires, et quelques préservatifs usagés, preuves qu’il y a bien là une vie nocturne cachée. Seul élément nouveau qui pourrait être intéressant : derrière une haie bordant la voie d’accès à l’ancienne décharge du Bécut, de belles traces de roues, celles d’une grosse berline à en juger par la largeur des pneus et l’écartement des roues. Une collection de photographies en a été faite.

Au village, c’est l’inverse : peu d’informations collectées, mais du lourd ! Dès la deuxième porte à laquelle ils ont sonné, les gendarmes sont tombés sur la commère du bourg, belle langue de vipère, qui n’a pas caché qu’elle soupçonnait, depuis des mois, des amours illégitimes entre le notaire et l’épouse de son clerc… Forts de cette information, les deux pandores ont affiné leur questionnement et plusieurs autres voisins ont fait état du même soupçon, sans jamais de certitude. Par ailleurs, personne n’a vu Christophe Michaud depuis son départ au travail, le 18 octobre matin.

À l’issue de cette courte réunion préparatoire, le commandant de la brigade demande qu’on s’assure au plus vite qu’on a bien affaire à des traces de sang, et que, le cas échéant, celui-ci est compatible avec celui du disparu. On confirmera plus tard tout cela avec une analyse d’ADN. Il décide ensuite d’interroger Karine Michaud et Maître Servaz à propos de cette rumeur d’adultère et de leur emploi du temps de la veille. Deux binômes sont désignés pour ce faire.

19 octobre – 16 h

Tandis que deux gendarmes s’installent dans le salon de madame Michaud, deux autres sont conduits dans le bureau du notaire par son assistante. L’une et l’autre s’attendaient à cette visite mais pas à la tournure qu’allaient prendre les entretiens.

Quand les pandores lui parlent de la rumeur d’adultère, Jacques prend un temps de réflexion. Pour un notaire de la lignée des Servaz, reconnaître une relation extra-conjugale n’est pas un vrai problème. Son grand-père avait vécu une vie sexuelle très active, avec de nombreux changements de partenaires, sans que son épouse s’en émeuve, toute dominée qu’elle était. Son père s’était montré plus discret, mais avait avoué à son fils au moins deux enfants naturels, dont les mères avaient été grassement payées pour se taire. Jacques ne faisait que perpétuer la tradition ; bon sang ne saurait mentir ! Mais la disparition du cocu changeait la donne. Il pouvait être soupçonné d’en être responsable… Et puis, à quoi bon nier une évidence, puisqu’il a un alibi ?

« Il n’y a pas de fumée sans feu, reconnaît-il. Karine Michaud et moi entretenons une relation depuis plus de six mois.

— Nous allons devoir vous demander votre emploi du temps d’hier soir et ce matin, Maître.

— Je n’ai rien à cacher. Quand Christophe Michaud a quitté l’étude hier soir, vers 19 h 45, je raccompagnais notre dernier client, monsieur Claude Goulard, l’adjoint au maire. Nous nous sommes salués, et monsieur Goulard et moi nous sommes séparés sur le parking cinq minutes plus tard. Je suis arrivé chez moi peu après 20 h ; le journal télévisé venait de débuter. Mon épouse pourra vous le confirmer. Je n’ai pas quitté Sophie jusqu’à l’appel téléphonique de Karine, je veux dire madame Michaud, vers 22 h. J’ai déjà raconté la suite à vos collègues ce matin.

— Merci Maître. Vous voudrez bien passer à la brigade demain matin pour y signer cette déposition. »

Karine Michaud résiste davantage. Elle crie à la calomnie, accuse les jalousies de ses voisines, et ne veut pas en démordre : il n’y a entre elle et Jacques Servaz, entre les deux familles, que des relations d’amitié et de bon voisinage.

C’est le SMS, envoyé par les gendarmes quittant l’étude du notaire à leurs collègues interrogeant la jeune femme, qui la fera craquer.

« Maître Servaz vient de reconnaître avoir une relation extra-conjugale avec vous…

— Ce n’est pas possible ! Nous nous sommes juré de toujours garder le secret.

— Vous vous rendez compte, madame, que ceci équivaut à un aveu ? »

Elle éclate alors en sanglots.

Au fond d’elle, elle avait toujours jalousé les Servaz : plus d’argent, une maison plus grande, plus richement aménagée, un statut de bourgeois. Elle, elle ne serait jamais que l’épouse d’un subalterne, qui n’aurait réussi qu’à lui faire deux enfants impossibles à maîtriser. Séduire le notaire, ou se laisser séduire par lui, c’était sa revanche. C’était l’espérance de jours meilleurs, l’espoir de le convaincre de quitter une épouse infertile et dépressive, pour refaire sa vie avec elle. Devenir madame Servaz !

Lorsqu’elle sèche ses larmes, son regard n’exprime plus qu’une froide colère. Les deux gendarmes comprennent alors que cette femme est capable de beaucoup de choses. Son alibi présente en outre de grosses lacunes : comme d’habitude, elle avait couché les enfants tôt et, après une journée de grosse dépense physique et sous l’effet du calmant prescrit par le médecin de famille, ils s’étaient endormis rapidement. À partir de 20 h, plus personne ne pouvait témoigner de ce qu’elle avait pu faire. Même le bornage GSM ne l’aiderait pas : toute la zone est couverte par les antennes du château d’eau d’Hibarette, au sommet de la colline. Elle aurait pu se rendre sur le lieu présumé de la disparition de son mari sans changement d’antenne.

20 octobre – 14 h

L’équipe de gendarmes est de nouveau réunie autour de son chef. Celui-ci fait une synthèse rapide de l’enquête :

« Toujours aucune trace de M. Michaud. Le sang trouvé sur site est compatible avec celui du disparu. L’analyse ADN est en cours pour comparaison avec un échantillon de cheveu recueilli chez lui.

Mme Michaud et M. Servaz ont chacun signé ce matin une déposition par laquelle ils reconnaissent être amants depuis six mois.

Sur la base des informations collectées, le procureur a décidé hier, en fin d’après-midi, l’ouverture d’une enquête préliminaire, et a signé les documents nous permettant d’accéder aux comptes bancaires privés des Michaud et des Servaz. Les banques nous ont transmis les relevés de la dernière année ce matin. Lieutenant, que disent les premières analyses des mouvements d’argent ? »

L’interpellé enchaîne : « Deux comptes chez les Servaz : un compte joint et le compte privé de monsieur. Sur ce dernier, on constate effectivement, sur les six derniers mois, beaucoup de réservations d’hôtel… Deux ou trois par semaine au début, une ou deux ces derniers temps. Pas d’autre anomalie constatée à ce stade. Globalement, la situation financière du couple semble saine.

Chez les Michaud, c’est à la fois plus simple et plus compliqué : un seul compte joint, mais depuis quatre mois, beaucoup de retraits en liquide, avec la carte de madame. Au point que la situation financière est très dégradée : en septembre, le salaire de monsieur couvre tout juste le découvert du mois… À signaler également, le dix-huit du mois, un paiement de plus de trois cent cinquante Euros dans une agence de location d’automobiles à Pau. Toujours avec la carte de madame. »

Le chef reprend la parole : « Il faudra demander à nos collègues d’aller interroger le personnel du loueur, et revoir madame Michaud à propos de ses comptes… »