Evidemment que ça finit mal sinon ça finirait jamais - Angélina Baptista - E-Book

Evidemment que ça finit mal sinon ça finirait jamais E-Book

Angélina Baptista

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Beschreibung

"Evidemment que ça finit mal sinon ça finirait jamais" - Fianso (Sofiane Zermani) Résumé : Elle a été manipulée. C'est ce qu'ils lui ont dit, tous, partout. Mélina n'a que quatorze ans lorsque sa vie est ravagée par un incendie qui emporte ses parents et sa petite soeur. Elle est la seule survivante. Dans son malheur, elle fait la rencontre de Nasser, celui qui l'a sauvée. Quatre ans plus tard, plus que son sauveur, il est devenu son pilier, le grand frère qu'elle n'a jamais eu, la famille qu'elle n'aura plus jamais. Il l'a manipulée. C'est ce qu'ils lui ont dit, à la police, quand elle s'est rendue pour le meurtre qu'elle a commis. Mais comment l'homme qu'elle aimait le plus au monde aurait-il pu lui faire une chose pareille ?

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Seitenzahl: 103

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Merci à l’incroyable Sofiane Zermani, rappeur, acteur & producteur pour sa phrase devenue titre de ce roman :

« Évidemment que ça finit mal sinon ça finirait jamais »

Sommaire

PROLOGUE

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

PROLOGUE

« Il m’a manipulé.

C’est ce qu’ils ont dit, tous. J’ai été manipulée et utilisée. Ce n’est pas de ma faute. Ça aussi, c’est eux qui l’ont dit. C’est lui le coupable, c’est lui qui m’a dit ce que je devais faire, qui m’a menacé et qui m’a promis une vie meilleure si je faisais tout ce qu’il disait. Nasser. C’est lui mon bourreau, c’est lui qui a tout orchestré ce que j’ai fait de mes mains.

L’homme qu’ils ont dépeint, je ne le connais pas. Ils l’ont qualifié de violent, de calculateur, de cruel, d’irrespectueux, d’envahissant, d'impulsif et de possessif.

Ils ne connaissent qu’une partie de l’histoire. Ils ne connaissent qu’une partie de cet homme qui a tant compté dans ma vie.

Nasser n’était pas mon bourreau.

Il était mon héros. »

CHAPITRE UN

Elle l’attendait. Assise sur un banc, elle lançait des regards à droite et à gauche, impatiente.

Il était en retard, comme toujours. Elle aurait aimé qu’il ne le soit pas aujourd’hui, mais il n’y avait pas de raison qu’aujourd’hui soit meilleur qu’hier ou qu’avant-hier. Chaque jour qui passait était identique au précédent et elle avait fini par s’y faire.

Elle l’attendait, et essayait de maîtriser l’impatience qui surgissait en elle. Quelques minutes plus tôt, elle avait appelé Nasser en pleurant et il lui avait simplement donné rendez-vous à son banc habituel. Il ne lui avait même pas demandé ce qu’elle avait.

Il vint la rejoindre à quatorze heures et quarante- cinq minutes, soit un quart d’heure plus tard que ce qui était prévu. Il s’assit à côté d’elle. Sans oser prendre la parole, elle le regardait.

Des grands yeux noirs, si noirs qu’il était dur de distinguer ses pupilles de ses iris, de fines lèvres, un long nez, un teint hâlé et des cheveux bruns. Mélina connaissait ce visage par cœur, pour l’avoir vu tous les jours depuis maintenant quatre ans. Nasser était grand, et toutes les femmes le trouvaient beau, mais pour Mélina et ses seize ans d’écart avec lui, il était le grand frère qu’elle n’avait jamais eu.

— Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleurais au téléphone ? demanda-il enfin, brisant le silence qui commençait à s’installer.

— Il m’a quitté.

— Qui ça ?

Elle le regarda longuement, se demandant s’il l’avait vraiment écouté une seule fois de sa vie pour poser une question aussi stupide.

— Bah Ali, mon copain, tu veux que ça soit qui ?

— Tant mieux. Il te méritait pas.

— Je l’aime.

Cette fois, c’est lui qui la regarda longtemps et elle se sentit ridicule d’aborder ce sujet-là avec lui. Il n’en avait sûrement rien à faire de son histoire d’amour, aussi sincère et pure soit son amour pour Ali. D’ailleurs, il n’avait jamais aimé ce dernier depuis le jour où elle s’était mise en couple avec lui, il y avait de ça exactement huit mois, lui rabâchant sans cesse qu’elle était trop jeune pour avoir un copain et qu’Ali ne la méritait pas. Mais à dix-huit ans, Mélina estimait qu’elle avait le droit d’avoir un garçon dans sa vie et que Nasser était juste bien trop protecteur.

— Est-ce qu’il t’a fait du mal

— Quoi ?

— Est-ce qu’Ali t’a fait du mal ?

Son ton avait monté et à la fin de sa question, Nasser s’était levé. Elle eut envie de lui hurler qu’Ali l’avait toujours respectée et aimée, et que c’était sa faute et uniquement de la sienne s’il avait fini par la quitter. Mais elle se retint, craignant les foudres de cet homme qu’elle ne connaissait que trop bien. Quand il s’énervait, cela pouvait être impressionnant et elle ne tenait pas à voir cela une nouvelle fois, pas aujourd’hui en tout cas. Elle n’en avait pas la force.

— Non. Il ne m’a rien fait. On s’entendait plus, c’est tout. Ce n’était pas exactement la vérité, mais Nasser n’avait pas besoin d’en savoir plus.

— C’est mieux comme ça. Tu dois te concentrer sur notre projet.

L’amour, c’est pas important. Pas à ton âge, en tout cas.

Ce qu’il appelait « leur » projet n’était en fait que son projet à lui. Projet auquel il avait forcé Mélina de prendre part. Et ce n’était pas le genre de plan que la jeune fille avait envie d’accomplir. C'était cruel et immoral. Et surtout très illégal. C’était cela qui lui faisait peur, encore plus que d’avoir un mort sur la conscience. Elle ne voulait pas finir sa vie en prison. Cette fois, en y pensant, les larmes coulèrent. Elle ne put plus les retenir. Elle avait peur de ce qui allait se passer, peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à effectuer l’horrible tâche qu’on lui avait assignée.

— Je ne vais pas réussir. Tu me connais, tu devrais le savoir.

Nasser approcha ses deux mains de son visage et elle imagina pendant quelques secondes qu’il allait s’en servir pour la frapper, mais il les posa délicatement sur son visage. Du bout de ses pouces, il essuyait les larmes de celle qu’il considérait comme sa petite sœur.

— Tu vas réussir. Je le sais.

Elle approcha lentement sa main et la posa sur celle de son ami.

— Tu me fais confiance, non ?

Après un instant d’hésitation, elle finit par se forcer à lui répondre.

— Oui. Évidemment.

C’était vrai. Elle lui faisait confiance. Nasser était son grand frère.

Elle éprouvait à son égard un mélange d’amour, d’admiration et de crainte. Du haut de ses trente-cinq ans, il était aux yeux de l’adolescente de dix-huit ans un homme fort, capable de tout, qui n’avait peur de rien et à qui tout réussissait. Et par-dessus tout ça, elle rêvait d’être comme lui.

Mais Mélina était loin d’être naïve. Elle savait qu’il n’était pas parfait, qu’il exerçait des activités illégales et qu’il était en train de l'entraîner dedans. Mais les arguments de Nasser étaient toujours très bons, tout comme ses promesses et elle se laissait à chaque fois berner par ses belles paroles.

Même si elle l’avait voulu, comment aurait-elle pu vivre sans lui ? C’était lui qui la nourrissait, lui qui avait payé le téléphone portable qu’elle avait dans la main. Il lui avait tout appris, tout réappris même, jusqu'au simple fait de vivre. Elle lui devait tout.

Tous les deux s’étaient rencontrés quatre ans auparavant, lors d’un incendie qui avait coûté la vie à la famille de Mélina. Il l’avait extirpé de là. Depuis, ils étaient devenus très proches. Elle habitait chez sa tante, mais cette dernière ne s’occupait jamais d’elle.

Nasser était quelqu’un de très respecté dans le quartier de banlieue parisienne où ils habitaient et Mélina appréciait la sécurité qu’être près de lui lui permettait d’avoir. Elle savait qu’il casserait la gueule de n’importe qui qui lui ferait du mal. On ne touchait pas à un proche de Nasser. C’était la règle.

— Viens, on va chez moi.

— Ma tante m’attend. Je dois aller l’aider.

C’était un mensonge, encore une fois. Elle ne se sentait pas apte à le suivre chez lui. Elle n’avait pas envie de passer plus de temps avec lui aujourd’hui. Plus le temps passait et plus elle réalisait que celui qu’elle considérait comme son héros était en train de la contraindre à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas faire. Et ça, ce n’était pas normal. Elle le savait, tout au fond d’elle.

— Tu lui diras que t’étais avec moi, t’inquiète pas.

— Elle a vraiment besoin de mon aide.

— T’inquiète pas, je t’ai dit.

Nasser passa son bras autour des épaules de sa petite sœur et ils avancèrent vers un des nombreux bâtiments de la rue. L’homme habitait au quatrième étage. Ils ne prirent pas l’ascenseur. Ils montèrent les escaliers en silence. Mélina n’eut pas envie de parler. Elle se sentit mal, comme oppressé par le bras qui la tenait, par sa respiration qu’elle sentait si près d’elle, par la simple pensée qu’elle allait devoir ôter la vie à quelqu’un.

L’appartement était vide quand ils y arrivèrent. Ça faisait maintenant quelques années que la femme de Nasser était partie, fuyant l’homme compliqué qu’elle avait épousée jeune. Elle lui avait laissé leur fils, Mehdi, de maintenant sept ans. Le petit garçon passait beaucoup de temps auprès de sa famille maternelle, notamment de sa grand-mère.

Mélina s'assit sur le canapé, pendant que Nasser alla chercher des boissons dans la cuisine. Elle regarda autour d’elle, cet appartement qu’elle connaissait par cœur. Elle ne connaissait Nasser que depuis seulement quatre ans, mais elle avait parfois l’impression qu’ils se connaissaient depuis toujours. Elle n’était plus la petite fille de quatorze ans désespérée qu’elle était à l’époque. Toute la force qu’elle avait acquise depuis ce jour-là, elle la devait à Nasser.

— Pourquoi tu veux absolument que ce soit moi qui fasse ça ?

Elle cria ça depuis le salon, alors que Nasser était encore dans la cuisine. Elle n’osait pas lui poser cette question en face à face.

Aucune réponse ne lui vint. Elle entendit le réfrigérateur se refermer et des pas venir en direction d’elle.

Nasser lui tendit une canette de soda, qu’elle prit. Elle se dit qu’il faisait sûrement semblant de ne pas avoir entendu sa question.

Il lui sourit, et Mélina fut heureuse. Elle aimait tant quand il souriait. C’était son rayon de soleil de la journée. Son rayon de soleil de sa vie entière. S’il était heureux, alors elle était heureuse.

— Je peux pas t’en dire plus. C’est mieux que tu en saches le moins possible.

— Donc si j’ai bien compris, je suis censée faire quelque chose qui pourrait me coûter la vie, sans poser de questions. Je n’ai même pas le droit de savoir pourquoi c’est moi qui dois faire cette chose-là.

— Ça ne va pas te coûter la vie. Mais sinon, oui, c’est exactement ça.

— Et tu trouves ça juste ?

— Il n’y a pas de justice dans ce monde. Et encore moins ici.

Mélina se retint à nouveau de lui hurler dessus. La situation était déjà compliquée, il ne fallait pas l’empirer. Mais elle ne comprenait pas pourquoi l’homme qu’elle aimait le plus au monde lui faisait faire une chose pareille.

— Je vais sûrement mourir ou finir en prison. Je t’aime, Nasser, et tu le sais. Je ferais n’importe quoi pour toi. Mais là, tu vas me sacrifier. Et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. On est censé être amis, non ?

C’était rare qu’elle lui disait qu’elle l’aimait.

Nasser se leva. Il s’assit à côté de la jeune fille. Il prit son visage entre ses mains, et colla son front au sien.

— Tu te souviens de ce que je t’avais promis le jour où on s’est connus ?

— Oui. Je m’en souviens, Nasser.

— Je t’avais promis de toujours te protéger. Et je vais le faire. Tu ne mourras pas. Tu n’iras pas en prison. Je serai là pour te sortir de n’importe quelle situation.

— Nasser…

— N’aie pas peur, petite sœur. Je serais toujours là.

— Je sais.

Mélina savait que Nasser ne la laisserait pas tomber, mais elle avait quand même peur. Les choses pouvaient mal tourner indépendamment de la volonté de son grand frère.

— Et pour répondre à ta question, tu es plus que mon amie, tu es ma sœur. Et je ne laisse jamais tomber ma famille.

Mélina sourit. Elle regarda Nasser pendant quelques secondes. Puis, il ôta ses mains de son visage et la prit dans ses bras. Elle ferma les yeux.

C’était lui sa famille désormais.

Et pour les gens qu’elle aimait, Mélina avait toujours été prête à faire n’importe quoi.

CHAPITRE DEUX

« Ne lui parle pas de ta souffrance, de ta haine.

Il ne pourra pas t’aider, il a exactement la même. »

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