Expédition Matécho - Sébastien Freulon - E-Book

Expédition Matécho E-Book

Sébastien Freulon

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Beschreibung

Août 2022. Huit personnes, ignorants complets de la vie en forêt équatoriale, se laissent guider par Tom, dans une expédition dont l'objectif est le lac Matécho, absent des cartographies guyanaises. 30 jours au coeur de la jungle, au départ de Saül, puis dans l'enchevêtrement de lianes et d'araignées. Un parcours humide, laborieux, teint de découvertes à la fois étonnantes et forçant à l'humilité. Un groupe qui ne se connaît pas et qui se retrouve dans le plus simple appareil face à la nature. Une bouffée d'air frais et de mycoses aux pieds.

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Seitenzahl: 54

Veröffentlichungsjahr: 2024

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PRÉFACE

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Quinze ans déjà ! Quinze ans que je rêvais de monter une nouvelle expédition pour le Matécho. En fait, je pense prendre autant de plaisir à l'organisation, aux préparatifs, au recrutement des équipiers... qu'à la réalisation des aventures elles-mêmes.

Enfin, nous y sommes ! Le projet est couché sur le papier. Pour mon plus grand kif, je vais pouvoir plonger des personnalités que tout oppose dans un huis-clos d'un mois en pleine jungle. Peu importe leurs conditions physiques, peu importe leurs forces mentales, peu importe leurs connaissances du milieu, ils accompliront ensemble ce que la plupart juge impossible. Loin de tout, en autonomie totale, hors chemin pendant des semaines, ils traverseront des contrées vierges de toute trace humaine.

Merci à mon ami Seb d'avoir si joliment et si simplement conté cette aventure. Ainsi relatée, elle devient accessible au plus grand nombre. Merci à notre petite troupe d'avoir prouvé que l'Aventure existe encore et qu'elle est accessible à tous... mais pas à n'importe qui ! Car seuls ceux qui peuvent s'émanciper de l’emprise de leurs peurs osent faire le premier pas vers elle. Ce premier pas qui coûte tant, mais qui permet tous les autres.

Puisse donc ce récit donner l'envie du premier pas vers d'autres possibles. Bonne immersion dans la jungle guyanaise.

Thomas Brousselle

31 juillet 2022

Ziiip. Dernier coup de fermeture éclair. Le sac est enfin bouclé. Ce n’est pas faute d’avoir anticipé le contenu, mais le rangement du futur brise-épaules s’est avéré un peu plus coriace que prévu. Tetris, niveau 72. Mais l’essentiel est atteint : à la veille du départ, l’ensemble tient dans la maison dorsale. Ensachés et parfois doublement enveloppés, le matériel et les denrées alimentaires sont minutieusement checkés. La liste concoctée par Tom est imparable, au grammage près, avec tout de même quelques suppressions et ajouts personnels. Le confort d’un inventaire clair et précis est plutôt agréable pour un puceau de l’expédition en forêt.

Ultime passage sur le pèse-personne : 60 kg tout rond. C’est le poids du Robinson Crusoé de chez Wish, avant décollage, soit environ le double du sac à dos qui plafonne, lui, à 28 kg, bouteilles d’eau comprises. Le premier coup de génie s’exprime d’ailleurs assez tôt dans ce voyage, dès l’aéroport. J’oublie, à la pesée du paquetage à Orly, que mes réservoirs d’eau sont remplis… + 3 kg et un ticket de 50 € supplémentaires à payer pour surpoids ! Je planifie un test QI au retour.

Dans la file d’attente des enregistrements des bagages, je retrouve mes quatre coéquipiers du vol vers Cayenne : Lucas, Noé, Nicolas et Kamil. Les trois premiers étaient du week-end découverte dans le Lot, organisé 4 mois plus tôt par Tom. Mais je ne vais pas les côtoyer bien longtemps, ils stationneront en autonomie près de Saül, sans nous accompagner vers le lac Matécho.

Le lac Matécho. Objectif symbolique de cette parenthèse guyanaise. Situé à proximité du pic éponyme, il n’apparaît pas clairement sur les cartes. Il existe, puisque visité à minima par Tom en 2008, en compagnie de deux de ses acolytes. Les cartographies fournies il y’a déjà plusieurs semaines ne me sont d’aucune utilité pour juger de la faisabilité du projet, tant les ratios distance/temps défient les certitudes classiques. We will see, frérot. Je suppose que Tom va tout faire pour que le groupe y parvienne et que le collectif lui-même s’auto-transcende pour y arriver. Ça, c’est sur le papier.

Après un vol de 9h rythmé par les braillements de bambins complètement zinzins, l’arrivée à Cayenne est presque salvatrice. Première impression de chaleur humide, comme annoncée, dans les tunnels de circulation vers l’aéroport. J’y retrouve Audrey et Erwan, arrivés un jour plus tôt, et dont la journée était dédiée à la découverte du village de Cacao, à une heure de voiture. Un colibri virevolte entre les palmiers d’ornement situés à l’avant du bâtiment aéroportuaire. L’équipe des quatre ne décollant pour Saül que 48 heures plus tard, ils nous abandonnent ici, direction Cayenne qui est à une bonne quinzaine de kilomètres du tarmac Félix Éboué. Pour nous trois, le programme est simple : passer la nuit à l’aéroport pour s’assurer d’être sur place le lendemain matin, et le vol direction Saül.

Saül est la porte d’entrée du périple, c’est un village de 70 habitants géographiquement localisé en plein centre de la Guyane. Une sorte d’équivalent à Vesdun en métropole, à une exception près : l’avion reste le seul moyen de rejoindre le village guyanais. Bon OK, y’a aussi un sentier de 10 jours de marche, mais ça plomberait le planning.

Audrey reçoit un appel de Christian, un auto-stoppeur récupéré sur la route du retour de Cacao. N’habitant pas très loin, et sachant notre projet nocturne assez primaire, il se propose très sympathiquement de nous héberger pour la nuit puis de nous redéposer, à l’aube, à l’aéroport. Top. On accepte et son véhicule apparaît rapidement sur le parking. Christian, la soixantaine, habite sa maison depuis un peu plus d’un an et demi. Il connaît Saül, et a notamment déjà parcouru le tronçon entre le village et Saut Maïs, notre dernière étape avant le hors-piste. Il a entendu parler du pic Matécho, mais d’après ce qu’on lui en a rapporté, le « sommet » n’est pas très intéressant, ni pour la vue, ni pour quoique ce soit. Galvanisant. On se claque un petit apéro rhum & vins. Première sensation assez nouvelle : les bruits nocturnes sont clairement inédits. Probablement des grillons, couplés peut-être à quelques amphibiens, mais je suis bien incapable d’en savoir plus. Il fait plutôt lourd, tout en restant supportable. Le ventilateur n’est tout de même pas de trop dans la chambre. Réveil matinal pour se diriger vers l’aéroport.

Ambiance calme à l’aéroport, il est très tôt. Nous sommes largement en avance, et rien n’est ouvert. Nous en profitons pour passer un ou deux derniers coups de fil, probablement la dernière zone de réseau. Après un enregistrement des bagages avec les autres passagers de Saül, nous sommes prêts à embarquer. Nous croisons Maya, mi-infirmière mi-restauratrice, au village de notre destination. Elle pense que nous sommes réellement une expédition scientifique. Or, et encore plus avec l’absence de Vincent, le groupe est principalement composé de personnes incapables de différencier un Tangara des palmiers d’un Manakin à gorge blanche. Moi le premier.