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Beschreibung

La base de tout le travail est la corrélation des mondes matériel et spirituel. L’histoire de l’homme et de la tentation. Faust est un scientifique qui aspirait a une grande connaissance et qui était déçu de la vie ou, pour le dire plus simplement, en avait marre et s’ennuyait. Il y a sur le chemin le diable, qui le séduit par un contrat – rassasier sa vie avec ce qu’il veut, mais en échange veut l’âme.

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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Johann Wolfgang von Goethe

Faust

Tragédie

Varsovie 2019

Table des matières

PROLOGUE. SUR LE THÉÂTRE

PROLOGUE. DANS LE CIEL

LA TRAGÉDIE

PROLOGUE

SUR LE THÉÂTRE]

DIRECTEUR, POÈTE DRAMATIQUE, PERSONNAGE BOUFFON.

LE DIRECTEUR.

Vous qui m'avez si souvent prêté votre appui dans mes revers de fortune, dites-moi franchement, mes amis, ce que vous espérez en Allemagne de notre entreprise. Mon plus grand désir serait de plaire à la multitude; il n'est qu'elle au monde qui vive et fasse vivre. Déjà les pieux sont enfoncés en terre, les planches sont clouées sur les pieux, et chacun se promet une fête: les spectateurs garnissent déjà les bancs; et, immobiles, les sourcils élevés, l'œil fixe, ils ne demandent qu'à applaudir. Je n'ignore pas la manière de se concilier les suffrages du public; eh bien! jamais pourtant je ne me suis senti tant d'inquiétude qu'aujourd'hui. Il est vrai qu'en fait de chefs-d'œuvre ils ne sont pas gâtés; mais ils ont terriblement lu. Comment allons-nous donc nous y prendre pour leur donner quelque chose qui leur semble neuf, et qui les intéresse en même temps? Car, je ne m'en cache point, aucun spectacle ne vaut à mes yeux celui de la multitude, lorsqu'elle roule ses vagues contre nos tréteaux, et qu'avec l'impétuosité du vent elle s'engouffre dans la porte étroite. Au grand jour, dès quatre heures, ils assiègent déjà le bureau, et se feraient assommer pour un billet; comme à la porte d'un boulanger on le ferait pour un pain, s'il y avait disette. Et ce miracle opéré sur tant d'hommes à la fois, c'est l'ouvrage d'un seul, c'est l'ouvrage du poète. O mon ami, opère ce miracle aujourd'hui, je t'en conjure.

LE POÈTE.

Non, ne me parle pas de cette foule aveugle à sa vue, l'inspiration nous abandonne. Cache-moi cette multitude, dont les flots nous entraînent malgré nous dans le tourbillon du monde. C'est au-dessus des nuages qu'il faut me conduire, dans ces régions tranquilles où règne, pour le poète, une volupté pure, où l'amour et l'amitié, consolateurs de nos peines, nous tendent une main céleste, une main créatrice. Hélas! ce qui jaillit du fond de notre âme, ce que bégaient nos lèvres tremblantes, tantôt avorté, tantôt couronné d'un succès éphémère, disparaît englouti dans le gouffre du temps. Mais souvent il arrive aussi qu'après avoir traversé sans gloire un siècle ou deux, notre génie secoue les linceuls de l'oubli, et soulève une tête colossale. Ce qui brille ne dure qu'un temps; jamais le vrai beau n'est perdu pour la postérité.

LE PERSONNAGE BOUFFON.

Si on voulait bien ne pas toujours parler de la postérité!... Supposons que moi je me misse à m'occuper de la postérité, qui donc se chargerait d'amuser mes contemporains? Et il n'y a pas à dire, il faut qu'ils s'amusent. Le suffrage d'un honnête homme est, ce me semble, déjà quelque chose. D'ailleurs celui qui sait parler un langage convenable, n'a rien à redouter des caprices du peuple; au contraire, plus le cercle est nombreux, plus il est certain de l'émouvoir. Soyez beau tant que vous voulez, et montrez-vous original; que chez vous l'imagination se déploie avec tout son cortège de raison, d'esprit, de sentiment, de passion; mais, prenez-y bien garde, jamais sans un grain de folie.

LE DIRECTEUR.

Surtout faites la part un peu large; que les événements se pressent. Pourquoi vient-on? pour voir: on veut voir à toute force. Qu'il y ait donc beaucoup à voir, afin de faire ouvrir de grands yeux à la foule; et votre cause est gagnée, et vous êtes un homme adorable. Ce n'est que par la masse, que vous agirez sur la masse; car, enfin, chacun cherchant quelque chose qui lui convienne, celui qui apporte beaucoup, apportera à chacun quelque chose; et nul ne sortira mécontent de la salle. Donnez votre pièce en petite monnaie, elle aura un débit plus sûr et plus prompt. Qu'elle se décompose, aussi facilement qu'elle fût composée. À quoi bon produire un tout compact? Le public vous le plumera comme un geai.

LE POÈTE.

Vous ne sentez pas tout ce qu'il y a de vulgaire dans un pareil métier, combien le véritable artiste y répugne! Le barbouillage de ces messieurs est, je le vois, dans votre méthode.

LE DIRECTEUR.

Ce reproche ne m'atteint pas. Un ouvrier qui songe à bien travailler, doit acheter le meilleur outil possible: songez donc, vous, que vous avez du bois mou à fendre, et voyez quels sont ceux pour qui vous écrivez. Pendant que l'ennui nous amène celui-là, celui-ci sort d'un repas splendide où il s'en est mis jusqu'au gosier; et, ce qu'il y a de pis encore, plus d'un vient d'achever la lecture des gazettes. On se hâte d'entrer chez nous, distrait comme pour une mascarade; et la curiosité seule donne des ailes aux plus tardifs: les belles dames se couvrent de parures, et jouent leur rôle gratis... Que diantre rêvez-vous sur votre Parnasse? En quoi peut vous inspirer une salle garnie de monde? Eh! regardez de près nos Mécènes. Ils sont, les uns blasés, les autres à moitié ours: l'un, après le spectacle, s'attend à une partie de jeu, l'autre à une nuit de plaisirs dans les bras de sa maîtresse. Y pensez-vous, pauvres fous, d'aller prostituer à ces gens-là les chastes Muses? Je vous le répète, donnez-leur en de toute couleur et de toute qualité: ainsi vous ne manquerez jamais votre but. Cherchez à intriguer les hommes; les contenter est trop difficile... Mais qu'est-ce qui vous prend? Extase? douleur?

LE POÈTE.

Va loin d'ici chercher un autre esclave... Que pour ton bon plaisir le poète déshonore son plus beau titre! qu'il renonce au droit sacré dont la nature l'a investi!... Par quelle puissance émeut-il les âmes? par quelle puissance bouleverse-t-il les éléments? N'est-ce point à l'aide de l'accord parfait qui règne en lui-même, et qui oblige l'univers à se reconstruire au fond de son propre cœur? Pendant que la Nature, tournant son fuseau d'une main insouciante, démêle, en se jouant, les fils éternels de toute existence, pendant que la foule tumultueuse des êtres se presse en désordre, et accomplit péniblement sa dure destinée; qui sait animer d'un feu divin cette masse inerte, uniforme, et l'assujettir aux lois de l'harmonie? Qui sait faire rentrer l'individu isolé dans l'ordre universel? Qui répand un doux crépuscule sur les sens absorbés dans une méditation austère? Qui sème toutes les jolies fleurs du printemps le long du sentier foulé par une amante? Qui dépouille de leurs feuilles les arbres, où elles pendaient inutiles, et les tresse en couronnes pour les distribuer aux mérites de tous genres? Qui soutient l'Olympe? Qui convoque l'assemblée des Dieux? La puissance de l'homme, révélée dans le poète.

LE PERSONNAGE BOUFFON.

Hé bien, tout en se servant des plus nobles facultés de l'esprit, ne poursuit-elle pas ses occupations poétiques, comme on poursuit une aventure d'amour? On se rapproche par hasard, on s'enflamme, on reste, et peu à peu on se trouve pris; le bonheur croît à chaque moment, l'attaque commence enfin, on est enivré, transporté: puis arrive le dégoût, et avant qu'on s'en aperçoive, on a broché un roman. Voilà le spectacle que vous devez mettre sous nos yeux. Lancez-vous au milieu de la vie humaine. Chacun vit de cette vie-là un petit nombre la connaît; et c'est le peu que vous en montrez, qui fait tout le charme de vos ouvrages. Dans un flux d'images une faible clarté, beaucoup d'erreurs et une étincelle de vérité; avec cela l'on compose le meilleur breuvage, avec cela l'on captive et l'on édifie tout le monde. Alors s'assemble la fleur de la jeunesse, et dans votre œuvre elle se mire avec complaisance; alors tout sentiment tendre trouve la nourriture mélancolique qui lui convient; alors sont émus tantôt l'un, tantôt l'autre des spectateurs, et chacun voit représenté au naturel ce qu'il porte en lui-même. Ils sont prêts à rire comme à pleurer, à pleurer comme à rire: ils honorent les efforts du poète, ils applaudissent à l'illusion de la scène. Pour l'homme déjà fait rien n'est bon; mais on peut s'assurer en la gratitude de celui qui espère devenir homme.

LE POÈTE.

Rends-moi donc, rends-moi les temps où je n'étais encore moi-même qu'en espérance; lorsqu'une source intarissable de chants mélodieux coulait de ma veine, lorsqu'un voile de nuages dérobait le monde à mes regards, que les bourgeons promettaient des fruits merveilleux, et que je cueillais d'une main avide les millions de fleurs qui tapissaient les vallées. Je n'avais rien, et ce rien me suffisait: c'était l'amour de la vérité et la volupté des songes. Rends-moi les désirs indomptés qui fatiguaient mon cœur, rends-moi ce cœur profondément ébranlé, et la force de haïr, et la puissance d'aimer! Rends-moi ma jeunesse!

LE PERSONNAGE BOUFFON.

La jeunesse, mon ami? Tu en aurais besoin, si dans la bataille l'ennemi te pressait de toutes parts; ou si de jeunes filles charmantes se pendaient à ton col; ou bien si de loin tu voyais la couronne, prix de l'agilité, se balancer près d'une barrière difficile à atteindre; ou encore si, au sortir d'une danse animée, il te fallait passer la nuit dans les festins. Mais jouer avec force et grâce sur une lyre familière, se proposer un but vague, et s'y rendre à travers mille agréables détours; voilà, messieurs les vieillards, ce qui doit vous occuper. Et nous ne vous en estimons pas moins pour cela. La vieillesse ne nous fait pas, comme on dit, retomber en enfance; elle nous trouve encore vrais enfants.

LE DIRECTEUR.

Assez discourir: montrez-moi enfin des actions. Pendant que vous faites assaut de paroles, il pourrait se passer quelque chose d'utile. À quoi bon parler de la disposition où l'on devrait être? Pour s'y mettre, il faut agir. Vous donnez-vous pour un poète, commandez à la poésie. Vous savez bien quels sont nos besoins nous voulons des boissons fortes: brassez-en donc sur l'heure! Ce qui ne se fait pas aujourd'hui, demain n'est pas fait; et il ne faut pas perdre un jour à délibérer. Prenons l'occasion par les cheveux, et ne la lâchons point, si nous prétendons répondre à l'attente du public.

Vous savez que, sur nos théâtres d'Allemagne, chacun s'essaie à ce qu'il veut: ainsi n'épargnez aujourd'hui, ni les décorations, ni les machines. Servez-vous de la grande et de la petite lumière du ciel; vous pouvez semer à pleines mains les étoiles: d'eau, de feu, de rochers escarpés, de quadrupèdes, d'oiseaux, nous n'en manquons pas non plus. Transportez donc de plein saut, dans cette étroite maison de planches, tout le cercle de la création; et, avec une vitesse calculée d'avance, allez des cieux, à travers le monde, aux enfers.

PROLOGUE

DANS LE CIEL

LE SEIGNEUR, LES ARMÉES CÉLESTES, (ensuite) MÉPHISTOPHÉLÈS.

(Trois Archanges[1] s'avancent.)

RAPHAËL. Le soleil poursuit son cantique, Dans le chœur des mondes roulants: Le long de sa carrière antique Il imprime ses pas brûlants. Tout ébloui de sa lumière, L'ange se voile devant lui. Il fût, dès son aube première, Ce qu'il est encore aujourd'hui. GABRIEL. Sur la terre, qu'au loin épure Un seul regard de son amour, Le jour chasse la nuit obscure, Et fuit devant elle à son tour. La mer brise ses larges ondes Au pied des rochers indomptés, Et dans l'éternel flux des mondes Rochers et mers sont emportés. MICHEL. L'orage gronde: ivre il se lance Des monts aux mers, des mers aux monts; Et son aveugle turbulence Agite les gouffres profonds. L'éclair flamboie à traits sinistres, La foudre éclate et fend le ciel. Mais, Seigneur, tes heureux ministres Adorent ton jour éternel. LES TROIS ENSEMBLE. Comme un père sur eux tu veilles, Sur toi leur œil s'ouvre incertain, Et tes ouvrages, ô merveilles! Sont beaux comme au premier matin. MÉPHISTOPHÉLÈS. Seigneur, puisqu'une fois, en prince affable et doux, Laissant d'un peu plus près envisager ta gloire, Tu daignes demander comment tout va chez nous; Et que d'ailleurs, si j'ai mémoire, Loin d'exciter en toi le plus léger courroux, Ma personne eut souvent l'heureux don de te plaire; Me voici près du trône, au milieu de tes gens. Pardon, je ne viens pas céans Débiter de grands mots. Mieux vaudrait-il me taire. Non, dussé-je m'ouïr siffler Par l'assistance tout entière, Comme on parle à ta cour je ne saurais parler; Et si par grand malheur je m'en voulais mêler, Mon pathos te ferait bien rire... Supposé toutefois que cela pût aller Avec ta dignité de Sire. Bref, je suis pauvre en ornements, Surtout quand il s'agit du bel ordre du monde; Et de tes chérubins je n'ai point la faconde, Ni l'art de m'épuiser en saints ravissements. Sur les choses de ce bas monde Je pense si différemment! D'où vient?–C'est que ma vue est courte apparemment, Ou ma cervelle peu féconde. Toujours y remarqué-je, à parler sans détour, Du pauvre fils d'Adam la misère profonde. Ce petit dieu de la machine ronde Est, sur ma foi, plus sot qu'au premier jour; Et m'est avis qu'après l'avoir pétri de terre, Tu lui jouas d'un mauvais tour En l'éclairant de ta lumière. Pour diriger ses pas, quel étrange fanal Que ce reflet céleste empreint sur son visage! Il le nomme raison: mais, par un sort fatal, Le malheureux n'en fait usage Que pour ravaler ton image À l'état de pur animal. Moi, j'oserais comparer l'homme (Sauf la permission de Votre Majesté) À cet insecte ailé que sauterelle il nomme, Sur de longues pattes monté, Gambadant tant que l'été dure, Et répétant sur la verdure Un vieux refrain de tous les ans. Encore si c'était là qu'il consumât le temps! Mais non, pas un fumier, pas une fange impure, Où ce dieu ne mette son nez. LE SEIGNEUR. N'as-tu donc rien autre à m'apprendre? Tous les discours qu'ici tu me forces d'entendre À des sarcasmes froids seront-ils donc bornés? Et ne verras-tu rien qui ne soit à reprendre Au monde où les hommes sont nés? MÉPHISTOPHÉLÈS. Las! oui, Seigneur (soit dit sans vous déplaire), Vous me trouvez encore du même avis, Et soutenant que tout dans ce monde est au pis. De l'Homme enfin si grande est la misère, Que moi-même parfois je m'en sens attristé, Et que de rendre pire une telle existence Depuis long-temps en vérité Je me fais quelque conscience. LE SEIGNEUR. Connais-tu Faust? MÈPHISTOPHÉLÈS. Qui? le docteur? LE SEIGNEUR. Eh! sans doute, mon serviteur. MÈPHISTOPHÉLÈS. Il vous sert en effet de la belle manière. Rien de terrestre chez ce fou: À peine ce qu'il mange est-il fait de matière. Ours rechigné, vrai loup-garou, Il reste nuit et jour enfermé dans son trou, Espèce de tombeau sans air et sans lumière. Mais si son corps ne bouge pas, Son esprit au contraire est toujours en campagne: Plaine, torrent, vallon, montagne, Dans tous les recoins de là-bas Il se glisse et prend ses ébats; Et puis il monte au ciel, il nage dans l'espace, Demande à l'univers tous ses plus grands plaisirs... Après quoi pourtant il se lasse Et retombe à la même place, Consumé des mêmes désirs. LE SEIGNEUR. Battu comme il l'est de l'orage, Si, sans que rien l'ébranle, il demeure debout, Si, vainqueur dans la lutte, il me sert jusqu'au bout, Je le recueillerai pour prix de son courage. Mais, le frêle arbrisseau qui n'a vu qu'un printemps Vient-il à se couvrir d'une tendre verdure, Le jardinier sait bien qu'au midi de ses ans Fleurs et fruits seront sa parure. MÉPHISTOPHÉLÈS. Si bien donc que sur lui vous comptez quelque peu? Gageons que celui-là vous le perdrez encore! Pourvu que, jouant un franc jeu, Vous me laissiez de votre aveu Brûler son âme à petit feu, Et sans aucune entrave amener la pécore Où bon me semblera. M'accordez-vous ce point? LE SEIGNEUR. Aussi long-temps que Faust habitera la terre, Je ne t'en empêcherai point. Tant que l'homme y voyage, il erre. MÉPHISTOPHÉLÈS. Votre cadeau, Seigneur, me ravit, me confond. J'ai toujours abhorré d'avoir aux morts affaire, Et de beaucoup je leur préfère Un visage au teint rubicond. Pour un citoyen de la bière Je ne suis jamais au logis... Comme le chat pour la souris. LE SEIGNEUR. Je daigne exaucer ta prière. Va, détourne, si tu le peux, Détourne cet esprit de sa source première; Fais-le suivre avec toi le chemin tortueux Des ennemis de la lumière; Et rougis, si tu dois avouer à la fin Que, jusque dans les rangs de la foule grossière, Le juste peut encore choisir le droit chemin. MÉPHISTOPHÉLÈS. Bon! nous n'en aurons pas pour long-temps, je le jure. Orgueil à part, je ne vois nul sujet D'être en souci de ma gageure. Si j'arrive à bon port, vous voudrez, s'il vous plaît, M'accorder les honneurs d'une victoire entière. Il mangera de la poussière, Et trouvera cet aliment fort sain, Comme le vieux serpent, mon illustre cousin. LE SEIGNEUR. Tu peux en liberté paraître dans le monde. Je n'en voudrais bannir ni tes pareils, ni toi; Car, seul parmi la race immonde, Le Malin fût toujours très-précieux pour moi. Sous la matière qui l'accable L'homme risque par fois de perdre tout ressort, Et de changer sa vie en un sommeil de mort. J'aime donc à lui voir un compagnon semblable, Qui l'excite au combat, l'éveille quand il dort.

...De temps en temps j'aime à voir le vieux père, Et je me garde bien de lui rompre en visière...

Et peut même au besoin créer, comme le Diable. Vous cependant, ô vous, nobles enfants du ciel, Livrez-vous sans contrainte aux pensers ineffables Du séjour éternel; Et tandis que l'auteur des êtres innombrables Épanche autour de vous les flots de son amour, Célébrez ces êtres d'un jour En vos âmes impérissables.

(Le ciel se ferme, les Archanges se retirent.)