Glimberg - Tome 1 - Efon Dikoume - E-Book

Glimberg - Tome 1 E-Book

Efon Dikoume

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Beschreibung

Azalia est une jeune fille qui n’a quasiment pas de vie sociale. Cependant, elle fera une rencontre qui transformera sa personnalité. En même temps qu’elle découvre les plaisirs de l’existence, elle apprend que Glimberg, sa petite ville, regorge de sombres mystères. De plus, elle doit comprendre pourquoi elle ne cesse d’apercevoir Cades, un signe énigmatique qui la suit partout. Que se cache-t-il réellement dans cette cité où tout le monde semble s’apprécier ? Entre secrets de famille et différences sociales, entrons avec Azalia dans la noirceur glimbergeoise.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Essayer de comprendre les différences sociales, telle est la raison pour laquelle Efon Dikoume prend la plume. Glimberg est le fruit de ses questionnements sur cette problématique.

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Seitenzahl: 454

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Efon Dikoume

Glimberg

Tome I

Le commencement

Roman

© Lys Bleu Éditions – Efon Dikoume

ISBN :979-10-377-7564-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À ma mère

À mon père

Pour mes enfants, Lukas et Sofia

Dinknesh est merveilleuse,

L’humain est beau, je crois en l’humanité,

Parce qu’elle ne m’a pas apporté que des misères,

Elle m’a aussi offert des cadeaux,

De l’amour, de l’amitié, des rires et des pleurs de joie

Ayons le courage d’ôter nos différents masques, de Noir, de Blanc, d’homme, de femme, de juif, de musulman, de chrétien, de bouddhiste, d’athée, de sans-papiers, de pauvre, de riche, de vieux, de jeune, d’homosexuel, d’hétérosexuel… pour défendre la seule identité qui compte : l’humaine.

Lilian Thuram

Avant-propos

Le mystère, l’incompréhensible, en voilà des choses qui peuvent nous faire peur. Même quand notre destinée se dessine sous nos yeux, quand les étoiles au-dessus de nos têtes sont alignées, on doute encore. La peur de passer derrière le rideau noir pour voir l’envers du décor reste. Parfois, elle arrive à s’atténuer, au fil du temps, mais (presque) jamais elle ne disparaît.

Et pourtant… Et pourtant, l’histoire nous a appris que ce sont souvent les trésors qui se veulent cachés. Et si le vôtre de trésor se trouvait juste sous vos yeux mais que vous n’aviez jusqu’ici pas pu mettre la main dessus juste parce que vous n’aviez pas le bon code (la méthode) pour ouvrir le coffre magique ? Pensez que la clé de ce bonheur, le point G de cette vie épanouie, tant rêvée, ne dépend que de vous et vous seul. Pensez que la solution, au final, est toute simple : faire autrement.

Changez de jumelles !

Changez pour observer le monde, tout ce qui vous entoure, avec un œil nouveau. Si nécessaire la tête en bas.

Il y a des vérités qui sont mystères, qui ne se racontent pas, ne s’expliquent pas mais en lesquelles il faut se réfugier pour trouver la lucidité. Car il arrive parfois que les hiboux soient dieux, et la nuit d’encre, la porte coulissante vers l’illumination.

N’ayez point peur du noir !

Dinknesh : monde des humains.

Astrid : monde des étoiles ou invisible.

Nha Terra : les enfants de la terre croient à la nature et aux esprits.

Nha Sol : les enfants du soleil croient en la lumière.

Nha Luna : les enfants de la lune croient aux sourates et à leur force de purification.

Chapitre 1

Le cheval blanc

Il faisait froid. Les arbres devant moi semblaient déprimés. Il ne restait plus une seule feuille sur leurs branches. Ils étaient aussi sombres que les nuages qui dansaient au-dessus d’eux.

Déjà quatre semaines que les jours et les nuits se ressemblaient. Quatre semaines que ces grands nuages gris avaient remplacé les beaux rayons de soleil qui me rendaient si heureuse autrefois, lorsqu’ils caressaient ma peau au petit matin. J’avais pris l’habitude, à mon réveil, de venir leur dire bonjour. J’ouvrais la fenêtre blanche vitrée de ma chambre et je passais ma tête à travers. Alors, je sentais. Je sentais ces beaux rayons doux et caressants sur mon visage. C’était comme s’ils essayaient à leur tour de me dire bonjour.

Qu’est-ce que c’était bon ! Mais qu’est-ce que c’était loin à présent.

La fenêtre blanche vitrée restait désormais fermée. Tout était si sombre. Et si froid. C’était la première fois qu’à Glimberg on connaissait une période aussi glaciale. Un messager avait dû déposer la mauvaise enveloppe à la fenêtre de malam1 Nehara. Je n’aurais su l’expliquer mais j’avais ce fort pressentiment qu’un malheur planait au-dessus de nos têtes et qu’il suffisait d’un rien pour qu’il s’abatte sur nous. À cet instant précis, une fesse sur l’appui de la fenêtre, j’aurais pu donner tout ce que je possédais pour qu’un seul rayon de soleil perce ce tas de gros nuages gris et vienne apporter un peu de chaleur à Glimberg.

Les rues étaient vides et mal éclairées. Il pleuvait des cordes et il n’y avait pas un chat à l’horizon. J’étais toute trempée et grelottais presque la fièvre. Tout ça juste parce que l’idiote que je suis avait décidé d’aller à vélo rendre visite à tata Ava par ce temps. C’était ma première fois mais je n’avais pas eu peur, pas un instant, même avec les 40 km en aller-retour. J’étais un peu une archi sportive, j’essayais toujours tout au moins une fois. J’avais déjà essayé le tennis, la boxe, l’aviron, la course à pied et même le saut à l’élastique et le rallye, pourtant, je n’étais pas du tout une amatrice de sensations fortes. J’essayais tout, mais ma seule passion était et restait l’équitation. Depuis que j’ai eu cinq ans, j’en ai fait jusqu’à aujourd’hui. C’était avant tout un sport familial. Je me souviens qu’à une époque, quand grand-père Henri vivait encore, on se ressemblait souvent les dimanches pour déjeuner et, le déjeuner finit, on se rendait tous dans son ranch, le Camargo, pour monter. Que de beaux souvenirs !

Le ciel se déchaînait de plus belle. Je me mis à guetter un peu partout mais je ne vis aucun abri alentour.

— Si seulement je l’avais écouté !

Oui, si seulement j’avais écouté grand-mère Antonia qui avait tant insisté pour que j’y aille en voiture.

— J’y vais mamie, tu veux que je transmette un message de ta part à tata Ava ?

— Oui, tu demanderas à Avalonne quand est-ce qu'elle m’envoie mes petits-fils pour passer le week-end avec eux. Ils nous rendent si peu visite.

— OK. Je lui demanderai. Maintenant j’y vais, bisous.

— Kristof doit être quelque part dans le jardin. Attends, je vais le faire appeler.

— Non, mamie, ce n’est pas nécessaire. Je vais y aller à vélo, ça me fera un peu d’exercice.

J’avais reçu le vélo de mon oncle pour mon anniversaire. Et, jusqu’ici, il avait été rangé dans un coin du garage.

— Mais ma chérie, c’est beaucoup trop loin et ce temps est si peu rassurant, il pourrait pleuvoir à tout moment. Puis à ton retour, il fera certainement déjà noir. Tout ça ne me semble pas très prudent. Tu devrais laisser Kristof te conduire.

— Tu t’inquiètes beaucoup trop mamie. Il ne m’arrivera rien du tout. Je ferai aussi vite que je peux. Je serai de retour saine et sauve, avant même que tu aies le temps de t’en rendre compte. Et il faudra bien que j’essaie ce vélo un jour ou l’autre.

— Je sais que ton oncle voulait bien faire, mais je continue de penser qu’il aurait pu t’offrir bien mieux que ce… ce vélo.

— Moi je trouve que c’est un très bon cadeau.

— Si ça te rend heureuse, mais j’aurais tout de même l’esprit plus tranquille si tu y allais en voiture.

— Je sais, mais j’irai quand même à vélo et tout se passera bien.

— Je t’en prie ma chérie.

Elle soupira.

— Je te promets de faire très attention. (Je baisai le front de mamie et, pour la rassurer, lui glissai un dernier « tout ira bien » à l’oreille avant de m’en aller)

Tout ira bien ? C’est ça ! Quelle belle entêtée j’avais fait !

J’avais de plus en plus de mal à avancer sur mon vélo roulant pratiquement contre le vent. Un véritable calvaire ! Je décidai alors de descendre et de continuer le chemin à pied, sans me presser. Tant qu’à faire, j’étais déjà toute trempée et le chemin jusqu’à la maison était encore long, autant mieux profiter du paysage.

La rue St Bell était un véritable délice pour les yeux. Ses vieilles bâtisses, la plupart faites de pierre, faisaient sa renommée. Et toutes les façades de maison étaient ornées de formes animales, ce que je trouvai un peu bizarre. Pas que je détestai les animaux mais comme décors de façade j’étais persuadée qu’on pouvait faire plus joli. Je ne la connaissais que très peu cette rue. Je n’avais jamais eu l’occasion de m’y promener, mais Kristof était souvent passé par là en me conduisant au collège des filles. Et à chaque fois, j’avais pressé mon visage contre les vitres de mon carrosse – qui devaient toujours rester fermées, ordre de mamie – pour pouvoir admirer le peu de paysage qui s’offrait à moi. Ce que j’aurai aimé, c’est de pouvoir passer ma tête au travers de ces vitres pour sentir l’air matinal d’ici, l’air matinal de cette belle rue que je croyais différent de celui de là où je vivais. Et combien j’étais triste à chaque fois qu’on la dépassait ! Je me remettais alors droite sur mon siège, langoureusement, yeux de chien battu regardant le sol. Kristof avait dû remarquer ma déception car une énième fois qu’on y passait, il finit par m’annoncer :

— C’est la rue St Bell.

— Rue St Bell, avais-je alors répété, un grand sourire aux lèvres, tant j’étais contente d’en apprendre un petit peu sur ce lieu.

— Oui mademoiselle.

— Comme mon nom ? Tu crois que ça a quelque chose à voir avec ma famille ?

— Je crois bien mademoiselle. Si je ne me trompe pas, cette rue tient son nom d’un aïeul Bell.

— C’est vrai ? Waouh !

Comme ça cette rue et moi on avait quelque chose en commun ? J’en fus ravie.

— Toutes ces maisons, elles sont si jolies !

— C’est vrai que c’est joli mais ce ne sont pas toutes des maisons. Ce sont parfois des restaurants, des cafés, des boutiques ou que sais-je encore. Ce que tu dois retenir c’est qu’ici tout est luxueux. Regarde juste à ta gauche, où c’est marqué MODALISA. Ça, ma chère, c’est une boutique de vêtements de luxe.

Tous les deux, on avait pris l’habitude de se tutoyer. Par contre, j’avais dû beaucoup insister car il craignait la réaction de mamie. Alors quand elle était là on faisait semblant. Mais en général on évitait autant que possible les « vous » et attitudes maniérées.

Je regardai la boutique qu’il me montrait. Je ne pouvais voir grand-chose, mis à part le Modalisa rouge marqué en grand et majuscule tout en haut de la boutique.

— Des vêtements de luxe ? demandai-je, songeuse.

— Que de la haute couture ma chère. C’est ici que l’élite de Glimberg s’habille.

— Dis Kristof, ce serait possible de s’y promener un soir en retournant du collège ?

— Ça, tu dois le demander à ta grand-mère.

— Mais tu sais aussi bien que moi que jamais elle n’acceptera.

— Peut-être bien mais moi je n’ai pas le droit de te conduire autre part qu’à la maison après l’école.

— Je te promets, je ne lui dirai rien.

— Désolé mademoiselle.

Plusieurs fois j’avais retenté le coup, sans succès. Longtemps j’avais espéré et finalement ça s’était produit. Sous la pluie certes, mais c’était toujours ça. Je l’avais enfin ma promenade rue St Bell. Je savourais. Mes yeux en voulaient toujours plus. Je regardais de gauche à droite, de droite à gauche, tout excitée. Puis, je me mis à chantonner tant j’étais heureuse de pouvoir enfin profiter du charme de cette rue. Plus rien ne m’arrêtait. La pluie, les frissons, même pas la petite voix raisonnable dans ma tête qui me rappelait sans cesse que plus tard je devrais me retrouver clouée au lit à boire des tisanes… Non, rien.

Je balançai mon vélo sur le trottoir et tournoyai sous la pluie, toujours en chantonnant. Souriante, puis riante, je tournoyai plus vite, tête en arrière. De grosses gouttes de pluie venaient désormais fouetter mon visage mais c’était comme si je ne pouvais plus rien sentir, immunisée contre toute douleur. Je continuai toujours plus vite jusqu’au moment où je commençai à avoir des vertiges. La minute d’après, j’avais le cul par terre. Cette fois, je l’avais bien senti.

— Awwwn !

D’une main, je me mis à me masser une fesse, puis l’autre, grimaçante. Je pris ensuite appui sur mes bras pour me relever quand, tout à coup, l’une des bâtisses frappa particulièrement mon attention.

— Quelle allure !

C’en était déroutant parce qu’elle était en tout point identique à toutes celles que j’avais vues jusqu’ici… Ou presque, Sur cette façade-ci, il n’y avait rien du tout, pas de forme animale ou autre décoration. Je n’aurais su trop dire quoi mais elle avait comme quelque chose de spécial. Je ne parvenais plus à penser à autre chose, comme si elle avait absorbé mon esprit. Intriguée, j’avançai hâtivement vers elle. Et, en quelques enjambées, je me retrouvai devant une vieille porte en bois, doubles battants. Sur chacun des battants, il y avait des détails en fer forgé. Je restai immobile cinq, six minutes, à la scruter. Il n’y en avait pas mille de portes comme ça à Glimberg. Et pourtant… cette porte, j’essayais de m’en souvenir, j’avais l’impression de l’avoir déjà vue. C’était une sensation très bizarre parce que je n’avais jamais été à cet endroit. Et, encore plus bizarre, j’eus l’impression à un moment donné de voir apparaître quatre petites formes – un cercle, deux sortes de rectangles très fins et un triangle, je crois – sur le battant gauche de la porte, qui bougèrent ensuite vers le battant droit avant de se rejoindre pour ne former plus qu’un symbole, puis disparaître. Peut-être avais-je juste rêvé les yeux ouverts, tant j’étais envoûtée par le charme de cette bâtisse. Plus qu’une chose hantait mon esprit à cet instant précis : découvrir ce qui se cachait derrière cette porte. J’étais à la fois excitée et anxieuse. J’hésitai un moment, mais ma curiosité était beaucoup trop grande. Alors je me mis à frapper. Si on me demandait, je dirais que je voulais juste pouvoir m’abriter un instant avant de continuer mon chemin, mais la porte resta fermée. Je recommençai plusieurs fois et toujours personne. Déçue, je collai finalement ma tête contre la porte et frappai une dernière fois de petits coups. Puis je me mis à la caresser d’une main. Au bout d’un moment, je sentis comme une électricité au bout des doigts et la seconde d’après, comme par magie, elle s’ouvrit, lentement. Grande fut ma surprise ! J’avais pensé à tout sauf à ça. Étonnée et perdue, je restai sur le pas de la porte.

— Un bar ! Un bar dans une bâtisse pareille ? Si mamie voyait ça, elle crierait au scandale, c’est certain.

Tous les regards étaient rivés sur moi. Tous ces gens, ils avaient l’air si… si élégants. J’avais été curieuse et voilà que je me retrouvais visiblement au milieu de la fameuse élite de Glimberg, toujours aussi trempée et grelottante. Bon Mahu2 ! Je ne devais pas ressembler à grand-chose. J’allais prendre mes jambes à mon cou comme je le fais toujours dans ce genre de situation quand j’entendis la petite voix dans ma tête « tu y es, tu y restes ». J’avançai alors avec une fausse assurance. Mes souliers remplis d’eau faisaient un bruit bizarre à chaque pas. Je touchais le fond mais pas question de fuir cette fois.

Je marchais vite pour me rapprocher du bar – le parfait abri – que j’avais aperçu de loin. Mais, à mi-chemin, je dus ralentir car j’avais des hallucinations, je voyais des têtes de chevaux. Des humains à tête de cheval. Je fermai les yeux, respirai.

— Calme-toi, tout ça n’est pas réel.

J’ouvris les yeux et ils étaient toujours là, ces êtres surnaturels. Je n’arrivais plus à penser. Apeurée par cette vision, je les fermai à nouveau.

— Non, non, non.

Je marchais à présent paupières closes, la tête entre les mains, je devais m’imaginer que ça canalisait mon imagination parce que ce que j’avais cru voir n’était que le fruit de celle-ci. Il ne pouvait en être autrement.

— Non. Tout ça, ce n’est pas réel, me répétai-je à tue-tête.

— Attention à la marche ! fit une voix qui me sembla assez proche, à laquelle je ne fis aucunement attention.

Je continuai d’avancer. Et, je finis dans ses bras. J’inspirai, puis appuyai mes paumes contre mes paupières avant de rouvrir enfin les yeux. Et comme je fus soulagée ! C’était une vraie tête. Un humain avec une tête d’humain. Un grand mâle beau à couper le souffle. J’étais limite contente de l’avoir percuté car dès l’instant où je le découvris, j’oubliai ces images moches que j’avais en tête. Il avait les bras écartés, ceux-ci tremblaient un peu et du liquide coulait de ses mains.

— Oh quelle gourde, j’ai renversé vos boissons.

Il tenait une bouteille de bière dans une main et un verre transparent en forme d’entonnoir au bout d’une tige dans l’autre. Le verre était rempli d’une boisson de couleur neutre. Je ne cherchai pas à deviner ce que c’était. De toute façon, j’étais loin d’être une connaisseuse.

— Ce n’est rien. Et vous, ça va ? Vous m’avez l’air perturbée.

— Oui ça va, merci.

Je ne mentais pas, ça allait beaucoup mieux. Ils avaient disparu. Tous.

— Désolée ! Je ne vous ai pas mouillé au moins ?

Il jeta un coup d’œil rapide à ses vêtements.

— Ce n’est bien grave.

— Je suis vraiment désolée, je ne vous ai pas vu arriver.

— Je ne me savais pourtant pas invisible. Vous me brisez le cœur.

— Ce n’est pas tout à fait ce que je voulais dire, bredouillai-je.

— Vous êtes sûre que ça va ? Vous semblez loin.

— Plutôt perdue, dis-je tout bas pour moi-même.

— Et vous trémulez un peu, je vous prête ma veste si vous voulez.

— Non merci, ça ira.

— J’insiste.

— Vous êtes gentil, mais je vous assure ce n’est pas la peine. Je vais vite attraper chaud au milieu de ce beau monde.

— Si vous le dites.

— Encore désolée pour tout à l’heure. J’étais si occupée à penser à ce bar que…

Ce n’était pas tout à fait la vérité mais il m’aurait pris pour une folle si jamais je lui avais dit ce qui m’avait réellement perturbée.

— C’est que vous devez avoir très soif.

— Pas vraiment.

— Non ? Vous êtes une amie de Danny peut-être ?

— Qui ça ?

— Danny, le barman.

— Non, non. Vous vous méprenez. Je ne le connais pas votre Danny.

— Je vois ! Vous n’avez pas soif, vous n’êtes pas une amie de Danny. Donc… ?

— Donc… ?

— Donc je suppose que vous deviez retrouver quelqu’un là ?

— Non, pas du tout. Je suis venue seule.

— Là vous commencez à éveiller ma curiosité. Je sais que ce bar est assez attrayant mais bon vous devez avoir meilleure raison qui vous pousse à lui porter tant d’intérêt.

— Si, et même plusieurs.

— Et puis-je savoir lesquelles, si ce n’est trop indiscret ?

— Non, je ne crois pas.

— Alors je n’insisterai pas, pas cette fois en tous cas.

Comme il l’avait annoncé, il n’insista pas. Et pendant un bref instant, on resta tous les deux silencieux. Un moment assez gênant où je profitai pour l’étudier vite fait. Il était vraiment très beau et aussi très élégant. Ses traits étaient fins et réguliers et comme une grande partie des habitants de cette ville, il portait des cheveux blond platine, très brillants. C’est clair, clair comme du cristal comme dirait ma cousine, le blond, c’était toujours à la mode. Ce que je préférai ce sont ses yeux. De grands yeux vert clair, pétillants, qui donnaient juste envie de se noyer dedans.

— Quelle chanceuse elle doit être !

— Qui donc ?

J’étais si absorbée par sa beauté que je pensai à voix haute. Du coup, sa question me surprit et je commençai à bégayer ne sachant que répondre.

— Tout va bien ?

— Oui oui, je pensais juste à quelque chose. Ne faites pas attention.

— Décidément je ne suis pas près de vous percer à jour. J’ai presque l’impression de devoir vous arracher les mots de la bouche à chaque fois.

— Je n’irai pas jusque-là (Je fis la moue), mais bon vous ne vous attendiez quand même pas à ce que je me mette à vous raconter toute ma vie, là, tout de suite. On se connaît à peine.

— Alors faisons plus ample connaissance. Moi c’est Black.

— Lani.

— Enchanté Lani ! Joli prénom, il vous va bien.

— Merci.

— Je suis plus que ravi de faire votre connaissance. Je vous aurai volontiers baisé la main mais comme vous pouvez le voir les miennes sont pleines. Dites-moi Lani, c’est la première fois que vous venez ici n’est-ce pas ?

— Vous l’avez deviné ? C’est vrai que je ne rentre pas du tout dans le décor avec mes souliers à la Nico Mbarga et mon chemisier grande taille. Tout le monde ici est tiré à quatre épingles.

— Laissez-moi vous dire que vous embellissez autant le décor que n’importe qui d’autre dans cette pièce.

Je rougis.

— Vous, vous savez parler aux femmes, un parfait gentleman. C’est qu’elle doit avoir beaucoup de chance, cette fois je le dis assez fort pour qu’il l’entende.

— Si vous le dites. Et lui, il a de la chance d’avoir une si belle rose dans son jardin secret.

— Vous me flattez.

— Je ne dis que la vérité.

— Alors j’accepte le compliment. Par contre lui, il ne le sait pas.

— Quel con ! s’empressa-t-il.

Son visage me sembla s’illuminer, ce qui me désarçonna complètement car je ne savais pas ce que cela signifiait. Peut-être se moquait-il secrètement de moi, pensant qu’une fille comme moi ne pouvait attirer que des cons. Mais il avait été si gentil depuis tout à l’heure. Je ne savais plus quoi penser. Je voulais comprendre, alors je commençai à étudier ce visage souriant, cherchant une réponse qui me rassurerait, mais en vain.

— Désolé, j’ai peut-être été un peu grossier ?

— Mais non, du tout.

— Alors pourquoi vous me regardiez comme on regarde un petit garçon qui vient de faire une bêtise ?

— J’ai fait ça ? Pardonnez-moi mais c’est que vous m’avez complètement dérouté.

— Mais je le pense vraiment, qu’il n’est qu’un grand con s’il n’a conscience de la chance qu’il a.

Cette fois, je finis par éclater de rire.

— Désolée je n’ai pas pu résister.

— J’ai dit quelque chose de drôle ?

— Non. Ce que je trouve drôle, c’est vous qui vous énervez contre quelqu’un qui n’existe même pas. Lui, il ne le sait pas tout simplement parce qu’il n’y a pas de lui.

Je crus le voir rougir.

— Et maintenant, c’est moi qui ai l’air d’un con.

— Ne vous inquiétez pas, je ne vous prendrai jamais pour un con. Au contraire, j’ai trouvé ça assez mignon.

— Ouf ! Me voilà rassuré. Alors, comme ça vous n’avez pas de petit copain ?

— Et non. Je n’ai pas encore trouvé le bon ou tout simplement pas cherché, puis, des « comme vous », ça ne court pas les rues.

— Je me trompe ou vous venez de sous-entendre que je pourrais être le bon pour vous ? Intéressant. À présent c’est moi qui suis flatté.

— Je vous l’ai dit, elle a beaucoup de chance.

— C’est dommage qu’elle ne le sache pas non plus.

— Non… Vous ? Non…

— Si, je vous assure.

— Quoi ? Vous voulez me faire croire que vous, vous n’avez pas de petite copine ? Non.

— Et pourtant c’est vrai. Moi non plus je n’ai pas encore trouvé mon accord parfait. Sans compter que je suis encore mineur.

— Je ne peux pas le croire.

— Et pourquoi donc ?

— Mais parce que… Parce que vous m’avez l’air… Laissez tomber.

— Allez, vous n’allez pas recommencer. Je pense qu’on se connaît mieux qu’à peine à présent. Et tant qu’on y est, on pourrait même se passer de convenances. Dis-moi donc de quoi j’ai l’air.

— OK. Eh bien, tu fais penser au parfait petit ami. Beau, gentleman, drôle…

— Je t’en prie, continue, dit-il en souriant.

— Tu vois bien ce que je veux dire, répondis-je timidement.

— Oui, mais j’aime bien t’écouter.

Il me regarda du coin de l’œil et, tous deux, on se mit à rire.

— Tu es une véritable bouffée d’air frais Lani. Et laisse-moi te dire que même si tu n’es pas tirée à quatre épingles je te trouve magnifique. La seule raison pour laquelle j’ai deviné que tu étais nouvelle c’est parce que ton visage ne m’est pas familier.

— Parce que tu connais tout le monde ici ?

— On va dire que oui. Après c’est facile. Presque tous sont des amis ou des connaissances.

— Je vois. Eh bien, je passais par là et ça me tentait de venir découvrir.

— Et ? Qu’est-ce que tu en penses ?

— Que tous tes amis et connaissances doivent être des gens très riches.

Il rit.

— Tu sais ce qu’on dit, ne pas toujours se fier aux apparences. Et, en passant, je te prie de m’excuser. Je t’ai forcé tout ce temps à te confier à moi sans même te proposer quelque chose à boire. Qu’est-ce que tu prends habituellement ? Je vais demander à Danny de te mettre ça.

— Je veux bien une bière.

Habituellement, je prenais de l’eau. Jamais de ma vie je n’avais bu une goutte d’alcool mais bon, ce soir, j’évitais à tout prix d’être la petite fille sage. Il buvait bien de la bière lui aussi, en tout cas, il en avait une en main. Ça m’aiderait peut-être à me fondre dans la masse pensai-je. Et même si je le voulais, je n’aurai pas su commander autre chose.

Il revint jusqu’au bar et demanda à Danny de me servir ce que je voulais.

— Tu mettras ça sur ma note.

— C’est compris vieux !

— Et Lani, ne sois pas gênée, on va dire que c’est ma façon de te souhaiter la bienvenue.

— Eh bien merci pour cet accueil chaleureux.

— Malheureusement je vais devoir t’abandonner un moment mais je te reviens vite. Tu veux bien m’attendre ici ?

— J’y suis, j’y reste, dis-je tout bas pour moi-même.

— Tu me promets, tu ne bouges pas d’ici ?

— Promis. Maintenant file, moi je vais essayer de faire ami-ami avec Danny.

— J’y vais. À tout de suite, je fais aussi vite que je peux, attends-moi, lança -t-il en essayant de se frayer un passage dans la foule.

En le regardant s’éloigner, je constatai qu’il y avait vraiment beaucoup de monde et, sans faire exprès, mon regard chercha le sol. Je guettais leurs pieds, seulement, je n’en vis aucun. C’étaient des sabots qui portaient les corps dispersés en ce lieu. Dans ma tête. Il avait à peine disparu que ces fichues hallucinations refaisaient surface.

— Non, ça ne va pas recommencer.

Si elle était là, elle aurait su me rassurer. Je pensais à grand-mère Antonia qui avait toujours le bon mot, qui savait toujours quoi faire, elle devait être morte d’inquiétude à l’heure qu’il est. Depuis que papa et maman sont morts, c’est elle qui a veillé sur moi, très protectrice. Je n’avais que neuf ans. Sans aucune forme de concertation, j’étais passée sous sa tutelle, tata Ava comme tonton Baarsi n’y avaient rien vu à redire. Pour une raison que j’ignorais, personne n’osait lui dire non, comme si tous craignaient de se faire couper la langue à la minute où ils penseraient seulement à répliquer. Toutes les deux, on habitait la villa de maanstraat entourée de servantes et j’avoue que parfois je m’y ennuyais un peu trop. À la maison, c’était comme au couvent, voire pire. Il n’y avait que des femmes ou presque. C’était le souhait de grand-mère qui avait décidé que pour ma bonne éducation, il ne valait mieux pas que je côtoie la gent masculine. Les seules présences masculines qui étaient donc tolérées étaient celles de mon oncle, mes cousins Brams et Breti, les jumeaux de tata Ava, et Kristof, mon chauffeur. Un grand, barbu, qui devait avoir la quarantaine. Il n’avait ni femme ni enfant, ce qui convenait parfaitement à mamie. Elle l’avait logé dans l’une des nombreuses chambres d’amis. Ainsi, il pouvait être à ma disposition 24 h/24. Il arrivait parfois que les amis de grand-mère lui rendissent visite. Elle les recevait alors dans ses appartements privés qui étaient détachés de la demeure principale. Tout était organisé pour que je sois autant isolée que possible du monde extérieur. C’était en réalité la raison pour laquelle je m’étais autant entêtée à partir à vélo ce soir.

Accoudée au bar, je tentai d’effacer ces visions en me laissant porter par l’ambiance vertigineuse de ce lieu. Intérieurement, je ne cessai de me répéter que ce n’était que mon imagination et que je devais faire abstraction de tout ça. Et, peu à peu, mon rythme cardiaque redevint normal. Je commençai même à me sentir étrangement à l’aise. Vivante. Comme jamais. Cette impression de « déjà vu » revint, plus forte. Je fermai les yeux, fouillai dans ma mémoire.

— Peut-être que…

Non, impossible. Comment pourrais-je avoir des souvenirs d’un endroit que jamais je n’avais fréquenté ou même ne serait-ce qu’entendu parler. C’était loin d’être le genre de cérémonie que mamie prévoyait pour mon entrée « dans le monde » comme elle aimait si bien dire. Mais ne vous leurrez pas, le monde pour elle se limitait à la société glimbergeoise. Sortir seulement de la forteresse de maanstraat sans laisse relevait déjà du parcours du combattant alors parcourir le monde, fallait pas rêver. En attendant, je comptais bien profiter de ma petite frasque nocturne. La lumière tamisée me transportait et les corps qui se déhanchaient délicatement sur un air de Cysoul m’amenaient à danser moi aussi, en pensée. Sans surprise, je remarquai qu’il y avait pas mal de têtes blond platine. De vraies têtes – c’est clair c’était mon imagination. Normalement, à Glimberg comme partout ailleurs, je crois, les tendances ça vient ça part sauf celle-ci. C’est une belle couleur mais que la moitié de la ville veuille portée la même, je ne comprenais pas. Par contre, j’avais arrêté de m’évertuer à comprendre le jour où mamie me confia : « ça a toujours été ainsi, les têtes blond platine depuis la création, elles sont ».

Mon esprit valsait toujours lorsque le barman tapota ma main posée sur le comptoir. En tournant la tête vers lui, je croisai directement son regard et fus médusé. Ses yeux étaient en feu. Deux flammes jaunes ardentes brillaient au fond.

— Lani c’est ça ? Allez ma jolie je vous mets quoi comme bière ? Halo… Tout va bien ?

Il avait croisé ses bras sur le comptoir tenant ses coudes et s’appuya sur ceux-ci pour rapprocher autant que possible son visage du mien si bien que je sentis presque ses lèvres frôler les miennes.

— Qu’est-ce que vous faites ? m’offusquai-je.

— Pardon ! Je voulais juste vérifier que vous respiriez toujours.

Depuis tout à l’heure je le voyais, l’entendais, mais n’arrivait à libérer aucun son de ma bouche entrouverte jusqu’alors.

— Oui, ça va. Je ne vous avais pas entendu mentis-je.

— Hum.

Il glissa et se remit droit derrière le bar.

— Bon, dites-moi joli cœur !

— Une bière s'il vous plaît, répondis-je la voix tremblotante.

— Ça, j’avais compris. Laquelle ?

— Parce qu’il n’y en a pas qu’une sorte ?

— Et non ! Mais rassurez-vous, ici on a tout ce qu’il faut pour vous faire plaisir. Des blanches, des brunes, des blondes, des rouges, des ambrées, des fruitées… Tout.

— Tant que ça ? Je ne saurai même pas choisir. Je vous avoue que c’est la première fois que je vais goûter à de la bière.

— En général, la gent féminine préfère les fruitées, je pense que vous aimerez. On en a à base de cerises et de citron.

— Le goût je m’en fiche, je veux juste une bière forte.

— Si je puis me permettre, vu que c’est votre première fois je vous conseillerai plutôt une bière légère, histoire d’amortir votre entrée en matière.

— Non, donnez-m’en une forte. Ce soir, j’ai envie de faire la fête.

Je savais que je me lançais dans quelque chose qui se terminerait probablement avec des regrets mais à ce moment, je voulais absolument éviter que quiconque découvre que derrière ce masque d’audacieuse se cachait en réalité une jeune fille timide manquant totalement d’assurance puis j’avais besoin de quelque chose d’assez fort pour me faire passer également l’idée que j’étais folle. Comment faisaient-ils tous pour garder leur sang-froid ? Moi à chaque fois que j’ouvrais la bouche j’avais peur de laisser échapper un cri et bien sûr j’évitais désormais de croiser son regard.

— Comme vous voudrez. Vous savez ce qu’on dit, le client est roi. Je pense qu’une Kasteel rouge fera l’affaire mais (il leva son index), à boire avec modération.

— Alors, va pour la Kasteel rouge.

— Danny (il me tendit la main).

— Oui, je sais. Black vous a déjà présenté.

J’hésitai un instant avant de la lui serrer. Mais aussitôt fait, je dégageai la mienne car ma paume était en feu, comme si je venais d’y recevoir une charge électrique. Je serrai les dents et subrepticement vérifiai s’il n’y avait pas de marques. Rien. En face, il souriait, comme s’il était conscient de mon malaise. Ce qui me désempara. Mais dans quoi j’étais tombée ? Pendant un bref instant, je pensai à m’enfuir mais avant même que j’eus le temps de mûrir l’idée, il enchaîna.

— Et vous êtes une amie de Black c’est ça ? Désolé mais c’est que votre visage ne me dit pas grand-chose.

— Je vois qu’ici on attache vraiment beaucoup d’importance aux visages.

— On va dire que des comme vous on en voit pas souvent dans le coin.

— Vous voulez dire les personnes noires ? J'ai bien compris puis j'ai bien vu comment tous me regardaient dès que j'ai franchi la porte.

— Pas que ça n'est jamais arrivé, mais voilà c'est rare. Ceux qui viennent ce sont vraiment des habitués parce que le cheval blanc c’est un peu comme un club d’amis, tout le monde connaît tout le monde.

— Le Cheval blanc ?

— Oui, c’est le nom du bar. Vous ne m’avez toujours pas répondu.

— Ah oui ! Black et moi ? Ami est un bien grand mot. On vient juste de se connaître. Je l’ai croisé en arrivant et on a bavardé un peu, voilà tout.

— Je vois. Quoiqu’il est sympa ce petit Black. Hein !

— Oui, j’avoue qu’il est plutôt charmant.

Il serait encore plus charmant s’il savait apparaître là, à l’instant, pour me délivrer des flammes de Danny car je ne savais combien de temps j’allais encore tenir.

— Approchez !

— Pardon ?

— Approchez joli cœur ! N’ayez crainte je ne mords pas.

Je ne comprenais pas et pensai tout de suite à lui dire non mais l’idée de le contrarier me terrifia alors j’obéis après une brève hésitation.

Il avança sa main, l’enroula autour de mon cou et me força à pencher la tête comme s’il allait me tordre le cou ou me sucer jusqu’à me vider de mon sang. Les idées les plus noires me traversèrent l’esprit. Je ne lui résistai pas et lorsqu’il rapprocha sa bouche de ma nuque, je restai immobile comme paralysé par le venin d’un serpent. Il se contenta de coller son nez contre ma nuque qu’il renifla longuement avant de me relâcher.

— Lani ? C’est bien Lani ? Vous êtes sûr que c’est ainsi que vos parents vous ont appelé ? Vous excuserez ma franchise mais je trouve qu’il ne vous va pas du tout.

Il était détendu comme si ce qui venait de se passer était juste normal et je sentis qu’il me fixait, attendant probablement que je réagisse à sa remarque mais je choisis de l’ignorer tout en essayant de rester aussi calme que possible.

— C’est toujours aussi bondé ici ?

— Oui, tous les soirs on fait le plein mais on n’a pas vraiment de concurrents.

— Et vous travaillez ici depuis longtemps ?

— Depuis toujours ma jolie, ici c’est chez moi. Je suis le proprio et tous les clients sont les amis de la maison et peuvent me tutoyer d’ailleurs. J’espère que ça ne te dérangera pas non plus que je te tutoie, dit-il en me mettant une petite tape sur l’épaule.

— C’est entendu et non ça ne me dérange pas du tout. Je suis une amie de la maison à présent, répondis-je en forçant un sourire.

— Exact. Et les amis de la maison ont même droit à des vêtements de rechange figure-toi. J’ai remarqué que tu étais un peu trempée. Et tu grelottes ? J’habite juste au-dessus, si tu veux je peux te trouver quelque chose de sec et chaud.

Non je ne grelottais pas, je tremblais de tous mes membres. Je tremblais de peur et regrettais déjà d’avoir mis les pieds dans cet endroit. L’ambiance je la trouvais moins enjoliveuse à présent craignant de voir surgir devant moi, à tout moment, des vampires avec des crocs capables de perforer l’ébène, ou des sorcières aux nez crochus, ou des dragons enflammés, ou…

— C’est très gentil mais ça ira ne vous… Pardon, ne t’inquiète pas. Une bonne bière forte pour commencer fera déjà l’affaire.

— Alors ce sera une Kasteel et rien d’autre. Tu veux un verre avec ?

— Pas de verre, merci.

Il disparut brièvement puis revint avec une belle petite ronde, foncée.

— Voilà pour toi ma chère amie. Je suis navré mais je vais devoir t’abandonner, il faut que j’aille m’occuper de mes autres amis.

— Bien sûr, vas-y.

Je soupirai intérieurement.

Avant de s’éloigner, il me fit signe d’approcher, encore, puis me glissa à l’oreille :

— Bienvenue à la maison Azalia, j’espère te revoir souvent. Tâche de profiter de la soirée et surtout ne sois pas timide je suis sûr qu’il y en a plus d’un qui serait ravi de partager ta compagnie. Et une dernière chose, mes yeux brillent mais ne brûlent pas tu t’y habitueras.

Ses mots me prirent de court. Comment l’avait-il deviné ? Alors il savait aussi que j’étais une Bell ? Et bientôt plus personne ne voudra m’adresser la parole. Black. Il ne fallait surtout pas qu’il le répète à Black. Et m’habituer ? Je ne voyais pas trop comment. Depuis quand avoir des yeux enflammés était devenu normal ? Et tous ces gens qui discutaient, riaient, souriaient en le regardant droit dans les yeux sans avoir l’air d’être perturbés. Certes, en grandissant, j’avais réalisé que Glimberg n’était pas tout à fait la petite ville tranquille que je m’étais imaginée toute mon enfance, où le blanc était blanc et le noir noir mais entre l’impression de « déjà vu » continuelle, les hallucinations, ses yeux… La soirée venait à peine de commencer que déjà je m’inquiétais de ses promesses. Qui sait ? Peut-être que l’une d’elles cachait une marée de méduses et moi, je me trouvais juste en plein milieu, qu’à minuit je devrai laisser derrière moi mon soulier – loin de ressembler à la sandale en verre évidemment – quand leurs têtes blondes se seront transformées en têtes à serpents.

— Allez, Azalia, reprends-toi.

Je me mis quelques claques pour me débarrasser de ces idées sombres et reconcentrai mes pensées sur lui. Lui, il avait de beaux yeux verts dans lesquels j’aurai pu me perdre sans crainte. J’avais espéré, j’espérais, qu’il reviendrait vraiment me voir même si son retour commençait à se faire long. Danny avait raison, il ne m’allait pas du tout ce prénom. J’étais loin d’être aussi courageuse que ma cousine. Elle, elle ne l’aurait pas attendu et serait déjà allée discuter avec tout le monde. Elle ne se serait pas laissée intimider par ces filles, toutes aussi belles les unes que les autres et avec l’air de savoir ce qu’elles faisaient.

Elles avaient l’air si libres, si indépendantes et chacun de leurs mouvements évoquait la grâce. Décidément, je ne me trouvais pas à ma place. Pourtant des femmes gracieuses j’en côtoyais : grand-mère Antonia et tata Ava. J’avais longtemps essayé de leur ressembler mais j’étais beaucoup trop maladroite. Au final, j’y ai renoncé. À quoi bon ? De toute façon, j’étais toujours enchaînée entre mes livres et mes cours de musique et quand il arrivait que mamie donne des fêtes pour ses amis, je n’y étais jamais conviée. Elle me disait alors :

— Un jour toi aussi tu feras partie de ce petit monde mais il est encore beaucoup trop tôt.

Mais je doutais fort que ce jour arrivât.

Je buvais ma Kasteel à petites gorgées. Déjà une demi-heure que j’attendais. Je me demandais bien ce qui lui prenait tant de temps. Et s’il m’avait menti ? Tout s’emmêlait à présent dans ma tête. S’il n’était pas vraiment célibataire ? Rien ne le prouvait en tout cas. Peut-être bien qu’il m’avait adressé la parole juste pour être gentil comme tout bon gentleman. Je n’étais certainement pas le genre de fille qu’il devait fréquenter. Je n’avais qu’à regarder autour de moi pour réaliser qu’espérer n’était qu’illusion. Ça, je le savais et, malgré tout, mes pensées me ramenaient encore et encore à lui. Je ne cessais de me demander à quoi il était occupé. Sûrement à bavarder avec son amie et à savourer sa compagnie. Elle était sûrement très belle, et élégante, et gracieuse…

Que diable ! J’en avais marre d’être sage, marre d’attendre, marre d’espérer.

— Fini les convenances, on se remue.

Je bus d’un trait ce qui me restait de ma bière et en commandai une deuxième pour me donner un peu de courage.

« Ce n’est pas si difficile, il suffit de te lancer », me dit la petite voix dans ma tête.

— Et ce soir, tu n’es pas Azalia mais Lani. Fougueuse, extravertie, fun…

J’attrapai ma bouteille posée sur le comptoir et commençai à avancer, bousculant parfois quelques personnes au passage.

Chapitre 2

Coup de foule

Il m’avait l’air charmant. Tout ce beau monde, bien habillé, aux visages souriants. Ils sentaient tous tellement bon ; Ils sentaient bon la richesse et la gloire. Cela m’enivrait alors j’avançais au milieu de la foule avec extase, virevoltant de temps à autre. Puis au hasard, je m’arrêtai finalement dans un groupe. Aucune femme à l’horizon ce qui me ravit, car je n’étais pas de taille à affronter la concurrence.

J’écoutai dans un premier temps les bavardages de ces inconnus mais sans trop rien comprendre parce que j’étais presque grise. L’un deux finit par me remarquer et m’adressa enfin la parole.

— Puis-je vous aider mademoiselle ?

— Oui, j’adorerais passer la soirée en ta compagnie.

— Pardon ?

— Ça te dirait qu’on passe la soirée ensemble ?

— On se connaît ?

— Non, mais je cherche un compagnon pour la soirée.

— Je ne vous comprends pas très bien.

— Oh, tu peux me tutoyer tu sais ! Puis, d’après ce qu’on m’a dit, tout le monde ici est ami. Donc moi je suis ta nouvelle amie, et toi le mien. Et tous les deux, on va apprendre à faire plus ample connaissance (je passai mon bras sous le sien).

Il se laissa faire et comme pour signifier qu’il n’y voyait pas d’inconvénient, baisa le dos de ma main posée sur son bras. Un geste dont je n’avais pas l’habitude et que je trouvai galant mais loin d’être délicieux. Ses lèvres me laissèrent une sensation de fourmillements dans la main. Je dus me mordre la lèvre inférieure pour cacher mon inconfort.

— Alors tu fais les présentations ?

De gauche à droite, il présenta ses trois amis qui formaient un demi-cercle avant de se présenter à son tour.

— Et moi c’est Louis, Louis Karel.

— Lani, Lani tout court.

— Et maintenant ?

— Et maintenant on fait ce que fait tout le monde ici, on fait la fête.

Je gardai ma main accrochée au bras de Louis et fis mine de m’intéresser à leurs bavardages. De temps à autre, je le surprenais qui me regardait de ses yeux vert foncé comme un prédateur prêt à dévorer sa proie. Alors il détournait le regard, à chaque fois, et feignait ensuite d’être concentré sur l’une de ces discussions avec ses amis. Leurs discussions sur les belles voitures et les chaussures qui coûtent chères m’ennuyaient en réalité, alors je buvais. J’avais de nouveau commandé à boire. C’était encore Tahb, un petit au crâne lisse, brillant comme une boule de billard, qui s’était rendu au bar. Toute la soirée, il avait fait le serveur. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que c’était lui le boulet du groupe pourtant il m’avait l’air de quelqu’un d’aimable. Mais bon, je n’allais pas le plaindre lui au moins il avait une vie, des amis.

La soirée avançait et je commençai à avoir chaud. J’ouvris quelques boutons de mon chemisier. Louis avait l’air ravi. Je savais que tout ça finirait mal mais je continuai quand même. Et c’est emportée par l’ivresse que je me rapprochai de lui et lui glissai à l’oreille :

— Ça te dirait que je danse pour toi ?

— Oh que oui ! répondit-il aussitôt, le sourire jusqu’aux oreilles.

— Ce soir, c’est ton jour de chance.

— Je n’ai jamais douté que j’étais un type chanceux, dit-il en se tournant vers ses amis qui arboraient tous un grand sourire.

— Et si tu ramenais une chaise ?

— Tout de suite madame.

Il disparut l’espace d’une seconde puis revint avec une chaise qu’il avait pris à l’une des tables du fond. Il la mit au milieu de nous.

— Faites place, faites place, papa va être gâté, cria-t-il.

Je m’assis dans un premier temps parce que j’avais les jambes flageolantes. Louis me fit boire et m’aida ensuite à me mettre debout sur la chaise. Je portai une main à mon front. Comme je me sentais mal ! Mon chemisier était toujours ouvert mais à présent il y avait bien plus que quelques boutons d’ouverts. Visiblement mon compagnon s’était chargé du reste sans même que je m’en rende compte.

— Bon Mahu ! Qu’est-ce qui m’a pris ?

J’avais la tête lourde, l’impression que la pièce tournait, le sentiment d’être perchée au sommet du mont Cameroun…

— Wow ! C’est… c’est haut !

Je vacillai et faillis tomber mais deux bras forts et fermes me rattrapèrent par la taille.

— Descends de là ! m’ordonna une voix remplie de colère.

— Quoi ? demandai-je, encore tout étourdie.

— Tu descends tout de suite, je te ramène. À quoi tu pensais ?

— De quel droit vous me parlez de la sorte ? On se connaît ?

— Peu importe, tu viens avec moi.

Il me redressa, puis ôta son blouson en cuir marron qu’il posa sur mes épaules.

— Reprenez-le je n’en ai pas besoin.

— Si.

— Je vous dis que je n’en veux pas, alors reprenez-le.

— Tu dois te couvrir alors tu le gardes le blouson. Et maintenant, t’arrêtes de faire la petite fille gâtée. On y va.

— Hey, pour commencer vous me parlez sur un autre ton et vous évitez de me tutoyer car on ne se connaît ni d’Adam ni d’Eve. Et ensuite, je n’irai nulle part avec vous.

— Tu crois ?

— Certaine, je suis allergique aux personnes malpolies.

— Tu penses ce que tu veux tant que tu me suis.

— Ha ! Ha ! Vous suivre ? Et pourquoi je le ferais, pour vos beaux yeux peut-être ?

Il sourit.

Depuis tout à l’heure, son visage était resté fermé et tout ce que je voyais c’était quelqu’un de banal qui essayait de se rendre intéressant. J’étais face à lui mais sans lui prêter grande attention. Et tout d’un coup, ce léger sourire qui illumina son visage vint tout bouleverser. Je restai le souffle coupé. Je découvrais à présent un beau visage à la mâchoire carrée. Il sembla plutôt jeune, j’aurais dit aussi jeune que Louis malgré cette barbe naissante qui lui recouvrait le menton. Et ses yeux ! Oh oui, il avait de beaux yeux ! De beaux yeux verts, encore. Oui, je sais. Pour moi aussi ça devenait choquant parce que j’étais convaincue que les yeux verts c’était assez rare. Mais à croire qu’au cheval blanc l’étrange devenait chose courante. Tous, à l’exception de Danny, avaient des paires d’émeraudes à la place d’yeux. Seule l’intensité variait d’un individu à un autre. Les siens étaient aussi clairs que ceux de… Je ne pouvais me tromper. Seulement, je trouvai ceux-ci encore plus beaux. Ça devait être à cause de ce regard perçant – dû à ses sourcils foncés et épais, parfaitement dessinés – qui lui donnait un air très viril. Et cette bouche fine surmontée d’un nez épaté venait compléter sa beauté. Je recommençai à avoir très chaud mais c’était une chaleur différente de celle qui m’avait poussé à me déboutonner quelques minutes plus tôt. Lentement, elle se transforma en un désir intense qui vint balayer le peu de raison qui me restait et c’est sans réfléchir, yeux fermés, que je pressai mes lèvres gourmandes contre les siennes. Je les gouttai et crus mourir de plaisir. Elles étaient chaudes et douces. Mon rythme cardiaque s’accéléra. Je perdis tout contrôle. J’en voulais plus… plus que cette simple caresse. Audacieuse, ma langue s’aventura alors peu à peu entre ses lèvres qui s’entrouvrirent simultanément, m’invitant dans leur intimité. Nos langues se cherchèrent, se trouvèrent, se frôlèrent, se caressèrent et juste quand elles allaient s’enlacer, quand le ballet endiablé dont la simple figuration faisait naître une agréable humidité dans mon bas ventre allait débuter, il me stoppa net. Pantoise, je le fixai sans un son. Je ne comprenais pas. Il m’avait pourtant laissé entrer… Mais pourquoi ? Pourquoi, si je le rebutais tant que ça ? Et moi qui m’étais déjà imaginée la saveur du mariage de nos langues.

Les battements de mon cœur continuèrent à s’accélérer encore un moment. Puis subitement, la tristesse m’envahit. Frustration du désir inassouvi, rejet… Bon Mahu ça faisait mal ! Il me fallut quelques minutes pour que je revienne à moi, honteuse, mais loin d’être déçue. Et la voix de Louis me ramena encore plus durement à la réalité.

— Désolé mon vieux mais elle est avec moi, rétorqua ce dernier sur un ton que je n’appréciai pas beaucoup.

J’avais envie de lui crier de respecter ma douleur. L’autre ne fit même pas attention à lui et me prit la main, toute moite, avant d’annoncer :

— On y va.

— J’ai dit qu’elle était avec moi. Elle n’ira nulle part, répliqua de nouveau Louis.

— Louis, écrase.

— Laisse tomber Louis, supplia Tahb qui avait l’air intimidé par le nouveau venu.

— Ne t’en mêle pas. C’est entre moi et mon bon vieux copain Palton.

— Tu ne trouves pas que t’as déjà assez profité de la vue ? Allez, laisse cette pauvre fille tranquille.

Pauvre fille ? Pour qui il se prenait pour me juger ainsi ? Il ne savait rien de moi et pourtant il se permettait de me traiter de pauvre…

— Écoutez-moi bien monsieur le prétentieux…

— Pardon ?

— Quoi ? Vous voulez que je répète ? Oui, vous l’êtes, prétentieux. Et je vous rassure, votre prétention n’a d’égal que votre arrogance. Surtout, n’allez pas croire qu’à cause de ce qui vient de se passer vous avez tous les droits. Ceci n’était qu’un moment d’égarement. Je vous prierai donc d’éviter à l’avenir de me prêter des qualificatifs pareils. Je ne suis pas une pauvre fille, je ne faisais que m’amuser, voilà tout.

— Ce que tu faisais, ce ne sont pas mes affaires.

— Exact ! Ce ne sont pas vos affaires.

Sur ce, je dégageai ma main et reculai. Mais il me rattrapa brutalement par la taille et me plaqua contre lui, me forçant à m’imprégner complètement de son odeur. Une agréable odeur de virilité et de parfum frais, délicieux, qui rappelait la sauge et le bois de cèdre. Je sentis mes seins se presser contre son torse. Une nouvelle fois, s’empara de mon être tout entier cette sensation de chaud.

— Où tu comptes aller comme ça petite ? Je te l’ai dit, tu viens avec moi. Écoute, si je suis là c’est seulement parce que mon frère t’aime bien.

En plus d’être malpoli, il avait ces airs de macho qui me mettaient hors de moi. Rien à voir avec le gentleman qu’était Black.

— Je n’ai pas besoin de votre aide.

— Tu vois, je n’en suis pas si sûr. D’après toi, qu’est-ce qui se serait passé si je n’étais pas intervenu il y a quelques minutes ?

— Louis s’en serait chargé, répondis-je en le défiant du regard.

Durement, il le soutint et dans ses yeux je vis apparaître des éclairs filants qui me firent frissonner. Elles dansaient au fond des émeraudes telles des lucioles dans un jardin et je n’arrêtais pas de penser que leur danse terminée, elles troueraient le mince voile sclérotique et viendraient transpercer mes yeux marrons. Et je pleurerai du sang pour avoir osé le défier du regard. Ce n’était (peut-être) que mon imagination mais me figurer des larmes de sang me glaça d’effroi et m’obligea à baisser la tête.

Toujours pressée contre son torse, je suffoquais tandis que ses mains elles, commençaient à laisser des traces sur mes hanches. Elles me brûlaient. Je me déhanchai tant bien que mal pour me libérer de son empoignement mais ses mains fortes s’agrippèrent de plus belle. Je relevai lentement la tête, des yeux je le suppliai de me lâcher. Il n’en fit rien, au contraire je lus sur son visage une certaine satisfaction qui m’insupporta. Alors j’essayai de me dégager à nouveau, en poussant vers l’arrière mais il serra encore plus fort et me ramena à lui. Folle de rage, je luttai contre son torse jusqu’à ce qu’il se décide à me lâcher. Je courus de suite me mettre près de Louis qui, à son tour, posa une main sur ma hanche, un grand sourire aux lèvres comme s’il venait de gagner un trophée. Je pris aussitôt sa main et la passa autour de mon cou car mes hanches me brûlaient tellement que je ne pouvais supporter un nouveau contact à cet endroit.