Hope of darkness - Toon D. Sensei - E-Book

Hope of darkness E-Book

Toon D. Sensei

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Beschreibung

Séléna est une jolie jeune fille brillante et altruiste. Cependant, elle a une existence bien morne : sa famille la rejette comme une pestiférée et personne n'ose vraiment l’aimer ni la comprendre. Un jour, d’étranges phénomènes viennent bousculer sa triste routine. Avec ses amis, elle découvre un monde au-delà de la perception du commun des mortels…

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Veröffentlichungsjahr: 2022

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Toon D. Sensei

Hope of darkness

Roman

© Lys Bleu Éditions – Toon D. Sensei

ISBN : 979-10-377-6036-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Une lune sous le soleil

À travers une fenêtre, on peut voir beaucoup de choses : cela peut aller du simple verre qui la compose, passer au décor qu’il y a derrière, à un Eden symbolisant la liberté.

« Mademoiselle Séléna Del Sola, puis-je vous sortir de votre rêverie pour résoudre cette équation ? »

La jeune fille concernée cesse de regarder la fenêtre et se dirige vers le tableau devant toute la classe en admiration. Elle a de longs cheveux châtains lissés en carré légèrement dégradé sur le devant, et des yeux hétéros chromiques, un bleu et un rouge. Elena porte un chemisier blanc sous une veste u tailleur, un jean slim et des ballerines. La jeune demoiselle est vue par l’ensemble des lycéens comme la fille la plus raffinée, la plus charmante et la plus intelligente du lycée Marsha. Nombreux sont ceux qui la respectent, même les élèves les moins assidus aux études. À peine la jeune fille arrive au tableau qu’elle résout l’équation sans difficulté, faisant la fierté de son professeur.

***

Séléna est devant son casier, choisissant ses affaires pour le cours suivant, quand elle entend un grand fracas : elle voit alors un élève à la coupe au bol, se faire martyriser par un autre beaucoup plus grand, portant une veste en cuir. La jeune fille reconnaît le plus costaud : Bill Adic, surnommé « Billy le Caïd » dans le lycée, connu pour être le plus brutal élève du bahut. Rares sont les élèves qu’il n’a pas cherché à tracasser et de plus ses notes ne sont pas connues pour être excellentes… Pourtant, Séléna réussit bien des choses vis-à-vis de lui.

« Dis donc, Billy, t’as rien de mieux à faire que de voler l’argent de Manny ? demande gentiment la fille.

— C’ne sont pas tes oignons, Séléna, répond Billy.

— S’il te plaît ? demande poliment la lycéenne.

— Comme s’il suffisait de dire “s’il te plaît” à ce genre de brute…

— La brute va te faire ravaler ta langue si tu continues de l’insulter, s’énerve le Caïd.

— Non, la brute va doucement reposer Manny, plaisante Séléna.

— Il vient de m’insulter pour la deuxième fois, s’énerve Billy.

— Il va s’excuser, ne t’inquiète pas, rassure la jeune fille.

— Mais c’est lui, la…

— Manny ? demande gentiment Séléna.

— Euh… Je m’excuse de t’avoir traité de “brute”… s’excuse le dénommé Manny.

— Mmmmh ?

— Billy ? demande encore la jeune fille. S’il te plaît.

— Pfff… Okay… se résigne la brute en reposant sa victime avant de se tourner vers Séléna. Dis-moi, tu voudrais bien m’expliquer comment on calcule les probabilités? J’y comprends rien…

— Je vais y réfléchir… »

Bill esquisse un petit sourire avant de partir. Manny, le garçon que vient de sauver Séléna, remercie la jeune fille avant de filer. Ce n’est pas la première fois qu’elle aide quelqu’un dans le besoin : en fait, elle a toujours fait preuve d’altruisme pour n’importe qui… même pour Billy : Ses notes ont pas mal remonté grâce à l’aide de Séléna, ce qui, selon certains, est la principale raison pour laquelle le garçon s’assagit depuis quelque temps.

***

Les cours sont terminés. Une délivrance pour certains, mais pas pour tout le monde. Séléna est avec Olivia « Liv » Nos, sa meilleure amie, et toutes les deux discutent quand arrive le bus.

« Je suis désolée, dit Liv, mais je pars chez ma grand-mère… je ne peux pas t’inviter chez moi, aujourd’hui.

— Non, je comprends, répond Séléna en tournant la tête déçue, avant de voir Billy arriver… mais je peux peut-être quand même trouver quelqu’un pour m’échapper.

— Tu comptes convaincre le caïd ? T’as pas peur qu’il te…

— Ce ne sera pas la première fois que je vais chez lui : il n’est pas aussi brutal qu’il y paraît.

— Évite d’ébruiter ça, s’il te plaît ? dit Billy les ayant rejoints. Ma réputation de caïd, j’y tiens.

— Ne t’inquiète pas, elle dira rien.

— Je veux bien te croire, répond le Caïd, mais si tu espères venir chez moi, ça ne va pas être possible ce week-end. Vraiment désolé. »

Séléna est encore plus désappointée : il est à présent clair qu’elle doit rentrer chez elle… Or c’est la seule chose qu’elle préfère éviter.

***

La jeune fille arrive devant chez elle : un bâtiment imposant doté d’un jardin entouré d’une clôture. Voyant la maison, elle respire un grand coup, comme si elle allait passer un examen. Elle s’avance vers la porte, longeant la poubelle, saisit la poignée, avec la volupté d’un chat, tourne le bouton de porte… Séléna est enfermée dehors. À l’intérieur de la maison, elle entend clairement sa famille qui, comme d’habitude, a complètement oublié son existence. À l’écoute des sons, son frère, sa sœur, sa mère et son père sont en train de regarder la télévision et s’extasient devant leur émission. N’ayant pas le droit à un double des clés, elle pourrait frapper à la porte mais elle se doute de ce qu’il se passera si elle les interrompt dans leur « repas familial » : elle va se faire disputer par sa mère pour les avoir interrompus, son père va certainement la gifler, son frère va probablement la traiter de tous les noms et sa sœur risque fort de s’amuser à lui balancer sa nourriture dessus. Étant donné la situation, elle va devoir passer par le jardin : la jeune fille a prévu un moyen de passer la clôture depuis bien longtemps sachant que sa famille a une vision bien particulière de Séléna. De par ses yeux hétéros chromiques, la jeune fille ne leur semble pas (normale), d’ailleurs son frère et sa sœur la surnomment « la mutante », mais sa personnalité, ses manières et sa façon de penser vont à l’encontre des convictions de sa famille. Son père est le patron d’un casino, casino dont il n’hésite pas à truquer les jeux pour faire perdre plus d’argent à ses clients. Malheureusement, la moindre accusation à son encontre a toujours fait chou blanc… grâce à sa femme, qui est aussi son procureur : une très bonne avocate, toutefois très vénale, n’acceptant de défendre que les plus fortunés même s’ils ont du sang sur les mains. Son frère, quant à lui, est un véritable coureur de jupons, draguant toutes les minettes qu’il croise en leur proposant un petit verre d’alcool jusqu’à ce qu’elles soient tellement ivres qu’elles ne se rappellent même plus leur nuit. Il est bien décidé à reprendre le business que son père compte lui léguer. Sa sœur est une goinfre, qui passe son temps à se bâfrer : elle est donc en surpoids mais se croit toujours aussi mince et se prend pour un mannequin. Et elle pense que perdre du poids est aussi facile qu’en prendre. La jeune fille saisit la poubelle, la place à côté de la palissade, grimpe sur l’objet métallique et passe au-dessus de la barrière. Elle ouvre ensuite la porte du jardin et rentre discrètement dans la maison, avant de monter tout aussi silencieusement dans sa chambre. Une fois rentrée, elle pose son sac et en sort un sandwich qu’elle avait pris soin de préparer au cas où elle se retrouve dans cette situation. C’est ainsi que se déroule sa vie depuis toujours. La jeune fille croque dans son repas tandis que des larmes coulent sur son visage, seule dans cette famille qui pourtant l’a vu naître.

***

Le soleil perce à travers la chambre réveillant la jeune fille. Elle regarde aux alentours : cette petite pièce tout juste assez grande pour contenir un lit, un bureau et une étagère… ce n’est même pas une chambre… juste un débarras aménagé pour elle. Dépitée, elle observe son étagère : elle remarque un livre manquant. Sa famille se fiche complètement de sa vie, en particulier de ses bouquins… donc la disparition d’un livre lui paraît étrange. Toutefois, elle se doute de la réaction de sa famille si jamais elle leur en parle : ou ils en auront rien à faire, ou ils s’énerveront qu’elle gaspille de l’argent pour si peu. Bien que curieuse, Séléna ne veut pas rester dans cette maison qu’elle hait de tout son cœur : elle décide donc d’aller à la bibliothèque, comme à son habitude. Elle prépare donc son sac qu’elle pose au côté de son lit, le temps de prendre les livres qu’elle a empruntés quand un bruit la surprend : elle se retourne et remarque juste que son sac est tombé. Rien d’inquiétant.

***

Séléna arrive à la bibliothèque afin de ranger dans les rayons des livres qu’elle a empruntés… toutefois, elle n’a pas choisi des bouquins qui sont dans les mêmes étagères. Elle finit par trouver un des emplacements où replacer un de ses emprunts. Elle fouille dans son sac à la recherche du bon livre… mais elle ne le trouve pas. Elle se revoit très clairement mettre le livre dans son sac mais à la place, elle trouve le bouquin qui a disparu de son étagère ce matin. N’ayant d’autre choix que faire avec, la jeune fille part dans un autre rayon mais il lui manque encore un livre. Cette fois, elle ferme son sac et saisit fermement la fermeture éclair : si quelqu’un tente d’y mettre la main, elle le sentira sûrement. Malheureusement, son plan se solde par un échec : il ne reste plus que le livre réapparu. La jeune fille vide son sac mais hormis les livres, rien n’a été volé… en plus, le sac ne paraît ni troué ou abîmé… Elle a affaire à un bien étrange mystère.

***

La jeune fille passe la journée à la bibliothèque, comme à son habitude, sauf que cette fois, elle n’a pas pris de livre à emporter, vu qu’elle ne peut pas rendre ceux qu’elle a empruntés. Elle rentre chez elle, dans une maison vide, par chance : les raisons de l’absence des membres de sa famille ne lui paraissent que trop évidentes et pas vraiment morales. Elle a appris à se débrouiller seule ; donc se nourrir et cuisiner n’est donc pas un problème, mais elle doit faire en sorte qu’ils n’apprennent rien : ils considéraient qu’elle devrait leur faire encore plus de boulot. La jeune fille pose son sac sur la table, juste à côté de la corbeille de fruits et se dirige vers la cuisine pour chercher des couverts qu’elle ramène vers la table quand un détail la frappe : les fruits sur la table sont parcourus de motifs en spirale… bien que cela puisse être une simple décoration, il s’agit bien de vrais fruits mais ce n’est le genre de sa famille de perdre son temps à décorer eux-mêmes quoique ce soit. La jeune fille se dit juste qu’ils ont acheté un truc à la mode donc elle retourne dans la cuisine… mais une fois de retour, elle constate que tous les fruits ont disparu…

***

Séléna est en pleine réflexion : entre les livres et les fruits qui disparaissent, elle ne sait plus où donner de la tête. Couchée sur son lit, ça la travaille. Alors qu’elle énumère toutes sortes de possibilités, elle entend soudainement hurler dans la pièce en bas. Elle sursaute alors de terreur : à coup sûr, ses parents sont rentrés et ont constaté l’absence de la corbeille de fruits. Évidemment, celle qui va trinquer, c’est bien sûr Séléna. Selon eux, elle mange trop pour quelqu’un qui veut aussi inutile. La jeune fille, de peur, saute de son lit et se cache dessous, priant pour qu’ils n’aient toujours pas l’idée de regarder sous le meuble. Cachée dans la pénombre, elle entend la porte de sa chambre claquer et son père vociférant contre Séléna. Elle l’entend maugréant sur elle, la rabaissant, indigne de lui. Alors que les secondes semblent durer des heures, la jeune fille tend l’oreille, aux aguets sur les déplacements de son père. Toutefois, autre chose va attirer son attention : une faible lueur rouge va briller au coin de son œil. Elle tourne la tête mais la lueur semble avoir disparu. Cela dit, elle est sûre de ce qu’elle a vu : elle plisse les yeux pour se concentrer sur l’emplacement… quand deux yeux rouges apparaissent devant elle. Poussée par la surprise, elle lâche un cri de surprise, ce qui ne manque pas d’alerter son père… et de trahir sa cachette. Découverte, Séléna se retrouve traînée par les cheveux.

***

« T’espères vraiment me faire croire ça, Séléna ?

— Puisque je te dis que j’ai juste eu envie de me couper les cheveux, Liv...

— Alors que t’étais si fière de tes longs cheveux ? Je dirais plutôt qu’il s’est passé ce que j’ai toujours craint : ta famille… t’a coupé les cheveux par cruauté, pour te faire pleurer.

— Bien sûr que non…

— Tu mens très mal… »

Liv connaît bien sa meilleure amie : elle connaît sa famille et sait très bien comment elle vit, raison pour laquelle elle ne refuse que très rarement que Séléna vienne chez elle, voire y dormir. Toutefois, celle-ci n’a jamais tenté de quitter sa famille ou essayé de prévenir les services de l’enfance… et personne n’arrive à comprendre la raison pour laquelle elle tait ces sévices. Cela dit, à l’heure actuelle, ce n’est pas sa priorité : elle repense à ce qu’elle a vu sous son lit et à l’histoire des fruits et des livres. Elle n’a aucune garantie ou preuve, mais elle est certaine que les deux sont liés.

— Séléna, tu comptes manger ? Je sais que la bouffe de la cantine est dégueu mais c’est pas une raison pour faire la grève de la faim.

Elle sort de sa réflexion par la remarque de Liv. Elle était tellement plongée dans ses pensées qu’elle n’a pas touché son assiette.

« Désolée. Il m’est arrivé quelque chose, récemment…

— Non, c’est moi qui les ai coupés à cause des mèches que j’ai perdues, lassée des préjugés de son amie.

— Ils ne veulent pas gâcher des ciseaux pour toi au point d’y aller à la main ? continue de plaisanter Liv en haussant la voix.

— Tu devrais parler plus fort ! s’énerve la jeune fille en se levant de sa chaise. Je crois que tout le monde t’a pas entendue. »

Séléna a bien compris les intentions d’Olivia : elle veut que tout le monde soit au courant que son père l’a traîné par les cheveux au point de lui arracher plusieurs mèches. Après, ce n’est pas comme si personne n’était au courant sur le comment sa famille se comporte. Tout le monde souhaite l’aider… mais personne n’en a les moyens. Ses parents ont le bras long et même s’ils ne l’apprécient guère, ils refusent d’abandonner leur « propriété » : ils la « dresseront » comme ils le veulent… La jeune fille se calme, sachant pertinemment qu’elle n’arrivera pas convaincre sa meilleure amie. Elle remarque alors que la poire que Liv avait prise en dessert a roulé jusqu’au bord de la table. Elle la saisit et la pose sur le plateau.

« Dis-moi, Liv, tu vois un intérêt à tailler des spirales dans des fruits ?

— Être un fan hardcore d’un truc ?

— Je suis sérieuse !

— Beuh ! moi aussi, vu que c’est la seule explication qui me vient à l’esprit.

— Je ne vois même pas pourquoi je te demande…

— C’est sûr, je n’ai pas ta caboche… mais ça me convient très bien.

— Y a de quoi t’envier d’être aussi simple d’esprit…

— Merci du compli… elle est où ma poire ? »

Séléna voit la poire au bord de la table comme tout à l’heure. Elle la saisit et la pose au centre de la table avant de se concentrer dessus.

« Tu peux me filer ma poire, s’teuplait ? demande Liv.

— Tu ne trouves pas ça bizarre qu’elle se soit retrouvée au bord de la table ?

— Beuh elle a roulé, non ?

— Les bords du plateau sont surélevés donc impossible qu’elle est roulée jusque-là… De plus, si tu regardes bien, elle ne bouge pas actuellement. Elle devrait rouler jusqu’au bord de la table si celle-ci est inclinée.

— Très intéressant, répond Liv en ramassant la poire et en la croquant.

— Eh mais…. je suis en train de mener une étude, là ! »

***

Séléna et Liv sont en cours, un peu en froid, à la suite de ce qu’il s’est passé à la cantine : entre le sérieux de l’une et l’insouciance de l’autre, les tensions ne sont pas rares entre les deux même si ça ne les empêche pas d’être amies. Au bout d’une demi-heure de cours, il s’avère que Séléna a besoin d’affaires restées dans son sac mais quand elle baisse les yeux dessus, son sac n’est plus là. La jeune fille se met donc à le chercher du regard, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention de sa voisine.

« Qu’est-ce que tu cherches ? demande Liv.

— Mon sac a disparu.

— T’es sûre qu’il n’a pas juste glissé un peu plus loin ?

— Si c’était que ça, je l’aurais déjà retrouvé…

— Dis donc, mesdemoiselles, s’énerve le professeur, qu’avez à dire de plus intéressant que mon cours ?

— N’importe quoi, répond Liv, vu que tout est plus intéressant qu’un cours.

— T’es pas bien de dire tout haut ce que tout le monde pense ! crie Séléna en l’encontre de son amie.

— Je crois que ce que tu viens de dire est pire que moi. »

L’hilarité générale s’empare de la classe. Séléna a beau être une fille affable et intelligente, le caractère calme et insouciant de Liv finit toujours par la faire réagir de manière irréfléchie. Le calme revient lorsqu’un employé de la cantine arrive entre dans la pièce.

« Y a-t-il une Séléna Del Sol dans cette classe ? demande l’arrivant.

— Oui, que lui voulez-vous ? demande le professeur.

— Tous les fruits de la cuisine ont disparu… explique l’employé en montrant le sac de la concernée, et il se pourrait que cette fille en soit responsable.

— J’en doute fortement, défend l’instituteur, elle est présente depuis le début du cours.

— En êtes-vous certain ? interroge l’accusateur. Elle a très bien pu échapper à votre vigilance.

— Monsieur, si je puis me permettre, interrompt l’accusée, comment avez-vous constaté le vol de vos fruits.

— Quoi ? s’exclame l’employé avant de daigner répondre. Eh bien, j’avais laissé les plats sur un des meubles, j’ai tourné le dos une minute et quand je me suis retourné, il n’y avait plus aucun fruit.

— Et c’était il y a combien de temps ? continue Séléna.

— Mmmh… précisément, je ne sais pas mais je dirais sept ou huit minutes.

— Et il faut environ six minutes pour faire le chemin de la cantine jusqu’à cette salle, voire faire l’aller-retour en courant. Or, je suis allé au tableau, il y a cinq minutes. Il est donc impossible que je quitte discrètement la classe, fasse l’aller-retour en volant les fruits et revenir aussi secrètement à ma place pour être interrogé, déduit la jeune fille. J’ai donc un alibi.

— Depuis quand t’as un mode Sherlock Holmes, toi ? demande Liv.

— Je te signale que c’est sérieux, c’t’histoire ! s’énerve Séléna.

— Je vois, comprend l’employé, le voleur a donc juste laissé un sac oublié. Je ne risque pas de le retrouver.

— C’n’est pas un peu extrême pour un vol de fruits ? chuchote Liv.

— Il est peut-être juste intransigeant, murmure Séléna à son amie.

— Au moins, t’as retrouvé ton sac.

— C’n’est pas rassurant pour autant, réfléchit pensivement la jeune détective. Déjà, cette histoire de fruits volés ressemble à celle que j’ai vécue chez moi et ce midi. De plus, j’ai sorti mes affaires de mon sac au début de l’heure donc quelqu’un aurait embarqué mon sac et l’aurait abandonné dans le réfectoire ? Mais quel est l’intérêt de faire ça ?

— T’as pas l’impression d’être un peu parano ?

— Tu ne me crois pas, c’est ça ?

— C’est plutôt que j’ai du mal à comprendre pourquoi ne voler que des fruits… si je devais voler à manger, ce serait des tomates.

— C’est un fruit aussi, j’te signale !

— M’en fous j’adore ça.

— C’n’est pas la question. Oh ! je laisse tomber : tu ne prends jamais rien au sérieux. Je ne vois même pas pourquoi on est devenue amie.

— Parce que je suis la jeune fille la plus gentille du monde. »

Séléna s’en va, lassée de la désinvolture de Liv. Malheureusement, sous le coup de la colère, la jeune fille en oublie son sac. Liv le remarque bien. Elle saisit le sac de son amie et commence à suivre son amie. C’est d’ailleurs pour cela qu’elles sont amies : elle veille sur elle depuis ce fameux jour.

***

C’était une journée banale. Séléna était en train d’étudier quand elle vit Liv se faire embêter par une petite frappe. À cette époque, Séléna était déjà une enfant altruiste et intelligente et elle ne pouvait laisser une camarade se faire martyriser. Quant à Olivia (Liv), en ce temps-là déjà, avait déjà un look débraillé et un côté insouciant à la limite du je m’enfoutiste. Elle a donc rangé ses affaires et s’est approchée pour parlementer… mais ça ne s’est pas très bien passé : la petite frappe n’a pas voulu l’écouter à cause de ses yeux hétéros chromiques… Séléna a insisté tant et si bien que le garçon en a perdu son sang-froid et s’est mis à la taper. Il ne fut arrêté que par l’intervention de Liv... qui lui donna un coup de pied dans l’entrejambe. Son enquiquineur hors service, Liv s’adresse alors à sa jeune défenseuse.

« T’es chelou comme fille : provoquer un abruti comme lui c’est pas malin.

— Je ne pouvais pas laisser quelqu’un se faire martyriser sans réagir.

— ….. Tu voulais te faire tabasser ?

— C’n’est pas ce que je veux dire ! C’est juste que laisser quelqu’un en difficulté sans réagir, ça ne se fait pas.

— En quoi j’avais des problèmes ? vu que je m’en moquais totalement.

— Comment ça ?

— Il se moquait de mon look… mais les gens peuvent dire ce qu’ils veulent de moi, je m’en fiche : je me sens bien dans ma peau comme je suis alors je ne vois pas pourquoi je changerais.

— T’as raison : t’es libre de vivre et de penser comme tu veux. C’est comme ça qu’on est heureuse : quand on se sent libre de ses choix.

— … Tu ne cours pas un peu trop après les queues de fées, toi ?

— C’est quoi cette expression débile ?

— T’es cool comme fille. »

***

Liv avance dans la cour avec le sac de Séléna pour le rendre à son amie. En avançant, elle passe devant un groupe de garçon. Olivia a toujours eu l’ouïe fine et la conversation des garçons la fait doucement rigoler : ils sont en train de faire un classement des plus belles poitrines. Liv se moque de l’avis des autres et ce n’est pas parce qu’ils vont prétexter aimer la sienne (en termes de sex-appeal, Liv a été bien gâtée) ; mais pour elle, bien plus que Séléna, ça n’a aucune importance. Soudain, Olivia ressent une drôle de sensation, comme si on lui massait la poitrine… pourtant elle ne voit personne. La sensation devient plus ambiguë manquant de lui faire lâcher un cri. La jeune fille se met à courir dans un endroit isolé, lâche le sac et commence à retirer un vêtement du haut quand elle constate que la sensation a disparu. Toutefois, elle vérifie tout de même l’état de son corps… mais elle ne constate rien d’anormal. Elle remet le vêtement qu’elle a retiré… le devant derrière et le dedans dehors mais elle s’en fiche, comme toujours. Elle saisit le sac de Séléna et commence à repartir mais elle a à peine le temps de quitter sa zone d’isolement qu’elle a de nouveau l’impression qu’on lui touche la poitrine. Sous l’effet de la surprise, Liv lâche un cri mais ce coup-ci elle retire immédiatement ses fringues : À ce moment-là, une légère fumée s’échappe de sous ses seins et elle entend un léger cri de douleur venu d’elle ne sait où. La sensation s’arrête aussi brusquement qu’elle a commencé. Elle comprend que quelqu’un joue avec son corps et se met à chercher le coupable du regard quand elle trouve Billy le Caïd.

« Tu crois que je vais te laisser partir après m’avoir tripoté, s’énerve Liv, à moitié dénudée, en fonçant vers lui.

— De quoi tu parles ? »

***

« Tu t’es enfin décidé à me croire, hein, Liv ? ravie de ne plus être la seule à ressentir ce phénomène étrange.

— Rhoooo ! Ça va ! Toi, on n’a pas joué avec tes mandarines, s’énerve Olivia.

— Au fait, pourquoi Billy est-il dans cet état ?

— Oh trois fois rien !

— Me faire tabasser parce que tu crois que je suis ton tripoteur, je n’appelle pas ça “trois fois rien…” se plaint Billy.

— Au fait, Liv, je sais que tu t’en fous mais tu ne crois pas que tu devrais remettre tes vêtements.

— J’ai dû les enlever pour qu’on arrête de me tripoter.

— C’n’est pas une raison pour te balader à moitié nue au bahut.

— Je ne vois pas où est le problème : j’ai rien à cacher… surtout que je ne vois pas l’intérêt de cacher un corps comme le mien.

— Je me doutais que t’avais des penchants exhibitionnistes.

— Je plains le mec qui voudra sortir avec elle, murmure Bill, ce qui lui vaut de recevoir un coup.

— Je vais te montrer ce qu’il en coûte de te moquer de moi, s’énerve Liv.

— Dites ? demande Séléna. Vous pouvez rester concentrés sur le plus important.

— C’est ce que je fais, répond Olivia, je lui montre qu’il ne faut pas me provoquer.

— Je suppose que je vais devoir résoudre ce mystère toute seule, soupire la jeune fille.

— Mais nan, rassure-toi, je vais t’aider, affirme Liv, le sourire aux lèvres.

— Moi aussi, dit Billy, surprenant l’exhibitionniste qui se met à tirer sur les joues du garçon.

— Qu’est che ue u fais là ?

— Tu veux bien retirer ton masque, l’imposteur ? demande Olivia.

— Attends, c’est vraiment l’image que t’as de moi ? s’étonne Bill. Je ne suis pas un salopard à ce point !

— Ah c’est beau l’amourrrr, se moque Séléna.

— C’est qui cette nana qui fait de l’humour avec la tête de Séléna ? s’exclame Bill.

— Eh mais c’est ma réplique ! T’as pas le droit de faire ça ! »

Chapitre 2

Mystère attrapé

Séléna est dans la maison de Liv et a choisi de dormir chez elle, d’une part pour échapper à sa famille, et d’autre part pour parler des récents phénomènes étranges elle aurait volontiers invité Bill mais Liv a refusé tout net… cela dit, quand elle entre dans la chambre de sa meilleure amie, elle se dit que ce n’est pas plus mal…

« Dis-moi… c’est nouveau cette lubie de ne pas porter de haut ?

— Tu sais, ce n’est pas si désagréable.

— Tu ne vas quand même pas faire pareil au bahut… T’es vraiment devenue exhibitionniste ?

— Rhhoo ! Allez… dit Liv en saisissant la poitrine, toi aussi, t’as des seins à faire tourner les têtes.

— Arrête ça, je n’aime pas ça…

— Quoi ? Qu’on joue ensemble ? »

Et Olivia se met à jouer avec Séléna : tantôt, elle la chatouille, tantôt, elle la tripote. Même si elle se sent gênée, Séléna s’amuse bien avec sa meilleure amie.

« Dis-moi, commence soudainement Liv avec un ton sérieux, tu penses vraiment qu’on peut faire confiance à Billy le Caïd pour nous aider ?

— Déjà, je te prierais de me lâcher… j’obtiendrais enfin un peu d’air. Tu sais, il n’est pas méchant en fait, juste un peu bourru.

— Ah, c’est beau l’amourrrr.

— Je t’ai déjà dit que ce n’était pas mon genre.

— En attendant, cette histoire mystérieuse est vraiment géniale.

— En quoi c’est censé être génial ?

— Bah, ça change du quotidien banal de notre vie : ça sera amusant.

— Tu n’as pas peur que ce soit dangereux ?

— C’est justement ça qui est amusant.

— Tu ne connais vraiment pas l’anxiété : je t’envie vraiment des fois… »

***

Durant la nuit, elle réfléchit : tous ces évènements ne lui paraissent pas anodins mais elle n’a aucun indice… et ce n’est pas Liv qui va l’aider : elle dort déjà profondément… les jambes sur le lit et le dos sur le sol… elle est du genre à avoir le sommeil agité. Alors qu’elle cogite, elle a soudain l’impression que quelqu’un joue avec sa poitrine. Séléna regarde Liv mais elle dort profondément et est beaucoup trop loin pour être responsable. Toutefois, ce toucher est loin d’être désagréable… au point où Séléna regrette presque quand ça s’arrête aussi rapidement. Se remettant de ses émotions, elle entend alors un grincement de porte : celle de la chambre. Elle sort discrètement de son lit et ouvre doucement la porte. Dans la pénombre, la jeune fille distingue une chose étrange : certes, elle ne voit qu’une ombre mais on dirait une poupée flottant dans les airs… Bien que peu rassurée par ce spectacle, elle se met à suivre discrètement la chose qui se dirige tout droit vers la cuisine. L’ombre entre dans la pièce et s’arrête devant un meuble qui est en partie éclairé par la lumière de la Lune filtrant à travers une fenêtre. Ce qui permet ainsi à la jeune fille, d’observer la créature avec plus de netteté : elle est d’assez petite taille, juste assez pour tenir en boule dans le sac de Séléna, il est possible de voir que la créature a deux yeux, un bleu avec l’iris violet mais l’autre semble recouvert d’un bandage, un visage humain. Toutefois le nez fait penser à une petite truffe, des oreilles de loup, les mains sont petites et fines, dotées de griffes tandis que les pieds, bien que globalement humains, sont pourvus de griffes et d’un ergot. Le corps a une morphologie assez féminine et une longue chevelure, dont on peut deviner la couleur cyan, complète le tableau. La créature approche sa main du tiroir et saisit la poignée… mais la petite chose ne semble pas capable d’ouvrir la porte : ses doigts glissent sur la poignée dans un petit bruit rappelant des ongles qui s’entrechoquent. La créature est gênée par les griffes de ses mains. Elle finit par jeter l’éponge, quand la chevelure de la chose se met à bouger comme un membre à part entière et prend la forme d’une main dont elle se sert pour ouvrir le tiroir. L’étrange entité se met à regarder dans le meuble avant de le refermer sans rien prendre. Elle se met à fouiller à travers les autres rangements, semblant chercher quelque chose. Séléna profite de ce moment pour retourner dans la chambre, prendre son sac et un vêtement et retourner dans la cuisine. La jeune fille arrive au moment où la créature semble avoir trouvé ce qu’elle cherche : des fruits. Voilà qui confirme les soupçons de Séléna : les vols de fruits étaient l’œuvre de cette petite chose. La raison, par contre, en était beaucoup plus évidente : il devait s’agir de sa principale alimentation. Toutefois, la petite entité ne mange pas immédiatement le fruit qu’elle tient, elle a même un comportement plutôt étrange : elle se met à tailler des spirales sur les fruits. Séléna voudrait continuer d’observer cette créature mais elle ne peut pas laisser cette curiosité s’échapper. La jeune fille s’approche discrètement d’elle et parvient à l’enfermer dans son sac dont elle scelle l’ouverture avec le vêtement qu’elle a pris dans la chambre. Enfin, elle a la source des phénomènes étranges de ces derniers temps. Elle peut prendre un repos bien mérité.

***

« Une poupée volante ? résume Liv.

— Non, ça y ressemble juste.

— Qui ne mange que des légumes ?

— T’as pas écouté un mot de ce que je viens de dire, en fait ?

— T’as réussi à choper la bestiole voleuse de fruits dans ton sac.