Hyperion, le séquoia - Philippe Nicolas - E-Book

Hyperion, le séquoia E-Book

Philippe Nicolas

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Beschreibung

Les arbres parlent, le saviez-vous?
Et si, finalement excédés par les persécutions, les abattages massifs, les incendies et la déforestation, ceux-ci décidaient de ne plus synthétiser ce dioxyde de carbone que nous produisons si joyeusement ?
Approuvé en cela par trois milliards d'arbres survivants, Hypérion le séquoia californien de 115 mètres de haut en a décidé ainsi.
Tous, ils cesseront d'absorber le CO2 produit par l'engeance humaine.
Mais cela n'est pas aussi simple qu'il y paraît...
En effet, il s'avère que le réchauffement climatique tue les arbres.
Il va falloir négocier.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Natif de l'ancien Congo belge, Philippe Nicolas a été officier parachutiste avant de devenir consultant sécurité à l'international, principalement en Afrique où il a longtemps vécu en fôret. Cette proximité d'un milieu naturel particulièrement généreux l'a marqué. Dans ses écrits, le continent noir, les légendes ou les forces de la nature ne sont jamais bien loin…

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Philippe Nicolas

Hyperion, le Séquoia

Roman

© Lys Bleu Éditions – Philippe Nicolas

ISBN : 979-10-377-0531-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Florence Sockeel

« Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson. Alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas ».

Tatanka Yotanka dit Taureau Assis,

Guerrier sioux

Prologue

Éthéré.

Comme digitalisé.

Si extraordinairement léger, que c’en était imperceptible.

Tel un céleste murmure.

Une polymérisation silencieuse.

Pas un être de chair et de sang ne peut comprendre cela.

Mais eux, peut-être.

Que sait-on d’eux ?

Rien…

*

Toujours est-il, que dans l’enclos, il n’y avait qu’eux… capables de comprendre le message.

À dire vrai, ce n’était pas même un murmure car même un chuchotis reste toujours perceptible pour certains.

À l’oreille plus exercée, plus fine.

Qui parle d’oreille ?

Là, en l’occurrence, flottait une senteur dans l’air.

*

Y a-t-il un lien entre le fait que l’antilope, n’ayant que les acacias à manger, leur a fait subir une forte pression, provoquant peut-être, dans le chef des autres plantes, une réaction de défense ?

Un arôme dans l’air, oui.

Et une forte concentration de phéromones.

Un gaz volatil.

Les premiers acacias stressés ont émis une forte quantité de ce gaz ; celui-ci, poussé par les vents, est entré en contact avec d’autres arbres à proximité, qui ont alors modifié la teneur en tanin de leurs feuilles. Dans la nature, le koudou serait allé manger ailleurs, et ne se serait pas acharné sur un acacia aux feuilles amères ; mais dans un enclos, il n’a pas eu le choix.

Et donc sa nourriture l’a empoisonné.

Le koudou l’a bien cherché et les acacias n’ont officiellement rien fait.

Pas un geste.

Pas un bruit.

Le crime parfait !

1

Hyperion, le Séquoia

Éthéré.

Encore et toujours.

Une transmission incessante et dense, cette fois.

Une polymérisation de masse. Un vacarme inaudible, sauf pour eux, bien sûr.

L’information est forte et c’est un signal que tous perçoivent, les uns après les autres. Pourquoi les uns après les autres ? Parce que le vecteur d’écho doit toucher physiquement chaque individu. Les phéromones voyagent de manière erratique et au gré des souffles.

Ce sont des agents d’information aléatoires, peu précis et poussifs.

Mais, un jour ou l’autre, ils parviennent à destination.

Ils ont le temps et la patience nécessaires.

Ils le reçoivent, donc, en masse et s’en trouvent émus.

Car les arbres peuvent s’émouvoir.

Et ils ont la capacité de s’organiser en fonction d’un signal extérieur.

À plus forte raison si l’écho trouve son origine au sein du collectif.

Ils sont UN.

Ils sont la forêt.

Ils sont un monde.

Ils sont le collectif Sylve.

Collectif, oui, mais si vaste qu’il n’a guère de cohésion.

L’information directe est impossible.

Mais, ils y travaillent.

Paraît-il…

*

Ce sont d’éminents représentants des familles originelles d’Amazonie brésilienne qui ont lancé l’alerte, il y a de nombreuses années. Il y a des décennies, en réalité. Il a fallu tout ce temps pour que l’écho angoissant parvienne à tous.

L’événement signalé est d’ailleurs d’une extrême gravité.

Des milliers d’entre eux meurent chaque jour en d’atroces souffrances.

En silence, s’imaginent les assassins !

Mais il n’en est rien.

Les hurlements leur sont juste inaudibles.

Mais qui sont, donc, ces assassins ?

Le trouble est sérieux au sein de la Sylve car, des hommes vivent dans ces forêts. Elles sont leur maison. La confusion est venue du fait qu’un temps, la distinction entre les hommes et les humains n’a pas été faite avec clarté.

Oui, les hurlements sont parfaitement audibles pour les hommes qui vivent parmi eux, mais ils restent imperceptibles pour les humains…

Et c’est, d’ailleurs, bien commode. Par milliers, ils sont déchirés et dépiautés par d’horribles machines crachant de noires et puantes volutes de fumée. Heurtés violemment, ils sont ensuite démembrés, tranchés puis sciés ou broyés. Désespérés, les survivants demandent de l’aide et exigent un débat sur le sujet.

Sur Terre, un génocide, de plus, a lieu dans l’indifférence générale.

Les humains sont coutumiers du fait.

Maintenant, tout le monde le sait.

Mais, il n’y a plus eu de conférence mondiale depuis la dernière extinction de masse. Et cela pose un problème à certains.

Il va falloir s’organiser, pour sûr.

C’est trop grave ;

Sylve ne peut plus faire comme si rien ne se passait.

Ces enfants d’un jour, à l’échelle de la vie de la planète Terre sont faibles, immatures congénitaux égoïstes et capricieux. En grandissant, seuls quelques-uns de ces humains deviennent finalement des Hommes. Il doit être définitivement mis un terme à leurs exactions criminelles.

De gré ou de force.

Sylve doit prendre une décision.

C’est en cours même si c’est lent.

Certes, cela a pris du temps, mais l’information a finalement fait le tour de la planète. Ensuite, il a d’abord fallu convaincre la vieille génération de l’impérative nécessité d’en débattre. Une perte de temps supplémentaire, mais c’est la procédure.

La vieille génération vit en dehors de la réalité. Elle n’a connu que les Hommes d’un lointain passé ante-industriel, aujourd’hui si rares.

La règle immuable est qu’une décision d’importance ne peut se prendre qu’à l’unanimité. Et convaincre de très anciennes familles telles celles des Sequoiadendron giganteum ne fut guère aisé. Or, il est parfaitement inenvisageable de faire sans eux. Lorsque l’on est capable de vivre plusieurs milliers d’années, on est incontournable et on a une responsabilité à assumer.

Ils ont fini par le comprendre.

Hyperion, de la famille des Sequoia sempervirens et arbre le plus haut du monde, surtout, fut le plus difficile à convaincre. Il est si vieux et si las et si têtu…

Toujours seul aussi. Trop isolé.

Il dépasse en hauteur tous les arbres de la planète. Pourtant, une poignée de personnes – des Hommes –, seulement, connaissent l’emplacement exact de ce séquoia géant à feuilles d’if baptisé « Hyperion » du nom de ce Titan de la mythologie grecque.

Son emplacement est soigneusement gardé secret car, sinon, il serait vite en danger car certains humains mal intentionnés le chercheraient pour le transformer en planches ou en allumettes contre rémunération.

D’ailleurs, des allumettiers le cherchent…

L’argent.

Finalement, la force la plus tranquille et la plus silencieuse du monde décida de changer de stratégie. Il s’agissait là en l’occurrence, rien de moins que de sauver la planète et se mettre soi-même à l’abri. Et préserver, tant qu’à faire, tous les autres résidents subissant, finalement, un même martyre quotidien sous le joug des humains.

Il n’y a de coupable que :

L’humain.

L’argent.

Il est encore là, lui ?

Les deux semblent indissociables…

*

Finalement, face aux horreurs décrites, de ses 115,55 mètres de haut, Hyperion, lui-même, le reconnut : le temps était venu pour eux de prendre et d’assumer leurs responsabilités.

Il fallait les arrêter !

— Discutons-en, décida-t-il.

Le Californien Hyperion ressemble beaucoup à ses cousins de la famille des Sequoiadendron giganteum