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"Itinéraire existentiel" retrace le parcours d’un homme égaré dans un monde énigmatique, où chaque paysage résonne comme un écho de son esprit. Entre désert aride, mer silencieuse et escaliers vertigineux, il affronte des épreuves qui l’obligent à interroger son identité et le sens même de son existence. À mesure qu’il avance, la frontière entre rêve et réalité s’efface, l’entraînant dans une quête intérieure profonde. Ce roman, porté par des métaphores puissantes et des réflexions universelles, invite chacun à sonder ses doutes et à redéfinir sa perception du réel.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Quentin Van Delsen s’initie à la littérature à l’adolescence, oscillant entre parodies mordantes et poésies poignantes. L’écriture devient rapidement un exutoire, un moyen d’explorer ses doutes, ses frustrations et ses douleurs. À travers la fiction, il transpose une part de son parcours tout en laissant au lecteur la liberté d’y projeter ses propres combats.
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Seitenzahl: 100
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Quentin Van Delsen
Itinéraire existentiel
Roman
© Lys Bleu Éditions – Quentin Van Delsen
ISBN : 979-10-422-6519-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À M. Bonvarlet,
dont les soupçons furent source de motivation.
À l’Athénée Royal Jules Bara (Tournai, Belgique),
à son personnel éducatif,
et à mes anciens professeurs et camarades.
La première sensation est celle d’un souffle. Un souffle qui traverse mon corps immobile, fragile. Il fait vibrer l’air autour de moi, une brise légère, presque imperceptible, qui joue sur ma peau. La seconde sensation est celle d’un poids. Un poids sur mes paupières, sur mes membres, sur mes pensées. Mon corps est lourd, ancré à une surface que je ne parviens pas à identifier. Pourtant, je ne suis pas au bord du gouffre de l’inconscience. Je suis éveillé. Terriblement éveillé.
Mon esprit flotte encore dans une étrange brume. Chaque pensée semble isolée, détachée de la précédente, comme si elle n’avait aucun lien avec la réalité, avec ce que je devrais comprendre. Une chose est pourtant claire : je suis nu. Nu et vulnérable, couché à même le sol, étendu sur un parterre froid et hostile. Le contraste est frappant entre la légèreté du souffle de l’air et la dureté de ma condition.
Je tente d’ouvrir les yeux. Ce simple geste me demande un effort immense, comme si chaque muscle de mon corps était figé, incapable de répondre. Mes paupières restent obstinément closes, comme scellées par une force invisible. Mon souffle s’accélère. Une vague de panique monte en moi, sourde et insidieuse. Je veux bouger, mais je ne peux pas. Mon corps est un poids mort, et ma conscience est piégée à l’intérieur, témoin impuissant de cette paralysie qui m’envahit.
Je connais cette sensation. Je ne saurais dire pourquoi, mais c’est familier, comme un souvenir enfoui qui refait surface. Mon corps est là, mais je ne peux rien faire. Il refuse de m’obéir. J’essaie de bouger, de lever ne serait-ce qu’un doigt, mais c’est comme si j’étais piégé à l’intérieur de moi-même, totalement paralysé. Pourtant, je suis conscient, étrangement lucide. Mes pensées sont claires, et je sens mon cœur battre. Mais aucune de mes volontés ne parvient à atteindre mes membres. Ils sont comme éteints, privés de vie.
C’est une sensation de panique sourde, une frustration grandissante. Je suis éveillé, je le sais, mais mon corps me trahit. Je suis comme un spectateur de moi-même, prisonnier de ce corps figé. Pourquoi ? Comment est-ce possible ? Chaque fibre de mon être semble figée dans une immobilité contraignante, et pourtant, mon esprit tourbillonne. Pourquoi ne puis-je pas me mouvoir ? Pourquoi cette sensation d’enfermement, comme si mes propres muscles s’étaient refermés sur moi-même ?
Les minutes s’étirent, interminables, et mon cœur bat de plus en plus fort. La paralysie s’accroche à moi, mais je commence à percevoir de minuscules changements, des picotements dans mes extrémités. Je sens le sable sous moi, cette texture fine et irrégulière, à la fois douce et abrasive contre ma peau nue. Il y a du sable sous mes doigts. Sous mes paumes. Ma perception s’aiguise peu à peu, comme si le monde recommençait à me parvenir par bribes, par fragments sensoriels.
Je m’accroche à ces sensations, espérant que mon corps suive bientôt. Ma respiration se fait plus lente, plus régulière, tandis que je tente de calmer la panique qui étreint mon esprit. Petit à petit, la pression qui me maintenait prisonnier commence à s’alléger. Mes paupières tremblent, et après ce qui me semble une éternité, je parviens à ouvrir les yeux.
La lumière est douce, presque irréelle. Le ciel au-dessus de moi est d’une couleur pâle, indéfinissable, entre le gris et le bleu, sans le moindre nuage. Une mer étale s’étend devant moi, calme, impassible, presque trop parfaite. L’eau semble à peine bouger, comme une toile peinte, figée dans le temps. C’est une vision étrange, et pourtant étrangement familière. Mais tout est silencieux. Pas de bruits d’oiseaux, pas de vagues qui frappent le rivage. Rien, seulement ce souffle doux qui caresse ma peau, comme si le monde lui-même retenait son souffle.
Je la fixe, cette mer, incapable de détourner le regard. Elle est lisse, comme un immense miroir liquide qui s’étend à l’infini. Il n’y a aucun reflet discernable sur sa surface, rien qui ne déforme ce calme irréel. L’eau est d’un bleu si profond qu’il paraît presque noir là où elle touche l’horizon, et d’un bleu pâle, laiteux, plus près de la rive. Elle s’avance paresseusement sur le sable, laissant à peine une trace de son passage, comme si même la mer hésitait à troubler la perfection de ce moment suspendu.
Cette mer n’a pas l’air vivante. Elle ne respire pas, elle n’ondule pas. Elle est simplement là, impassible, comme une présence sans âme, démesurée et vide. Chaque vaguelette, aussi petite soit-elle, me donne l’impression qu’elle pourrait m’engloutir tout entier sans le moindre effort, sans laisser de trace. Mais c’est cette immobilité qui m’inquiète le plus. Pas de marées, pas de courants, rien qui me rappelle les océans vivants que j’ai l’impression de connaître, d’avoir vus… quelque part. Ici, l’eau semble morte, ou peut-être simplement endormie, attendant le moment où elle se réveillera pour emporter avec elle tout ce qui l’entoure.
Je prends une grande inspiration. Le poids sur ma poitrine se dissipe, peu à peu. Je peux enfin bouger mes doigts, puis mes bras, et bientôt tout mon corps. Lentement, je me redresse, mes muscles protestant avec raideur, comme s’ils n’avaient pas été utilisés depuis des siècles. Je prends le temps de m’asseoir et de laisser mes yeux s’habituer à ce nouvel environnement.
Tout autour de moi, le paysage est vide. Le sable s’étend à perte de vue, une étendue infinie qui semble n’avoir ni début ni fin. Je tourne la tête, cherchant un point de repère, quelque chose qui pourrait m’ancrer dans une réalité tangible, mais il n’y a rien. Rien d’autre que cette mer tranquille d’un côté, et cette mer de sable de l’autre. Mon cœur se serre, et une sensation étrange me saisit. Celle d’être à la fois ici et ailleurs, comme si ce lieu n’était pas totalement réel.
Je tente de me concentrer, de comprendre ce qui m’entoure, mais une seule pensée persiste : je suis seul. Complètement seul. Pourtant, cette solitude n’est pas seulement physique. Elle semble viscérale, comme si elle faisait partie de moi, comme si elle avait toujours été là.
Mes mains touchent le sol. Le sable glisse entre mes doigts, son contact d’abord doux, presque agréable, avant de devenir plus rude. Il s’infiltre dans chaque recoin de ma peau, chaque pli de mes doigts, et je peux sentir sa texture changeante. Parfois, il est fin comme de la soie, d’autres fois, il devient plus grossier, plus tranchant, comme des éclats de pierre éparpillés. Sa chaleur est trompeuse ; il semble d’abord accueillant, mais la sensation finit par être étouffante, envahissante. Il s’agrippe à ma peau, se colle à mes jambes et mes bras, comme s’il voulait me retenir ici, me clouer à cette plage déserte. Je ressens chaque grain, chaque frottement contre ma peau tendre. C’est comme si ce sable était la seule preuve tangible de mon existence, de ma présence dans ce lieu étrange.
Je ferme les yeux un instant, tentant de calmer la panique qui commence à me saisir. Pourquoi suis-je ici ? Qui suis-je ? Les questions se bousculent dans ma tête, tournant en boucle sans aucune réponse pour les apaiser. C’est comme être prisonnier d’un rêve étrange et silencieux dont je ne peux m’échapper.
Mais il y a autre chose. Quelque chose de plus insidieux. Je ne suis pas uniquement seul. Il y a un sentiment diffus, comme une ombre en arrière-plan. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que quelque chose m’observe. Peut-être est-ce simplement mon esprit en proie à la confusion. Peut-être est-ce l’écho de la paralysie qui s’attarde encore dans mes pensées. Ou peut-être… Je secoue la tête, essayant de chasser cette idée. Il faut que je bouge, que je fasse quelque chose. Rester ici, immobile, ne m’aidera pas à comprendre.
Je me relève lentement, mes jambes tremblantes protestant contre cet effort soudain. La terre, ou plutôt le sable, sous mes pieds, me paraît aussi étranger que ce corps que je retrouve à peine. Je me tourne vers la mer. Elle semble infinie, une étendue d’eau calme qui s’étend à perte de vue, presque menaçante dans sa tranquillité. C’est la seule chose qui pourrait sembler vivante ici, la seule chose qui bouge, même si ce mouvement est à peine perceptible. Mon regard se fixe sur elle, et quelque chose en moi me pousse à avancer.
Marcher. C’est ce qui me semble le plus logique. Mais dans quelle direction ? Je m’arrête de réfléchir un instant, scrutant l’horizon. Le paysage est symétrique dans son vide. À ma droite, la mer qui s’étend sans fin, impassible, et à ma gauche, une étendue de sable qui semble tout aussi interminable. Aucune trace de civilisation, aucun repère. Rien qui puisse m’indiquer un chemin, une voie à suivre. Je pourrais rester ici, attendre… mais attendre quoi ? Quelque chose, ou quelqu’un, qui pourrait ne jamais venir ? Non, il me faut avancer, mais choisir entre ces deux options – la mer ou le désert – est absurde. Finalement, je décide de longer la côte. Mais même là, un doute me saisit : dois-je suivre la côte d’un sens, ou de l’autre ? Ce choix semble dérisoire, mais il me paralyse un instant. Quelque part, au fond de moi, j’ai le sentiment que chaque décision compte, même celle-ci. Finalement, je décide de garder l’eau sur ma droite. C’est instinctif, irrationnel peut-être, mais c’est une direction. Suivre cette ligne de démarcation entre terre et eau, peut-être trouverais-je une réponse, ou au moins une piste.
Je m’avance, lentement d’abord, puis un peu plus vite, mes jambes encore englouties par la paralysie endurée. À chaque pas, mes pieds s’enfoncent plus profondément dans cette matière mouvante. Parfois, le sable devient plus fin, presque liquide, coulant entre mes orteils avec une fluidité surprenante. D’autres fois, il est compact, comme s’il refusait de céder sous mon poids. Je me retrouve à alterner entre des sensations de liberté et d’emprisonnement, de légèreté et de résistance.
Le rivage, quant à lui, s’étend interminablement. Il n’y a ni fin ni repère. Juste cette ligne indistincte où la terre et l’eau se rencontrent dans un baiser silencieux. La mer est toujours là, calme, impénétrable, et je continue de marcher, sans but précis, espérant trouver quelque chose. N’importe quoi.
Je continue à marcher pendant des heures. Le sable sous mes pieds, d’abord chaud et accueillant, devient progressivement plus ferme. Chaque pas me rapproche d’une autre découverte, mais aussi d’une douleur croissante. Je n’ai pas pris le temps de réfléchir aux effets de cette marche interminable sur mon corps. Mes pieds sont devenus douloureux, écorchés par les grains de sable devenus rugueux sous le poids de mes pas incessants. L’effort physique se fait sentir, mais il est surtout le reflet de l’effort mental que je dois fournir pour rester concentré.