J'arrive dans 5 minutes Mila ! - Roseline Lambert - E-Book

J'arrive dans 5 minutes Mila ! E-Book

Roseline Lambert

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Beschreibung

Martine décide de laisser sa fille, Mila, seule dans le salon, le temps d'amener son fils, Lucas, à l'école face à la maison. Lorsqu'elle revient au bout de dix sept minutes, il ne reste qu'un doudou, seul, dans le petit fauteuil, en cuir noir. Entre un voisin aigri, un étrange personnage croisé, dans une ruelle, et un probable témoin, le commissaire Foulon et son acolyte jeune premier, Nadir Joachim, font preuve de ténacité, dans ces premières heures de l'enquête, qui sont déterminantes. Lorsque Martine découvre l'identité du kidnappeur, c'est la douche froide. Déterminé à retrouver sa fille, Fabrice se retrouve embarqué jusqu'en Algérie...

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Ähnliche


Sommaire

Avant-propos

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Chapitre XV

Chapitre XVI

Chapitre XVII

Chapitre XVIII

Chapitre XIX

Chapitre XX

Chapitre XXI

Chapitre XXII

Chapitre XXIII

Chapitre XXIV

Chapitre XXV

Chapitre XXVI

Chapitre XXVII

Chapitre XXVIII

Chapitre XXIX

Chapitre XXX

Chapitre XXXI

Chapitre XXXII

Chapitre XXXIII

Avant-propos

Le 25 mai, est devenu la journée mondiale des enfants disparus, crée en souvenir du jeune Etan Patz, âgé de 6 ans, enlevé à New York en 1979.

Combien d'enfant sont enlevés chaque année ? Et combien parmi eux sont-ils retrouvés vivant ?

Chaque heure, environs 5 enfants disparaissent en France. En 2017, pas loin de 49 422 enfants ont été signalés disparus dont 11 000 restent introuvables.

Si pour la grande majorité, il ne s'agit que de fugues, 1328 cas sont qualifiés de "disparitions inquiétantes".

Quelle que soit la nature de la disparition d'un enfant, quelle que soit son origine, sa couleur de peau ou sa religion, nous ne pouvons y rester indifférents.

« J'arrive dans 5 minutes Mila ! » est mon premier roman que j'ai commencé à écrire en septembre 2017. Mon œuvre n'est pas le récit d'une histoire vraie, tous les personnages sont fictifs. J'ai souhaité garder le lieu de Valenciennes, là, où je suis fière d'être née.

Martine et Fabrice se sont connus au lycée. De suite, il est tombé fou amoureux d'elle et réciproquement, elle, amoureuse de lui. Après dix ans de mariage, leur couple s'essouffle. Lucas, leur fils, est alors âgé de cinq ans et Mila de deux ans.

Chacun tombe dans la spirale infernale quotidienne du « lever, boulot, dodo », et, finit par oublier de regarder l'autre.

Mais, tout va basculer le jour où Mila est enlevée. Ils vont devoir faire face à leur peur, leur mensonge, et trouver comment se battre, afin de traverser cette épreuve.

Entre un voisin aigri, un homme qui se cache près de l'école, un probable témoin près de la maison, le couple va t-il perdre la face ?

Le commissaire Foulon Daniel accueille un nouvel équipier depuis six mois, Nadir Joachim, qui fait ses premiers pas dans cette affaire. Malgré son jeune âge, il fait preuve de ténacité. Tous deux donnent le meilleur d'eux-mêmes, dans ces premières heures de l'enquête qui sont déterminantes.

Chapitre I

A Valenciennes,

Vendredi 29 septembre 2017,

8 h 05

Martine n'a pas entendu son réveil sonner. Lorsqu'elle consulte son portable, c'est l'affolement. D'ordinaire, elle se lève cinquante cinq minutes plus tôt.

Elle saute du lit pour se rendre dans la chambre de son fils Lucas. Elle le prend dans ses bras, avec ses oursons, et, le descend au salon. Après l'avoir enveloppé dans une petite couverture, elle lui ramène son lait chocolaté et une tranche de brioche. Elle allume la télévision, pour que les dessins animés l'aident à émerger de ses rêves.

Elle se fait couler un expresso et file dans la salle de bain se débarbouiller. Puis, elle se coiffe d'une queue de cheval, enfile son jean noir et un sweat mauve. Elle allonge son café avec du lait écrémé, et se brûle presque le palais pour l'avaler, tant il est chaud. Tout en se brossant les dents, elle marmonne à Lucas d'enfiler au plus vite son petit déjeuner, ou ils seront encore plus en retard.

Ensuite, Martine monte les escaliers deux à deux, pour aller dans la chambre de sa fille. Elle enveloppe tendrement sa petite Mila dans ses bras, chargés de porter, aussi, doudous lapins, et ses deux poupées préférées. Tout en préparant le biberon aux céréales, elle fait remarquer à Lucas qu'il n'a toujours pas bu son chocolat.

— Aller mon grand, je vais t'habiller, ce sera déjà ça de fait !

— J’n’ai pas envie d'aller à l'école moi, et puis c'est nul d'abord ! Je préfère rester à la maison pour jouer ! ronchonne-t-il en croisant ses bras et fonçant les sourcils.

— Moi non plus je ne veux pas aller travailler, mais si tu veux à nouveau des vacances, chacun doit faire un effort. Tu travailles à l'école, et moi, au bureau, ça marche ?

— Bah oui, mais aussi ce qu'on fait, bah moi j'aime pas d'abord ! Alors, je ne vais rien faire du tout, et puis c'est tout !

— Tu es vraiment grognon ce matin, tu mérites une rafale de gui li !

Lucas succombe aux chatouilles de sa mère et retrouve le sourire. Il l'embrasse tendrement, et finit de s'habiller seul.

Elle profite de ce moment pour vêtir Mila qui, à presque trois ans, est moins autonome. Martine la coiffe d'une queue de cheval, et a pris soin de lui préparer un tee-shirt mauve, ce qui ne manque pas de ravir sa fille, de porter un vêtement de couleur identique, à celui de sa maman.

Il est temps de se chausser et de mettre les manteaux. Martine décide que la petite restera à la maison, car ils sont trop en retard. L'école se trouvant en face, elle sera vite revenue pour l’emmener, chez sa mère, puisque Mila n'a pas classe ce matin.

Elle met en route des comptines sur You Tube. Elle rassure sa petite, et lui explique qu'elle ne sera pas seule très longtemps. Elle l'installe dans le petit fauteuil noir, et lui rappelle qu'elle l'aime plus que tout.

— J'arrive dans cinq minutes Mila ! Je t'aime ma chérie !

— Moi je t'aime jusqu'au fin fond de l'univers !

Mila fait mine de bouder un peu. Mais, après avoir embrassé sa mère, poupées et doudous blottis contre elle, tout en écoutant les douces mélodies, elle retrouve vite son joli sourire.

Chapitre II

8 h 40

L'école a fermé ses portes depuis cinq minutes. Martine verrouille sa maison à double tour. Elle explique à Lucas qu'ils vont devoir marcher très vite, une fois la route traversée. Mais Lucas semble être inquiet. Il retire de son dos son cartable et regarde à l'intérieur. Il manque un cahier.

— Quelque chose ne va pas chéri ?

— T'as pas pris mon cahier jaune, maman, je vais me faire gronder, la dernière fois, madame Romain n'était pas contente !

— Non Lucas, s'il te plaît, on est déjà en retard !

— S'il te plaît maman, je vais me faire disputer encore !

— Pff, OK, il doit être dans le couloir, il me semble avoir vu un truc jaune. Attend-moi là, j'arrive.

— Oui, maman.

Il s'agit du cahier de liaison, qui fait le lien entre l'institutrice et les parents, qu'elle trouve sur le meuble à chaussure. En ressortant de la maison, elle claque la porte. Elle montre à son fils, qu'elle tient bien le cahier en main, et, l'entourant de son bras droit, elle le dirige vers le portail de bois.

En ouvrant la barrière, elle remarque qu'une camionnette blanche couverte de rouille et de coups stationne sur le trottoir. Elle n'aime pas trop cela. On parle beaucoup dernièrement de trafique de toute sorte, qu'il peut y avoir dans le quartier.

— Regarde maman la voiture rouge ! Elle est trop belle !

— Oui mon cœur, une fois qu'elle est passée, on y va d'accord ?

— Oui, maman.

Une fois la route traversée, ils arrivent sur la petite place. Ils ne sont pas les seuls à arriver tardivement à l'école. Une voiture grise se gare dans un emplacement oblique, près d'une coccinelle noire. Une grande dame élancée y sort, ainsi que son petit garçon. Martine reconnaît la maman de Louis, qui se trouve être dans la même classe que Lucas. Les regards des mamans se croisent, et se font un signe de tête, en guise de se dire bonjour.

— Maman, c'est Louis ! On peut y aller ensemble à l'école ?

Lucas n'attend pas la réponse de sa mère. Tout en lâchant sa main, il s'en va en courant rejoindre son petit copain.

— Coucou Louis ! On est tous les deux en retard ! se bidonne Lucas.

— Oui ! C'est trop marrant ! Elle nous dira rien Madame, là, c'est sûr, rétorque Louis en se tordant, à son tour.

— Oui, c'est sûr, on est à deux d'abord ! En plus, j'ai failli oublier mon cahier de liaison !

— T'es trop fort Lulu !

C'est Mme Benet, la mère de Louis, qui engage la conversation avec Martine.

— Bonjour, c'est la quatrième fois que j'amène Louis en retard, je crois que je vais me prendre une retenue cette fois-ci ! se montre-t-elle joviale.

— Bonjour, espérons que ce ne soit pas le cas, car je ne serais pas épargnée non plus ! Dépêchons-nous !

Tous les quatre s'approchent de la ruelle, qui longe l'école primaire, menant à l'école maternelle des enfants. Martine, remarque de suite un homme intriguant, appuyé sur le mur. Il lui paraît bizarre, car, portant une casquette grise vétuste, il a la tête baissée vers ses bottes boueuses, avec les mains dans les poches. Il donne l'impression de vouloir se cacher. Un dragon rouge est dessiné le long de la manche droite, de sa parka noire. D'ailleurs, ce motif attire vite l'attention des jeunes qui en sont fascinés.

Martine pense à Mila dans le petit fauteuil, face à l'ordinateur. Mais, avant même que de mauvaises idées ne viennent troubler son esprit, la maman de Louis l'accapare de question, sur l'organisation de la vie scolaire.

— C'est une bonne chose que l'école revienne à quatre jours par semaine. Au moins, les enfants pourront se reposer le mercredi matin, et faire leurs activités l'après-midi. Vous êtes d'accord avec moi ? Ne trouvez-vous pas, que leur maîtresse, Mme Romain, se moque un peu de nous tout de même ? Connaissez-vous les nouveaux parents d'élèves ? Mme Genèse en fait partie. C'est une amie, de l'une de mes amies. Si vous avez un souci, n'hésitez pas, j'aborderai le sujet avec elle. Nos garçons ont l'air de bien s'entendre. Vous pouvez m'appeler Anne-Sophie...

Martine hoche la tête pour manifester un oui ou un non. Elle trouve qu'Anne-Sophie parle trop.

— Maman ? Le monsieur avec le dragon, il s'en va. Il va où ?

— Je ne sais pas chéri, sois sage, tu vas bientôt rejoindre ta classe.

— Oui, maman. 8 h 47

Ils arrivent devant les grandes portes fermées de l'école. Anne-Sophie sonne deux fois. Une jeune femme, traversant la cour, avec un paquet de feuille, se dirige vers eux. Son talon gauche glisse sur le sol, et, voulant se redresser, de peur de tomber, ses longs doigts fins s’entrouvrent, et laissent le vent transporter quelques feuilles.

— J'arrive de suite, crie-t-elle, je ramasse mes papiers avant que le vent ne les emmène je ne sais où !

Mais en se baissant pour les prendre, c'est la totalité du paquet qui tombe sur le sol humide.

— La journée commence bien ! marmonne-t-elle. Je vais devoir refaire des photocopies, celles-ci sont tâchées !

Martine, stressée, caresse du pouce la main de son fils, qui rit de bon cœur avec son camarade de classe.

Elle pense à Mila. Elle ferme les yeux, et tente de se rassurer, en se répétant que sa petite fille est une enfant sage, et déjà si obéissante pour son jeune âge. Elle ne montre pas encore d'opposition à sa mère, et a bien encré quelques règles de conduite, de la maison. Elle sait que Mila restera assise dans le fauteuil. Mais elle a pour principe, qu'il ne faut jamais dire jamais.

Martine y pense si fort à Mila, qu'elle laisse échapper de sa bouche :

— J'aurais dû la prendre... Pfft.

— Pardon ? s'étonne Anne-Sophie.

— Rien ! Martine rougit, il arrive que je ronchonne un peu ! Ce n'est rien. Mais que fait-elle ?! Bon sang !

Elle envoie un message à la grand-mère de Mila .

— La dernière fois que j'ai emmené Louis en retard, c'était elle aussi, qui était venue nous ouvrir. Nous devons passer devant, par l'entrée principale, mais c'est plus rapide par ici. Enfin, normalement ! Le ciel se couvre, on dirait bien qu'il va pleuvoir, non ?

— Certainement oui, tout le monde sait que nous avons peu de soleil dans le nord, n'est-ce-pas ?

— Oui, c'est vrai, mais vaut mieux peu que trop peu ! C'est ma mère qui radote cela ! Aller, détendez-vous ! Un retard n'est pas bien grave. La voilà, enfin ! chuchote Anne-Sophie.

— Bonjour mesdames ! Vous...

Mme Renard est interrompue par la directrice de l'école, qui lui rappelle, qu'à raison du plan vigile pirate, les retards ne peuvent se faire par cette entrée.

— Dorice ! Vous les faites passer par la porte de devant, s'il vous plaît ! C'est obligatoire ! À tout de suite les enfants ! Une bonne journée mesdames !

La directrice, Mme Fournaise, leur affiche un visage d'empathie, mais, une fois revenue dans son bureau, elle ne manque pas de faire quelques remarques les concernant, à une jeune stagiaire qui l'accompagne :

— Il y a toujours des parents qui pensent que l'école élémentaire n'est pas une priorité ! Amener ses enfants à l'heure est la base de leur éducation ! Comment voulez-vous que les enfants suivent un règlement, si les parents eux-mêmes ne sont pas assidus !

Lucas précise à sa mère que, Mme Renard s'appelle Dorice, et qu'elle n'est autre que la dame de la garderie, qu'il apprécie.

Au bout de la ruelle, ils tournent à gauche, et c'est l'ATSEM, Laura, de la classe des enfants qui vient leur ouvrir :

— Bonjour Louis ! Bonjour Lucas ! Entrez vite rejoindre les autres ! sourit-elle comme à son habitude.

— Ils vont à la cantine ce midi ?

— Pas pour Louis non, à tout à l'heure mon chéri ! Sois sage, je t'aime !

— Moi aussi maman ! s' agace-t-il levant les yeux aux ciel.

— Et pour Lucas, Mme Paris ?

— Oui, ce midi il va à la cantine. Je t'aime mon cœur, sois sage et à tout à l'heure.

— Moi aussi maman ! J'aime pas la cantine pff , dépit-il, en prenant son copain par le bras.

Laura les accompagne, avec tendresse, posant une main sur chacune de leurs épaules.

Martine et Anne-Sophie s'en retournent vers leur demeure respective.

— Une bonne petite cigarette ! Vous en voulez une ? Je peux vous appeler par votre prénom aussi ?

— Bien sûr ! Je m'appelle Martine ! Je ne me suis même pas présentée ! Excusez-moi !

— Il n'y a pas de mal, une cigarette ?

— Non merci, j'ai arrêté il y a dix ans.

Martine voudrait lui dire que Mila l'attend, mais elle n'ose le faire, par conséquent, elle presse le pas, peu à peu.

8 h 57

Lorsque Martine regarde sa montre, cela fait maintenant dix-sept minutes que Mila est seule à la maison. Elle angoisse véritablement, et accélère fortement le pas. Anne-Sophie qui raconte ses débuts de fumeuse, lorsqu'elle était adolescente, se met également à accélérer le pas. Mais voulant rester polie, malgré l'agacement certain, que lui procure Anne-Sophie, elle lui parle sans même la regarder :

— Excusez-moi, j'ai un petit souci, il me faut rentrer de suite ! Elle court pour passer sur la place.

— J'espère que ce n'est rien de grave ! Je comprends, à tout à l'heure !

Martine va enfin retrouver Mila et la serrer contre elle. Sentir sa joue contre la sienne, et lui donner tout l'amour qu'il convient.

Au bord du trottoir, avant de traverser la route, elle remarque une vieille dame, d'environ soixante-dix ans, un peu enrobée, devant la boulangerie. Son sac de course s'est en parti renversé et, une boîte de conserve, a même roulé, jusque dans le caniveau. Il n'est pas dans ses habitudes, de ne pas venir en aide aux personnes âgées, mais cette fois-ci, elle n'en fera rien. De toute façon, pense-t-elle, un jeune lycéen sort de la boulangerie pour lui porter secours.

Elle traverse la route.

En ouvrant le portail, elle repense à la petite camionnette blanche, qui n'est plus présente.

Elle plonge sa main droite, dans la poche de sa veste en cuir noir, et, en ressort son trousseau de clé. En enserrant cette clé dans la serrure, elle se rend compte qu'elle n'a pas refermé la porte à double tour. Elle se souvient à ce moment précis, de l'avoir seulement claquée.

Les bruits de voiture, le vent dans les feuilles, et plus aucun oiseau ne se fait entendre. Tout est devenu sourd autour d'elle. Une fourmilière de picotement parcourt tous les sillons de son corps. Sa main gauche tremblante appuie sur la poignet, et s'entrouvre la porte.

Le couloir de la maison s'étire dans le tunnel de sa vue. Tout en avançant vers la baie vitrée, qui mène au salon, sa main droite attrape une petite veste violette, pendue au portemanteau, sans même en avoir conscience.

Elle se souvient bien que cette porte vitrée, elle avait pris soin de la refermer. Là, elle est entrouverte. Sa main gauche toujours tremblante, pousse sur le carreau, pour laisser vue sur le petit doudou, seul, dans le petit fauteuil noir.

Ses doigts lâchent la petite veste violette qui s'écrase sur le plancher. Tandis que, les comptines continuent de se faire entendre, à travers la maison, Martine tourbillonne dans le salon. Elle suffoque presque, et peine à dire le prénom de sa fille. Mais peut-être se cache-t-elle, s'efforce-t-elle de penser. Elle inspire fortement et finit par appeler sa fille une fois. Puis, une deuxième fois, mais pas de réponse. La peur qu'un drame ne soit arrivé à sa progéniture l'envahit. Cette vérité la tétanise. On ne peut la lui avoir prise. Elle refuse de le croire.

Elle crie après Mila. Elle l'appelle partout dans la maison. Dans la salle de bain, à l'étage, dans les chambres. Pas un écho ne vient. Martine va même voir au grenier, et à la cave, tout en sachant que sa fille, aurait été incapable de s'y rendre seule. Elle se paralyse de frayeur. Ses points se serrent, et sa bouche s'entrouvre, quand jaillissent de ses grands yeux marrons, les larmes de cette torture. Martine gémit. Elle tord son sweat et tire sur ses cheveux. Paniquée, elle se fige quelques secondes. Puis, elle pense au jardin et les dépendances qui s'y trouvent. Une petite lueur d'espoir, la refait prendre sa raison. Elle se convainc :

— Aller Martine ! flagelle-t-elle un peu, va dans le jardin, elle est là ! Fabrice est revenu, oui, c'est ça, ils sont dans le jardin !

En descendant les trois marches de l'arrière-cuisine, elle arrive sur la terrasse cimentée. Elle crie après Mila, encore et encore. Elle s'enfonce dans le jardin, fait d'une longueur de cent mètres de long, séparé d'un grillage à celui d'à côté.

M Andrée, son voisin, est une vieille personne aigri. Il se trouve à travailler son potager. Il est presque à quatre patte pour déraciner les mauvaises herbes. Cette position accentue son teint rouge violacé, dû à l'abus de vin. Il entend bien sa voisine crier « Mila », mais cela ne semble pas le faire réagir. Il reste tête baissée, condescendant à la situation.

Martine arrive à sa hauteur, et les mains sur les hanches, toute essoufflée, l'interpelle :

— Excusez-moi ?! Répondez-moi, monsieur, s'il vous plaît ! Je cherche ma petite fille, vous la connaissez. Je sais que vous ne nous appréciez pas, mais ma fille a disparu. Je l'ai laissé seule à la maison et elle n'est plus là. Alors, si vous savez quoi que ce soit, monsieur, je vous en supplie, dite-le moi.

M Andrée reste muet face au désarroi de Martine. Les mots qui jaillissent de sa bouche, sont porteur de tant de douleur qu'ils resserrent sa gorge. Elle éclate en sanglot devant cette certitude qui lui gicle au visage. Mila a été enlevée. Elle ne sait par qui, et ni où elle se trouve. Ce qui n'existait que dans les médias, s'est produit sous son propre toit. Elle veut hurler le prénom de son mari, mais comme aphone, elle n'y parvient.

Elle court dans sa maison pour lui téléphoner.

M Andrée se retourne alors vers elle, et, tout en se redressant, il la regarde s'éloigner vers son domicile. Son vieux berger allemand qui dormait paisiblement devant sa niche, se réveille et se met à gémir. Le vieux monsieur se trouve vite agacé, et finit par lui jeter des jurons pour le faire taire.

Martine se rend dans le salon. Prend son portable posé sur la cheminée, et compose le numéro de son mari. Fabrice ne décroche pas. Elle laisse un message :

— Fabrice, rappelle-moi très vite, Mila a été enlevée! Tout en raccrochant, elle répète le prénom de sa fille en boucle.

Elle tente de joindre sa mère, mais en vain. Elle lui laisse également un message. Puis, elle compose le 17. Une jeune femme, à la voix très douce, tente de la calmer. La policière lui conseille de téléphoner à tous ses proches, au plus vite, et d'éviter de rester seule. Elle lui certifie qu'une patrouille ne va pas tarder à arriver.

Le portable se met à vibrer pour annoncer un deuxième appel, celui de Fabrice. La conversation avec l'agent prend fin.

— Oui, Fabrice, je...

— Martine c'est quoi cette histoire ?! Où est la puce ?!

— Je ne sais pas où elle se trouve ! Je l'ai laissé seule à la maison. Je pensais bien faire. On était en retard pour l'école. Je l'ai mise devant l'ordi avec des comptines, son doudou, et ses poupées à bras...

— Qu'est-ce-que tu me racontes ! Et pourquoi n'est-elle pas à l'école ?!

— Son instit est absente aujourd'hui, je devais l'emmener chez maman.

— Et pourquoi elle n'y est pas, je ne comprend pas !

— C'est ce que je suis entrain de t'expliquer, on nous l'a enlevé !

— Non ! Personne n'a pu enlever ma pu-puce ! Elle est forcément chez ta mère, je vais l'appeler !

— Je l'ai fait, il n'y a personne.

— Bah voilà, ta mère est venue la chercher, elle l'a déjà fait, non ?

— Oui, c'est vrai.

— T'as pas fermé la porte à clé au fait ?

— Si, mais après... Enfin, c'est compliqué...

— On peut entrer comme on veut tu vois ! Ça te servira de leçon ! Arrête de paniquer, tout va bien. Je te rappelle dès que j'ai eu Odette.

— J'ai prévenu la police.

— C'est rien ça, tu pensais bien faire, tu t'excusera. A tout de suite !

— Oui, à tout de suite !

Mais elle n'est pas rassurée. Fabrice est dans le déni. Sa mère n'aurait pu aller si vite. Elle en doute. Et puis, elle aurait laissé un message, passé un coup de fil, ou mieux, elle aurait attendu le retour de sa fille, avant de partir avec Mila. Martine suffoque presque, l'une de ses jambes se met à trembler. Elle fait des vas et vient dans cette maison si vide. Un sentiment effroyable qu'elle ne peut contrôler, s'est infiltré dans son esprit. La notion de mort prend forme.

Le temps lui paraît de s'étendre. Les minutes se déclinent en heures, et les secondes valsent à mille temps. Un moment irréel et absurde où tout se mélange, et forme le chaos autour d'elle.

Enfin, son portable vibre dans la paume de sa main.

— Ma chérie ! Fabrice vient de m'appeler à l'instant !

— Oh maman ! Dis-moi qu'elle est avec toi !

— Non ma chérie, Mila n'est pas là !

— Non ! hurle-t-elle.

— Fabrice va arriver ! Calme-toi ! fond en larme sa mère.

Elle raccroche suffoquant sans un mot.

Fabrice Paris, est chef de chantier dans la construction et rénovation de l'habitat. Il travaille actuellement sur un projet se situant dans la commune de Poix-du-Nord. Habituellement, il met environ quarante cinq minutes pour revenir à son domicile. Mais vu la situation accablante, il roule bien au dessus des limitations de vitesses, estimant qu'il n'a pas de temps à perdre.

Chapitre III

9 h 20

On sonne à la porte deux fois de suite. Deux agents de police sont sur les marches de l'escalier. Une fois les présentations faites, Martine les invite à entrer.

Arrivés au salon, elle raconte comment le début de matinée s'est déroulé jusqu'à la disparition de sa fille. Le plus jeune, Joachim Nadir, prend des notes sur un carnet, pendant que Daniel Foulon, le plus expérimenté, désire faire le tour de la maison. Poliment, il informe à Martine qu'il se rend à l'étage puis au jardin.

Daniel, commissaire depuis plus de quinze ans, observe scrupuleusement tous les cadres photos suspendus, dans le long couloir de l'étage. Il remarque très vite que les enfants, sont gâtés aussi bien matériellement qu'affectueusement. Martine, toujours souriante, apparaît avec eux sur la plupart d'entre elles.

Son regard s'attarde sur une photo, où l'on peut voir leur père souffler les bougies, avec son fils, pour ses quatre ans.

Dans la chambre de la petite, le rose a gagné sa première place. Des peluches accolées, ont envahi presque toute la chambre. Un coin est réservé à une maison de poupée, habitée par de nombreux playmobil.

Daniel décroche une photo de Mila, juste punaisée au dessus du petit lit. Il la range dans la poche intérieure de sa veste.

Lorsqu'il arrive dans la chambre parentale, il voit de la fenêtre, un vieux monsieur accroupi dans son potager. Il descend au rez-de-chaussée pour interroger Martine.

— Vous êtes allez voir votre voisin ?

— Oui, je lui ai parlé mais il ne m'a pas allégué le moindre mot. Il ne nous aime pas. Il n'apprécie personne et ne voit personne. Il n'a même pas daigné à se retourner, lorsque je me suis adressée à lui, cet égoïste !

— Je vais aller l'interroger. Il vaudrait mieux pour lui qu'il réagisse ! Joachim, je te laisse appeler le bureau. Demande leur d'envoyer, un ou deux agents, pour les relevés d'empreintes. Madame, vous pensez à quelqu'un de votre famille, qui aurait peut-être un intérêt quelconque d'enlever votre fille ?

— Non du tout, nous ne sommes pas une grande famille mais nous nous entendons assez bien.

— Personne en particulier que vous pouvez suspecter ?

— Non, personne.

— D'accord, comment s'appelle votre voisin ?

— M André, je ne connais pas son prénom.

— Suffisant pour l'instant. Pourquoi vous ne vous entendez pas ?

— J'en ai aucune idée, et je m'en fou un peu là !

— Oui, je vois, j'essaie de réunir tous les éléments qui montrent bien qu'il y a eu un enlèvement alors...

— Vous ne me croyez pas ? lui coupe-t-elle la parole.

— Nous devons le confirmer madame, c'est la procédure, dans l'intérêt de votre fille. Personne ne met vos propos en doute. D'accord ?

— Oui d'accord, faite ce qu'il faut, mais retrouvez-la.

— Elle a vu un homme bizarre à l'entrée de la ruelle, poursuit Joachim.

— Bizarre, c'est à dire ?

— Je ne sais pas, c'est sa façon de rester là, à attendre sans rien faire. A côté de l'école de mes enfants !

— Et il y avait une camionnette blanche qui stationnait devant la maison. Lorsqu'elle est revenue chez elle, le gars n'était plus là, et le véhicule non plus.

— C'est une bonne piste, oui. Continu de recueillir les éléments que madame peut te fournir Jo, je sors voir le voisin.

Le commissaire se dirige dehors, vers le jardin, tandis que Fabrice se gare brusquement, derrière le véhicule de police. Le bruit des freins usés s'entend du salon.

— Excusez-moi, Mme Paris, je vais appeler des collègues, j'ai besoin de retourner dans notre véhicule. Vous devriez, si je peux me permettre, informer votre bureau, et, prenez des congés. Ou voyez pour un rendez-vous avec votre médecin, il vous mettra en arrêt.

— Comment peut-on penser à tout ça...

— Vous ne le pouvez pas, c'est pourquoi je me permets de vous conseiller. Je sais que votre tête est ailleurs, mais plus vite fait, mieux ce sera pour vous, conseille Joachim en lui donnant un clin d'œil.

— Merci, je vais le faire après, j'attends mon mari.

— Tant que j'y suis, préparez-moi une photo de votre fille, je sais à qui la faxer pour faire des affiches.

— Il arrive, anxieuse elle regarde par la fenêtre.

— Je sors, ça me permettra de l'interroger de suite.

Fabrice a le visage défait d'inquiétude. Parler avec un agent de police, n'est pas ce dont il a envie de faire en cet instant. Mais Joachim ne le laisse pas passer en lui tendant la main pour le saluer. Pris de court, Fabrice s'arrête sur sa lancée et lui tend les doigts.

— Bonjour M Paris, je suis l'agent Nadir Joachim, chargé d'enquêter sur la disparition de votre fille.

— Vous êtes tout seul ?

— Non, je fais équipe avec le commissaire Daniel Foulon. Il est actuellement entrain d'interroger votre voisin.

— Vous en êtes où ? Ma femme est à l'intérieur, encore ?

— Oui, elle l'est. J'ai besoin de vous interroger, si vous vous en sentez capable.

— Allez-y, je vous écoute.

— Quelqu'un que vous connaissez aurait-il pu enlever votre fille ?

— On n'a pas pu enlever ma fille ! Il y a forcément une explication.

— C'est la seule que nous ayons pour l'instant. Même si l'idée vous terrorise, répondez à mes questions, nous avancerons plus vite.

Fabrice a les boyaux qui se tordent.

— Pas dans le quartier car nous ne connaissons pas grand monde.

— Dans la famille, de votre côté ?

— Dans la famille, de mon côté, absolument pas, c'est impossible, il y a ma sœur qui vit sur Paris, avec qui je m'entends très bien, et mes parents habitent Marseille. Ma femme a sa mère qui vit sur l'autre place. Son père est décédé, elle est fille unique.

— Oui, elle m'en a fait part.

— Pourquoi voudriez-vous que notre famille enlève Mila ? Tout le monde l'adore !

— C'est la procédure monsieur, je ne fais que mon travail et je me range d'abord du côté de la victime.

— Elle s'appelle Mila la victime, ne parlez pas d'elle comme-ci... Vous avez des enfants ? lance Fabrice sèchement.

— Non monsieur, réplique humblement Joachim qui absorbe la détresse de Fabrice.

— Non, bien sur, si c'était le cas, vous seriez déjà à sa recherche.

— J'enquête monsieur, pour la retrouver . Je suis désolé si je me suis montré maladroit. Je vous laisse rejoindre votre femme. Elle est très bouleversée.

— Elle peut, pourquoi elle l'a laissé seule aussi...

— On n'est pas coupable de laisser une porte ouverte, mais d'enlever une enfant, oui !

Joachim va dans le véhicule de police. Fabrice inspire et expire profondément, il serre les poings, sentant le sang fouetter entre ses doigts. Martine, restée à la fenêtre, regarde les deux hommes discuter. Les yeux pleins de regrets, elle fixe Fabrice qui peine à lui sourire. Il entre.

Après avoir inspecté les deux dépendances, Daniel traverse le jardin pour se mettre au niveau du voisin. Il l'observe un instant, avant de s'adresser à lui :

— Bonjour monsieur ! Je suis le commissaire Daniel Foulon. Vous n'êtes pas sans savoir que votre petite voisine a disparu. Donc, si vous le permettez, j'aimerai savoir, si par hasard, vous auriez vu quelqu'un ? Ou peut-être, entendu quelque chose ?

Le vieux monsieur se redresse lentement, et sans signe de crainte dans son regard, il lui soumet :

— Je n'ai rien à voir avec ça, et je n'ai ni vu ou entendu quoi que ce soit. Si le commissaire le permet, j'aimerai finir de désherber mon potager. Merci bien !

— Ça n'a pas l'air de vous affecter cette disparition !

— Si vous le dite, j'n'en suis pas responsable pour autant. On est quand même libre de vouloir rester tranquille, non ?!

— Oui, bien sur, libre aussi de tendre la main à sa voisine...

M Andrée continu à désherber avec un peu plus de poigne. Après l'avoir observé encore un peu, le commissaire s'en retourne vers la maison des Paris. Il retrouve le couple désemparé dans le salon. Il se présente à Fabrice, qui en fait de même, puis sort rejoindre Joachim.

— Il faut que l'on fasse quelque chose ! Je ne peux pas rester là, sans rien faire. Ma petite chérie, est avec je ne sais quel malade, et peut-être même que, se colère-t-il.

— Non, ne dis rien Fab, je t'en prie, n'imagine rien ! le coupe Martine.

Il pose chacune de ses mains, sur les bras de Martine, mais n'ose lui avouer le fond de sa pensée. De ce fait, Martine qui comprend son ressenti à son égard, baisse les yeux, se sentant si coupable.

— Je sais bien, oui. Je n'aurais pas dû la laisser seule !

— Non, tu n'aurais pas dû.

Le portable de Martine se met à vibrer. Tandis qu'elle va chercher son téléphone, Fabrice monte à l'étage.

Le commissaire qui a rejoint son jeune coéquipier, fait un peu le bilan de sa nouvelle affaire :

— OK, on a le mari qui était sur son lieu de travail, et la mère qui était avec son fils, et une autre maman, conduisant également son enfant.

Joachim acquiesce de la tête.

— On a ce gars, décrit comme bizarre, apparemment posté à l'entrée de la ruelle, et une camionnette blanche, qui stationnait devant la maison... On ne sait pas, s'il y a un lien entre les deux... Et puis, ce voisin aigri, qui mérite bien que l'on s'intéresse à lui. Appelle Estelle, qu'elle s'investisse à faire des recherches sur ce bonhomme, qu'elle me sorte tout ce qu'elle peut trouver le concernant. Je vais commencer à interroger le voisinage, rejoins-moi après ton coup de fil.

— Je fais ça de suite !

Le véhicule du groupe de l’ASPTS1 se gare sur la place. Deux agents y sortent et se dirige vers la maison. Le commissaire descend de son véhicule et les salut brièvement. Il se rend chez l'autre voisin du couple. Il sonne plusieurs fois mais personne ne répond. Il tente de regarder à travers la vitre, mais distingue peu de chose. Il aperçoit la boulangerie à l'angle de la rue, il décide de s'y rendre, bientôt rejoint par Joachim.

— Alors, chef ? ! Il n'y a personne chez ces voisins ?

— Non, pas un chien à l'horizon. Allons dans la boulangerie, il doit y avoir du passage. Quelqu'un a peut-être vu un suspect ou entendu quelque chose.

1 agent spécialisé de la police technique et scientifique

M et Mme Gobert tiennent la boulangerie depuis quatorze ans. Ils connaissent tous les habitants de la place, et les rumeurs qui y circulent. Auparavant, ils habitaient le village de Montépilloy, en Picardie, où ils avaient bonheur d'y vivre. Mais comme leur fille unique était venue s'installer sur Valenciennes, ils décidèrent de la suivre aussi.

Mme Gobert, la boulangère, appelée Marie-Louise par tout le quartier, avait porté de l'aide à une dame, dont le sac de courses s'était un peu renversé. Étant une fidèle cliente, elle l'avait gentiment invité, dans son commerce, à se reposer, sachant qu'elle était cardiaque.

En pénétrant dans la boulangerie, le commissaire Daniel ne manqua pas de constater que les deux congénères, ressassaient de vieux potins de quartier.

— Bonjour mesdames ! Commissaire Foulon Daniel et voici mon collègue Nadir Joachim. Excusez-nous de vous interrompre, mais une petite fille du nom de Mila a disparu à son domicile ce jour. Vous auriez vu ou entendu quelque chose ?

— Juste ciel ! La petite Mila qui vit quelques maisons à droite, là ?! se choque la boulangère.

— Oui M'dame ! C'est bien cette petite. Vous auriez vu quelqu'un de suspect qui traînait près d'ici ?

Le commissaire sort de sa poche un stylo et un petit carnet. Tandis que Joachim s'avance près du comptoir :

— Un homme avec des bottes boueuses et une casquette grise. Il y a un dragon rouge dessiné sur la manche droite de son manteau !

— On dirait bien que vous me décrivez Éric !

— Qui est-il ? interroge Daniel.

— Un grand simplet ! Pas du tout méchant ! Aujourd'hui, il est venu dès l’ouverture, comme toujours, prendre commande, il est tel que vous me le décrivez. Mais non, ce n'est pas possible ! C'est lui ? vous croyez ?!

— Nous avons éventuellement cette piste, mais elle n'est pas seule, rétorque le commissaire, en donnant une tapette sur l'épaule de Joachim, afin qu'il s'écarte un peu de son champ de vision.

— J'ai du mal à y croire, et vous ? se tournant vers l'autre vieille dame assise, levant les yeux au plafond.

— Que vous a t-il commandé ? enchaîne Daniel.

— Et bien, comme d'habitude, deux baguettes, un pain complet et des viennoiseries.

— Il avait un comportement inhabituel ? Vous a t-il paru stressé, voir excité ?

— Maintenant que vous le dite ! Il regardait dehors, à travers la vitre, comme s'il cherchait après quelque chose.

— Ou surveillait quelqu'un ? ajoute Joachim.

— Ne met pas la charrue avant les bœufs ! Tout le monde est suspect, tant que l'on n'a pas un alibi.

— Oui, mais quand même ! Un homme qui attend dans une ruelle, près d'une entrée d'école ! Il y fait quoi ?!

Mme Deferlet Solange se lève soudainement, et de sa voix roque, exprime le fond de sa pensée :