Je ne suis pas là pour longtemps - Marie-Christine Descouard - E-Book

Je ne suis pas là pour longtemps E-Book

Marie-Christine Descouard

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Beschreibung

Deux héros se croisent dans cette histoire alors qu’ils sont jeunes. Ils possèdent chacun beauté, talent et audace, ainsi qu’un goût de liberté. Ensemble, ils créent une vie où leurs talents s’épanouissent pour le meilleur. L’un est sculpteur, l’autre est actrice.

Ils passent plusieurs années à la Villa Médicis, à Rome. Cependant, petit à petit, ils pénètrent dans une autre réalité, brutale, mystérieuse.

En l’affrontant, ils font des découvertes surprenantes.

Je ne suis pas là pour longtemps est un parcours d’amour qui ouvre ces héros à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.


À PROPOS DE L'AUTRICE

Après avoir écrit un monologue théâtral intitulé "Le Printemps de la grâce", Marie-Christine Descouard a raconté son aventure au sein de la célèbre troupe du "Café de la Gare" dans un livre édité par Le Cherche Midi. Ensuite, elle s’est lancée dans l’écriture de ce récit qui relate un voyage majeur, une expérience initiatique essentielle dans sa vie.

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Seitenzahl: 63

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Marie-Christine Descouard

Je ne suis pas là

pour longtemps

© Lys Bleu Éditions – Marie-Christine Descouard

ISBN : 979-10-377-9625-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Tant que l’on vit, on est ouvert à la réalité, une réalité qui nous entend, nous enchante : tout est miracle.

Pierre Rabhi

En ce matin de juin, ton cercueil allait être absorbé en terre. Les habits de la veille enfilés, les amis qui embrassaient, venus de très loin ou des environs… Le temps me semblait alors devoir être donné aux fleurs, aux simples que tu aimais. Dans les champs autour de la maison, il convenait bien de cueillir des fleurs. Ce furent surtout des coquelicots, il y en avait plein. Les petits cœurs rouges remplirent bientôt tout le dessus du cercueil.

La pluie tombait pendant la messe, dans l’église du village où nous étions rassemblés autour de Jean le curé, celui avec lequel tu avais appris à jouer au foot, enfant. En sortant, elle cessa pendant le long chemin que nous avons fait à pied. Au bord de ta tombe, Joël me glissa à voix basse « regarde, il nous fait une dernière blague… ».

Celle-là était lisible dans le ciel. Toute une partie était très sombre, encombrée de nuages. Et toute une autre était d’un bleu magnifique. Je souriais.

De retour à Doumarias ton vieux père, toujours superbe, engloutissait son chagrin en proposant des omelettes à qui le désirait. C’était un artiste de l’omelette. Sa proposition eut beaucoup de succès…

Petit garçon du Périgord… Des bribes de ta mémoire partagées, les mots des autres, les témoins d’alors, pour t’imaginer. « Très petit, il m’embêtait avec le bas des manches de ses vêtements… Le pull ne devait pas dépasser la chemise sur les poignets ! » m’avait confié Louise.

« À quoi tu penses ? » Tu étais un enfant silencieux. Tu disais ne pas savoir répondre.

Les larmes, le matin sur le chemin de l’école vers le village, avec l’aîné de tes frères… Il disait que tu pleurais souvent… Comment t’aidait-il à surmonter l’épreuve quotidienne de la marche vers l’école ?

Longtemps, Louise vous avait enseigné à la maison. À quel monde l’école t’arrachait-elle ?

L’humour te sauverait, par la suite.

Dans la maison familiale, Doumarias, des endroits renseignent sur l’inconnu de ce petit garçon que tu fus.

Déjà sûrement tu voulais voir… au-delà.

Lorsque nous marchions, tu voulais aller voir derrière cette colline ou après cette montagne. Le goût de l’ailleurs, la nécessité pour toi d’avancer. Pour découvrir, pour savoir ? Tu aimais être renseigné, sûrement. Mais avec ta nature ça ne durait pas très longtemps. En quête, tu étais, et attiré par l’inconnu.

Cette attirance allait chez toi avec la bienveillance et la bonté. Donc la confiance s’installait très vite autour de toi. On avait envie de te parler, même si tu ne répondais pas beaucoup, de se faire aimer de toi et de t’aimer. Tu faisais du bien, en fait. Et ce doux mélange, mêlé à ces « absences », ces moments où tu semblais aller voir derrière la colline ou là-bas après le virage… te rendaient très attirant. Tu me semblais fabriqué de cette essence où esprit et matière jouent à s’épouser, d’instant en instant avec leurs délices et leurs combats ! Et puis tu étais beau, très beau. Alors, ça aussi attirait. Qui ne t’aimait pas ?

Ce désir d’ailleurs était étayé par ta présence forte et incarnée, le « bien-vivre » et la chaleur qui s’en dégageait.

Avec le temps ta nature me saute aux yeux. Jeune, on regarde mais on ne voit pas.

Doumarias, domus la maison, de Marie… Jolie contraction du patois périgourdin.

Ce lieu est situé près d’une rivière. Les ruines d’un château moyenâgeux surplombent le domaine où demeure une très petite chapelle, vestige d’une léproserie qui avait existé au Moyen-Âge. Elle est le témoin de ce qui se passa là il y a plusieurs siècles.

André ton père aimait beaucoup les gens. Il aimait converser, mais ne se perdait pas en mots superflus. Il m’avait raconté cette histoire à propos du travail des artisans d’autrefois. Il disait que pour rempailler une chaise, un bon artisan accordait autant d’attention pour l’envers de la chaise que pour la partie du dessus.

Peut-être même davantage, ajoutait-il admiratif !

Ainsi, lui-même « disait » peu. Par contre il regardait, et on pouvait voir de la douceur dans ses yeux bleu pâle qui souriaient souvent. C’était à la mode à cette époque où il avait grandi, de dire peu. Et rêver, il semble qu’on n’y pensait pas… Entre Louise et lui, c’est là que tu grandis, petit homme silencieux, rêveur… et méticuleux !

Elle, avait une grande intelligence, pleine de compassion. Ce couple était aimable dans le sens littéral du terme. D’ailleurs ils se firent beaucoup aimer dans la région où ils vivaient. Même si la bonté et la fantaisie font aussi des jaloux…

Puis Louise resta longtemps paralysée à la suite de deux congestions cérébrales rapprochées. Elle nous « tira sa révérence », selon ton expression, peu de temps avant que des symptômes de paralysie se manifestent dans ton propre corps. Dans la famille, vous étiez ceux qui avaient su maintenir ouverture et écoute. Vous deux disparus, une espèce de folie s’installa progressivement entre les frères, leurs épouses… alors qu’André votre père se faisait vieux et perdait de sa belle force…

Il était une fois où tu nous invitas, Marie-France et moi, à venir manger une soupe au thym. Joël, ton voisin de palier, serait là aussi… Une soupe ? Au thym ? Joël craquait pour Marie-France, jeune danseuse au Conservatoire de la ville. Elle venait poser aux arts déco en tutu !

Quant au thym… on apprit plus tard qu’il servait également de modèle pour les cours de dessin aux arts déco, mais en nature morte ! Et les deux voisins de palier, fauchés, nous avaient invitées, la danseuse et moi, pour un sacré repas…

Les meubles de ta grande chambre étaient constitués de caisses et de cageots divers. C’était beau. Si différent de mon univers. C’était chaleureux là-dedans, plein d’inventions. Les « moyens du bord » t’allaient vraiment bien.

En fait les deux garçons avaient renoncé à la soupe au thym, que nous ne goûterions jamais… Ils avaient préparé une grillade sur le rebord de la fenêtre, avec une petite grille posée sur le creux de la gouttière. Comment les habitants de l’immeuble ne remarquaient-ils pas la fumée, ne sentaient-ils pas l’odeur des saucisses qui cuisaient ?!

C’est dans cette même chambre que tu me fis découvrir avec bonheur… le goût du vin. Jusque-là, chez nous, il donnait du goût à l’eau que nous buvions à table. Pur, c’était une découverte !

En bas il y avait ta vespa. Elle te permettait de gagner la campagne limousine et d’y partir peindre.

C’est à une autre grillade, au milieu des bois, que tu me convias un dimanche, pour manger du poulet !