Je suis là où tu ne m’attends pas - Deolinda Da Silva - E-Book

Je suis là où tu ne m’attends pas E-Book

Deolinda Da Silva

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Beschreibung

Styliste acharnée et célibataire assumée, Alexa s’accorde une parenthèse luxueuse dans un hôtel prestigieux sur la côte niçoise. Avec une vue imprenable sur la mer et un cadre enchanteur, tout s’annonce parfait pour un repos bien mérité. Cependant, une erreur de réservation vient bouleverser ses plans, la forçant à partager sa suite avec John, un homme dont l’assurance provocante et les manières agaçantes ne tardent pas à la heurter. Résolue à préserver son espace, Alexa engage un bras de fer où les étincelles fusent. Ce qui devait rester un simple désagrément prend une tournure imprévue, mêlant secrets, confrontations et instants troublants. Peu à peu, ils découvrent qu’au-delà des apparences, des liens inattendus pourraient naître. Mais sauront-ils s’unir face aux imprévus ? Et si ce séjour mouvementé devenait le point de départ d’une histoire capable de bouleverser leurs vies ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Inspirée par l’univers de Barbara Cartland , Deolinda Da Silva explore les multiples facettes de l’amour dans des récits empreints de romantisme et d’élégance. Après "À toit ouvert", publié en 2019 aux Éditions du Panthéon, elle signe "Je suis là où tu ne m’attends pas", une ode au sentiment amoureux, sublimant ce fil rouge universel et intemporel.


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Seitenzahl: 346

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Deolinda Da Silva

Je suis là où tu ne m’attends pas

Roman

© Lys Bleu Éditions – Deolinda Da Silva

ISBN : 979-10-422-5381-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Aime,

Comme tu aimerais tant que l’on t’aime.

1

Alexa était enfin face au comptoir de ce grand hôtel que, quelques semaines auparavant, elle imaginait, en tournant les pages du catalogue de l’agence de voyages. Il lui avait fallu du temps pour le feuilleter et se décider sur son séjour de rêve. Des endroits plus beaux les uns que les autres. Difficile de choisir, mais elle ne voulait surtout pas se presser, d’autant plus qu’elle ne pourrait pas prévoir d’autres voyages si onéreux de sitôt. Après quelques hésitations, elle opta enfin pour la Côte d’Azur. À payer, autant choisir une destination qui la faisait rêver. Nice serait parfait et l’hôtel semblait répondre à tous les critères souhaités : cinq étoiles, pension complète durant une semaine.

En photos, cela paraissait déjà si incroyable, mais une fois à l’hôtel, c’était plus que magique ! Les gens qui l’entouraient étaient si élégants. Que du beau monde ! Ils circulaient dans le grand hall d’entrée, semblant être sortis du Festival de Cannes, joliment habillés. Alexa avait l’habitude des endroits mondains. Styliste de mode, elle fréquentait toute catégorie de personnes, de la plus simple à la plus extravagante. Immobile dans cette salle immense, Alexa rêvassait, regardant autour d’elle. Une jeune femme la heurta et la fit revenir sur terre. La jeune fille reprit alors sa valise posée sur le sol et se dirigea droit vers l’accueil.

— Bonjour, je m’appelle Alexa Duarte et j’ai réservé, par l’agence de voyages « Bleu turquoise », un séjour dans votre hôtel.

— Je regarde… dit l’hôtesse très aimable en même temps qu’elle vérifiait. Effectivement, j’ai bien une réservation à votre nom pour sept jours. Nous vous avons attribué une chambre de deux lits avec salle de bain privée. Vous avez à votre disposition internet par wifi, une piscine extérieure et intérieure, ainsi qu’une salle de sport. Les repas sont assurés de 11 h 30 à 14 h 30 et le soir de 18 h 30 à 22 h. Le petit déjeuner est servi de 7 h à 10 h du matin. Vous avez la chambre numéro 12, au premier étage, tout de suite sur votre gauche en sortant de l’escalier. Avez-vous d’autres questions, mademoiselle Duarte ?

— Non, merci, répondit-elle, toujours avec le sourire.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez joindre la réception en composant sur le fixe le numéro 134. Si vous souhaitez prendre le petit déjeuner dans la chambre, il suffira de nous le signaler la veille. Je vous souhaite un agréable séjour, mademoiselle.

— Merci beaucoup, dit Alexa en se dirigeant vers la cage d’escalier indiquée par la jeune femme.

L’hôtel était magnifique, très lumineux, joliment décoré et surtout plein de charme. C’était la première fois qu’elle s’offrait des vacances de rêve comme elle en voyait au cinéma dans les films romantiques. « J’ai bien fait de venir », pensa-t-elle, radieuse et souriante, heureuse d’être là.

Face à la chambre 12, elle sortit la carte de sa poche qu’elle glissa dans la fente prévue sur la porte. Une immense pièce l’invita à rentrer. Cette chambre était bien plus grande que certains appartements à Paris. Elle avança. Deux lits se trouvaient, côte à côte, aux couvertures rose bonbon impeccablement tirées sans aucun pli, donnant un côté enchanteur, presque féerique à l’endroit. Et ce rocking-chair ! Elle s’imaginait assise, bien calée, avec un bon livre et un café. Juste un peu plus loin, un mini bureau dans les tons blanc cassé. Et dans le coin salon, près de la baie vitrée face à la mer, deux fauteuils simples en velours vieux rose rehaussaient le décor d’un côté rétro. De là, elle s’imaginait admirer le ciel et trouver de l’inspiration pour la nouvelle collection. Elle posa sa valise sur l’un d’eux, regardant l’horizon. La mer à perte de vue. Impatiente, elle passa sur la terrasse. Une petite table ronde et deux chaises en rotin gris foncé l’attendaient à bras ouverts. La vue était imprenable, magnifique, surréelle même… Un manteau bleu à perte de vue, des palmiers tout le long des galets, aucun vis-à-vis. Alexa adorait regarder la mer des heures entières, sans jamais se lasser. Cela lui permettait de se ressourcer, d’oublier tout ce qui la préoccupait et ainsi, de voir les choses avec beaucoup plus de positivité et d’objectivité. Elle continuait, songeuse, contemplant le plus loin possible, ne pensant à rien d’autre qu’à ce superbe panorama. Écouter le bruit des ondes marines se briser sur la plage avait sur elle plus d’effet qu’un anxiolytique et la calmait chaque fois. Heureuse, c’est ainsi qu’elle se sentait à ce moment précis !

Enfin, assise sur une chaise au soleil observant la mer, elle profitait de la tranquillité du moment et surtout de détente. « Ne rien faire, que c’était bon, après tous ces mois passés à travailler comme une acharnée. Je me sens si bien ! Enfin des vacances ! Elles seront mémorables. Je le promets ! Repos, repos et repos… » pensa-t-elle en souriant vers l’horizon. « Si on m’avait dit cela, il y a un an, j’aurais sûrement dit, mais non, moi dans un hôtel de rêve, j’ai à peine de l’argent pour m’acheter l’essentiel, alors… »À l’époque, elle travaillait comme styliste dans une société de textile, mais ne se sentait pas accomplie dans son travail. Sa responsable ne lui permettait pas d’exprimer toute sa créativité. Au fond d’elle-même, elle se sentait vraiment frustrée. Mais elle ne baissait pas les bras et restait positive comme toujours. Tout en travaillant, elle s’acharnait à chercher un autre « job », où elle pourrait travailler en harmonie avec elle-même, sans que personne ne lui mette des bâtons dans les roues. Pouvoir sentir cette sensation, au bout des doigts, qui lui brûlait jusqu’à ce qu’elle dessine, sans préconcept et blocage. C’était pour elle son seul but. Mais elle n’était pas ici pour penser au travail. Il fallait qu’elle profite le plus possible de ses vacances.

La semaine prochaine, elle aurait tout le temps d’y réfléchir. En tout cas, une chose était sûre, elle avait bien fait d’écouter sa mère qui l’avait incitée à rendre ce rêve possible, à partir ne serait-ce que quelques jours et profiter de la vie. Le seul bémol à son bonheur : sa solitude. Elle n’avait personne à aimer et se sentait si seule quelquefois. Une lueur de tristesse masquait son joli sourire. Effectivement, côté cœur, c’était le grand vide. Pourtant, elle aimerait trouver « chaussure à son pied » comme elle dit, mais pour l’instant, c’était le calme plat. Parmi ses connaissances, personne ne lui convenait. Elle trouvait toujours un défaut, aussi petit soit-il, et ne donnait la possibilité à quiconque de prendre la moindre place dans sa vie et surtout dans son cœur. Et plus le temps passait, plus elle devenait exigeante, et moins elle trouvait. Alexa en était consciente, mais, d’un autre côté, elle n’allait pas accepter le premier venu de peur de vieillir seule. Grande romantique, elle rêvait d’un amour passionné, comme celui de ses parents, qu’elle citait toujours en exemple. Ils s’aimaient déjà depuis si longtemps et, malgré les années, leur amour était toujours très présent au quotidien. « Serait-ce que cela existe encore aimer avec un grand A ? Si mon prince charmant est quelque part par-là, surtout qu’il se manifeste… » pensa-t-elle, tournée vers la mer. À cette réflexion, elle sourit. Elle riait seule, assise sur la terrasse. Enfin, elle n’était pas non plus là pour penser à tout cela. Toutes ces pensées seraient pour plus tard. Le plus urgent pour le moment était qu’elle profite de tout ce que cet hôtel mettait à sa disposition pour passer un agréable séjour. Il faisait très beau et elle se sentait bien. Elle adorait la plage et surtout elle aimait ne rien faire et se faire servir. C’était bien ce qu’elle voulait… des vacances à ne rien faire, des vacances de rêve !

2

Un jeune homme élégant marchait sur le trottoir, vers l’hôtel qui se trouvait devant lui. Prêt à traverser la rue, il regarda sur la droite puis sur la gauche, puis derrière lui avec insistance. Le grand hall était plein à craquer. « Sans doute, un car de riches touristes venait d’arriver… » pensa-t-il. Il s’arrêta et regarda autour de lui, ne semblant pas pressé, et se dirigea au bar de l’hôtel. Avec un large sourire, il demanda un verre d’eau qu’il but d’un trait. Cette fois-ci, le voyage lui avait paru long. Au bout du couloir, il aperçut les toilettes pour hommes et s’y dirigea. La pièce était grande et marbrée du sol au plafond. Il posa sa valise et se contempla dans le miroir, satisfait du reflet de son image. Soigneusement, il se lava les mains et s’aspergea d’eau sur le visage plusieurs fois de suite pour se réveiller. Conduire la nuit était devenu pour lui un vrai calvaire. Il se sentait fatigué, mais ravi d’être enfin arrivé à destination. Quelques jours de vacances pas comme les autres… En tout cas, c’est ce qu’il espérait. Une dernière fois, il se regarda dans la glace puis passa sa main sous le robinet qui coulait à flots et tassa sa mèche rebelle plusieurs fois de suite. Enfin satisfait de son reflet dans le miroir, il sortit, traversa le grand hall et se dirigea vers l’extérieur, sa valise toujours à la main. Quelques minutes plus tard, il rentra de nouveau, les mains vides, discutant à voix haute sans raison apparente. Les gens se retournaient sur son passage, étonnés de son comportement. Il faisait de grands gestes avec ses bras et, irrité, il parlait fort.

— Non, je veux la paix, tu m’entends ! s’écria-t-il sans pouvoir se contenir, regardant sur sa droite alors que personne ne se trouvait à ses côtés.

— Va-t’en ! continua-t-il de nouveau. Tu vois bien qu’on me regarde. Je ne veux pas de toi ici…

Puis il s’arrêta et survola du regard le hall jusqu’à l’entrée. Une grande rafale souffla en sa direction et referma la grande porte vitrée, la faisant claquer fortement. Le jeune homme souffla, soulagé.

À ce moment-là, un client, qui venait de l’extérieur et s’apprêtait à passer le pas de la porte, eut juste le temps de se pousser sur le côté pour ne pas se recevoir la porte sur la figure. Il semblait un peu effrayé, ne comprenant pas ce qu’il venait de se passer. Le portier, à l’entrée principale, le regardait. L’homme s’avança vers lui.

— Pardon, dit-il. Mais que se passe-t-il donc avec la porte d’entrée ?

— Sans doute un courant d’air, monsieur.

— Vous avez eu de la chance que la porte ne m’ait pas claqué au nez.

— J’en suis heureux, monsieur. Avez-vous besoin d’un coup de main pour les bagages ? Auquel cas, je vous appelle quelqu’un.

— Non, merci. Ça va aller, dit l’homme visiblement contrarié.

— Bon séjour, monsieur.

À l’intérieur, le jeune homme repartit de l’autre côté, se dirigeant à nouveau vers le bar, mais cette fois-ci dans le silence. Un double whisky lui paraissait approprié pour se calmer. Il n’avait pas l’intention de conduire tout de suite. Encore nerveux, il s’installa sur une chaise haute au comptoir et se retourna, regardant de nouveau à droite puis à gauche comme s’il cherchait quelqu’un au milieu de la foule. Puis, il jeta un coup d’œil à sa montre. Il avait encore le temps de faire tout ce qu’il avait prévu avant de s’installer. Tout était programmé et pensé ! Prendre son temps et vivre la vie à deux cents à l’heure, c’était sa devise… surtout en vacances. « Profiter de la vie pour ne jamais rien regretter. »

3

Alexa n’en pouvait plus. Ses jambes lui faisaient mal, d’avoir tant marché. Pour sa deuxième journée de vacances, elle était épuisée de sa visite touristique qui dura toute l’après-midi et arriva à l’hôtel vers 19 h, à l’heure du dîner. Dans le grand hall, un énorme brouhaha résonnait. Alexa se crut dans un hall de gare à l’heure de pointe. À l’accueil, de nombreuses personnes parlaient fort et semblaient mécontentes. Il y régnait un énorme désordre et le climat paraissait tendu. Alexa se faufila dans le couloir, contournant les gens et se dirigea jusqu’à sa chambre, rentrant dans la cage d’escalier. Elle se sentait bien dans son petit coin et aurait occupé la chambre sans problème toute l’année. Il ne fallait pas être difficile ! La jeune fille rêvait d’une belle vie et se voyait bien vivre dans une maison confortable comme celle-ci. Sa tête était ailleurs. Machinalement, elle se déshabilla pour prendre une douche avant d’aller dîner. L’eau, progressivement, détendit chaque muscle de son corps. Quelqu’un frappa à la porte. Rapidement, elle sortit de la douche. « Où avait-elle posé le peignoir ? Et puis, zut ! » Elle attrapa la grande serviette et la passa autour d’elle. « Qui cela peut-il être ? Une erreur sans doute. » Elle n’attendait personne et n’avait rien commandé à la réception ! Sans tarder, la jeune fille ouvrit. Devant elle se trouvaient deux hommes, le premier, souriant, avait environ la soixantaine, accompagné d’un jeune homme, élégant et beau comme un dieu, qui la dévisageait de la tête aux pieds sans aucune vergogne.

— Excusez-moi de vous déranger, mademoiselle, dit l’homme plus âgé. Je m’appelle, Éric Dupré. Je suis le propriétaire de cet hôtel et j’ai besoin de votre collaboration pour résoudre un petit problème… d’intendance avec monsieur Braun. Rien de très grave, mais… Ah oui ! je vous présente John Braun.

Le jeune homme fit un petit signe de la tête en guise de présentations et sourit ironiquement.

— Voilà… continua-t-il. Comment vous dire cela ? Par erreur, un de mes employés a fait deux réservations pour les mêmes dates. La première à votre nom et l’autre au nom de monsieur Braun ici présent. Le problème est qu’en ce moment, je n’ai aucune autre chambre disponible et j’ai pensé que comme votre chambre a deux lits, si vous n’y voyez pas d’inconvénient bien sûr, j’aimerais bien, tout au moins pour cette nuit, que vous puissiez la partager avec lui. Je sais que je ne devrais pas, mais c’est un jeune homme que je connais personnellement. Je reconnais que c’est une situation embarrassante qui ne devrait pas se produire dans un hôtel tel que le nôtre, mais c’est vraiment provisoire, je vous assure. Je ne vous le demanderais pas si j’avais une autre solution. En contrepartie, mademoiselle, je vous promets que dès qu’une chambre se libère, je la lui garderai immédiatement.

La jeune fille s’empourpra de colère et regardait froidement le jeune homme.

— Mais vous ne pouvez pas faire ça. Ça ne va pas ! J’ai réservé cette chambre pour moi toute seule et je ne veux pas la partager, surtout pas avec un hom… homme… dit-elle impulsive et énervée.

— Ah, voilà… C’est donc ça, vous avez peur des hommes à ce que je vois ! répliqua-t-il d’un air moqueur, presque arrogant. Il insistait sur certains mots comme Alexa le faisait depuis le début de la conversation. Moi, j’ai réservé la même chambre pour moi tout seul aussi et pourtant je suis prêt à la partager avec vous, si vous me le demandez gentiment.

— Quelle arrogance ! Quel toupet ! Mais pour qui vous prenez-vous ? s’écria-t-elle, furieuse. J’étais là avant vous, monsieur. Qui va à la chasse perd sa place… On ne vous l’a jamais dit ?

— Allez, essayez d’être raisonnables tous les deux, dit monsieur Dupré… Ce n’est que pour très peu de temps. Enfin, essayez de me comprendre, mademoiselle. Je dois trouver une solution qui puisse contenter tout le monde, aussi bien pour vous, comme pour nous, conclut le propriétaire les regardant à tour de rôle.

Mais John, planté devant elle, la fixait de haut en bas avec insistance et Alexa détestait cette attitude. Il ne prêtait pas attention à ce qu’elle disait et semblait même s’en moquer.

— Mademoiselle ? Euh… Mademoiselle ? dit-il, essayant de se souvenir de son prénom.

La serviette de bain qui entourait le corps d’Alexa semblait le captiver plus que la conversation. Celle-ci avait d’ailleurs un peu glissé vu la profondeur soudaine du décolleté. C’est à ce moment-là qu’elle réalisa, avec stupeur, qu’elle était à moitié nue, face à deux hommes qu’elle ne connaissait même pas.

— Alexa, je m’aaaapellle Alexa, mais deux petites minutes… Je reviens… tout de suite !

La jeune fille rentra rapidement dans la salle de bain, attrapant sur son chemin le peignoir posé sur le lit qu’elle enfila sans attendre. Puis, elle revint dans la chambre.

— Mademoiselle Alexa, vous n’allez tout de même pas me laisser dormir sous un pont ? prononça John d’un air mielleux et moqueur à la fois.

— Mais ce n’est pas mon problème enfin ! Il ne manquerait plus que ça !

— Très bien, je ne vais pas insister… dit John lui tournant le dos prêt à partir. Ne dérangeons pas plus longtemps mademoiselle. Elle a une pierre à la place du cœur. Tant pis, je dormirai dans ma voiture. Pour une nuit, comme vous dites, continua-t-il ironiquement la foudroyant du regard, ce n’est pas un problème.

— Désolé de vous avoir importuné, mademoiselle… dit monsieur Dupré sans insister. C’est dommage, car j’étais prêt à vous accorder une remise de trente pour cent sur votre séjour à l’hôtel, une manière de vous remercier. Mais ainsi, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne soirée.

Il poussa le jeune homme vers le couloir, l’obligeant à sortir de force. John se retourna à plusieurs reprises vers Alexa qui semblait être ailleurs tout en les regardant partir.

— Trente pour cent, vous dites trente pour cent ? Je peux réfléchir un instant ? cria-t-elle au directeur de l’hôtel.

Dans sa tête, une calculatrice se mit en route. Elle pourrait ainsi économiser sur son séjour…

— Attendez ! dit-elle, les arrêtant net devant la porte de l’ascenseur. Je veux bien, mais à une condition, juste le temps qu’une chambre se libère. Je ne veux surtout pas avoir mauvaise conscience et savoir que monsieur dort dans sa voiture à cause de moi.

Son regard envers John était méprisant. Les deux hommes revinrent sur leurs pas et rentrèrent, de nouveau dans la chambre, fermant doucement la porte derrière eux.

— Je vous laisse donc vous installer jeune homme. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je reste à votre disposition. Bonne soirée. Merci, mademoiselle Alexa, dit le propriétaire souriant en quittant les lieux.

4

Le regard dans le vide, elle ne voyait plus John. Elle repensait à son travail et à ses vacances qu’elle imaginait tranquilles. Hier encore, elle était entourée de ses collègues de travail dans « l’open space » qu’elle partageait avec toute l’équipe de design et se faisait une joie de pouvoir partir quelques jours. Pourtant, il y régnait une bonne ambiance et tous, ou presque, travaillaient dans la bonne humeur. Bien sûr, on a toujours plus d’affinités avec certains, plutôt que d’autres. La vérité, c’est qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, mais il faut savoir être tolérant. Son éducation, fondée sur ces valeurs, avait permis à la jeune fille de toujours voir les choses d’une manière plus simple et positive, l’aidant, dans son quotidien, aussi bien dans sa vie personnelle que dans celle professionnelle.

— Alexa, alors c’est demain le grand jour ? lui demanda Michel, un collègue de travail, styliste de vêtements pour homme, travaillant depuis quelques mois dans la société.

— Oui, rétorqua-t-elle, affichant un sourire jusqu’aux oreilles.

— Tu vas bien dans un hôtel cinq étoiles, c’est ça ? Tu restes en France ? demanda Michel pour la énième fois.

— Ouiiii, répondit-elle, agacée par les questions que chaque jour Michel lui ressassait.

— Y en a qui ne s’emmerdent pas ! lui répond-il.

— Personne ne t’empêche de faire pareil, lança Alexa, limite énervée.

Michel la questionnait sans relâche. C’était un bon collègue de travail, véritablement charmant, beau comme un dieu, mais d’après les « on dit », un peu homo, mais le pire de tout, radin extrêmement radin. Alexa n’avait rien contre les homosexuels. L’amour est un sentiment qui ne distingue ni l’âge, ni le genre, ni les différences, petites ou grandes, quelles qu’elles soient. L’amour ne se mesure pas au corps, mais à l’âme. Homme ou femme, peu importe ! Mais ce qui la dérangeait vraiment était son avarice.

— Mais dis-moi, tu ne pars pas toute seule en vacances tout de même ? À quel hôtel vas-tu déjà ?

— Je t’ai déjà dit que je n’ai besoin de personne. Mais tu fais partie du FBI ou quoi ? Ça fait déjà deux fois que je te l’ai répété le nom de l’hôtel. Je ne te le répéterai plus, tu n’as qu’à réfléchir un peu !

— Mais cela a dû te coûter un maximum de fric, ce séjour ?

Exaspérée, elle faisait comme si elle ne l’entendait pas.

— Allez, Alexa ! Je ne m’en souviens plus.

— Ne t’avise surtout pas de venir me voir ! Tu m’entends ?

— Ma pauvre, toute seule ! rétorqua-t-il sans prêter attention à sa remarque.

— Et toi Michel, tu fais quoi pour tes vacances ? lui demanda la jeune fille de manière impulsive, pour l’énerver, mais dans sa tête elle connaissait déjà la réponse.

— Rien, je n’ai rien prévu. J’économise…Et il partit faire une photocopie, se défilant : le sujet ne lui plaisait plus. « L’avarice est un vilain défaut. Un jour ou l’autre, tu t’en rendras compte », pensa-t-elle.Son nouveau travail lui plaisait. Alexa travaillait maintenant pour une prestigieuse marque, haut de gamme « Élégant Style ». Des vêtements pour femmes modernes et distinguées avec de la classe et du goût. La bonne humeur et l’équipe sympathique qui l’entourait étaient propices à la créativité des modèles et à l’association des accessoires suivant la tendance. Il y a encore quelques mois, Alexa ne savait pas ce qui l’attendait professionnellement. Le goût pour la mode lui était venu par le plus pur des hasards. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait faire de sa vie et accepta un poste d’administratif comme premier emploi dans une société de textile. Rapidement, elle se lia d’amitié avec une des stylistes, dont le bureau était à quelques mètres du sien. Elle suivit de près tous ses pas et se passionna pour la mode, les couleurs, les tissus qu’elle aimait toucher et admirer et prenait plaisir à associer les accessoires aux tenues. Cette femme s’était trouvée sur son chemin pour lui montrer sa voie. La jeune fille adorait se mélanger aux couturières, les voir couper les vêtements en quelques coups de ciseaux. Les mannequins, qui essayaient les prototypes de la collection, semblaient ne jamais terminer les essayages. Elle se perdait des heures et des heures au studio pour les « shooting». Chaque personne a un destin tracé sur cette terre. Rien n’arrive par hasard. Et Alexa, maintenant, en était sûre, car elle venait de trouver sa voie.

Les vagues faisaient du bruit en se jetant sur les galets. Pourquoi penser à son travail quand devant elle, la vue était si belle ? Rapidement, elle attrapa son portable et en profita pour passer un petit coup de fil.— Allo, maman ! C’est moi. Je suis bien arrivée. Il fait très beau et je suis super bien installée dans l’hôtel. J’ai une terrasse face à la mer. J’ai une vue incroyable. Ma chambre est grande et confortable. Oui, je prends des photos. Comment ça va, vous deux ?

Elle resta silencieuse et attentive le temps d’écouter sa mère à l’autre bout du téléphone qui répondait à sa question.

— OK, maman, c’est d’accord, je t’appellerai demain. Bonne soirée. Bisous. Dormez bien et pas de bêtises ! s’exclama-t-elle en riant.Il était presque 18 h. Elle pouvait maintenant s’installer, prendre une douche et dîner tranquillement au restaurant de l’hôtel. Un bien joli programme pour des vacances de détente. Un dernier coup d’œil pour s’imprégner de cette merveilleuse vue. Et l’idée de ne pas cuisiner lui plaisait énormément… et de se faire servir, alors là, encore plus.

Devant sa valise posée sur le sol, elle se questionna : « Elle avait, sans doute, apporté trop de vêtements pour une semaine ! » Elle se remémora au moment de choisir ce qu’elle mettrait dans son bagage. C’était tellement difficile de se décider qu’elle en avait apporté trois fois trop. Mais d’une chose, elle était sûre, il valait mieux en avoir de trop que pas assez ! Rapidement, elle rangea ses tenues dans l’armoire faisant attention à ne pas les déplier. « Voilà, une bonne chose de faite ! » pensa-t-elle. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à prendre une douche bien chaude. Deux grands coups résonnèrent sur la porte. Quelqu’un venait de frapper avec force ! Alexa, se dirigeant déjà vers la salle de bain, rebroussa chemin pour ouvrir. Personne ! Un pas en avant. Elle regarda à droite, puis à gauche. Le long couloir était vide. Qui lui avait fait une blague ? Elle referma la porte d’un coup se questionnant et rentra de nouveau dans la chambre. Quelque chose la contrariait. Quelque chose qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer ! Comme une impression de mal-être qui envahissait subitement tout son corps jusqu’à lui donner la chair de poule. Pour s’occuper l’esprit et ne pas réfléchir, elle prit sa valise vide posée sur son lit et la rangea en bas de l’armoire. « Allez sous la douche. Oui, c’est ça, il faut que je me détende» et passa dans la salle de bain. Une grande pièce lumineuse, agréable, minutieusement rangée, comprenait une douche et une baignoire jacuzzi. Quelques échantillons de soins, bien alignés, étaient posés au bord de l’évier. Au hasard, elle déboucha un gel douche et le sentit. Cela sentait si bon, qu’elle décida de l’utiliser immédiatement. Les serviettes, elles aussi, rangées toutes alignées sur une étagère vitrée à proximité de la baignoire ne demandaient qu’à être dépliées. Une odeur de roses envahissait la pièce, sans doute provenait-elle des fragrances de l’assouplisseur, utilisé pour le lavage du linge de l’hôtel. L’eau qui coulait sur sa peau lui faisait un bien fou, physiquement et moralement. À présent, elle se sentait détendue. Elle attrapa une grande serviette et revint à nouveau dans la chambre. Alexa ouvrit l’armoire et prit un jean, un tee-shirt bleu, rehaussé de dentelle qu’elle passa immédiatement. La valise était sur le lit. Ahurie, elle stoppa net en la fixant du regard. Mais elle l’avait rangée ! Elle en était sûre ! La porte de l’armoire était grande ouverte. Pourtant, elle l’avait fermée. Et son sac à main posé sur le fauteuil. Elle ne l’avait pas posé là. Décidément, elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Elle avait vraiment besoin de vacances. Elle qui n’aimait pas le désordre. Elle regarda sa montre. Il était encore tôt pour aller dîner. Elle ne voulait surtout pas arriver la première au restaurant. Ses baskets neuves, blanches, achetées à la dernière minute la veille, lui allaient comme un gant et elle se plut à les regarder dans le miroir. De nouveau, quelqu’un frappa à la porte. Elle alla ouvrir. Un jeune homme vêtu dans un uniforme bleu marine se tenait devant elle, traînant un plateau sur une petite table à roulettes, où se trouvait une bouteille de champagne dans un seau à glace et… il rentra si vite, qu’elle n’eut même pas le temps de voir ce qu’il y avait d’autre. Le garçon d’étage se trouvait déjà devant elle, à l’intérieur de la chambre et la regardait.

— De la part de la direction, un peu de champagne pour vous souhaiter un bon anniversaire et la bienvenue à notre hôtel, et en dessert un petit gâteau au chocolat truffé au coulis de café. Je vous souhaite un agréable séjour. Et tous mes bons vœux, mademoiselle.

Le jeune homme lui souriait. La beauté naturelle de la jeune fille ne lui était pas indifférente. Elle profita du moment où il la regardait pour élucider son mystère.

— Merci ! dit-elle en souriant. Puis-je vous poser une question ?

Le jeune homme lui fit un signe affirmatif de la tête.

— Par hasard, ce n’est pas vous qui avez frappé à la porte, il y a environ cinq à dix minutes ?

— Oh, non, mademoiselle, je viens juste d’arriver.

— Vous êtes sûr ? insista-t-elle.

— Oui, tout à fait sûr, mademoiselle. Avez-vous besoin d’autre chose ? lui demanda-t-il.

— Non, merci, répondit-elle pensive.

« C’est peut-être lui et il n’a pas osé me le dire. Ou peut-être était-ce un enfant qui faisait les quatre cents coups. Un enfant, ça court vite ! Oui, c’est ça. Enfin, peu importe. Ne t’inquiète pas pour ça, Alexa ! À ce rythme, les jours passent et tu n’auras rien fait de tes journées », tenta-t-elle de se persuader.

Il est vrai que lorsqu’elle était arrivée à l’accueil, la jeune femme lui avait demandé sa pièce d’identité. « Mais oui, c’est ça ! Suis-je bête ? » Sa date de naissance y est inscrite. Ses idées partaient dans tous les sens. Mais elle était ravie de la charmante attention de la direction à son égard. Un détail qui a toute son importance. Une carte était posée à côté du champagne. Elle la retira de l’enveloppe et lut à haute voix. « Pour un anniversaire mémorable. Vœux de la Direction». Les vacances commençaient si bien ! Wouaou... Alexa se lança sur le lit et resta couchée un moment, à sourire bêtement regardant le plafond… Soudain, la mélancolie l’envahit. C’était la première fois qu’elle passait son anniversaire loin de sa famille. Elle n’avait pas vraiment eu le choix. Les réservations les moins chères étaient précisément cette semaine et avait donc dû réserver pour ne pas trop dépasser son budget. Cette année, elle le fêterait donc seule. Songeuse, allongée sur le lit, elle pensa à toutes les fêtes passées avec sa sœur et ses parents. Quels bons souvenirs ! Ces moments d’enfance qui aident à devenir adultes, à avancer dans la vie, à apprécier les valeurs inculquées par nos parents. Les siens étaient exceptionnels et elle en avait conscience. Elle se sentait chanceuse, car ils étaient affectueux, attentifs et toujours présents quand il le fallait.

Sa montre affichait 19 h passées. « Assez réfléchi pour aujourd’hui. »Elle se leva et se prépara. Pour le premier soir, elle ne voulait pas dîner trop tard. Une petite touche de maquillage et elle était prête pour y aller. Le champagne et le gâteau seraient pour son retour du restaurant et elle s’en faisait une joie. Un petit écart, de temps en temps, cela ne fait pas de mal. Et aujourd’hui, n’était pas un jour comme les autres, puisqu’elle avait un an de plus. Mais même en vacances, elle tenait absolument à garder une alimentation saine et à maintenir sa ligne. Prête à partir, devant la porte, elle jeta un dernier coup d’œil derrière elle. Elle n’avait rien oublié. La porte de la chambre claqua, Alexa descendit par les escaliers. Un peu d’exercice lui ferait du bien ! À l’accueil, elle demanda comment se rendre au restaurant. L’hôtesse lui indiqua le chemin qu’Alexa suivit à la lettre et se trouva rapidement dans la salle, agréablement décorée, dans les tons pastel. De nombreuses tables alignées, ornées chacune d’un joli bouquet de fleurs, occupaient joliment l’espace. Le restaurant paraissait ainsi encore plus accueillant. De nombreux couples, déjà installés, dînaient. Quelques tables familiales, dont certaines avec de jeunes enfants étaient un peu plus bruyantes. Alexa s’installa un peu en retrait. À peine assise, un serveur se dirigea immédiatement vers elle.

— Je vous apporte la carte tout de suite, dit-il en partant à l’opposé de la salle.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il la lui remit. Alexa l’ouvrit et jeta un coup d’œil sur les menus proposés. Son choix était fait. Un poisson grillé avec des petits légumes, ainsi qu’une salade composée en entrée, accompagnée d’eau plate, sans dessert, puisque le gâteau et la petite bouteille de champagne l’attendaient dans sa chambre. Pas de gâchis ! Elle ne le supportait pas. Puis un café serré dont elle ne pouvait pas se passer. Cet arôme parfait qui terminait son repas de la meilleure façon. Pour la jeune fille, c’était toujours un plaisir de boire un bon café. « Superbe dîner », pensa-t-elle. Un endroit calme et savoureux, et la cuisine si fine. Excellente même ! Alexa se sentait bien dans ce monde luxueux, la décoration de l’hôtel, la mer qu’elle voyait de sa terrasse, et maintenant le restaurant où la cuisine était fabuleuse et l’attention des serveurs. Elle but le reste de son verre d’eau puis se leva, enfila sa veste pour se protéger de la fraîcheur de la nuit et se dirigea vers la porte d’un pas calme et suave. Par la grande baie vitrée, elle aperçut un somptueux jardin, rempli de fleurs et de jolis arbustes, qui devait appartenir à l’hôtel. Il n’était pas trop tard. Aucun panneau n’interdisait son accès. Elle décida donc de s’y aventurer un instant. Ce soir, il faisait bon malgré une légère brise. Le soleil se couchait tout doucement imprégnant ses jolis tons orangés laissés sur l’horizon. Et puis, ces magnifiques roses aux nuances variées tout le long du chemin qui grimpaient tapissant le mur de ses belles couleurs mélangées. Elle avançait et n’arrivait pas à quitter des yeux les superbes rosiers fleuris. L’allée était sublime et donnait l’impression à Alexa de se trouver dans un rêve. La senteur des églantiers embaumait tout le parcours. Et ce grand point d’eau avec des nénuphars, donnant sur un joli pont en bois, sur lequel retombait un lierre dans les tons vert clair et foncé. Elle resta accoudée quelques minutes à la rambarde du pont à regarder cette magnifique vue. Grâce à la sérénité de la soirée, elle ne pensait plus à rien, s’imbibant de ce silence qui lui transmettait une grande paix intérieure. Des photos ! Il fallait qu’elle en prenne quelques-unes, pour les publier sur ses pages de réseaux sociaux. Le parc était magnifique à cette heure, mêlant la fin de la journée à la pénombre de la nuit. Elle en fit plusieurs d’affilée, un coup sur la droite, puis sur la gauche. Une fois rentrée, elle les insérerait sur « Instagram» et « Facebook ». Sa famille pourrait ainsi suivre son séjour grâce à ses publications. De l’autre côté du mini lac, elle aperçut un banc, sur lequel elle alla s’asseoir cinq minutes. Elle marchait depuis un bon moment et commençait à sentir la fatigue l’envahir. Ses yeux lui pesaient. Aujourd’hui avait été une longue journée. Levée à l’aube pour prendre son vol pour Nice, le voyage l’avait épuisée. C’était bien la première et dernière fois qu’elle prenait un vol si tôt le matin. Elle bâillait sans cesse. Alexa ne pouvait plus lutter contre le sommeil. La nuit se rafraîchissait. Elle frissonnait. À grands pas, elle avança vers l’hôtel.

La porte de sa chambre était légèrement entrouverte. Pourtant, Alexa était sûre de l’avoir fermée avant de sortir. « À moins qu’il ne s’agisse de la femme de chambre ? » pensa-t-elle le temps d’un instant. Mais le nettoyage des chambres ne se faisait pas le soir. Ce n’était donc pas possible. Alexa retira une de ses chaussures et la prit en guise d’armure. La seule chose qu’elle ait trouvée pour pouvoir se défendre, dans le cas où elle ait besoin d’assommer un éventuel intrus. La jeune fille imaginait qu’un grand coup de talon sur la figure devait faire très mal et cela la rassura un peu. Doucement, elle poussa la porte, la chaussure prête à cogner sur qui se mettrait au travers de son chemin. En passant devant la salle de bain, elle sursauta en se voyant dans le miroir en posture de défense. Alexa ne se sentait pas rassurée et avançait à pas de loup. Un pied nu et l’autre chaussé, elle marchait plutôt bancale, jetant un rapide coup d’œil à la chambre prête à bondir si nécessaire. Dans la foulée, elle inspecta aussi la salle de bain. Il valait mieux être prudent. Mais tout était normal. L’ordre régnait dans la pièce. Soulagée, elle posa son sac à main sur le lit et se déchaussa. En se tournant, sa chambre se reflétait dans le miroir. Elle n’avait pas vérifié sous le lit et dans l’armoire. Ce qu’elle fit immédiatement armée, à nouveau, de sa précieuse chaussure qui lui donnait une certaine assurance. Personne ! Elle repensa alors aux thrillers vus à la télé où le méchant se cachait souvent sous les lits, voire dans les penderies. Si elle n’avait pas vérifié, elle n’aurait pas fermé l’œil de la nuit. Lasse de sa journée, elle se déshabilla et enfila son pyjama pour être plus à l’aise. Un petit bol d’air avant d’aller se coucher. Tout ceci lui avait fait perdre le sommeil. Munie de sa coupe de champagne et du dessert offert par l’hôtel pour son anniversaire, elle accéda à la terrasse et s’installa sur une des deux chaises en rotin. Profiter d’une nuit aussi belle, vue sur la mer avant de se jeter dans les bras de Morphée, quel bonheur ! Malgré l’heure tardive et la légère brise, il faisait encore chaud. Le champagne pétillant l’apaisait.

« Bon anniv, Alexa », dit-elle tout haut, levant sa coupe vers le ciel, face à la mer… Au loin, on pouvait apercevoir deux gros paquebots, accostés pour une escale dans le port. Demain matin, sans doute, ils ne seraient plus là et seraient déjà partis, on ne sait où. Elle était songeuse, face à ce joli panorama. Cette vie ne lui déplaisait pas du tout. Elle en ferait bien son quotidien. Non pas pour le côté financier, mais pour la beauté de tout ce qui l’entourait, de cette sérénité que la mer lui procurait. La nature apporte un apaisement, une sensation fantastique de bien-être. Face à elle, dans le café au loin, installés aux tables extérieures des gens discutaient encore. Un léger brouhaha provenant de cette direction se faisait entendre au gré du vent. La nuit était belle, fraîche et étoilée. Pas un seul nuage. Demain sera une belle journée ! Tant mieux, car elle prévoyait d’aller à la plage. Le dessert avalé et la petite bouteille de champagne vide, il était plus que temps d’aller se coucher. Demain, elle voulait se lever tôt et profiter pleinement de sa journée et de ses vacances.

5

John toussota à plusieurs reprises, essayant de ramener Alexa à la réalité. La jeune fille était ailleurs, fixant l’horizon, visiblement perdue dans ses pensées. Elle l’avait complètement oublié. Il n’osait pas bouger ni faire de mouvements brusques de peur de la faire sursauter. D’un regard amusé, il se contentait de la regarder, depuis l’instant où le directeur de l’hôtel avait quitté la chambre. Alexa était si belle qu’il ne s’en lassait pas. Mais il n’avait pas prévu qu’elle ait un aussi mauvais caractère et surtout qu’elle ne tente même pas le dissimuler. Leur cohabitation promettait. Alexa regarda John, ahurie, comme si elle voyait un fantôme. « Ah oui, c’est vrai, je l’avais oublié celui-là », pensa-t-elle faisant la grimace. Toujours là, planté, devant elle, il la dévisageait sans aucun sourire. Depuis combien de temps la regardait-il ainsi ? Plusieurs minutes. Et puis après tout, elle s’en moquait. Elle n’avait aucun compte à lui rendre. C’était sa chambre et elle était là avant lui. Son regard posé sur elle lui faisait presque peur. Pourquoi ressentait-elle cette sensation étrange, intérieure, de bien-être et en même temps, cette rage folle, qu’elle avait de le jeter dehors. Cette impression de le connaître depuis longtemps, de l’avoir quitté hier, mais en même temps, ce sentiment de rejet à son égard. S’il y avait bien quelque chose qu’elle n’aimait pas chez cet homme, c’était cette manière qu’il avait de la dévisager de la tête aux pieds. Elle se sentait hors d’elle, prête à lui sauter dessus.

— Vous allez me regarder comme ça encore longtemps ? lui demanda-t-elle sèchement, le regardant droit dans les yeux.

— Ce n’est pas vous que je regarde… C’est la vue merveilleuse… sur la mer, que nous voyons d’ici…

Il ne termina pas sa phrase et se dirigea immédiatement sur la terrasse s’asseyant sur une des deux chaises en rotin. Alexa se contint de ne pas lui sauter dessus. Quelle arrogance et quel toupet, il avait. « Quel être insupportable ! Et en plus, il se moque de moi et se croit malin. Il va voir à qui il a affaire celui-là », pensa-t-elle furieuse.