Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
À son grand-père disparu, une petite fille devenue femme adresse le récit d’une vie cabossée. Entre les failles d’une famille abîmée et les silences d’un État défaillant, elle trace le chemin d’une enfance heurtée. L’adversité s’invite à chaque page, mais aux côtés de l’espoir et de la désillusion, surgissent aussi la force et la résilience. Cette œuvre est une lettre, un cri, une lumière. Et surtout, une promesse de se relever.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Adepte de thrillers,
Marie-Angèle DiLitta a toujours aimé les grandes histoires jusqu’à ce qu’un accident médical change la sienne. Cet ouvrage est né comme une nécessité, une bouée lancée dans le tumulte. Écrire l’a aidée à tenir, à comprendre, à transformer l’épreuve en espoir. Aujourd’hui, elle partage son vécu pour tendre la main à ceux qui traversent l’impossible et leur rappeler qu’un avenir meilleur reste toujours possible.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 153
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Marie-Angèle DiLitta
Je t’ai longtemps attendu
Itinéraire d’une enfant placée, déplacée
© Lys Bleu Éditions – Marie-Angèle DiLitta
ISBN : 979-10-422-7067-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Josiane et Antoine Di-Litta
Playlist Spotify
Playlist m’ayant accompagnée durant l’écriture et tout au long de ma vie.
Si le cœur vous en dit au cours de la lecture.
Liste exhaustive en fin d’ouvrage.
Une partie des bénéfices de l’autrice sera reversée à l’association PIXELS AURA.
Le destin mêle les cartes, et nous jouons.
Schopenhauer
L’injustice est le point commun qui unit toutes les personnes que j’ai eu l’occasion d’accompagner dans le cadre de la pair-aidance. Qu’elle découle de la maladie, de la perte d’un proche, d’un accident, d’une agression ou de harcèlement, qu’elle soit aggravée par un système de soin traumatisant ou une aide sociale à l’enfance maltraitante, cette injustice demeure incorporelle. Elle s’apparente à un gouffre insondable, sans fond sur lequel prendre appui pour remonter.
Chez Marie-Angèle, comme chez beaucoup de ceux qui ont connu l’aide sociale à l’enfance, ces injustices sont particulièrement nombreuses et répétées sur une période longue. Lorsque l’esprit bascule dans la souffrance psychique – même si la source du mal est identifiée, même si les autres nous assurent que nous ne méritions pas de tels événements –, nous n’arrivons jamais à nous débarrasser de la conviction de notre propre responsabilité.
Marie-Angèle possédait des forces intérieures remarquables, à la hauteur des défis qui l’assaillaient. Pourtant, ses ressources restaient prisonnières d’un passé insoutenable, engluées dans des combats devenus inutiles. Les personnes que je rencontre mènent une existence écrasée sous le poids d’émotions qu’elles n’arrivent pas à maîtriser. Bien souvent, elles sont en errance dans un système médico-social qui les catégorise en fonction des symptômes générés par ces émotions, et qui oublie d’explorer le moteur interne qui les provoque. Le système s’épuise à soulager les effets secondaires tels que la dépression, l’anxiété, les addictions ou les psychoses, sans s’attaquer à la racine du mal.
L’injustice tend à piéger ceux qui la subissent. Philippe Jeammet propose deux chemins possibles : la créativité, qui est synonyme de vie, fondée sur le lien à l’autre, la construction et l’amour, mais qui s’accompagne d’une part d’incertitude, car elle ne dépend pas entièrement de nous. Après une vie marquée par l’injustice, il est compréhensible de ne pas pouvoir lâcher prise et s’engager dans une voie aussi risquée et imprévisible.
La seconde voie, plus accessible et sécurisante à court terme, est celle de la destructivité. Tout nous appelle vers elle, car elle ne dépend que de nous et nous sommes certains d’être récompensés de nos efforts. C’est le chemin du repli sur soi, de la violence, de la destruction de notre corps et de ce qui reste de l’estime de soi – par le biais des scarifications, des comportements à risque, des addictions, de la soumission à d’autres ou de l’isolement social. Au bout de ce chemin, après une vie qu’on a l’impression de n’avoir jamais contrôlée, se trouve parfois l’acte ultime de liberté : une issue tragique où, enfin, l’on redevient acteur de sa propre vie.
Vouloir réparer l’injustice est une illusion, qui repose sur l’idée qu’une part de nous aurait été volée – un « moi » qui aurait dû exister, mais qui n’existe pas. Qui n’existera pas. Qui n’a jamais vu le jour à cause des événements de la vie. Dans la mauvaise psychanalyse et l’approche superficielle de la résilience, on nous pousse à combattre, à évacuer voire à exorciser pour retrouver ce « vrai soi », à l’image de l’athlète blessé qui devient champion paralympique. L’injustice vengée. Mais cette vision est trompeuse : ce qui n’a jamais existé ne peut être restauré. Une vengeance, un procès, un médicament ne peuvent rien changer à ce qui n’existe plus.
Pour faire un parallèle, l’idée que notre patrimoine génétique fixe notre destin à la naissance qui a aujourd’hui laissé place à une compréhension plus complexe et nuancée : notre potentiel génétique s’exprime différemment tout au long de notre vie en fonction de l’environnement rencontré. Ce changement de perspective nous offre la possibilité de transformer notre rapport à l’injustice. Les événements passés ne nous ont pas privés d’une réalité préexistante, mais ont ouvert autant de possibilités qu’ils en ont fermées. « On ne survit pas en entier », a écrit Adèle Haenel en faisant référence aux agressions sexuelles qu’elle a endurées pendant plusieurs années. Beaucoup de possibilités se sont effondrées dans la souffrance et c’est injuste.
Mais beaucoup de nouvelles possibilités sont apparues, même si on ne les avait ni attendues ni choisies. Même si on n’était pas consentants à ce changement. Cette vision nous rend indestructibles puisqu’il ne s’agit plus de devenir « la meilleure version de soi », mais « une meilleure version de soi », enrichie par nos expériences, aussi douloureuses soient-elles. Nos malheurs cessent d’être de simples injustices pour devenir des blessures. Et ces blessures, bien que profondes, sont éligibles à la guérison.
C’est dans cet état d’esprit que le système de santé et le secteur médico-social peuvent jouer un rôle fondamental, en offrant des outils adaptés, des thérapies efficaces et des relations humaines riches pour alléger les souffrances, guérir les blessures et soutenir le rétablissement.
On penserait facilement qu’il y a quelque chose d’égocentré dans cette recherche d’un soi satisfaisant. Pourtant, si la souffrance psychique a toujours pour conséquence le repli sur soi, presque toutes les personnes que j’ai accompagnées étaient consciemment ou non en manque « d’être utiles aux autres ».
Bien sûr, la dynamique du « redevenir utile » est aussi complexe que la spirale négative qui a détruit la perception de soi et la possibilité de relation aux autres. Mais sur ce terrain que les pairs-aidants peuvent se révéler particulièrement pertinents. Passer de la destructivité à la créativité est un mouvement parfois difficile à amorcer. Décider si les efforts à fournir pour vivre à nouveau ne sont pas plus douloureux que la situation actuelle est un enjeu personnel central dans le parcours de rétablissement. Les pairs-aidants, à condition qu’ils soient formés à être des donneurs d’espoir et non pas des donneurs de conseils, peuvent être des « passeurs » très précieux. Les injonctions de la société, de la culture, de la famille sont des courants puissants qu’il est difficile de traverser seul sans dévier d’une route qui respecte ses propres valeurs et désirs.
Il est vrai que Marie-Angèle n’a jamais perdu cette orientation d’être utile aux autres, puisqu’elle a toujours été fille, sœur, camarade de foyer, conjointe, mère… Pourtant, ses incroyables capacités de survie pilotées par un mode automatique étaient comme des réacteurs incapables d’extraire une fusée de la gravité de la planète, grosse boule d’injustice. Sa vie était coincée dans un no man’s land entre destructivité et créativité. Mais le corps n’aime pas le statu quo, il n’a pas des capacités infinies, il sait se manifester doucement – fatigue, dépression, baisse des capacités de concentration ou de mémoire – ou violemment : douleurs, cauchemars, colère.
J’ai eu la chance d’être présent pendant la période durant laquelle Marie-Angèle a amorcé le mouvement de changement de perspective. En ayant la vision de ce qu’elle pourrait apporter aux autres en mettant ses ressources et son expérience de l’injustice à leur service, elle s’est pleinement tournée vers la créativité. Observer et peut-être contribuer à ce déclic est une source d’inspiration merveilleuse pour un accompagnant.
Il y a dans la pair-aidance, le combat pour la cause, un risque de collusion avec sa maladie, avec son histoire. L’écriture d’un livre, encore plus que celle d’un journal intime, permet d’ancrer son histoire, d’y accéder sur commande, sans avoir besoin de la porter en permanence, et sans risquer qu’elle soit déformée. C’est l’intérêt du récit de soi, de la narration. Rendre le passé plus concret et plus robuste, jusqu’à obtenir des fondations suffisamment solides pour construire l’avenir. On n’écrit pas pour se venger, on écrit pour ancrer.
Les personnes que j’accompagne ont souvent un accès limité à leur vérité. Dans leur récit les injustices débutent en général avec l’apparition des symptômes psychiatriques et dans leur histoire personnelle elles sont souvent responsables sans savoir qu’elles sont victimes. Rien dans l’institution ne les a aidés à relire l’histoire différemment. Tout est analysé avant d’être écouté.
Marie-Angèle écrit ce livre pour poser une vérité. La sienne. Celle qu’elle a vécue. Si elle est encore en vie, on peut supposer qu’elle a trouvé suffisamment de personnes de confiance pour ancrer cette vérité avant qu’elle ne se dissolve dans la solitude, dans les innombrables partages partiels avec des professionnels, dans le doute, dans la malveillance extérieure.
Bien sûr, je me réjouis de cette force qu’incarne Marie-Angèle. Son histoire l’a programmée pour la survie, rien ne peut l’arrêter. Mais il ne faut pas être dupe de la souffrance qui se dissimule dans les zones d’ombres. Survivre malgré l’injustice n’est pas la résilience. Quand j’ai rencontré Marie-Angèle, derrière les apparences de normalité, sa vie était freinée par les traumatismes, par les émotions du passé et par les pensées limitantes. La résilience, c’est reprendre une croissance dans la créativité malgré l’adversité passée. Pour le pire et surtout pour le meilleur, le travail de reformatage des pensées limitantes est sans fin et permet de franchir régulièrement de nouveaux paliers et de rester émerveillé. Eva Mazur qualifie nos traumatismes « d’opportunités personnelles de croissance ».
Trouver l’équilibre entre une vie résolument tournée vers l’avenir et le lien constructif aux autres, et la nécessité de s’occuper avec un amour généreux de tout ce qui est mort en nous et de toutes nos cicatrices, voilà le défi incroyablement digne qui nous attend.
Apparemment on ne pouvait éviter d’endosser un costume. La seule liberté possible consistait à en posséder une grande variété. C’était le seul moyen d’être insaisissable de s’appartenir.
Martin Page, je suis un dragon, Olivier Martin,
Pair-aidant professionnel
Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un invincible été.
Albert Camus
1988 – décembre
Ce fut sans doute le plus beau des Noëls de mon enfance mais aussi le pire, du moins je ne le savais pas encore.
Les guirlandes clignotaient sur notre beau sapin.
Je revois la tonne de cadeaux se refléter dans la baie vitrée du salon.
Le père Noël avait été si généreux avec mon petit frère et moi que j’avais eu cette impression que cette année-là il nous avait sélectionnés comme les enfants les plus adorables de la Terre.
Comme tous les jours, ma mère, ta fille m’a autorisée à te téléphoner.
Tu étais mon soleil, mon meilleur copain, mon grand-père adoré que j’aimais le plus au monde.
Je n’ai aucun souvenir de cette conversation mais je sais que ce fut la dernière.
Les mercredis après-midi étaient source de bonheur et de bonne humeur.
Je t’attendais derrière les grandes baies vitrées de la cuisine.
Je pouvais t’apercevoir, arrivant sur ton vélo, traversant la cour de la résidence qui était encore recouverte de sable et pas de gore.
Tu passais l’après-midi avec nous, été comme hiver.
Nous allions à Intermarché pour remplir le frigo, on poussait mon petit frère dans sa poussette sur le chemin et on le lâchait dans des éclats de rire qu’il m’arrive encore d’entendre résonner dans ma tête.
Sur le retour si j’avais été sage, j’avais le droit à une pâtisserie à la pâte d’amande, le petit cochon rose et l’été une glace pousse-pousse qui dégoulinait le long de mes doigts.
Quand tu reprenais ton vélo pour rentrer et retrouver ma grand-mère chérie, tu nous mettais toujours une petite pièce dans notre tirelire Kinder.
J’étais toujours très triste de te voir partir mais le mercredi finirait toujours par revenir et à l’infini.
Le 29 décembre, je revois très bien ta fille répondre au téléphone, traverser la salle à manger pour crier après mon père, parti chercher le fromage blanc chez le laitier itinérant au bout de la cour.
Quand son klaxon se faisait entendre le mardi, jeudi et parfois le samedi c’était le bruit de la joie pour tous les enfants du quartier !
Glaces en tout genre, bonbons et autres confiseries faisaient notre bonheur. C’étaient des moments de partage, de rire et d’échanges de gourmandises.
Souvent avec une petite pièce seulement on repartait avec des tonnes de futures caries.
Pour moi ce klaxon ne se ferait plus entendre de la même façon, il n’aurait plus la même signification, la même saveur.
Mon père rentre les mains vides, ta fille pleure, appelle un taxi et moi je suis là au milieu de tout ce chaos, je ne comprends rien au film qui défile sous mes yeux.
Je ne sais plus où était mon petit frère à ce moment précis mais les mots de ta fille se font entendre dans ma tête de petite fille de 6 ans : ils parlent de toi, de la mort, de mon grand-père…
Ces mots sont devenus mes maux.
Je me revois en larmes, tirée par le bras par elle qui me laisse chez la voisine avec mon petit frère.
Je serre très fort ma poupée, celle que ton père Noël m’a apportée quelques jours avant.
Mon petit frère ne comprend pas, il pleure parce que nos parents nous ont laissés.
Il est si petit, 3 ans, alors que moi je pleure parce que je comprends que je ne te reverrai plus jamais. Cette journée cauchemardesque m’a paru longue et à la fois irréelle.
Impossible que le bon Dieu auquel tu croyais te rappelle !
On va au paradis quand on est vieux, quand on a accompli toutes nos missions sur la Terre !
Moi j’avais encore besoin de toi, ta mission n’était pas finie.
Quand je venais chez toi les dimanches de fête, je posais ma tête sur ton gros ventre, ça me berçait.
Tu étais mon Winnie l’ourson à moi, celui grâce à qui je pouvais rêver à la forêt des rêves Bleus, aux fées, aux princesses, en toute quiétude.
Le midi, tu prenais des médicaments avec de l’eau Contrex, mon partenaire minceur disait la publicité. Aujourd’hui, la pub ne le mentionne plus, je te laisse deviner pourquoi.
Je ne mesurais pas ton état.
Le mot cancer ne voulait rien dire pour moi et de toute façon on ne m’avait rien dit.
Tu avais 62 ans, tu venais de prendre ta retraite.
Tu devais commencer à vivre, on devait continuer à jouer au foot et à faire de la balançoire, tu devais venir me voir aux fêtes de l’école danser sur du Jean-Michel Jarre avec un masque de clown papier sur la tête.
Tu ne reviendras jamais jouer à la pêche à la ligne avec moi.
Je ne savais rien de la vie, de l’avenir, de l’amour, de la confiance, j’étais si petite !
Ma seule préoccupation en dehors d’être la meilleure à l’école pour te rendre fier, c’étaient mes poupées et mes copines.
Ton départ m’a précipitée de l’innocence de l’enfance à la douleur d’adulte.
Le jour de tes obsèques, on a été laissés chez la voisine du dessus.
Je voulais absolument venir, comprendre, te retenir, essayer de te réveiller, j’étais sûre que j’y parviendrais mais ils n’ont pas voulu, à tort ou à raison je ne sais pas, mais j’ai été meurtrie par ce refus. J’aurais tant aimé tenir la main de ma mémé, la soutenir et te dire au revoir.
Au lieu de cela, j’étais assise à table avec mon petit frère à manger des œufs mouillette avec la fille de la voisine, dans la cuisine.
Elle avait des bibelots dans son salon, des grenouilles, certaines avaient des parapluies.
J’avais envie d’être sous la pluie avec elles, ou avec toi, ici ou ailleurs.
Les mercredis après-midi n’avaient plus la même signification pour moi. Fini Intermarché, la boulangerie et la petite pièce dans ma tirelire.
Place au centre aéré, aux jeux en équipes, sorties piscine que je détestais, j’étais séparée de mon petit frère, seule avec des camarades de classe avec qui j’avais tellement peu de points communs.
Nos assiettes à la maison se sont vidées petit à petit.
Nos tirelires aussi.
La viande a laissé place au pain dur baignant dans le lait sucré.
À ton départ, mémé est venue quelques jours à la maison, elle dormait avec moi.
Je la tenais si fort que j’avais dû lui faire mal.
Je craignais qu’elle me quitte aussi.
C’était terrible, j’aurais voulu rester toujours avec elle comme avant.
Tu sais, avant que ta fille ne m’embarque avec elle et mon père fraîchement sorti de prison !
Le matin de son retour chez vous, mémé m’a accompagnée à l’école.
Je portais à mes pieds les mocassins vernis noirs avec le petit nœud doré sur le dessus que tu m’avais acheté.
Un cauchemar, ces chaussures.
Tous les enfants des années 80-90 s’en souviennent, mais ce jour-là j’étais comme Dorothée dans le magicien d’Oz, ces souliers étaient magiques et étaient désormais notre lien.
Je me revois monter les escaliers jusqu’à ma classe, les larmes coulant le long de mes taches de rousseur.
Mon cœur était déchiré entre le long voyage que tu venais d’entamer et le départ de ta femme adorée, jeune veuve de 58 ans.
Je ne me souviens pas du premier coup ni de la première insulte à mon égard mais pendant les 10 années suivantes je n’étais plus personne.
Je n’étais qu’un sac de frappe, une âme en peine, une petite fille sans but et sans amour.
Pourtant, je souriais.