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Pourquoi monsieur Devory donne-t-il un kilogramme et demi de viande à sa femme morte depuis longtemps, dans le quartier où Michael Hammersmith a grandi ? Quel est ce mystérieux titre de journal, trouvé par hasard dans le métro, qui bouleverse Michael au point de le hanter – tout comme Gary, qui reçoit chaque matin son quotidien livré… par un chat ? Et qui est donc Antonella Biagetti, pianiste de jazz aveugle ? Quel étrange lien l’unit à Michael, bien au-delà des murs de son théâtre ? Professeur d’anglais à Long Island, Michael a cessé de croire à la chance, marqué à jamais par la perte tragique de ses parents et de sa grand-mère. Mais lorsque le deuil croise l’inattendu, lorsque l’amour flirte avec l’invisible, son quotidien bascule. Et ce qui n’aurait dû être qu’une existence paisible s’ouvre soudain à l’imprévisible, à l’irrationnel. Un roman où le réel vacille, où les coïncidences deviennent des signes, et où chaque personnage semble porteur d’un mystère plus vaste.
À PROPOS DE L'AUTEUR
D.L. Scott, écrivain français d’origine slovène, s’inspire des grands noms de la littérature tels qu’H.P. Lovecraft, R.L. Stevenson, Agatha Christie et Robinson Jeffers. Toutefois, il se distingue par sa volonté de mettre en lumière l’horreur intrinsèque à l’humain, à l’instar de son mentor littéraire, Stephen King. Pour lui, l’horreur est humaine.
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Seitenzahl: 123
Veröffentlichungsjahr: 2025
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D.L. Scott
Je veux y croire
Roman
© Lys Bleu Éditions – D.L. Scott
ISBN : 979-10-422-6973-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À tous ceux et à toutes celles
qui attendent leur « Antonella »,
et qui ont oublié de dire : « Je t’aime ! »,
hier, aujourd’hui et demain.
— Bonjour, New York ! il est 6 h 30 vous écoutez WXRK et pour démarrer cette belle journée ensoleillée, et en espérant qu’on aura le même temps, dans trois semaines, pour la « Pause Printemps1 », je vous propose d’écouter Huey Lewis and The News, avec « The Power Of Love ». Croyez-vous au pouvoir de l’Amour ?
Quand l’animateur radio termina sa phrase, l’intro de la chanson avait déjà commencé. La musique se répandait dans toute la pièce. La pièce ? Oui, une chambre, qui se trouvait au deuxième étage d’un vieil immeuble de Pitt Street. L’appartement où se trouvait la chambre était celui de Michael Hammersmith. Un trentenaire, professeur d’anglais, au Lycée Roosevelt de Long Island. Il était là, au milieu de son lit à deux places, vêtu uniquement d’un bas de pyjama. Son radio-réveil avait bien bossé, en mettant en route la musique à six heures trente pile. Michael préférait cette manière douce pour le tirer du pays des rêves – ou des cauchemars, cela dépendait des nuits. Au lieu de se réveiller avec le traditionnel « Buzzer » qui pouvait se montrer infernal les lendemains de fêtes avec ses gueules de bois carabinées.
Michael s’était réveillé au moment où il entendit : « Croyez-vous au pouvoir de l’Amour ? » Dans un demi-sommeil, il essaya de rassembler ses forces pour prendre appui sur son coude droit et tendre son bras gauche :
— Oh, la ferme ! dit-il en écrasant le bouton SNOOZE. Huey Lewis avait eu juste le temps de chanter son premier : « … That’s The Power of Love ! », sans pouvoir entamer le premier refrain.
Parler d’Amour, dès le matin, quelle horreur. Pour lui, c’était comme fumer une cigarette, au saut du lit, avec le ventre vide.
Enfin réveillé, il s’assit sur le bord du lit et commença à masser ses paupières closes, avec ses index et ses majeurs. Un geste qui fut stoppé net par la caresse glaciale d’un air frais matinal sur son dos dénudé. Michael se retourna et vit que la fenêtre était restée ouverte. Il avait fait ça pour dormir avec la fraîcheur nocturne ; la journée d’hier avait été exceptionnellement chaude. L’ondulation de son rideau de voile blanc témoignait de la présence invisible de cette brise incriminée, pas encore polluée par les gaz d’échappement des véhicules new-yorkais.
Michael avait fait vite pour avaler son bacon et ses œufs brouillés. Pas le temps de traîner, il devait partir plus tôt, pour essayer de démarrer sa vieille Volvo Break. Depuis peu, elle se montrait capricieuse. Peut-être devrait-il aujourd’hui faire le trajet avec son Mountain Bike, avec une bonne partie en métro. Il y pensait devant son Mug de café fumant.
… Au centre de vos préoccupations, le retard d’un travail à livrer, mais il n’est pas trop tard, pour persévérer. La balle est dans votre camp !
La voix de l’animateur le fit sursauter, manquant de renverser son café sur la table de la cuisine. Son radio-réveil lui avait foutu la paix pendant neuf minutes et maintenant il fallait lui clouer le bec, pour la troisième fois.
Michael se leva et se dirigea vers sa piaule, en fermant sa robe de chambre.
Faisant face à présent à son radio-réveil, il avança sa main pour couper l’alarme qui était positionnée sur « radio », mais préféra écouter la fin de l’horoscope, car il venait d’entendre son signe zodiacal. Michael ne croyait pas à l’horoscope. Néanmoins, c’était le seul moment de la journée où on parlait de lui, de façon indirecte. De plus, par un inconnu.
… Poissons, les natifs nés en mars vivront une journée trépidante, le stress sera au rendez-vous et les contacts pris aujourd’hui ne donneront des résultats, qu’à la fin du mois. Né en février, c’est un concours de tir à l’arc avec Cupidon, qui vous attend aujourd’hui ; il va vider son stock de flèches sur vous, les Poissons. L’Amour va frapper fort. Sauriez-vous reconnaître son Signe ?
Michael mit le bouton de l’alarme sur OFF.
Il s’interrompit un moment, et reprit :
Il regarda l’heure : déjà 6 h 49 !
À 7 h 28, Michael était dans l’escalier et descendait les marches à pas pressés. Mais moins de dix minutes plus tard, il les remontait pour aller chercher son V.T.T. Sa voiture, après de multiples tentatives, venait de rendre l’âme. Dommage, cette bagnole, il y tenait ; c’était un ami photographe de presse, qui lui avait vendu 300 dollars.
Le temps de reprendre son souffle et Michael entra dans un des wagons de la ligne 7, pour aller à Long Island. Il n’y avait pas beaucoup de monde dans le métro ce matin. Cela tombait bien : davantage de place pour lui et son vélo. Son pouls commençait à retrouver un rythme normal. Il avait pédalé du pied de son immeuble, jusqu’à Manhattan, là où se trouvait la ligne 7. S’adossant contre les portes coulissantes, il promena son regard dans le wagon. À sa gauche, il y avait un jeune cravateux avec ses lunettes de soleil qui avait l’air de lui servir de serre-tête pour maintenir ses cheveux mi-longs. Cheveux donnant l’apparence d’avoir macéré dans la brillantine. Il mâchait du chewing-gum à s’en décrocher la mâchoire tout en regardant Michael. Il souffla fort, faisant gonfler ses grosses joues pour extérioriser son impatience. Quand Monsieur Brillantine tourna la tête, Michael en fit autant, et jeta son dévolu sur une femme forte qui se trouvait à la gauche du jeune cravateux. Elle serrait contre elle un gros sac à main à la couleur crème et un sac que l’on trouve chez Bloomingdale, les fameux « BIG BAG BROWN ». Et cette dame les serrait très fort, comme un enfant apeuré le ferait avec son doudou. D’ailleurs, elle faisait bouger ses yeux de gauche à droite, pour surveiller les moindres faits et gestes des passagers. Cette femme a dû être agressée dans le passé, pensa Michael. Puis, il tourna de nouveau la tête pour regarder sur sa droite. Là, un couple de latinos s’embrassait ou plutôt, la copine embrassait, les yeux fermés, son copain. Ce dernier restait indifférent à son geste de tendresse. Il portait une queue de cheval, était médaillé et tatoué comme un prisonnier de Pelican Bay en Californie, reconverti dans le gang des « 18 K ». À la gauche des tourtereaux, un homme aux lunettes d’écailles avait sorti sa tête par une des fenêtres ouvertes, comme un chien dans la voiture de son maître, la truffe au vent, l’œil vitreux. Il va finir décapité, se dit Michael dans sa tête, s’il rencontre des feux de signalisation ou autre chose qui pourrait frôler les fenêtres du wagon le long des voies. Enfin, Michael se tourna à son extrême droite où se trouvait un vieux monsieur qui tenait dans sa main gauche un bouquet de fleurs fraîchement coupées, enveloppées dans du papier jaune avec des motifs vert et orange. Aux couleurs du cirque, pensa Michael. Mais, baissant les yeux, il vit sur un siège inoccupé, une édition récente du « Irish Echo ». Curieux, il s’adresse à l’autre passager :
Après l’avoir remercié, Michael attrapa le journal et vit dans un premier temps qu’il y avait une pliure qui traversait l’encart vert où se trouvait l’adresse internet du quotidien. Elle partait du troisième « w » – www.irishecho.com – et remontait vers le côté droit du journal. Puis, sur un fond jaune pâle, un court article précédé de son titre accrocheur et sa photo :
« Cauchemar dans le désert ». L’article parlait d’un jeune couple d’Irlandais, les O’Malley, partis faire un circuit en 4x4 dans le désert tunisien. Leur voiture avait fait une embardée en haut d’une colline et l’avait descendue en faisant plusieurs tonneaux. Le couple et leur chauffeur s’en sont tirés avec quelques fractures et un bon mal de crâne. La jeune mariée a tenu à préciser au journaliste du Irish Echo qu’elle n’était pas près d’oublier son voyage de noces. Enfin, en gros titre, tout aussi accrocheur que le précédent, une phrase en gros caractères faisait toute la largeur de la page. Une phrase qui résonna dans la tête de Michael, comme une balle dans une salle de squash :
« LE SIGNE DU DESTIN ! »
Même si l’article parlait d’un politicien aux origines irlandaises, ce gros titre lui suffisait pour comprendre que quelque chose agissait en lui. Peut-être les prémisses d’un sentiment nouveau ou désinvolte, voire masqué. Pourtant, malgré cet appel du hasard, il préférait faire abstraction de cette ineptie. N’empêche, il avait l’impression que cette phrase lui était destinée. Cela lui rappelait une série qu’il regardait à la télévision. Oui, c’est ça ! L’histoire d’un certain Gary Hobson qui reçoit le journal du lendemain à 6 h 30. Journal livré par un chat qui rentrait chez lui à toute vitesse ou à l’inverse en miaulant et en ronronnant, tout en lui donnant des coups de boule dans les mollets. Mais là, aujourd’hui, dans le train, il n’y avait pas de chat qui jouait les paperboys ni de Gary Hobson avec un journal enroulé dans une de ses poches arrière de pantalon. Juste des individus lambda, porteurs d’une vie ou d’une histoire qui leur sont propres. Michael devait se résigner à son intuition profonde : un événement se préparait, quelque chose de grandiose. Et il appréhendait intérieurement sans savoir pourquoi. Il le savait : il y avait une chance sur deux, que ça parle d’amour ! C’était une raison valable pour lui d’appréhender.
Cela faisait deux fois depuis ce matin depuis qu’il était réveillé, qu’on lui parlait de « Signe » et il était certain que cela n’allait pas s’arrêter là…
La sonnerie de l’interclasse hurla dans les couloirs, faisant déferler une marée humaine de lycéens et lycéennes, dans un brouhaha de conversations diverses, de claquements de portes de classes et de casiers.
La voix de Laura Bruckner, la prof d’histoire, fut à peine audible lors des dernières dissonances grossières de la sonnerie, mais perceptible par ses élèves.
À la sortie de son dernier élève, Laura aperçut Michael, appuyé contre l’encadrement de la porte. Elle dessina un sourire sur son visage poupin. Sourire qui fut remercié, par un discret salut de la main de son collègue.
Elle attrapa sa sacoche posée sur son bureau et l’ouvrit difficilement. Quelque chose faisait bomber le sac rendant l’ouverture laborieuse. Puis, elle réussit enfin à extirper ce qu’elle souhaitait voir apparaître.
Tout en s’approchant de lui, elle lui dit :
Prenant le petit paquet, il déchira délicatement le papier cadeau en commençant par le tortillon. Laura se mordilla la lèvre inférieure, guettant les réactions dans les yeux de Michael.
Il réitéra son rire nerveux, et ajouta :
Mais, rapidement, il commençait déjà à regretter d’avoir haussé le ton. Surtout, en connaissant la sensibilité de Laura. Mike vit que ses yeux commençaient à s’humidifier.
En d’autres circonstances, elle aurait écarté sa main. Mais là, Laura n’en fit rien. Elle écrasa, du flanc de ses pouces, les larmes qui s’étaient nichées dans le coin de ses yeux, et le gratifia d’un « Ce n’est rien, c’est pas grave… ». Il embrassa la joue qu’il venait de caresser et lui dit :
Et se dirigea vers la porte. Mais, à peine franchie :
Il se retourna sans rien dire.
Pas le temps de finir sa phrase : Michael venait d’être heurté violemment par une étudiante, Heather Badler. Il ferma les yeux pour contenir un cri de douleur, en se tenant le bras gauche.
Mike fixa sa collègue et regarda à nouveau le couloir, l’air hagard.