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Jekyl Jones, détective privé cynique et fumeur invétéré, survit grâce à des contrats troubles avec la police dans un Londres futuriste aux allures cyberpunk. Après une chute quasi mortelle lors d’une mission, il se réveille transformé, équipé de prothèses robotiques dernier cri. Tandis qu’il tente de s’adapter à ce nouveau corps, un mystérieux milliardaire lui confie une enquête sur le vol d’un objet ultra confidentiel. Entre manipulations, trahisons familiales et intelligences artificielles aux intentions troubles, Jekyl se retrouve pris dans une spirale bien plus complexe que prévu. L’homme qu’il était devra affronter ce qu’il est devenu. Et peut-être découvrir qu’il n’est plus tout à fait seul dans sa propre tête...
À PROPOS DE L'AUTRICE
Auteure belge, Ludmila Kowalski tisse depuis des années des récits empreints de finesse, entre poésie et fiction. Avec "Jekyl et A.I. – Hyde Park Project", elle signe un roman saisissant, où se rencontrent l’univers du détective privé et les vertiges de l’intelligence artificielle.
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Seitenzahl: 295
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Ludmila Kowalski
Jekyl et A.I.
Hyde park project
Roman
© Lys Bleu Éditions – Ludmila Kowalski
ISBN : 979-10-422-7883-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cet ouvrage est dédié à ma maman.
Tu as manqué Jekyl de peu,
je pense que tu l’aurais apprécié.
Merci pour tout, je t’aime.
Jekyl venait de claquer une porte métallique à la volée. L’écho de ce son désagréable se répercuta sur les murs alentour, venant s’ajouter aux autres bruits de cette ville mouvementée. Malgré la nuit déjà tombée depuis plusieurs heures, le calme ne régnait clairement pas en ces lieux.
L’homme continua à courir après le suspect qu’il essayait d’arrêter. À chacune de ses expirations, le froid piquant au-dehors lui faisait cracher de la buée. Jekyl n’était pas un policier et il n’était pas particulièrement fan des forces de l’ordre. À vrai dire, cette animosité était mutuelle. Mais parfois, il devait bien se résoudre à travailler ensemble. Mine de rien, les contrats de chasseur de primes de l’État payaient bien et Jekyl avait toujours besoin d’argent. Lassé de courir après cet arnaqueur sur les toits de Londres, il hurla :
L’homme devant Jekyl se retourna quelques instants, mais écarta les yeux de peur et accéléra de plus belle. Du haut de ses deux mètres, avec son regard mauvais et son langage pas des plus accueillants, Jekyl n’avait rien de rassurant, il le savait très bien et cela lui était plus utile que néfaste. Il resserra autour de lui son manteau afin de courir plus librement. Il sortit son arme et la pointa sur le type, mais il était difficile de viser tout en courant et avec si peu de luminosité. Il tendit le bras, mais dut renoncer à tenter un tir ; c’était trop incertain.
Le type venait de sauter sur un toit en contrebas. Sans hésiter, Jekyl le suivit, bien déterminé à ne pas revenir au poste de police les mains vides. Il avait besoin de cet argent.
Le type venait de faire un bond sur le côté pour éviter le bras droit de Jek qui filait vers lui. Le détective lança un regard plein de rage à sa cible. Effrayé, l’arnaqueur repartit de plus belle. Jekyl était essoufflé ; être fumeur et faire des courses-poursuites était parfois compliqué. Il s’arrêta net. Le type venait juste de tourner le coin, mais il ne le voyait pas. Il regarda alors plus loin devant lui et s’aperçut qu’il était sur le toit en face. Il venait de sauter.
Dans la tête du détective, la scène se déroula comme au ralenti. Il était plus lourd que sa cible, peut-être un peu moins agile aussi ; quoi qu’il en soit, malgré la puissance de son saut, il ne parvint pas de l’autre côté. Sa main droite était toujours tendue vers le bord. Il se rappela alors que, malgré le fait qu’ils soient descendus de quelques mètres depuis leur arrivée sur les toits, ils étaient auparavant montés au sommet d’un immeuble de plusieurs étages. Tandis que le rebord s’éloignait à une vitesse folle, il le vécut à une lenteur accablante, voyant pâlir peu à peu l’arnaqueur qu’il traquait tandis que ce dernier le regardait faire une chute vertigineuse et, dans un sinistre craquement, atterrir sur le flanc au fond d’une ruelle.
Un bip régulier se faisait entendre dans la pièce aux murs blancs. À part ce son, le lieu était des plus calmes. Une odeur de désinfectant flottait dans l’air. Jekyl ouvrit les yeux, et ceux-ci mirent quelques instants à faire le point et à lui montrer ce qui l’entourait : une chambre d’hôpital. Il se sentait vaseux et avait terriblement mal au crâne. Jek essaya tant bien que mal de faire fonctionner sa mémoire… Que faisait-il ici ? Il lutta pour rester conscient, mais il n’y parvint pas. Il lui sembla juste qu’il faisait nuit dehors et c’est tout ce qu’il apprit de plus.
⁂
Il s’éveilla à nouveau. Cette fois, l’intensité de la lumière provenant de l’extérieur le marqua ; il faisait jour. Il entendait deux personnes s’entretenir à ses côtés. Il se concentra pour saisir le sens de leur conversation.
Jekyl fit tous les efforts du monde pour tourner sa main et lever son majeur. La doctoresse se mit à rire tandis que l’infirmier pâlit.
Jek grogna et lui jeta un regard mauvais avant de se tourner vers la doctoresse.
D’une main mal assurée, il se saisit de l’objet réfléchissant. Il mira son reflet, il avait désormais un œil bleu vif et un autre à l’iris noir. Ce n’était pas discret… Quant à ses autres membres, ils étaient recouverts d’une matière ressemblant à de la peau.
Jek esquissa un sourire ; cette femme semblait réaliste. Le domaine médical n’était en effet pas au beau fixe. Il y avait peu de financement et ils étaient en sous-effectif dans tous les hôpitaux. La doctoresse et son collègue quittèrent alors la pièce, laissant Jekyl fumer seul. Il remarqua alors un bouquet de fleurs posé sur sa table de chevet et attrapa la petite carte posée à côté : un mot de sa sœur lui disant de tenir bon. Des fleurs… qu’allait-il en faire à part les jeter ? Il soupira et laissa retomber sa tête sur l’oreiller. Il leva sa main droite devant lui. De près, on pouvait voir la différence de la peau si on était attentif, mais il s’en fichait. Il tira une bouffée sur sa cigarette et la recracha d’un air blasé. Il espérait au moins être payé pour la mission qu’il avait faite.
Il se saisit du téléphone à côté de lui et composa le numéro du poste de police avec lequel il avait travaillé sur cette affaire. Un officier lui répondit alors :
À l’autre bout du fil, le policier se mit à rire tandis qu’une de ses collègues lui demandait :
Jekyl, lui, attrapa le mode d’emploi de ses prothèses d’un air rageur. Les flics le rendaient dingue parfois, mais la dernière fois qu’il s’était battu avec eux, il avait failli perdre sa licence ; il devait donc se montrer prudent. Au moins, ils le payaient un peu, il pourrait boire un verre en rentrant chez lui.
Après une bonne heure de lecture, Jek reprit le téléphone et contacta Gareth, son ami informaticien. Il avait une question à lui poser concernant ses prothèses.
Gareth décrocha et répondit d’un air malaisé, car il ne reconnaissait pas le numéro qui le contactait :
Gareth soupira et se pinça l’arête du nez. Oui, il pouvait, mais utiliser des banques de données illégalement acquises n’était pas des plus prudents.
Jekyl énuméra une série de jurons au téléphone, si bien que l’infirmière qui passait dans le couloir à ce moment-là lui jeta un regard courroucé avant d’accélérer le pas.
Il raccrocha alors et ne tarda pas à se rendormir, encore fort fatigué. Malgré la morphine, Jekyl avait mal. La douleur le harassait. Il était anxieux par rapport à son avenir avec ses prothèses, il n’avait pas encore pu expérimenter leur mobilité et ça l’inquiétait. Cela ne l’empêchait pas d’afficher en public un air détaché ; se concentrer sur ses problèmes ne l’avait jamais aidé. Il préférait les nier, cela les rendait tout de suite plus faciles à vivre. Il ferma les yeux et grâce à la morphine, il lui fut plus aisé de s’endormir qu’à l’accoutumée.
Il y avait beaucoup de circulation à Tottenham Court Road ce jour-là. Le taxi dans lequel Jekyl était assis peinait à avancer. À intervalles réguliers, le conducteur jurait sur les autres automobilistes. La radio braillait trop fort, mais couvrait à peine les insultes balancées par le chauffeur. Ce n’était pas du genre de Jek de prendre un taxi ; il n’aimait pas dépenser de l’argent pour ce genre de choses et préférait être au volant plutôt que d’être conduit quelque part. C’était Gareth qui avait insisté pour lui payer le voyage, heureusement qu’il gagnait bien sa vie. Cela lui avait permis d’aider son ami à arriver chez lui de façon plus confortable.
Jek regardait les gouttes s’écraser pitoyablement sur la vitre. Il n’était toujours pas convaincu que ça soit une bonne idée de prendre un taxi, marcher un peu lui aurait permis de mieux tester sa prothèse de jambe. Ce matin même, la médecin lui avait expliqué qu’il n’y avait plus besoin de rééducation avec ces prothèses adaptatives ; marcher un peu suffisait à ce nouveau membre pour « apprendre » la manière de se déplacer de la personne. C’était pratique, mais malgré tout, Gareth avait insisté pour qu’il n’en fasse pas trop. Du peu qu’il avait pu en tester, il y avait très peu de différences entre sa nouvelle et son ancienne façon de marcher. C’était parfait, cela ne le handicaperait donc pas.
Le véhicule s’arrêta devant un grand immeuble. Les vitres de celui-ci reflétaient les nuages gris planant paresseusement au-dessus de la ville. Gareth était déjà là. Comme à son habitude, il portait un jean, une chemise, des chaussures de costume et ses cheveux bruns étaient bien coiffés. Il paya à la borne que lui tendit le taximan pendant que Jekyl sortait de l’habitacle. Une fois son paiement reçu, le conducteur repartit à toute vitesse, sans un mot.
Jek haussa les épaules et appela l’ascenseur. Il tourna lentement la tête vers Gareth, qui le dévisageait.
Gareth le suivit d’un pas pressé et poussa sur le bouton de son étage.
Les deux hommes entrèrent dans une grande pièce à l’ambiance tamisée. Les rideaux étaient tirés et seules deux lampes de bureau éclairaient ce grand salon transformé en bureau géant. Devant la large baie vitrée s’étendait un bureau sur plusieurs mètres. Trois écrans étaient côte à côte avec un clavier haut de gamme. Il y avait tout un tas de pièces détachées, de bouts de circuits et d’outils qui traînaient sur ce grand bureau. Il y avait aussi un grand fauteuil dans lequel était roulée en boule une couverture, et un oreiller gisait sur le tapis à côté. La table basse était couverte de cartons de pizza et de cornets de pâtes vides. Des cannettes de soda étaient disséminées dans toute la pièce. Jekyl entendait le bruit de soufflement émis par les ventilateurs des serveurs et de l’ordinateur.
Les cartons de pizza volèrent sur le sol, mais au moins la table fut dégagée. Le regard de Jek se perdit sur les écrans de son ami. Des lignes de codes étaient affichées – il n’y comprenait rien…
Gareth revint avec deux assiettes de pâtes fumantes, il les posa et tendit une fourchette à Jek.
Gareth soupira et releva la tête vers son ami :
Pour toute réponse, Jek grogna et commença à manger. Malgré les apparences, Gareth cuisinait bien. S’il commandait à l’extérieur, c’était surtout, car il était passionné par son travail et avait du mal à en décrocher.
Il reconnecta ses identifiants et accéda enfin à ses messages, mails et autres appels manqués.
Jekyl soupira, mais glissa le téléphone dans sa poche et continua de manger. Gareth esquissa un sourire, heureux de constater que parfois, son ami l’écoutait quand même.
Une fois leur repas terminé, Gareth brancha les prothèses à son ordinateur. Il entra dans le programme et parcourut les différentes fonctions et les lignes de code.
Gareth grimaça – la ligne allant vers son quartier n’était pas la mieux fréquentée. Lui, par exemple, lorsqu’il rendait visite à son ami, ne prenait jamais le métro. Il y avait très régulièrement des problèmes dans le métro, mieux valait-il connaître les lignes sûres.
Jekyl salua son ami et reprit l’ascenseur seul. Il savait que Gareth n’était pas très fan pour sortir. Il se baladait bien de temps en temps, mais c’était rare.
Une fois dehors, il chercha l’arrêt de métro le plus proche et fouilla ses poches pour trouver son portefeuille. Il en sortit sa carte contenant son abonnement pour les transports en commun. Il descendit les marches, arrivant à la station bondée. Un brouhaha de conversations résonnait dans les longs couloirs. Ceux-ci étaient bien entretenus, exception réservée aux beaux quartiers. Il n’eut pas à attendre longtemps avant de se glisser dans une rame. Le public ne tarda pas à devenir de plus en plus hostile, mais Jekyl était blasé, il en avait vu d’autres. La rame de métro était mal éclairée et sentait le renfermé, en plus d’une odeur de bière bon marché. Heureusement, le trajet ne durait que quelques minutes, il n’eut pas à faire face à cette ambiance lourde bien longtemps.
Il sortit du métro et se dirigea vers son appartement situé à Arlington Road. Ce n’était pas l’endroit le mieux fréquenté de la ville, mais ça lui était égal, car grâce à cela, le loyer n’était pas trop cher. Il gravit les marches craquantes de l’escalier menant à son palier et voulut rentrer ses clés dans la serrure. Il fronça les sourcils et poussa la porte sans avoir eu à la déverrouiller. Celle-ci s’ouvrit. Quelqu’un était entré dans son appartement.
Prudemment, Jekyl se glissa dans le salon, pièce sur laquelle donnait la porte d’entrée. Couché dans le canapé, un adolescent zappait d’une chaîne à l’autre, jetant un regard vide à la télévision. Il portait un jean troué, un sweatshirt à capuche noir trop large et des baskets élimées. Ses cheveux bruns étaient en bataille.
Le jeune sursauta et se leva d’un bond.
L’animal en question, un petit chat tigré roux et blanc, arriva vers son maître et passa entre ses jambes en ronronnant.
L’adolescent pâlit et attrapa son sac de cours pour le lancer sur son épaule.
Jek lui coupa la route en tendant son bras devant la porte. Son neveu avait la fâcheuse tendance à s’inviter chez lui.
Lewis lança un sourire ennuyé puis partit sans demander son reste. Il savait très bien que son oncle n’aimait pas qu’il squatte, mais d’un autre côté, l’appartement était vide et c’était souvent la guerre chez lui. Son beau-père était con comme un manche à balai et il faisait trop froid pour rester dehors. En plus, son oncle habitait la rue à côté et il avait une excuse parfaite pour venir ici en son absence. Et puis, le chat l’aimait bien, lui au moins.
Jekyl soupira et alla dans la cuisine. L’évier contenait une pile de vaisselle sale et la petite table était pleine de cartons de pizza et d’assiettes de pâte sales, sans oublier les cannettes de bière. Il ouvrit la porte du frigo qui émettait un grésillement désagréable et grimaça en constatant l’absence de bière et de nourriture – il ne restait pas grand-chose… Heureusement qu’il avait mangé chez Gareth. Il claqua la porte du frigo et pivota vers la gamelle du chat. Celle-ci débordait de croquettes.
Sans attendre davantage, Jekyl s’ouvrit une bière d’un pack qui n’était hélas pas au frigo. Il composa ensuite le numéro qui avait essayé de le contacter durant son séjour à l’hôpital. Il tomba sur un répondeur austère auquel il laissa un bref message avant de raccrocher. Il ne pouvait pas faire grand-chose de plus.
Il marcha vers sa chambre, qui contenait aussi son bureau, et se remit à travailler. La pièce sans fenêtre était plutôt sombre. Un lit double défait se trouvait au centre de la chambre, et face à lui et contre la porte se trouvait un bureau en bois. Celui-ci était recouvert de dossiers, photos et autres documents. Un ordinateur ancien était là aussi, attendant de se rallumer. La pièce sentait le renfermé, ce qui était inévitable. Jekyl laissa donc la porte donnant sur le salon ouverte pour aérer au moins un peu. Il n’était pas plus ravi que ça de retrouver le papier peint d’un goût douteux de sa chambre, mais au moins, il était chez lui. Il actionna l’interrupteur de la vieille lampe de bureau et reprit ses affaires en cours. Il fut surpris ; il s’était attendu à avoir un peu de mal après plusieurs jours alité. À vrai dire, c’était tout le contraire, il avait plus de facilité à réfléchir et à se concentrer qu’avant son hospitalisation. Il esquissa un sourire satisfait et continua son travail.
Jekyl fumait une cigarette à la fenêtre de sa cuisine. Le vent s’engouffrait dans l’appartement, apportant une bouffée de fraîcheur. Il prit ensuite une gorgée de café tout en regardant dans sa rue.
C’est la sonnerie de son téléphone portable qui le tira de ses pensées. Il songea qu’heureusement il n’avait pas activé cette fonction sur sa prothèse oculaire – cela aurait été des plus agaçants. Il décrocha et répondit d’une voix rauque :
Jekyl vérifia que le type avait bien coupé l’appel avant de dire :