Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Après le meurtre choquant d’une jeune œnologue à Châteauneuf-du-Pape, le journaliste Aldo Santi décide de mener sa propre enquête. Pour trouver l’assassin, il scrute attentivement l’entourage de la victime, de sa famille à ses amis, y compris les membres du clergé islamique. Qui est responsable du décès de cette femme ravissante ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nathanaël de Santi s’inspire de pièces de théâtre variées, de réflexions philosophiques et d’interactions éducatives avec des hommes de diverses tranches d’âge. Il crée ainsi des mondes situés entre réalité et fiction, comme "Jeune fille allongée sur un lit de braises".
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 203
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Nathanaël de Santi
Jeune fille allongée
sur un lit de braises
Roman
© Lys Bleu Éditions – Nathanaël de Santi
ISBN : 979-10-422-1638-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Une femme, des femmes, la femme, c’est assurément ce que promeut ce livre.
Les femmes sont le sujet principal de Jeune fille allongée sur un lit de braise ; à travers une écriture fiévreuse, concise et efficace, l’auteur nous embarque grâce à son narrateur, journaliste marseillais d’origine italienne, dans une enquête au milieu des vignes de Provence et jusqu’à la ville de Marseille, dont la résolution restera à la charge du lecteur curieux.
C’est évidemment un prétexte pour traiter des violences faites aux femmes.
Parce qu’avocat, nous avons échangé, l’auteur et moi, sur certains aspects juridiques et procéduraux nécessaires pour l’écriture d’un « roman noir ».
Mais également et plus profondément, nous avons discuté des violences faites aux femmes, très souvent intrafamiliales, mais qui s’étendent massivement à tous les pans de la société, là où les brimades, les humiliations et le rabaissement s’exercent en premier lieu à l’encontre des femmes.
La domination masculine suinte à chaque page du livre.
L’auteur cherche à démontrer puis démolir cette domination qui s’exprime tour à tour par le prisme religieux, culturel, économique ou pour toutes les autres « bonnes » raisons que certains hommes peuvent se trouver.
Ce sont également ces justifications que nous autres, personnes de justice, entendons quotidiennement dans les tribunaux et qui ne suffisent plus à expliquer et comprendre les passages à l’acte violents des hommes sur les femmes.
C’est tout un système sociétal qu’il nous faut repenser pour que les archétypes traditionnels cessent d’être des réflexes archaïques et qu’enfin, les femmes puissent vivre en paix, selon leur choix.
Sarah est indépendante et ne cède pas à l’ordre moral ni aux traditions familiales imposées par les tenants d’une doctrine liberticide qui doit s’imposer aux femmes. En cela, elle est à l’image de sa mère, ancienne combattante de la guerre de libération et de la guerre contre les islamistes entre 1992 et 2002.
Certes, ce roman emprunte à l’histoire, mais résonne fortement avec l’actualité.
Que ce soit Sarah, sa mère Leïla, mais également Nora ou encore Zora, dans cette histoire, les femmes sont au centre du jeu. Elles en sont les véritables héroïnes et portent les valeurs de courage, de résistance et de pureté.
Par de petits riens ou de grandes décisions, elles crient au monde leur puissance et leur envie d’exister comme bon leur semble.
En 2023, c’est absolument salvateur !
Marine Plenecassagne
Journaliste local au Grand Sud, souvent honteux d’avoir embrassé une profession un peu « putassière » dont Balzac fait un terrible portrait, hélas toujours d’actualité même si les supports sont plus diversifiés depuis internet. Les cibles journalistiques concernent encore le monde du spectacle et les cocottes, mais on y trouve beaucoup les gens de pouvoir et les grandes fortunes.
Pour tout dire, j’aurais préféré devenir magistrat. C’est plus noble et correspond mieux à mon idéal de justice et d’assistance.
Il aurait fallu faire du droit et pas de l’histoire. Trop dissipé et paresseux, j’ai choisi la fac de Lettres pour me diriger vers un métier où les relations comptent plus que les capacités et la rigueur intellectuelle. Lecteur assidu, j’ai été séduit par Illusions perdues et son portrait d’un journalisme qui me semblait accessible et peu scrupuleux. Il me paraissait qu’atteindre la bassesse du souteneur pour qui l’essentiel est de vendre au client fasciné par les gros titres, les horreurs et les scandales non la vérité ou la beauté, mais l’infâme était à ma portée. Écrire, oui mais créer, à l’égal de Baudelaire, une œuvre puissante à l’image d’une nouvelle « charogne » dépassait mes capacités créatives. La renommée sulfureuse de l’écrivaillon quotidien de Marseille suffirait au bonheur de mes parents.
Sans honte, je reviens tous les jours en salle de rédaction pour y entendre le pire et rarement le bien avec la certitude que, comme les autres, je défendrai « le coup journalistique » favorable au journal et à nos emplois.
Ce matin comme la veille, à la conférence de rédaction, nous passerons en revue les actualités et les faits divers susceptibles d’intéresser le lectorat.
Au moment du café, avant de commencer, le Rédacteur en Chef, Bernard de Fer, nous rappellera notre rôle :
Trivialement et convaincu de prêcher à des affidés loyaux, il terminera son discours en nous parlant de nos lecteurs comme s’ils étaient tous affectés par le tropisme du demeuré marseillais, fan de l’OM, joueur de pétanque et fondamentalement irrespectueux des « règles » de bonne conduite et du Code de la route.
Son prône terminé, tel Monseigneur Belsunce soignant les pestiférés, il redescend de sa chaire et nous demande, prosaïquement, de parcourir et lire les journaux locaux de PACA, les nationaux, France Presse, regarder Facebook et autres torchons pour en faire notre miel. Les informateurs officiels (préfecture, région, gouvernement) n’étant pas les meilleurs fournisseurs, il insiste sur nos relations avec les correspondants locaux accrédités par le journal dans les différents commissariats et gendarmeries de Provence en demandant de ne pas les négliger d’autant que leurs papiers aident à la diffusion. Il nous rappelle que tous ces collaborateurs occasionnels rêvent, à un moment ou à un autre, de prendre notre place et d’intégrer la confrérie des journalistes « Du Grand Sud », le plus gros des quotidiens du sud de la France.
Après un petit quart d’heure, passant de l’un à l’autre, glissant une recommandation ou une flatterie à chacun, il nous a laissés pour rejoindre la visite de l’IHU dont le Maire, accompagné du Préfet, gratifiait le célèbre Directeur qui souhaitait présenter les résultats obtenus par ses chercheurs dans la lutte contre le COVID.
Le vin de la cérémonie n’étant pas loin d’être servi, il était temps, pour lui, de s’y rendre.
Il confia à son adjoint, dégoulinant d’obséquiosité et de servilité, la gestion de la revue de presse, des mails et des messages et nous salua.
La conférence de rédaction du jour a consacré beaucoup de temps au papier du « Vaucluse-Ventoux-Durance » décrivant la terrible découverte du cadavre d’une jeune victime égorgée, déposée sur un bûcher, avec dans la bouche un fragment d’une pièce de lingerie noire, marque évidente de sensualité chez une fille dont il faut montrer l’indignité. Vu la petitesse de la pièce, il ne s’agissait pas d’un bâillon, mais d’un signe stigmatisant, pour le criminel, la sensualité et plus encore l’obscénité et la dépravation.
« Héros terrorisé » de cette terrible découverte, le chasseur s’était immédiatement précipité à la gendarmerie de Châteauneuf-du-Pape pour les prévenir. Il les avait accompagnés sur les lieux et après un interrogatoire de routine, avait été renvoyé chez lui en le priant de ne rien ébruiter pour le moment, car on n’avait pas fini avec lui ni surtout avec l’enquête. Avant de rentrer chez lui, il avait fait un détour par l’habituel « Rendez-vous des chasseurs » du village. Accoudé au bar, il avalait Marc de Châteauneuf sur Marc de Châteauneuf et finit par répondre aux joueurs de cartes attablés qui l’interrogeaient. Il avait tout raconté. Confidences dont le correspondant du VVD, buvant son café, assis sur une banquette, avait profité. Il avait immédiatement envoyé un message à sa rédaction en demandant qu’on lui garde une place dans le journal du lendemain parce qu’un drame terrible pourrait faire la « Une » et faire parler du VVD.
La fille, brûlée avec un mélange d’essence et de Marc d’alcool vinicole, avait été retrouvée, au crépuscule, par le chien du chasseur. Grossièrement égorgée, seins et pubis lacérés, elle avait été déposée sur un amas de branchages créé à l’intersection de chemins qui conduisaient à différents domaines viticoles de l’appellation « Châteauneuf du Pape ».
À la recherche de lièvres dans la garrigue, entre le hameau du Grès, et Châteauneuf-du-Pape, notre Tartarin avait été attiré par les jappements de l’animal et la forte odeur de bois brûlé qu’il avait d’abord pris pour un début d’incendie éteint par les pompiers. En arrivant sur place, il alluma sa torche frontale pour mieux comprendre la raison pour laquelle son beagle ne répondait pas à son appel. Agité et excité, l’animal montait, descendait et tournait autour d’un amas important, encore fumant, que le chasseur, habitué des lieux, n’avait jamais vu dans cette zone de la garrigue. Arrivé à proximité, il découvrit une sorte de monticule organisé sur lequel, il devina, grâce au faisceau de sa lampe, un corps reposant sur un tas de branchages secs et de sarments de vignes, partiellement consumés, méthodiquement rassemblés pour servir de bûcher.
Consterné et apeuré par ce qu’il voyait, il fit taire son chien, l’attacha au pied d’un grand chêne-liège qui trônait au centre d’un espace végétal stérilisé exempt de taillis de genévriers et de romarins sauvages habituels. Il grimpa sur un billot adossé à la butte pour s’approcher du corps. La victime était une jeune femme dénudée, partiellement calcinée. En balayant l’ensemble du monticule avec sa torche, il vit qu’elle avait été atrocement mutilée. Étrangement, une médaille de la main de Fatima avait été déposée entre ses seins par le ou les assassins. Visiblement, tout avait été fait méthodiquement et froidement. Aucune émotion, aucune hâte n’étaient perceptibles. Aucun désordre, bien au contraire. C’était un exercice, un message destiné à une communauté, à une famille. À la police, peut-être. Il n’y avait pas de traces de sang autour du bûcher ni sur les branchages ou les taillis environnants. Son crâne, ensanglanté, portait les traces d’incisions de la peau plus ou moins profondes. On lui avait arraché la chevelure. Ce n’était pas un travail d’Indiens. Plus certainement un signe supplémentaire d’un geste destiné à punir une séductrice. Le chasseur avait expliqué aux gendarmes que le chien avait marqué l’arrêt et avait commencé à renifler le corps avant qu’il ne puisse le remettre en laisse et l’attacher.
Il s’agissait d’une jeune fille, mais compte tenu des traces laissées par le feu, il a été difficile dans un premier temps pour les gendarmes d’en dresser avec précision la caractéristique morphologique en dehors de la finesse de la silhouette longiligne. Plus tard, le légiste avait remarqué que les doigts des mains comportaient de nombreuses micro-entailles et des pulpes rougies pouvant laisser penser qu’il s’agissait d’une jeune fille ayant une activité manuelle dans le milieu viticole.
Outre la monstruosité et la sauvagerie des faits, j’ai été particulièrement surpris par les lieux où tout ceci s’était déroulé. Les responsables n’avaient pas agi dans la précipitation. Ils avaient choisi un lieu bucolique, familier des promeneurs, mycologues et chasseurs. Ils voulaient qu’on découvre le cadavre et que ça frappe la population locale.
Par bien des indices, tout ceci me remémorait les caractéristiques des exactions contre les femmes berbères lors de la guerre d’Algérie qui se sont déroulées dans les Aurès et la région de Mascara, en réponse aux émasculations des colons mâles et aux éventrations des Européennes enceintes, sur lesquelles j’ai travaillé lors de mon DEA d’histoire.
Comme l’a montré le conflit, l’horreur n’était pas nécessairement l’attribut de l’Européen blanc, elle pouvait aussi être celle de l’arabe fanatisé par l’objectif de l’indépendance.
À ce stade, les raisons de ce crime atroce ne sont pas connues. Seul est certain que le ou les assassins ont voulu épouvanter la victime et l’ensemble de ceux qui la découvriraient : Coreligionnaires peut-être ou simples habitants des environs.
L’effroi devait les atteindre tous et les instruire. Même si le message n’était pas explicite, chacun pouvait se sentir concerné et redouter d’être une future victime du monstre sanguinaire et méthodique.
Hors de question d’aller en balade dans la Garrigue seul ou en groupe avec des enfants avant que la gendarmerie n’ait retrouvé l’assassin. On savait que le groupement cynophile de Marseille était mobilisé pour retrouver sa trace, mais ça pouvait prendre du temps tant il avait pris des précautions.
À son retour de visite, après un déjeuner bien arrosé, le chef, qu’il nous arrivait d’appeler à ces moments-là, Bernard deux verres, était visiblement aviné et gai.
Pour moi c’était le meilleur moment pour l’aborder et lui proposer la prise en charge de l’affaire en axant mon enquête sur la zone viticole qui compte une forte implantation de rapatriés nationalistes et une population d’ouvriers viticoles musulmans que Marion Maréchal, née Le Pen, s’était fait fort de chasser de Carpentras, du Ventoux et du Luberon lorsqu’elle l’avait conquise.
Dans tous les cas, si la victime était bien une Maghrébine de la région on pouvait supposer que le crime avait été perpétré par un ancien d’Algérie encore hargneux ou un islamiste fanatique cherchant à punir une femme ne respectant pas les préceptes rigoristes édictés par des Frères qui mettent la pression sur les jeunes des Cités.
J’étais certain qu’il ne pouvait s’agir d’un crime de rôdeur ou de pervers.
Trop de signes symboliques, manifestant une volonté de punir une femme et d’en informer la population et une communauté déterminée, plaidaient pour un crime dépassant un simple acte de violence ordinaire à l’égard d’une femme, commis par un mari ou un amant enivré. On était bien dans une immolation.
Très énervé, sans doute à cause de l’alcool consommé à midi, Le Chef m’a apostrophé de la pire manière :
Pour ce qui est d’un éventuel islamiste, portant à la ceinture un grand Kandjar, prêt à égorger toutes les adolescentes séduisantes qui passent à proximité, je te demande, avant de créer une manifestation de musulmans se sentant insultés dans Avignon et Marseille, de te taire et de contacter les gendarmes du coin pour évaluer le degré d’agitation de la communauté.
Bernard, confiez-moi l’enquête. Mon prochain WE est prévu à Bédarrides à côté d’Orange chez d’anciens condisciples. Il ne coûtera rien. Pas de frais de mission ni de déplacements à gérer. En plus, s’il se confirme que la victime était une jeune maghrébine, ce serait un lien original avec le sujet sur les problèmes de violences faites aux femmes notamment dans les quartiers nord dont nous avons parlé.
Encore énervé et pas totalement convaincu, le Chef a lâché :
Les collègues du Vaucluse sont les mieux placés pour en parler. De toute façon, nous avons engagé un dossier sur la violence et la drogue dans les quartiers nord. C’est ça ton objectif parce que c’est ça l’actualité de Marseille.
C’est un sujet fort et en phase avec les violences dont les femmes sont victimes. Mais ici, on a une « mise en scène » volontaire. Rien à voir avec un assassinat improvisé, fruit d’un accès de haine, non programmé, qui se termine par un bûcher visant à achever une victime et à dissimuler des traces. Il s’agit d’un message destiné à marquer les esprits. Les lieux, la victime, la symbolique du feu et la lacération des parties sexuelles ne sont pas le fruit du hasard. Il s’agit d’un acte qui dépasse la simple colère d’un amant ou d’un satyre et relève plutôt d’une cérémonie sacrificielle perverse adressée à une communauté bien précise. J’avoue que j’ignore laquelle. Par contre, je suis sûr que ceux qui sont visés le savent et que, par prudence, ils resteront « motus et bouche cousue » ce qui n’aidera pas la justice à faire la lumière sur l’affaire.
Vous allez me trouver fou, moi ça me fait penser à ce qui se passait dans le sud des États-Unis avec le KKK ou pendant la guerre d’Algérie avec ces crimes d’avertissement aux populations arabes et européennes mettant en évidence la détermination des auteurs restés inconnus.
Évidemment, si on repense aux épisodes de violence sanguinaires entre les Français de souche et les émigrés des diverses vagues d’immigration successives depuis le 16e siècle : Juifs, Portugais, Espagnols, Italiens, Africains, Arabes, Asiatiques, le compte est bon et notre sol imbibé de sang.
Tu ne peux pas savoir, Aldo, combien les « De Souche » me gonflent ! J’en entends toujours parler et le pire c’est que ces « braves Français » sont souvent d’ailleurs. Il n’y a qu’à lire leur nom sur les boîtes aux lettres ou dans les avis mortuaires des pages du journal.
Aldo, je n’ai rien contre toi et les Italiens surtout depuis que j’ai trouvé aux puces leroman deLouis Bertrand de 1907 qui s’appelle L’invasionet parlait tout particulièrement des « hordes » d’Italiens qui déferlaient surMarseille. Ce charmant opuscule me fait penser aux discours xénophobes d’un pseudo-intellectuel de la dernière campagne présidentielle qui prétendait protéger les vrais Français du déferlement des meutes arabes.
Je sais qu’à travers l’histoire il y a eu des crimes épouvantables dans notre beau pays et notre région au titre de la pureté de la race ou de menaces économiques fantasmées.
Aldo, ouvre bien tes oreilles de Rital !
Je pense au tirage moi et pas à Lévi-Strauss ! Le soir, je lis des mangas pour me changer les idées.
La vérité c’est que cette femme assassinée et profanée est plus vendeuse que deux morts dans un cambriolage ou un règlement de compte entre bandes rivales opposées pour le contrôle d’une zone de deal qui est notre quotidien depuis les années 50.
Le chef est un sanguin qui explose lorsque les propositions dépassent son entendement, mais une fois que les connexions sont faites entre son fond culturel et sa formation économique et juridique, il est accessible à la nouveauté et au potentiel d’un développement commercial du titre.
À moi de me replonger dans les études historiques sur les sales guerres de la France en Algérie et au Viet Nam. Je suis persuadé que si le criminel est un Européen, il a intégré ces périodes notamment s’il y a été confronté et s’il s’agit d’un ancien colonisé d’Afrique ou d’Asie, il en a également conservé la rancœur. Au-delà de ces traumatismes, l’époque baigne dès l’enfance dans un magasin des horreurs à travers, les Réseaux, la Télé, le Cinéma, les Mangas ou les Contes de notre enfance.
À commencer par « l’Enfer de Bosch », le procès et l’exécution de Jeanne d’Arc, brûlée et torturée par fanatisme religieux et politique.
Du Cauchon, l’évêque n’avait pas que le nom mais aussi l’âme torturée. Pour ce qui concerne un éventuel djihadiste, les décollations récentes des fous de DAESH qui circulent sur tous les réseaux sont autant de sources d’inspiration pour punir une musulmane ayant renié sa foi ou commis, ô horreur, un adultère. Il y a longtemps déjà, Voltaire rappelait qu’il n’y avait rien de pire, de plus horrible et inacceptable que le crime d’Apostasie pour tous les fanatiques. Punition pour celle qui choisit la liberté sexuelle ou s’écarte du Coran, clament les frustrés et les fanatiques.
En ce moment, lorsqu’on regarde l’actualité, le nombre de conjoints violents éconduits par leur compagne qui frappent, poignardent et parfois mettent le feu au corps, pour rayer la coupable de la surface de la Terre, ou l’aspergent d’acide, pour l’enlaidir et lui enlever toute séduction, est ahurissant et relève de la négation de la personne humaine.
Les contes macabres comme « Barbe bleue » ou les films marquants tels que « le Silence des agneaux » et les actes liés aux excès du patriarcat ou au fanatisme religieux inondent notre société et paraissent rendre légitimes, auprès des meurtriers, ces actesdepossession d’un être humain autonome, toujours des femmes, etjustifier la commission, souvent publique, des pires sacrifices.
En comparaison, les exécutions mafieuses, fréquentes à Marseille, visent des hommes, des rivaux. Elles sont purement techniques et reproduisent le processus décrit par les séries, films ou jeux en vogue. Elles n’entrent pas, pour l’instant, dans l’horreur des simulacres atteints par les assassinats de femmes auxquels on est confronté. L’assassin ne se promène pas avec la tête sanguinolente tranchée. Il laisse le cadavre dans le coffre d’une voiture avant de mettre le feu ou de jeter le corps lesté dans la mer pour nourrir les requins ou les murènes.
Réflexion faite, je crois que par mon parcours, je suis celui qui peut conduire cette enquête. Il s’agit de décrypter un hiéroglyphe plus que d’élucider un meurtre. Il y a plusieurs signes, voire plusieurs codes de lecture qui obéissent à plusieurs cultures. Cette diversité n’est peut-être pas un hasard. Le meurtrier a créé un support significatif dont la forme, un bûcher humain, livre un message brouillé destiné à n’être compris que par l’initié ou le chercheur obstiné.
Champollion a décodé la Pierre en l’envisageant dans sa totalité et dans ses particularités. Ici aussi, on observe des traces sacrées diverses (Islam, Christianisme) mêlées à des traces profanes multiples pouvant être contradictoires ou explicites d’un combat.