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Personne ne pensait vraiment que la nature allait se rebeller. L’humain était allé beaucoup trop loin et préférait ignorer les signes d’alerte. Malgré la fonte des glaciers, le réchauffement climatique, la diminution de l’eau douce et l’anéantissement de la biodiversité, les avertissements furent vains et c’est ainsi que commença la fin du monde. Il ne fallut que quelques jours pour qu’un virus mortel se répande, laissant Evan, Cléo, Anne et Neyla livrés à eux-mêmes contre ce danger permanent. Arriveront-ils à garder l’espoir d’un renouveau ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Depuis sa tendre enfance,
Laeticia Gabrielli éprouve une passion particulière pour l’écriture et l’imagination. S’inspirant principalement de son entourage, elle souhaite impacter la vie d’autres personnes au travers de sa plume.
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Seitenzahl: 460
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Laeticia Gabrielli
Jusqu’à la fin
Roman
© Lys Bleu Éditions – Laeticia Gabrielli
ISBN : 979-10-377-9169-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Élodie, ma première lectrice et supportrice.
Sans toi, rien n’aurait été possible.
À ma mère,
la personne la plus importante dans ma vie,
merci de m’avoir toujours soutenue.
Le vent soufflait bruyamment contre les vitres bleutées, la douzième semaine depuis l’apparition du virus venait tout juste de commencer. Un groupe de six personnes étaient assis dans le salon d’une maison, loin de la ville et de l’agitation. Le regard vide, aucun son ne sortait de leurs bouches, comme si elles avaient été liées par un fil invisible et incassable. Chacun se remémorait leur ancienne vie, leur vie si confortable qu’ils avaient perdu si brutalement. Qui aurait prédit cette rébellion de la planète, à part les écologistes ? Sûrement pas Evan.
*
Il y a douze semaines, c’était grâce à un article sur internet qu’il avait pris connaissance de la situation, un nouveau virus venait de faire son apparition, un virus résistant à tout ce que l’humanité avait déjà découvert. Rien d’alarmant d’après les médias, les journalistes ou encore l’État. Les scientifiques allaient bientôt trouver une solution à ce problème, c’était ce qu’il s’était dit aussi. Les jours passèrent dans la crainte et la méfiance de chacun, tout le monde n’avait plus que ce sujet en bouche, les adolescents amplifiaient les dires pour faire sensation, de plus en plus de morts étaient répertoriés, inquiétant la population.
Evan semblait avoir confiance en l’État, ou peut-être qu’il ne prenait juste pas au sérieux tout ceci. C’est pourquoi il ne s’inquiéta pas tout de suite quand une étrange alarme s’est mise à sonner dans tout le lycée, alors qu’il commençait à somnoler à cause de l’ennui que lui provoquait le cours de physique chimie. Pourtant la nouvelle lui glaça le sang, un élève venait de mourir au milieu du terrain de basket. C’était irréaliste, comment une chose pareille avait pu avoir lieu ?
Les modes de contamination étaient encore flous, mais d’après les dernières informations du gouvernement, le virus se transmettait dans l’air, par inhalation. Une personne infectée pouvait transmettre le virus si une autre respirait les microparticules qu’elle avait rejetées en expirant le dioxyde de carbone. Les fluides corporels comme la salive ou le sang étaient aussi répertoriés en tant que transmetteurs. De plus, d’après les premières recherches, le virus n’aimait pas la chaleur et était donc plus actif la nuit, quand il faisait plus frais.
Evan, accompagné du reste de sa classe où était Neyla, sa petite amie, et Cléo, son amie d’enfance, sortit pour aller se mettre à l’abri dans le gymnase en attendant les prochaines directives.
Le jeune homme regarda sa petite amie blottie dans ses bras. Neyla était une jeune fille magnifique, avec de longs cheveux noirs bouclés qui s’accordaient parfaitement avec ses iris brun foncé. D’origine arabe, elle avait hérité de la sublime silhouette de sa mère ainsi que de sa taille. La jeune fille rêvait de devenir hôtesse de l’air, c’est pourquoi elle s’impliquait tant dans ses études. Surtout en langue, elle était la meilleure de sa classe et sûrement même du lycée en anglais, parlait arabe et espagnol couramment et était en plein apprentissage du mandarin. Son petit ami l’avait toujours admirée pour son travail acharné. Il l’avait rencontrée en première et, de fil en aiguille, ils s’étaient rapprochés. C’est en terminale qu’ils s’étaient finalement mis ensemble, après un an à se tourner autour, grâce aux conseils avisés de Cléo.
Cette dernière était le genre d’amie sur qui on pouvait réellement compter, pas ceux qui étaient là seulement dans les bons moments, seulement quand ça les arrangeait. Elle donnait toujours, sans rien demander en échange. Evan l’avait rencontrée au collège, lors de leur toute première année, ils étaient voisins de table, la jeune fille n’avait pas fait attention à lui, beaucoup trop sauvage à l’époque. Cléo faisait partie de ces personnes qui ne se laissaient pas faire, qui disaient ce qu’elles pensaient sans se soucier des autres et des conséquences, et puis, elle était tellement courageuse. Alors que le petit Evan de onze ans se faisait racketter par les plus grands à la recherche de leur propre identité, elle n’avait pas hésité à s’en mêler pour l’aider. Ils étaient finalement vite devenus amis, faisant les quatre cents coups ensemble, malgré la première impression de Cléo sur lui. Elle l’avait même suivi quand il avait dû redoubler, n’étant pas décidée à passer la classe supérieure sans lui.
La jeune fille, petite, avait été le cliché du garçon manqué, comme beaucoup de filles de son âge, passant la plupart de son temps avec des garçons, jouant à la bagarre ou aux jeux vidéo plutôt qu’avec les poupées. Puis en grandissant, elle avait évolué, son corps s’était développé pour faire ressortir les attributs féminins qu’elle cachait en elle. Cléo avait certes beaucoup changé physiquement, mais jamais mentalement, elle avait gardé toute cette humanité, cette sympathie, ce courage qui faisait d’elle un être si altruiste.
Evan se sentait chanceux de l’avoir à ses côtés, elle avait toujours été là pour le soutenir, pour le pousser à avancer. Depuis tout petit, il avait toujours été paumé, ne sachant pas vraiment pourquoi il faisait certaines choses, pourquoi il était venu au monde. Souvent il allait regarder Cléo danser et tous ses ennuis semblaient s’envoler, tous ses doutes se mettaient sur pause le temps d’une mélodie. Puis un second sentiment venait à lui, qu’allait-il bien pouvoir faire de sa vie ? Evan était un très grand fan de cinéma, mais il se disait qu’il n’avait rien d’original, il n’arrivait pas à croire en lui. Une partie de lui n’y arrivait pas sûrement à cause de l’absence de son père.
Le jeune homme resserra l’étreinte autour de sa petite amie qui tremblait en priant silencieusement. Les élèves étaient effrayés, surtout les petits de seconde fraîchement sortis du collège. Ils restèrent là, assis dans un coin pendant des heures, quand soudainement une jeune fille se leva et commença à tousser, de plus en plus intensément, comme si elle s’étouffait. Les élèves remarquèrent que des taches rouges étaient apparues sur son cou, personne ne savait depuis quand. Tout le monde commençait à paniquer, malgré les tentatives désespérées des professeurs pour calmer le jeu, la jeune fille convulsa légèrement avant de tomber raide, laissant tous les élèves tétanisés. Plus personne n’écoutait, un élève partit en courant par l’une des portes qui se trouvaient de chaque côté du gymnase, et bien vite d’autres firent de même, suivant le mouvement de groupe.
Cléo se leva rapidement à son tour avant de faire un signe de tête à Evan et Neyla, ils devaient partir, rien ne rimait à rester enfermé ici, à part multiplier le risque de se contaminer. Une fois sortis du lycée, ils composèrent chacun de leur côté les numéros de leurs proches. Un message prédéfini se déclencha, les informant que les lignes étaient suspendues par l’État pour ne pas saturer les appels qui étaient vraiment importants.
Une petite tête blonde fit son apparition devant eux, hésitante, Cléo la regarda, c’était une élève de première, elle ne la connaissait pas personnellement, mais l’avait déjà croisée dans les couloirs. Si elle se souvenait bien, elle était très souvent seule, à lire des bouquins, tous plus gros les uns que les autres. Elle marchait doucement vers eux, la tête baissée, elle tirait frénétiquement sur ses vêtements noirs comme pour essayer de cacher ses légères rondeurs et son stress.
— S’il vous plaît, je suis désolée de vous déranger, mais… est-ce que je peux rester avec vous ? demanda-t-elle hésitante. Je m’appelle Anne, je suis dans votre lycée et je n’ai nulle part où aller pour l’instant…
— Nous ne savons pas encore ce que nous allons faire, répliqua Cléo après un moment de silence où elle avait observé ses deux amis. Mais oui, bien sûr, tu peux rester avec nous.
— Les téléphones sont coupés, continua Evan en passant sa main dans ses cheveux. Je pense que c’est général. Essayons d’aller chez moi, j’habite à deux rues d’ici, peut-être qu’on pourra téléphoner.
Evan vivait avec sa mère dans un vieil appartement, son père avait détalé dès qu’il fut au courant de la grossesse de sa petite amie, se rendant compte qu’il n’était pas assez mature pour élever et assumer un enfant. C’est donc seule que sa génitrice avait dû occuper la place des deux parents, seulement âgée de dix-huit ans, malgré les nombreuses personnes qui lui avaient conseillé d’avorter.
Le jeune homme inséra les clefs dans la serrure, sa mère travaillait au magasin du coin à cette heure-là. Anne entra doucement dans l’appartement, elle essayait de le cacher, mais elle était terrifiée, elle ne comprenait pas ce qui se passait. Sa peau, de nature déjà blanche, l’était encore plus depuis qu’elle avait vu sa camarade mourir à quelques mètres d’elle. Mais elle ne voulait pas perdre espoir, tout allait s’arranger, elle en était sûre. Elle regarda autour d’elle, l’appartement d’Evan était simple, dépourvu de toutes les nouvelles technologies dont pouvaient bénéficier ses autres camarades. Ses meubles étaient usés par le temps et semblaient être là depuis des siècles, le papier peint se décollait légèrement et sa télévision était un ancien modèle, dépourvu du système holographique dont on entendait la promotion de partout.
— Neyla, essaye de voir si la ligne passe, demanda-t-il en cherchant la télécommande derrière des piles de vêtements pour allumer la télévision.
— Il n’y a rien qui marche, soupira la jeune métisse. Attends, j’ai reçu des messages de mon père par internet !
— Oh, profitons-en alors le temps que ça fonctionne, conseilla Cléo en déverrouillant son portable.
— Mon père me dit que c’est un carnage dans mon village, les gens deviennent fous en voyant les autres mourir, ils se battent, volent et cassent tout, c’est épouvantable ! continua Neyla le visage décomposé. Et vous ?
— Mes parents ne répondent pas, ils sont à l’étranger, c’est sans doute normal… répliqua Cléo frustrée.
Elle soupira en faisant tourner sa montre sur son poignet droit. C’était un cadeau de ses parents pour ses dix-huit ans, elle ne la quittait jamais, bien trop précieuse pour elle. Sa relation avec ses parents avait toujours été compliquée. C’était le genre de famille à ne pas montrer ses sentiments, à faire passer le travail avant tout, alors elle s’accrochait à la moindre marque d’affection qu’elle recevait d’eux. Même si elle disait l’inverse, elle s’inquiétait pour eux. Étant de grands commerciaux, ils étaient amenés à prendre l’avion, parfois même plusieurs fois par jour, leur travail était toute leur vie, sans lui ils n’étaient plus rien. Cléo frotta son sourcil énergiquement, elle espérait juste qu’ils soient en vie.
— Essayons de trouver un endroit à l’abri, loin de la ville, le temps que ça se calme. Les gens sont complètement tarés, ils rentrent dans les maisons sans se soucier du reste !
— C’est une bonne idée, acquiesça Neyla en souriant. Je ne pense pas que nous avons d’autres alternatives de toute façon. On pourra attendre les informations en sécurité. Anne, tu arrives à joindre ta famille ?
— Je… Anna baissa la tête. Je pense qu’ils ne répondront pas, je suis dans une famille d’accueil, maintenant que le virus est là, ils ne se soucient plus de moi, c’est normal, je ne suis pas leur fille…
— Reste avec nous alors, affirma Evan en trouvant enfin la télécommande. Je l’ai enfin !
La télévision s’alluma, toutes les chaînes étaient des informations sur l’avancée du virus. Les conseils étaient maintenant de rester enfermés chez soi et de ne sortir sous aucun prétexte, surtout la nuit. Ils demandaient à tout le monde de rester calmes et de ne surtout pas paniquer. Des points de ravitaillement allaient être installés, et ils informeraient quand aller chercher les vivres par secteur pour que tout se passe dans le calme et dans l’ordre.
Evan partit rapidement dans sa chambre, il attrapa plusieurs sacs à dos, Cléo le suivit, semblant comprendre ce qu’il voulait faire. Elle l’aida à les remplir d’habits, il emprunta des vêtements à sa mère pour les mettre dans le sac des filles, elle n’allait sûrement pas lui en vouloir vu la situation. Avant de fermer son sac, il prit sa petite radio qui pouvait être utile et ses deux talkies-walkies, il se remercia intérieurement d’avoir regardé tous ces films de zombies et de survie.
Il donna un sac à chacune des filles avant de leur dire de remplir ce qui restait de place en nourriture et en eau. Il écrivit une note pour sa mère au cas où elle passerait à l’appartement avant de partir pour le magasin où elle travaillait, elle devait être encore là-bas si elle ne répondait pas, en tout cas c’est ce qu’il espérait. Ils décidèrent d’aller retrouver sa mère avant de partir se mettre à l’abri, Neyla habitait à une bonne demi-heure de leur lycée, c’était donc impossible de la réunir avec sa famille.
Ils furent arrivés rapidement grâce aux petites ruelles que le jeune homme connaissait comme sa poche. Mais le spectacle qui se passait devant eux n’était pas du tout ce qu’ils s’imaginaient. Une masse de gens essayaient de s’engouffrer dans le magasin, voulant faire des réserves en prévision de l’apocalypse. L’humain devenait incontrôlable quand il sentait que sa vie était en danger. Ils se poussaient, se marchaient dessus pour pouvoir atteindre le saint Graal qui n’était rien d’autre qu’une simple boîte de haricots en conserve. Ils pillaient, ne se souciant pas des gens qui les entouraient. Sur le parking, des voitures étaient en feu, certains se battaient pour voler les quelques denrées qu’ils avaient réussi à récupérer.
Evan en eut des sueurs froides, et si sa mère avait été blessée en essayant de les empêcher de voler ? Il courut à l’intérieur, sans prendre attention à sa petite amie ou au reste du petit groupe. Il tourna à l’angle, poussant les gens sur son chemin, il alla directement vers le rayon où travaillait sa mère habituellement avant de faire chacun d’entre eux pour la trouver. Il cria son nom, espérant en vain qu’elle réponde, après avoir fait le tour, il perdit espoir qu’elle soit encore ici. Il passa ses mains dans ses cheveux bruns en tirant légèrement dessus, rempli d’inquiétude. Il prit quelques minutes pour se calmer, même si elle n’était pas là, tout n’était pas perdu. Avant de repartir rejoindre les filles, il passa par un rayon où personne n’était pour attraper de nouveaux talkies-walkies, si le monde était coupé de communication, les talkies-walkies étaient une bonne solution. Il sortit du bâtiment et secoua la tête négativement en voyant le regard interrogateur de Cléo.
— Ne t’en fais pas, on la retrouvera, murmura Cléo pleine d’espoir.
— Je lui ai laissé une note à la maison, elle sait que je suis en sécurité et que nous allons aller en dehors de la ville. Peut-être arrivera-t-elle à nous rejoindre.
— Cette histoire va sûrement se tasser, essaya de rassurer à son tour Neyla en lui caressant doucement l’épaule.
— Partons d’ici, c’est dangereux de rester trop près des personnes, on ne sait pas s’ils sont infectés, continua Cléo en regardant autour d’elle.
C’est sur ses paroles qu’ils avaient pris la route en direction de la sortie de la ville. Dans la journée, ils avaient réussi à trouver une maison pour s’abriter loin de la civilisation, qui finalement était devenue leur nouvelle habitation. Un couple de lycéens qu’ils connaissaient de visage s’était joint à eux, mais ils avaient vite succombé, dû à leur imprudence. Après cinq semaines, c’était Samuel et Dean qui avaient fait leur apparition.
Les deux jeunes hommes erraient dehors depuis un moment, les cheveux bruns mal coiffés et la barbe de Samuel pouvaient en témoigner. Ils étaient tombés sur la maison que le groupe avait aménagée comme leur QG, alors qu’ils étaient sortis. Le jeune asiatique avait été impressionné par l’organisation de la maison tandis que Dean n’avait prononcé aucun mot, à l’affût du moindre mouvement.
Les ouvertures des fenêtres et portes étaient bouchées pour empêcher le virus de rentrer dans la maison la nuit, les deux chambres étaient aménagées de couvertures et sac de couchage. Ils n’eurent pas le temps de plus explorer qu’ils tombèrent sur les nouveaux propriétaires. Cléo se mit devant, méfiante, mais après avoir parlé avec les deux hommes, enfin, surtout Samuel, pour être honnête, ils comprirent qu’il n’y avait aucun danger. Ils leur demandèrent quand même de rester en quarantaine pour vérifier qu’ils n’étaient pas infectés, ce qui fit râler Dean, mais qui se plia aux ordres quand même.
D’après ce qui avait été dit à la radio, la maladie se déclarait au bout de vingt-quatre heures maximum après contact, mais ils avaient appris que réellement ça pouvait s’étendre à soixante-douze heures avant de succomber. Ce n’est donc que quelques jours plus tard que le cinquième membre, Samuel, et le sixième, Dean, rentrèrent officiellement dans le petit groupe.
Samuel, d’origine coréenne, était très méthodique et calme. Le genre de personne très utile dans leur cas. Tout le contraire de son partenaire, Dean, qui était la plupart du temps très silencieux et qui avait tendance à s’emporter rapidement. Il ne voulait vraisemblablement pas se lier avec ses nouveaux compagnons. Il restait muet sur son passé et tout ce qui le concernait. Quand quelqu’un d’autre que Samuel daignait l’approcher, il le regardait d’un air glacial en rajustant son bonnet sur ses cheveux anciennement rasés. Mais au fond on pouvait lire dans ses iris de la souffrance, les différents tatouages qui ornaient son corps pouvaient en témoigner. Malgré tout, Dean pouvait se montrer humain quand sa coquille était percée, plus le temps passait, plus il commençait à avoir un réel intérêt pour le groupe, trouvant peu à peu sa place, bien que bancale.
Evan et Cléo n’avaient eu aucune nouvelle de leurs parents respectifs. Cela ne surprit pas la jeune fille, elle était habituée à être indépendante, ses parents étaient souvent à l’étranger pour leur travail, elle vivait seule depuis un moment et avait dû apprendre à se débrouiller. La plupart du temps, c’était sa grand-mère qui s’occupait d’elle quand ses géniteurs n’étaient pas là, jusqu’à ce qu’elle décède, laissant un énorme manque dans son cœur.
Avant la coupure d’internet dans tout le pays, Neyla eut des nouvelles de ses parents et de ses deux jeunes frères. Un long message qui décrivait à quel point ils l’aimaient, à quel point ils étaient fiers d’elle, avant de finir sur un dernier adieu, faisant bien comprendre qu’ils avaient décidé de quitter ce monde. En apprenant la nouvelle, la métisse s’effondra, sa famille était une grande partie d’elle-même, leur relation était fusionnelle.
C’est à partir de ce jour que l’étincelle dans les yeux de Neyla disparut.
Kaëly courait, affolée, en traversant la forêt, tous ses sens étaient en éveil. Ses longs cheveux roux ondulés bougeaient au rythme de ses foulées, elle se retournait régulièrement, vérifiant que personne ne la suivait. Elle était terrorisée, les images de sa famille passaient en boucle dans sa tête, pourtant elle voulait les oublier. Elle s’arrêta soudainement, posant ses mains sur ses genoux tremblants pour reprendre sa respiration, ses oreilles sifflaient. Elle tourna sa tête d’un geste brusque, elle avait entendu une voix. À pas de loup, elle avança vers le bruit, ça ne pouvait pas être un animal, à moins que le virus ait permis l’inverse, les animaux ne parlaient pas. Elle s’arrêta devant un trou rempli de feuilles et de branches, d’un peu plus elle y tombait dedans. Kaëly regarda à l’intérieur avant de voir une petite tête blonde, surprise, elle recula.
— Heyy ! Je m’appelle Anne. Dis, tu peux m’aider à remonter ? Je crois que je me suis foulé la cheville, demanda la jeune blonde d’un ton amical.
Kaëly hésita un moment, des flashs traversèrent ses yeux, lui rappelant des souvenirs affreux. Elle semblait innocente, mais pourtant elle n’arrivait pas à arrêter ses tremblements. Devait-elle vraiment l’aider et risquer de tomber dans un nouveau piège, elle savait à quel point l’humain était fourbe. Après quelques secondes de réflexion, elle prit une grande inspiration avant de s’avancer une nouvelle fois vers le trou et tendre finalement sa main. Au point où elle en était de toute façon… Anne lui souriait et l’attrapa sans hésitation. Le trou n’était pas vraiment profond, mais avec sa jambe, Anne n’avait pas réussi à remonter après être tombée, c’était Evan qui allait encore se foutre d’elle.
— Merci beaucoup ! Je n’avais pas vu le trou, c’était sûrement un piège. Sans toi je serai encore dedans pour un moment !
— Ce n’est rien, j’espère que ta jambe va bien… répliqua à son tour la rousse encore un peu méfiante. Oh, euh, je m’appelle Kaëly.
— Enchantée, Kaëly ! rétorqua Anne avant de la regarder de haut en bas. Qu’est-ce que tu fais là, seule ? Tu n’as pas de groupe ?
— Non… Je suis seule, avoua-t-elle en baissant la tête.
Il eut un petit moment de silence entre les deux jeunes filles, Anne semblait réfléchir et luttait contre l’envie de lui dire quelque chose.
— Écoute, je suis avec d’autres personnes, on habite dans une maison perdue dans la forêt, pas très loin. Je t’y emmène et on voit si tu peux rester ? proposa la jeune fille pleine d’innocence. Ce n’est pas moi qui prends les décisions, tu comprends, et puis il faut que tous les membres soient d’accord.
*
Cléo était dans la cuisine, comptant ce qu’il leur restait de nourriture. Elle soupira, à ce rythme, ils ne tiendraient même pas une semaine. Evan était avec Neyla sur le canapé, il caressait tendrement ses longs cheveux bouclés. Elle refusait de s’alimenter depuis la tragique nouvelle, elle se laissait complètement aller, comme si elle avait déjà abandonné, jusqu’à être incapable de rester debout dix minutes. Personne ne savait comment l’aider, Evan n’avait rien trouvé de mieux que de rester auprès d’elle pour lui montrer qu’il ne l’abandonnait pas.
Samuel et Dean étaient à la fenêtre, guettant le retour de la plus jeune qui tardait à revenir. Malgré l’adoucissement de Dean par rapport aux autres membres du groupe, il préférait tout de même rester avec Samuel, leur lien semblait très fort, ils avaient sûrement vécu beaucoup de choses ensemble. Il avait néanmoins aussi réussi à établir une relation assez particulière avec Anne, un peu comme un grand frère et une petite sœur.
— Hey Cléo ! appela Samuel. Anne est de retour, mais avec quelqu’un ! finit le jeune homme en la regardant, surpris, ne sachant pas comment réagir.
Il n’en fallut pas plus avant que la jeune fille se précipite vers la porte pour l’ouvrir et se positionner devant. Elle resta là, les regardant, comme si elle était un bouclier protégeant son groupe. L’inconnue soutenait Anne par le bras, elle semblait blessée.
— Anne, éloigne-toi d’elle s’il te plaît, demanda Cléo calmement.
— Attends, Cléo, elle n’est pas dangereuse ! répliqua la jeune blonde en agitant ses mains devant elle en signe de paix.
— Qui c’est, Anne ? Pourquoi tu as ramené une personne qu’on ne connaît pas ! demanda à son tour Dean en sortant.
— Dean, calme-toi, laisse-moi gérer ça, murmura une nouvelle fois la chef du groupe en essayant de garder son calme.
— Laissons-la parler. Anne, qui est cette personne ? questionna Samuel.
— Sam, Cléo, je vous assure, elle n’est pas dangereuse. Elle s’appelle Kaëly, je suis tombée dans un trou et je me suis fait mal… elle s’arrêta une seconde en voyant Evan sortir. Elle m’a aidée à sortir, sinon je serai restée bloquée, c’est vraiment quelqu’un de bien !
— D’accord, on va se calmer. Tu comprends, Kaëly, qu’on va devoir te poser quelques questions, répliqua Cléo en la regardant droit dans les yeux.
— Lui poser des questions ? Sérieusement, Cléo ? Elle est sans doute contaminée ! hurla Dean. Regarde-la, elle est seule, pourquoi à ton avis ? Elle a dû contaminer son groupe et s’enfuir !
— Dean, calme-toi ! Je te rappelle qu’on était dans la même situation qu’elle quand on est arrivé ici ! informa Samuel en se mettant devant lui, il l’attrapa par les épaules. Tout le monde n’est pas mauvais.
— Sérieux, Sam, même toi ! le jeune homme se dégagea avant de s’adosser au mur de la maison.
— Ça suffit maintenant ! On est plus des gamins ! répliqua Cléo. Kaëly, où étais-tu avant ?
— J’avais rejoint un camp de réfugiés. Mais… Vous savez, le pouvoir intéresse pas mal de monde, soupira-t-elle pleine de mauvais souvenirs. Un groupe de gars a voulu prendre le pouvoir, avec des règles qui ne les avantageaient qu’eux, bien sûr, ils voulaient que les hommes travaillent pour trouver de la nourriture et que les femmes soient leurs objets. Personne n’a voulu se soumettre, alors il y a eu une énorme bataille sanglante… Ils ont tué beaucoup de monde et beaucoup d’autres ont essayé de s’enfuir…
— Mon Dieu… murmura Anne en mettant sa main devant sa bouche choquée, elle posa la deuxième derrière le dos de la rousse pour la consoler.
— Je ne suis pas infectée, personne ne l’était au camp, ils ont juste été tués par la pire des menaces, l’Homme… elle essuya d’un revers de la main une larme prête à tomber. Je ne vous demande pas de me croire, ou même de m’accepter. J’ai seulement aidé Anne, je n’attendais rien en retour, mais quand elle m’a parlé de vous, je me suis dit que ça serait bien d’être avec des personnes dignes de confiance, un vrai groupe qui fait attention aux autres. Je vais partir, désolée pour toute cette agitation…
— Attends ! cria Anne. Vous allez vraiment la laisser partir ? Elle m’a aidée, bordel !
— Calme-toi, Anne, tu as raison, répliqua Cléo. Si on commence à laisser tomber les personnes qui nous aident, c’est qu’on devient vraiment inhumain.
— Je suis d’accord, acquiesça Samuel.
Anne se retourna vers la rousse en souriant, heureuse qu’elle puisse rester avec eux. Elle avança d’un pas, mais trébucha, elle avait presque oublié la douleur à sa cheville. Dean soupira avant d’aider la blonde à rentrer à l’intérieur, il l’accompagna jusqu’au canapé avant d’aller chercher de quoi la soigner. Le reste du groupe rentra à son tour, Neyla était toujours couchée et ne semblait pas vraiment être intéressée par la nouvelle venue.
Kaëly expira tout l’air de ses poumons avant de regarder autour d’elle, elle se sentit chanceuse, chanceuse d’avoir trouvé un groupe qui semblait prendre soin les uns des autres. Mais aussi très anxieuse, refaire confiance à d’autres personnes après ce qu’il lui était arrivé était difficile, mais elle voulait y croire !
Dean revint vers Anne avec une pommade, ils avaient réussi à rassembler quelques affaires médicales, rien d’extraordinaire, de la pommade pour les coups, du désinfectant, quelques antalgiques et des bandages. Après avoir enlevé sa chaussure, il passa doucement de la pommade sur sa cheville en massant pour faire pénétrer la crème. Il posa deux bouts de bois de chaque côté avant de les recouvrir de bandage.
— Ce n’est pas trop serré ? demanda le jeune homme en vérifiant sa cheville.
— Non, c’est très bien, merci beaucoup, Dean.
— Fais attention la prochaine fois, et si on ne t’avait pas retrouvée ? soupira Dean en se relevant.
— Je n’étais pas loin, tu sais bien que jamais je ne me serai aventurée seule trop loin de la maison.
— Je sais, t’es une froussarde, ricana-t-il.
La blonde enfonça son poing dans l’épaule du jeune homme qui fit semblant d’avoir mal.
— Arrête de te moquer de moi, souffla-t-elle faussement vexée.
— Non, mais sans rire, Anne, les gens sont encore plus dangereux maintenant qu’ils doivent se battre pour survivre. Tu es tombée sur elle, elle ne t’a rien fait, mais t’aurais pu tomber sur pire et tu le sais. Cléo et toi vous êtes les mêmes pour ça, toujours à aider les autres même si vous ne savez pas s’ils sont bons ou mauvais.
— Dean, je sais que tu es quelqu’un de bien. Essaye d’accepter les autres, essaye de faire confiance, demanda Anne en parlant de Kaëly.
— J’ai compris, j’ai compris, elle reste.
Le jeune homme partit se rasseoir à la fenêtre, voulant mettre fin à la conversation, il aimait beaucoup Anne comme toutes les personnes ici. Elle était un peu le signe d’espoir du groupe, toujours enthousiaste, toujours là pour réconforter tout le monde alors qu’elle était la plus jeune. Et puis elle semblait tellement innocente, Dean n’arrivait pas à s’énerver contre elle.
— Neyla, est-ce que tu vas bien ? demanda Cléo inquiète.
— Ça fait des jours qu’elle n’a rien mangé… soupira Evan en passant sa main sur son front se sentant impuissant.
— Nous n’aurons bientôt plus de nourriture, informa Samuel.
— J’en ai ! répliqua Kaëly aussitôt en fouillant dans son sac. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça, essayez de lui donner.
— Merci beaucoup, Kaëly, remercia Evan en attrapant la conserve.
Kaëly hocha la tête en souriant en guise de réponse. Neyla était couchée, ses yeux dérivaient dans le vide, c’était comme si elle avait abandonné tout espoir de vivre. Kaëly fronça les sourcils, elle s’imaginait la métisse avant, pleine de vie, un énorme sourire toujours collé aux lèvres, elle se sentait triste pour elle et aurait voulu pouvoir l’aider autrement. Evan emmena Neyla manger dans la chambre pour être au calme, il savait de toute façon qu’elle n’allait pas vouloir ouvrir la bouche, seul il avait peut-être une chance. Samuel rejoignit son compagnon à la fenêtre, ne voulant pas qu’il pense qu’il était contre lui.
— Tu vas quand même devoir rester en quarantaine pour être sûr que tu n’es pas infectée, répliqua Cléo à Kaëly.
— Oui, je comprends, ne t’en fais pas.
Cléo invita Kaëly à la suivre jusqu’à la deuxième chambre, elle resta à une bonne distance d’elle avant de soupirer.
— Tu sais, Dean n’a pas mauvais fond, il fait très fermé, du style je m’en fous de tout, mais c’est une carapace, expliqua Cléo.
— Je ne lui en veux pas, je peux comprendre sa réaction, après tout, tout ce qu’il a dit aurait très bien pu être vrai. Il a sûrement vécu des choses difficiles.
— Dean est très difficile à cerner…
*
Cléo prit place en face de Dean, elle soutenait son regard glacial. Elle voulait en apprendre plus sur lui, il venait d’arriver et ils savaient très peu de choses sur les deux jeunes hommes.
— Que faisais-tu avant, Dean ?
— Pourquoi cette question ? cracha le jeune homme méfiant.
— Je veux juste savoir, tu étais encore dans les études ? Nous trois on était au lycée, calma Cléo, essayant d’engager la conversation mal partie.
— J’étais dans l’armée, soupira le jeune homme en tournant la tête.
— Je vois, tu sembles jeune pourtant ?
— J’ai vingt ans, je me suis engagé à mes seize ans. Sam est plus vieux, il a vingt-deux ans, ricana le rasé en regardant son ami.
— Arrête, je ne suis pas si vieux, c’est vous qui êtes trop jeunes.
— Evan et moi on a dix-neuf ans, Neyla a dix-huit et Anne est la plus jeune, elle a tout juste dix-sept ans, informa la jeune brune en souriant amusée. Et toi, Samuel, tu faisais quoi avant ?
— J’étais en dernière année pour devenir juge, avoir sacrifié une partie de ma vie pour finalement ne même pas valider mon diplôme c’est assez ironique. J’ai rencontré Dean quelques jours après le commencement du chaos, il était…
— C’est bon, Sam, ils n’ont pas besoin de savoir ça, le coupa Dean en raclant sa gorge, agacé.
*
La nuit venait de tomber, les portes et les fenêtres étaient calfeutrées comme tous les soirs. Kaëly regardait par la fenêtre, n’arrivant pas à dormir, tout s’était passé très vite ces jours-ci. Elle ramena ses jambes sur sa poitrine avant de poser son menton sur ses genoux, elle se sentait si seule, si désespérée sans lui. Ses démons l’envahissaient doucement sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle ferma les yeux seulement quelques secondes, mais elles suffirent pour que les visages des personnes qu’elle aimait apparaissent dans son esprit. Une larme roula sur sa joue, elle l’essuya rapidement, elle avait promis, promis de rester en vie, de se battre pour cette putain de vie. Ça n’allait pas être facile, mais avec le nouveau groupe qu’elle avait rejoint, elle avait espoir. Et il fallait dire que l’espoir était devenu rare maintenant.
Comme presque tous les matins c’était Samuel qui était levé en premier, il avait pris l’habitude de toujours se lever à la même heure, réglé comme une horloge. Il fit le tour de la maison pour voir si rien d’alarmant n’était arrivé pendant la nuit, après avoir fini, il rentra et se posa devant la fenêtre, attendant que le reste du groupe se lève. Pendant qu’il scrutait la forêt par la vitre sale de la maisonnette, il aperçut du mouvement. La porte grinça et il tourna rapidement la tête pour apercevoir Cléo, il lui fit signe de venir le rejoindre, ce qu’elle fit, légèrement intriguée.
— Qu’est-ce qu’il se passe, Sam ? demanda-t-elle perplexe.
— Regarde. Il y a du mouvement dans la forêt, alors qu’il venait tout juste de finir sa phrase, ils aperçurent deux hommes armés se rapprocher. Vite, barrons-nous !
Ils se précipitèrent vers les chambres pour réveiller leur groupe encore profondément endormi. Sans poser de questions, les autres attrapèrent leurs bagages et les suivirent par la porte de derrière. Ils avaient été préparés à être attaqués, leurs sacs étaient toujours faits, prêts à partir. Tout le monde savait que si un autre membre le réveillait et lui disait de partir il ne fallait pas poser de questions et seulement suivre pour se mettre en sécurité.
Rapidement, ils s’éloignèrent de leur ancienne maison où ils avaient vécu de bons comme de mauvais moments. Ils savaient que ça pouvait arriver, tout quitter du jour au lendemain, mais Anne ressentait quand même un pincement au cœur. Dean l’aidait à marcher en regardant droit devant, le passé appartenait au passé. Evan avait pris Neyla sur son dos, cette dernière étant incapable de se déplacer seule. Cléo et Samuel étaient devant, essayant de se repérer pour reprendre la route, Kaëly fermait la marche, elle regardait derrière elle, elle savait qui était ces gens, tout était de sa faute.
— Putain, c’était qui ces gens ? demanda Dean après avoir posé Anne au sol.
— Je pensais qu’on était à l’abri perdu dans la forêt, soupira à son tour Anne.
— On leur a échappé, je ne pense pas qu’ils essayeront de nous rattraper, continua Samuel. On a presque atteint la route.
— Je… C’est de ma faute, désolée… murmura Kaëly, la tête baissée.
— Comment ça ? Tu les connais ? demanda Cléo en se rapprochant de la jeune rousse.
— Je vous l’avais dit qu’elle allait nous attirer des ennuis ! pesta Dean en s’asseyant à côté d’Anne.
— Ce sont deux personnes du camp… Je pense qu’ils essayent de retrouver les personnes qui se sont enfuies… Pour repeupler et faire travailler des gens. Je suis désolée, je ne pensais pas qu’ils me retrouveraient…
— Ça va aller, Kaëly, ce n’est pas ta faute, la rassura Cléo en posant sa main sur son épaule. De toute façon on devait partir, il n’y a plus de nourriture à des kilomètres à la ronde, il était temps de partir pour trouver un nouvel abri peut-être plus proche d’une source de nourriture.
— C’est vrai, ça serait bien de trouver, pourquoi pas, un terrain où on puisse aussi cultiver des légumes, au moins nous ne dépendrions pas que de la nourriture déshydratée, et puis faut dire que ça n’a pas super bon goût, finit Samuel en s’adressant au groupe. Evan, tu as la carte des ravitaillements ?
— Euh oui, attends… il fouilla dans son sac pour en ressortir ladite carte.
— Très bien, le prochain point est à un jour et demi de marche, je pense, il faudra s’arrêter pour la nuit, termina l’Asiatique en montrant le plan à Cléo.
— Allons-y, déclara la jeune fille.
Le petit groupe reprit la route sous un silence mortuaire. Ils n’avaient encore jamais changé d’endroit depuis le début de la fin du monde. C’est pourquoi, ils étaient tous à leur manière attachés à cette maison, comme si on leur avait enlevé une nouvelle fois leur cocon familial, leur repère. La marche fut longue, Evan et Samuel se relayaient pour porter Neyla à bout de forces. Dean avait quant à lui abandonné l’idée de faire marcher Anne et l’avait tout simplement prise à son tour sur son dos. Il avait prétexté qu’elle était trop petite pour se maintenir à son épaule, mais la vérité était qu’il voulait surtout éviter d’aggraver sa cheville. Cléo menait le groupe aux côtés de Kaëly qui restait très silencieuse.
— Neyla, tu vas bien ? demanda Evan doucement en remontant sa petite amie sur son dos, il n’eut aucune réponse. Neyla ?
— Oui, oui, je suis là, je ne me suis pas envolée, murmura la jeune fille d’un ton mi-agacé mi-triste.
— Tu pourrais me répondre quand même, soupira son petit ami. Je fais tout pour t’aider.
— Ne vois-tu pas que je ne veux pas de ton aide ?
— Neyla, sérieusement…
— S’il te plaît, laisse-moi me reposer…
Evan décida de ne pas plus insister, laissant à nouveau le silence être maître d’eux.
En fin d’après-midi, ils finirent par trouver une maison abandonnée pour les abriter le temps de la nuit. Après que Cléo et Samuel aient vérifié qu’elle était inhabitée, ils posèrent leurs affaires. Ils s’occupèrent rapidement de boucher les fenêtres, portes et trous éventuels pour le soir. Rapidement la nuit tomba, Dean revérifia la cheville d’Anne qui semblait aller beaucoup mieux.
— Je pense que demain tu pourras remarcher comme il faut.
— Zut, moi qui voulais passer la journée sur ton dos, plaisanta la blonde. Merci beaucoup, Dean, c’est grâce à tes soins que ça a guéri aussi vite.
— T’avais pas grand-chose surtout, souriait le jeune homme malgré lui. Je me demande même si tu simulais pas un peu.
— Hey ! s’indigna-t-elle en tapant gentiment son épaule.
— Allez, viens, on va manger, ricana ce dernier.
Anne se releva avant de suivre son ami. Elle était heureuse, malgré tout ce qui se passait dans ce nouveau monde, elle était reconnaissante d’avoir Dean, d’avoir ce groupe. Ils veillaient sur elle, ils avaient été plus présents en quelques mois que ses parents dans toute sa vie. Désormais c’était sa famille, et elle ferait tout pour protéger sa famille. Dean passa son bras autour de son épaule, elle avait cette relation privilégiée avec lui, elle ne savait pas pourquoi, mais le contact était tout de suite passé entre eux. Lui qui était si colérique, si agressif, il n’avait jamais levé la voix sur elle comme si elle était une petite chose qu’il voulait protéger.
Evan regarda la poignée de la porte, hésitant, il ne savait plus comment s’y prendre avec Neyla. Elle avait tellement changé, elle avait perdu tout espoir. Il inspira un bon coup avant de rentrer dans la chambre où elle se reposait, il posa le plateau sur le semblant de table de chevet avant de s’asseoir au bord du lit. Neyla était allongée sur le côté, dos à Evan, regardant fixement le mur blanc taché.
— Neyla, je t’ai apporté à manger, commença le jeune homme.
— Je n’ai pas faim.
— Neyla ! s’énerva son petit ami. Sérieusement, pourquoi tu fais ça ? Tu ne vois pas qu’on fait tout pour toi ! Pourquoi tu refuses notre aide, pourquoi tu refuses de remonter la pente ?!
— Parce que je ne veux pas vivre dans ce monde ! s’énerva-t-elle à son tour. Ce n’est que chaos et destruction, rien de bon n’arrive, c’est notre punition ! Je ne veux pas vivre sans ma famille, elle était tout ce que j’avais… elle s’effondra en larmes.
— Mais tu m’as, moi ! Tu as tout le groupe, on est tous là pour toi ! On ne peut pas remplacer ta famille, mais on peut essayer de t’aider à atténuer la douleur.
— Ce n’est pas pareil, vous n’êtes pas ma famille… Ma famille me manque tant…
— Tu es égoïste, répliqua-t-il en se levant du lit. Nous faisons tout notre possible pour toi, on t’a installé dans une chambre seule pour que tu puisses te reposer, Anne a essayé un nombre incalculable de fois de te faire sortir, de te préparer quelque chose de bon à manger avec ce que nous avions. Cléo et moi on a sacrifié nos nuits pour monter la garde et te surveiller ! Putain, mais rends-toi compte de ce que tu nous fais !
— Je ne vous ai jamais demandé de faire tout ça.
— Mais tu n’avais pas besoin de le demander, je l’ai fait parce que tu comptes pour moi, pour nous, on l’a fait parce qu’on t’aime !
— Vous m’aimez ?
— Bien sûr ! affirma le jeune homme.
— Cléo, elle ne m’aime pas, cracha la brune en tournant la tête.
— Mais tu délires là, Neyla, Cléo fait tout son possible pour t’aider !
— Arrête de la défendre, c’est ta meilleure amie, mais je sais qu’il y a plus, pas besoin de me le cacher…
— Plus ? Neyla, je suis avec toi, la faim te fait vraiment dire des horreurs. Tu as toujours apprécié Cléo et vice-versa, comment tu peux dire qu’elle ne tient pas à toi…
— Parce que tu l’aimes, et ça me rend malade de savoir ça. Tu sais, j’ai fini par le comprendre en te voyant tous les jours, c’était si évident finalement. Alors ne t’occupe plus de moi, et va la rejoindre, termina la jeune fille en se retournant dos à lui.
— T’es qu’une égoïste, une putain d’égoïste Neyla, répliqua-t-il en claquant la porte derrière lui.
Evan ferma les yeux, collé contre la porte, il s’était emporté. Neyla avait tendance à délirer du fait de sa dénutrition, mais c’était la première fois qu’elle lui faisait ce coup-là de parler de Cléo. Evan avait toujours été honnête et franc envers Neyla, il ne l’avait jamais trompé, n’avait jamais flirté avec quelqu’un d’autre, il la respectait, il l’aimait. Cléo était sa meilleure amie, et ça lui faisait tellement mal que Neyla pense ça d’elle, surtout après tout ce qu’elle avait fait pour le groupe, Cléo était une leader née et il le savait. Elle n’avait peur de rien, pleine d’audace, une vraie battante.
Après avoir repris ses esprits, il alla directement se poser dans le vieux canapé du salon, il avait qu’une envie : dormir. Il informa le reste du groupe qu’il n’avait pas faim et s’effondra dans les bras de Morphée.
Evan se réveilla en plein milieu de la nuit, tout le monde était couché par terre dans leur sac de couchage profondément endormi, seule Cléo était éveillée. Elle jouait frénétiquement avec la bague à son doigt, quand elle entendit Evan bouger, elle releva la tête et lui lança un léger sourire. Il se leva et se dirigea vers ce qui semblait être l’ancienne cuisine, la nuit était interminable. Cléo entra à son tour dans la pièce.
— Tu vas bien ? demanda la jeune fille perplexe.
— Oui, ça va.
— Je suis allée voir Neyla, elle n’a encore rien mangé, elle n’a même pas voulu me répondre, soupira Cléo désespérée. Il faut vraiment qu’on fasse quelque chose pour elle, un électrochoc, je ne sais pas moi !
— Laisse-la. Elle n’a pas besoin de notre aide, elle n’en veut pas.
— Comment ça ? Vous vous êtes disputé ? Tu sais qu’elle ne pense pas vraiment ce qu’elle dit, elle est effondrée de chagrin.
— Arrête Cléo maintenant ! Pourquoi tu te mêles de cette histoire de toute façon ! cria le jeune homme hors de lui. Laisse-moi gérer cette affaire !
Cléo ouvrit la bouche et la referma aussitôt choquée par le ton de son ami. Pourquoi réagissait-il comme ça alors qu’elle voulait juste apporter son aide ? Avant qu’elle n’eût le temps d’ajouter quelque chose d’autre, ils entendirent le vent s’engouffrer dans la maison. Surpris, ils se précipitèrent vers la porte et aperçurent Neyla, le reste du groupe les avait rejoints après avoir entendu leur dispute.
— Neyla, qu’est-ce que tu fais ? Reviens ! cria son petit ami.
Neyla ne prononça aucun mot, elle se contenta de courir droit devant elle sous les cris de ses amis. Dean referma la porte aussi rapidement qu’il put, sachant très bien qu’elle était condamnée maintenant qu’elle l’avait franchi. Ils la regardèrent par la fenêtre, attendre à genoux que le virus la prenne.
— Ouvre, Dean ouvre ! Je dois la sauver ! cria Evan anéanti.
— Tu sais très bien que c’est trop tard ! Elle est infectée maintenant, il n’y a plus rien à faire ! Fais pas l’idiot, un mort ça suffit ! répliqua Dean.
— Evan… murmura Cléo les larmes aux yeux, elle enroula ses bras autour de ses épaules, il essaya quelques secondes de se débattre avant d’abandonner et de poser sa tête au creux de son cou.
Anne pleurait, vidant toutes les larmes que son corps pouvait contenir contre la fenêtre, Samuel essaya de la calmer, lui aussi touché. Neyla tourna la tête vers eux une dernière fois, heureuse d’enfin rejoindre les siens. Elle était enfin libre. Des taches rouges envahissaient son cou, elle toussa à pleins poumons avant de tomber au sol, son corps se convulsa. Dean tira les rideaux, voulant épargner cette vision d’horreur à son groupe.
Le souhait de Neyla venait d’être exaucé, avec une simple bouffée d’air frais.
La nuit fut très courte pour le groupe, les images de Neyla étendue au sol repassaient en boucle dans leurs esprits. Personne n’aurait pu prédire ça, ils avaient tous été occupés par la nourriture, par les gens qui les pourchassaient, par survivre tout simplement.
Quand le soleil fut haut dans le ciel, Cléo sortie pour poser un drap blanc sur ce qui était son ancienne amie, elle lâcha quelques larmes qu’elle s’empressa de sécher, elle devait être forte, elle était leur leader. Evan sortit à son tour, une pelle à la main. À quelques mètres de la maison, au pied d’un arbre, il commença à creuser, sans un mot. Dean le regardait par la fenêtre, les bras croisés, il avait été dur avec lui, mais c’était pour son bien, pour qu’il se rende compte. Il tourna la tête vers Samuel, qui ouvrit la porte pour le rejoindre, il commença à son tour à creuser toujours sans une parole. Evan continuait de donner des coups de pelle, le regard vide, perdu.
*
— Tu m’imagines ? Avec mon uniforme je serais si belle ! rigola Neyla en prenant une pause.
— C’est sûr qu’en hôtesse de l’air tu serais vraiment jolie, j’aime beaucoup les jupes qu’elles portent ! renchérissait Evan d’un sourire malicieux.
— Rhô, arrête, c’est quoi ce cliché encore que toutes les femmes sont en jupes ! Je serais surtout sur les meilleurs vols.
— Avec les capacités que tu as, c’est sûr, confirma son petit ami.
— Tu me trouves exceptionnelle ? demanda-t-elle sérieusement en souriant.
— Bien sûr ! À dix-huit ans tu parles le français, l’anglais, l’arabe, l’espagnol et le mandarin couramment ! Bien sûr que tu es exceptionnelle.
— Je ne parle pas encore mandarin couramment, rigola-t-elle touchée.
— Peu importe, je sais que tu iras loin, sourit-il en attrapant sa main et en l’entraînant sur ses genoux. Neyla, ne doute jamais de toi, tu es exceptionnelle.
— Et tu m’aimes ? questionna-t-elle en posant ses mains sur ses joues.
— Je t’aime, murmura-t-il en l’embrassant.
*
Evan porta doucement le corps sans vie de sa petite amie. Il déposa un baiser sur son front à travers le tissu et la posa au fond du trou. Elle méritait au moins ça, au moins d’être enterrée, d’avoir une tombe. Anne avait fabriqué une croix qu’ils plantèrent juste devant. Tout le monde s’était réuni autour, ne sachant pas comment procéder. La plus jeune fit le premier pas, elle attrapa une poignée de terre avant de la jeter dans la tombe.
— Neyla, avec Cléo et Evan vous m’avez sauvé, je ne te remercierais jamais assez pour tout ça, elle ravala ses larmes. Repose-toi maintenant, tu as été très courageuse, elle termina avec un signe de croix.
— Repose en paix, continua à son tour Samuel.
Dean et Kaëly se contentèrent de verser une poignée de terre sans ajouter un mot, ne sachant sans doute pas quoi dire.
— Neyla, ma petite Neyla… commença Cléo. J’espère que tu es heureuse maintenant, que tu as rejoint ta famille, nous ne t’oublierons jamais. Et nous serons à notre tour forts pour toi, elle pinça ses deux lèvres entre elles pour éviter de faire sortir un sanglot.
— Neyla… Je t’aime… articula Evan difficilement avant de retourner à l’intérieur de la maison.
Samuel et Dean se chargèrent de refermer la tombe, c’était bouleversant d’enterrer soi-même quelqu’un qu’on connaissait. Le suicide de Neyla avait mis le doute dans l’esprit de chacun. Une fois faits, ils se rejoignirent dans le salon, tout été si calme, qu’on entendait presque les respirations des adolescents. Finalement c’est Cléo qui se leva pour prendre la parole, la jeune fille était effrayée de reprendre les rênes après cet événement, mais elle le devait.
— Nous allons reprendre la route, nous allons comme prévu au point de ravitaillement, il nous faut absolument de la nourriture, expliqua Cléo en attrapant son sac à dos. Partons maintenant, plus vite nous partons, plus vite nous serons arrivés.
— Tu as raison, rétorqua Samuel pour lancer le pas.
Le groupe rassembla leurs affaires avant de reprendre la route après un dernier adieu à Neyla. Le trajet se fit dans un calme remarquable, Cléo et Samuel étaient en tête, penchés sur la carte, ils étaient suivis de Dean, Anne et Kaëly, Evan était en dernière ligne, le regard fixé sur le sol.
Le parcours se fit plus rapide que prévu, tout le monde était déterminé à avancer.
— Maintenant qu’on est en ville, il faut faire très attention ! chuchota Cléo. On ne sait pas qui peut se cacher là. Mettez bien vos masques.
Tous hochèrent la tête en signe d’approbation et mirent sur leurs bouches, les masques en tissu qu’ils s’étaient faits. Le point de ravitaillement se trouvait juste à l’entrée de la ville, c’était censé être un point stratégique pour que tout le monde puisse venir, même ceux qui habitaient en dehors. Le gouvernement avait installé les stocks de nourriture dans de grands entrepôts qu’ils avaient aménagés.
Une fois devant, Samuel entra en premier, armé d’un bout de bois qu’il avait trouvé en chemin, Dean était juste derrière lui, assurant ses arrières. Après avoir vérifié que personne n’était là, ils s’engouffrèrent à l’intérieur. Le groupe fut choqué, tout était à l’abandon, il ne restait que des cartons complètement vides qui contenaient jadis de la nourriture déshydratée. Cléo se doutait bien que ces structures n’avaient pas tenu, quand l’humain se sentait en danger plus rien ne comptait, il devenait pire que des animaux.
— Bon, essayons de chercher si on trouve une ou deux boîtes qui auraient pu être oubliées, demanda Sam.
— C’est une perte de temps, tu vois bien que tout a été pillé ! souffla Dean.
— Cherchons quand même, on ne sait jamais, renchérissait Cléo en souriant.
Dean souffla une nouvelle fois, mais se plia quand même aux exigences de ses compagnons. Ils ratissèrent tous l’entrepôt et finirent par trouver deux sachets de viandes déshydratés et une boîte de cassoulet. Anne souleva une valise à moitié brûlée et trouva un vieux journal plein de poussière.
— Hey, les gars, je crois que j’ai trouvé le journal d’un militaire qui travaillait ici !
— Qu’est-ce qu’il raconte ? demanda Kaëly, curieuse.
— Attendez… la jeune fille se mit à lire : Tous mes frères d’armes sont partis, certains sont morts emportés par ce virus, d’autres ont eu peur et on voulut retrouver leur famille. Je suis le seul à être resté, pour le bien de la population. Malheureusement, les civils sont devenus ingérables… Ils se sont mis à se battre pour être les premiers servis, allant jusqu’à piétiner des enfants pour être sûrs d’avoir de la nourriture. Les personnes infectées ont infecté des personnes saines. Tout est vite devenu incontrôlable. Le gouvernement n’a pas voulu renvoyer des vivres tant que tout n’était pas redevenu calme, mais comment pouvais-je gérer ça tout seul ? Les gens ont décidé de rentrer chez eux une fois les points de ravitaillement à sec et de sortir seulement pour la nourriture en ultime recours au péril de leur vie… elle fit une pause.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit ? demanda Dean.
— Ce soldat… Il a écrit alors qu’il venait d’être infecté… Anne retint ses larmes en voyant une photo de sa femme et lui. Il est resté fidèle à son poste jusqu’à la fin, merci soldat, murmura-t-elle.
Elle survola la dernière page du journal, son écriture était nettement moins visible qu’au début, le virus avait dû prendre du terrain. Elle arriva à décrypter quelques phrases qu’elle lut dans sa tête : Ayana, je t’aime et t’aimerais pour toujours, mon seul regret est de ne pas t’avoir offert cette bague pour unir notre amour. Elle essuya une larme en regardant la photo, ils étaient beaux tous les deux, la jeune femme était métisse aux cheveux ébène, elle lui rappelait Neyla et son sourire, cette femme devait être dans le même état si elle était toujours en vie, dévastée. Elle rangea la photo dans sa poche avant de rejoindre les autres.
— Allons-y, il n’y a plus rien ici, faut bouger avant que d’autres personnes répliquent.
Evan se releva d’un seul coup, lui qui avait été si silencieux jusqu’à présent.
— Evan, qu’est-ce qui a ? demanda Cléo surprise.
— On est à deux pas de… mon ancien appartement, je veux voir si ma mère y est, je ne vous demande pas de me suivre, je sais que c’est dangereux.
— Je viens, répliqua automatiquement son amie.
— Nous aussi bien sûr, continua Samuel. Personne n’est contre ?