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Quand tout s’effondre – amour, travail, confiance – Jean-Luc tente de se reconstruire. Une nouvelle vie semble possible… jusqu’au jour où son passé le rattrape. Pris dans l’engrenage d’un système judiciaire sourd et gangrené, il va devoir se battre pour ce qu’il a de plus cher : son fils. Une descente aux enfers portée par une question obsédante : la justice existe-t-elle vraiment ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
J. Elsé a une formation scientifique et une carrière orientée vers la technique. À la suite d’un profond désenchantement amoureux, il se tourne vers l’écriture, d’abord à travers la poésie, puis en poursuivant avec des romans et un essai pastiche sur le mieux-être.
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Seitenzahl: 49
Veröffentlichungsjahr: 2025
J. Elsé
Justice ?
Nouvelle
© Lys Bleu Éditions – J. Elsé
ISBN : 979-10-422-7685-0
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— Croyez-vous que ce soit un endroit pour dormir ?
Des bottes noires, une culotte de cheval marine, un ceinturon et un baudrier blancs, une chemise bleu ciel, des moustaches, un regard sévère dans des yeux clairs dominent Jean-Luc, l’écrasent.
« Merde, un motard » ; pensée réflexe dans les brumes de son sommeil brutalement interrompu… Jean-Luc ressent un danger sans pouvoir préciser lequel.
Un flash dans sa mémoire : sa fuite in extremis, la traversée à pied de Marseille, d’Aubagne, de Toulon, de Cannes, d’Antibes, tout ce voyage en stop : un représentant pressé, un vieil anarchiste baba-cool, une jeune fille fugueuse, un routier « trop » sympa, des touristes anglais… Ensuite, le stop qui ne mord pas dans la nuit, sa marche dans le noir le long de la 202, enfin la montée vers Lantosque. Tous ces kilomètres parcourus avec la chaleur du jour, le froid de la nuit, la faim, la soif, la peur ; combien de temps sans manger, boire ni dormir, il ne savait plus ; le désespoir qui ne le quittait pas, l’envie de suicide qui le tenaillait.
— Veuillez me présenter vos papiers d’identité.
Brusquement, Jean-Luc est totalement réveillé. Tel un animal blessé, instinctivement, il bondit tête en avant, brutalement. Sous le choc dans son estomac, le gendarme est plié en deux, cherchant à récupérer son souffle. Jean-Luc en profite pour se précipiter sur la BMW du motard ; la clé est sur le contact ; il démarre en trombe en dérapant sur les gravillons. Il fonce devant lui sans se soucier de la direction qu’il emprunte : son seul but, s’enfuir…
Tout a été si rapide que Jean-Luc n’a même pas remarqué si le motard avait un collègue avec lui, s’il était poursuivi…
Son aventure avait commencé en cette fin d’année mille neuf cent quatre-vingt-quinze : après de longs mois de malaise, Jean-Luc avait enfin réussi, grâce à un ancien fournisseur, à trouver un travail à sa mesure dans un patelin perdu au fin fond de la Bretagne profonde.
En ce début d’hiver, tout y était gris : le ciel (quoi qu’en disent les Syndicats d’Initiative bretons), le granit des murs, les ardoises des toits, les corbeaux et même le plafond du seul café ouvert la nuit dans cette région sublime de tristesse. Seul son horizon était clair : avec ce nouveau travail, il allait pouvoir recommencer à vivre, à espérer, à réaliser ses projets.
Sa journée de travail achevée, étant seul, ne connaissant encore personne, il était allé chercher un peu de chaleur humaine, un peu de compagnie dans un minuscule estaminet comme la Bretagne en compte beaucoup. Dans la lumière brumeuse de ce triste troquet aux murs luisant d’humidité, assis seul à une table proche de la cheminée qui enfumait plus qu’elle ne chauffait, Jean-Luc regardait sans vraiment les voir ces clients qui, comme lui, venaient là, seuls ou en couples, pour passer le temps au milieu des autres de peur de se retrouver en tête-à-tête avec eux-mêmes ou avec leur conjoint.
Belote, jeux de dés, baby-foot, billard, fléchettes : tout était prétexte à défis, à discussions, à bagarres et à tournées supplémentaires. Ces bruits vains, cette animation inutile, cette énergie gaspillée donnaient certainement à leurs acteurs l’illusion qu’ils vivaient !
Ce soir-là, Jean-Luc était joyeux, euphorique, enthousiaste. Il aimait la vie, la terre entière. Même la grisaille ambiante lui semblait lumineuse, gaie. Bercé par la tiédeur humide, presque tropicale, de la pièce, il pensait ou plutôt rêvait à ce que sa vie allait pouvoir devenir : maintenant qu’il avait un salaire intéressant, fixe et régulier, qui ne pouvait que s’améliorer, il lui était possible d’avoir un avenir, d’envisager une nouvelle vie.
Il se remémorait les événements récents : six mois plus tôt, Jean-Luc avait été obligé de déposer le bilan de sa société d’électricité. Une faillite de plus d’un million et demi de francs : croyant développer la petite entreprise qu’il avait créée trois ans plus tôt, il avait pris un marché de plus de trois cents villas pour un pavillonneur, la Société Moderne de Construction. Malgré des prix assez bas, il avait calculé qu’en s’organisant bien, il pouvait espérer un léger bénéfice sur chaque réalisation. Le nombre de pavillons à équiper chaque mois rendait le contrat intéressant. Pour effectuer ce chantier, il avait embauché une dizaine d’ouvriers supplémentaires et un chef d’équipe pour le seconder : Christophe.